Je ne possède aucun des personnages de la série TV
PRE CANON : Retenus prisonniers dans un camp, Futé et Hannibal cherchent un moyen de s'évader alors que leur situation risque d'empirer rapidement.
Ce texte a été écrit pour l'anniversaire de Dirk Benedict !
En espérant que cela te plaise !
Bonne lecture
PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)
ECHANGE DE GRADE
Chapitre 3
Après plusieurs minutes qui leur semblèrent une éternité, Hannibal aperçut une rive plus accessible. Il rassembla ses forces et nagea vers elle, tirant Futé avec lui. L'eau était lourde, poisseuse, chargée de végétation en décomposition et de branches qui griffaient leurs corps épuisés. Chaque mouvement était une lutte. L'adrénaline qui l'avait tenu éveillé jusque-là commençait à se dissiper, laissant place à une fatigue écrasante. Futé ne faisait plus d'effort. Son corps flottait mollement, ballotté par le courant, et Hannibal dut resserrer sa prise sous ses aisselles pour le maintenir à flot.
- Accroche-toi, gamin, grogna-t-il entre deux inspirations saccadées.
Aucune réponse. Seul le bruit des remous et de sa propre respiration haletante emplissait l'air. Hannibal lutta plus fort, forçant ses muscles endoloris à obéir. Il sentait la brûlure dans son épaule blessée, une douleur vive et lancinante qui menaçait de lui arracher des cris à chaque mouvement, mais il n'avait pas le droit de lâcher.
Le rivage se rapprochait enfin. Il tendit le bras et s'agrippa aux racines émergées, glissantes sous ses doigts trempés. Avec un ultime effort, il hissa Futé hors de l'eau, roulant sur le dos dans la boue détrempée, à bout de souffle. Le silence retomba, lourd… étouffant. Futé était allongé à ses côtés, les yeux à demi clos, tremblant sous l'effet de la fièvre et du froid. Hannibal posa une main sur son front brûlant. La morphine avait aidé à stabiliser son état, mais sans soins médicaux, il n'allait pas tenir longtemps.
- Hey, gamin, reste avec moi, d'accord ? murmura-t-il.
Un souffle faible lui répondit, un sourire fantôme sur les lèvres craquelées de Futé.
- T'inquiète, Colonel… Je ne vais pas te laisser tout seul.
Hannibal sentit sa gorge se serrer. Il voulait croire à ces mots, mais le corps de son ami disait le contraire. Il était glacé et brûlant à la fois, son pouls trop rapide sous ses doigts tremblants. Son souffle était court, sifflant. Hannibal connaissait ce regard vitreux, ce teint trop pâle. Il savait à quoi ressemblait un homme à bout de forces… et lui-même n'était pas en bien meilleure posture. Son épaule le lançait, la blessure mal refermée s'étant sans doute rouverte sous l'effort. Chaque muscle de son corps criait de douleur, épuisé par la lutte incessante contre la mort, contre la jungle, contre la guerre elle-même, mais il ne pouvait pas se permettre de flancher. Pas maintenant.
Il s'agenouilla, scrutant les alentours. La nuit rendait la jungle encore plus menaçante, une masse noire grouillante de vie et de dangers invisibles. Il savait ce qui rôdait dans ces ténèbres : serpents tapis sous les feuillages, insectes affamés, bêtes dont ils ne percevaient que les grognements lointains et plus inquiétant encore : des patrouilles ennemies… Ils devaient bouger. Il passa un bras sous les épaules de Futé et le remit debout avec précaution.
- Accroche-toi à moi.
Futé obéit sans un mot, sa tête tombant légèrement contre l'épaule de Hannibal. Son poids était un fardeau supplémentaire, mais il n'était pas question de l'abandonner. Ils avancèrent lentement à travers la végétation épaisse. Chaque pas était une épreuve. Hannibal sentait son propre corps protester, mais il refusait de ralentir. Il devait protéger ce gamin. Depuis des mois, au cœur de cette guerre infernale, il avait appris à voir en lui bien plus qu'un simple compagnon d'armes. Futé était devenu un ami, une sorte de fils envoyé par le destin pour réunir deux personnes trop seules, quelqu'un qu'il ne laisserait jamais tomber.
- Je suis sûr que tu as toujours rêvé de faire du tourisme au Vietnam ? Lança Hannibal, tentant de détendre l'atmosphère.
Futé laissa échapper un rire faible, à peine plus qu'un souffle.
- J'préfère… les plages de Californie.
- Je te promets qu'on ira siroter un cocktail là-bas, une fois rentrés.
Cependant, sous ses mots légers, l'inquiétude était omniprésente. Futé s'affaiblissait à vue d'œil. Hannibal pouvait sentir son corps devenir plus lourd, ses pas se faire plus incertains. Il se rattrapait de moins en moins bien à chaque trébuchement et, plus inquiétant, Hannibal aussi commençait à flancher. Ses forces déclinaient dangereusement, sa vision se brouillait par moments. Il marchait par pur instinct, luttant contre l'envie de s'effondrer.
...
Les heures passèrent, interminables. Ils avancèrent à l'aveuglette, les marécages les ralentissant, les racines traîtresses manquant de les faire chuter à chaque pas. Les insectes bourdonnaient autour d'eux, attirés par l'odeur du sang et de la sueur. Hannibal sentait le poids de son ami s'alourdir contre lui.
- Colonel… j'crois que je vais m'endormir…
Hannibal raffermit instinctivement sa prise sur lui.
- Non, gamin. Pas maintenant. Garde les yeux ouverts. Raconte-moi ce que tu feras en rentrant.
- J'irai voir… une jolie fille… acheter une nouvelle montre, vu que j'ai filé la mienne…
- Bonne idée, mais d'abord, tu dois tenir jusqu'à l'aube.
Toutefois, Hannibal savait que le temps jouait contre eux. Il n'avait aucune idée de leur position exacte. S'ils s'égaraient trop loin, ils risquaient de mourir avant même d'atteindre les leurs. Chaque pas les éloignait un peu plus du monde des vivants. S'ils ne trouvaient pas un secours bientôt, Futé n'y survivrait pas… et lui non plus.
Puis, soudain, un son fendit le silence de la jungle. Un bruit distinct, lointain, mais reconnaissable entre mille : le bourdonnement d'hélicoptères. Son cœur rata un battement.
- Futé ! S'exclama-t-il en le secouant légèrement. Tu entends ça ?
Un espoir nouveau le galvanisa. Il hâta le pas, poussant son corps bien au-delà de ses limites. Ils gravirent une petite colline, et lorsqu'ils atteignirent le sommet, un spectacle inespéré s'offrit à eux : à quelques centaines de mètres, derrière un rideau d'arbres, un camp américain.
- On est arrivés, petit, souffla Hannibal avec un soulagement immense.
Mais Futé ne répondit pas. Son corps s'affaissa brusquement.
- Non, non, non ! Futé ! Tiens bon !
Hannibal le souleva avec ses dernières forces et se lança dans une course désespérée. Des soldats américains apparurent, alertés par leur approche.
- Hey ! Par ici ! Cria l'un d'eux en le repérant avant de se précipiter dans leur direction.
Hannibal tomba presque dans leurs bras. Les voix autour de lui se brouillaient. Des mains le soutenaient, lui prenaient Futé, des infirmiers s'affairaient. Il sentit qu'on le posait sur une civière, et les sons commencèrent à lui échapper. Il tenta de garder les yeux ouverts, mais la fatigue, la douleur et le soulagement brutal l'écrasèrent. Tout devint noir…
OoooO
Hannibal se réveilla dans une tente médicale, sous une lumière blanche crue. Il sentit la douleur avant même de pouvoir bouger. Son épaule avait été bandée, ses plaies nettoyées, mais une seule chose importait.
- Futé…
Sa voix était rauque, faible. Il se redressa péniblement, cherchant désespérément son ami du regard. Une voix grave et familière résonna.
- Calme-toi, Colonel. Il est entre de bonnes mains.
Hannibal tourna la tête et vit Barracuda, un sourire rassurant sur le visage, assis à côté de lui.
- Il est en vie ? Demanda Hannibal, la peur encore ancrée dans ses traits.
- Ouais, et il va s'en sortir. Looping est avec lui, il veille sur lui comme une mère poule.
Hannibal ferma les yeux un instant, un soulagement immense déferlant sur lui. Il expira lentement.
- Je… J'ai bien cru l'avoir perdu.
- Mais vous êtes en vie, Colonel. Vous avez tenu bon, tous les deux.
Hannibal rouvrit les yeux et fixa Barracuda.
- C'est lui qui a tenu bon. C'est un battant.
Barracuda hocha la tête.
- Comme vous tous. Maintenant, repose-toi. Vous êtes en sécurité.
Hannibal laissa sa tête retomber contre l'oreiller. Il savait qu'il devait récupérer, mais une pensée persistait dans son esprit. Il voulait voir Futé de ses propres yeux. S'assurer qu'il était vraiment là, vivant… lui dire qu'il ne voulait plus jamais qu'il le protège comme il l'avait fait, mais pour la première fois depuis des jours, il pouvait se permettre de fermer les yeux sans craindre de ne jamais se réveiller.
Ils étaient en vie. Tous les deux… Les discussions viendraient après…
