Hello,
Nouveau chapitre pour vous où on apprends plus sur les conséquences de l'explosion du noyau magique de Martin, sur les activités de Dani pour la famille Kray et d'autre choses... Je vous laisse découvrir.
Bonne lecture,
bises.
Chapitre 38:Les cicatrices qui vous poursuivent
Albus regarda Mondingus Fletcher avec un air pincé. L'homme assis devant lui avait bien effectué la mission qui lui avait été confiée mais avec tellement de dégâts que le directeur regrettait de l'avoir envoyé. Le vieux sorcier se disait qu'il aurait mieux fallu qu'il aille lui-même en Italie.
"-Le gamin ne savait rien sur la fille.
-Tu devais le ramener en Angleterre, Mondingus. Pas le laisser là-bas ou ne pouvons pas l'aider.
-Il n'avait pas l'air d'avoir besoin d'aide. L'gamin sait très bien se débrouiller sans qui que ce soit."
Albus se pinça l'arrête du nez, comment un homme, fût Mondingus, ne pouvait pas réaliser pourquoi il ne fallait pas laisser un adolescent de quatorze ans seul dans les rues. Surtout un adolescent qui avait vu son noyau magique imploser comme Martin de la Serna. L'asile de Clearwater responsable de cette débâcle avait reconnu la fillette mais n'avait plus le dossier, il avait mystérieusement disparu après une généreuse donation anonyme. Cependant le directeur avait fait le lien entre elle et l'adolescent qu'il avait demandé à Mondingus de ramener. C'était la seule piste du directeur pour le moment.
"-Vous pensez que nous pourrions convaincre le garçon de nous suivre si nous le retrouvions de nouveau?"
Mondingus sur tortilla sur le fauteuil, mal à l'aise.
"-J'suis pas certain d'ça, M'sieur." Marmonna l'arnaqueur.
Sentant qu'il y avait anguille sous roche le directeur se posta face au roux pour le regarder dans les yeux, prêt à déceler le moindre mensonge.
"-Qu'as tu fait Mondingus? Dis-le moi!" Ordonna le puissant sorcier et Mondingus ne put que se plier aux ordres.
"-Il est possible que la conversation ait un peu … dérapé.
-Dérapé? Expliques-toi.
-J'étais en train de l'emmener en lieu sûr quand il m'a attaqué. J'ai failli perdre un œil!" S'exclama-t-il en montrant son arcade sourcilière encore rouge et gonflée mais Albus ne dit rien pour le soutenir alors Mondingus continua son histoire. "J'ai dû transplaner en urgence avec lui et l'gamin a perdu un bout d'oreille dans l'histoire. J'vous jure sur Merlin que j'lai pas touché c'était juste un accident.
Mondingus!" Se récria Albus en se levant d'un bond. ""Comment veux tu qu'il nous fasse confiance maintenant!"
En face l'arnaqueur se recroquevilla sur lui-même dans l'espoir d'échapper à la colère du grand manitou. Il fut sauvé de la tempête par l'arrivée inopinée de Ted Tonks par cheminette.
"-Je tombe au mauvais moment?" Demanda le nouveau venu, il regarda sa montre. "Je pensais qu'on avait dit quinze heures.
-Je vous en prie Ted, assoyez-vous." Le directeur se calma de suite et fit apparaître un nouveau fauteuil d'un geste paresseux de la baguette.
Ted salua Mondingus avant de prendre place, curieux de connaître la raison de cette réunion.
"- Ted si je vous ait demandé de venir c'est pour une affaire hautement confidentielle je pense pouvoir me fier à vous pour faire preuve de discrétion.
-Bien évidement Monsieur le Directeur.
-C'est très bien comme ça. Il a rencontré il y a peu un enfant qui à eu une explosion du noyau magique. Mondingus, décrit ce que tu as vu sur les mains du garçon.
-Heu…" L'homme se redressa, voyant là une chance de se rattraper. "Il avait les mains couvertes de cicatrices, ça formait des lignes rouges en forme de … toile d'araignée. Il avait la tremblote aussi, mais ça c'était peut-être à cause de moi…"
Cette dernière réflexion lui valut des regards outrés (Albus) et curieux (Ted).
"-Et vous me dites que le garçon a eu une explosion de son noyau magique?" Demanda le chercheur.
"-Je crains que oui, il y a environ un an.
-Quel âge a-t-il?
-Il a eu quatorze ans en mai.
-C'est son dossier?" Demanda Ted en voyant Albus lire un parchemin.
"-Oui, il a été admis à Clearwater en mars 1985 et il s'en est enfui en août de la même année.
-Vous auriez dû commencer par là, Albus. Cet endroit est un cloaque immonde qui brise tous ceux qui y entrent." En proie à une frénésie, Ted se mit à arpenter la pièce en parcourant le dossier. "Il est encore pire que les maisons de fou moldu au XIXème…
-Je sais, je sais tout ça." Coupa Albus. "Vous prêchez un convaincu. Si je l'avais pu, j'aurais fermé cet endroit depuis longtemps mais nous ne sommes pas là pour parler de ça. Dites m'en plus sur l'état du garçon."
Ted soupira et retourna s'asseoir. Il prit le temps de se servir une tasse de thé et d'en boire une gorgée, le temps de rassembler ses esprits.
"-Une explosion du noyau magique à cet âge est rare, c'est tardif. Et c'est encore plus rare de voir le sorcier y survivre. Ce que Mondingus à décrit est un effet secondaire courant, les cicatrices marquent l'endroit où la magie a été expulsée. Ce qui est inquiétant c'est que les plaies soient toujours rouges après autant de temps. Cela veut dire que les nerfs brachiaux ne sont toujours pas guéris, alors qu'un an aurait largement suffi." Ted se leva de nouveau et retourna faire les cent pas. " Je m'avance peut-être un peu mais je pense qu'il n'a pas totalement perdu sa magie, elle continuerait de fuiter par ses cicatrices sous la forme d'un flux instable, ce qui expliquerait les cicatrices rouges. Ce garçon a littéralement les nerfs à vif depuis l'explosion. Son noyau magique est semblable à… au noyau d'une centrale nucléaire. Comme… Comme… Comme Tchernobyl… Après l'explosion il y a les retombées.
-Et il ne peut pas guérir seul?
-La magie continue de circuler en lui, c'est cela qui est dangereux car les canaux sont abîmés et qui créent de nouvelles fuites. Avec le temps ces canaux vont s'atrophier et il pourrait avoir une explosion secondaire." Ted se tourna vers ses deux interlocuteurs pour être certain qu'ils comprennent. "Cette explosion le tuerait, c'est certain. Elle tuerait potentiellement toutes les personnes qui se trouvent autour de lui."
Un silence suivit sa déclaration et il se prolongea quelques minutes jusqu'au moment où Mondingus le brisa.
"-J'ai rien compris."
Le chercheur lui jeta un regard désespéré avant de marmonner quelque chose qui ressemblait à "foutu sorcier."
Albus lui s'enfonça dans son fauteuil avant de faire un bref récapitulatif dans sa tête. Harry vivait avec une jeune sorcière, issue d'une famille sorcière probablement fortunée. La jeune fille était passée par l'asile de Clearwater pour une raison inconnue et avait aidé une bombe à retardement à l'enfuir.
Aucune famille anglaise dans les registres de Poudlard ne correspondait à cette description. Il fallait à Albus une nouvelle approche.
Les marches de l'escalier en bois grincèrent légèrement sous le poids de Daniella. Elle était dans la maison d'un certain Strauss, l'attaché culturel à l'ambassade de la RFA. Ce monsieur avait un garçon qui se prénommait Albert qui était un peu plus jeune que la sorcière mais elle avait fait en sorte d'être placée dans la même classe que lui. Albert était un garçon maladivement timide ce qui freinait son intégration parmi les autres enfants, la seul qui avait réussi à l'approcher était Dani. C'était aussi la première amie qu'il invitait chez lui.
Les deux enfants avaient commencé une partie de roleplay en début d'après-midi et ils y étaient toujours deux heures plus tard. Daniella avait prétexté une pause pipi pour se rendre dans le bureau de l'ambassadeur. La pièce n'était pas fermée à clef et la rouquine avait pour simple mission de laisser un stylo que Killian lui avait donné dans le pot à crayon. Ce qu'elle fit presque sans incident car au moment de ressortir elle tomba nez à nez avec le père d'Albert.
"-Eh bien, que fais-tu ici jeune fille?
- Je cherchais la salle de bain." Murmura Dani, faussement contrite. "Je me suis trompée.
-Ce n'est rien ma grande." Assura l'homme en posant une main sur son épaule. "Je vais te montrer."
Ce fut tout, puis l'incident fut clos. La sorcière avait réussi sa mission avec succès. Killian serait content.
Elle passa le reste de l'après-midi à jouer sans que personne ne se doute de sa supercherie. La jeune fille savait que ce stylo allait simplifier le trafic d'armes à feu entre l'Allemagne de l'Ouest et les îles britannique, elle savait que Killian en sortirait gagnant et par conséquent elle aussi. Le jeune irlandais était avide de faire grandir son organisation et il ne lésinait pas sur les moyens pour arriver à ses fins. La moralité de quelques enfants pesait peu pour lui, surtout s'il pouvait s'en mettre plein les poches.
"-Dani?" Albert l'interrompit dans ses pensées. "Tu crois que c'est qui qui gagnes entre le sorcier rouge et l'hydre." Questionna le garçon en lui agitant les deux figurines qu'ils avaient fabriquées sous le nez.
"-Le sorcier, évidemment.
-T'es toujours du côté des sorciers de toute façon." Râla Albert en regardant la statuette de plus près.
"-Parce que les sorciers sont les meilleurs, voilà tout. Et puis il ne faut pas laisser l'hydre gagner, c'est un monstre."
Le garçon hocha la tête, acquiesçant à ces principes moraux binaires qui régissaient le monde des enfants. Les monstres existaient mais seulement pour pouvoir être abattus par les héros.
La série de tunnels qui séparaient les Alpes italienne et française avait de quoi rendre claustrophobe, du moins du point de vue de Martin. Ce dernier était dans un bus en direction de la France avec la ferme intention de se rendre à Monaco par la suite.
La rencontre aussi brève que violente avec un sorcier anglais l'avait convaincu de quitter l'Italie pendant quelque temps. Son oreille le lançait toujours et sa cicatrice faisait de lui une cible facilement reconnaissable, c'est pourquoi il s'était enfoncé un bonnet sur la tête.
Relativement confortablement installé dans son bus l'adolescent regardait le paysage de la nuit défiler avec une certaine angoisse. Il savait que si les aurors britanniques remettaient la main sur lui, il serait probablement envoyé à Azkaban. Martin s'était teint les cheveux en noir et avait trouvé une paire de lunettes de vue pour compléter son déguisement. Il gardait ses gants en permanence maintenant de peur qu'une nouvelle personne ne reconnaisse ses mains brûlées.
La frontière entre l'Italie et la France ne fut pas un problème puisque personne ne contrôla ses faux papiers gracieusement fournis par Nick. L'argentin s'appelait maintenant Salvador Marquez et était originaire de Grenade en Espagne. Le véritable Salvador était au lycée technique de Rome loin de se douter que quelqu'un avait volé de son identité.
Martin eut un peu plus de mal à entrer à Monaco mais il avait appris que quelques francs glissés dans son passeport accéléraient beaucoup les procédures.
Monaco était … le paradis de ceux qui avaient des ambitions de voleur. Les voitures dans les rues étaient les plus jolies et les plus coûteuses que Martin avait vu jusqu'ici. Il y avait tellement de personnes fortunées sur ce petit bout de terre que Martin sentit la tête lui tourner. Monaco était un lieu plein de possibilités et il comptait y faire fortune.
La première chose que l'adolescent fit fut de réserver une chambre dans le plus bel hôtel qu'il vit sur le port.
"-Voici la suite royale monsieur." Annonça le garçon d'étage dans un espagnol hésitant. "Vous avez une deuxième chambre communicante, toujours avec une vue sur le port."
Martin donne un billet de vingt francs à l'homme en livret rouge pour lui faire comprendre qu'il pouvait quitter les lieux. Il avait peur que sinon l'employé se prenne pour un agent immobilier et lui fasse tout visiter.
La suite était immense avec deux lits king size, des canapés très confortables, des dressings incroyablement grands et même un piano.
Martin tourna sur lui-même, pas certain de réaliser ce qui lui arrivait. Puis le blond se jeta sur le lit comme un enfant et sauta pour tester le rebond du matelas. Une voix dans sa tête lui dit qu'il ne pourrait pas garder ce train de vie là éternellement s'il ne se remettait pas à voler au plus vite. Il secoua la tête et décida de profiter de sa première soirée ici. Il fit monter autant de nourriture que possible ainsi que de l'alcool et resta sur le balcon à regarder la Méditerranée. L'incident avec l'anglais revint le tourmenter, pourquoi cherchait-il Dani. Pourquoi la boluda était si importante?
Sans prévenir, il se jeta sur le téléphone posé sur le guéridon et composa le numéro de téléphone qu'il avait appris par cœur.
"-Bonsoir, vous êtes au sept Eaton Street, que puis-je faire pour vous?" Demanda une voix féminine.
"-Vous n'êtes pas Killick?
ne travaille plus ici.
-Voyez-vous, avait l'habitude de me donner des nouvelles de Daniella." Menti l'argentin. "Elle et moi sommes amis et vous savez comme elle est difficile à joindre ces derniers temps.
-M. Killick ne m'a rien dit à ce sujet. Sachez cependant que Miss Fell à quitter le pays."
Martin lui raccrocha au nez , la fillette était hors d'atteinte que ce soit la sienne ou celle des sorciers qui la cherchait.
Harry tira sur les lacets de ses chaussures de toutes ses forces. Dani lui avait demandé de mettre de jolies chaussures en cuir vernies ainsi qu'un beau pantalon assortit à une veste donnée par Killian. Enfermé dans leur minuscule salle de bain, le jeune garçon se débattait avec ses souliers pendant que sa sœur discutait avec son l'irlandais dans le living-room. L'homme avait donné un ancien costume qui n'allait plus à son plus jeune frère afin qu'Harry soit présentable pour ce jour.
Le jeune anglais aimait bien Killian surtout parce qu'il avait pu visiter les écuries de la famille, le garçon avait une fascination pour les chevaux et tous ceux qui en avaient gagnaient sa sympathie. Ce soir cependant il lui en voulait d'être venue pour donner le costume.
"-C'est bon j'suis prêt!" Cria-t-il depuis la salle de bain.
"-Alors montre-nous ce que ça donne!" Lui répondit Dani de la même manière.
Dans leur salon Killian fumait assis sur le bord de la fenêtre ouverte, faisant rentrer le vent froid d'octobre dans la pièce. Sa sœur quant à elle était assise à la table de la cuisine, une tasse de thé dans la main, elle le guettait.
"-Le costume te va bien? Tu n'es pas trop serré?" S'assura la rouquine.
"-Je pense que ça va. Il me manque seulement la cravate, c'est obligé que je la mette?" Demanda-t-il avec espoir en regardant sa sœur.
"-Oui, obligatoire à cent pour cent."
Le garçon soupira longuement puis Killian le prit en pitié et se leva pour l'aider à faire son nœud de cravate.
"-Viens là." Ordonna gentiment l'irlandais en s'accroupissant à sa hauteur. "Tu n'en mets pas pour aller à l'école?
-Si, mais elles ont un élastique c'est plus facile à mettre.
-Ha, je vois." Murmura Killian. "C'est pour ça que tu fais la tête?
-J…" Marmonna Harry en regardant le sol fixement ce qui fait hausser les sourcils à l'homme en face de lui. "Je voulais aller faire la chasse aux bonbons." Répéta-t-il plus fort, un peu honteux. Il était pourtant normal à son âge de vouloir se rendre à une chasse aux sucreries mais sa sœur lui avait dit que c'était important et Harry ne voulait pas la décevoir.
"-Vous aurez peut-être l'occasion de faire le tour des maisons une fois là-bas, mais tu dois comprendre que c'est impératif que tu ailles voir tes parents. C'est ton rôle Harry.
-Je sais. Tu sais que c'est pas vraiment mes parents, juste deux grosses pierres. Des stèles.
-Cela reste toujours ta famille et tu dois faire les choses correctement."
Malgré les encouragements de Killian, Harry était toujours triste mais résigné. Il ne voulait pas aller à Godric's Hollow alors que les autres enfants parcouraient les rues en costume pour trouver des bonbons.
"-Merci pour la tenue Killian." Intervint Dani. Elle avait le visage fermé et l'air tendu, peut-être que sa petite conversation avec Killian l'avait mise en colère? "Mets ton manteau, si on traîne trop nous allons rater notre train.
-Je vous dépose à la gare?" Proposa l'irlandais, d'humeur serviable.
Dani les fit attendre sur le palier pendant qu'elle faisait le tour de l'appartement pour vérifier que tout était éteint. Sa longue robe noire volait derrière elle comme une ombre inquiétante qui la suivait. Elle passa un manteau et un foulard noir dans ses cheveux et ferma la porte d'entrée à clef.
"-C'est bon on peut y aller." Annonça-t-elle avant de prendre d'autorité la main d'Harry et de les mener dans la voiture qui attendait dans la rue.
Le temps pluvieux et froid de Londres était parfaitement accordé à l'humeur morose du petit garçon.
La gare n'était pas vraiment remplie, les gens avaient d'autres choses à faire un trente et un octobre mais ils trouvèrent un vendeur de fleurs à qui ils achetèrent des chrysanthèmes. Harry garda les deux bouquets sur lui tout en restant accroché à sa sœur avec l'autre main. Il nota distraitement que les gens les regardaient du coin de l'œil, furtivement comme on observe la misère des autres. On a peur de s'y attarder trop longtemps et que la misère se mette à nous suivre, alors les gens sont passés devant eux, devant leur chrysanthème et devant leur vêtement noir en se disant "pauvres gosses." Harry, lui, continua de se balancer d'avant en arrière au bord du quai.
Leur train arriva enfin en gare et Dani le traîna dedans et ils s'installèrent dans un coin tranquille. La route dura plus de deux heures avant qu'ils posent un pied dans la ville ou été né Harry. Le jeune sorcier se réfugia près de sa grande sœur au moment où ils entrèrent dans le cimetière, elle le protégeait des fantômes qui erraient le soir d'Halloween et aussi de la pluie. Les lieux n'avaient pas changé en deux ans mais il semblait plus effrayant de nuit alors des monstres pouvaient roder dans l'obscurité. Harry observait tout autour de lui persuader que les ombres cachaient des créatures prêtes à lui sauter dessus. La seule chose qui les maintenait éloignés était Dani qui poursuivait son chemin, déterminée, jusqu'à la tombe de James et Lily Potter.
"-Tu veux leur dire quelque chose?" Questionna la jeune fille en regardant les marbres.
"-Tu penses qu'ils vont m'entendre?
-Ils sont peut-être ici, à attendre que tu leur parles. C'est juste que tu ne les vois pas."
Avec hésitation, l'enfant fit un pas en avant entre les deux stèles avant de se décider.
"-Papa, maman… Je ne sais pas trop ce que… Comment je dois vous parler, parce que je ne me rappelle pas de vous."
Il s'arrêta un instant pour se tourner vers Dani qui fit un signe d'encouragement.
"-Heu… Je travaille bien à l'école, je suis le premier en mathématiques et en lecture. Je n'ai pas encore de copain mais j'y travaille. Moi et Dani on vit au dernier étage d'un appartement, c'est bien parce que je peux regarder le ciel par la fenêtre. J'aime bien lire, surtout des runes comme toi maman. En ce moment j'apprends les runes archaïques norvégiennes. Ce sont les premières qui sont apparus et les moins complexes. Vous saviez que les Viking s'en servaient, même les moldus, les gravaient dans leurs maisons, leurs armes et leurs boucliers. Les runes archaïques avaient plein d'activateurs comme le sang ou la fumée."
Harry resta finalement une bonne vingtaine de minutes à parler de runes et de Vikings, soit bien plus longtemps que sa sœur n'avait espéré.
Après cela, les enfants sillonnèrent le village en piochant dans un gros paquet de bonbons que Dani avait achetés. L'heure tardive avait chassé tous les autres enfants dans leur lit et il ne restait que les adolescents et les adultes pour la plupart ivre. Les deux jeunes se moquèrent allègrement des costumes des gens qui croisaient leur route.
"-Regarde celui-là. Tu penses qu'il est déguisé en quoi?" Demanda la rouquine en pointant un homme en couche-culotte avec un chapeau de paille ensanglanté.
"-Un bébé épouvantail?" Proposa Harry en fouillant dans leur sac de sucreries.
"-Ca semble être un mélange affreux. Et elle, tu l'as vue?"
C'était une jeune femme qui avait fait tentative plutôt raté pour ressembler à un papillon.
"-C'est plutôt une chenille." S'amusa le sorcier. "Ou une limace très colorée. Et lui, tu en penses quoi?"
Harry montrait un homme avec une longue cape noire. Sa démarche tangente néanmoins rapide lui donnait l'impression de voir une chauve-souris en plein jour.
"-Je sais pas trop. Un Nazgûl qui se serait prit un coup sur la tête."
Il inspira profondément l'odeur de la terre sous ses mains. La pluie entrait dans le col de sa robe de sorcier, lui trempant le dos et les cheveux sans qu'il ne s'en préoccupe.
Cinq ans. Cela faisait cinq ans que Lily était morte.
Severus réprima un hoquet mais ses larmes coulèrent toujours se mélangeant à la pluie dans ce qui avait été le jardin des Potter.
En cinq ans, Severus avait eu la tentation de noter les jours comme un prisonnier mais il n'était pas en prison. Il n'y avait aucune libération prévue pour lui. A la place il hurlait comme un animal blessé devant la maison en ruine de celle qu'il avait aimé.
Péniblement il finit par se redresser en titubant à cause de l'alcool. Il devait rentrer à Poudlard sinon Minerva allait venir le chercher pour le traîner par la peau des fesses. Il redescendit péniblement les rues du village parmi les moldus déguisés. Jusqu'au moment où son whisky voulut ressortir, il se trouva à régurgiter dans une ruelle, les deux mains appuyées sur le mur pour ne pas s'effondrer.
Le potionniste se força à se remettre en route, zigzaguant toujours autant. Puis il croisa le regard de Lily qui le paralysa.
Les yeux vert émeraude de son amie le fixa un moment avant de se détourner. Car ce n'était pas Lily mais un petit garçon qui lui avait volé ses yeux.
Il lui fallut une bonne minute à l'esprit de Severus pour réaliser que ce devait être Harry. Le sorcier se précipita dans la foule pour le retrouver mais son corps, engourdi par l'alcool, ne lui obéissait plus.
Appuyé sur le mur il avança vers l'avenue principale du village ou il repéra la chevelure caractéristique des Potter aux côtés d'une personne dont les cheveux roux dépassaient d'un foulard.
Severus cligna des yeux et le duo avait disparu.
Était-ce une apparition?
Voila pour mon nouveau chapitre. Dites moi ce que vous en pensez.
