Ce parfum de nos années mortes

Chapitre 3

oOo

« Je me suis trompée. »

Sansa tenait le livre serré contre elle, comme un bouclier de désillusions. Cersei croisa les mains sur ses genoux et attendit qu'elle poursuive.

« Cerenna n'a pas été couronnée reine. »

La déception était perceptible dans sa voix. À la fin de l'histoire, Cerenna, la femme chevalier, était forcée d'observer son mari être acclamé par le peuple du royaume pour des exploits dont il s'était approprié le mérite – les siens.

C'était sur sa tête à lui qu'on posait la couronne.

« C'est une satire d'un roman de chevalerie, petite colombe. Pas un conte de fées. »

Sansa s'effondra sur un fauteuil, soudain incroyablement lasse. Cersei avait la sensation que sa déception n'était pas uniquement liée au livre.

« Je… je voulais qu'une femme ne demeure pas dans l'ombre de son mari… pour une fois. »

Les dents serrées, ses doigts se crispèrent sur la couverture du livre, comme si elle luttait contre l'irrépressible envie de l'arracher.

« Quand j'ai mis les pieds à Port-Réal pour la première fois, je ne comprenais pas comment une reine pourrait être malheureuse – comment vous pourriez être malheureuse. »

Elle posa le livre sur la table où Cersei prenait ses repas, avec plus de douceur cette fois.

« Vous m'avez demandé pourquoi je faisais tout ça pour vous, alors que je vous haïssais autrefois. Eh bien, voilà ma réponse : j'ai été mariée. Et mon mari m'a gardée dans l'ombre. Dans l'ombre et la douleur. »

Cersei la laissa parler sans oser l'interrompre, curieuse malgré elle de connaître ce qui avait changé Sansa en louve d'acier.

« Oh, il savait se montrer charmant… mais c'était pour mieux dissimuler quel genre de monstre il était. Le jour, il me gardait enfermée. Chaque soir, il venait… et chaque soir, il me battait et me violait. »

Des larmes roulaient à présent sur ses joues, rivières de rage et de souffrance que rien ne pouvait arrêter. Cersei se leva et prit les mains de Sansa dans les siennes. Plus que la laisser faire, elle s'y accrocha comme à un radeau dans un océan déchaîné.

« Je suis désolée, » offrit Cersei, peut-être la parole la plus sincère qu'elle lui avait jamais adressée.

Sansa entrelaça leurs doigts.

« Robert… il vous violait, n'est-ce pas ? Je… je ne voyais pas, à l'époque… par tous les dieux, j'étais si naïve… »

Cersei se souvenait d'une époque lointaine où elle aussi rêvait du prince charmant, si lointaine qu'elle se demandait parfois si elle avait vraiment existé.

« Il me violait, » confirma t-elle, les lèvres serrées. « J'étais heureuse quand il est mort – quand je l'ai tué. »

C'était la première fois qu'elle admettait ouvertement avoir tué Robert à quelqu'un d'autre que Jaime. Tyrion savait, bien sûr, même si elle ne le lui avait jamais dit – il savait toujours tout.

Sansa ne lui jeta pas de regard horrifié, pas plus qu'elle ne se dénoua de l'étreinte de leurs doigts.

« J'ai donné Ramsay en pâture à ses propres chiens. Ils l'ont dévoré vivant. Et… j'ai aimé ça. »

Elle baissa les yeux.

« Mes mains sont couvertes de sang. »

Cersei caressa le dos de sa main du pouce, lui arrachant un frisson. Le sang sur ses mains à elle, elle ne l'avait jamais vu – n'avait jamais regardé. Mais elle pouvait concevoir que Sansa voyait les choses différemment. Malgré tout ce qui lui était arrivé, elle demeurait plus innocente que Cersei ne l'avait jamais été.

Toutefois, là où la louve ne voyait que de l'écarlate, la lionne ne percevait que la blancheur pure de la neige.

« Vraiment ? » fit-elle mine de s'étonner en haussant les sourcils. « Je ne vois rien. »

Sansa sembla comprendre où elle voulait en venir.

Un petit sourire étira ses lèvres.

Elle jeta un coup d'œil par la fenêtre. Le printemps irradiait à l'extérieur.

« Vous devez devenir folle, à rester enfermée ici. Venez. Allons faire un tour dans les jardins. Cela vous fera du bien, d'être au grand air. Et au bébé aussi. »

« Tu sais que je ne peux pas quitter cette pièce. Daenerys l'a interdit. »

Sansa haussa les épaules avec désinvolture.

« Et alors ? »

Il n'en fallait pas plus à Cersei.

Elle lui sourit en retour, et toutes deux sortirent de la chambre.

.

« Il ne me semble pas avoir autorisé Cersei à quitter sa chambre. »

Daenerys, accoudée au balcon de ses appartements, n'avait aucun regard pour le coucher de soleil qui peignait le ciel de magnifiques nuances rose, orange et rouges.

Ses yeux d'améthyste étaient rivés sur Cersei et Sansa, qui discutaient tranquillement assises sur un banc. Elle savait qu'elles avaient passé l'après-midi à l'extérieur – elle les avait vues.

Quelque chose dans le fait qu'elles n'essaient même pas d'être discrètes faisait hurler le dragon en elle de rage.

Tyrion était une ombre fuyante derrière elle.

« Elles ne font rien de mal. Un peu d'air frais sera sans doute bénéfique au bébé. »

Daenerys inspira profondément pour garder son calme.

« Êtes-vous à ce point déterminé à trouver à votre sœur toutes les excuses du monde ? »

« Je… »

Il s'interrompit, comme s'il ne parvenait pas à trouver une réponse adéquate. Le fait qu'il n'essaie même pas de s'en sortir par une parade quelconque, aussi ridicule soit-elle, ne fit que l'agacer davantage.

« Elles ne font rien de mal, » insista t-il.

Frustrée, Daenerys se détourna de la lionne et de la louve pour plonger son regard dans celui de son fiancé. Deux choix s'offraient à elle. Elle pouvait elle aussi insister, ce qui ferait inévitablement dériver cette conversation déjà tendue vers une dispute, ou bien elle pouvait laisser tomber – pour l'instant du moins.

Il n'était pas dans ses habitudes de s'incliner.

Mais Tyrion était son fiancé.

Et elle voulait que les choses s'arrangent entre eux, elle le voulait tellement.

Alors, une fois encore, elle ravala sa fierté de Targaryen. Pour lui. Pour eux.

« Il semblerait que nous serons encore en tête-à-tête pour le dîner. »

Si Tyrion lui fut reconnaissant de ne pas insister, il n'en montra rien, et se contenta de hocher la tête. Pendant qu'ils mangeaient, Daenerys s'efforça d'entretenir la conversation. Ils échangèrent des banalités affligeantes, mais elle supposa que c'était toujours mieux que le silence lourd qui accompagnait la plupart du temps leurs repas.

La nuit était tombée quand Tyrion se leva, prêt à rejoindre ses propres appartements.

Cette fois, Daenerys ne le laissa pas partir. Elle saisit délicatement son poignet et l'attira près d'elle. Puis, en douceur, elle prit son visage en coupe et déposa un tendre baiser sur ses lèvres. À son grand soulagement, une fois sa surprise passée, il y répondit.

Ce n'était pas leur premier baiser, mais les gestes d'affection qu'ils avaient partagés se comptaient sur les doigts d'une main. Ce soir, elle voulait y remédier.

Ce soir, elle voulait qu'ils partagent plus que de simples baisers. Après tout, les plaisirs de la chair n'étaient-ils pas une manifestation intime de l'amour ? Peut-être était-ce ce dont Tyrion avait besoin pour se sentir plus proche d'elle.

« Nous ne sommes pas obligés d'attendre le mariage, vous savez. »

Il fronça les sourcils, comme s'il n'était pas sûr de comprendre. Pour appuyer ses paroles, Daenerys se leva et, sans plus hésiter, fit glisser sa robe sur le sol. Tyrion écarquilla les yeux. Elle fut satisfaite de le voir incapable de détourner le regard de son corps. Elle savait parfaitement qu'elle était belle et désirable, mais c'était toujours agréable d'en avoir la confirmation – surtout venant de son futur mari.

Sans trembler, elle l'attira vers son lit et le déshabilla. Elle le sentit se renfrogner quand il se retrouva nu devant elle, mais Daenerys le rassura de mille baisers. Elle se moquait se son apparence, ça n'avait jamais eu aucune importance pour elle. Elle n'était pas comme Cersei, qui n'avait fait que le rabaisser encore et encore, et elle voulait qu'il le comprenne. Qu'il sache que c'était sur elle qu'il devait s'appuyer, et cesser de s'accrocher à cette sœur qui n'avait jamais fait que le trahir.

Tyrion était un bon amant. Loin d'être égoïste, il se souciait de son plaisir et elle eut la certitude qu'il ne la blesserait pas d'une quelconque façon.

Pourtant, alors qu'ils se dénouaient de leur étreinte, elle songea que ses baisers lui avaient laissé un goût amer dans la bouche. Les sourcils froncés, elle le regarda lui tourner le dos et se glisser sous les couvertures sans dire un mot.

Daenerys fixa le plafond pendant ce qui lui parut être des heures avant de trouver ce qui clochait.

Il s'était montré doux, mais jamais tendre. Aucune flamme de passion n'avait jailli du contact de leurs lèvres. Ses gestes s'étaient faits mécaniques, comme s'il avait simplement reproduit une chorégraphie déjà exécutée mille fois.

Une larme solitaire roula sur sa joue.

Voir Tyrion finir par se lever et quitter la chambre d'un pas de loup ne la surprit pas le moins du monde.

Elle n'essaya pas de le retenir.

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Cersei dormait déjà quand Tyrion se glissa dans sa chambre. Cependant, elle avait le sommeil léger, car elle se redressa en entendant la porte se refermer. Plus aucune bougie ne brûlait dans la pièce, ce qui la força à plisser les yeux pour distinguer sa silhouette.

« Tyrion ? »

Sans répondre, il grimpa sur son lit et se blottit sous les couvertures. Elle le regarda faire sans mot dire.

« J'étais… j'étais avec Daenerys. »

Sa voix était à peine plus qu'un murmure.

« J'imagine que vous n'avez pas joué aux cartes, » railla Cersei.

Sa réplique acide n'amusa pas Tyrion, pas plus qu'elle ne le fit réagir. À la place, il perdit la lutte contre ses larmes. Elles chutèrent sur l'oreiller avec le bruit d'un cœur qui ne fait que se briser.

« Quelque chose ne va pas, » sanglota t-il. « Quelque chose ne va pas. »

Aucun sarcasme ne franchit la bouche de Cersei, cette fois.

À la place, elle baissa la tête, comme abattue, et acquiesça.

« Je sais. »

Elle reposa la tête sur l'oreiller et ferma les yeux. L'odeur fantôme du sang de Jaime lui donnait la nausée.

Lorsqu'elle sentit Tyrion se serrer contre elle, elle ne le repoussa pas.

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Daenerys était particulièrement morose lorsqu'elle s'assit à la table du conseil restreint le lendemain. Peu avant l'aube, elle s'était glissée dans la chambre de Tyrion avec l'espoir d'avoir une discussion avec lui – l'espoir de comprendre où était le problème et d'arranger la situation, ne serait-ce qu'un peu.

Elle avait eu la désagréable surprise de trouver le lit vide. Les draps n'étaient même pas défaits, ce qui ne pouvait vouloir dire qu'une chose.

Tyrion n'avait pas passé la nuit dans sa chambre.

Le goût du soupçon était amer sur sa langue lorsque son fiancé la rejoignit et la salua sobrement.

Elle en vint à se demander si elle n'avait pas imaginé leur étreinte glaciale.

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Tyrion se sentait mal.

Sur la pointe des pieds, il referma la porte des appartements de Daenerys pour la cinquième ou la sixième fois – il commençait à perdre le compte.

Le cœur vide, il laissa ses pas le guider, perdu dans ses pensées.

Daenerys était une belle femme, c'était indéniable. Il la désirait – ça aussi, c'était indéniable. Et il avait de l'affection pour elle. Dans le cas contraire, pourquoi l'aurait-il rejointe et aidée à conquérir le trône ? Et pourquoi aurait-il accepté de l'épouser ?

Pourtant, après cette nouvelle étreinte tout aussi étrange que la première, il avait envie de fondre en larmes.

Quelque chose n'allait pas.

Il y avait entre eux une tension évanescente qu'il ne parvenait pas à qualifier. Il n'était même pas certain que Daenerys ait remarqué sa présence.

C'était comme si un non-dit les séparait. Un secret dont il n'avait même pas conscience de l'existence.

Un mystère face auquel il préférait demeurer ignorant.

Cersei ne prenait même plus la peine de s'endormir avant son arrivée, désormais. Lorsqu'il entra dans sa chambre, elle était en train de lire un livre à la lueur d'une bougie, les sourcils froncés par la concentration. Il sourit malgré lui face à ce spectacle.

Son sourire disparut aussi vite qu'il était venu. Il se glissa entre les draps en soupirant. Sans rien dire, Cersei souffla la bougie et s'allongea sans le toucher.

Le silence entre eux n'était pas comme celui qui l'oppressait quand il se trouvait en tête-à-tête avec Daenerys. Il était doux et reposant, comme un rêve dont il ne voulait pas se réveiller.

Cersei semblait très sincèrement désolée de devoir le briser.

« Ça ne pourra pas durer indéfiniment. Elle va finir par se poser des questions. »

« Je sais. »

Il se demandait si elle n'était pas déjà au courant. Le suivre pour voir où il allait était une chose qu'elle était capable de faire.

« Ça ne va pas lui plaire, » insista Cersei en constatant qu'il n'ajoutait rien.

« Je sais. »

Il sentait son agacement grimper en flèche. Il trouvait ça réconfortant. Cela prouvait que l'ancienne Cersei était toujours là, avec ses colères d'or et de gloire, qu'elle n'avait pas complètement été ensevelie sous un tas de pierres avec Jaime.

« Et si elle te demande de choisir ? Qu'est-ce que tu feras ? »

La réponse n'aurait pas dû être évidente. Cersei était sa sœur et le même sang maudit coulait dans leurs veines, mais elle lui avait fait beaucoup de mal. Daenerys, elle, l'avait accepté tel qu'il était, et elle voulait faire de lui son roi.

Il ne fut même pas horrifié de ne mettre qu'une seconde à répondre.

« J'ai passé des semaines à genoux à supplier pour ta vie. À ton avis ? »

Tyrion devina sans mal le sourire satisfait qui se dessina sur ses lèvres.

Elle passa un bras autour de lui et l'attira contre elle.

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« Que se passe t-il entre Cersei et Tyrion ? »

Sansa, qui brodait dans les jardins sous un oranger en fleur, releva la tête de son ouvrage.

La lave en fusion qui brûlait dans les yeux de la reine la déstabilisa.

« Que voulez-vous dire ? »

Daeneyrs n'était pas d'humeur pour les faux-semblants.

« Je sais que cela fait plusieurs jours que Tyrion passe la nuit dans le lit de Cersei. »

Elle ne tentait même pas de maîtriser ses émotions. Sansa trouva quelque chose de comique dans son expression. Parfaitement calme, elle répondit au bout de quelques secondes.

« Eh bien ? »

Le fait qu'elle n'essaie même pas de prétendre ne pas être au courant ne fit rien pour arranger l'humeur de Daenerys.

« Est-ce qu'ils couchent ensemble ? » demanda celle-ci de but en blanc.

Sa jalousie grésillait dans l'air, comme une pluie de feu tombée des profondeurs des Sept Enfers.

« Bien sûr que non. »

Pour rien au monde elle ne l'aurait admis à Daenerys, mais elle s'était posé la même question la première fois qu'elle avait surpris Tyrion dans le lit de Cersei alors qu'elle apportait son petit-déjeuner à la lionne. Une simple discussion avait suffi à lever tous ses doutes.

Cependant, elle n'était pas Daenerys.

« Leur lien n'a rien de romantique ou de charnel. »

Elle reprit sa broderie sans rien ajouter.

« Je ne vous crois pas. »

Et Sansa haussa les épaules avec un détachement non feint.

L'opinion de Daenerys n'avait pas la moindre valeur à ses yeux.

Elle ne releva pas la tête pour la regarder s'éloigner.

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« Je vous ai vu. »

Tyrion ne poussa pas un soupir face aux paroles tranchantes d'accusation de Daenerys. Lorsqu'elle l'avait convoqué dans ses appartements quelques minutes plus tôt, il savait déjà de quoi il retournait.

« Je vous ai vu avec Cersei. »

Il avait l'impression désagréable d'assister à un nouveau procès, et d'être encore une fois le coupable.

« Vous m'avez suivi. »

Ce n'était pas la réponse que Daenerys attendait. Elle pinça les lèvres d'un air mécontent. Loin d'éprouver une quelconque culpabilité, Tyrion se sentait agacé. Elle lui faisait des reproches, mais le fait qu'elle ait décidé de le suivre ne montrait-il pas qu'elle se méfiait de lui ?

« Je… je devais savoir, » tenta t-elle de se justifier.

Elle se leva et se planta devant lui. Son regard se fit désespéré.

« Est-ce que vous l'aimez ? »

Il prit son temps pour répondre. Il lui semblait que quels que soient les mots qui sortiraient de sa bouche, ils ne feraient que creuser davantage le fossé qui les séparait.

« Je ne l'aime pas comme elle aimait Jaime. Je l'aime comme moi j'aimais Jaime. »

Ses mots ne la satisfirent pas. Elle ne s'en contenta pas non plus.

« Je ne comprends toujours pas. »

Tyrion battit des paupières, et, de l'air de ceux qui rêvent éveillés, précisa :

« Je ne suis pas amoureux d'elle, pas plus que je ne la désire. L'amour que j'ai pour elle est… plus pur. »

Il avait bien conscience que ce terme était surprenant, mais l'air scandalisé de sa fiancée ne fit que l'agacer davantage. Elle ne pouvait pas comprendre, mais il aurait bien aimé qu'elle essaie, juste une fois.

« Pur ? Comment est-ce possible ? Avez-vous oublié tout ce qu'elle vous a fait ? »

Avez-vous oublié pourquoi vous m'avez rejoint ? ne dit-elle pas, mais Tyrion l'entendit quand même.

À première vue, il n'y avait rien de pur dans la relation qui l'unissait à Cersei. Il y avait des insultes, il y avait des trahisons, et il y avait du sang. Et pourtant… et pourtant…

« Ne comprenez-vous pas ? » fit Tyrion avec une certaine patience. « Aucune trahison, aucun affrontement, aussi laid et sanglant soit-il, n'est parvenu à briser notre lien. Si ce n'est pas la démonstration de l'amour le plus pur qui soit… alors qu'est-ce donc ? »

Sur ces paroles, il se détourna et s'éloigna.

Il sentit un poignard invisible se planter dans son dos.

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« Je ne comprends pas, » avoua Tyrion à Cersei quelques jours plus tard. « Je pensais que son humeur s'améliorerait… mais elle semble encore plus jalouse qu'avant. »

Cersei prit la peine de relever la tête de son livre et dévisagea son petit frère comme s'il était le plus stupide des Lannister.

« Bien sûr qu'elle est encore plus jalouse, » s'esclaffa t-elle.

« Mais pourquoi donc ? Elle sait que… que nous ne sommes pas amants. »

Cersei plissa les yeux, amusée par la naïveté dont Tyrion, sans doute la personne la plus intelligente de ce château, faisait parfois preuve.

« Daenerys pourrait lutter contre une amante. Après tout, elle est plus jeune et sans doute plus belle que moi. Dans son esprit, elle pourrait reprendre l'avantage… mais que peut-elle faire contre une sœur ? »

L'éclair de compréhension dans les yeux de Tyrion lui arracha un petit sourire.