AAAAAAAH ! Ca y est, ce p***** de chapitre est terminé. Je l'ai lu, relu, re-relu, modifié 30 fois, je n'arrivais pas à en être totalement satisfaite. Maintenant je m'attèle au chapitre 18 (ne comptez pas sur vos doigts, ce n'est ici que le chapitre 12, j'en ai d'avance) qui promet d'être aussi compliqué à écrire. Du coup, review ? Pour l'effort fourni, ca s'rait sympa :)
Chapitre 12
Le lendemain matin, Severus Rogue, fidèle à son habitude, se leva avant l'aube. Dans le miroir de sa salle de bain, il observa avec une moue réticente ses cheveux qui, pour la première fois depuis des décennies, n'étaient plus gras. L'effet du shampooing spécial que la coiffeuse avait recommandé était indéniable : ils étaient lisses, soyeux, et, oserait-il le dire, beaux.
— On dirait que tu prends soin de toi, Severus. Ça te va bien, lui avait lancé Minerva la veille avec un sourire malicieux.
Cela ne lui plaisait pas. Severus n'était pas habitué à ce genre de transformation. Les rares autres remarques, bien que plus subtiles, l'avaient mis mal à l'aise. Pourquoi cette soudaine attention ? Il n'avait jamais cherché à plaire, ni à paraître agréable. Son apparence négligée faisait partie de l'armure qu'il portait contre le monde. Ce changement, bien que mineur, le déstabilisait plus qu'il ne l'aurait admis.
Serrant les mâchoires, il s'éloigna du miroir, son regard s'arrêtant brièvement sur le canapé. En quittant ses quartiers, son regard glissa sur les vêtements soigneusement pliés sur le canapé. La chemise gris clair, le pantalon impeccable, la veste et ces accessoires inutiles : une bouteille de shampoing, un parfum et ce ridicule pot de crème pour le visage. Une fois de plus, il sentit monter en lui un profond mépris pour Carrick et ses absurdités. Une part de lui avait envie de tout jeter dans la cheminée. Pourtant, il n'en fit rien.
La journée passa avec son lot habituel de frustrations. Des élèves incapables de différencier une mandragore d'une carotte, des explosions accidentelles et des regards craintifs. En fin d'après-midi, alors qu'il corrigeait des copies, un hibou imposant entra par la fenêtre ouverte, une lettre à la patte.
L'enveloppe portait un sceau doré représentant une baguette entourée d'un cœur. Ridicule, pensa-t-il en ouvrant le pli.
"Rendez-vous aux Trois Balais à 20h00. Préparez-vous à la prochaine étape. Joshua Carrick, coach en séduction"
Rogue soupira longuement avant de froisser la lettre et de la jeter sur son bureau. Il n'avait aucune envie de participer à cette mascarade, mais il ne pouvait pas ignorer l'importance de convaincre Brittany. Pas seulement pour lui-même, mais pour leur survie commune.
À 20h00 précises, Severus franchit les portes des Trois Balais. La chaleur du pub contrastait avec le froid mordant de l'extérieur. L'endroit était bondé, rempli de conversations animées et de rires. Il repéra Carrick dans un coin, assis à une table près de la cheminée. L'homme semblait à son aise, un verre de Bièraubeurre à la main, échangeant des regards charmants avec Madame Rosmerta.
- Ah, Monsieur Rogue ! Vous êtes ponctuel, c'est un excellent point.
Rogue ignora la remarque et prit place en face de lui.
- Épargnez-moi vos compliments inutiles. Quelle est cette nouvelle mascarade ? Vous ne deviez pas diner avec … Mélanie? demanda-t-il d'un ton acide.
Carrick posa son verre et se pencha légèrement en avant, adoptant un air plus sérieux.
— Melissa. Mais ça viendra après. Pour l'instant, priorité à vous, mon cher. Nous avons un travail important à faire.
Rogue haussa un sourcil, sceptique.
— Vous allez me dire que vous avez encore une théorie révolutionnaire sur l'art de la séduction?
Carrick esquissa un sourire suffisant.
— Pas une théorie. Une pratique éprouvée. Et je dois dire que j'ai eu l'occasion d'appliquer l'une de mes méthodes récemment… sur une certaine Brittany.
Rogue se figea imperceptiblement.
— Vous lui avez parlé?
Carrick hocha la tête, comme s'il partageait un secret.
— Oh, rien de compromettant. Juste une rencontre fortuite. Je passais devant chez elle, j'ai fait tomber quelques livres. Une ruse classique, mais efficace pour engager la conversation.
Rogue le fixa, la mâchoire crispée.
— Et?
Carrick se pencha légèrement en avant, savourant l'attention qu'il avait captée.
— Elle a ramassé mes livres, bien sûr. Une femme douce et bien élevée, c'était attendu. Elle a même pris le temps de regarder les couvertures. J'avais notamment choisi un livre sur les légendes de la forêt de Brocéliande… Un sujet parfait pour intriguer une femme qui apprécie un peu d'évasion.
— Et après? insista Rogue d'une voix glaciale.
— Elle m'a rendu le livre, a souri timidement et s'est éclipsée. Pas un mot. Mais parfois, un silence en dit long, vous savez.
Rogue arqua un sourcil, son irritation visible.
— Vous pensez sérieusement qu'un sourire timide suffit pour conclure qu'elle s'intéresse à vous?
Carrick éclata de rire, comme s'il avait entendu une plaisanterie particulièrement drôle.
— Non, bien sûr. Mais ce n'est pas un "non". Vous voyez, Monsieur Rogue, avec les femmes, tout est dans l'interprétation. Le secret, c'est de rester confiant et de leur laisser une ouverture. La prochaine fois, je pourrais lui proposer un thé pour discuter de ce fameux livre… Qu'en dites-vous?
Rogue inspira profondément pour contenir sa colère.
— J'en dis que vous n'aurez pas l'occasion de la recroiser.
Carrick ricana, visiblement amusé.
— Détendez-vous! Je plaisante. Brittany n'est pas mon type. Trop réservée pour moi. Je préfère les femmes qui savent ce qu'elles veulent.
Rogue se pencha légèrement, son ton glacial.
— Et moi, je préfère les gens qui savent quand se taire.
Carrick leva les mains en signe de reddition, un sourire amusé sur les lèvres.
— Très bien, pas de thé avec Brittany. Mais cela ne change rien à votre problème : si elle est si réservée, cela signifie qu'elle a besoin d'être mise à l'aise. Et là, vous avez beaucoup à apprendre.
— Épargnez-moi vos simulations ridicules, grogna Rogue.
Carrick adopta une expression faussement sérieuse.
— Je vous fais une faveur, Severus. Vous devriez me remercier. Peu d'hommes sont aussi chanceux que vous : avoir un coach dévoué et, franchement, brillant.
Rogue esquissa un sourire sarcastique.
— Dévoué? Vous êtes surtout insupportable.
Carrick éclata de rire, comme si ce commentaire le flattait.
— Je prends ça comme un compliment. Et vous savez quoi? Je vais faire de vous un séducteur redoutable, que vous le vouliez ou non.
— Bien. Commençons par une simulation. Imaginez que Brittany est assise ici, devant vous. Je veux que vous essayiez de lui dire quelque chose qui la mettrait à l'aise.
Rogue arqua un sourcil, clairement peu disposé à participer à ce jeu absurde.
— Si elle était assise ici, elle aurait sûrement déjà renversé un verre ou cassé quelque chose…
Carrick éclata de rire, s'adossant à sa chaise avec un sourire suffisant.
— Maladroite? Parfait. Cela signifie qu'elle a un côté vulnérable. Et vous savez quoi? Les femmes adorent se sentir en sécurité. C'est là que vous intervenez, Monsieur Rogue.
Rogue fronça les sourcils, exaspéré.
— Je ne suis pas une béquille émotionnelle.
Carrick secoua la tête avec un air faussement indulgent.
— Bien sûr que non. Mais ce n'est pas une question d'être une béquille. C'est une question de montrer que vous êtes attentif. Si elle renverse un verre, par exemple, vous pourriez simplement dire quelque chose comme : "Ne vous inquiétez pas, cela arrive à tout le monde." Pas besoin de grand discours. Juste assez pour qu'elle sente que vous ne la jugez pas.
— Vous pensez sérieusement qu'un commentaire aussi banal suffira à quoi que ce soit? répliqua Rogue, son ton glacé trahissant son agacement croissant.
Carrick haussa les épaules avec désinvolture.
— Vous seriez surpris. Le but, c'est de la mettre à l'aise. Vous ne pouvez pas séduire quelqu'un si elle est constamment sur la défensive.
Rogue croisa les bras, ses yeux noirs fixant Carrick avec intensité.
— Et que proposez-vous d'autre? Une liste de compliments forcés?
Carrick rit doucement, secouant la tête.
— Pas forcément. Mais vous pourriez essayer de montrer un intérêt sincère. Posez-lui des questions. Pas sur des choses évidentes comme "Quel est votre livre préféré?" Non, allez un peu plus loin. Parlez-lui de ses rêves, de ce qui l'inspire. Cela fonctionne toujours.
Un sourire sarcastique étira les lèvres de Rogue.
— Et si je vous disais qu'elle est muette?
Carrick cligna des yeux, surpris, avant d'éclater de rire.
— Muette? Voilà un défi intéressant. Mais cela ne change rien. Même si elle ne parle pas, elle communique. Tout est dans ses expressions, ses gestes. Vous devez être attentif à cela. Si elle semble nerveuse, trouvez un moyen de la rassurer. Si elle sourit, même un peu, encouragez-la.
Rogue roula des yeux, mais ne répondit pas.
Carrick se pencha en avant, son ton devenant presque conspirateur.
— Vous savez, les femmes veulent avant tout être vues. Pas pour ce qu'elles montrent au monde, mais pour ce qu'elles sont vraiment. Et pour cela, vous devez vous ouvrir un peu.
— Ouvrir? répéta Rogue avec un rictus.
— Oui. Parlez-lui de vous. Pas vos sarcasmes habituels. Racontez-lui une histoire, quelque chose de vrai. Même si c'est petit. Une anecdote. Une fois où vous avez fait une erreur, où vous avez été vulnérable.
Rogue secoua la tête.
— Et pourquoi croirait-elle à un tel récit?
Carrick sourit, satisfait de la question.
— Parce que si vous êtes sincère, cela se verra. Et si elle se sent vue et comprise, vous avez gagné.
Le silence s'installa entre eux. Rogue réfléchissait, mais son expression restait impénétrable.
Carrick brisa le silence avec un sourire provocateur.
— Alors, prêt à tenter l'expérience?
Rogue le fixa, ses yeux sombres lançant des éclairs.
— Je ne suis pas ici pour jouer à vos petits jeux, Carrick.
Carrick éclata de rire à nouveau, comme si cette réponse l'amusait plus que de raison.
— Vous êtes un cas difficile, Severus. Mais je vais vous dire un dernier secret : si elle sent que vous faites un effort, même infime, cela pourrait suffire. Parfois, les petits gestes comptent plus que de grandes déclarations.
Rogue ne répondit pas, se contentant de le fixer avec un mépris évident.
Carrick se leva, terminant son verre de Bièraubeurre d'un geste théâtral.
— On se revoit bientôt! Et souvenez-vous : sincérité et attention. Ça marche à tous les coups.
Il s'éloigna, laissant Rogue seul, ses pensées tourbillonnant. Une part de lui voulait rejeter chaque mot de Carrick. Mais une autre part, plus insidieuse, savait qu'il n'avait peut-être pas complètement tort.
