NDA : Publication un brin en avance (de quelques minutes) mais chaque minute est précieuse. Pour une fois ça sera un merci général à la fois pour les commentaires sur le contenu du chapitre précédent mais aussi pour vos félicitations. MiniPearl me prend du temps mais je ne vous oublie pas ! Par ailleurs, merci pour les personnes qui se sont inquiétées sur le fait que je publie alors que je venais d'accoucher : rien de sorcier, j'ai plusieurs chapitres d'avance et j'avais déjà enregistré pour publication rapide.

Trêve de mondanité, je vous souhaite une bonne lecture.


Chapitre 43

La sueur coulant sur ses tempes, Harry était à bout de souffle. Les deux mannequins en face de lui bougeaient dans un ballet ininterrompu, envoyant des sortilèges de désarmement les uns à la suite des autres.

Depuis peu, Severus avait ajouté un mannequin supplémentaire et avait enseigné à Harry une quatrième combinaison de sortilège : maléfice cuisant, expelliarmus, petrificus totalus.

Le jeune sorcier commençait à saisir l'utilité des combinaisons de sortilèges : il n'avait pas besoin de réfléchir et pouvait laisser son instinct prendre le dessus.

Harry utilisa donc cette nouvelle combinaison sur le mannequin à sa droite. Ce dernier tomba dans un bruit sourd. Harry n'eut pas le temps de souffler que l'autre mannequin lui envoya un sortilège qui lui siffla aux oreilles, manquant de le toucher de peu.

Il se jeta à terre et cria :

- Protego ! Stupefix ! Expelliarmus !

Le mannequin s'immobilisa, signe qu'il était hors d'état de nuire.

Le Gryffondor laissa sa tête tomber sur le sol dans un soulagement assumé et un soupir de délivrance. A peine ferma-t-il les yeux qu'il reçut de l'eau sur le visage.

- Arrgh !

Severus Rogue l'observait de toute sa hauteur, les bras croisés sur sa poitrine.

- Qu'est-ce que j'ai dit qu'on faisait après un combat ? se contenta-t-il de répliquer.

Harry se redressa difficilement sur ses coudes, le souffle encore court.

- De s'assurer qu'il n'y a plus de danger autour de nous, répondit-il.

Severus tendit la main à son protégé et l'aida à se mettre sur ses pieds.

- C'était quand même bien. Tes sortilèges deviennent de plus en plus précis. Fais attention lorsque tu lances le sortilège de Levicorpus, ton mannequin est parti beaucoup trop haut et tu as perdu du temps.

- C'est parce que je n'arrive pas à doser, expliqua Harry tout en se dirigeant vers sa gourde d'eau posée sur l'unique table de la salle.

Severus avait dégoté une grande salle de classe rectangulaire désaffectée au sommet de la tour Est du château. Mais il avait promis que le terrain allait bientôt changer dès lors que Harry serait plus à l'aise sur les combinaisons de sortilèges.

Harry but plusieurs gorgées d'eau fraîche et retint un rot de justesse. Malgré cette séance épuisante, il avait hâte de rejoindre ses amis qui profitaient des derniers beaux jours autour du lac de Poudlard. Harry avait gentiment prêté son Eclair de feu à Ron.

Lorsqu'il retrouva ses camarades, un match de Quidditch improvisé se jouait entre Ron, Dean et Seamus face à Ginny et deux amies de son année. Hermione lui précisa qu'elles se nommaient Hortense Deauclair et Jane Summerby.

Harry s'installa aux côtés d'Hermione pour observer la petite bande.

- On a pris des biscuits en cuisine, je t'en ai gardé de côté, offrit-elle.

Harry laissa fondre le sucre sous sa langue dans un sourire de remerciement.

- Tu as manqué Luna Lovegood de peu, déclara Hermione. Elle est partie d'un coup, expliquant que la lumière lui donnait envie de peindre.

- Elle est spéciale cette fille, s'amusa Harry. Mais je l'aime bien même si je ne suis pas toujours d'accord avec ce qu'elle dit.

- A qui le dis-tu !

Leur conversation fut interrompue par un hibou qui se posa aux côtés d'Hermione, un paquet à la patte. La jeune fille s'en saisit et ouvrit le courrier qui accompagnait son colis.

- Oh c'est de la part de mes grands-parents ! s'exclama-t-elle dans un sourire joyeux.

La jeune fille ouvrit son présent et Harry jeta un coup d'œil à la carte qui souhaitait un heureux anniversaire à la jeune fille.

Harry se sentit comme le roi des idiots… Il avait totalement oublié l'anniversaire de son amie ! La culpabilité monta en flèche lorsque Ginny posa un pied à terre :

- Oh ! Décidément, tout le monde t'offre des bijoux cette année !

- Ce bracelet ira parfaitement avec les boucles d'oreilles que tu m'as offertes, Ginny !

Harry envoya un regard paniqué à Ron qui venait d'atterrir, en nage. A la vue de la réaction de son ami, lui aussi avait oublié l'anniversaire de leur meilleure amie. Ils échangèrent quelques regards silencieux, comprenant qu'ils devaient rattraper le coup.

Ron envoya un clin d'œil à Harry, signe qu'il avait trouvé la solution.

- Puisque tu as quinze ans aujourd'hui, on se disait Harry et moi qu'on pourrait organiser une petite fête, déclara-t-il.

Harry masqua sa surprise et opina du chef. Hermione demeura le bras tendu vers Ginny qui l'aidait à fermer son bracelet, une moue sceptique sur le visage.

- Une fête ?

- Bah oui ! enchaîna Ron avec assurance. Comme le font Fred et George.

Il n'était pas rare que des élèves de Poudlard organisent des fêtes clandestines dans le château. Cela se savait de tous mais gare à ceux qui se faisaient prendre par Rusard.

- Mais… Nous sommes lundi, déclara Hermione.

Mais Ron semblait désormais totalement enthousiaste à l'idée d'organiser une fête avec de la musique et des élèves.

- On fera un truc simple, ne t'inquiète pas. En attendant, va donc te préparer avec Ginny et euh…

Il observa les deux amies de sa jeune sœur, ayant visiblement oublié leur prénom.

- Hortense, déclara la plus grande. Et elle c'est Jane. C'est quand même la troisième fois qu'on te le dit…

- Désolé, répondit Ron qui ne semblait pas en penser un mot. Donc, comme je le disais, tu vas te préparer et on se retrouve à 20h devant la Salle Commune de Gryffondor.

- Non mais attendez ! Et si on se fait prendre… Le règlement de l'école dit que…

- Tu ne te feras pas prendre, coupa Harry avec assurance.

Hermione fronça les sourcils prête à répliquer mais Harry articula sans un bruit :

- Cape d'invisibilité.

Hermione s'apprêta à discuter mais Ginny lui attrapa la main.

- Allez, lève-toi !

Dean et Seamus qui n'avaient pas perdu une miette de la conversation, ne manquèrent pas de montrer leur enthousiasme.

- Vous allez faire ça où ?

- Est-ce qu'il y aura de la bièraubeurre ?

- Il y aura des filles ?

- Bon comment est-ce qu'on fait, Ron ? demanda Harry coupant court à toutes les interrogations. Parce que je ne connais pas de salle qui pourrait nous permettre de faire une fête.

- Excuse-moi mais c'est la seule idée qui m'est venue à l'esprit à cet instant. Je vais essayer de voir avec Fred et George. Je n'ai déjà pas beaucoup d'argent de poche, ils vont certainement me dépouiller.

- T'inquiète pas, je vais t'aider, coupa Harry. Accepte tout ce qu'ils demandent. J'essaye de trouver des participants pour ce soir.

- Très bien, on se retrouve dans vingt minutes au dortoir. Les gars, on compte sur vous pour prendre deux trois trucs en cuisine, ok ?

- Compte sur nous ! lança Dean avant de s'en aller.

- Je vais chercher les jumeaux. Je sens qu'ils vont bien rire de moi, déclara Ron.

Harry opina du chef, se demandant comment est-ce qu'il avait pu oublier l'anniversaire de sa meilleure amie.

Il était trop tard pour s'apitoyer sur son sort et il préféra se dépêcher de retrouver des camarades de maison. Il était inutile de prendre de gros risques à inviter trop de monde. Par ailleurs, Hermione était plutôt solitaire. Et si n'importe quel élève était prêt à s'incruster dans une fête, Harry ne voulait pas imposer cela à Hermione.

Il trouva Lavande et Parvati bronzant autour du lac. Les jeunes filles avaient relevé leur chemise, laissant apparaître leur ventre nu. Harry se sentit rougir jusqu'aux oreilles, ayant l'impression d'observer quelque chose qu'il n'avait pas le droit de voir.

- Euh… Les filles ?

Lavande et Parvati se redressèrent, interrogative. Si Lavande remit aussitôt sa chemise en place, Parvati coula un sourire à Harry avant de se rhabiller.

- On va organiser une petite fête pour Hermione ce soir. Ça vous dit ?

Pourquoi sa voix était-elle plus aiguë et rapide ?

- Oh, c'est pour son anniversaire c'est ça ? demanda Lavande.

- Hmmm, faut voir ! enchaîna Parvati avec nonchalance. Y'aura qui ?

- Ce sera en petit comité, entre Gryffondor.

- A quelle heure ? interrogea Lavande sur le même ton que son amie.

Harry trouva rapidement une réponse :

- Vers 20h30. Alors ?

Les deux jeunes filles échangèrent un regard silencieux avant d'hocher la tête.

- C'est d'accord, dirent-elles d'un même ton.

Les filles ne semblaient pas plus enthousiastes que ça et pourtant, lorsque Harry fit quelques pas en direction du château, il les entendit hurler de joie.

.

- Alors ? demanda Ron au point de rendez-vous.

- J'ai invité Parvati, Lavande et Neville.

- C'est tout ?

- J'ai hésité à inviter Luna mais elles ne sont pas réellement amies, se justifia Harry. Et puis, je te rappelle que Hermione n'est pas du genre à être entourée d'un tas de monde…

- Mouais, répondit Ron. De mon côté, mes frères m'ont ruiné jusqu'à la fin de ma scolarité mais ils ont trouvé une salle pour faire la fête. Par contre, faudra être très prudents, c'est dans les cachots.

- C'est une blague ?

- Ils m'ont répondu que ce sont les seuls endroits où il n'y a pas de ronde. C'est une salle où ils ont l'habitude de faire la fête. Ah, et ils imposent évidemment leur présence ainsi que celle des camarades qu'ils auront choisi.

- Cette fête est pour Hermione.

- Oui d'ailleurs, à ce propos, on n'a toujours pas de cadeau.

- On peut lui dire qu'on a commandé quelque chose mais que ce n'est pas encore arrivé ? proposa Harry. De toute manière, on ne peut pas faire autrement.

Ron soupira avant d'acquiescer.

oOo

Hermione était à la fois angoissée et touchée de cette petite sauterie entre amis en l'honneur de ses quinze ans.

Pendant le dîner, afin de ne pas éveiller les soupçons, les invités étaient partis les uns après les autres pour se rendre aux cachots.

La salle se situait dans un renfoncement, si loin dans les couloirs des souterrains que peu de personnes semblaient en connaître l'existence. Du moins, ceux qui n'avaient pas pour habitude de se rendre à des soirées clandestines.

A en observer Fred et George, ainsi que leurs amis invités pour l'occasion, ces derniers avaient l'habitude de se rendre dans cet endroit.

La pièce circulaire semblait avoir été aménagée par et pour les étudiants en quête de détente. On aurait dit que chaque génération y avait apporté sa touche personnelle. Ainsi, il y avait des espaces bien définis : un coin à l'abri derrière de long rideau pourpre où se prélassaient d'ailleurs Ron et Harry, savourant leur bierraubeurre, une piste de danse près d'un tourne disque, une longue table où Dean et Seamus avaient déposé des tas de friandises et s'en faisaient un plein ventre. La lumière s'échappait par les minuscules fenêtres en hauteur. De là, on pouvait voir le lac de Poudlard.

Hermione n'avait jamais été très fête mais elle devait reconnaître que celle-ci était réussie. Elle dévorait son gâteau, écoutant d'une oreille attentive Ginny et Parvati qui discutaient des dernières informations sorcières.

- C'est quand même bizarre toutes ces disparitions de créatures magiques, déclara Parvati. Je ressens quelque chose de sombre approcher. Et les animaux ne sont que le début. Vous avez vu qu'un agent du ministère de la magie avait disparu depuis le mois de juillet ? Une certaine Bertha Jorkins…

- Il peut y avoir plusieurs raisons de disparaître, ce n'est pas forcément lié au braconnage, répondit Ginny.

Parvati fit la moue et un frisson l'habita quelques instants, comme si un fantôme venait de la traverser.

- Mon instinct me dit autre chose.

- Tu ne peux pas tout baser sur ton instinct, déclara Hermione.

Parvati braqua ses yeux noirs sur Hermione et cette dernière se sentit sondée des pieds à la tête.

- Tu feras de grandes choses pour le droit des créatures magiques, dit l'indienne d'une voix calme. Je sais que tu es très sceptique face à ces choses là, Hermione. Mais je sens les choses. Je sens que tu feras de grandes choses pour les créatures magiques comme je sens que quelque chose de sombre se prépare. Je ne sais pas quoi, ni quand mais je le sens.

Hermione resta bouche-bée, incapable de répondre immédiatement. Parvati avait toujours adoré les cours de Divination. Elle était même la meilleure élève de la promotion.

Hermione aurait pu lui répondre que c'était facile de dire qu'elle ferait de grandes choses pour les créatures magiques… Son envie de sauver les elfes de maison était connue de tout le monde. Mais que Parvati ressente le danger ambiant relevait d'autre chose. Sûrement une grande sensibilité, pensa-t-elle.

Cette supposition se confirma lorsque sa camarade dirigea son regard vers Harry.

- C'est en lien avec Harry, déclara-t-elle. Et je pense que je peux l'aider sur beaucoup de choses. Ça aussi, je sens que j'ai une place à jouer là-dedans.

- Tu dis ça parce qu'il te plait, déclara Ginny, un brin sur la défensive.

Parvati ne nia pas, au contraire. Un sourire joyeux s'afficha sur son visage tandis que Ginny croisait les bras sur sa poitrine.

- C'est vrai qu'il a beaucoup grandi ces derniers temps…

Sur ces paroles, la jeune fille se leva pour rejoindre le buffet où Lavande riait à gorge déployée face à Fred et George qui faisaient les pitres.

Hermione jeta un coup d'œil à Ginny qui gardait les yeux rivés sur son verre, les joues rougies. Elle savait très bien que la benjamine des Weasley en pinçait pour Harry depuis le jour où elle l'avait rencontrée. Mais Hermione pensait que la jeune fille devait passer à autre chose. Face à Harry, c'est à peine si elle osait parler. Et pourtant, Ginny était une fille pleine de ressources et intéressante !

- Comment veux-tu que je fasse concurrence à ce genre de filles… Elle rayonne, a confiance en elle et est belle, déclara Ginny. J'espère au moins qu'elle pue des pieds, histoire d'équilibrer la balance.

Hermione éclata de rire.

- Si ça peut te rassurer, Harry n'a jamais montré le moindre signe d'intérêt envers Parvati.

Hermione se garda de dire qu'elle avait vu plusieurs fois le garçon jeter des regards se voulant discrets à la table des Serdaigle… Ginny n'avait pas besoin d'entendre cela. Elle était encore jeune.

- De toute façon, je n'ai aucune chance, souffla la rousse avant de finir son verre d'un trait. Bon ! On va danser ?

- Euh…

- Mais si !

Hermione n'eut pas le temps de parlementer, son amie lui agrippa le bras et elle se retrouva entraînée dans un rock déchainé. Ginny riait aux éclats, Angelina Johnson l'encouragea à danser en solo au milieu de la piste de danse et bientôt, tout le monde se retrouva à encourager Hermione qui se déhanchait maladroitement.

Elle croisa le regard de Harry qui lui envoya un pouce en l'air. Son air pétillant, heureux et détendu remplit la jeune fille de bonheur. A cet instant, il était un adolescent comme les autres. Et elle aussi. Alors elle se détendit totalement et profita enfin de sa soirée.

.

Quelques heures et plusieurs bièraubeurres plus tard, Hermione décida qu'il était temps pour elle de retourner à son dortoir. Ne souhaitant pas dépasser le couvre-feu, Hermione rassembla ses affaires pour se retirer. Neville était le seul à vouloir rentrer. Harry et Ron se gavaient des derniers gâteaux disponibles. Hermione s'apprêtait à leur dire qu'elle filait lorsqu'elle vit Harry se figer.

Son visage, pâle comme un linge, n'indiquait rien de bon.

- Attends-moi ici, dit-elle à Neville avant de s'approcher à grandes enjambées de son ami.

Ron n'avait rien remarqué et continuait d'enfourner des gâteaux dans sa bouche. Harry avait-il une vision particulière ? Hermione observa de plus près son ami. Son regard était bien ancré dans la réalité mais elle resta prudente et posa une main sur l'épaule du garçon.

- Harry ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Harry tourna brusquement son regard vers Hermione. La terreur s'y lisait. A y voir de plus près, le souffle du garçon s'était accéléré et de la sueur perlait sur ses tempes.

- Ron, quelque chose ne va pas.

- Qu'est-ce que tu racontes Hermi…

Ron sembla enfin remarquer que quelque chose clochait.

- Faut qu'ils partent, souffla Harry, faut qu'ils partent tous…

Hermione et Ron échangèrent une conversation silencieuse et Ron courut auprès de ses frères.

- FIN DE PARTIE, beugla George.

En un instant, tout le monde se retira. Pendant ce temps, Hermione entraîna Harry derrière les longs rideaux et l'installa sur un fauteuil.

- Est-ce que… est-ce que c'est une vision ? demanda Hermione.

Harry haussa les épaules avant de secouer la tête.

- Je… Je ne sais pas… J'ai cru que j'allais tous vous faire du mal. J'étais bien pourtant, je te jure Hermione… Je suis désolé de gâcher… De toujours tout gâcher…

- Non, non ! coupa la jeune fille, peinée. Harry, tu ne gâches rien du tout, d'accord ? Elle était parfaite cette soirée.

- Je deviens fou ! explosa-t-il dans un cri douloureux. Quelque chose cloche ! Je suis mauvais, on n'aurait pas dû faire cette fête, j'aurais pu faire du mal à tout le monde… Volde…

- Ron, il faut qu'on l'emmène voir le professeur Rogue.

Hermione ne savait pas vraiment ce qu'il se passait avec Harry mais nul doute qu'elle ne pouvait pas gérer. Le garçon semblait au bord de l'implosion.

Ils aidèrent Harry à se mettre sur ses pieds et se dépêchèrent de rejoindre les appartements du tuteur de Harry.

- Qu'est-ce qu'il lui arrive ? demanda Ron, inquiet. C'est comme la dernière fois ?

- Non… ça ressemble à une crise de panique. Je ne suis pas sûre, avoua Hermione.

- La salle de potions est allumée ! Le professeur doit s'y trouver !

Harry restait silencieux, comme emprisonné par ses propres démons. Hermione accéléra le pas et frappa à la porte entrouverte.

Elle attendit à peine qu'on les autorise à entrer et elle déboula dans la salle, cherchant le professeur.

Le maître des potions semblait être en pleine discussion avec Théodore Nott. Le garçon ne manqua pas de voir à quel point Harry se trouvait en piteux état.

- On pense que Harry a mangé quelque chose d'avarié, dit Ron précipitamment.

Bénissant à cet instant son ami de trouver aussi rapidement une excuse valable à leur venue, Hermione hocha la tête. Si Théodore Nott était loin d'être un monstre en classe, il fallait tout de même se méfier de lui. Son père était un ancien mangemort…

Le professeur Rogue n'eut pas besoin de plus d'explications :

- Vous pouvez disposer, Mr Nott. Vous aussi, Miss Granger. Mr Weasley, vous allez m'expliquer ce qu'il s'est passé.

Hermione mourrait d'envie de rester mais n'osa pas broncher. Au contraire, elle opina du chef et se dirigea vers la sortie. Elle sentit la présence de Nott derrière elle et elle accéléra le pas. Lorsqu'elle l'entendit ricaner, elle se retourna, à deux doigts de lui bondir dessus. Le stress accumulé était prêt à exploser sur la tête de ce serpent.

Mais le garçon haussa simplement un sourcil. L'année dernière, lorsqu'elle lui avait fait face, Nott était à peine plus grand qu'elle. Mais cette année, il semblait avoir pris une bonne vingtaine de centimètres. Pourtant, Hermione ne se sentit aucunement en danger. Il pouvait la rendre mal à l'aise mais certainement pas lui faire peur. Surtout pas en ce moment.

- Cette fête improvisée ne semble pas t'avoir détendue, dit simplement le garçon.

Sciée, Hermione ouvrit la bouche plusieurs fois avant de trouver les bons mots :

- Qu'est-ce que tu chantes ?

Si Nott savait pour cette fête clandestine, leur compte était bon… Nul doute qu'il irait cafter. C'était ce qu'il venait peut-être de faire à l'instant. Mais l'adolescent pouffa avant de se remettre à marcher. Hermione ne put rien faire d'autre que de le suivre.

- Tes copains ne sont pas très discrets, sache-le.

- Alors c'était ça que tu faisais dans le bureau du professeur Rogue ? T'as été rapporter ce que tu as entendu ?

Nott soupira, comme si la conversation l'ennuyait profondément.

- Je ne suis pas une balance. Enfin…

Cette fois, le garçon sembla totalement amusé et se mit à sourire. Étonnée, Hermione n'osa rien dire. Théodore Nott lui donnait toujours l'impression d'être triste et austère. Et le voilà qui souriait ?

- Je ne rapporte pas ce que je vois, je n'ai pas que ça à faire. Mais techniquement je suis Balance puisque je suis né le 25 septembre.

Et cette fois, Nott s'esclaffa comme s'il venait de faire la meilleure blague de l'année.

- Ravie de l'apprendre, ronchonna Hermione, moyennement amusée et toujours prudente.

- Je m'en fiche de vos histoires, Granger. Mais ce que je vois, c'est que ton copain Harry ne va pas bien du tout.

- De toute façon, ça ne te regarde pas.

- Certes. Une fête aurait pu le détendre. Mais parfois, quand on s'amuse trop, notre conscience se rappelle à nous et paf… la crise d'angoisse. C'est ce qu'il faisait ton copain, rien de bien grave.

Cette fois, Hermione sonda le Serpentard. Il y avait là quelque chose qui ressemblait à du vécu dans les paroles du garçon. Si ça avait été Ron, Harry ou même n'importe quel garçon de Gryffondor de son année, elle aurait posé davantage de questions. Mais il s'agissait là de Nott et la situation était déjà bien assez bizarre comme ça.

- Si tu le dis, se contenta-t-elle de répondre à voix basse.

Ils arrivèrent au croisement d'un couloir et Théodore Nott s'arrêta. Il fit face à Hermione, la regardant droit dans les yeux.

- C'est ici que nos chemins se séparent, Granger. On se revoit en cours de Runes. A ce propos, j'ai bien avancé sur ma partie.

- Même chose pour moi, répondit-elle, plus détendue.

Ce terrain connu qu'était les cours et le devoir lui permit même d'offrir un fin sourire à son interlocuteur. Cette fois, et pour la première fois, ce fut Nott qui parut déstabilisé.

- On pourra donc confronter ce qu'on a découvert, continua-t-elle.

Le garçon hocha la tête.

- Théo ? retentit une voix au bout du couloir. Qu'est-ce que… Oh !

Hermione sentit ses joues rougir, comme si elle avait été prise en train de faire quelque chose d'interdit. En face d'elle, Daphné Greengrass et Tracey Davies se tenaient par le bras.

L'une blonde comme les blés, l'autre brune et le teint olive, ce duo rappelait en tout point celui de Lavande et Parvati. Les deux étaient toujours ensemble. Très féminines, lectrices de Sorcières Hebdo et pratiquantes de la magie qu'Hermione considérait comme hasardeuse. Si la concurrence Serpentard et Gryffondor n'existaient pas, aucun doute sur le fait qu'elles auraient pu faire un quatuor explosif.

Daphnée observa Hermione de la tête aux pieds plusieurs fois. Elle se sentit mise à nue et surtout très laide.

La Gryffondor croisa les bras sur son torse, comme pour se protéger.

- Le couvre-feu a sonné, il faut rentrer si on ne veut pas que Rogue nous passe un savon, déclara Tracey Davies.

- J'ai terminé de toute façon, déclara Nott.

A la plus grande surprise d'Hermione, Nott se tourna vers elle et inclina son visage dans une salutation noble.

- Bonne soirée, Granger.

Au fond de son lit, ne trouvant pas le sommeil, Hermione se demanda sérieusement si Théodore Nott était quelqu'un de bien. Il aurait pu les vendre, en profiter pour dire à ses amis que Harry Potter allait mal et lancer une campagne de harcèlement… Mais il n'en fut rien.

Peut-être que Théodore Nott était comme Severus Rogue : un simple être humain envoyé à Serpentard, le poids des préjugés sur les épaules.

oOo

Harry avait l'impression d'avoir mis la tête dans une machine à laver. Les voix autour de lui étaient lointaines et il semblait se détacher peu à peu de son corps.

Cela lui était déjà arrivé.

C'était lors de l'été avant sa rentrée en deuxième année, après sa fugue. Il était en pleine crise d'angoisse.

Mais ce qui s'était produit juste avant, lors de la fête, alors qu'il s'amusait, n'avait rien à voir avec une crise d'angoisse. Et c'était encore différent des fois où il voyait Voldemort.

- Harry, lança la voix coupante de Severus. Occlumancie !

Harry s'excécuta, honteux de ne pas y avoir pensé immédiatement. Il put enfin entendre ce que Ron expliquait.

- On passait une soirée entre nous, tranquillement et Harry s'est senti mal.

- Une soirée entre vous ? répéta le professeur suspicieux.

- Euh… Oui… Dans la salle commune de Gryffondor. On avait pris quelques gâteaux pour fêter l'anniversaire de notre amie, Hermione. On rigolait bien et puis Harry est devenu tout raide et tout pâle. Il a dit que ce n'était pas Vous-Savez-Qui mais que… Enfin qu'il allait nous faire du mal ou je ne sais pas quoi…

- Vous allez immédiatement retourner dans votre dortoir, Mr Weasley.

Harry offrit un regard désolé à Ron mais se sentit soulagé lorsqu'il passa la porte. Severus le prit par le bras et l'entraîna dans les appartements, au calme. Une affreuse boule douloureuse se logea dans sa gorge et Harry n'osa rien dire.

- Ça va mieux ? demanda Severus.

- Oui.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé au juste ? Est-ce que tu as vu des choses ?

Harry secoua la tête, incapable de parler. Désormais, il se sentait terriblement honteux.

- Ce n'était rien, je n'aurais pas dû venir. C'était une petite angoisse de rien du tout.

- Tu ne vas pas t'en sortir comme ça. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Harry se mordit la lèvre inférieure. Que pouvait-il dire ?

- La vérité, dit Severus comme s'il avait lu dans ses pensées.

- Je… je crois que je deviens mauvais, dit finalement Harry.

Par Merlin, que ces trémolos dans sa voix cessent ! Il ne pouvait pas montrer autant de faiblesse, pas maintenant !

Severus s'approcha de lui et lui intima de s'asseoir. La gentillesse de l'homme brisa la carapace du garçon qui finit par tout avouer :

- On s'amusait bien et je passais une bonne soirée. Et tout à coup… Je ne sais pas, je me suis vu faire du mal aux autres. Avec ce que j'ai en moi, l'horcruxe, ça pourrait arriver, non ?

- Mais enfin Harry, tu as toujours ton libre arbitre. Jamais il ne pourra te contrôler.

- Mais je me suis VU ! explosa finalement Harry dans un sanglot paniqué. Je me suis vu leur envoyer des sortilèges impardonnables et leur faire les pires horreurs… Je suis un monstre et si ça se trouve c'est que j'en ai envie !

- Stop, stop, stop !

Harry se rendit compte que Severus lui maintenait les poignets pour qu'il arrête de se griffer les mains. Harry lâcha complètement les vannes et se mit à pleurer, prit d'une panique terrifiante.

- Je suis un monstre, je suis un monstre…

- Non, Harry. C'est normal d'avoir ce genre de pensées, expliqua Severus d'une voix calme. Et tu le sais, ce n'était que le fruit de ta peur. Mais tu ne passeras jamais à l'acte parce que tu as peur de faire quelque chose de mauvais, bien au contraire.

- Mais… Mais qu'est-ce que c'est alors ?

- On appelle cela une phobie d'impulsion. Ça touche plus de la moitié de la population dans le monde au cours de sa vie. C'est l'angoisse qui provoque cela, rien d'autre. Il faut juste adapter ton traitement et…

- Je ne veux pas de ces potions ! Je dois être fort, Severus !

Et pourtant, plus il disait cela, plus il s'approchait de son tuteur comme pour se réfugier dans ses bras tel un bébé avec son père. Il voulait être rassuré mais n'osait pas le demander. Il ne pouvait pas céder à cette faiblesse d'admettre qu'il était terrorisé par tout ce qui allait se passer tôt ou tard. Il exploserait peut-être un jour mais pas maintenant, il n'avait pas le choix.

Pourtant, quand Severus se pencha vers lui, Harry se réfugia aussitôt dans ses bras, pleurant de tout son saoul jusqu'à ce que le sommeil vienne le piquer.

oOo

L'heure était grave. Les recherches sur les horcruxes devaient avancer et plus vite que ça. Severus mit Harry au lit, lui retira ses vêtements de sorcier et lui enfila un pyjama propre d'un coup de baguette magique. Le garçon ne broncha pas et resta endormi, comme assommé par ses larmes et cette crise d'angoisse qui menaçait d'exploser depuis des mois.

Pour terminer, Severus glissa quelques gouttes de potions sans rêve au creux des lèvres de Harry.

Chose faite, il prit son courage à deux mains et lança une poignée de poudre de cheminette dans le foyer de la cheminée pour un appel en bonne et due forme.

- Alma Hardi ! appela-t-il.

Il ne comptait pas la joindre de si tôt mais les ouvrages que la sorcière lui avait fournis quelques jours auparavant s'étaient révélés plus qu'intéressants. Cependant, ses connaissances en plantes demeuraient limitées. Il avait besoin de plus de renseignements. Même si cela impliquait de se révéler un peu plus…

Severus passa son visage dans les flammes et aperçut le bureau de l'herboriste. Alma rempotait une mandragore et prit le temps de s'essuyer les mains avant de s'approcher de la cheminée.

- Oh, bonsoir Severus ! Quelque chose ne va pas avec une de mes plantes ?

- Bonsoir Alma. Non du tout, du tout. Je vous appelle par rapport aux ouvrages que vous m'aviez confiés il y a quelques jours.

La sorcière se redressa, lui offrant un port de tête encore plus long qu'à son habitude. L'œil pétillant, elle attendit que Severus poursuive.

- J'ai besoin de savoir si vous aviez d'autres ouvrages qui approfondissent l'utilisation des plantes dans les préparations d'ayahuasca chez les sorciers ?

Severus ne manqua pas l'effet de surprise sur le visage d'Alma. Mais la sorcière inclina de haut en bas son visage avant de s'asseoir sur le petit banc en face de la cheminée. Ainsi, elle gardait toute sa classe.

- Est-ce que cela à quelque chose à voir avec l'article de presse que je vous ai présenté concernant Antioche Martin il y a plus d'un an ?

Severus réfléchit à toute vitesse. Alma n'était pas stupide mais pourquoi cette curiosité ? Comme si elle l'avait entendu, la française poursuivit :

- Ecoutez Severus, je sais que vous avez sous votre aile un des sorciers dont l'avenir est des plus incertains. Je me doute qu'il y a des choses qui me dépassent. Mais je vois bien qu'un danger menace le monde sorcier. J'ai quelques dons en la matière. Et pas besoin de pratiquer la Divination, suffit de lire les informations et d'avoir un minimum d'esprit critique. Je ne vous demande pas de tout me raconter mais si vous souhaitez que je vous aide, il va falloir m'en dire un peu plus.

- Je ne peux pas, avoua finalement Severus.

Et Merlin qu'il aurait aimé lui en dire davantage ! Mais c'était trop risqué. Qu'est-ce qui lui prouvait que la sorcière était totalement digne de confiance ? Elle était une excellente collaboratrice, il avait même grand plaisir à déjeuner avec elle les midis où elle se rendait à Londres, mais cela ne suffisait pas pour qu'il tombe la carapace.

Il s'humidifia les lèvres, cherchant ses mots. D'une certaine manière, il ne voulait pas blesser la sorcière. Ce qui était assez surprenant… Il n'avait pourtant jamais eu l'habitude de prendre des pincettes avec les autres ! Mais à bien y réfléchir, le maître des potions devait admettre qu'il avait changé. Bien sûr qu'il prenait des pincettes désormais et évitait de blesser les autres - cela ne marchait pas à chaque fois. Avec Harry pour commencer mais aussi avec ses élèves, à tel point que Théodore Nott était venu se confier à lui dans la soirée, avec Remus et même Black !

Alors il pouvait bien faire un pas vers Alma. Elle lui avait plusieurs fois montré des signes de confiance. Même Dumbledore avait affirmé que c'était une femme très bien qui se battait régulièrement pour la dignité des faibles.

- Je… Je ne peux pas parler ici. Vous l'avez dit vous-même, le monde sorcier est des plus… incertains. Je ne souhaite pas que cette conversation tombe dans de mauvaises oreilles.

- Avez-vous un téléphone moldu ? demanda Alma.

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Un quart d'heure plus tard, Severus se trouvait dans la ville moldue la plus proche de Poudlard, dans une cabine téléphonique. Il n'avait pas pris de manteau assez chaud et commençait à le regretter.

- Donc si je comprends bien, déclara Alma dans le combiné, vous avez besoin de trouver comment extraire un morceau d'âme et la détruire sans pour autant tuer la personne concernée.

- En gros, c'est ça.

Bien sûr, Severus était resté flou sur le pourquoi du comment et qui cela concernait.

- Cela m'a tout l'air d'être de la magie noire.

Il n'y avait aucun jugement dans la voix d'Alma.

- C'en est, assuma Severus. Du moins, l'âme en question est chargée de magie noire. En réalité, elle n'est pas censée être dans ce corps.

Un sifflement typiquement français retentit dans l'appareil. Severus s'en serait presque amusé si la situation n'était pas si préoccupante.

- Et vous êtes obligée de détruire immédiatement ce morceau d'âme ou vous pouvez l'enfermer ailleurs en attendant de trouver comment l'exterminer ?

Severus resta silencieux un instant. Alma venait de lui retirer une épine du pied. Depuis le début, Severus, Sirius et Remus cherchaient un moyen d'anéantir l'âme tandis que l'option de faire les choses en deux étapes ne leur étaient même pas venus en tête. Ce n'était pas parfait mais si déjà l'horcruxe pouvait être extrait du corps de Harry…

- Allô ? Severus, vous êtes toujours là ?

- Ah euh oui ! Excusez-moi !

Cette fois, il explosa de rire, dans un soulagement non feint.

- En réalité, vous venez de grandement faire avancer les choses. Mais pour répondre à votre question, la priorité est de faire sortir ce morceau d'âme. Si nous parvenons à l'enfermer dans quelque chose d'autre, c'est bien aussi.

- Quelque chose de vivant ou de mort ?

- Euh… Ça peut-être un objet, répondit Severus.

Cette fois, ce fut Alma qui resta silencieuse quelques instants.

- J'ai peut-être quelques ouvrages à vous conseiller. Avez-vous de quoi noter ?

Severus nota les plantes que l'herboriste lui dicta. Parfois, elle ne trouvait pas les mots en anglais et Severus dut bien le reconnaître… C'était parfaitement craquant lorsqu'elle parlait français.