Bonjour à tous !

Bienvenue aux nouveaux lecteurs, et un grand merci à ceux qui me suivent depuis un moment. C'est un plaisir de voir que vous êtes toujours là après autant de chapitres !

Voici le chapitre 49. Vous remarquerez peut-être que Severus paraît un peu… OOC dans les deux ou trois prochains chapitres. D'ordinaire, ce n'est pas quelque chose que j'apprécie dans les fanfictions, mais j'ai voulu lui accorder un petit moment de relâchement, juste pour quelques lignes. Rassurez-vous, c'est temporaire, il ne tardera pas à redevenir lui-même.

Bonne lecture et merci encore pour votre soutien !

Chapitre 49

Le réveillon de Noël approchait et, comme chaque année, le château resplendissait sous les décorations magiques. Des guirlandes scintillantes serpentaient le long des murs de la Grande Salle, des flocons de neige tombant lentement du plafond enchanté sans jamais toucher le sol. L'air était empli du parfum des épices et du bois brûlé dans la cheminée.

Dans leurs appartements, Brittany ajusta le dernier pli de sa robe rouge ornée de broderies dorées. Elle recula d'un pas pour s'observer dans le miroir… et soudain, une réalisation la frappa. Rouge et or. Elle venait d'opter pour les couleurs de Gryffondor, la maison rivale de son mari. Une moue contrite se dessina sur son visage.

Lorsqu'elle sortit de la salle de bain, Rogue, déjà prêt et accoudé à la cheminée, releva les yeux vers elle. Son regard s'arrêta un instant sur elle, et ses lèvres s'entrouvrirent, prêtes à lâcher une remarque acerbe sur ce choix vestimentaire douteux. Il imagina déjà le sarcasme cinglant qu'il aurait pu lui lancer—quelque chose sur la trahison, ou sur le fait qu'elle comptait visiblement afficher ses véritables préférences ce soir.

Mais les mots ne vinrent pas.

Car il devait bien l'admettre, aussi douloureux que cela soit : il la trouvait magnifique.

Son regard se fit plus intense, et un sourire à peine perceptible effleura le coin de ses lèvres. Ce soir, pour une fois, il avait envie de relâcher un peu la pression, de mettre de côté les piques et les sarcasmes.

— Pour une provocation, c'est audacieux, murmura-t-il finalement, sa voix légèrement plus rauque qu'à l'accoutumée, mais étrangement… ça te va bien. Tu es superbe.

— Je viens seulement de réaliser… Ce n'était pas fait exprès. Si tu préfères, je peux toujours demander à Minerva d'y remédier.

Rogue fronça les sourcils, perplexe. À quel moment « tu es superbe » avait-il pu être traduit par « c'est quoi cette tenue affreuse » ?

— Non, tu es parfaite comme ça. Je ne suis pas obtus à ce point, Brittany… Il marqua une pause, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres. Si, il l'était un peu. Mais il décida que, ce soir, il ne le serait pas. Le rouge te va bien.

Brittany s'approcha et enroula ses bras autour de ses épaules, nichant son visage dans son cou. Un sourire soulagé lui échappa.

— Toi aussi, tu n'es pas mal. Ce noir te va à ravir.

— Comme si j'avais l'habitude de porter autre chose… répondit-il d'un ton sarcastique.

Elle rit doucement avant de reculer.

— J'ai vu du vert dans ton dressing…

— Une brillante idée de Carrick. Tu veux que je lui rende hommage ce soir ? C'était un de ses grands conseils en séduction.

Brittany laissa échapper un rire moqueur.

— Alors ça, j'aurais aimé voir.

Elle inspira profondément, reprenant son sérieux.

— Un dernier briefing avant d'y aller ?

Il hocha la tête. Brittany croisa les bras, prenant un air faussement sérieux.

— Ce soir, on s'ignore. Moi, j'aurai la tête ailleurs, occupée à rêver à mon prince charmant... Et toi, tu te contenteras d'être toi.

Rogue arqua un sourcil, amusé par son ton catégorique.

— Histoire qu'Albus ne s'imagine pas que mon prince charmant, c'est toi, je vais accidentellement te renverser quelque chose dessus.

Elle marqua un silence.

— Tu vas t'agacer, bien sûr.

— Et je n'aurai même pas besoin de jouer, souffla-t-il avec sarcasme.

Brittany lui tapa gentiment l'épaule, avant de reprendre.

— Il va sans dire que je vais vite redescendre de mon nuage quand je réaliserai que c'est… toi qui es à côté de moi.

Elle plissa les yeux.

— Ne sois pas trop convaincant dans tes insultes, tout de même.

— Je vais faire de mon mieux. Rogue croisa les bras. Mais j'aime vraiment t'énerver. Tu ne voudrais quand même pas me retirer l'un des rares plaisirs que j'ai dans la vie, si?

— Continue comme ça, et je pourrais bien t'en retirer un autre…

Un éclat amusé passa dans le regard de Rogue. Il sourit, et attira Brittany contre lui avant de l'embrasser.

— Pars devant, j'arrive dans vingt minutes. Ça devrait suffire pour agacer Albus.

Brittany hocha la tête, planta un baiser rapide sur sa joue, puis quitta la pièce. Rogue soupira d'aise. Il allait finir par s'y habituer, à ces marques d'affection…

oOoOo

Cette année encore, peu d'élèves étaient restés au château pour les fêtes. La Grande Salle avait donc été réaménagée pour favoriser les échanges entre professeurs et étudiants, rendant la tablée plus intime. Elle salua d'un hochement de tête quelques élèves, s'installa à côté d'Hagrid et adressa un large sourire à Minerva assise en face d'elle. Dumbledore, à côté, discutait tranquillement avec la sous-directrice. À sa gauche, une chaise restait vide, réservée à son mari.

Mais Brittany n'y prêtait aucune attention.

Elle jouait distraitement avec la fourchette posée devant elle, traçant des motifs dans la sauce de son assiette, un sourire un peu trop rêveur flottant sur ses lèvres. À plusieurs reprises, elle poussa un soupir discret, comme perdue dans des pensées agréables. Elle picorait sa nourriture du bout de la fourchette, sans vraiment y toucher, laissant son regard dériver dans le vide avec un air absent.

Minerva lui adressa un coup d'œil curieux.

— Tout va bien, Brittany ?

Brittany sursauta légèrement avant de se reprendre avec une moue vaguement coupable. Elle lui adressa un sourire en hochant la tête.

Dumbledore observait la scène avec une légère appréhension. Brittany semblait réellement ailleurs, totalement indifférente à la place vide à côté d'elle. Son regard était lointain, presque absent, comme si rien de ce qui se passait autour d'elle ne l'atteignait. La conversation qu'il avait surprise dans le couloir lui revint en mémoire : « Il est gentil avec moi. Attentif. Il est… beau ! Il me regarde comme si j'existais vraiment… ». Par la barbe de Merlin… Était-il possible que Brittany soit encore en train de penser à Joshua ? Ce n'était pas le plan ! Il n'avait pas mis Carrick sur son chemin pour que ce garçon insignifiant prenne la place de Severus dans son esprit.

Mais… non. Non, c'était peu probable. Il y avait une autre explication, bien plus logique. Brittany et Severus s'étaient expliqués. Après tant de malentendus et de tensions, ils avaient enfin mis cartes sur table. Severus avait fini par avouer sa jalousie, ses sentiments… et Brittany, de son côté, avait compris que c'était lui. L'homme de sa vie. Et ils s'étaient rapprochés. Tellement que Severus avait été obligé de prendre une douche avant de venir. Oui, c'était forcément cela. Les lèvres de Dumbledore s'étirèrent en un sourire serein. Tout allait pour le mieux.

Quelques instants plus tard, Severus Rogue arriva. Il jeta un regard blasé à la chaise libre à côté de sa femme avant de s'y asseoir sans un mot. Pas de regard complice, pas de frôlement discret qui trahirait un moment passionné qui aurait eut lieu juste avant. Il ne lui jetait même pas un regard. Aucun signe d'agacement non plus, aucun de ces soupirs exaspérés qu'il lui réservait habituellement. Rien. Était-il vraiment aussi indifférent qu'il le prétendait ?

Le repas se poursuivit. La musique, d'abord discrète, gagnait en intensité. Quelques élèves, enhardis par l'atmosphère festive, avaient déjà quitté leur siège pour esquisser quelques pas de danse près de la cheminée.

Brittany, toujours plongée dans ses pensées, tournoyait distraitement sa cuillère dans son assiette vide, le regard vague. Elle ne remarqua pas le froncement de sourcils de Rogue. Toujours perchée dans son monde enchanté, Brittany tendit la main vers son verre de vin sans vraiment regarder. Ses doigts glissèrent sur le pied de la coupe et le liquide cramoisi se renversa en un flot silencieux sur la manche noire de Rogue.

Le professeur de potions se figea. Un silence s'abattit autour d'eux.

Brittany sentit un regard pesant et revint brutalement sur terre. Elle pivota vers son mari, faisant mine de réaliser enfin qu'il était assis juste à côté d'elle.

Rogue baissa lentement les yeux vers sa manche imbibée. Il inspira profondément, refermant ses doigts sur le rebord de la table comme pour s'empêcher d'exploser.

Puis, sans un mot, il pivota vers sa femme et la fixa avec un calme glacial.

— Si tu tiens tant à baigner dans l'extase, je te serais gré de le faire sans inonder ma manche.

Brittany cligna des yeux, comme si elle émergeait d'un rêve. Elle hésita un instant sur la réponse à donner. Une grimace coupable ? Une pique en retour ?

Mais non. Elle choisit l'ignorance pure et simple.

Sans accorder un regard à son mari, elle attrapa sa serviette, tapota vaguement la table, et reporta son attention sur son assiette.

Rogue serra la mâchoire. Minerva choisi alors d'apporter son grain de sel.

— Severus, voyons, ce n'est qu'un peu de vin… Ça ne se voit même pas.

Elle s'attendait à un soupir agacé ou un regard hautain, mais Rogue ne réagit pas immédiatement. Il garda son regard rivé sur Brittany, comme s'il attendait quelque chose. Un mot. Une excuse. Un signe de conscience. Mais Brittany se contentait d'esquisser un sourire flottant, comme si l'incident ne la concernait même pas.

Rogue tourna lentement la tête vers Minerva, et lâcha finalement :

— Merci de votre intervention, Minerva, mais à ma connaissance, elle n'est pas sous votre responsabilité. Ce n'est pas une Gryffondor, malgré cette tenue d'un goût douteux… Vous n'avez donc aucune raison de vous sentir obligée de voler au secours de cette catastrophe ambulante. Contrairement à elle, cependant, je semble être privé de toute sollicitude. Peut-être devrais-je, moi aussi, m'affubler de ces couleurs agressives ? Qui sait, cela éveillerait peut-être enfin un semblant de compassion… et Merlin sait que j'en aurais bien besoin, vu les circonstances.

Brittany ne réagit pas. Elle leva distraitement son verre, un sourire rêveur aux lèvres, le porta à ses lèvres et sembla à mille lieux de la table où elle se trouvait.

Dumbledore, lui, ne souriait plus du tout. Il échangea un regard rapide avec Minerva. Ce n'était pas du tout le scénario qu'il avait espéré. Severus n'était pas jaloux. Il ne s'agaçait pas de l'indifférence de sa femme. Et Brittany ne semblait plus se soucier de lui. Là où Dumbledore s'attendait à une tension nourrie par la jalousie, il ne trouvait qu'un détachement glacial.

Dumbledore se tourne vers Minerva, paniqué.

— Minnie, je crois que j'ai fait une bêtise …