Chapitre 2 : Mauvais arrêt


Salut tout le monde!

Je mets ce nouveau chapitre en ligne. Merci beaucoup à celles et ceux qui suivent ma petite histoire ainsi qu'à Anya Kristen pour son gentil commentaire. La rencontre avec Harry est dès le prochain chapitre. Je voulais poser mon personnage principal avant de rentrer dans l'histoire.

Plein de bisous.


Le lendemain, le ciel était dégagé sur Londres, l'orage de la veille était déjà très loin. Dani s'était réveillé péniblement un peu avant le lever du soleil, les nuits n'étaient pas très reposantes dans cette vieille maison délabrée. Les quelques jours que la fillette avait passés dehors avaient été harassants, surtout qu'elle n'avait fait aucune nuit complète. Merlin sait qu'elle n'aurait pas dit non à huit heures de sommeil ou même une petite semaine de coma pour récupérer de sa fatigue.

Cette nuit était sa dernière dans le vieux squat, toujours certaine de sa décision de la veille. Le sud s'annonçait prometteur.

Dani enleva son uniforme d'écolière froissé avec lequel elle avait dormi. La jeune fille passa une tenue plus confortable composée d'un tee-shirt et d'un bermuda. Elle se dit que ses cheveux en vrac et son air fatigué ne l'aideraient pas si elle devait prendre le train aujourd'hui. Comme Dani ne pouvait rien faire pour la fatigue, elle choisit de s'attaquer à ses cheveux. La jeune fille passa laborieusement ses doigts dans son épaisse crinière, grimaçant quand des nœuds tiraient la peau sensible de son crâne. Après quelques minutes d'efforts Dani ne semblait plus avoir un nid d'oiseau sur la tête et put faire une tresse toute simple qui lui descendit entre les omoplates.

Regardant ses affaires éparpillées dans toute la pièce, Dani soupira avant de les répartir entre un sac de voyage et un cartable qu'elle glissa sur ses épaules.

Le soleil sortit de derrière les toits au moment où Dani quitta la maison. C'est dans le plus grand des silences qu'elle quitta les lieux, pour ne pas attirer l'attention des autres squatteurs. Ces derniers étaient de nature plutôt imprévisibles, le peu de contact que Dani avait eu avec eux s'était plutôt mal passé. La première nuit passée dehors avait été la plus terrifiante. La jeune fille avait dormi dans une ruelle nauséabonde où un groupe de jeunes fêtards l'avait réveillée. Ils l'avaient harcelé, la poussant à plusieurs reprises, quitte à la faire tomber jusqu'au moment où elle avait pris ses jambes à son cou.

C'est chargé comme un mulet qu'elle se dirigea vers la station de train la plus proche. Son cartable sur le dos lui pesait lourd mais pas autant que le sac de voyage qui battait contre sa hanche à chaque pas. De plus, difficile pour elle de passer inaperçue aussi lourdement équipée.


Depuis plusieurs jours, la vie de Dani avait basculé et elle s'était enfuie de chez elle. Ce n'était pas la première fois que la jeune fille prenait la poudre d'escampette, mais en général elle se contentait de faire l'école buissonnière et de revenir le soir.

Ces journées d'explorations étaient toujours les meilleures qu'elle passait. C'était bien mieux que l'école de riches dans laquelle ses parents l'avaient inscrite. Les autres enfants se moquaient de son accent – en même temps, quand on grandit en Iran difficile d'avoir un accent londonien – et de sa couleur de peau – malgré ses cheveux roux foncés elle avait hérité de la peau mate de sa mère.

Dani n'avait réussi à s'en sortir que grâce à ses petits tours de passe-passe et à sa magie. La jeune fille était une sang mêlée, ses parents lui avaient quand même appris à se débrouiller dans les deux mondes. Il lui semblait cependant plus discret de se fondre dans le monde moldu, la communauté sorcière étant trop petite pour y disparaître aisément.

En réalité, Dani ne savait pas vraiment combien de temps elle comptait partir. Dans ses rêves les plus fous, la jeune fille ne revenait jamais et vivait comme Robinson Crusoé dans la forêt. Il était plus probable qu'elle retourne chez elle avant la fin de l'été. Elle avait quand même pris un exemplaire du livre de Defoe au cas où... En attendant, Dani se sentait libre de faire tout ce qu'elle voulait, malgré les mauvaises conditions de vie, elle ne regretta pas son choix un seul instant.

Ses parents étaient très loin de se faire un sang d'encre pour leur fille unique. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'elle partait, tous deux étaient loin d'ignorer ses promenades loin de l'école qu'il lui arrivait de faire.

Née à la fin des années 70 en Iran, elle avait dû apprendre à se débrouiller dans un pays en guerre. La révolution iranienne avait provoqué beaucoup de violence dans le pays, ainsi que le départ de ses citoyens. Ses parents et elle-même faisaient partie de l'exode. Ils étaient tous les trois retournés dans le pays d'adoption de son père, l'Angleterre.

Les bombardements de Téhéran n'étaient plus présents dans l'esprit de Dani, à part sous forme de cauchemars passagers. Dani se rappelait surtout de sa vie à la campagne, de sa maison dans le sud du pays en plein désert, de la mer du Golfe d'Oman. Sa famille s'était réfugiée dans la capitale quand des bombardements avaient eu lieu, pris dans une bousculade la fillette de 4 ans avait été hospitalisée. C'est à ce moment que ses parents avaient décidé de rentrer à Londres.

Arrivée à la gare, Dani attendait posée sur un banc sur les quais de King Cross le prochain train en partance vers le sud. La perspective de partir loin de l'été pluvieux de Londres lui mettait du baume au cœur. Peut-être pourrait-elle même se baigner dans la mer...

La locomotive arriva enfin et Dani se plaça dans un wagon du milieu, sans prendre de ticket. Assise contre une vitre, la jeune fille regarda le paysage défiler après le départ de la gare. Le centre-ville et ses murs tagués céda lentement sa place aux banlieues péri-urbaines du Grand Londres.

Le contrôleur du train, un homme à la carrure de taureau dans son costume étriqué, arriva dans la voiture. Il commença à vérifier les tickets de tous les passagers à l'avant de la voiture, mais heureusement pour la jeune fille, ils étaient nombreux. Tellement nombreux que Dani attendit calmement l'arrêt suivant pour repartir vers un wagon déjà contrôlé. Malheureusement la chance n'était pas du côté de la jeune fille car un autre contrôleur se trouvait encore sur place. L'homme vit la tête rousse se glisser entre les portes aux derniers moments.

D'un pas lourd il se dirigea vers Dani et posa une main sur son épaule. La jeune fille qui ne l'avait pas entendu arriver se retourna d'un bond.

"-Tu as ton ticket, petite ?"

Face à lui, Dani ne sut pas quoi répondre, surtout que la main de l'homme était toujours sur son épaule. Le contrôleur était bien plus haut qu'elle et très intimidant pour la jeune fille. C'est pourquoi Dani profita d'une secousse du train un peu plus forte que les autres pour se dégager brusquement. Prise dans son mouvement, elle fit tomber au sol son plus gros sac.

Le contrôleur et la fillette se faisaient face comme des cowboys du Far West, aucun des deux n'osaient faire le premier mouvement. Lui n'osait pas faire usage de la violence sur une enfant alors qu'elle se tenait prête à bondir dès que possible.

La sonnerie indiquant l'ouverture des portes retentit et Dani ne réfléchit pas plus longtemps avant de se jeter hors du train. Une fois sur le quai elle courut loin du train et poussa un soupir de soulagement en l'entendant repartir.

Dani marchait hors de la gare d'un pas vif quand elle se rendit compte que son plus gros sac lui manquait. Son bagage contenait tous ses vêtements ainsi que quelques livres qu'elle avait pris chez elle. Des larmes de frustration commençaient à couler qu'elle essuya rageusement. Pourquoi avait-il fallu que ce foutu agent du train la remarque ?

Maintenant qu'elle ne pouvait plus reprendre le train, Dani choisit de continuer à pied dans les quartiers résidentiels, c'était sa meilleure option pour le moment.


Merci à celles et ceux qui ont lu jusqu'au bout, surtout avant la correction.

Bisous à tous!