Hello,
Nouveau chapitre pour ce week-end.
Ca à été un calvaire de l'écrire mais je pense avoir réussi à respecter (dans les grandes lignes ) le système juridique britannique, déjà que je galère à comprendre celui en France... A la base ce devait juste être des témoignage mais j'ai un peu étoffé alors j'espère qu'il va vous plaire.
Merci à tous ceux qui laisse des Reviews et à Charly (qui corrige mes chapitres).
Bisous et bonne lecture,
XcheschireCat.
Chapitre 27: Vous n'aviez rien vu?
"-Nous sommes le vendredi 18 octobre 1985, il est 09h05. Lord Fell comparaissez aujourd'hui devant la Magistrate's Court afin que nous déterminions si vous pouvez être relâché sous caution. Je suis le Magistrat Owens, vous êtes en présence de votre avocat Maître Stevens mais aussi du procureur Laury. Lord Fell, vous voulez laisser la parole à votre avocat?
-Non, Sir Magistrate. Je vais parler pour moi-même.
-Bien, Je rappelle cependant pour le greffe que vous avez plaidé coupable aux chefs d'accusation suivants: meurtre avec préméditation, torture, séquestration, meurtre sur un agent dépositaire de l'autorité publique, dégradation de propriété privée, violation de propriété privée, dissimulation et destruction de preuve. Cependant en Angleterre l'aveu n'est pas une preuve, votre procès aura donc lieu à la High Court dans moins de treize semaines.
-Je comprends. Je reconnais cependant les faits qui me sont reprochés.
-Bien Lord Fell, j'ai cependant sous les yeux les relevés de vos différents comptes en banque qui ont été gelés par la police. Vous êtes en possession d'une fortune considérable qui pourrait vous être utile si vous vouliez quitter le pays pour échapper à la justice.
- Je ne le ferai pas.
-Contentez-vous de répondre à mes questions Lord Fell." Le magistrat se redressa de derrière son pupitre pour fusiller le blond du regard. "L'enquête de police nous a appris que vous aviez vécu à l'étranger pendant de longues années, suffisamment longtemps pour que le gouvernement britannique refuse de vous libérer sous caution. Vous resterez dans la maison d'arrêt de Brixton jusqu'au moment de votre procès qui sera fixé dans le mois à venir. Avez-vous quelque chose à rajouter?
- Je souhaiterais une expertise psychologique pour attester d'une maladie mentale. Cette maladie m'aurait poussé à commettre les actes qui me sont reprochés.
-Accordé. Le gouvernement vous fera examiner par un psychiatre de mon choix, vous pourrez faire appel à un expert pour une contre expertise."
"-Nous sommes le 13 décembre 1985 et je suis le juge Spencer. Nous débutons le procès de Docteur Ezra Malcolm Fell. L'accusé a plaidé coupable pour toutes les charges qui ont été portées à son encontre mais c'est à vous, membres du jury, déterminez s'il dit la vérité ou non. La parole est à l'accusation, Monsieur le Procureur vous pouvez commencer.
"-Merci Sir Magistrate. J'appelle comme témoin Lady Fell."
Comme prévu avec les avocats, Anthonia prit place au pupitre des témoins dominant la salle d'un regard glacial.
"-Pouvez-vous vous identifier?
-Je suis Anthonia Joséphine Fell, née Parassabat. Je suis l'épouse du docteur Ezra Fell.
-Lady Fell, avez-vous déjà rencontré Adam Fell?
-Non jamais.
-Votre mari, l'accusé, vous a-t-'il déjà parlé de lui.
-Non.
-Avez-vous déjà rencontré l'une de ces personnes? Pour les membres du jury je montre les photographies de Jesse Gail, Mathias Delinger, Veronica Solomon, Aaron Douglas, Douglas Kennedy et Laura Jensen.
-Je ne les ai jamais vus.
- Pas même Jesse Gail dont les journaux ont parlé ? " Interrompit un membre du jury.
"-Non."
Le procureur reprit la parole avec les photographies. "Ce sont les six dernières victimes du tueur surnommé "le chirurgien" depuis que votre famille est revenue en Angleterre.
-Y a-t-il une question?
-Etiez-vous au courant des activités de votre mari?
-Pour la douzième fois, non." La dame commençait à en avoir marre de répondre aux mêmes questions depuis deux mois.
"-Si vous n'avez plus de questions Monsieur le Procureur la parole est à la défense.
-Oui Sir Magistrate." Le procureur se retourna vers le témoin pour poursuivre son interrogatoire. "Votre mari plaide coupable mais demande des circonstances atténuantes car il prétend ne pas être responsable de ses actes. La folie est un excellent moyen pour lui d'échapper à la prison à vie.
-Je n'entends toujours pas de question."
Le Sire Magistrate se tourna vers la Lady avec un air contrit, "My Lady, je vous prie de ne pas vous montrer insolente avec le procureur, je ne tiens pas à vous inculper vous aussi. Reprenez Monsieur le Procureur.
-Merci. Donc Lady Fell ma question est la suivante: Aviez connaissance d'un état mental altéré chez votre époux?
-... Mon époux … Il a longtemps présenté un état dépressif, restant parfois de longues heures catatoniques. Au début de notre mariage il était aussi victime de crises de panique parfois très violentes et de terreurs nocturnes. Tout ceci est lié à une enfance traumatisante qui l'a rendu instable à l'âge adulte.
-Mais pourtant vous n'avez rien vu?" Questionna le procureur.
"-Il est évident que j'ai vu sa dépression mais je n'ai jamais imaginé que mon mari puisse être violent.
-Savez-vous s'il à déjà consulté un psychiatre?" Demanda à son tour l'avocat de la défense.
"-Je sais qu'il a consulté plus jeune, à l'adolescence mais il n'a jamais pris de traitement. S'il en avait pris un, il n'aurait pas pu exercer la médecine.
-Ce sera tout pour mes questions."
Le juge laissa le temps aux membres du jury de poser encore quelques questions aux témoins avant de passer à la personne suivante.
"- Pouvez-vous décliner votre identité? Et votre lien avec l'accusé.
-Je suis Persévérance Killick, le majordome de la famille. Je connais l'accusé depuis 1945, lors de la libération du camp de Bergen-Belsen. Trois ans plus tard, j'ai été engagé par Jophiel Fell comme majordome ou j'ai regardé les enfants grandir. En 1968 c'est Lord Ezra qui m'a engagé pour sa propre famille."
Les membres du jury étaient pendus aux lèvres du vieil homme qui rapportait une part d'Histoire avec lui. L'avocat, Maître Stevens, ne se laissa pas attendrir commença les questions avec la même avidité que les autres personnes dans la salle.
"- Monsieur Killick, le psychiatre de la défense a établit un diagnostic dont la conclusion est un trouble de la dépersonnalisation. L'une des causes de ce trouble est la maltraitance lors de l'enfance mais aussi avoir connu un danger qui a menacé sa vie. Pouvez-vous nous confirmer que cela s'est produit?"
Killick regarda ses mains comme s'il avait honte de parler d'une chose aussi intime devant autant de gens.
"-J'avais vingt et un ans quand je suis entré dans le camp de Bergen-Belsen. Je devais retrouver une mère et ses deux garçons dont le mari travaillait pour les renseignements britanniques. J'ai retrouvé les enfants dans un charnier où des malades du typhus avaient été rassemblés et devaient y être brulés. Je les ai sorties de là avant d'être évacué après quelques jours sur place car j'ai même attrapé le typhus. J'étais un jeune homme, qui avait fait la guerre mais pourtant ces quelques jours passés quand ce camp plein de moribond est ce qui revient dans mes cauchemars. Alors pour des enfants qui y sont restés presque trois ans, je n'ose pas imaginer les dégâts sur leur psyché."
Le procureur cru bon d'intervenir pour discréditer le témoignage poignant du majordome.
"- Toutes les personnes dans les camps ne sont pourtant pas devenues des tueurs. Alors selon vous pourquoi c'est le cas de votre employeur?
- Je ne suis pas médecin, je ne saurais pas dire pourquoi les personnes qui ont vécu ces expériences réagissent différemment.
-Mais l'accusé n'a jamais eu le moindre diagnostic montrant une altération de sa santé mentale?
-Ce n'est pas vraiment le genre de chose dont on parle dans notre milieu. Les maladies mentales, les psychiatres et d'autres… choses du genre n'ont jamais eu leur place dans l'éducation des garçons. Les sensibilités de ce genre sont pour les gens du beau sexe et non pour les hommes qui doivent tout garder en eux.
- Donc si je résume bien vos propos, l'accusé est probablement atteint d'une maladie mentale mais puisque c'est un homme qui a gardé tous ses symptômes cachés.
-En effet.
-Je pense que nous pouvons passer au témoin suivant si vous n'avez plus de questions Messieurs." Conclut le juge.
"-Je suis le docteur Joseph Weiss. Je travaille comme urgentiste à St Pancras avec Ezra depuis le mois de mai dernier. Nous nous connaissons depuis notre enfance, dans le ghetto de Varsovie puis le camp. Nous avons partagé un appartement à Oxford pendant notre internat puis à Jérusalem."
Joe ressemblait à un fantôme avec les visages blanc comme la craie dont les taches de rousseur ressemblaient à des gouttes de sang. La perspective que son ami soit le même genre de monstres que ceux qui lui avaient enlevé son innocence et qui avaient peuplé ses cauchemars.
Maître Stevens ouvrit le bal des questions; " Docteur Weiss, vous avez côtoyé l'accusé pendant des années. Avez-vous remarqué des séquelles psychologiques?
-Objection!" Intervint le procureur. "Le témoin est partial, il ne peut pas donner son opinion de médecin alors qu'il est ami avec l'accusé.
-Refusé. Il lui est demandé s'il a vu des signes psychologiques et non un avis médical. Poursuivez Docteur Weiss.
-Je… Lors de nos études Ezra pouvait se battre avec d'autres étudiants, il avait le sang chaud mais en général le lendemain il ne se rappelait plus de rien. À l'époque, j'avais mis cela sur le compte de l'alcool, avec le recul je pense à une fugue dissociative, une part d'Ezra avait besoin d'exprimer la violence qu'il avait au fond de lui. Cependant cette violence il ne pouvait pas l'accepter, pas après celle qu'il avait subie.
- C'est le médecin ou l'ami qui parle, docteur Weiss?
-L'un et l'autre, je ne peux pas séparer la personne que je suis et l'amitié que je porte à Ezra. Je sais cependant que son frère, David, l'avait envoyé dans l'hôpital psychiatrique de Bethlem dans sa jeunesse. Il est allé mieux pendant un temps après ça.
-Cependant nous n'avons trouvé aucune trace de cet internement. C'est quand même pratique.
-C'était il y a plus de trente ans et Ezra était mineur "
L'un des membres du jury s'aventura à poser une question au médecin.
"-Docteur Weiss, vous pouvez nous dire comment était votre ami la journée du 21 septembre? C'est le jour où l'accusé a enlevé le docteur Adam Streight.
-Ce jour, il est resté tard à l'hôpital la veille mais c'était habituel pour lui. J'ai travaillé de matin cette semaine-là, nous avons pris le petit déjeuner ensemble puis il est rentré chez lui.
-Vous lui avez reparlé dans la journée?
-Oui pendant ma pause-déjeuner. Il a passé un coup de fil pour que nous prenions des places pour Hamlet.
-L'avez-vous revue le soir?
-Brièvement, il devait arriver plus tôt à l'hôpital pour que l'on dîne ensemble avant son service de nuit mais il est arrivé en retard. Il semblait normal.
-Alors qu'il venait de kidnapper son collègue et de l'enfermer dans le coffre de sa voiture.
-C'est un symptôme de la dissociation, le malade fait des choses sans la moindre émotion, comme un automate. Il n'avait pas conscience de ses actes." Satisfait des réponses, l'homme du jury se cala de nouveau confortablement dans son siège en hochant la tête.
"-Docteur Glencow vous travaillez bien au service pathologie de l'hôpital de St-Pancras?
-Oui c'est exact."
Le pathologiste était mal à l'aise, probablement parce qu'il était certain qu'il perde son travail après avoir fait des analyses à des fins personnelles.
"- Pouvez-vous nous raconter ce qui s'est passé la dernière fois que vous avez vu Adam Streight?
-Il m'a contacté en septembre dernier pour demander mon aide. Car voyez-vous l'année dernière j'ai fait des analyses ADN sur le sang de Jesse Gail et un autre échantillon que le docteur David Fell m'avait donné.
-Quel était le résultat de ces tests ADN?" Poursuivit le procureur.
-Les deux échantillons provenaient de la même personne, Jesse Gail. David Fell ne m'a jamais dit où il avait trouvé le sang quant à Adam Streight il ne semblait pas surpris quand je lui ai appris.
-Et vous n'aviez jamais donné ce détail à la police lorsqu'elle a enquêté sur le meurtre de la jeune fille?
-Non, je n'avais plus les résultats et … je ne pensais pas que c'était important.
-Dites surtout que vous ne vouliez pas perdre votre travail, aujourd'hui vous allez être inculpés pour rétention d'information."
Le juge calma un peu le procureur, ce n'était pas le procès de Glencow qui se jouait aujourd'hui. Et l'ultime témoin fut appelé à la barre.
"-Bonjour Miss, vous pouvez dire votre nom à tout le monde?
-Je suis Daniella Fell, la fille d'Ezra Fell.
-Je suis le procureur Laury dans cette affaire, ça veut dire que je vais te poser des questions. Tout comme l'avocat de ton père, Maître Stevens. Lorsque tu es assise ici il est important que tu dises la vérité, tu comprends?"
Dani hocha la tête mais serra la chaise sur laquelle elle se trouvait, anxieuse comme jamais. Tous les regards étaient braqués sur elle, la jeune fille pouvait voir les personnes qui allaient juger son père dont certaines chuchotaient assez peu discrètement entre eux. Plus important que tout, elle évita de regarder en direction de son père qu'elle n'avait pas vu depuis l'arrestation.
"- Vous pouvez me raconter la journée du 17 octobre?
-Je suis allée à l'école comme tous les jours depuis septembre. C'est Mme Hugues qui m'y a conduit, je sais qu'elle devait ensuite aller à York et donc que c'est… Ezra qui devait repasser me récupérer à 17h.
- Et après ?
-Après le déjeuner je me suis senti pas bien et j'avais très mal à la tête alors je suis allé voir l'infirmière scolaire. J'ai appelé Flloyd, le chauffeur de la famille pour qu'il me ramène à la maison, il m'a déposé devant la maison avant de partir.
- Il n'est pas resté?
-Non, c'était son jour de congé. Je suis rentrée dans la maison, comme j'avais toujours mal à la tête je suis allée dans le bureau de papa voir s'il était là.
-Et qu'est-ce que tu as vu?
-Je ne suis pas rentré, je suis resté devant la porte car il parlait avec le policier, mais je ne savais pas encore qu'il était de la police à ce moment-là." Dani baissa les yeux face aux regards qui la scrutaient comme si elle était un scarabée sous un microscope. "J'ai repassé la tête par la porte du bureau et j'ai vu papa qui plantait un couteau dans la main du monsieur.
-Est-ce que vous vous êtes senti en danger à ce moment-là?
-Je ne sais pas, je ne l'avais jamais vu comme ça mais c'est mon papa.
-Et qu'est-ce vous avez fait après?
-Je suis allé appeler la police.
-Pouvons-nous écouter la bande?" Demanda l'un des jurés.
"-Police secours, je vous écoute.
-Il faut que des policiers viennent chez moi.
-Bien ma grande, tu peux me dire ton nom?
-Dani.
-D'accord Dani, tu peux me dire où tu habites?
-C'est le 7 rue Eaton sur Belgravia Square, mais les policiers doivent passer par la porte de la ruelle. Elle mène au sous-sol où il y a un homme enfermé, il s'est pris un coup de couteau.
-J'ai envoyé une patrouille, elle va arriver très vite.
- Ils doivent se dépêcher sinon mon père va le tuer."
Ezra avait eu le droit de mettre un costume pour l'occasion et non un uniforme de prisonnier. Au moment où le procureur haranguait la salle, exhortant les jurés à faire le bon choix et à le condamner. A ses côtés, Maître Stevens serrait sa serviette en cuir pour évacuer son stresse et peut-être sa peur. La salle était pleine de personnes, des journalistes, les familles de ses victimes et aussi certains de ses amis sans oublier sa famille et tous le jugeaient.
Le blond vit sa femme au premier rang, le visage fermé et l'air royal. Dani n'était plus là, Dieu merci, Ezra n'était pas certain de pouvoir encore faire face à sa fille. Après les témoignages de ses proches, les psychiatres se déchirèrent à la barre pendant plusieurs jours pour déterminer sa part de responsabilité dans les meurtres. Au troisième jour, le témoignage du commissaire Navarro ne fit pas pencher la balance en sa faveur. Le fait qu'il ait séquestré et torturé un représentant des forces de l'ordre ne l'aidait pas, tout comme le légiste qui avait autopsié Adam. Définitivement, la torture ne lui attirait la sympathie de personne.
Au moment où les jurés quittèrent la salle pour délibérer, Ezra n'était pas certain de s'en sortir indemne. Le médecin sentit cependant une main se poser doucement sur son épaule, sa femme, il pouvait reconnaitre son parfum.
"-Tu aurais dû me le dire Zira, je t'aurais aidé. Ne t'inquiète pas pour les jurés, tout ira bien."
Ezra respira profondément en entendant ces paroles, Anthonia avait toujours été sa plus grande alliée. Il pouvait sentir qu'elle restait assise derrière lui, comme une ombre silencieuse qui veillait sur lui sans que personne ne se rende compte des tours de passes-passes de la rouquine.
Les jurés se décidèrent rapidement et le président rendit leur décision.
"-Après délibération nous déclarons Ezra Fell coupable pour tous les chefs d'accusation.
-Merci Monsieur le président, en tant que juge c'est à moi de déterminer votre peine." Le juge Owens avait les yeux légérement voilés et l'air absent et Ezra comprit que c'était lui la marionnette de sa femme. " Au vu de vos antécédents et de l'avis des psychiatres, je pense qu'il est juste de vous envoyer dans l'hôpital psychiatrique de Bethlem à perpétuité."
La salle se remplit de brouhaha face à la décision d'Owens comme des abeilles mécontentes mais tout ce qu'Ezra retenait était qu'il ne finirait pas en prison. Le juge s'adressa à toute la salle avant de crier
"Affaire suivante!"
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