Le juste vivra par sa loyauté
Chapitre 45 : La Valentin des blaireaux
Ecrit à la période de la Saint-Valentin 2025 et livré un mois plus tard à votre plus grand bonheur, haha. Merci à KorriganTanNoz, Celeste.B-7, oce22 et Guests bien sûr ! Bonne lecture ;)
Dimanche 14 février 1977
« Eh ben mon pote, bon courage d'avoir Marlène McKinnon comme belle-sœur.
– Rah mais putain, ta gueule Howard ! s'écria Akash en se prenant la tête dans les mains, reprenant soudainement vie après qu'il eut semblé avoir été frappé par un violent stupéfix lorsqu'une délégation de Serdaigles en direction du terrain de Quidditch fut passée devant eux et que Akash eut réalisé après un deuxième coup d'œil rempli d'incompréhension que c'était bien sa sœur Rashti qui tenait la main de Calvin McKinnon.
– Vas-y, crie plus fort, ça fera plaisir à ta petite amie, railla Emma Stark, appuyée sur son balai bien ciré pour s'assurer d'attraper le vif d'or tandis que Howard aboyait de rire, forçant Eva à ravaler son rire derrière son poing par empathie envers Akash. Je suis sûre qu'elle adorerait ce genre de commentaire sur sa meilleure amie pour la Saint-Valentin. »
Vu comment Astrid Matthews avait adopté un comportement protecteur lorsque Amos sortait encore avec Kate Godfried, il n'y avait aucun doute qu'elle ne laisserait pas passer ce tacle envers Marlène McKinnon, même pour Akash. Et Astrid avait déjà montré qu'elle n'avait pas peur d'ignorer Akash pour une journée entière si un de ses commentaires ne lui plaisait pas. Mais aujourd'hui, ils affrontaient Serdaigle alors, exceptionnellement, Astrid n'était pas greffée à Akash et Akash pouvait se morfondre autant qu'il voulait à l'idée d'être affilié aux McKinnon.
« Si Astrid Matthews lui plaît, je ne vois pas pourquoi il rechigne pour McKinnon, dit Aaron Stone, tapant du pied dans sa tenue de poursuiveur.
– N'essaye pas de le comprendre, plaisanta en retour Mark Stainton en donnant un coup de coude à son camarade de 6e année, sa batte sur l'épaule. Y aucune logique chez Banerjee.
– Et franchement, y a plus important, non ? grommela Thomas Clarke en rajustant ses gants de poursuiveur, sa discrétion habituelle aux oubliettes face à son stress. Qu'est-ce que fout Amos ?
– Il se noie peut-être dans les chiottes ? proposa Bill Burke en continuant d'étirer ses épaules, à vue d'œil le plus décontracté de l'équipe alors que pourtant, après Emma Stark, il était le plus jeune de l'équipe du haut de sa 5e année.
– C'est toi que je vais noyer dans les chiottes, le nain ! dit Amos en englobant le crâne de Bill Burke de sa grande main, la porte des vestiaires claquant derrière lui. Bon, vous commencez vos échauffements ou on se suce ?
– Mini Banerjee sort avec McKinnon junior, » dit Howard à l'attention d'Amos, ignorant le grognement exaspéré de sa petite sœur à l'entente de la vulgarité d'Amos qu'Eva réconforta avec des tapotements compatissants sur l'épaule.
En voyant l'air désintéressé d'Amos qui ne fut aucun effort pour sembler un minimum surpris, Akash pointa dramatiquement du doigt Amos, les jambes écartées :
« Tu savais pour Rashti et McKinnon ?! Sale traître ! l'accusa-t-il, ses yeux noirs plissés.
– Pas trop le moment, Akash, » répondit Amos avec une mauvaise humeur qui ne mettait pas de doute sur le fait qu'il était bien stressé à l'idée d'affronter l'équipe de Serdaigle malgré sa fanfaronnade face à Tony Valasquez et Francis Lockhart ces derniers jours.
Mais comme Eva le savait bien, Akash savait doser lorsqu'il s'agissait de son meilleur ami. Plutôt que de partir sur un monologue accusateur comme il l'aurait fait dans d'autres circonstances, il garda son doigt pointé vers Amos, mais avec un regard infiniment sérieux, il lui dit :
« Je te pardonne seulement si tu gagnes. »
C'était ça l'amour masculin, des promesses solennelles pour ne pas être accusé de niaiserie. Eva pouffa, et, guère préoccupée à l'idée de passer pour une niaise, elle s'avança pour serrer fort Amos contre elle.
« Bon match, » lui sourit-elle en le relâchant et elle attrapa Akash pour laisser l'équipe de Poufsouffle faire leurs échauffements à l'abri du regard des tribunes qui vibraient déjà de bruit.
Il y avait toujours quelque chose d'électrique dans l'air lorsqu'il y avait un match de Quidditch et Eva se sentait renaître à ces occasions. Elle avait la bougeotte, et elle rêvassa de jouer un match de foot pour extérioriser l'énergie dans ses jambes alors que Akash l'interrogeait sur sa connaissance du couple Barnerjee/McKinnon. Eva dit qu'elle avait entendu des rumeurs, pas assez étourdie pour mentionner que c'était Amos qui lui en avait parlé, et elle ne soucia guère de ne pas avoir assouvie la curiosité d'Akash lorsqu'elle vit Charlotte l'attendre devant la tribune de Poufsouffle.
« Charlotte ! » s'exclama Eva en abandonnant Akash derrière elle.
Mais Charlotte ne l'entendit pas, frottant sa tempe sous son bonnet. Eva regarda derrière elle pour comprendre ce qui captait l'attention de sa meilleure amie et elle reconnut des 1ère année de Serpentard attendre leur tour pour grimper les marches. Eva leva la main pour saluer Nao lorsqu'elle croisa son regard perçant derrière l'épaule d'Edgar, mais ce fut un autre membre du club de Baveboules qui lui répondit avec enthousiasme : Margaret Flint. Eva termina son geste avec une touche plus incertaine, une subtilité que Margaret Flint ne remarqua pas. La petite qui venait aux sessions de baveboules depuis la rentrée de janvier entama une discussion excitée avec ses amies, semblant étonnamment sur-enjouée de l'attention que lui avait portée Eva en public.
Eva sentit l'imposante carrure d'Akash derrière son dos et il ne tarda pas à se faire entendre lorsque Nao et Edgar (à l'écart des autres 1ère année de Serpentard) se décalèrent pour laisser passer Emmeline qui quittait la tribune des serpents.
« Hé Em', c'est pas le jour pour les léchouilles aujourd'hui ! lança Akash, réussissant à ne pas être insultant par son franc-parler.
– Désolée, je me dépêche ! s'écria Emmeline en traversant l'herbe humide avec ses bottines à talons, grimaçant à cause des bourrasques violentes.
– Ton mascara a coulé, l'informa doucement Eva lorsqu'Emmeline arriva en trottinant à leur hauteur, le nez et les joues rouges.
– Merci Eva, » lui sourit Emmeline en s'essuyant le coin de l'œil, ses yeux verts particulièrement brillants.
Poussées en avant par Akash, elles accélèrent l'allure pour rejoindre Charlotte les attendant toujours au pied de la tribune jaune et noir qui vrombissait déjà sous le poids de tous les blaireaux enthousiastes pour leur premier match de l'année. Emmeline s'excusa de son retard auprès de Charlotte qui répondit par un « hum hum » distrait. Lorsque Akash fonça en premier pour grimper les escaliers et que Emmeline l'eut suivi à une allure plus raisonnable, Eva se pencha vers Charlotte :
« Ça va ?
– Hum, juste un début de mal de crâne, » dit Charlotte avec un sourire peiné.
Eva joignit la main gantée de Charlotte à la sienne et la tira à sa suite pour monter les marches, les bourrasques faisant claquer les bannières colorées. En arrivant au dernier étage des gradins, la vue du dos de Hannah Abbott fit quelque chose à Eva.
La Poufsouffle de 6e année était arrivée hier soir dans la salle commune, après le dîner pendant lequel Isis, Pénélope et Audrina avaient été suspicieusement absentes. À voir leurs sourires excités, Dumbledore et Chourave avaient dû organiser un petit comité d'accueil pour ne pas submerger Hannah qui n'avait jamais aimé être le centre d'attention.
« On devrait aller lui dire un mot, avait chuchoté Jeff à l'oreille d'Eva alors que les garçons de 6e année avaient mis fin à l'immobilisme général en étant les premiers à aller saluer leur camarade sous les yeux attentifs de Chourave.
– Allez Eva, vas-y, tu sais que t'en as envie, » l'avait encouragé Akash en lui faisant un geste agaçant de la main et Eva n'avait pas remarqué le coup d'œil de Howard par-dessus son bouquin alors qu'il était allongé sur le canapé de leur coin de la salle commune.
Maintenant encore en y repensant, Eva se demandait pourquoi elle s'était sentie toute maladroite à attendre que Jeff ait terminé de parler alors que, à un moment de sa vie, Hannah avait semblé être une extension de son corps, chaque mouvement d'Eva réalisé pour mieux protéger Hannah qui avait sangloté et tremblé violemment alors que son sang sortait de la morsure terrible sur son cou ? Lorsqu'on vivait une telle expérience, on devenait liés à vie alors pourquoi ce sentiment de gêne et cette difficulté à regarder Hannah dans les yeux ? Jeff s'était reculé en enlevant sa main du bras de Hannah et Eva s'était forcée à regarder celle dont elle réalisait avoir déformé les traits dans ses cauchemars.
Hannah avait maigri. Ses joues avaient perdu de leur rondeur, son teint était pâle, mais elle était là, respirant, debout sur ses deux pieds, et, plus important encore : elle portait le pull orange des Canons de Chudley. C'était une vue qu'Eva avait inconsciemment eut besoin de voir. Alors, prenant de la force dans l'expression encourageante de Chourave, Eva avait dit d'une petite voix :
« Je suis contente de te voir. Très contente. »
Et parce que sa langue était maladroite et ne pourrait jamais exprimer correctement son tourbillon d'émotions, Eva s'était forcée à enlacer Hannah. D'habitude, elle ne retenait pas sa force, mais cette fois-ci, Eva le fit le plus délicatement possible et elle ne s'attarda pas.
« Bon retour parmi nous, » avait souri Jeff une fois qu'Eva se fut reculée, laissant le champ libre pour une blague bidon d'Isis qui faisait tout son charme.
Jeff avait attendu que Chourave ait emmené la délégation féminine de 6e année dans le dortoir pour chuchoter à Eva, ses yeux marrons observateurs ne manquant pas de voir le poing d'Eva sur sa poitrine. À l'endroit où se trouvait son plus grand secret que seul Jeff et certains professeurs connaissaient.
« Ça va ?
– Ça va, » l'avait assuré Eva avec un piètre sourire, se disant pour la énième fois que c'était impossible que Jeff, ce garçon si attentionné, puisse être la taupe.
Les parents de Hannah auraient souhaité que leur fille reste plus longtemps à la maison, estimant qu'elle n'était pas en état de gérer tout l'excitation de la vie au château, leur avait dit Pénélope Schoonmaker en début de semaine. Après que Chourave eut quitté le dortoir et ait demandé aux garçons de 6e année de venir dans le coin de la salle commune où se trouvaient les 7e année (incomplets alors que Charlotte faisait une ronde avec Lily Evans, que Emmeline devait être en compagnie de Ronan Parkinson et que Amos avait disparu), Eva avait compris avec ses camarades d'où venait la réticence des parents Abbott.
« Hannah ne se remettra sans doute jamais totalement. Elle est sujette à des vertiges fréquents, des fatigues extrêmes et des crises de tremblements. Je compte sur vous pour l'aider au mieux, leur avait dit Chourave très sérieusement en les observant chacun tour à tour et ils avaient tous acquiescé sans y réfléchir. Il n'est pas question de ne pas faire à cause du regard des autres. Vous êtes plus matures que ça, je le sais bien ! »
Mais Hannah avait insisté auprès de ses parents pour revenir à Poudlard pour le premier match de l'année de son équipe, l'exemple même de la loyauté des blaireaux pour leur Maison, et Eva s'était promis avec ses camarades de rendre l'occasion particulièrement mémorable, qu'ils gagnent ou qu'ils perdent – mais ils allaient gagner ! Qu'importe que Grace Mosley soit un dragon dans les airs et Francis Lockhart la muraille de Chine devant les buts, la longueur de ses bras pourtant normale au quotidien. Alors, avec ses amis proches et tous les autres Poufsouffles dont elle connaissait tous les noms et fêtait les anniversaires, Eva hurla les chants d'encouragement qu'ils avaient travaillé, elle tapa des mains en rythme avec les 5e année au talent musical indisputable puisqu'ils formaient le seule groupe de musique de leur Maison et elle hurla de rire lorsque Akash glissa sa baguette devant Baley Finch-Fletchley. Le 2e année n'eut pas le choix de répéter d'une voix puant le malaise les instructions d'Akash (« Amos Diggory et Howard Stark ont des plus gros biceps que Tony Valasquez. ») qui fut contrebalancée par la mignonnerie de Wendy Woodward et de sa voix aiguë (« Allez Poufsouffle ! »).
Leur vacarme était tel qu'ils réussirent non pas à s'attirer les foudres de McGonagall mais de McLaggen, le commentateur. C'était difficile de le prendre au sérieux puisque, premièrement, McLaggen était un Serdaigle, soit l'ennemi, et, deuxièmement, parce que Chourave s'était joint à eux dans les tribunes et qu'elle insultait McLaggen en secouant le poing – en n'utilisant aucun gros mot mais plutôt des enchaînements de mots imagés. Étant donné l'allure de Chourave et son apparition tardive, il ne faisait aucun doute que leur Cheffe de Maison avait été très absorbée par son travail dans la serre et ne s'était rappelée qu'en un sursaut du match de Quidditch. Ça n'enlevait rien à son enthousiasme alors que Poufsouffle perdait actuellement 20 contre 60 :
« HOWARD, PLUS D'EFFORTS ! MA GRAND-MERE VISE MIEUX ! ET ELLE EST AVEUGLE ! »
Juché sur son balais et les cheveux humides de sueur malgré le vent glacial, Howard jeta un regard noir à sa Cheffe de Maison qui s'agrippait à la rambarde, semblant minuscule compressée qu'elle était contre Akash et Eva.
« ET MORTE ! ajouta férocement Chourave.
– Insultez plutôt les intellos ! s'énerva Howard.
–Je le ferai quand ils seront plus près ! » se défendit Chourave.
Claquant la langue avec énervement, Howard s'envola plus loin en agrippant férocement sa batte au point de faire jaillir ses veines. Si ça n'avait pas été Chourave, nul doute que Howard aurait levé son majeur.
« Ma foi, ce garçon n'est de bonne humeur seulement quand Meredith Ravencrest le galoche suffisamment, commenta Chourave en secouant la tête avec exaspération. BILL BURKE, À VOTRE GAUCHE, ESPÈCE DE PERROQUET ! hurla-t-elle, ne leur laissant pas le temps de répondre par autre chose que des rires qui se transformèrent en hurlements alarmés en voyant Bill Burke se faire berner par la feinte de Grace Mosley.
– Professeure, donnez un mois de retenue à Mosley ! C'est du harcèlement scolaire ce qu'elle fait, gémit Akash alors que la tribune de Serdaigle criait son exaltation.
– Voyons, ce serait totalement contraire au règlement, déclina Chourave pour finalement glisser à l'oreille d'Eva lorsque l'entièreté des Poufsouffles poussa un grognement collectif suite à un nouveau but de Grace Mosley : Peut-être que l'idée de retenue n'est pas une si mauvaise idée pour l'année prochaine.
– Je garderai votre secret, professeure, » promit Eva en regardant Amos faire des gestes brusques pour expliquer à son équipe la tactique à mettre en place dès la fin du temps mort qu'il avait demandé à l'arbitre.
L'année prochaine, Eva ne serait plus là et ce rappel la fit imaginer l'émotion que ce serait de gagner la coupe pour leur dernière année au château. De toute sa scolarité, jamais Poufsouffle n'avait gagné la coupe. Deux fois, ils avaient été si proches du but : en 5e année lorsque Amos avait été un monstre dans les airs, ce qui lui avait valu son badge de capitaine en 6e année, et en 3e année lorsque les jumeaux Prewett avaient enfin cessé de terroriser les airs. Mais, même si aujourd'hui ils ne faisaient pas leur meilleur score, ils pourraient toujours se rattraper aux deux autres matchs alors Eva se baissa pour crier à leur cheffe d'orchestre à l'étage en-dessous :
« METS LA MUSIQUE, JESS !
– OUAIS ET DE LA BONNE QUI FERA GIGOTER SON BOULE À SLUGHORN ! renchérit Akash, braillant encore plus fort qu'Eva alors que l'arbitre s'apprêtait à siffler la fin du temps mort.
– Akash ! s'exclama Chourave.
– Pardon, professeur, je voulais dire son popotin, dit Akash avec un sourire malicieux.
– Voilà qui est mieux, » acquiesça Chourave avant de leur casser les oreilles à hurler le chant d'encouragement.
Akash et Eva échangèrent un regard choqué par-dessus le petit gabarit de Chourave (mais qui avait de sacrées cordes vocales) avant d'éclater de rire.
Un rire qu'ils ne partagèrent pas deux heures plus tard, les cordes vocales encore en état seulement grâce à la passation d'une boisson chaude au miel et d'autres herbes obscures que les 1ère année avaient distribué. Le jeune Andrew Abbott n'avait pas manqué de tourner au rouge pivoine lorsque Isis l'avait remercié avec un bisou sur la joue, une action que Pénélope avait reproduit, que Audrina avait fait après un coup de coude d'Isis puis que Emmeline, Charlotte, Eva et Chourave s'étaient fait un plaisir d'imiter, causant l'amusement fatigué de Hannah Abbott.
« Merlin, il s'est fait embrasser par plus de filles à 12 ans que moi à 17 ans, tuez-moi, avait dit Akash avec consternation, un sentiment qu'il reproduit après le sifflet final : Tuez-moi, je ne veux pas avoir à poser les yeux sur l'air narquois de Lockhart. Raaaah, et ce foutu Valasquez ! Il me hantera jusqu'à la mort à cause de ça, c'est sûr !
– La prochaine fois, Akash, tenta de le réconforter Emmeline alors qu'ils attendaient sans grand enthousiasme la fin du bouchon pour descendre des gradins. La prochaine fois sera la bonne.
–La prochaine fois ? grogna Akash en se frottant férocement sa barbe bien taillée. La prochaine fois c'est contre Gryffondor. Merlin, on est –
– Ne dis pas ça, le coupa Charlotte. L'année n'est pas encore finie. L'équipe de Poufsouffle n'est pas encore finie. »
Du haut de son mètre 90, Akash jeta un long regard contemplateur au bonnet de Charlotte qui lui tournait le dos, tournée en direction de la cage d'escaliers sur-bondée :
« Eh ben Charlotte, tu me ferais presque changer d'avis sur ta personne.
– Je pourrais dire pareil, renifla Charlotte, continuant de lui tourner le dos. Je croyais que tu étais le supporter le plus fervent de l'équipe.
– Je le suis, affirma Akash, infiniment sérieux face au bonnet à pompon de Charlotte.
– Dans ce cas, repense ton discours pessimiste. Tu crois vraiment que Amos et Howard vont abandonner aussi facilement ? »
N'attendant pas d'entendre la réaction d'Akash, Charlotte emboîta le pas à Pénélope Schoonmaker pour descendre les escaliers. Derrière Akash qui prit quelques secondes à bouger, Eva et Emmeline échangèrent un regard. De quoi était faite l'année 77 pour que Charlotte soit celle qui défende la cause d'Amos auprès d'Akash ?
Une fois sur le terrain, en voyant le défilé de joie des aigles sur le terrain, Eva et Akash se mirent d'accord en un regard. Puis, usant sans scrupule de leur autorité de 7e année, ils persuadèrent les plus jeunes blaireaux – les plus âgés suivant le mouvement plus par curiosité que par réelle intimidation des plus grands – en direction des vestiaires. Une haie d'honneur, ce fut ce qui attendit Howard lorsqu'il ouvrit la porte des vestiaires avec un regard noir des enfers.
« C'est quoi cette merde ? s'exclama-t-il vulgairement, la surprise réussissant à lisser ses traits à l'exception de sa ride du lion qui était, Eva en avait bien peur, déjà bien trop dessinée.
– HOWARD ? dit Akash d'une voix comiquement grave dans sa baguette magique pour amplifier sa voix.
– STAAAAAARK ! cria tous les Poufsouffles répartis en deux lignes face à face avant de lever les bras à tour de rôle comme un domino inversé, mais Howard resta planté à l'entrée des vestiaires, le visage curieux de Mark Stainton ne tardant pas à faire son apparition au-dessus de son épaule.
– Allez Howard, bouge, espèce d'idiot ! »
Parmi la cacophonie, Howard trouva instantanément Meredith dans la ligne constituée exclusivement de Poufsouffles. La Gryffondor gesticulait pour que son crétin de petit ami ne foute pas en l'air leur plan et bouge. Finalement, ils n'eurent pas l'effet escompté de Howard traversant la haie sous les cris. Non, à la place celui-ci s'avança à grands pas en ignorant tout sauf sa petite amie qu'il embrassa férocement lorsqu'il l'eut atteint, causant des piaillements embarrassés des plus jeunes et des quolibets des plus âgés.
« Quel gros porc ! se marra Akash.
– Le cochon a trouvé sa cochonne, oui, dit Charlotte à l'oreille d'Emmeline qui poussa un gloussement aiguë et, sur la ligne opposée, Eva et Jeff rirent.
– MARK ? reprit Akash dans sa baguette bien que le baiser enflammé de Howard et de Meredith ne fût toujours pas terminé.
– STAINTOOOOON ! cria en chœur la haie d'honneur et, cette fois-ci, leurs efforts furent appréciés à leur juste valeur puisque Mark entama un jogging en tapant dans les mains de ses camarades de Maison qui l'ovationnait, certains secouant des pancartes qu'ils avaient dessinés pour le match.
– C'est quoi ma récompense à moi ? plaisanta Mark Stainton en arrivant en fin de file où se trouvaient les 7e année.
– Hum, réfléchit Akash, puis trouvant sa cible du regard, il annonça avec nonchalance : Peut-être un baiser de Pénélope. T'en dis quoi Péné ?
– Pourquoi pas ? C'est la Saint-Valentin, dit Pénélope avec un sourire en coin, se valant des taquineries d'Isis.
– Tu joues au cupidon en fait ? s'exclama en riant Jeff lorsque Pénélope aplatît sa main sur le torse de Mark pour mieux l'embrasser.
– Je ne peux qu'aider mes camarades célibataires, dit Akash d'un air affreusement arrogant. La solidarité masculine, tu connais.
– Et moi, Akash ?! Tu comptes m'annoncer ? cria Aaron Stone depuis la porte du vestiaire ouverte où tous les membres de l'équipe de Poufsouffle avaient fourré leur nez à l'exception d'Amos, toujours aux abonnés absents.
– On s'en fout de toi, Aaron ! répliqua Akash et Eva lui prit des mains sa baguette pour prendre la suite de l'animation, Jeff se chargeant de taper les mains d'Akash lorsqu'il tenta de la lui reprendre.
– AARON…
– STOOOOONE ! »
Et parce qu'Aaron avait toujours été son préféré chez les 6e année, Eva ne résista pas à son air (faussement mais réellement) dépité lorsqu'il fut terminé d'être acclamé pour ses efforts de deux heures et demi durant ; elle lui déposa un bisou sur sa joue imberbe.
« Hé ! C'est pas un vrai bisou ça ! l'interpella Isis.
– T'as qu'à le faire, toi ! lui répondit en riant Eva.
– Je peux pas, je suis mariée ! plaisanta Isis en brandissant son annuaire où trônait la bague que James lui avait mise au doigt au petit-déjeuner pour la Saint-Valentin avant de disparaître de la Grande Salle avec un clin d'œil. C'est quoi ton excuse à toi ?
– Mariée à Charlotte ! Elle est terriblement jalouse ! dit Eva et Charlotte hocha la tête avec sérieux, se valant une tape affective d'Emmeline. ET NOTRE ATTRAPEUSE INCROYABLE D'AGILITÉ ! EMMA…
– STAAAAAARK ! »
C'était peut-être injuste pour les autres joueurs, mais Eva avait envie de chouchouter Emma qui avait pris la décision d'attraper le vif d'or bien que l'écart de point voulait dire la défaite de Poufsouffle. Pour autant, il ne fallait pas être devin pour comprendre qu'Emma l'avait fait pour limiter la casse, les Serdaigles étant intarissables d'énergie même au bout de deux heures trente de match. Et puis, c'était la seule fille de l'équipe, il fallait bien la féliciter pour sa patience au quotidien.
« Hep pep pep, pas de bisou pour toi ! ordonna Howard en attrapant sa sœur sous son bras à la fin de la haie d'honneur. Le premier dégueu qui s'approche, je lui fous – »
Mais Howard fut incapable de contrôler la marée humaine de filles de 5e année qui criblèrent de bisous le visage d'une Emma hilare. Howard se retrouva dégagé sans ménagement. Il aurait pu s'énerver, mais Meredith réussit à le calmer assez facilement avec ses lèvres. Pour Bill Burke, il n'y eut pas de grand frère trop protecteur, même si Bill sembla le souhaiter lorsqu'il tenta vainement de se protéger de ses amis qui imitèrent leurs camarades féminins avec d'horribles bruits de succion.
Et pour Thomas Clarke, Eva eut un instant de doute, mais elle fut vite soulagée lorsque Thomas rejoignit à grandes enjambées une Gryffondor qui s'était détachée de son groupe d'amis pour sauter dans les bras du Poursuiveur. Ils s'embrassèrent si fougueusement qu'Eva resta bouche-bée comme bon nombre. Et dire que Thomas était habituellement un garçon discret. L'enthousiasme du couple inter-Maison fut tel que des élèves de différentes Maisons les sifflèrent.
« Merlin, qu'ils fassent l'amour, ça sera tout aussi efficace ! railla Akash, passant de consterné à moqueur. Passe-moi ça, lui ordonna-t-il et Eva lui laissa reprendre sa baguette. Il faut le faire sortir sinon il va vraiment essayer de se noyer sous la douche. ET MAINTENANT POUR LE PLUS BEAU, LE PLUS INTELLIGENT, LE PLUS – »
Akash pencha la baguette vers Jeff qui, l'air perdu, dit :
« Le plus musclé ?
– LE PLUS MUSCLÉ, approuva Akash avec force. LE PLUS AGILE, LE PLUS…
– Beau des capitaines ? proposa Eva en se voyant tendre la baguette.
– Merlin, Eva ! s'exaspéra Akash. Fais un effort, je l'ai déjà dit ça !
– Crache le morceau, Banerjee ! On n'a pas toute la journée ! s'écria une voix féminine parmi les rires.
– La ferme, Jess ! T'as même pas réussi à faire bouger son boule à Slughorn ! Maintenant avant que je ne sois de nouveau rudement interrompu – hé !
Sans pitié, Howard poussa en arrière Akash et tendit la baguette à Meredith qui ne tarda pas à crier :
« AMOS…
– DIGGORY ! DIGGORY ! DIGGORY ! DIGGORY ! DIGGORY ! DIGGORY ! scandèrent les Poufsouffles puisque le capitaine se faisait attendre. DIGGORY ! DIGGORY ! DIGGORY ! crièrent avec encore plus de ferveur les blaireaux lorsque leur capitaine apparut à la porte des vestiaires, sa carrure impressionnante à la vue de tous alors qu'il n'était vêtu que d'un débardeur après sa douche.
– Akash ! rit Amos. C'est encore à cause de toi, vieux con ? »
De multiples protestations se firent entendre (il n'y avait pas qu'Akash qui participait après tout), Jess de 5e année la plus bruyante avec son « Avance Diggory ! On n'a pas toute la journée ! » qui faisait se demander à Eva si la joueuse de batterie avait un rendez-vous galant que la durée du match avait retardé. Ça eut pour effet de faire bouger Amos qui frotta férocement la crête de Jess avant de faire son bain de foule, sa bonne humeur habituelle reprenant rapidement le dessus. Il tapa et serra les mains des Poufsouffles qui avaient attendu sa sortie avec le charisme qui lui était propre. Lorsque Amos arriva à la fin de sa haie d'honneur, Eva observa en souriant Charlotte adresser un petit sourire à Amos, gardant ses mains proches de son torse pour l'applaudir. Puis, Amos se tourna vers leur ligne opposée avec un sourire communicatif et Eva lui fondit dessus pour un câlin, Akash l'imitant jusqu'à ce que toute l'équipe de Quidditch n'écrase Amos sous son poids.
Ils avaient perdu. Pour autant, même après une défaite, ça ne voulait pas dire qu'il fallait baisser les bras. Il restait deux autres matchs après tout. Mais, même si leurs rapports s'étaient apaisés, Eva ne voulait pas pousser Charlotte outre-mesure alors elle laissa la délégation de Poufsouffles – Howard et Akash en particulier s'assurant de réconforter leur capitaine de leur manière brute – s'éloigner pour rester en retrait avec Charlotte et Emmeline.
« C'était marrant, non ? sourit Eva.
– Parfois tes idées farfelues avec Banerjee valent le coup d'être écoutées, railla Charlotte en ne parvenant pas à retenir un petit sourire qui cassa ses grands airs et Eva lui donna une tape amicale.
– Et ça a été plutôt romantique, rit Emmeline. Qui l'eut cru ? Akash Banerjee, le cupidon !
– Ne le dis pas trop fort, il serait cap' de se trouver un nouvel hobby, dit Eva. Et personne n'a envie d'avoir Akash comme entremetteur.
– Hum, il m'avait l'air pas mal pourtant. Mark –
– Hé Charlotte ! » s'exclama une voix masculine bien familière, interrompant Emmeline.
Charlotte n'eut le temps de se tourner complètement que Tony Valasquez posait ses deux grandes mains bronzées sur la nuque de Charlotte et…il l'embrassa. Eva et Emmeline en restèrent sans voix, assistant avec des yeux écarquillés au spectacle improbable du batteur de Serdaigle qui, torse nu après avoir retiré son uniforme dans la jubilation de la victoire, laissait voir qu'il n'avait pas la grande taille d'Amos, mais qu'il n'avait rien à lui envier en termes de musculation. Et wow, ses muscles bronzés brillaient après l'effort physique d'un match intense.
« Quel idiot, fit Grace Mosley en passant avec le reste de l'équipe de Serdaigle qui exprimèrent de vive voix leur surprise, les sourcils juchés bien haut sur son front. Aujourd'hui de tous les jours ? »
Finalement, le baiser prit fin et Tony éloigna son visage de celui de Charlotte qui, lentement, devint rouge pivoine sous le coup du choc. Les mains couvrant toujours la nuque de Charlotte, Tony lui dit avec un sourire que même Eva avouait être dévastateur :
« J'avais juste besoin d'un rappel. »
Puis, avec un clin d'œil en direction d'Eva et Emmeline qui restaient bouche-bé, Tony rejoignit le reste de son équipe en marchant fier comme un coq.
« Charlotte ! piailla Emmeline d'une voix suraiguë. C'était quoi ça ?! Un rappel ?! Qu'est-ce que ça voulait dire ?!
– Je – euh – mais –
– Charlotte ! Arrête avec les cachoteries ! Comment as-tu pu me cacher ce – truc avec Tony Valasquez ?!
– Il – je – non –
– Charlotte ! s'écria Emmeline avec toujours sa voix suraiguë, sautillant sur place tout en secouant les épaules de Charlotte qui ne parvenait pas à aligner deux mots, semblant ahurie.
– C'est pas de ma faute ! Il – ! Rah ! J'en sais rien ! réussit à expulser Charlotte et, finalement, Eva sortit de son état stupéfait pour rire de l'absurdité de la situation.
– Par Morgane, Charlotte ! Est-ce que tu pourrais nous laisser des batteurs ou t'as passé un contrat d'exclusivité avec eux ? plaisanta Eva.
– Tu peux parler, toi ! » répliqua Charlotte en lui adressant un regard peu amène, son ahurissement laissant place à l'agacement alors qu'Emmeline continuait de lui secouer les épaules de surexcitation.
Portant sa main sur sa poitrine en un air choqué, Eva forma sur ses lèvres muettement « moi ? ». Charlotte plissa les yeux dans sa direction, mais heureusement, elle ne continua pas sur le sujet, préférant se dégager de la prise d'Emmeline qui ne cessait de sautiller d'excitation, les péripéties amoureuses de Charlotte l'émoustillant visiblement plus que le bracelet que Ronan Parkinson lui avait offert avant le match.
Eva regarda avec un sourire un peu faible Charlotte disputer Emmeline.
Eva n'en voulait pas à Charlotte au vu de la situation (être embrassée en public par le rival sportif de son ex-petit ami ?), mais son commentaire faisait remonter les mauvaises émotions éveillées par un cauchemar particulièrement intense avec Hannah Abbot en tête d'affiche. Si Eva avait crié et ri avec ses amis aussi fort, c'était pour assourdir ses mauvaises pensées. Et parce qu'elle refusait de rater un seul bon moment avec ses amis pour leur dernière année.
Eva n'avait jamais porté de l'importance à la Saint-Valentin, trouvant l'évènement plus gênant qu'autre chose, mais elle aurait voulu pouvoir crier à s'en casser la voix avec Sirius dans les gradins. Elle aurait voulu entendre son avis lorsque les batteurs de Serdaigle avaient adopté une formation particulièrement efficace pour cribler de cognards les poursuiveurs de Poufsouffle. Elle aurait voulu qu'il vive ce moment avec elle. A minima, elle aurait simplement voulu savoir où il était. Et Merlin, que c'était déprimant de se dire qu'elle avait été plus proche de lui lors du match Gryffondor-Serpentard de novembre qu'aujourd'hui, petite amie secrète qu'elle était. Son seul réconfort était qu'elle ne l'avait pas aperçu dans les tribunes de Serdaigle en compagnie de Marlène McKinnon. Mais le savoir dans les tribunes de Gryffondor n'était guère mieux après ce que Lucy Emerson lui avait glissé à l'oreille la semaine d'avant au sujet de Carina Winnifred.
« Il te rend heureuse ? avait demandé Charlotte lorsque Eva lui avait avoué qu'elle voyait quelqu'un, mais qu'elle voulait garder ça discret le temps de concrétiser les choses. Alors c'est le plus important. Amuse-toi bien, » avait souri Charlotte et Eva avait dû enfoncer son visage dans son oreiller pour que son gloussement embarrassant ne retentisse pas dans le dortoir.
Eva n'avait pas vu Sirius ce matin au petit-déjeuner (ni Peter ni Remus) ni la journée d'hier puisqu'il l'avait prévenu en avance que Lily Evans l'accaparerait pour terminer un travail de groupe, mais oui, il la rendait heureuse. Même si de le voir en compagnie de Marlène McKinnon devenait de plus en plus insupportable. Mais Eva avait ses amis et ce serait dommage de ne pas profiter de la présence d'Emmeline qu'elle aurait cru vouloir passer la journée collée à Ronan Parkinson pour leur premier Valentin. Alors, Eva s'avança pour interrompre les chamailleries d'Emmeline et de Charlotte :
« Bon, on va prendre un déjeuner tardif ou vous m'abandonnez pour vos amoureux ? »
Sa plaisanterie lui valut une tape de Charlotte.
« Tiens, Jeff ! Tu veux bouger ? demanda Eva en tombant sur Jeff, assis sur la dernière marche menant au hall d'entrée, occupé à dessiner au crayon bois alors que le reste de leurs amis s'étaient dispersés pour des activités de couple (Eva n'avait pas cherché à savoir auprès de qui Amos allait chercher de la compagnie).
– Oh, j'étais censé –, commença Jeff avant de s'interrompre pour jeter un coup d'œil à sa montre qui le fit adopter un maigre sourire, ses épaules s'affaissant. Ça ne fait rien, je pense que je suis libre pour le reste de l'après-midi, dit-il avec un petit rire en se relevant. Alors, c'est quoi le programme ? Partie de foot ou de baveboules ? demanda-t-il, les yeux posés sur le ballon sous le bras d'Eva et son sachet de baveboules à la main avec lequel tous ses amis étaient devenus familiers depuis le début d'année.
– Ça dépend, tu préfères une douche à cause de la bave des boules ou à cause d'un jogging dehors ?
– Ne me fais pas croire que tu n'as pas une préférence, sourit Jeff et Eva lui adressa une grimace coupable, vêtue de ses vêtements de course. T'as envie de courir, non ? Je ferai le gardien. »
Et c'est comme ça qu'Eva embrigada Jeff avec elle dehors où le vent s'était calmé depuis l'heure de midi, comme si tout avait été orchestré pour rendre encore plus difficile le match de Quidditch. Ils discutèrent le temps de traverser le parc, Eva s'empêchant de demander si c'était bien Lizzie Lestrange qui avait fait faux-bond à Jeff. Elle avait déjà dit à Jeff ce qu'elle pensait de sa relation (amicale ? amoureuse ?) clandestine, ça aurait été de mauvais goût de remettre le sujet sur le tapis alors que Jeff avait été particulièrement aidant à de multiples occasions lorsque Eva avait voulu s'éclipser voir Sirius. Encore plus de mauvais goût alors que Jeff ne lui posait aucune question sur l'absence de Sirius aujourd'hui. Alors, Eva apprécia l'effort de Jeff de faire le gardien sur le terrain de Quidditch et elle ne poussa pas le bouchon trop loin non plus. Lorsqu'elle sentit Jeff fatiguer, Eva le laissa s'installer contre une tribune pour continuer ses dessins. Se sentant toujours pleine d'énergie fébrile malgré une demi-heure passée à canonner Jeff, Eva courut avec son ballon au pied.
Carina Winnifred et son air frustré posé sur Sirius. Sirius. Sirius et Marlène. Les chuchotements intrigués sur leur relation. Les niffleurs qu'ils avaient lâchés ensemble dans la salle commune des Serpentards. Les regards suspicieux et frustrés des Serpentards après cette intrusion dans leur cachette. Le regard scrutateur de MacLeòir lors des duels. Son pouce toujours un peu sensible. Royce qui l'avait poussé d'un coup d'épaule devant la salle de potion au lendemain des niffleurs. Royce dont le regard assassin tenait à distance tous à part Ronan Parkinson. Le mariage de Mulciber Senior. La baguette de Royce qui la brûle. Les mains de Rosier qui l'enserre. Hannah qui sanglote et saigne. Chourave, ses encouragements et ses conseils dans la serre surchauffée. Son devoir de sortilèges. Marlène. L'espion. Qui ? Qui ? Qui pourrait être un traître ? Eva noyait dans ses pensées depuis que Charlotte était partie faire une sieste pour faire passer sa migraine. Mais Eva savait que c'était en faisant de l'exercice qu'elle se sentait le mieux. Alors, elle courut de toutes ses forces malgré le vent qui recommençait à prendre en intensité. La douleur de ses muscles et la brûlure de ses poumons lui firent du bien, jusqu'à ce que –
« Hé, le Poudlard Express ! Le terrain est réservé ! »
Charlus Rockwood, le capitaine de l'équipe de Serpentard. Sauf que, à part lui, aucun autre de ses camarades de 6e année ne faisait pas partie de l'équipe de Quidditch. Corban Yaxley, Antonin Dolohov, Severus Rogue. À l'exception de Severus Rogue qui semblait préférer la lecture au vol, ils étaient tous munis d'un balai.
« Ah bon ? Mais…, commença Eva, plaquant d'une main distraite les cheveux s'étant échappés de sa haute queue de cheval avec le vent, la poitrine haletante.
– Le terrain de Quidditch n'est normalement pas réservable les jours de match, Charlus. À moins que vous n'ayez eu une dérogation ? » intervint Jeff d'un ton cordial, s'étant levé pour rejoindre leur groupe.
Charlus Rockwood jeta un regard agacé à Jeff qui tapotait son carnet de dessins contre sa cuisse, son masque de préfet poli en place, mais ce fut Corban Yaxley qui prit la relève :
« Aux dernières nouvelles, c'est un terrain réservé au Quidditch. Je pense que ça reste la priorité, non ? » dit Corban Yaxley avec un rictus méprisant en direction du ballon au pied d'Eva, faisant réaliser à Eva que, primo, elle ne regrettait nullement d'avoir fait exploser au visage du Serpentard son eau pendant un repas pour se venger de son commentaire du cours de transplanage, et que, secundo, plus elle l'observait, plus elle réalisait que le Serpentard avait un visage si naturellement détestable qu'elle ne souhaitait même pas à Ava Parkinson de se retrouver mariée à un connard pareil.
Sa mauvaise humeur qu'Eva avait tu péniblement depuis le petit-déjeuner où elle n'avait pu s'empêcher d'être déçue lorsqu'elle avait simplement reçu des chocolats de la part d'Euphémia vrilla d'un coup.
« Il aurait simplement suffit d'un pardon, s'il vous plaît, merci. »
Le regard de Corban Yaxley était particulièrement meurtrier, mais il n'était pas au niveau de Royce ni d'Evan Rosier et Eva avait réussi à les affronter dans le cauchemar des cachots, alors elle ne fit que durcir ses traits, sentant Jeff se tendre à côté d'elle en réponse aux quatre garçons de Serpentard qui n'avaient rien d'autres à faire un dimanche après-midi que de venir pleurnicher sur la présence d'une seule personne sur un immense terrain vide. Pas étonnant qu'ils soient entre garçons le jour de la Saint-Valentin. Seule leur culture de mariage arrangé pouvait les aider à trouver une femme assez patiente pour les supporter.
« Pardon ? dit lentement Corban Yaxley.
– Tu m'as bien entendu, dit Eva, la main sur sa hanche, la poitrine toujours légèrement haletante.
– Range ta baguette, Antonin, ordonna Jeff avec une touche indéniable de tension, les yeux sur un geste qu'Eva n'avait pas vu, occupée qu'elle était à mépriser Corban Yaxley du regard. Il n'y a pas besoin de ça ici.
– Il y en a certaines qui en auraient besoin pour apprendre les bonnes manières, répondit Corban Yaxley sans lâcher Eva du regard, haussant le menton pour tenter de la prendre de haut – raté, connard.
– Ça suffit ! trancha Jeff alors qu'Eva était prête à répondre où Corban Yaxley pouvait se mettre ses bonnes manières. Si vous ne vous calmez pas, ce sera avec McGonagall que la conversation se terminera !
– Pas besoin de déranger McGonagall pour ça, Jeff, dit Charlus Rockwood en ne réussissant pas à cacher totalement sa nervosité à l'idée d'inclure McGonagall dans leur discussion, ayant certainement à l'esprit son badge de capitaine qui pourrait sauter aussi rapidement que la sentence d'interdiction de Quidditch pour l'année scolaire était tombée pour Robert Parkinson suite à une agression violente envers une 2e année de Serdaigle en début de semaine. On va juste décoller, les gars. Pas besoin de plus discuter. »
Sous le regard tendu de Jeff qu'Eva savait détester le conflit, Charlus Rockwood réussit à encourager ses amis à enfourcher leur balai. La main de Jeff entourant son coude, Eva s'éloigna, le cœur battant avec l'envie terrible d'en foutre une à Corban Yaxley, jusqu'à ce que le vent ne porte jusqu'à elle le « mal baisée » de Corban Yaxley.
Mécaniquement, Eva tourna la tête et vit le Serpentard à deux mètres du sol, visiblement moyennement à l'aise.
« Eva ! Non, ne – »
Eva ignora Jeff et laissa tomber le ballon sur l'herbe. Les yeux fixés sur la grimace de Corban Yaxley qui ne lui portait plus son attention, elle visa.
« Putain de merde ! hurla Corban Yaxley en s'agrippant le nez une fois qu'il eut réussi à ne pas se fracasser au sol après le choc de la collision.
– Mal baisée, c'est ce qu'elles disent toutes après que t'ai fini en 30 secondes ! » cria Eva bien fort pour se faire entendre.
Elle trébucha lorsque Jeff la tira en arrière. Une seconde plus tard et elle aurait eu le pied dans le même état que l'herbe qui avait été coupée nette par le sortilège de Severus Rogue resté au sol avec son livre.
« T'inquiètes, je suis sûre que toi il t'encule bien pour te remercier d'être son chien de garde ! » sourit Eva, le sortilège de protection de Jeff empêchant le second sortilège de Severus Rogue de l'atteindre, le regard du Serpentard plus furieux encore que lorsqu'elle avait fait exploser son verre d'eau à son visage lorsqu'il s'apprêtait à prendre une gorgée plus tôt dans la semaine.
C'est ainsi qu'Eva se retrouva à l'infirmerie. Pas parce qu'elle avait été blessée, mais parce que les braillements de Corban Yaxley à cause de son nez cassé avait forcé Pomfrey à trouver un professeur pour régler le conflit. Malheureusement pour lui, un dimanche après-midi, peu de professeurs étaient encore présents. Si ça avait été un match de Serpentard aujourd'hui, Slughorn aurait pu l'être, mais ce fut McGonagall, Flitwick et Chourave qui le furent au désarroi des Serpentards. Aucune odeur d'alcool n'émanait des chefs de Maison, mais Eva les suspectait d'avoir été interrompus en pleine dégustation à en juger par la rougeur de Flitwick et de l'impatience de McGonagall qui coupa sans vergogne Corban Yaxley à la moindre longueur.
Et c'est finalement à l'infirmerie qu'Eva tomba enfin sur son petit ami porté disparu depuis la veille. Il apparut du fond de l'infirmerie où Eva avait passé son mois de juin juste au moment où McGonagall rendait Corban Yaxley rouge de colère en lui disant :
« Je vous suggère d'apprendre à vous comporter comme une personne civilisée, Yaxley. À l'heure actuelle, vous me semblez incapable d'entrer dans le monde adulte. Grandissez et nous pourrons avoir une réelle discussion. »
Depuis des mois, la vue de Sirius égayait instantanément l'esprit d'Eva, mais, exceptionnellement, en le voyant fermer derrière lui la porte de l'arrière de l'infirmerie où les patients les plus malades étaient accueillis, Eva sentit sa mauvaise humeur s'aggraver. Elle ne lui sourit pas lorsque Sirius posa finalement les yeux sur elle, en retrait en compagnie de Jeff (son porte-parole étant donné que sa parole de préfet était plus écoutée). Eva ne rompit son contact visuel avec Sirius que lorsque McGonagall annonça les punitions : une semaine de retenue pour Eva pour avoir blessé un camarade, un mois entier pour Corban Yaxley et Severus Rogue (agrémenté de la suspension de son badge de préfet pour Rogue) et une soirée de retenue pour Antonin Dolohov qui avait sorti sa baguette, n'ayant pas lancé de sortilège seulement parce que Charlus Rockwood l'avait retenu.
Les Serpentards sortirent les premiers de l'infirmerie, ne manquant pas de lancer des regards noirs à Eva, Jeff tendu comme un pic à côté d'elle. Chourave se dirigea vers eux et Eva ignora du mieux qu'elle put la vue de son petit ami accosté par McGonagall par-dessus l'épaule de Chourave.
Bien de m'informer de ce genre d'évènements. Ne devriez pas user de la violence. Rien que si c'est nécessaire. Et si c'est nécessaire, tout de suite venir me voir. C'était ce que Chourave disait, mais le capharnaüm dans l'esprit d'Eva ne lui permettait pas de se concentrer sur sa sa Cheffe de maison, bien qu'elle sache que c'était elle et non pas Jeff qui était visée par ces avertissements. Non, le capharnaüm dans son esprit voulait savoir pourquoi Sirius avait des traits fatigués, pourquoi avait-il de la pommade cicatrisante sur son visage ? Eva était énervée contre lui, elle voulait l'ignorer, et pourtant son regard ne pouvait s'empêcher de glisser vers ses épaules affaissées alors qu'il parlait à McGonagall.
Finalement, Chourave termina et Sirius surprit le regard d'Eva. Gardant son ballon contre son ventre, Eva se redressa pour quitter l'infirmerie.
« Eva –, commença Jeff lorsqu'ils se retrouvèrent seuls dans le couloir de l'infirmerie, déserté en ce dimanche de Saint-Valentin.
– Je ne suis pas désolée, le coupa Eva avec un regard obstiné qui ne soulagea pas l'expression de Jeff. Ils n'ont pas à s'habituer à ce que personne ne leur réponde.
– Bien sûr que non, concéda instantanément Jeff en glissant sa main dans ses cheveux ébènes. Mais –
– Il n'y a pas de mais, Jeff. S'ils avaient parlé comme ça à Amélia Avery, j'aurais fait pareil, dit Eva en n'utilisant consciemment pas Lizzie Lestrange comme exemple. Même si elle aurait certainement été plus rapide que moi à leur faire avaler leur langue. Si, comme ils le disent, on ne leur apprend pas les bonnes manières, tu crois qu'ils traiteront comment nos cadets quand on ne sera plus là ?
– La violence n'est pas la solution, dit Jeff en gardant les yeux clos, portant l'expression de celui qui savait que c'était peine perdu de convaincre son interlocuteur.
– Dans ce cas, qu'est-ce qu'il reste ? »
Seul le silence répondit à Eva. Elle ne fléchit pas sur sa position, elle était définitivement arrivée au bout du cycle. Si c'était à refaire, elle ne retiendrait plus le poing d'Amos lorsqu'il avait voulu cogné Evan Rosier l'année précédente pour son commentaire déplacé envers Eva. À la place, elle joindrait son poing à l'attaque.
La porte de l'infirmerie grinça et les deux Poufsouffles se tournèrent vers Sirius Black qui sembla jauger la situation du regard avant de s'avancer vers eux, ses mains dans les poches de son pantalon et ses épaules toujours abaissées en une posture inhabituelle.
« Salut, dit Sirius en s'arrêtant en face d'eux, ses yeux brillants et mi-clos de fatigue alternant entre les deux Poufsouffles.
– Salut, répondit Jeff bénévolement lorsque Eva resta silencieuse, les bras croisés sur son ballon de foot. Désolé si on t'a réveillé.
– Je ne dormais pas, dit Sirius avec un haussement d'épaules, lui valant un coup d'œil incontrôlé d'Eva qui, malgré son énervement, ne pouvait s'empêcher de vouloir savoir ce qu'il faisait à l'infirmerie. Mais on dirait que vous ne vous êtes pas ennuyés, vous. »
Eva évita le regard de Sirius à cette dernière phrase.
« Peut-être qu'on aurait mieux fait de rester s'apitoyer dans la salle commune, dit Jeff avec un sourire grimaçant, cherchant le regard d'Eva.
– Vous avez perdu ? »
Eva adressa un franc regard à Sirius. Maintenant, elle devait savoir ce qu'il avait fait de sa journée s'il n'était même pas au courant du résultat du match de Quidditch. Eva n'entendit pas réellement la réponse de Jeff, occupée qu'elle était à scruter du regard le bleu recouvert de pommade sur la mâchoire de Sirius, les égratignures sur son menton qu'il n'avait pas rasé, la crème épaisse et verte sur son arcade sourcilière, ses yeux gris fatigués malgré son absence de cernes. Eva fut consciente lointainement de Jeff s'excusant et disparaissant du couloir mais pleinement consciente du regard fixe de Sirius alors qu'elle n'arrivait pas à détacher son regard de son arcade sourcilière.
« Tu étais où ? »
Merlin, elle qui avait toujours eu peur d'être perçue comme un pot de colle, encore plus à l'égard du garçon dont elle était désespérément amoureuse (malgré leurs plaisanteries à ce sujet), la question fusa sans qu'elle ne le contrôle.
Sirius poussa un long soupir :
« Ce n'était pas prévu.
– Tu étais où ? répéta Eva, le regard maintenant fixé sur le menton égratigné de Sirius, se retenant de planter ses ongles peints en jaune et noir dans le ballon logé contre son ventre.
– Eva – »
De nouveau, la porte de l'infirmerie grinça, interrompant la réponse de Sirius dont le ton ne présageait rien de bon. Ils restèrent tout deux silencieux lorsque le trio de professeurs quitta l'infirmerie, Eva ratant l'air surpris du professeur Flitwick alors qu'elle avait baissé les yeux vers le ballon noir et blanc qu'elle tenait contre elle. Elle aurait dû partir en même temps que Jeff. Elle se ridiculisait à rester là. Cette réflexion la fit bouger avec un « on se voit plus tard » dit du bout des lèvres, frôlant l'épaule de Sirius à son passage.
Merlin, elle était ridicule, pesta-t-elle intérieurement en clignant des yeux, le souvenir de sa fuite similaire à la suite du partage de ses résultats en Métamorphose empirant sa honte. Elle ne voulait pas qu'il coure après elle cette fois-ci. Elle ne voulait pas accepter ce comportement de chaud-froid. Elle voulait –
Euphémia. Elle voulait Euphémia et Oscar.
« Hé Eva ! Tu rôdes pour semer ta vengeance auprès des Serdaigles ? plaisanta James en montant deux marches à la fois les escaliers du hall d'entrée avec un sourire qui disparut lentement lorsqu'il se rapprocha d'Eva. Hé, dit-il plus doucement avec un pli soucieux sur son front, ça va pas ?
– Juste contrariée. Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Eva, pressée de s'échapper du regard scrutateur de James. Tu n'es pas avec Isis ? »
Sa diversion ne fonctionna pas totalement puisque James continua de l'observer avec prudence, mais il daigna lui octroyer un peu de répit en répondant à sa question :
« Je viens juste de la laisser. Elle avait prévu un truc avec ses amies. De toute façon, j'ai moi aussi les miens à chouchouter, dit James en secouant un sachet de biscuit qu'Eva ne remarqua qu'à ce geste. Remus a dû mal à survivre sans sa dose de sucre journalière.
– C'est gentil de ta part, dit Eva avec un faible sourire.
– T'en veux un ? lui demanda James en commençant à sortir un shortbread sans attendre sa réponse. Tiens, ils sortent tout juste du four. Pas que les elfes m'aient laissé approcher avec leur nouvelle zone interdite instaurée dans les cuisines, railla-t-il.
– Merci, dit Eva en ne prenant guère de temps à croquer dans le biscuit au beurre sous l'œil attentif de James. Mmmh, il est vraiment bon.
– Tiens, prends un deuxième ! déclara James en lui fourrant sans attendre un autre biscuit dans la main, un comportement qui fit rire Eva.
– Et Remus alors ? le taquina-t-elle.
– Il se dira que je suis une âme très charitable si tu gardes pour toi notre transaction.
– Transaction ? sourit Eva. Je te dois quelque chose en contrepartie des deux biscuits ?
– Nah, pas aujourd'hui, lui dit James avec un sourire beaucoup plus énergique que celui d'Eva.
– James Potter galant, pouffa Eva. Euphémia serait aux anges de t'entendre.
– Elle l'est toujours en me voyant, » fanfaronna James de son arrogance que même sa galanterie ne diminuerait pas.
Et ensuite, Eva ne saurait expliquer pourquoi, mais elle se retrouva à demander à James un câlin. Elle laissa tomber son ballon à ses pieds et son poids s'affaisser contre James. Le menton posé contre l'épaule robuste de James qui avait entouré son cou de son bras pour la ramener contre lui, Eva reconnut les traces du parfum sucré d'Isis. Isis pour qui James avait trouvé le temps malgré la convalescence de Remus contrairement à Sirus. Parce qu'il ne fallait pas être un intello pour comprendre que c'était au chevet de Remus que Sirius avait dû disparaître la majorité de la journée. Pourquoi donc Sirius serait-il apparu du fond de l'infirmerie et pourquoi Remus n'aurait pas pu se procurer lui-même des sucreries un dimanche si ce n'était pas le cas ? Même si ça n'expliquait pas le visage égratigné de Sirius.
Merlin, quelle idiote elle était, se fustigea-t-elle en s'empêchant de serrer entre ses doigts le bas du pull-over de James avant de se reculer pour de bon.
« Tu vas te poser dans ton terrier ? demanda James en la regardant ramasser son ballon de foot.
– Je ne sais pas trop, dit Eva en observant sans but précis le hall d'entrée vide en cette fin d'après-midi de Saint-Valentin. Peut-être que je vais sortir.
– Dans la nuit ? la questionna James, sceptique. Tu vas me dire ce qui ne va pas ?
– Rien d'important.
– Ce n'est pas la tête d'un truc pas important.
– James, soupira Eva, je t'ai déjà promis que je te le dirai pour les choses importantes. Tu ne me fais pas confiance ?
– Mmmh, fit James puis, face au regard d'Eva, il argumenta : C'est pas que je ne te fasse confiance, c'est juste que tu me fais douter sur ta notion d'important.
– Ce n'est pas un sujet dont tu dois te mêler, » dit Eva avec, avouons-le, un regard exaspéré à l'encontre de l'argumentation de James.
Tout d'un coup, les yeux de James devinrent ronds derrière ses verres de lunettes.
« Ne me dis pas qu'il n'est pas venu te voir ?! »
Le silence contrarié d'Eva sembla être la seule réponse dont James avait besoin.
« Merde, j'aurais dû le secouer plus longtemps pour être sûr qu'il était bien réveillé ! s'exclama-t-il, paniqué. Écoute Eva, ne le prends pas pour toi mais quand Sirius manque de sommeil, il –
– Je ne veux pas l'entendre de ta bouche, James ! le coupa Eva puis, plus doucement, elle reprit face à l'air toujours paniqué, voire inquiet, de James : On s'était mis d'accord que tu n'aurais pas à prendre de partie alors ne le fais pas.
– Il ne regarde jamais le calendrier ! s'exclama James, trop vite pour qu'Eva ne puisse de nouveau le couper et elle lui adressa un regard ennuyé.
– Ne t'en mêle pas, répéta Eva, les sourcils froncés.
– Mais il n'y peut rien s'il est con !
– Ne t'en mêle pas ! »
Cette fois-ci, enfin, la bouche de James se referma, même s'il semblait avoir un débat interne.
« Il –
– Je vais te lancer un chauvefurie. »
James ferma de nouveau sa bouche, ses traits se tordant en une expression contrariée à son tour.
« Ne bouge pas d'ici ! » lui ordonna finalement James.
Il partit en courant en direction de l'infirmerie. Eva partit.
« Je te dis que je n'irai pas le voir !
– Mais Charlotte, c'est l'occasion parfaite ! gémit Emmeline.
– Permets-moi d'en douter, répliqua Charlotte avant de boire cul-sec son verre de punch. Je suis toujours l'ennemi numéro 1 de l'équipe de Quidditch, aller voir Tony ce soir, ça serait signer mon arrêt de mort chez les blaireaux, railla-t-elle en déposant son verre vide sur le bord du canapé avant de se lever. Tu viens danser ?
– T'es pas marrante, » bouda Emmeline, ses lèvres embellies par du rouge à lèvres doublant de volume à sa moue.
Charlotte gigota sa main vers Emmeline, faisant tintiller ses multiples bracelets. Continuant de faire la moue, Emmeline marmonna un nouveau « t'es pas drôle », mais finit par se lever à son tour en attrapant la main de Charlotte. Emmeline se laissa guider jusqu'au centre de la salle commune où Eva avait réussi à prendre le contrôle des 2e année pour qu'ils suivent sa chorégraphie. Sans une once de gêne, Eva criait sur les 2e année pour qu'ils restent à leur place alors que les premières notes d'un morceau débutait, un morceau apparemment connu des nés-moldus parce que de nombreux cris retentirent dans la salle commune avant que la piste de danse ne soit surbondée avec, en son centre, Eva et Baley Flinch-Fletchley qu'Eva tenait par le col de sa chemise pour l'empêcher de s'échapper. Avec un sourire joyeux, Charlotte les firent se faufiler jusqu'à se glisser parmi les 2e année.
Mal à l'aise dans sa sobriété, Emmeline fit plus d'effort pour bouger lorsque Charlotte lui donna un coup de hanche en voyant ses micro mouvements. Ce n'était pas de sa faute si elle n'était pas à l'aise à danser en public sur autre chose que des danses de bal ! se défendit en riant Emmeline face au regard faussement moqueur de Charlotte, la forçant à bouger ses hanches de droite à gauche avec plus de force. Elle n'était pas comme Eva dont chaque mouvement était toujours plein d'énergie magnétisante. Elle n'était pas comme Eva qui était parfaitement à sa place chez les Poufsouffles et qui poussa sans ménagement Howard après qu'il lui ait pris sa place avec un méchant sourire.
« MA CHORÉ ! » s'énerva Eva en se débattant contre Aaron et Mark alors que Howard, indéniablement éméché, faisait les mouvements de danse les plus stupides au monde qui lui valurent les ricanements des 2e année qui, plus intimidés par Eva, laissaient leur côté moqueur habituel reprendre le dessus.
Baley Flinch-Fletchley en avait profité pour filer. Emmeline ne serait pas étonnée qu'il soit parti se cacher dans le dortoir.
« Tu danses comme ma grand-mère ! s'exclama Charlotte, mettant ses mains autour de sa bouche pour faire porter sa voix au-dessus de la musique qui répétait fréquemment « Ra-ra Rasputin », l'inquiétude de la blonde d'être l'ennemie numéro 1 soudainement aux oubliettes à en croire son méchant sourire.
– Putain, mais c'est quoi votre problème avec les grands-mères aujourd'hui ?! s'énerva Howard dont le mot grand-mère l'arracha à son état de béatitude alcoolisée. Qui a dit ça ?! » s'exclama-t-il et il ne tarda pas à trouver Charlotte qu'il assassina du regard.
Avec un petit cri aigu, Charlotte s'enfuit en courant. Emmeline leva ses mains en un signe d'innocence lorsque Howard arriva à sa hauteur. Ne manquant pas de lui adresser un regard noir, Howard laissa couler et Emmeline soupira avec soulagement, le coeur battant. Elle n'avait jamais été totalement à l'aise avec Howard qui n'avait jamais semblé l'apprécier, mais c'était encore plus compliqué depuis qu'elle sortait avec Ronan.
Seule au milieu des blaireaux dansant, un malaise s'empara du corps d'Emmeline, sa main encerclant son tout nouveau bracelet d'aucun réconfort.
Le regard d'Emmeline s'accrocha à Eva qui avait réussi à se défaire de la prise de leurs deux cadets et semblait exprimer le fond de sa pensée à Aaron Stone en lui enfonçant son index dans le torse. D'ici, Emmeline devait se retenir avec force de ne pas douter de l'honnêteté d'Eva qui avait toujours démenti tout intérêt pour des garçons, même si depuis la 1ère année elle avait toujours été fourrée avec eux, totalement à l'aise alors qu'Emmeline ne pouvait que se faire toute petite à côté. C'était soit douter de l'honnêteté d'Eva (dont le comportement depuis un long moment l'avait rendu difficilement digne de confiance), soit s'étonner de sa naïveté car, Eva aurait beau le nier si Emmeline abordait le sujet, Aaron louchait en direction de la poitrine d'Eva. Et, lorsque Mark l'attrapa pour la hisser sur son épaule, c'était bien pour saisir l'occasion de toucher les jambes à découvert d'Eva.
Mark aurait beau faire le pitre en tournant sur lui-même à vive allure, Eva criant dans son oreille en s'accrochant désespérément au dos du T-shirt du batteur de Poufsouffle, il n'y avait pas de doute pour Emmeline que Mark n'oserait pas faire ce genre de geste avec une autre fille.
« E-mme-line, chantonna Penelope à l'oreille d'Emmeline en glissant ses bras autour de son cou, posant tout le poids de sa poitrine voluptueuse contre le dos d'Emmeline qui laissa échapper un hoquet de stupeur avant d'agripper le bras de sa cadette. Qu'est-ce que tu regardes avec cette tête ? lui demanda Pénélope avec fourberie. Tu veux que Mark te fasse faire un tour d'hélicoptère aussi ? Ronan n'y arrive pas assez bien ? »
Face au gloussement de Pénélope qui sentait l'alcool à plein nez, Emmeline rougit furieusement, pas sûre de savoir exactement ce qu'était un hélicoptère mais assez intelligente pour comprendre le sous-entendu :
« N'importe quoi, Péné !
– Alors dis-moi son secret, tous les bouquins qu'il lit, c'est des trucs de cul ? C'est pour ça qu'on te voit plus ? C'est un pianiste au lit en fait ?
– Péné ! s'écria Emmeline, s'assurant avec des yeux ronds de panique que personne ne les écoutait, heureusement les 2e année s'étaient dispersés et les plus âgés avaient pris leur place en gesticulant maladroitement plus qu'en dansant.
– Ben quoi, j'ai pas le droit d'être jalouse, moi ? Déjà toi tu m'abandonnes, et maintenant Isis, la bite est si bonne que ça ? bouda Penelope, ses bracelets appuyant de manière inconfortable contre le thorax d'Emmeline, sa cadette les faisant tanguer en un semblant de slow. Personne n'était là pour me câliner quand j'étais malade. J'ai cru que j'allais passer le reste de ma vie avec une voix de vieille fumeuse alors que je touche à peine aux pétards de Howard. »
Jamais Emmeline n'avait autant senti l'embarras l'avaler entière. Quoi que si, mais elle avait refoulée cette mémoire avec Jeff en son centre au plus profond d'elle-même. Jeff qu'elle n'avait pas vu depuis le début de cette fête de défaite qui avait dérapé après le dîner bien qu'ils aient tous cours demain matin. Emmeline ne voulait pas penser en compagnie de qui il devait être, pas après les menaces à peine voilées qu'elle avait subi hier soir. La même raison pour laquelle elle était terriblement mal à l'aise que Pénélope s'accroche à elle avec une affection qu'Emmeline ne méritait pas.
« Tiens, reprit Pénélope après que Emmeline n'ait pu que bégayer des débuts de phrases. En parlant de bites, des spécimens qui doivent en avoir une belle viennent d'arriver, » dit-elle dans le creux du cou d'Emmeline avec un sourire carnassier dont elle avait le secret.
En face, Mark faisait exprès de se pencher dramatiquement en avant pour faire peur à Eva qui, bien qu'elle criait depuis tout à l'heure de la lâcher, ne voulait pas pour autant tomber. Aaron avait fait exprès de se mettre à genoux, les bras ouverts pour rattraper Eva en cas de chute. Sa prétendue galanterie ne dupait pas Eva qui le criblait d'autant d'insultes que Mark. Plus loin, une délégation de Gryffondors passait la porte de leur salle commune. Quelque part, quelqu'un (sans doute Akash) hua les nouveaux arrivants, créant un effet de groupe. Sans surprise, Liam Olsen et Steve McAvoy menèrent la contre-attaque, Saoirse Stewart sous le bras du capitaine de Quidditch étant la voix féminine la plus forte.
« Tiens, la bite préférée d'Isis daigne même venir nous voir, plaisanta Penelope. Je sens que je vais devoir éviter ma chambre pendant les prochaines heures.
– Mais les garçons n'ont –
– Pas accès à notre dortoir ? la coupa Penelope. Oh Emmy, que tu es mignonne. La prochaine fois, invite ton serpent dans ta chambre, il ne sera pas déçu du résultat. »
De la part de quelqu'un d'autre, Emmeline aurait mal pris le « ton serpent » mais, de la bouche de Penelope, Emmeline savait que c'était juste une boutade, Pénélope étant plus amusée que Emmeline se soit enfin décoincée plutôt que préoccupée par la Maison de son petit ami. Contrairement à tous les autres Poufsouffles qui lui jetaient des regards de travers depuis des mois, soudainement intéressés par ce qu'elle faisait de sa vie alors qu'elle avait passé 7 ans comme un fantôme.
« Oh et il y a même la plus belle bite du château, continua Pénélope, inconsciente des ruminations d'Emmeline qui devenaient plus bruyantes plus les mois passaient. Oh, et il n'a pas l'air content du tout. C'est parce que son meilleur pote le force à fréquenter le bas peuple ? »
Emmeline réprimanda Pénélope pour son langage tout en suivant du regard ce qui avait attiré son regard. Ne prenant pas part aux chamailleries entre Poufsouffles et Gryffondors plus âgés, Sirius Black se tenait en retrait derrière James Potter qui n'avait pas tardé à être abordé par Isis. Comme l'avait dit Pénélope, Sirius Black avait la tête des mauvais jours, la même tête que lorsqu'il avait failli se battre à mains nues avec Evan Rosier la veille de la sortie à Pré-au-Lard en janvier dernier.
Terminant à peine de lâcher une phrase venimeuse à l'encontre de Lizzie Lestrange, il avait fallu que Evan Rosier s'adresse au couple traversant la cour du château en n'accordant aucun regard au regroupement de Serpentards de 7e année parmi lequel Emmeline était l'intruse :
« Tu montes en niveau, Sirius ? T'as réalisé les maladies que tu pourrais choper à batifoler dans la bourbe? Mieux vaut tard que jamais. »
Il ne fallait pas être devin pour savoir de qui Evan Rosier parlait. Des rumeurs couraient sur Lucy Emerson et Sirius Black depuis septembre dernier, mais la Gryffondor venait d'une famille si fortunée (infiniment plus que celle d'Emmeline) que mêmes les familles nobles Sang-Pur n'oseraient la critiquer. Et celle qui avait supposément arracher un baiser au mouton noir des Sang-Purs au bal d'Halloween puis dans la tour de Gryffondor, c'était Eva.
Emmeline était restée muette, s'aggripant à Ronan d'une main moite, incapable d'ouvrir la bouche alors que Marlène avait dû retenir Sirius Black pour qu'il n'utilise pas son poing pour mettre en action la promesse meurtrière dans ses yeux. Sèchement, la Serdaigle avait déduit des points à Serpentard, se valant une remarque sèche de la part d'Amelia Avery qui n'avait pas réussi à intimider la préfète de Serdaigle, comme s'il n'y avait que Emmeline dont le coeur battait des records de battements à cause de la tension ambiante.
Emmeline s'était sentie toute petite lorsque le regard d'un bleu glacial de Marlène s'était posé sur elle l'espace d'un instant. Sirius Black ne lui avait même pas adressé un regard avant de s'en aller à grands pas sans attendre Marlène McKinnon, la colère radiant de son corps. Même les mauvaises pensées d'Emmeline n'auraient pu souhaiter qu'il lui porte de l'attention.
Honnêtement, avant ça, jamais Emmeline n'aurait pensé à ajouter Sirius Black dans la liste de ceux qui la tétanisait de peur avec aisance, mais Sirius Black donnait l'impression qu'il pouvait rendre chaque coup au centuple. Et, après avoir assisté pendant des années à ses « blagues », Emmeline ne doutait pas que la magie entre les doigts habiles de Sirius Black pouvait être nocive. Plus tard, Ronan s'était excusé pour les propos d'Evan Rosier et, l'anxiété la rongeant de l'intérieur, Emmeline avait demandé à Ronan avec un gloussement trop aigu de l'aider pour son devoir d'arithmancie.
Eva avait toujours refusé de dire quoi que ce soit à propos de Sirius Black, son ton agacé donnant l'impression à Emmeline d'être outrageusement puérile, et maintenant, Emmeline ne voulait pas savoir ce qu'il en était réellement entre eux deux. Pourtant, elle fut incapable d'ignorer que le regard sombre de Sirius Black restait dirigé dans une direction bien précise alors que les Gryffondor se disseminaient parmi les Poufsouffles, ne s'aventurant pas dans le coin où les 1ère année jouaient aux cartes. À 21h30, les préfets se chargeraient de mettre les plus jeunes au lit, l'indulgence de Chourave se limitant au bon développement de ses plus jeunes protégés qui avaient besoin de 9h heures de sommeil pour bien grandir ! Et Emmeline comptait profiter de la situation pour s'échapper dans sa chambre discrètement.
Sirius Black regardait d'un mauvais œil Eva, finalement pieds à terre mais retenue par Aaron Stone, tenter de se venger de Mark Stainton qui riait. En chaussettes, les coups de pied d'Eva ne réussissaient pas à atteindre leur cible. Oui, en chaussettes parce qu'Eva était sortie de la chambre avec son short de pyjama, des chaussettes remontées jusqu'aux mollets et un débardeur. La poitrine d'Eva était cachée au regard, mais la révélation de ses formes cachées habituellement sous des couches de vêtements était suffisante pour attirer le regard des garçons. C'était du typique Eva : se moquer totalement de sa tenue dans la salle commune alors qu'il étaient environ 80 Poufsouffles. Jamais Emmeline n'aurait pu faire pareil. Qu'importe qu'elle était majeure, une jeune femme adulte, et qu'elle devrait projeter l'assurance et la confiance d'après sa mère. Emmeline serait toujours en deçà des attentes de toute façon.
Sirius Black adoptait une expression fermée, ne faisant nullement mine d'écouter la conversation entre James Potter et Isis, et Emmeline avait l'impression de suffoquer sous le poids de Pénélope qui continuait de les faire tanguer à contre courant du tempo rapide de la musique, gloussant et plaisantant dans l'oreille de Emmeline qui n'arrivait plus l'écouter.
Et Emmeline avait décidé de dormir dans le dortoir de Poufsouffle ce soir, mais, une fois dans sa chambre dont son côté était le plus brouillon, ses mains attrapèrent ses affaires essentielles et elle se glissa comme un fantôme en dehors du terrier des blaireaux. Son cœur battait si fort dans ses tympans qu'elle n'entendit pas dans un couloir adjacent la voix de Charlotte accompagnée d'une masculine. D'une manière qui semblait être un réflexe inconscient depuis des mois, Emmeline se retrouva devant l'entrée du nid des serpents. À cet endroit-là, le doute la saisit un instant, mais elle n'eut pas le temps de mettre des mots à ses émotions, qu'elle entendait son prénom dit d'un air doucement surpris.
Emmeline se tourna, le bracelet que lui avait offert Ronan ce matin tintillant à son poignet.
Venant de la même direction qu'elle, Royce Mulciber apparut d'une démarche lente. Le pouls d'Emmeline s'accélèra.
Emmeline força un sourire à ses lèvres.
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Eva savait qu'il était là. C'était comme si elle était l'emprise d'un sortilège depuis qu'elle avait surmonté ses peurs et l'avait enfin embrassée. Elle en venait à se demander si être sous l'emprise d'une potion d'amour serait plus clément. Le pire était que même lorsqu'elle s'était faite cette réflexion, la pensée traîtresse qui l'avait accompagnée était que Sirius était la personne parfaite pour en parler, victime malheureuse qu'il avait été.
Eva savait qu'il était là. Perchée sur l'épaule de Mark, certainement rouge tomate d'être si longtemps la tête à l'envers, elle avait jeté un coup d'oeil vers le raffut à l'entrée de la salle commune que Charlotte et Emmeline avaient aidé les filles de 5e année à décorer pour la Saint-Valentin pendant qu'Eva était occupée à se faire piétiner le coeur.
La vue des nouveaux arrivants avait ravivé l'énergie d'Eva qui, à force de coups, avait réussi à ce que Mark la lâche. Une fois qu'elle avait réussi à faire lâcher prise à Aaron en enfonçant son talon dans son pied, Eva avait décidé qu'elle en avait par-dessus la tête des garçons et elle était partie se réfugier vers la table des boissons et s'était incrustée dans une conversation entre filles de 5e année : Jess dont la crête n'avait pas survécu à la journée, Emma qui semblait calme dans sa défaite contrairement aux autres membres de l'équipe de Quidditch et, étonnamment, Jocelyn Tucker de Gryffondor. Visiblement, la rivalité de Quidditch n'empêchait jamais les Stark de se lier d'amitié (et plus) avec des Gryffondors. Eva devenait plus habituée à voir Emma en compagnie de Jocelyn que sans.
Eva participa avec enthousiasme à la conversation sur la possibilité d'évincer la chorale de Flitwick pour laisser place à d'autres types de musique à Poudlard (son agacement croissant envers Carina Winnifred, la chouchoute de Flitwick, n'influant bien sûr pas son avis), mais le regard brûlant qu'elle sentait sur elle la fit boire deux verres de punch en une succession rapide. Au troisième verre, Eva admit défaite et jeta un regard en direction de Sirius par-dessus les épaules collées d'Emma et de Jocelyn Tucker.
C'était injuste, se dit Eva lorsqu'elle croisa le regard sombre de Sirius, sentant la chaleur provoquée par l'alcool culminer dans son bas ventre. Il ne devrait pas avoir le droit de crisper son entrejambe de cette manière plaisante juste parce qu'Eva venait de le surprendre en train de reluquer ses jambes, un verre à moitié oublié dans la main et sans porter aucune attention à James et Isis rigolant à côté de lui.
Eva frotta discrètement ses jambes l'une contre l'autre. Elle ne sut quelle expression elle offrit à Sirius lorsqu'il releva son regard de ses jambes. Rien de bon certainement car Eva sentit sa gorge s'assécher en réponse à ce que lui criaient les yeux de Sirius.
Après ce qui lui parut être une éternité, Eva réussit à s'arracher à son regard. Comme sonnée, Eva tenta tant bien que mal de reprendre le fil de la conversation, mais son cœur battait trop fort, elle abandonna rapidement. Elle partit en laissant son troisième verre de punch. Ça devait être un sortilège ou une potion, parce que, tout du long de son chemin jusqu'au dortoir, Eva sut que Sirius la suivait.
Elle n'avait pas besoin de se tourner pour le confirmer lorsqu'elle s'arrêta pour enlever le verre de whisky de la main d'Andrew Abbott et adressa un regard d'avertissement à Bill Burke qui s'excusa avec un rire de prendre Andrew pour son larbin. Elle accepta un câlin de Wendy, la plus mignonne des 2e année, et entreprit de gronder d'un ton railleur le reste des 2e années qu'elle comprit en un regard avoir intimidé les 1ère année pour qu'ils leur donnent leur jeu de cartes. Finalement, Eva poussa la porte ronde menant au dortoir et s'avança dans le couloir sombre, nullement surprise d'entendre de nouveau la musique lorsque quelqu'un rouvrit la porte derrière elle.
Pensant à la dernière seconde de vérifier qu'il n'y avait bien personne dans la chambre, Eva se tourna vers Sirius qui fermait la porte derrière lui avec un « clic » discret, ses chaussettes enfoncées dans le tapis rond jaune canard au milieu de leur chambre.
Eva attendit que Sirius parle le premier, leur confrontation de plus tôt nullement oubliée, mais, une seconde, ils se fixaient, la suivante, Eva se retrouvait à l'embrasser fougueusement. Elle utilisa les dernières miettes de sa rationalité pour hoqueter, « pas celui-là », lorsque Sirius la poussa en direction du lit de Charlotte, celui face à la porte d'entrée, pour se retrouver finalement sur son lit, Sirius à califourchon sur elle.
Il n'y avait pas de retenue contrairement à leurs entrevues dans les salles abandonnées du château. La frustration réciproque rendait durs leurs baisers, avoisinant les coups de dent par moment, jusqu'à ce qu'Eva ne mordille réellement la lèvre de Sirius. Comme pour lui rendre coup pour coup, Sirius dériva plus bas et Eva se retrouva à gémir le prénom de Sirius en une voix qu'elle ne se connaissait pas lorsqu'il baisa avec insistance la longueur de son cou.
Elle était en surchauffe. Elle avait envie de lui. Elle n'était pas sûre qu'elle connaissait un autre prénom que celui de Sirius.
Sirius caressait la longueur de sa jambe. Par son insistance, Eva sentit ses chaussettes glisser jusqu'à ses chevilles et lorsque la main de Sirius fit le chemin inverse, Eva sentit des frissons la saisir en sentant sa main contre l'arrière de son genou plié. Sirius était niché entre ses jambes et Eva eut un mouvement du bassin incontrôlable lorsque Sirius agrippa l'intérieur de sa cuisse. Comme suivant son exemple de perte de contrôle, Sirius mût son autre main jusqu'alors caressant la côté d'Eva pour la faire monter en un territoire inconnu. Eva eut l'impression d'avoir le tournis en sentant la main de Sirius effleurer le bas de son sein.
Sirius allait pour saisir franchement son sein gauche, sa main s'étant glissée sous la barrière serrée de sa brassière de sport, lorsque le cerveau d'Eva se réveilla.
« Attends, attends ! » haleta Eva en continuant d'agripper l'arrière du crâne de Sirius, réalisant qu'elle devait lui faire mal à tirer sur ses cheveux sans retenue.
Immédiatement, Sirius s'immobilisa mais sa main resta à englober le bas de son sein en un geste qui faisait vibrer Eva tout autant qu'il la terrifiait. Niché au creux du cou d'Eva qu'il était, nul doute que Sirius devait entendre son pouls en folie.
La gorge élancée vers le ciel, Eva tentait de comprendre comment elle en était arrivée à appuyer sa poitrine haletante contre le torse de Sirius, tout le poids de Sirius affaissé sur elle d'une manière étonnamment réconfortante. D'abord, Sirius lâcha sa jambe, l'empreinte fantôme de ses doigts sur l'intérieur de sa cuisse une brûlure qu'Eva était certaine de sentir les jours à venir. Puis, Sirius rétracta son autre main et Eva dût se pincer les lèvres lorsqu'elle sentit l'ongle de Sirius effleurer le bas de son sein. Avec une sorte de grognement, Sirius se laissa tomber sur le côté, se mettant dos au mur dans l'intimité du lit à baldaquin d'Eva. Il écrasa avec son dos les photos et petits mots de ses amis qu'Eva avait accumulés au fil des années, mais Eva ne s'en soucia guère.
C'était injuste, se dit de nouveau Eva en voyant les joues rosées de Sirius, ses yeux clos avec force, ses lèvres gonflées à cause d'elle, ses mèches courtes qui retombèrent sur son front dès qu'il eut terminé de les glisser en arrière d'un geste frustré. Il n'y avait qu'à le regarder, lui et toute sa beauté indécente, pour être forcé de serrer les jambes pour contenir la chaleur de son entrejambe.
C'était injuste et Eva se força à fermer le rideau de son lit. Lorsqu'elle recula son visage après avoir déposé un baiser chaste sur les lèvres de Sirius, Sirius avait rouvert les yeux pour lui adresser un regard contrarié.
« C'est injuste ce que tu fais, dit-il, causant le rire incontrôlable d'Eva qui lui dégagea le front avec tendresse.
– Je pourrais dire la même chose, rit Eva et, parce qu'elle était stupidement amoureuse, elle nicha son menton sur la poitrine de Sirius, l'hématome de ce dernier sur sa mâchoire dans son champ de vision. Te faire pardonner comme ça, c'est pas très fairplay.
– Je ne vais pas jouer très fair play si tu continues comme ça, » grommela Sirius avant d'attraper l'oreiller qu'Eva avait abandonné pour le fourrer entre leurs corps.
Les sourcils d'Eva se juchèrent bien haut lorsqu'elle vit Sirius mettre l'oreiller entre son entrejambe et les genoux relevés d'Eva. Eva ne put s'en empêcher : elle ricana. Sirius grommela contre celle qui se collait à lui alors qu'elle lui avait dit d'arrêter, et Eva ne fit que rire plus fort, ne se débattant que mollement lorsque Sirius la poussa un peu plus loin. Elle n'était pas habituée à le voir embarrassé mais il en était encore plus mignon, se dit-elle en souriant bêtement à celui dont le visage au niveau du sien sur le lit lui grimaça d'abord avant que, petit à petit, il ne prenne un air sérieux.
« Je suis désolé d'être un connard, dit Sirius après une éternité où Eva se dit qu'elle aurait plus facilement supporter les cours d'histoire de la magie (abandonnés depuis les BUSES) si elle avait pu les passer à le regarder.
– Tu sais pourquoi j'étais énervée ? »
Que c'était étrange qu'elle arrive à être aussi franche avec lui alors que c'était avec ses amies de longue date qu'elle peinait le plus à l'être, un situation inimaginable il y a un an de ça. Dans son honnêteté, Eva savait que c'était des émotions désagréables qu'elle venait piquer, mais, pour autant, elle avait la certitude que ça ne sonnerait pas la fin avec Sirius.
« Parce que je suis un salaud égoïste. »
Sa main sous sa joue, Eva fit non de la tête, l'expression de Sirius lui pinçant le cœur.
« Je ne t'en veux pas d'être humain avec des mauvais humeurs, dit Eva avant de s'humecter les lèvres : Tu peux avoir des journées où tu détestes le monde entier. Je ne suis pas mieux, tu sais, mais je n'ai pas envie de me sentir rabaissée quand ça arrive. Tu peux me parler même quand c'est des choses méchantes ou dégoûtantes dans ta tête. Et si tu ne veux pas me parler, un message par hibou pour me prévenir fera l'affaire. Je serai peut-être triste sur le coup, mais je m'en remettrai rapidement. »
Sa mâchoire abîmée tendue, Sirius glissa son regard de l'œil gauche d'Eva à celui de droite, comme s'il essayait d'entendre ce qu'elle avait dans la tête. Se sentant rougir, Eva attendit qu'il termine sa bataille interne. Finalement, Sirius acquiesça puis il expira profondément en se frottant le visage :
« Qu'est-ce qu'il t'a dit ? Yaxley, je veux dire. »
Eva le laissa changer le sujet, les pensées qu'il cachait derrière ses yeux attisant sa curiosité. Elle aurait voulu se voir à travers les yeux de Sirius.
« Que j'étais mal baisée, » répondit honnêtement Eva, mémorisant le pli au-dessus de la lèvre de Sirius quand il était contrarié.
Alors qu'à un autre moment, Eva était certaine que Sirius aurait explosé face à cette révélation, il la surprit en disant seulement d'un ton dur :
« Il est mal placé pour dire ça.
– C'est ce que je lui ai dit, » sourit-elle.
Les sourcils de Sirius se juchèrent bien haut sur son front :
« Vraiment ?
– Quoi, tu ne me crois pas ? le questionna en retour Eva, un petit sourire persistant au coin des lèvres.
– Je t'ai déjà vu traiter Liam Olsen d'éjaculateur précoce, alors c'est un peu trop facile de l'imaginer. Mais il ne vaut mieux pas pour toi sinon…»
Eva pensait déjà connaître la suite de sa phrase, l'accélération de son pouls n'étant pas causée pour rien, mais elle questionna quand même Sirius, une curiosité indécente la motivant :
« Sinon quoi ? »
Plus un défi qu'une réelle question.
« Sinon, est-ce que tu donnes ton accord pour reprendre notre activité de tout à l'heure ? »
Ça devrait être illégal de mettre en éveil tout son corps avec un seul regard. Pourtant, c'était exactement l'impact qu'eut si facilement Sirius lorsque Eva l'observa adresser un regard appréciateur à la longueur de ses jambes à quelques centimètres des siennes. Elles auraient pu être plus proches si Sirius n'insistait pas à garder l'oreiller qu'Eva utilisait pour dormir comme rempart, mais le résultat serait sans doute le même à la fin.
« T'es incorrigible, rit doucement Eva, gardant sa joue lovée contre sa main, admirant ce Gryffondor parfaitement à sa place sept étages plus bas que son propre dortoir.
– Dis celle qui a pété le pif de la gueule de rat de Yaxley. Et sans baguette en plus, » pouffa Sirius en accompagnant son regard sardonique d'un geste en glissant le dos de son index le long de la cuisse d'Eva.
Oh, il ne jouait pas franc-jeu. Mais Eva n'était pas sûre de lui en vouloir. La chaire de poule que Sirius laissait sur son passage était mortifiante, mais c'était également terriblement plaisant. C'était un jeu dont elle ne connaissait pas les règles, mais Eva ne lâcha pas du regard Sirius. Intérieurement, elle se disait que le premier à détourner le regard aurait perdu. Perdu quoi exactement ? Eva n'en savait rien, mais elle se savait au précipice de quelque chose d'important.
« Puis-je ? » dit Sirius d'une voix grave qui enflamma en un éclair fulgurant tout le corps d'Eva.
Eva se força à déglutir, terriblement consciente du va et vient langoureux de l'index de Sirius sur sa cuisse :
« Je ne veux pas suivre le cliché.
– Quel cliché ? demanda Sirius en dessinant une ligne horizontale le long de l'extrémité du short d'Eva, et Eva fut obligée de serrer les jambes.
– Le faire pour la première fois le jour de la Saint-Valentin, dit Eva avec les battements de son cœur en écho dans ses oreilles.
– C'est vrai, approuva Sirius comme s'il n'était pas en train d'écrire un sortilège d'envoûtement sur la cuisse d'Eva. Et pas vraiment romantique vu comment le reste de la journée s'est passé. »
Mais tu pourrais te faire pardonner totalement si tu t'y prends bien. Eva avait sa réponse en tête, mais est-ce qu'elle voulait faire ce bond en avant ? Son entrejambe pulsait son accord, sa peau hypersensible sentait chaque micro mouvement, mais, son côté rationnel que Sirius mettait à mal quotidiennement savait que ce n'était pas la bonne décision. Pas le bon moment.
Sous les yeux sombres de Sirius, la bouche d'Eva s'ouvrit :
« Mais tu pou – »
La porte de la chambre percuta violemment le mur et des bruits de pas se rapprochèrent rapidement du lit d'Eva où l'intrus d'une autre Maison avait planté ses doigts dans la cuisse d'Eva en réponse à son sursaut. Une main se saisit du rideau du lit et, les yeux ronds d'horreur, Eva ne put que fixer bêtement Sirius qui n'avait aucune raison innocente d'être dans son lit.
« Charlotte ! Attends, je te dis ! »
Le rideau du lit d'Eva ne fut miraculeusement pas tirée, mais la main de Charlotte se cripa sur le tissu noir délavé avec des petits blaireaux jaunes, faisant tintiller les anneaux du mécanisme. Eva n'osa pas respirer alors qu'elle entendait de l'autre côté du rideau Charlotte pousser une râle énervée, les pas lourds d'Amos pénétrant dans leur chambre après qu'il ait refermé la porte derrière lui.
« Pars d'ici. »
Charlotte avait une voix étrange.
« C'était –
– Je m'en fous, Amos ! explosa Charlotte, si fort que Eva écarquilla les yeux alors que Sirius fixait attentivement le rideau derrière le dos d'Eva, sa grande main toujours sa cuisse. Je m'en fous que tu baises Audrina alors fous le camp ! »
Audrina ? Audrina Morrison de 6e année ?!
« Tu ne t'en fous pas, Lottie, » répondit Amos d'une voix grave terriblement sérieuse.
Un silence pesant où Charlotte renifla, éveillant les alarmes de meilleure amie d'Eva, pour qu'elle grince finalement entre ses dents :
« Pourquoi est-ce que tu ne peux pas me laisser tranquille ?!
– J'en sais rien, s'énerva Amos. Mais je n'arrive pas à arrêter de penser à toi !
– La ferme, Amos ! pesta Charlotte et Eva comprit que la voix étrange de Charlotte était dûe aux larmes qu'elle retenait depuis le début. Sors d'ici, je ne veux pas t'entendre ! Je cherche Eva ! »
Charlotte commença à amorcer un mouvement pour tirer le rideau du lit d'Eva, mais elle arrêta de nouveau son geste lorsque Amos s'énerva contre elle :
« Eva, Eva, Eva, arrête de toujours te cacher derrière Eva ! Elle n'est pas là ! C'est moi qui suis là !
– Putain de connard de mes deux, ragea Charlotte dans sa barbe, exceptionnellement vulgaire, avant de lâcher totalement le rideau du lit d'Eva, ouvert de quelques centimètres. Laisse. Moi. Tranquille ! siffla-t-elle férocement.
– Non.
– Tu allais rentrer dans la chambre d'Audrina ! s'écria Charlotte.
– Tu as embrassé Tony, rétorqua Amos.
– Tu es sorti avec Kate Godfried !
– Tu es celle qui as voulu rompre.
– Bien sûr que je voulais rompre ! s'offusqua Charlotte. Tu es allé voir ailleurs !
– C'est faux ! cingla Amos avec une véhémence qu'Eva ne lui avait jamais entendue.
– Mon dieu, jura Charlotte. T'es insupportable !
– Tu es insupportable. »
Puis, soudainement, il n'y eut plus de bruit. Enfin, plus de bruit…Plutôt plus de cris de Charlotte et de réponses sèches d'Amos. À la place, Eva entendit les bruits évidents d'un baiser féroce.
« T'es beaucoup trop grand, haleta Charlotte avec énervement.
– Et toi tu me casses le dos, la naine, » haleta Amos, tout aussi contrarié, et les bruits de succion et de grognements recommencèrent.
Oh. Mon. Dieu. Eva ne devrait pas entendre ça. Elle se sentait comme une perverse, les yeux ronds d'horreur et la main sur sa bouche béante. L'entente de son prénom aurait été le parfait moment pour annoncer sa présence, même si expliquer sa présence et sa compagnie aurait été mortifiant. Mais, entre cette éventualité et la situation actuelle où Charlotte et Amos se rabibochaient de manière passionnelle mais brutale, le résultat était tout aussi mortifiant.
Eva fut arrachée à ses pensées lorsqu'elle entendit un ricanement. Elle leva des yeux ronds vers Sirius qui plaqua son poing contre sa bouche, ses lèvres indéniablement tirées vers le haut.
« C'est pas drôle ! » le réprimanda Eva du bout des lèvres, incapable de ne pas garder les yeux écarquillés.
Un couinement hilare échappa à Sirius et, le réprimandant muettement avec ses yeux ronds, Eva le regarda déplacer l'oreiller pour y cacher son visage, ses épaules tressautant d'hilarité. Elle était obligée de lui frapper le bras, excessivement consciente des bruits de succion interrompus par des insultes hoquetées. C'était des choses intimes qu'Eva ne voulait pas avoir en mémoire mais, d'accord, il y avait quand même quelque chose d'hilarant dans l'absurdité de la situation, admit Eva en continuant de voir les épaules de Sirius tressauter. Eva fourra son visage dans ses draps, plaquant ses mains contre ses oreilles, succombant également à un fou rire improbable.
Merlin, faites qu'ils arrêtent leur cirque ou qu'ils changent de pièce ! Pendant deux ans, Eva avait réussi à ne pas tomber sur des situations traumatisantes, bien que Amos ait toujours été particulièrement tactile envers Charlotte. Ce serait le comble qu'elle soit traumatisée par eux maintenant qu'ils n'étaient plus ensemble !
Merlin devait être le dieu en lequel elle devrait le croire car, impossiblement, il répondit à sa supplication mentale. Charlotte semblait s'être détachée d'Amos, un revirement qui ne plut pas au capitaine de Quidditch car Charlotte l'apostropha :
« Ne me suis pas ! C'était une erreur !
– Quoi ? Tu vas retourner voir Tony ? s'agaça Amos, le prénom de son ami et concurrent de Quidditch prononcé avec mépris.
– Oui ! Et ça ne te regarde pas, le prévint Charlotte d'un ton mauvais.
– Charlotte ! s'écria Amos et, il pesta lorsque la porte claqua, s'empressant de courir à la poursuite de son ex-petite amie : Charlotte, reviens ! »
La porte claqua de nouveau derrière Amos et, dans la seconde de silence qui suivit, Sirius hurla de rire. Eva ne l'avait jamais entendu rire aussi fort et elle fut obligée de l'imiter, lui donnant des coups de pieds tout en gardant la tête dans les mains. Ce n'était pas drôle ! C'était horrible ! Elle ne pourrait pas regarder en face Amos ni Charlotte pendant un long moment !
Finalement, Sirius se calma après un long moment à rire à gorge déployée, une vue qu'Eva aurait admirée si elle n'était pas occupée à subir un mal de ventre causé par son hilarité. Sirius poussa un long soupir éreinté et, les yeux pétillants, il lui dit :
« Les blaireaux, c'est vraiment mes animaux préférés. »
Eva était obligée de le frapper pour son commentaire.
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titre du chapitre : La Valentin des blaireaux
nombre de mots : 15 200
Alooors, vous en dites quoi de la saint-valentin des blaireaux et de leur premier match de quidditch de l'année ? ;)
