Ses pas étaient rapides, et le froid de l'hiver lui mordait la peau, même sous son manteau épais et son écharpe chaude. Ses joues et son nez étaient rougis par le froid, tandis que ses longs cheveux bouclés formaient un amas de boucles hautes à cause de l'humidité. Pourtant, rien ne pouvait la détourner de son objectif.

Elle devait atteindre la librairie au plus vite avant de devoir rejoindre le château. Elle savait que Ron et Harry l'attendaient aux trois balais et elle leur avait promis de les rejoindre rapidement. Même si les garçons n'avaient pas voulu la laisser seule, surtout depuis l'accident au Ministère de la Magie qui avait failli la tuer et lui avait laissé une grande cicatrice sur le corps.

Même si, sous l'effet de la douleur ce jour-là, elle avait cru ne pas survivre, aujourd'hui, il ne lui restait plus qu'une cicatrice violacée, témoignage qu'elle avait réussi à tenir tête à un Mangemort adulte. Pourtant, encore aujourd'hui, elle revoyait ce regard bleu dans ses cauchemars, ces yeux écarquillés de surprise lorsqu'il l'avait vue le faire taire.

Mais elle était en vie, et elle comptait bien aider Harry dans cette guerre, envers et contre tout. C'était sa promesse, celle d'un monde magique en paix. Elle se souvenait des larmes de tous les Weasley et de Harry à son réveil, du regard de Remus et de Sirius, et surtout de la colère de ce dernier, qui lui avait crié dessus après qu'elle l'avait poussée pour le sauver du sortilège de mort qui avait failli lui coûter la vie. Aujourd'hui, Hermione devait admettre que Sirius ne la quittait plus, agissant envers elle comme un grand frère.

Perdue dans ses pensées, la jeune femme ne remarqua pas l'homme qui la suivait. Ce ne fut que lorsqu'elle poussa un cri de surprise, projetée brutalement contre un mur, qu'elle réalisa sa présence. Une poigne ferme lui emprisonna les poignets, et son cerveau se bloqua instantanément. Elle se débattit, paniquée, jusqu'à ce que la voix de son agresseur la fige de terreur.

— Calme-toi, Malen'kaya ved'ma, je ne te veux pas de mal, dit-il d'un ton posé.

La jeune femme sentit son cœur rater un battement. Son regard se releva lentement pour croiser des yeux bleu électrique qui la firent frissonner. À cet instant, elle comprit qu'elle aurait dû accepter que les garçons l'accompagnent, car elle se retrouvait désormais piégée face à son pire cauchemar éveillé : Antonin Dolohov.

— Que me veux-tu ? essaya-t-elle de dire d'une voix qu'elle voulait assurée, mais qui tremblait malgré elle.

Dolohov la fixa, et alors qu'elle s'attendait à une insulte, une moquerie ou même de la haine, ce fut le néant. Non, l'homme la regardait de ses yeux bleus, comme s'il essayait de lire en elle sans y parvenir.

Hermione ne pouvait pas dire pourquoi, mais au lieu d'être dégoûtée d'être observée ainsi, elle trouva cela presque… plaisant. Aussitôt, elle se traita de folle.

— Tu devrais être morte. Je ne voulais pas y croire quand on m'a dit que tu avais survécu, mais tu es bel et bien vivante, malen'kaya ved'ma, murmura le sorcier, comme s'il parlait pour lui-même, sans réellement s'adresser à elle.

— Tu es déçu, Dolohov ?! Déçu de ne pas avoir réussi à tuer une simple adolescente ? lança Hermione avec mépris.

Dolohov se redressa légèrement, et ses yeux perçaient toujours Hermione avec une intensité qui la déstabilisait. Mais au lieu de la traiter avec l'arrogance qu'elle avait attendue, il sembla presque... pensif. Il s'éloigna d'un pas, comme s'il voulait la regarder sous un autre angle. Elle resta là, figée contre le mur, le regard méfiant, mais elle sentit une étrange pression dans l'air.

— Non, je ne suis pas déçu, Malen'kaya ved'ma, dit-il d'une voix plus calme, presque en murmurant. Je suis... intrigué.

Hermione le fixa, ne sachant si elle devait rire ou le craindre davantage. Intrigué ? Lui, Antonin Dolohov, l'un des Mangemorts les plus redoutés de tous les temps, se montrait... intrigué par elle ? Cela semblait irréel, presque absurde. Elle était en train de se retrouver dans une situation qu'elle n'aurait jamais pu prévoir.

— Intrigué par quoi ? demanda-t-elle sèchement, bien que sa voix tremblât encore légèrement malgré elle.

— As-tu une cicatrice, Malen'kaya ved'ma ? demanda-t-il doucement.

Hermione se raidit à l'entente de sa question. La mention de la cicatrice, ce souvenir vivace du Ministère, la fit frissonner malgré elle. Elle savait qu'il faisait référence à celle qu'elle portait à l'épaule, une marque de l'attaque qu'elle avait subie, un témoignage de son affrontement avec un Mangemort. Mais pourquoi en parlait-il maintenant ?

— Qu'est-ce que ça peut bien te faire ? répondit-elle, luttant pour garder son calme malgré l'inquiétude qui montait en elle.

Dolohov la regarda de nouveau, toujours aussi scrutateur, un éclat presque imperceptible de fascination dans ses yeux.

— Tu penses que les cicatrices ne sont que des marques superficielles, mais tu te trompes, dit-il d'une voix basse, comme s'il partageait une vérité qu'elle n'était pas prête à entendre. Une cicatrice, c'est une empreinte laissée par un combat, par une épreuve... mais aussi par un lien.

Hermione fronça les sourcils, ne comprenant pas où il voulait en venir. Elle avait l'impression d'être face à un puzzle dont les pièces ne s'imbriquaient pas. Qui était cet homme qui parlait ainsi, avec une telle profondeur ?

— Tu parles comme si cette cicatrice avait un sens plus grand que celui que tu lui donnes, répliqua-t-elle, ses yeux se durcissant. Ce n'est rien de plus que toi, un homme adulte, attaquant une jeune adolescente, Dolohov. Rien de plus.

Dolohov la fixa silencieusement pendant un moment, comme si ses paroles résonnaient encore dans son esprit. Il y avait quelque chose d'inattendu dans cette rencontre, quelque chose qui le poussait à la regarder sous un jour nouveau, malgré son passé d'horreur et de destruction.

— Tu vois les choses ainsi, répondit-il lentement, presque à regret, mais il y a plus que ça. Bien plus.

Il s'approcha d'un pas, son regard toujours aussi perçant, mais il n'y avait plus cette menace palpable qu'elle avait perçue au début. C'était presque… contemplatif, comme s'il cherchait à comprendre quelque chose de plus profond, quelque chose qu'il ne comprenait pas lui-même.

— Ce que tu appelles "une attaque" est bien plus que cela. Cette marque que je t'ai laissée aurait dû te tuer. Au lieu de cela, tu es vivante, et il n'y a qu'une seule explication à cela, continua-t-il, son ton plus mesuré.

Hermione sentit un frisson d'inquiétude la parcourir. Elle connaissait ce ton, cette sorte de calme étrange qui précédait une révélation qu'elle n'avait pas envie d'entendre. Un silence lourd s'étira entre eux, alors qu'elle cherchait à comprendre où il voulait en venir.

— Quelle explication ? répéta-t-elle, sa voix un peu plus basse, presque imperceptible.

Dolohov se pencha légèrement en avant, comme pour lui murmurer quelque chose d'important, ses yeux bleus fixant les siens avec une intensité presque hypnotique.

— La magie, Malen'kaya ved'ma, dit-il. Une magie bien plus ancienne que tu ne peux l'imaginer. Cette cicatrice, cette marque… ce n'était pas juste un coup de chance ou un simple sortilège raté. C'était un test. Un test pour toi, et pour moi. Et le fait que tu sois encore en vie après ça… cela ne peut signifier qu'une chose.

Hermione n'arrivait toujours pas à saisir ce qu'il essayait de lui dire. Elle secoua la tête, exaspérée et en même temps un peu inquiète par la certitude qu'il dégageait.

— Tu es complètement fou, Dolohov. Qu'est-ce que tu veux dire par « test » ? Et quel lien… ?

Il la coupa, ses yeux brillant d'une lueur presque étrange, comme s'il se trouvait enfin en face de quelque chose qu'il avait toujours cherché sans le savoir.

— Je savais que tu ne comprendrais pas tout de suite, continua-t-il d'une voix plus basse, presque secrète. Mais tu dois savoir que la cicatrice que je t'ai laissée… c'est un lien. Un lien entre nous, quelque chose que ni toi ni moi ne pouvons ignorer.

Hermione recula d'un pas, son cœur battant la chamade, un vertige montant en elle.

— Un lien ? Tu veux dire que tu crois que cette… cette cicatrice a un sens profond ? Une connexion entre nous deux ? Cela n'a aucun sens ! Tu m'as attaquée, tu as essayé de me tuer !

Dolohov la fixa, un éclat presque doux dans ses yeux. Il s'arrêta un instant, puis il prononça lentement les mots qui allaient la figer sur place.

— Oui, et c'est précisément pour cela que je sais que tu es mon âme sœur.

Les mots frappèrent Hermione comme une décharge électrique. Elle le fixa, les yeux écarquillés de surprise et de dégoût.

— Quoi ?! s'écria-t-elle, le souffle court. Tu es… tu es malade ! Un Mangemort, un meurtrier, un monstre… et tu crois que je suis ton âme sœur ?

Dolohov hocha lentement la tête, comme s'il attendait cette réaction.

— Je sais que c'est difficile à comprendre. Ce n'est pas quelque chose que j'ai choisi. Mais cette cicatrice… c'est le signe. La marque d'une connexion. Ce n'est pas seulement une épreuve, c'est un début. Un début que nous devons explorer, toi et moi.

Hermione trembla légèrement, tout son corps en alerte, prête à réagir en cas de danger. Elle ne comprenait toujours pas, mais il y avait quelque chose dans la façon dont il parlait, quelque chose qui faisait résonner une étrange vérité dans son esprit.

— Tu es fou, murmura-t-elle, presque à peine audible. Tu veux me manipuler, c'est ça ? Utiliser ta magie noire pour me contrôler, m'enchaîner à toi ?

Dolohov fit un pas en arrière, levant les mains en signe de calme.

— Non, Malen'kaya ved'ma. Je ne te veux pas comme une marionnette, ni comme une victime. Que cela semble absurde, mais tu dois comprendre que ce lien n'est pas celui que tu imagines. Ce n'est pas un contrôle, ni une domination. C'est quelque chose de plus… ancien. Quelque chose que même moi, je n'avais pas envisagé.

Hermione frissonna, le cœur battant de plus en plus fort. Elle se sentait perdue, piégée entre la colère et une étrange curiosité qui ne cessait de croître. Les mots de Dolohov tournaient dans sa tête comme une spirale infernale.

— Ce que tu dis n'a aucun sens, Dolohov. Une connexion ? Entre toi et moi ? Et tu crois que c'est juste une… marque ? Une simple cicatrice qui… ferait de nous des "âmes sœurs" ?

Dolohov la regarda avec une intensité qui semblait presque douloureuse, comme s'il savait que la vérité qu'il lui révélait était trop grande pour qu'elle l'accepte immédiatement.

— La magie ancienne, Malen'kaya ved'ma, ce n'est pas quelque chose que l'on comprend facilement. Elle tisse des liens invisibles, des liens qui échappent même à la volonté des sorciers qui les subissent. Ce que nous avons… ce n'est pas un choix, c'est un destin. Et la cicatrice, c'est le début de ce destin. Une épreuve que nous devons affronter ensemble, car rien ne peut détruire ce genre de lien. Ni la mort, ni la distance, ni même notre volonté.

Hermione sentit un vertige, une sorte d'étrange attraction dans ses paroles. C'était comme si une force invisible exerçait une pression sur elle, une force qu'elle ne pouvait pas repousser. Mais elle se ressaisit aussitôt, réprimant cette étrange sensation.

— Tu veux me dire que ma survie… que ce que tu m'as fait… c'est destiné à nous unir ? Comme si c'était un genre de… sortilège ?

Dolohov hocha lentement la tête, un regard à la fois déterminé et chargé de douleur.

— Pas un sortilège. Un lien, Malen'kaya ved'ma. Un lien qui transcende les sorts, les malédictions, les intentions. Tu es la seule à pouvoir comprendre cela. C'est toi qui détiens la clé.

Hermione ne savait plus quoi penser. Son esprit battait en retraite, se heurtant à l'idée qu'il y avait peut-être un fond de vérité dans ses propos. Mais cela ne faisait que renforcer son dégoût. Comment pouvait-il croire cela ? Et pourquoi fallait-il que ce lien étrange et macabre soit tissé autour d'elle ?

— Ce n'est pas possible, souffla-t-elle, sa voix tremblante de colère et de confusion. Je ne suis pas ton âme sœur. Et je ne le serai jamais.

Dolohov la fixa un instant, comme s'il voyait à travers ses mots, comme s'il savait qu'elle n'était pas prête à accepter cette réalité. Puis, avec un léger sourire amer, il se tourna légèrement.

— Peut-être. Mais tu finiras par comprendre, Malen'kaya ved'ma. Tu n'échapperas pas à cela. Ni à moi.

Hermione sentit une bouffée de terreur l'envahir. Son esprit cherchait désespérément un moyen de repousser ces pensées, de rejeter cette absurdité. Mais la certitude dans les yeux de Dolohov, l'étrange calme qui l'entourait, rendait tout cela trop réel, trop percutant pour qu'elle puisse tout ignorer.

— Tu… tu es vraiment malade, Dolohov, murmura-t-elle, ses yeux s'embuant d'un mélange de dégoût et de peur. Il n'y a pas de destin entre toi et moi. Ce n'est qu'une cicatrice, rien de plus !

Dolohov la scruta silencieusement un moment, ses lèvres se tendant en une fine ligne. Il semblait presque peiné par ses mots, comme s'il regrettait que la vérité ne soit pas encore parvenue à ses oreilles.

— C'est ce que tu veux croire, Malen'kaya ved'ma, répondit-il d'une voix plus basse. Mais tu ne peux pas fuir ce qui t'appartient. Ce lien est plus ancien que toi, plus ancien que moi. Et même si tu n'y crois pas maintenant, tu commenceras à voir… au fur et à mesure que le temps passera.

Hermione secoua la tête, cherchant à se convaincre elle-même que cela ne pouvait être vrai. Elle se sentait encerclée, piégée dans ce jeu que Dolohov semblait vouloir jouer avec elle. Il n'était qu'un monstre, un assassin, un Mangemort… comment pouvait-il prétendre qu'elle lui appartenait de cette manière ?

— Tu crois vraiment que je vais t'accepter ? Non, Dolohov. Peu importe ce que tu dis, peu importe ce lien dont tu parles. Tu m'as attaquée. Tu m'as fait souffrir. Tu as tué des gens que j'aimais. Et tu veux que je sois ton âme sœur ?

Dolohov se redressa, une étrange mélancolie se lisant dans son regard, comme si ses paroles avaient ouvert une blessure qu'il avait longtemps ignorée.

— Je sais ce que tu ressens, Malen'kaya ved'ma. Mais tout cela… cela ne dépend pas de nous. Nous sommes liés, même si tu refuses de le voir. La magie ancienne ne se trompe pas. Elle choisit ceux qu'elle veut lier, peu importe leurs volontés, peu importe leurs choix.

Il s'éloigna un peu, les mains croisées derrière son dos, et d'un geste presque absent, il toucha la cicatrice qu'elle portait sur son épaule.

— Tu as survécu, non pas par hasard, mais parce que tu fais partie de ce lien. Et ce n'est pas quelque chose que tu pourras changer. Il est plus fort que tout. Plus fort que ta haine, que ton dégoût. Et, au fond de toi, tu le sais.

Hermione tremblait maintenant. Non pas de peur, mais d'une colère mêlée à une incompréhension absolue. Comment pouvait-il se croire si supérieur ? Comment pouvait-il croire qu'il avait raison ?

— Si ce lien est aussi puissant que tu le dis, alors il est peut-être temps de l'anéantir. Moi, je n'y crois pas. Et je ferai tout ce que je peux pour briser cette illusion, Dolohov. Tout ce que je peux.

Il tourna lentement la tête vers elle, un sourire triste, presque compatissant, aux lèvres.

— — Tu n'as pas encore vu toute la vérité, Malen'kaya ved'ma. Tu y viendras, un jour. Mais ne t'inquiète pas… je serai là pour te guider. Parce qu'au final, tu n'es pas seule dans ce lien. Tu n'as jamais été seule. Ma magie ne peut pas te faire de mal, et la tienne ne peut pas m'en faire. Nous sommes liés l'un à l'autre.

Hermione s'élança en avant, mais à l'instant où elle fit un pas, Dolohov se tourna brusquement, un regard froid dans les yeux. Un avertissement silencieux, une menace à peine voilée.

— Ne t'avise pas, Malen'kaya ved'ma. Cela ne ferait que te faire souffrir davantage.

Elle le fixa, le défi dans les yeux, bien que son cœur se serre sous la pression de ses paroles. Il la comprenait d'une manière qui la terrifiait. Un frisson d'inquiétude la parcourut, mais elle resta déterminée.

— Je te ferai payer, Dolohov, souffla-t-elle. Je ne serai jamais ce que tu veux que je sois.

Le Mangemort sourit, mais son regard trahissait une lueur de tristesse qui ne lui allait pas.

— Ce n'est pas toi qui décideras de cela, Malen'kaya ved'ma. Mais c'est toi qui vas souffrir dans ce voyage. Et, un jour, tu me remercieras pour cela.

Il tourna les talons, disparaissant dans l'ombre, laissant Hermione seule, le cœur lourd, mais plus déterminée que jamais à ne pas se laisser entraîner dans cette folie. Pourtant, quelque part au fond d'elle, une petite voix lui murmurait que ce lien… ce lien étrange… pourrait bien être plus réel qu'elle ne le croyait.

Hermione resta là, seule dans la rue glacée, son esprit tourmenté par les derniers mots de Dolohov. Le vent mordait sa peau, mais elle n'en ressentait presque plus la sensation, engourdie par les révélations qu'elle venait de subir. Il était parti, mais son regard, son ton, ces paroles envoûtantes résonnaient encore dans son esprit.

Un lien.

Ces mots tournoyaient dans sa tête. Comment pouvait-il dire cela ? Un lien, un destin, une connexion entre eux ? Il avait dit qu'il la guiderait, mais Hermione n'envisageait même pas la possibilité de le suivre. Comment aurait-elle pu ? Dolohov était l'un des pires criminels qu'elle connaisse, un être sans scrupules, un Mangemort. Et pourtant, une part d'elle, cette part infime et silencieuse, ne pouvait s'empêcher de frémir sous l'intensité de son regard, de l'idée que, peut-être, il disait la vérité… ou du moins, qu'il croyait la dire.

Elle secoua la tête pour chasser ces pensées. Non, elle ne devait pas douter. Pas maintenant. Pas après tout ce qu'elle avait traversé, tout ce qu'elle avait perdu. Elle s'était juré de se battre pour un monde meilleur, pas pour nourrir les illusions de ce monstre.

Ses pas la guidèrent mécaniquement vers la librairie qu'elle devait absolument atteindre. Mais au fond d'elle, quelque chose d'autre la tourmentait. Les mots de Dolohov l'avaient frappée d'une manière étrange. Elle ne savait pas ce qui était le plus effrayant : ce qu'il avait dit ou le fait qu'elle commençait à se demander si, d'une manière ou d'une autre, il avait raison.

À l'intérieur de la librairie, l'odeur des livres anciens lui apporta un peu de réconfort, un calme temporaire. Mais même ici, entourée de papier et d'encre, elle n'arrivait pas à chasser cette idée, ce lien qu'il avait évoqué. Elle se força à se concentrer sur les étagères, à chercher ce qu'elle était venue trouver, mais la réalité semblait de plus en plus floue, comme si la magie ancienne dont Dolohov parlait cherchait à percer à travers la couche d'illusion qu'elle avait mise autour d'elle.

Elle retrouva rapidement un ouvrage qu'elle cherchait, un vieux manuel sur la magie de défense. Elle en attrapa un autre au passage, tout en essayant de se recentrer. Mais quand elle se tourna pour aller payer, ses yeux se posèrent un instant sur une étagère, et elle aperçut un livre étrange, plus vieux encore que les autres. Un livre sans titre, dont la couverture semblait se fondre avec l'obscurité de l'ombre qui l'entourait.

Elle s'approcha, une sorte d'attirance inexplicable la poussant à l'ouvrir. Le livre se mit à vibrer légèrement sous ses doigts. Le titre s'inscrivit lentement, presque de façon surnaturelle, à mesure qu'elle le feuilletait : L'Étreinte des Âmes Sœurs. Un frisson parcourut son échine.

Elle s'empara du livre avec une rapidité presque frénétique, se sentant soudainement poussée à en savoir plus. Mais au moment où elle allait le refermer pour l'acheter, une voix familière, celle de Ron, fit irruption dans la pièce.

— Hermione ! On t'attend aux Trois Balais, s'écrivit-il, son ton inquiet.

Hermione se retourna brusquement, un sourire rapide, presque trop forcé, apparaissant sur son visage.

— Je suis désolée, Ron, je… je suis en train de chercher quelque chose d'important. Je ne vais pas tarder.

Ron la regarda un instant, suspicieux, avant de lâcher un petit soupir.

— Tout vas bien Hermione? On s'inquiète pour toi, tu sais ?

Elle acquiesça, posant une main sur son épaule avec un sourire qui se voulait rassurant.

— Je sais, mais tout va bien. Juste… je dois m'occuper de quelques trucs. Je serai là dans un instant.

Ron hocha la tête, mais son regard restait empreint de préoccupation. Il s'éloigna à contrecœur, laissant Hermione seule avec ses pensées et le livre étrange entre les mains.

Une voix intérieure lui murmurait de le refermer, de partir et de ne plus y penser. Mais une autre voix, plus sombre, la poussait à plonger dans les mystères qu'il contenait. Parce que, après tout, comment pouvait-elle ignorer ce qui semblait la chercher, ce lien, ce destin qui la traquait même dans ses moments de paix ?

Avec une dernière hésitation, elle se glissa vers la caisse, prête à se confronter à des vérités qu'elle n'avait peut-être pas encore prêtes à entendre.