4. Jiang Fengmian et madame Yu.
Jiang Cheng était le petit frère adoptif de Wei Wuxian. Il allait au collège La Jetée du Lotus, où son père travaillait. C'était également là où Wei Wuxian allait avant d'entrer aux Cavités des Nuages. Il adorait son ancienne école, elle était plus libre sur beaucoup de choses. Il y avait de la vie dans les couloirs, dans les classes aussi. Il y avait des fêtes qui étaient organisées pour Halloween ou pour Noël. Ce qui n'était pas du tout le cas aux Cavités des Nuages.
— Jiang Cheeeeeng, fit Wei WuXian en râlant quand son petit frère rentra à la maison.
Celui-ci fronça immédiatement les sourcils.
— Je veux redoubler et retourner à la Jetée du Lotus, continua Wei WuXian.
— Tu dis ça tous les soirs.
— Parce que tous les soirs c'est vrai.
— Et ça ne changera rien! Tu as pensé à ce que ferait ma mère si jamais tu redoubles?
Wei Wuxian grimaça à cette idée. Et Jiang Cheng impitoyable enfonça le couteau dans la plaie:
— Tu ne peux pas redoubler ni quitter ce lycée. Et tu ne dois pas nous faire honte non plus!
Wei Wuxian haussa les épaules:
— Ouais ouais, j'ai compris.
Puis il appuya un doigt sur la joue de Jiang Cheng.
— Dis plutôt que tu t'inquiètes pour moi et que je te manque, sortit Wei Wuxian en lui tirant la langue.
— Pas du tout, s'exclama Jiang Cheng. Je m'inquiète plutôt pour la réputation de notre famille.
À ce moment-là la sœur de Jiang Cheng et Wei Wuxian arriva et aussitôt le plus âgé des deux vint près d'elle:
— Grande soeur! Jiang Cheng fait rien que m'embêter.
Jiang Cheng le pointa du doigt:
— Tu as quel âge pour agir ainsi?
Wei Wuxian lui tira à nouveau la langue.
— Allons, A'Cheng, A'Xian, ne vous disputez pas.
Elle tapota gentiment la tête de Wei Wuxian, et ce fut comme s'il avait à nouveau quatre ans. Il ne pouvait s'empêcher d'être un vrai bébé quand sa sœur adoptive était là. Jiang Cheng leva les yeux au ciel, haut, très haut, mais se rapprocha d'eux quand même. Il aimait sa famille, même si Wei Wuxian était du genre incontrôlable et passait beaucoup de temps à le taquiner.
— A'Xian, tu as passé une bonne journée à l'école? demanda Jang Yanli.
— Oui, répondit Wei Wuxian.
— Je suis sûr que tu as encore fait hurler tes professeurs, marmonna Jiang Cheng.
— Pas du tout. N'as-tu pas confiance en moi?
— Je te connais bien, c'est tout.
— Tu ferais pipi dans ton pantalon si tu voyais nos profs hyper stricts, se vengea gentiment Wei WuXian.
Il se fit courir après par Jiang Cheng partout dans la maison. Qui était plutôt immense. Car la famille Jiang était plutôt riche.
La sœur ainée finit par réussir à calmer Wei Wuxian et Jiang Cheng. Le petit frère se rendit dans sa chambre pour faire sérieusement ses devoirs, et Wei Wuxian alla plutôt mettre de la musique et flâner dans la sienne.
À l'heure du dîner, ils se rendirent tous dans la salle à manger. Le père de Jiang Cheng et Jiang Yanli était déjà installé et accueillit les trois adolescents avec gentillesse. Leur demandant à tous comment c'était passé l'école, et s'ils avaient appris beaucoup de choses. Wei Wuxian parla plus de Lan Wangji que de lui-même. Il était au milieu d'une phrase, quand apparut la mère de Jiang Cheng et Jiang Yanli. C'était une femme très fière, qui marchait comme si le monde entier était à ses pieds et qu'elle pouvait les écraser de son talon. S'il y avait une seule personne au monde qui pouvait faire peur à Wei Wuxian, c'était elle. Elle était si arrogante et si méprisante parfois, surtout avec lui, qu'il avait du mal à ne pas baisser les yeux quand elle lui faisait des remontrances. Depuis son enfance, elle n'avait jamais eu aucun mot gentil pour Wei Wuxian, pour elle il n'était qu'un boulet qui faisait du tort à leur famille. S'il était encore là après tant d'années, c'est que Jiang Fengmian son mari, lui, aimait beaucoup Wei WuXian et qu'il était hors de question qu'il s'en aille. Il l'avait adopté, prit sous son aile, il était comme son deuxième fils. Il ne laisserait personne dire le contraire, pas même sa propre épouse.
— J'espère, commença-t-elle à peine arrivée, que tu ne mets pas l'opprobre sur notre famille. Imagine un peu ce que les gens penseraient de nous si tu nous faisais honte.
C'était presque le même discours chaque soir. Des remontrances. Quoiqu'il fasse, Wei Wuxian ne serait jamais assez parfait pour cette femme.
— Laisse-le donc, je suis sûr qu'il se comporte comme il faut, fit Jiang Fengmian.
— Son comportement n'a jamais été le bon, insista la femme. Un jour, il entraînera notre famille dans la dérive.
Wei WuXian n'avait plus faim.
— C'est A'Cheng qui compte, mais tu ne jures que par Wei Ying.
Wei Ying était le nom de naissance de Wei Wuxian. Il était courant dans les familles riches de donner un nom de naissance, puis un nom de courtoisie, que la plupart des gens utilisaient ensuite. Jiang Cheng sentant qu'on parlait de lui baissa les yeux. C'était difficile pour lui d'être sans arrêt comparé à Wei Wuxian, même si sa mère souhaitait apparemment le meilleur pour lui.
— Calme-toi, insista le père. Pourrions-nous faire un repas tranquille?
C'était comme appuyer sur le bouton qui déclenche la bombe. La mère ne se montra ni calme ni compréhensive. Elle fit tous les reproches qu'elle pouvait trouver à Wei Wuxian, le compara à son fils comme s'il était maltraité à cause de Wei Wuxian, et s'en pris même à Jiang Yanli pour sa faiblesse. Elle finit par quitter la table bien avant le dessert, et le silence qu'elle laissa fut très pesant. Le père, finalement, joignit ses mains et consola ses enfants:
— Allez, allez, mangez. Elle paraît dure, mais elle s'inquiète réellement pour vous.
Quelques minutes après, la bonne humeur était revenue et Wei WuXian reprit son air taquin.
À suivre.
L'autatrice: apparition des parents. J'ai fait une madame Yu assez méchante, mais j'adore ce personnage en vrai.
