Chapitre 57 : Hotel Overlook
Les montagnes du Colorado se dessinaient à l'horizon, froides et imposantes, baignant dans une obscurité pesante. Dracula, ou Gabriel comme il se faisait parfois appeler, observait ces pics enneigés avec un calme imperturbable. La réputation de l'hôtel Overlook, isolé dans cette immensité glacée, était parvenue jusqu'à lui. Un lieu maudit où des visiteurs avaient disparu, ou pire, étaient ressortis déments, leurs esprits brisés par des forces invisibles.
L'Overlook avait toujours eu un attrait particulier pour les curieux, les audacieux et les malheureux. Sa légende était celle d'un endroit qui n'obéissait à aucune logique terrestre, un piège parfait pour les âmes imprudentes. Mais Gabriel n'était pas de ceux qui se laissaient prendre par les charmes du mal. Ayant vécu des siècles, affronté des créatures immortelles, des forces ancestrales et des démons d'un autre monde, il ne craignait pas ce que l'Overlook avait à offrir.
Le message qu'il avait reçu était simple : une série d'événements étranges et de disparitions inexplicables. Des témoins affirmaient avoir vu des ombres se déplacer dans les couloirs, entendu des voix venant des murs, et certains avaient même décrit des visions du passé. Mais ce qui intriguait vraiment Dracula, c'était la nature maléfique profondément enracinée dans cet endroit. Il sentait que l'Overlook n'était pas qu'un simple hôtel hanté ; il était une entité, un être vivant, nourri par les âmes tourmentées qu'il avait dévorées au fil des décennies.
Gabriel n'avait pas hésité longtemps avant de prendre la décision de s'y rendre seul. Cet hôtel n'était pas une simple curiosité pour lui ; il représentait une anomalie dans l'ordre surnaturel qu'il s'efforçait de comprendre et de réguler.
« Un hôtel qui dévore les âmes, qui transforme les hommes en monstres... Un lieu aussi sombre mérite d'être exploré », murmura-t-il pour lui-même, son regard fixe et déterminé. « Peut-être que la source de son pouvoir pourra être neutralisée. »
Les premières neiges de l'hiver recouvraient déjà le sol lorsqu'il arriva enfin. La route, étroite et tortueuse, était à peine visible sous l'épais manteau blanc. Aucun autre véhicule n'était visible. Gabriel ressentit un calme presque sinistre, un silence pesant qui n'était brisé que par le bruit sourd de ses pas sur la neige compacte.
L'hôtel Overlook se dressait devant lui, majestueux et sinistre à la fois, une structure massive dont les lumières semblaient vaciller dans la nuit noire. L'édifice était un géant de pierre et de bois, un monolithe qui défiait la logique même par son isolement. Les montagnes formaient une barrière naturelle autour de lui, comme si elles tentaient d'enfermer ce mal pour éviter qu'il ne se répande.
En approchant, Gabriel observa les fenêtres. Aucune âme visible. Seule une faible lumière rougeâtre provenant du hall principal perçait à travers les rideaux épais. Tout ici semblait figé dans le temps, comme si l'hôtel n'avait pas changé depuis des décennies, sinon des siècles. Chaque détail, chaque ombre projetée par les contours de l'hôtel, évoquait une histoire de terreur. Le vent soufflait faiblement, faisant craquer les planches du porche en bois, ajoutant une note sinistre à l'ambiance glaciale.
Dès que Dracula franchit les portes massives de l'hôtel Overlook, il sentit une énergie lourde s'abattre sur lui. C'était comme si l'air lui-même était imprégné de souffrance et de colère, chaque parcelle de l'hôtel respirant la malveillance. Les lustres, suspendus dans l'immense hall d'entrée, jetaient une lumière faible et vacillante sur les murs lambrissés. Le silence était total, mais il n'était pas paisible. Ce silence n'était qu'un voile dissimulant les murmures d'un lieu chargé d'horreurs.
Les murs, couverts de tapisseries vieillies, semblaient vibrer légèrement, comme s'ils vivaient. Gabriel, imperturbable, posa un regard perçant sur les moindres détails, notant chaque anomalie, chaque indice que ce lieu n'était pas simplement hanté, mais possédé par une volonté maléfique.
Un léger courant d'air glacial traversa le hall, faisant doucement trembler les rideaux de velours rouge. Un frisson surnaturel parcourut l'espace, mais Dracula n'en fit aucun cas. Sa présence semblait défier l'hôtel, chaque pas qu'il faisait résonnant comme une déclaration de son intention de découvrir les ténèbres qui résidaient ici.
Des murmures commencèrent à flotter dans l'air, si bas qu'ils semblaient à peine audibles. Des voix indistinctes, chuchotant des mots que Dracula ne pouvait comprendre, mais dont le ton trahissait une souffrance incommensurable. Ces voix semblaient provenir des murs eux-mêmes, se mêlant aux grincements subtils du plancher en bois sous ses pieds.
Dracula s'avança dans le hall, ses pas résonnant dans l'immensité vide, ses sens en alerte. Soudain, il perçut un éclat de rire. Haut perché, comme celui d'un enfant, mais terriblement dissonant. Le son résonna brièvement avant de s'éteindre, laissant le silence régner à nouveau. Un autre rire, plus grave, suivi d'un cri étouffé, se fit entendre quelque part à l'étage. Dracula leva les yeux, mais il n'y avait personne, seulement l'obscurité des couloirs qui s'étendaient au-delà du hall principal.
Ses instincts de prédateur lui indiquaient que ces phénomènes étaient des résidus d'énergie, des échos du passé. Rien de tout cela ne pouvait l'atteindre. L'hôtel tentait de jouer avec son esprit, mais il était préparé à ce genre d'attaques. Dracula n'était pas un homme ordinaire, et l'hôtel le savait. C'était un adversaire qui ne pouvait être brisé si facilement.
Il décida de se diriger vers les étages supérieurs, là où il sentait une concentration plus forte d'énergie maléfique. En montant les escaliers aux rambardes sculptées, il passa devant un grand miroir encastré dans le mur. Dans le reflet, les couloirs semblaient s'étirer à l'infini, mais au loin, il perçut une ombre mouvante. Elle était indistincte, presque translucide, et glissait lentement à la limite de son champ de vision. Mais lorsqu'il se retourna, il n'y avait rien.
Impassible, Dracula reprit son chemin, ignorant ces illusions. L'hôtel testait ses réactions, cherchant à percer son armure mentale, mais il ne cèderait pas. Il entra dans un long corridor, chaque porte de chambre semblant avoir une histoire à raconter.
La première porte qu'il ouvrit menait à une chambre plongée dans la pénombre. L'odeur de poussière et de renfermé emplissait l'air. Les meubles, couverts de draps jaunis, étaient restés figés dans le temps. Mais ce n'était pas l'immobilité des objets qui retint son attention, c'était le miroir au-dessus de la coiffeuse. Son reflet y était déformé, comme si l'image elle-même luttait pour rester cohérente. Il s'approcha lentement, son regard noir scrutant cette surface altérée.
Des visages apparurent soudainement dans le miroir, des silhouettes qui se tordaient de douleur. Des hommes, des femmes, des enfants, tous marqués par des expressions de terreur et de souffrance. Leurs bouches s'ouvraient dans des cris silencieux, leurs yeux vides suppliant une délivrance qu'ils ne pouvaient obtenir.
Dracula les observa sans émotion. « Des âmes piégées », murmura-t-il pour lui-même. Ces âmes, prisonnières de l'hôtel, étaient condamnées à revivre éternellement les horreurs qu'elles avaient subies en ces lieux. Mais malgré leur apparence misérable, Dracula savait qu'elles ne pouvaient lui nuire. Elles étaient des échos, des reflets, rien de plus.
Il sortit de la chambre, laissant derrière lui les murmures des âmes perdues, et continua son exploration. Chaque pièce qu'il traversait lui révélait de nouveaux fragments de folie : des chaises renversées, des taches sombres sur les tapis, des rideaux arrachés comme si une lutte désespérée avait eu lieu. Il pouvait presque sentir la peur qui avait consumé ces lieux. Mais à travers ces manifestations, une vérité persistait : l'hôtel Overlook n'était pas seulement un lieu hanté, il était vivant, nourri par le désespoir et la souffrance de ceux qu'il avait emprisonnés.
Les couloirs semblaient s'allonger à mesure qu'il avançait, se tordant dans des angles impossibles. À chaque coin, une ombre semblait se glisser hors de sa vue, mais dès qu'il tournait la tête, elle disparaissait. Il savait que l'Overlook cherchait à le perdre dans son labyrinthe de malice, mais il ne céderait pas. Dracula était venu pour comprendre, et il n'abandonnerait pas avant d'avoir percé les secrets de cet endroit maudit.
Au loin, un murmure plus fort résonna. C'était une voix, distincte cette fois, presque humaine. Mais Dracula savait que ce qui l'attendait n'était ni vivant ni mort. Il se dirigea vers la source du son, prêt à faire face à l'horreur que l'hôtel lui réservait.
Dracula avançait lentement, les échos de ses pas se répercutant dans les longs couloirs déserts de l'Overlook. Une force le guidait maintenant vers un lieu particulier, plus sombre et plus chargé en malveillance que tout ce qu'il avait croisé jusqu'à présent. Il savait qu'il approchait du cœur de l'hôtel. La salle de bal.
Ce lieu, autrefois dédié à la fête et à la vie, était devenu un sanctuaire pour la folie et la corruption. En franchissant les grandes portes, il sentit immédiatement une pression s'abattre sur lui, comme si l'air lui-même tentait de le repousser. Les grands lustres au plafond projetaient une lumière tamisée sur la salle déserte, mais chaque coin était plongé dans une obscurité étouffante, presque palpable.
Au centre de la salle, une silhouette l'attendait. Un homme, ou du moins quelque chose qui avait autrefois été humain, se tenait là, vêtu d'un costume impeccable, semblable à ceux que portaient les employés de l'hôtel autrefois. Il souriait, mais son regard était vide, dénué d'humanité. Ses yeux brillaient d'une lueur malsaine, et l'ombre qui l'entourait semblait s'étendre comme si elle cherchait à engloutir toute la salle.
« Dracula, » dit le Gardien, sa voix basse et mielleuse résonnant dans le vaste espace, « Seigneur des Ténèbres, l'Overlook te salue. »
Dracula s'immobilisa, ses yeux fixés sur l'apparition devant lui. « Tu es le cœur de cet endroit, n'est-ce pas ? L'hôtel a pris ta volonté, et tu es devenu son esclave. »
Le Gardien esquissa un sourire sinistre. « Esclave ? Non. Je suis devenu bien plus que cela. L'Overlook et moi ne faisons qu'un. Nous sommes éternels, immortels, comme toi. Mais contrairement à toi, nous n'avons pas de chaînes. Nous ne sommes pas liés par des lois morales ou des désirs d'autrefois. »
Il fit quelques pas vers Dracula, ses mouvements calmes mais calculés, comme s'il jaugeait son adversaire. « Je sens ta puissance, ton ambition... et pourtant, tu es venu ici avec la prétention de juger ce lieu. Toi, un monstre ? Un vampire, qui s'est repu de vies humaines depuis des siècles ? Tu es pire que moi, pire que l'hôtel. Nous, au moins, nous n'avons jamais prétendu être autre chose que ce que nous sommes. »
Dracula resta silencieux, ses yeux ne quittant pas le Gardien. Il savait ce que l'entité essayait de faire : jouer sur la culpabilité, sur ses propres ténèbres, pour le détourner de sa mission. Mais Dracula n'était plus cet homme fragile, tiraillé par ses choix et ses erreurs. Il avait accepté ce qu'il était devenu, et sa détermination était inébranlable.
« Je ne suis pas ici pour me justifier, » répondit Dracula froidement. « Ce lieu est un puits de malheur et de désespoir. Il a pris des vies, torturé des esprits. Cela doit cesser. »
Le sourire du Gardien s'élargit, devenant presque une grimace. « Cela doit cesser ? Es-tu sérieux, Dracula ? Toi qui as pris d'innombrables vies, toi qui as semé la terreur là où tu passais ? Quel droit as-tu de décider ce qui est bon ou mauvais ? Ne te fais pas d'illusions, tu es l'un des nôtres. »
D'un geste de la main, le Gardien invoqua les ombres qui peuplaient la salle. Soudain, la pièce entière changea. Les murs se mirent à pulser, et des visions du passé de Dracula apparurent autour de lui. Des scènes de massacres, des visages figés dans la peur et la souffrance, des batailles sanglantes qu'il avait menées au cours des siècles, tout cela se matérialisa devant lui.
Le rire moqueur du Gardien résonna dans la salle. « Regarde ! Regarde tout ce que tu as accompli ! Toi qui prétends être plus noble que ce lieu ! Tu n'es rien d'autre qu'une créature qui a causé autant de destruction que l'Overlook. Peut-être même plus. »
Autour de Dracula, les visions devinrent plus intenses. Des cris d'agonie résonnèrent, des visages familiers apparurent, des victimes, des ennemis qu'il avait autrefois terrassés. L'hôtel cherchait à le briser en réveillant ses propres démons. Mais Gabriel resta impassible. Ses yeux se firent encore plus froids, s'enfonçant dans les souvenirs qui cherchaient à le submerger.
« J'ai vu ces visages avant, » murmura-t-il d'une voix glaciale. « Je connais mes crimes. Je ne les fuis pas. Mais contrairement à toi, Gardien, je ne suis plus prisonnier de mes erreurs. »
D'un geste vif, il brandit sa main, et un éclair d'énergie noire émana de son être, dissipant les visions d'un seul coup. L'illusion se brisa, et la salle redevint silencieuse. Le Gardien grimaça, sentant que sa tentative de manipulation avait échoué.
Dracula s'avança d'un pas ferme. « Tu n'as aucune emprise sur moi. Je ne suis pas ici pour confronter mon passé, mais pour détruire cet endroit maudit. »
Le Gardien recula légèrement, perdant de son assurance. L'hôtel lui-même semblait frémir, comme s'il ressentait la puissance de l'intrus qui ne se laissait pas abattre. Les ombres autour de la salle se contractèrent, prêtes à attaquer une fois de plus. Mais Dracula restait droit, sa présence imposante, un phare de ténèbres au milieu des illusions.
« L'Overlook pense pouvoir me briser comme il l'a fait avec tant d'autres, » ajouta Dracula, sa voix résonnant dans l'immensité de la salle. « Mais il ne sait pas ce que je suis réellement. »
Le Gardien, bien que visiblement déstabilisé, n'avait pas dit son dernier mot. Il leva la main et une vague d'obscurité se forma autour de lui. « Alors montre-moi, Seigneur des Ténèbres, ce dont tu es capable. Mais n'oublie jamais... nous ne pouvons pas mourir. »
Dracula ne répondit pas. Il se préparait à l'affrontement qui allait suivre, son esprit concentré, implacable. L'hôtel avait enfin dévoilé son véritable maître, mais ce dernier allait bientôt découvrir qu'il avait sous-estimé son invité.
Le Gardien de l'Overlook n'attendit pas plus longtemps. Avec un simple geste de la main, il commença à manipuler l'hôtel lui-même. Les murs autour de Dracula se mirent à vibrer, puis à se refermer lentement sur lui, comme s'ils prenaient vie. Des chaises et des tables volèrent soudainement à travers la pièce, projetées par une force invisible. Les lustres au plafond vacillèrent, les chaînes qui les soutenaient grincèrent de manière sinistre, puis se détachèrent brusquement, s'écrasant lourdement sur le sol, manquant de peu Dracula.
Le Gardien sourit. « L'Overlook n'est pas seulement un lieu, il est une entité. Chaque brique, chaque pierre veut ta mort. »
Les morceaux du plafond s'effondrèrent, les planches du parquet se brisèrent, et l'hôtel lui-même sembla vouloir engloutir le Seigneur des Ténèbres. Mais Dracula, avec son calme légendaire, invoqua la Void Sword. Une lueur bleutée illumina soudainement la salle de bal, émanant de la lame scintillante, une arme forgée dans les ténèbres du néant, capable de drainer l'énergie des créatures surnaturelles.
D'un mouvement rapide, il trancha à travers les morceaux de l'hôtel qui tentaient de l'assaillir. Les lames de bois volant en éclats sous ses coups, les murs mouvants se rétractaient à chaque fois que la Void Sword passait à travers eux, comme si même l'Overlook ressentait la douleur de cette lame ancienne.
Le Gardien recula légèrement, méfiant. « Tu crois que ta lame peut te sauver, vampire ? Ce lieu a vu bien pire que toi. »
D'un geste, il appela à lui les âmes tourmentées de l'hôtel. Les silhouettes tordues des anciens clients apparurent dans les coins sombres de la salle de bal. Des visages déformés par la folie, des yeux vides de toute humanité. Des rires désespérés, des cris d'agonie et des murmures incompréhensibles résonnèrent. Les spectres avançaient vers Dracula, leurs mouvements saccadés et grotesques, des fragments d'existences brisées par les manipulations de l'Overlook.
Dracula, d'un coup net, abattit sa Void Sword sur le premier spectre qui se jetait sur lui. L'esprit se dissipa dans un nuage d'énergie noire. Mais d'autres continuaient de venir, leurs mains décharnées tentant de l'attraper, leurs bouches distordues chuchotant des menaces et des supplications dans des langues oubliées.
Le Gardien observait avec satisfaction. « Ils étaient comme toi, autrefois. Des êtres pleins de puissance et de volonté. Et regarde ce qu'ils sont devenus. Tu ne pourras jamais échapper à ce destin, Dracula. »
Un murmure enflait dans l'air, une voix collective des spectres en agonie. Dracula savait qu'il n'avait pas affaire à de simples illusions. Ces âmes étaient réelles, dévorées par l'hôtel, emprisonnées dans un cycle sans fin de tourments. Mais elles n'étaient plus que des outils, des marionnettes manipulées par le Gardien et l'Overlook.
Dracula, imperturbable, changea de stratégie. Il se transforma en brume, utilisant sa Mist Form pour échapper aux griffes des spectres qui tentaient de l'enlacer. Sous cette forme, il était intangible, glissant à travers les attaques comme un fantôme. Il se déplaça rapidement dans la salle, contournant les esprits, et réapparut derrière l'un d'eux, frappant avec sa Void Sword. Le spectre se dissipa instantanément.
Le Gardien grogna, sentant son contrôle sur l'hôtel vaciller. « Assez ! »
Il leva les bras, et la salle entière se déforma autour de Dracula. Le sol se mit à trembler, puis se fendit, révélant des gouffres béants dans lesquels le Gardien espérait précipiter son adversaire. Des plaques de bois se soulevèrent brusquement sous les pieds de Dracula, des éclats de verre volèrent dans toutes les directions, tentant de lacérer sa peau. Mais avec une agilité surhumaine, Dracula déploya ses Demonic Wings, s'élevant au-dessus du chaos qui régnait dans la salle de bal.
Du haut des airs, il balaya la pièce d'un regard glacé, et en un instant, il plongea vers le Gardien, sa Void Sword prête à frapper. Le Gardien tenta de l'arrêter en invoquant d'autres pièges, des murs invisibles qui semblaient surgir du sol pour bloquer la charge de Dracula. Mais avec chaque coup de la Void Sword, ces barrières volaient en éclats, dissoutes par la puissance surnaturelle de l'arme.
Peu à peu, Dracula prenait l'ascendant. Les murs de l'Overlook tremblaient à chaque attaque, comme si l'hôtel lui-même ressentait la douleur infligée par son adversaire. Le Gardien, autrefois confiant, voyait ses tentatives échouer les unes après les autres. Les spectres étaient anéantis, les pièges brisés, et les illusions dissoutes.
Dans un dernier effort désespéré, le Gardien projeta une vague d'énergie noire, une dernière tentative pour écraser Dracula sous le poids de la folie accumulée dans les murs de l'hôtel. Mais Dracula, avec une froide détermination, brandit la Void Sword et trancha à travers l'attaque. L'énergie sombre se désintégra sous la puissance de la lame.
Le Gardien se retrouva acculé, son visage autrefois serein maintenant marqué par l'effroi. « Comment... ? Comment oses-tu ? L'Overlook est éternel ! Tu ne peux pas... »
Dracula s'avança, son regard perçant traversant le Gardien comme s'il voyait directement dans son âme. « Tu as été trop longtemps au service de cet endroit. Ton temps est révolu. »
D'un mouvement rapide et précis, Dracula leva la Void Sword et abattit la lame sur le Gardien. Le corps spectral se fendit en deux, dissous dans un éclat d'énergie sombre. Le cri du Gardien résonna à travers la salle, mais ce n'était plus un cri de défi, c'était un cri de défaite, de désespoir. L'hôtel semblait trembler sous l'impact de sa destruction.
Le silence retomba. Les murs de l'Overlook, qui quelques instants plus tôt s'étaient animés, se figèrent à nouveau. L'hôtel était toujours là, mais son cœur, son avatar, avait été vaincu.
Dracula rangea la Void Sword, son regard impassible se posant sur les ruines de la salle de bal. Ce n'était pas la fin. Il sentait que l'essence de l'hôtel persistait, quelque part, et qu'il restait une dernière étape pour briser définitivement son emprise.
Le silence régnait désormais dans la salle de bal, mais Dracula savait que ce n'était pas la fin. L'Overlook, bien qu'affaibli par la destruction de son Gardien, n'avait pas révélé tous ses secrets. Quelque part sous ses fondations, dans les profondeurs cachées de cet hôtel maudit, résidait la véritable source de son pouvoir.
Sans perdre un instant, Dracula commença à explorer les alentours, son regard acéré scrutant chaque détail des murs, du sol, des structures qui l'entouraient. Il pouvait sentir cette énergie malsaine et lourde vibrer sous ses pieds, une pulsation presque imperceptible, comme le battement d'un cœur corrompu. L'hôtel vivait encore, mais son énergie s'était retirée dans un recoin plus profond, plus caché.
Il posa sa main sur le sol froid de la salle de bal et ferma les yeux. Les souvenirs des âmes torturées, piégées ici depuis des décennies, envahirent ses pensées. Chaque cri, chaque lamento, chaque prière non exaucée se répercutait dans les murs. Les victimes de l'hôtel n'étaient jamais parties. Elles étaient devenues les fondations mêmes de cet endroit. Mais plus Dracula se concentrait, plus il percevait une direction, une faille. Quelque chose d'anormal sous ses pieds, un passage caché.
D'un geste puissant, il enfonça ses mains dans les dalles de pierre et les arracha avec une facilité déconcertante. En dessous, un escalier en colimaçon, obscur et oppressant, se dévoila. Une brise froide en émanait, emplie de la même essence maléfique qui saturait l'Overlook. Sans hésiter, Dracula descendit.
Les marches semblaient descendre sans fin, et à chaque pas, l'air devenait plus lourd, plus oppressant. Le passage déboucha sur une vaste chambre souterraine, éclairée seulement par la lumière vacillante de torches anciennes, comme si le temps n'avait jamais touché cet endroit.
Au centre de la pièce, sur un piédestal de pierre noire, reposait un artefact étrange, presque organique dans sa forme. La relique, cœur de l'Overlook, émanait une lueur rouge sang. C'était un objet ancien, enveloppé de racines tortueuses qui semblaient palpiter comme si elles étaient vivantes, nourries par les âmes tourmentées de l'hôtel.
Dracula s'approcha lentement, son regard fixé sur l'artefact. Il pouvait sentir la puissance qui s'en dégageait, une force ancienne et corrompue. Cette relique était la clé, le lien qui permettait à l'Overlook de maintenir son emprise sur les âmes. C'était elle qui alimentait l'hôtel, qui nourrissait sa malédiction. Pour libérer les âmes piégées ici, il devait la détruire.
Mais il ne pouvait pas simplement frapper cet artefact avec sa Void Sword. Il savait qu'un tel pouvoir nécessitait plus qu'un simple acte de force brute. Il devait le purifier, le détacher de l'énergie maléfique qui le nourrissait. C'est alors qu'il se souvint des anciens enseignements de la Confrérie de la Lumière.
Dracula, autrefois Gabriel Belmont, chevalier sacré de la Confrérie, n'avait jamais oublié les prières qui, autrefois, lui avaient permis d'appeler à l'aide des forces divines. La Prière du Chevalier Sacré, l'une des plus anciennes et puissantes invocations de purification, était la seule arme qu'il avait pour détruire une telle abomination.
Il se redressa, plaçant ses mains devant lui, paumes ouvertes vers la relique. Son regard se fit intense alors qu'il commença à réciter, dans une langue oubliée des hommes, les paroles sacrées qu'il avait apprises bien des siècles auparavant.
« O Lumineux, Seigneur des cieux, toi qui guides les âmes errantes, entends l'appel de ton serviteur... »
Sa voix résonna dans la salle, se mêlant aux murmures et aux cris des esprits qui semblaient entourer l'endroit. À chaque mot prononcé, une lueur dorée commença à irradier de ses mains, se répandant dans la pièce. Les ombres reculaient devant cette lumière, les racines tordues qui enveloppaient la relique frémissaient, comme si elles tentaient de résister à la purification.
« ...Purifie ces terres souillées, brise les chaînes qui emprisonnent ces âmes, et que la lumière efface les ténèbres. »
La lumière s'intensifia, et une onde d'énergie sacrée émana de Dracula, enveloppant la relique. Les racines commencèrent à se désagréger, leur pouvoir maléfique ne pouvant plus résister à la force divine invoquée. Les cris des âmes tourmentées s'élevèrent une dernière fois, mais cette fois, ce n'était pas un cri de souffrance, c'était un chant de délivrance. Les âmes étaient libérées, enfin détachées de l'emprise de l'Overlook.
La relique, désormais affaiblie, se fissura. Sa lueur rouge se ternit, remplacée par un éclat plus pâle. Dracula, voyant que l'objet était maintenant vulnérable, saisit sa Void Sword. D'un coup précis et puissant, il abattit la lame sur la relique.
L'artefact se brisa en mille morceaux, libérant une ultime onde de choc qui parcourut toute la structure de l'hôtel. Les murs tremblèrent, la terre se mit à vibrer, mais Dracula resta impassible, observant la chute de ce pouvoir maléfique.
L'Overlook était affaibli. Les âmes piégées, enfin libres, disparaissaient dans un murmure apaisé. L'hôtel, autrefois vivant et malveillant, se retrouva vidé de sa substance. Il n'était plus qu'une coquille vide, privée de sa force nourricière.
Le calme retomba dans la pièce. Le poids de la malédiction qui avait régné sur ce lieu pendant tant d'années s'était dissipé. Dracula rengaina sa Void Sword, son regard parcourant les vestiges de ce qui avait été le cœur battant de l'Overlook.
Il savait que, même si l'hôtel resterait un lieu sinistre, il n'avait plus le pouvoir de nuire comme autrefois. Le mal qui l'habitait avait été brisé.
Sans un mot de plus, Dracula se détourna et remonta les escaliers, laissant derrière lui la relique brisée et un hôtel désormais silencieux.
Dracula gravit les dernières marches du sombre escalier, quittant les profondeurs où la relique maudite de l'Overlook avait été détruite. Derrière lui, l'hôtel semblait soupirer, comme une bête blessée incapable de continuer son règne de terreur. Les échos de cris, les murmures incessants, tout s'était tu. Le silence qui régnait maintenant n'était plus oppressant, mais plutôt apaisé, comme si l'endroit se résignait à son sort.
Les murs, autrefois animés par une volonté maléfique, avaient retrouvé leur inertie. Le sol sous ses pieds ne tremblait plus, et les ombres, auparavant animées d'une vie propre, s'étaient figées. L'hôtel Overlook n'était plus qu'un édifice vide, une coquille privée de sa force vitale. Dracula, d'un regard froid et détaché, contemplait la transformation qui s'opérait autour de lui.
Chaque pas qu'il faisait dans les couloirs désertés lui rappelait les âmes tourmentées qu'il avait libérées. Il savait que ces esprits étaient enfin en paix, arrachés des griffes d'un lieu qui s'était nourri de leur désespoir et de leur folie. Mais derrière cette délivrance se cachait une vérité plus profonde que Dracula connaissait bien. Le mal ne disparaissait jamais complètement. Il changeait simplement de forme, se déplaçant d'un lieu à un autre, attendant patiemment une nouvelle opportunité de se manifester.
L'hôtel, bien qu'affaibli, gardait encore une trace de son passé sombre. Dracula le sentait. Ce n'était plus un piège mortel, mais les horreurs qui avaient été commises en ces lieux resteraient gravées dans ses fondations, comme une cicatrice indélébile. Ce lieu continuerait d'exister, peut-être oublié avec le temps, mais il porterait toujours en lui une ombre des crimes passés.
En traversant le grand hall d'entrée, Dracula jeta un dernier regard aux vastes espaces maintenant plongés dans un silence presque sépulcral. Les lustres ne vibraient plus, les chaises restaient à leur place, et les murs, autrefois mouvants et vivants, étaient redevenus immobiles, comme s'ils n'avaient jamais été autre chose que de simples pierres et bois.
Il s'arrêta devant les grandes portes de l'hôtel, contemplant l'immense espace vide derrière lui. Le monde qui l'entourait avait changé, mais Dracula, lui, restait toujours le même. Ses pensées étaient calmes, presque froides, alors qu'il réfléchissait à ce qu'il venait de détruire. L'Overlook n'était pas simplement un lieu hanté, c'était un symbole. Un miroir des ténèbres qui sommeillent dans le cœur humain. Un endroit où les plus faibles avaient cédé à la folie, où le désespoir avait pris racine et nourri une force plus ancienne et plus maléfique.
Dracula connaissait bien ces ténèbres. Il les portait en lui depuis des siècles, en tant qu'immortel, en tant que prédateur. Mais contrairement à l'hôtel, il n'était pas esclave de ces forces. Il les contrôlait, il les avait domptées. C'était cette différence qui lui avait permis de survivre à travers les âges. Il pouvait voir l'abîme, mais ne s'y laisserait jamais entraîner.
« Ce lieu... n'était qu'un reflet de ce que les hommes craignent de devenir, » murmura-t-il pour lui-même, sa voix basse résonnant faiblement dans l'immensité vide du hall. « Ils créent leurs propres monstres, puis s'y laissent piéger. Mais même les lieux les plus sombres ne peuvent résister à la lumière. »
Un vent glacial souffla à travers les portes lorsqu'il les ouvrit. L'air extérieur, frais et pur, était un contraste frappant avec l'atmosphère lourde de l'hôtel. Le ciel nocturne, parsemé d'étoiles, s'étendait au-dessus des montagnes enneigées qui entouraient l'Overlook. Dracula inspira profondément, non par besoin, mais par habitude, comme s'il voulait s'imprégner de la tranquillité qui régnait à l'extérieur de cet endroit maudit.
Il fit quelques pas dans la neige, ses pieds ne laissant aucune trace derrière lui. Derrière lui, l'hôtel se dressait toujours, immense et imposant, mais désormais vidé de sa force maléfique. Il savait que l'Overlook resterait un lieu sinistre, mais il n'était plus une menace pour ceux qui oseraient y pénétrer.
Dracula jeta un dernier regard à l'hôtel. Un instant, il sembla percevoir les silhouettes des âmes qu'il avait libérées, flottant dans l'obscurité, s'éloignant lentement vers un autre monde, un monde où elles trouveraient enfin la paix. Il détourna le regard, impassible. Son travail ici était terminé.
Mais le mal ne reposait jamais. Il savait que d'autres ténèbres l'attendaient ailleurs. D'autres lieux maudits, d'autres créatures avides de pouvoir et de destruction. Son combat était sans fin, mais cela ne l'effrayait pas. Il était fait pour cela. Il était la balance entre les ténèbres et la lumière, une force implacable, une sentinelle éternelle.
Sans un mot de plus, il se fondit dans la nuit, laissant derrière lui l'Overlook, un lieu qui, pour la première fois depuis des décennies, était plongé dans un silence authentique. Mais Dracula savait que ce silence ne durerait peut-être pas éternellement. Les ténèbres ne disparaissaient jamais complètement. Elles se transformaient, attendaient, se nourrissant des faiblesses humaines.
Alors qu'il s'éloignait, seul dans la nuit froide, une nouvelle quête commençait déjà à prendre forme dans son esprit. Le monde était vaste, et les forces malfaisantes qui y résidaient étaient innombrables. Mais tant qu'il resterait debout, tant que son immortalité persisterait, aucune d'entre elles ne serait à l'abri de sa justice implacable.
L'hôtel Overlook n'était plus le piège mortel qu'il avait été, mais Dracula savait que, quelque part dans le monde, d'autres lieux comme celui-ci existaient. Et il serait là, toujours, prêt à affronter les ténèbres.
