Partie 3 - Chapitre 45

Abasourdi par la nouvelle, l'esprit de Severus tournait à cent à l'heure. La même question revenait en boucle dans son esprit : comment était-ce possible ? Harry n'avait pas mis son nom dans la coupe, c'est la première chose qu'il lui avait dit lorsque Severus l'avait retrouvé.

Minerva et Sirius Black se tenaient à ses côtés dans la pièce arrière jouxtant la Grande Salle. Harry et les trois autres champions attendaient que les directeurs des écoles et les membres du ministère, Ludo Verpey et Barty Croupton, reviennent de leur entretien.

- Ce n'est qu'un petit garçon, ça n'a aucun sens, déclara la française à l'air antipathique.

- Vous n'êtes pas en mesure de dire quoique ce soit, Miss… Delacour c'est cela ? dit Severus de sa voix la plus glaciale.

La jeune fille se ratatina sur elle-même. Sirius n'avait pas lâché l'épaule de Harry dont les joues n'avaient toujours pas repris leur couleur.

Finalement, les portes s'ouvrirent et le silence des protagonistes ne laissaient rien envisager de bon.

Karkaroff comme Maxime masquaient à peine leur colère. Severus les entendait déjà de là : c'était injuste, deux champions pour représenter Poudlard, il faudrait faire quelque chose et patin couffin…

- Harry, as-tu mis ton nom dans la coupe de feu ? demanda Dumbledore calmement.

- Non monsieur, se précipita de répondre le Gryffondor.

- Mais il ment, c'est évident ! lança Madame Maxime.

- Mon fils est excessivement doué en magie mais jamais il ne pourrait contourner une limite d'âge de la sorte, répliqua Severus sur la défensive.

- Votre fils ? s'étonna Karkaroff, observant tour à tour Harry puis Severus.

Le maître des potions avait lâché les mots sans réfléchir, les nerfs à vif. Désormais, tout le monde le dévisageait comme s'il était un elfe de maison proposant une collection de vêtements automne/hiver.

- C'est comme s'il l'était, assuma-t-il. J'en profite pour prévenir immédiatement qu'au moindre harcèlement ou mauvais traitement envers Harry, la personne se frottera à ma baguette !

- Et je suis son parrain ! compléta Black d'une voix forte. Alors méfiance !

- Quelle belle équipe, lâcha Croupton.

Severus comme Sirius s'apprêtèrent à sauter à la gorge de ce vieux lâche mais Albus leva une main en l'air :

- S'il-vous-plaît ! Revenons-en à l'essentiel. Nous avons échangé avec Ludo Verpey et Barty Croupton. Harry est lié à la Coupe de Feu. Il doit participer à ce tournoi.

- Albus…

- Plus tard Severus. Si vous voulez bien, il se fait tard, j'invite les champions à retourner dans leur dortoir et pied-à-terre respectifs.

Severus se tourna vers Harry tandis que tout le monde s'échappait.

- Je ne suis pas prêt pour ça. Ce n'est pas normal, lâcha-t-il finalement. Si ça se trouve, ce que j'ai vu, c'est ça le plan de Vol…

- On va te protéger, ne t'inquiète pas, déclara Severus.

Harry avait raison. Si cela ne venait pas de lui, c'est que quelqu'un de plus âgé avait délibérément mis le nom dans la coupe de feu et avait trompé la relique. Il s'agissait d'un sorcier de haut niveau. Et c'était là que Severus pêchait… Il ne connaissait aucun sorcier ayant cette puissance hormis Dumbledore. Donc, en plus d'avoir un Harry en danger imminent, il y avait là un ennemi redoutable qui se cachait quelque part.

Peut-être était-ce le Seigneur des Ténèbres lui-même qui avait ensorcelé quelqu'un pour le faire… Oui, c'était le plus probable.

- Mais je ne veux pas que vous me protégiez tout le temps, avoua Harry la voix paniquée. Et vous ne pourrez pas être toujours derrière moi !

Désormais, il n'y avait plus que Dumbledore et Sirius avec eux.

- Ils garderont un œil sur toi comme ils le font depuis que tu es dans leur vie, dit Dumbledore d'une voix calme. Nous avons tout fait pour que les épreuves se déroulent au mieux et je m'assurerai que tout fonctionne bien.

Harry grimaça, visiblement peu convaincu. Décidément, le garçon avait bien grandi et faisait preuve d'une grande lucidité.

- Ecoute moi, on va t'entraîner. Tu es un bon sorcier et tu peux parfaitement t'en sortir, dit Black.

- Je ne sais même pas en quoi consiste la première tâche ! dit Harry dépité. Qu'est-ce que je dois travailler ?

- Ne t'inquiète pas pour ça, Sirius va trouver quelle est la première tâche, énonça Severus d'une voix calme.

- Hein ? dit le concerné.

- Les chiens ont l'ouïe développée, non ? Bah nouvelle mission pour toi, Black.

- C'est de la triche ! s'exclama Harry les yeux ronds.

- Parce que tu crois que les autres ne vont pas tricher ? s'amusa presque Severus. On n'a pas le temps avec ces bêtises ! Et je ne te laisserai pas te ridiculiser lors des épreuves.

- Euh…

Harry jetait des coups d'œil gênés vers Dumbledore. Le vieil homme affichait un sourire complice.

- On peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres, déclara-t-il finalement. Je n'ai rien entendu concernant cette fin de conversation. Je vais vous laisser, bonne nuit.

- Je dois vérifier les protections de l'école et surveiller la forêt, dit Sirius après quelques instants de silence. Tu n'es pas seul, Harry.

Le Gryffondor opina du chef dans un sourire triste.

- Merci d'être là, dit-il. Je vous promets que je ne vais pas vous décevoir.

- Jamais tu ne nous décevras, répondit Sirius avant de prendre son filleul dans les bras. Bonne nuit. Bonsoir, Rogue.

Severus salua l'homme d'un hochement de menton bref puis se concentra sur Harry. Il l'examina avec attention, cherchant sur son visage les mots que le garçon avait besoin d'entendre.

Harry avait quatorze ans et n'était plus ce petit garçon fragile qui demandait de l'affection. Bien sûr, il en avait toujours besoin mais il y avait bien plus de pudeur dans son attitude.

- On va continuer les entraînements, dit-il au bout de quelques instants. A la moindre alerte, tu viens me voir. Que je sois en cours, dans ma chambre ou dans la salle de bain, tu me préviens. Continue de travailler comme tu le fais en classe.

Harry souffla, plein de résilience et se redressa avant d'opiner du chef.

- Je te préviens à la moindre alerte, c'est promis. Je… Je vais y aller, j'imagine que ça serait plus confortable de rester aux appartements mais ce serait repousser le moment où je vais devoir me confronter aux autres. Puis comme tu dis, on s'en fiche de ce que pensent les autres, n'est-ce pas ?

Severus inclina son visage de haut en bas dans un fin sourire.

- Tu peux être fier de toi, gamin.

- Bonne nuit, Severus.

oOo

Harry s'attendait à beaucoup de choses en pénétrant dans la salle commune de Gryffondor. Pourtant, rien ne l'avait laissé penser qu'une horde de joyeux élèves l'accueillerait tel un héros.

La musique battait son plein et les gens le touchaient, l'attrapaient, essayant d'accaparer son attention.

-Comment as-tu fait ?

- Ça alors ! Tu aurais pu nous le dire !

- Je suis certaine que tu as pris une potion pour tromper la coupe de feu et qu'elle désigne quatre champions !

Harry se dégagea, une sueur froide coulant le long de sa colonne vertébrale. Il cherchait ses amis du regard. Finalement, il tomba sur Hermione qui se tenait en haut des marches du dortoir et agitait la main.

Harry essaya de la rejoindre mais Fred plaça un gobelet de jus de citrouille dans ses mains.

-Espèce de petit cachotier ! s'amusa-t-il. Dire qu'on cherchait une solution et que tu…

- Je n'ai pas mis mon nom dans la coupe, coupa Harry d'une voix grave.

George eut un rire bref et Fred observa autour de lui avant de prendre la parole :

- Sérieux ? On pensait que vous aviez un plan avec Rogue, chuchota-t-il.

Harry secoua la tête, franchement agacé. Qu'allaient-ils donc imaginer ? C'était stupide et la preuve qu'ils connaissaient mal le maître des potions !

-Il faut que je parle à Ron et Hermione, dit-il.

Oui, il avait besoin du soutien de ses amis. Eux, les fidèles de la première heure, étaient les seuls à le soutenir à n'importe quel prix.

George sembla comprendre la demande et opina du chef avant de détourner l'attention sur lui.

-Chers élèves ! C'est le moment de lancer vos paris pour la première tâche ! Meilleur taux pour les quinze premiers inscrits.

Sous les cris enthousiastes, Harry se faufila et monta quatre à quatre les marches menant au dortoir. Hermione l'attendait, le sourire crispé. Ils pénètrent dans le dortoir et Harry accueillit le silence comme un bol d'air frais.

-Où est Ron ?

À peine demandé, Ron sortit de la salle de bain en pyjama, les cheveux humides. Son attitude raide et son absence de sourire mirent Harry en alerte.

-Oh tu es là, dit-il faussement surpris avant d'étendre sa serviette de toilette devant le poêle.

Les nerfs déjà tendus, Harry fronça les sourcils. Il n'appréciait pas ce ton. Hermione pinçait les lèvres, l'air inquiet.

Finalement, avant que le silence ne devienne trop lourd, Ron se tourna vers Harry et prit la parole :

-Alors quel est le plan ? demanda-t-il de but en blanc.

-De quoi est-ce que tu parles ? s'étonna Harry qui ne comprenait désormais plus rien.

- Justement j'en sais rien ! s'emporta le roux. Mais si tu es là c'est peut-être que tu peux enfin nous mettre au courant de ce qu'il se trame.

- Ron, s'il te plaît, demanda Hermione.

- Non mais tu penses la même chose, tu l'as dit toi-même !

- Mais de quoi est-ce que vous parlez ? s'emporta Harry à son tour.

C'était une discussion de sourd. Hermione soupira et s'approcha un peu plus du duo, les mains en l'air.

-Ron ne prend pas les formes mais…

-Ah parce que ça va être de ma faute maintenant ! Évidemment c'est toujours de ma faute ! T'es vraiment un hypocrite quand tu t'y mets !

-Ron ! s'exclama Harry.

C'était un cauchemar éveillé. Il voulait le soutien de ses amis et voilà qu'ils s'envoyaient des reproches à la figure.

Les yeux d'Hermione se remplirent de larmes, la colère se dessinant sur son visage.

-Le monde ne tourne pas autour de toi, Ron ! Laisse Harry s'expliquer !

- Y'a pas grand chose à expliquer, dit Harry d'une voix sombre. Quelqu'un a mis mon nom dans cette coupe et ce n'est pas moi !

Ron éclata de rire mais son regard transpirait la déception et la colère.

-Je t'avais dit qu'il mentirait, lâcha-t-il avec amertume.

Hermione secoua la tête.

-Si Harry dit qu'il ne l'a pas fait, c'est que c'est vrai.

-Qui te dit que ce n'est pas un plan de Rogue et lui ? Il ne nous dit rien de ce qu'il fait lors de ses entraînements et on est constamment mis de côté. Ose le nier !

Cette fois, ce fut Harry qui éclata de rire. C'était rire ou mettre un coup de poing dans la mâchoire de Ron. Comment Ron pouvait-il lui reprocher ce genre de choses ? Comme si les cours d'Occlumancie et s'entraîner au point d'avoir des courbatures de partout étaient une partie de plaisir. Et décidément, cette théorie ridicule d'un plan avec Rogue était partagée par plus d'une personne mais que son meilleur ami y croit…

-Ron, je te l'aurais dit s'il y avait eu un quelconque plan et ce n'est pas le cas ! Quelqu'un m'a piégé !

Le souffle de Ron était erratique mais il fixa Harry de longues secondes, comme s'il cherchait la vérité.

Comment en étaient-ils arrivés là ? pensa Harry avec peine. Une boule d'angoisse et de tristesse se logea dans sa poitrine.

-Écoutez, il est tard, on ferait mieux d'aller dormir et de parler de tout ça au calme, demain matin, dit Hermione avec douceur.

- Bonne idée, lança Ron avant de tourner le dos aux deux autres et de se réfugier dans son lit.

Le roux ferma les rideaux de son lit d'un geste brusque. Harry eut la sensation qu'on lui enfonçait un poignard dans le ventre. Hermione s'apprêta à dire quelque chose mais Harry l'arrêta d'un geste avant de hausser les épaules. Silencieuse, la jeune fille s'en alla dans un sourire triste.

Harry mit un temps fou à trouver le sommeil cette nuit-là. Lorsqu'il se leva le lendemain, Ron était déjà parti.

.

Si Gryffondor était d'un support sans faille pour Harry, les autres maisons étaient bien moins enclines à soutenir le Survivant.

Harry en fut d'autant peiné qu'il s'entendait habituellement bien avec les Poufsouffle, surtout depuis le jeu qu'ils avaient mis en place pour tuer le temps lors des cours d'Histoire de la Magie.

Hermione et Harry quittaient le cours de Botanique, emmitouflés dans leur cape afin d'éviter la pluie. Ron marchait devant, discutant avec Dean et Seamus, l'air de rien. Harry décida d'accompagner Hermione à son cours d'Arithmancie.

- Je n'arrive pas à croire qu'il pense que ça vient d'un quelconque plan ! pesta Harry.

- Il faut que tu comprennes sa position, tempéra Hermione.

- Et la mienne ? Quelqu'un y pense à ma position ? Tu crois franchement que je savoure ce qu'il m'arrive ? Avec tous les dangers qui rôdent…

- Pas si fort Harry, coupa Hermione en observant autour d'elle. Écoute, je suis certaine qu'au fond de lui, Ron te croit.

- Pas la peine d'essayer de me faire plaisir.

- Je suis sérieuse ! Il accuse juste le coup parce que pour lui aussi c'est difficile. Essaye de le comprendre, il ne voit plus aussi souvent son meilleur ami et tu ne nous dis jamais ce qu'il se passe avec Rogue. Laisse-moi terminer ! dit-elle lorsqu'elle vit Harry prêt à répliquer. La personne qui souffre le plus c'est toi et je sais que tu fais tout ça pour nous protéger. Mais on est là et Ron se sent inutile. En plus d'être jaloux…

Elle avait ajouté cette dernière phrase à voix basse, comme un peu honteuse de l'admettre.

- Jaloux ? Mais jaloux de quoi ? s'agaça Harry. Pourquoi les gens sont jaloux de moi ? Je veux juste une vie normale, je n'ai rien demandé !

- Mais essaye de te mettre à sa place deux minutes. A tes côtés, il avait l'impression d'exister et maintenant, tu fais les choses dans ton coin.

- C'est faux !

La cloche sonna et Hermione soupira. Ils arrivaient devant la porte du cours d'Arithmancie.

- Ne t'inquiète pas, les choses vont s'arranger. Il faut juste que vous discutiez entre vous.

- Il peut aller se faire voir, lâcha Harry avant de tourner les talons.

oOo

Hermione ne savait pas si cela était lié à la fatigue, un syndrôme pré-menstruel ou la tristesse de voir ses amis se disputer mais elle entra en cours d'Arithmancie avec les larmes aux yeux. Pourquoi ses amis étaient-ils aussi butés ? Harry ne retenait que ce qu'il voulait et Ron demeurait empêtré dans sa fierté. Se retrouver au milieu des deux n'étaient pas chose aisée. Ils avaient besoin de se soutenir, pas de se disputer pour des inepties.

Elle s'installa à une table et une larme roula sur sa joue. Elle l'essuya avec précipitation, se maudissant d'être aussi sensible.

- Granger ?

Merlin ! Les yeux brouillés par les larmes, elle n'avait pas vu que son binôme de Runes se tenait devant elle. Il la dévisagea quelques instants et Hermione se demanda s'il allait s'inquiéter de son état. Finalement, il sortit un parchemin et le déposa sur le bureau.

-J'ai réalisé le plan du compte rendu de notre devoir commun, dit Nott.

- On avait dit qu'on le faisait au prochain cours de Runes, non ? demanda Hermione.

-J'ai tendance à faire des insomnies, déclara-t-il d'un air énigmatique. Ça m'a occupé une bonne partie de la nuit.

-Ok, très bien. Je regarderai ça.

Hermione s'attendait à voir le Serpentard partir mais il resta planté devant elle avant de lâcher de but en blanc :

-Ton petit ami t'a encore fait pleurer ? Ce n'est pas une bonne idée de sortir avec des célébrités, tu sais.

- Hein ?

Hermione ne sut rien dire d'autre de plus intelligent, sciée par cette question on ne peut plus intime. Quelle mouche avait piqué Nott ?

- Potter te parle souvent mal, continua-t-il.

- Mais de quoi est-ce que tu te mêles ? s'énerva Hermione, les joues rouges.

- Le cours va commencer ! intervint le professeur Vector. Mr Nott veuillez vous asseoir.

Hermione se rendit compte avec dépit que la seule place de libre se trouvait à ses côtés. Nott ne sembla pas s'en émouvoir et s'installa, ouvrant ses cahiers.

-Harry n'est pas mon petit ami, précisa-t-elle à voix basse.

C'était important que tout le monde le sache. Rien que de penser à tenir romantiquement la main de Harry la dégoûtait. Elle le voyait comme un frère !

-Et tu ne connais rien de lui, ajouta-t-elle sèchement. Contentons-nous d'être un binôme de Runes.

Théodore Nott ne décrocha pas son regard de son livre puis hocha la tête. Le haut de ses oreilles avait viré au rouge, comme lorsque Ron avait bafouillé devant Fleur Delacour le soir de l'arrivée des délégations.

.

Harry et Ron ne s'adressèrent pas la parole les jours qui suivirent. Hermione jonglait entre ses deux amis. Alors qu'elle pensait que Harry aurait eu tendance à s'isoler, ce fut tout le contraire. Il n'alla pas se réfugier chez Rogue et il s'assurait d'être toujours à l'heure lors des repas dans la Grande Salle. Parfois, Hermione le surprenait à fixer Ron avant de baisser les yeux sur son assiette, l'air triste.

Ron n'était pas en reste. Il semblait perdu entre sa jalousie et sa peine de voir Harry s'éloigner de lui depuis plusieurs mois.

- Tu sais Ron, expliqua Hermione pendant qu'ils se rendaient en cours de Potions, c'est normal qu'on ne soit plus collé les uns aux autres. On grandit tous les trois et Harry a beaucoup de choses à gérer.

Depuis leur dispute, Ron s'était apaisé et Hermione connaissait suffisamment bien son ami pour savoir qu'il se sentait penaud mais trop fier pour présenter ses excuses.

- Il ne nous dit jamais rien, reprocha le roux. On dirait qu'on ne compte plus pour lui.

L'argumentaire d'Hermione mourut dans sa gorge lorsqu'ils arrivèrent dans le couloir du cours de Potions. Hermione accéléra le pas, le cœur battant.

A première vue, on aurait pu croire que les élèves attendaient que la porte de la classe s'ouvre. Mais les Serpentard étaient bien trop souriants et les Gryffondor bien trop silencieux. Harry se tenait contre le mur, les joues rouges et l'air renfrogné. Dean et Lavande envoyaient des regards noirs à Malefoy.

Le blond affichait un sourire goguenard.

- Alors Granger, tu les aimes ces badges ?

Et Hermione comprit enfin la source de toute cette tension. Affiché fièrement sur la poitrine de Malefoy et de tous les Serpentard qui l'entouraient, un badge affichait en toutes lettres :

Vive Cédric Diggory, le véritable champion de Poudlard

Puis quelques secondes plus tard, les lettres changeaient pour afficher :

A bas Potter

- Très intelligent ! cracha Hermione.

- Retirez ça tout de suite ! lança Parvati avec courage.

Malefoy fronça les sourcils, peu enclin à recevoir des ordres. On aurait dit un petit prince prêt à piquer une colère, pensa Hermione.

- Certainement pas, Patil !

Sans réfléchir, Hermione sortit sa baguette de sa poche. Elle ignora Harry qui essaya de l'en empêcher, lui disant que ça ne servait à rien. Mais cela eut l'effet inverse sur la jeune fille qui ne supportait pas le ton résigné de son meilleur ami.

Ce geste eut pour effet de regrouper les Serpentard autour de Malefoy. Plusieurs avaient leur baguette en main et les Gryffondor réagirent de la même manière. Une tension explosive flottait dans l'air et chacun se toisait.

Finalement, le blond éclata de rire d'un air supérieur. Il releva le menton, fier comme un paon.

- Qu'est-ce que vous croyiez faire au juste ? Vous n'êtes pas sur votre terrain ici.

Hermione s'apprêta à répliquer mais elle fut coupée par Parvati :

- Bon, ça suffit ! Retire ce badge !

La jeune fille s'approcha et tendit la main pour retirer l'immonde pin's. Mais le Serpentard ne se laissa pas faire et repoussa la brune d'un geste brusque. Elle bascula aussitôt en arrière et Harry la rattrapa immédiatement.

Ce ne fut ensuite qu'un mélange de brouhaha et de chahut, tout le monde se bousculant et criant. Finalement, un sortilège fusa et Hermione se sentit frappée à la bouche. Les cris redoublèrent et cette fois, Harry hurla plus fort que les autres. Dans une pléthore d'insultes, il se jeta sur le blond pour lui asséner des coups.

Hermione ne pouvait cependant plus rien faire, avec horreur et dans une douleur dentaire qu'elle n'avait jusqu'alors jamais ressenti, Hermione plaqua sa main sur sa bouche.

Horrifiée, elle ne put que constater que ses dents de devant poussaient à vitesse grand V. Elle tenta de cacher les dégâts avec ses mains.

- QU'EST-CE QU'IL SE PASSE ICI ? rugit le professeur Rogue en ouvrant la porte avec fracas. ARRÊTEZ DE VOUS BATTRE ! HARRY !

L'utilisation du prénom du Survivant eut pour au moins effet de calmer le chahut. Harry se recula contre le mur, les joues rouges de colère. Malefoy n'en menait pas large non plus.

- Malefoy a envoyé un sortilège à Hermione ! intervint Ron sous les murmures approbateurs des Gryffondor.

Tous les regards se tournèrent vers Hermione. Ses joues chauffèrent tellement, qu'elle crut qu'elle allait se liquéfier de honte. Ses mains toujours devant sa bouche, elle retint ses larmes avec force.

- C'est faux, Drago n'a rien envoyé du tout ! lança Zabini sous les protestations des lions.

Mais les Serpentard soutenaient que Drago n'avait rien envoyé et que Hermione s'était fait cela toute seule.

- C'est elle qui a sorti sa baguette en premier ! dit Parkinson.

- Parce que Malefoy ne voulait pas retirer ce stupide bagde ! répliqua Dean.

- Silence !

Les bavardages cessèrent aussitôt. Le professeur s'approcha de Malefoy et retira le badge accroché sur sa poitrine. Il observa calmement l'artefact. Plus personne n'osait bouger et les Serpentard affichaient une mine inquiète.

Puis, il serra l'objet dans sa main avant de l'envoyer valser à travers le couloir. Les élèves sursautèrent dans un seul et même bond.

- Ce sera une semaine de retenue, susurra le professeur. Pour harcélement ciblé sur un de vos camarades. Quiconque affichant un pin's de ce genre se verra connaître la même punition. Cela ne sert à rien de retirer vos badges maintenant, je vous ai vu !

Daphné Greengrass essayait en effet de cacher l'objet défendu. La jolie blonde vira cramoisie.

- Et pour Hermione ? demanda Harry. Elle a reçu un sortilège !

Le professeur observa Hermione de haut en bas.

- Miss Patil, veuillez accompagner votre camarade à l'infirmerie.

- C'est Malefoy qui a fait ça ! cria Harry, vert de rage.

- Je n'en ai aucune preuve, c'est parole contre parole, coupa le professeur avec froideur. Maintenant tout le monde dans la classe ! Vous avez gagné une interrogation écrite. J'espère que vous avez révisé.

Parvati s'approcha de Hermione, le regard plein de pitié. Les jeunes filles prirent la direction de l'infirmerie sans un mot.

- Ce Malefoy est le roi des idiots. Tout le monde sait que c'est lui et Rogue le protège toujours ! pesta Parvati. Ça va, tu n'as pas mal ?

Hermione avait les larmes aux yeux, la lourdeur de ses dents lui faisait un mal de chien. Surtout, elle était terriblement inquiète de ce qui allait lui arriver. Et si elle restait comme ça toute sa vie ?

- Il y a au moins un Gryffondor qui a désormais un passe-droit. Dire que Harry se battait avec Malefoy et que Rogue ne l'a pas puni… Il a évité une belle semaine de retenue.

Parvati parlait trop. Hermione n'avait envie que d'une chose, rejoindre l'infirmerie le plus vite possible. Elle accéléra le pas.

- Et puis au moins, plus personne ne se risquera à mettre ces stupides badges.

Hermione opina du chef. C'était aussi en ça qu'elle s'en voulait. Elle aurait dû réfléchir avec sa tête et non ses émotions ! Si elle en avait parlé au professeur Rogue, elle ne se serait pas retrouvée au milieu d'une bagarre et affublée de dents de castor !

Une fois devant les portes de l'infirmerie, Hermione salua Parvati. La jeune fille lui pressa l'épaule pour l'encourager et s'en alla en courant.

Madame Pomfresh se pressa et installa Hermione derrière un paravent.

- Ma pauvre chérie, dit l'infirmière.

Hermione sentit sa gorge se serrer. C'est certainement ce que sa mère lui aurait dit. Ses parents lui manquaient cruellement. Elle n'avait pas ressenti cela depuis des années. Eux qui prenaient grand soin d'elle et surtout de ses dents. Sa mère avait fabriqué un appareil dentaire sur mesure pour la nuit.

Mais lorsque l'infirmière de Poudlard commença à réduire la longueur de ses dents, Hermione en profita pour demander une taille un peu plus convenable.

- Voilà le travail ! déclara Pomfresh.

Le miroir encore dans ses mains, Hermione observait sa nouvelle dentition.

Elle savait qu'elle était loin d'être jolie. Un peu trop maigre, les cheveux incoiffables et puis surtout… ses dents.

En un clin d'œil, ce pire défaut qui la complexait depuis des années n'était plus. Est-ce qu'elle se sentait mieux dans sa peau ?

Pas vraiment.

Elle avait l'impression de trahir ses parents, dentistes. Et puis surtout, elle était toujours la risée de certains élèves. Ron et Harry ne se parlaient plus et elle se sentait bien seule. Une larme roula sur sa joue.

Décidément, elle était bien malheureuse ces derniers temps, pensa-t-elle.

Mais les choses allaient changer, se promit-elle. Jamais elle ne laisserait Malefoy et sa bande l'humilier de la sorte. Et Harry, Ron et elle trouveraient un équilibre. Il fallait juste du temps.

oOo

Severus en était à son sixième café de la journée. Il accueillit la tasse que lui tendit Mrs Weasley avec soulagement. La fatigue nerveuse menaçait de le faire exploser mais il devait garder son calme encore quelques minutes, le temps que la réunion de l'Ordre du Phénix se termine. Cette réunion extraordinaire portait bien évidemment sur les derniers évènements de la Coupe de Feu.

- Charlie a été appelé à Poudlard pour ramener des dragons. La première tâche portera sûrement sur ces créatures, déclara Mr Weasley.

La réunion tourna autour du braconnage mais aussi de la mission de Remus concernant son travail diplomatique avec les loup-garous de Grande-Bretagne. Ils étaient officiellement une trentaine sur le territoire.

- C'est compliqué, déclara Remus. Beaucoup sont réticents vis-à-vis des sorciers. J'ai cependant trouvé un clan de quatre loup-garous qui vit dans le Nord du Pays de Galles. J'ai eu quelques échanges avec leur chef. Je reste succinct, parlant de nos droits qui pourraient changer pour vivre main dans la main avec les sorciers. C'est le seul chef de clan avec qui j'ai réussi à discuter plus de vingt minutes. Les autres m'arrêtent très vite.

- Qu'en est-il des loups solitaires ? demanda Tonks.

- J'ai peut-être des pistes avec quelques uns. Mais ce n'est pas le plus important.

Remus se pencha en avant, les bras croisés sur la table. Son regard fatigué était grave et inquiet.

- Une loup-garou solitaire m'a indiqué que je n'étais pas le premier à venir la voir pour lui dire qu'on pouvait vivre autrement.

Un ange passa.

La réalité de la guerre qui se profilait devenait de plus en plus concrète pour les membres de l'Ordre du Phénix. Jusqu'alors, la plupart se tenait aux simples déclarations de Dumbledore. Mais les braconnages, les disparitions étranges de sorciers et sorcières et maintenant les loup-garous avec qui on cherchait à faire de la diplomatie…

Sans parler de Harry, le Survivant, désigné champion de Poudlard malgré lui.

Tous les signes étaient là. Une guerre se préparait.

- Merci Remus pour ce rapport, déclara Dumbledore d'une voix calme. Nous allons continuer ce travail et je compte sur vous pour continuer ces échanges avec les clans qui seraient les plus à même de nous soutenir lorsque l'heure sera venue.

- Nous devons grossir nos rangs le plus vite possible, intervint Maugrey Fol Oeil.

- Mais c'est compliqué sans preuve concrète de convaincre les gens, dit Sirius. Cela prend un temps fou. J'essaye régulièrement de jauger les sorciers qui pourraient nous rejoindre un jour ou l'autre mais je sais bien qu'ils ne viendront pas sur de simples paroles !

- C'est très intéressant ce que vous dites là, Sirius, dit Dumbledore. Je compte sur vous pour faire ainsi : observez, voyez ceux qui pourraient un jour nous rejoindre. Ne sous-estimez personne.

Le professeur Dumbledore promena son regard sur l'assemblée et il s'arrêta sur Severus qui n'avait pas pris la parole depuis le début de la réunion.

- Nous avons fait le tour des sujets à l'ordre du jour mais quelqu'un souhaite-t-il prendre la parole ? demanda le directeur de Poudlard.

Tout le monde cachait sa fatigue et son inquiétude. Mais Severus était un fin observateur. Le Seigneur des Ténèbres tapis dans l'ombre avait le don de faire croître une anxiété dans la psyché de tout le monde.

- Nous devons nous entretenir sur Harry avec Remus et Sirius, déclara simplement Severus.

Les recherches sur les horcruxes avaient drastiquement avancé depuis le coup de fil à Alma Hardi.

Une fois tout le monde parti, le maître des potions fit état des lieux de son entretien avec l'herboriste. Il y avait moyen, par le biais d'une potion et d'un sortilège combiné, d'extraire l'horcruxe pour le transférer dans un autre objet. Ensuite, ils chercheraient à détruire cet objet dans un deuxième temps.

- Je peux trouver la potion, j'ai les plantes. Il me faut travailler mes calculs mais je pense pouvoir y arriver.

- J'ai trouvé des éléments similaires dans un des livres de la bibliothèque de la maison du Square Grimmaurd, déclara Remus en se levant.

L'homme revint avec un petit cahier sur lequel les pages étaient noircies de notes. Sirius se redressa, l'air étonné.

- Je n'ai rien trouvé lorsque j'ai cherché, déclara-t-il.

- C'était du côté de l'armoire maudite, expliqua Remus.

- L'armoire maudite ? demanda Dumbledore.

- Il y a une armoire de livres couverte de magie noire. Je n'ai pas réussi à m'approcher des étagères sans ressentir une vive brûlure dans tout le corps. Sûrement un sortilège mis en place par mon horrible mère ! pesta Sirius.

- Elle avait sûrement fait en sorte que seuls les sorciers amoureux de la magie noire s'approchent de l' armoire, expliqua Remus.

- Depuis quand as-tu de la magie noire en toi ? demanda Severus incapable de cacher son ton moqueur.

- Depuis que les loup-garous sont associés au mal, répliqua l'ancien professeur de Défense contre les forces du Mal.

Severus opina du chef, concédant que le sorcier venait de lui clouer le bec.

- Elle devait avoir une opinion bien tranchée sur les créatures dans mon genre, continua Remus d'une voix calme. En tout cas, j'ai attendu que la pleine lune approche afin que mes pouvoirs soient plus développés et j'ai découvert un tas de livres intéressants. Notamment un sur les échanges d'âmes.

- Pourquoi ne l'as-tu pas dit plus tôt ! s'exclama Sirius.

Le loup-garou grimaça, l'air triste.

- Parce que ce livre ne parle que de sacrifices humains et je nous vois mal tuer quelqu'un pour sauver Harry. Mais peut-être…

- Peut-être qu'en combinant nos recherches, je pourrais trouver une potion et un sortilège pour extraire cet horcruxe.

Sirius tapa dans ses mains, heureux. Remus se mit à sourire et Severus prit sur lui pour ne pas faire de même. Il ne fallait jamais crier victoire trop vite.

Albus Dumbledore caressait sa barbe, pensif. Finalement, il déclara :

- Les risques seront énormes. Le premier étant que l'utilisation de la magie noire sera certainement indispensable si vous allez sur cette voie.

- S'il le faut, je le ferai, dit Severus d'une voix tranchante.

Il ne négocierait pas avec Dumbledore sur ce point.

- Et vous Dumbledore, qu'avez-vous trouvé sur les horcruxes ? demanda Remus.

- Je pense en avoir repéré au moins un autre mais je vous en parlerai lorsque j'en serai certain.

- De quoi s'agit-il ? D'une personne, d'un animal ?

- D'un objet.

- Avez-vous une idée de comment le détruire ? demanda Severus.

Maintenant, il savait qu'il réussirait à extraire le morceau d'âme et à l'enfermer dans un objet. Tant qu'à faire, il ne souhaitait pas perdre de temps pour la destruction de l'horcruxe.

Dumbledore, l'œil pétillant, se mit à sourire.

- Mais enfin Severus, vous savez très bien comment détruire un horcruxe.

Le maître des potions fronça les sourcils avant de se frapper le front avec sa main. Evidemment…

- Le journal de Jedusor était un horcruxe, déclara-t-il, se sentant parfaitement idiot.

Il avait l'impression d'être l'un de ses élèves à qui il fallait tout expliquer.

- Il a été détruit par le crochet du Basilic ! Bon sang !

Un poids s'envola des épaules de Severus qui se sentit bien plus léger. Ils n'avançaient pas vite mais ils avançaient, c'était le principal. Et ces derniers temps, au milieu de tous les problèmes, des choses commençaient à se débloquer.

Il n'avait qu'une hâte, s'enfermer dans son laboratoire et travailler le plus vite possible. Harry était mal dans sa peau et la vie lui apportait encore son lot de mauvaises surprises. Si au moins, il pouvait retirer cet horcruxe avant Noël…

Remus et Severus prirent rendez-vous dès le lendemain à Poudlard pour travailler sur le sortilège et la potion. Le maître des potions rentra avec le directeur de Poudlard par poudre de cheminette. Une fois dans le bureau du vieil homme, ils discutèrent des cours et Severus en profita pour lui parler de Nott :

- Je ne souhaitais pas aborder cela pendant la réunion mais le jeune Théodore Nott n'a plus de nouvelles de son père depuis plusieurs jours. Je vais devoir me rendre sur place, à mes risques et périls. L'homme est plutôt branché magie noire.

- Tonks et Alastor n'ont rien repéré de plus que les aller-retours d'autres anciens Mangemorts dans la maison de Nott. Il est certain que l'inquiétude monte chez les Mangemorts. L'homme est sûrement pris par ces nombreuses réunions secrètes ainsi que ses jeux politiques. Il fait régulièrement des sorties dans la Gazette du Sorcier. Soyez prudent surtout et allez-y avec Sirius. Ce sera l'occasion de marquer officiellement votre position.

Il aurait mieux fait de se taire… Une virée avec Black était bien la dernière chose qu'il souhaitait faire ! Severus n'eut pas le temps de contredire le directeur, l'homme changea de sujet :

- A propos de ce que j'ai suggéré à la réunion de ce soir, avez-vous des pistes de potentiel membre de l'Ordre du Phénix ?

- Venez-en à l'essentiel, pensez-vous à quelqu'un ?

- Oh et bien, oui.

L'air malicieux de l'homme n'indiquait rien qui vaille.

- Je vous ai déjà dit qu'Alma Hardi me paraissait digne de confiance. Et elle semble vous le prouver de jour en jour, n'est-ce pas ?

Severus rassembla toute sa force mentale pour ne pas paraître mortifié des sous-tendus du vieil homme. Il était terriblement gêné. Cela venant de Dumbledore en plus ! C'était certainement ce que devait ressentir un adolescent lorsqu'on lui parlait de reproduction humaine.

- Nos relations sont purement professionnelles.

- Hmm, je vois.

Dumbledore ne semblait absolument pas le croire.

- Dans ce cas, n'hésitez pas à creuser un peu plus avec cette charmante sorcière. Il me semble que vous êtes déjà adepte des déjeuners avec elle. N'hésitez pas à passer du temps ensemble. Elle nous a déjà été utile une fois, je vois en elle un gros potentiel.

Le regard du directeur se fit plus sérieux, toute trace de malice avait disparu.

- Tom Jedusor cherchera à aller plus loin que les terres de Grande-Bretagne. A terme, ce sera le monde entier qui sera touché si nous ne l'arrêtons pas le plus vite possible. Nous serons tous impactés. De près ou de loin .