Hello,

Merci aux personnes qui continue de suivre les aventures que j'écris. J'espère qu'elles vous plaisent toujours autant, ça fait maintenant plusieurs années (dieu que ça fait bizarre d'écrire ça) que j'écris cette histoire et elle tient une place importante pour moi. Voilà, c'était le petit moment émotion.

Dans ce chapitre on apprend dans quelle maison ira Dani, vous avez une idée?


Chapitre 46: Poudlard et protection

Harry traça une nouvelle rune sur le parchemin posé en face de lui. C'était un plan du bureau des paris appartenant à la famille Kray dans le quartier de Falls Road. Killian voulait s'assurer que personne ne s'en prenne à ses affaires, surtout dans un quartier aussi chaud. L'ambiance y était souvent explosive, surtout avec le quartier protestants à côté. Le garçon concentré sur ses runes finit par lever les yeux vers l'autre personne présente dans la pièce. Piotr avait été recruté par son ami pour mettre en place des protections magiques en se servant de runes. Le sovietique avait donc demandé un coup de main à Harry qui passait beaucoup de temps le nez dans ses ouvrages. En tant que cracmol, Piotr avait quelques notions de protection mais il savait que les runes étaient ce qu'il y avait de plus efficace sans sorciers dans les parages. Même lui pouvait activer les runes, le plus compliqué dans cette histoire était de les dessiner et à ce jeu-là Harry était le meilleur.

Le petit garçon se retrouva donc à travailler sur les meilleurs emplacements où mettre les runes, sur l'encadrement des portes et fenêtres, évidemment. Cependant d'après ses ouvrages scandinaves il fallait aussi placer un objet catalyseur au centre du bâtiment.

Harry avait donc demandé les plans du pub et à ses côtés Piotr en dessinait une représentation 3D dont il allait calculer le centre.

Les garçons travaillèrent donc dans la chambre de Piotr,sous les toits de la maison du père Cunningham. Harry aimait bien la chambre de l'adolescent, il y avait plein de posters de métal, une batterie dans un coin auquel Harry avait le droit de jouer de temps en temps. Mais la meilleure chose restait la chaîne Hifi avec une immense collection de CD, il avait dû en cacher quelques-uns qui parlaient de Satan de peur que le père ne s'offusque en tombant dessus.

"-Tu as bientôt fini avec le dessin ?" Demanda Harry après avoir fini l'esquisse de l'une des runes qu'il allait mettre sur la porte.

"-Non, si tu avais voulu un dessin parfait, tu aurais dû le demander à l'un des frères Nelson. Il y a un des jumeaux qui veut se spécialiser en art graphique ou je sais plus quoi…

-C'est Francis qui dessine, mais il ne fait que des portraits et des paysages.

-Comment tu sais ça toi?

-Je parle aux gens." Soupira Harry avec un soupçon de désespoir. L'enfant avait renoncé à faire socialiser le souviétique. Piotr prenait tout le monde de haut et était imbuvable la plupart du temps. "Tu sais, si tu parlais un peu plus aux gens alors tu te rendrais compte que ça pourrait être bien.

-Je préfèrerais m'arracher un œil, je vais donc faire comme si je n'avais rien entendu."

Le petit sorcier ricana à la réplique de son acolyte, il aimait bien les réponses pleines d'esprit de Piotr, du moment qu'elles n'étaient pas dirigées contre lui.

"-Tiens, j'ai trouvé le point central que tu voulais." Le petit garçon sautilla jusqu'au bureau pour voir le résultat final. "D'après ce que tu m'as dit, le point central du bureau de paris est au-dessus du comptoir.

-Tu es sûr de toi?

-Comment tu peux remettre mes calculs en doute, le gremlin. Bon, on y va? Ça va pas se graver tout seul ces runes." Piotr récupéra tous les plans sous son bras pendant que le garçon prenait le catalyseur, un espèce d'attrape-rêve en crin de licorne.

Harry entra tout excité dans la voiture décapotable de l'adolescent. Il adorait être sur le siège avant, les cheveux au vent même si le cracmol le forçait à mettre sa ceinture de sécurité. Le chemin entre l'église et le centre de Belfast n'était pas très long mais Harry profitat du soleil du mois d'Août avec plaisir.

Dans le centre, les murs étaient pleins de tags révolutionnaires, pour la majorité en gaélique surtout du côté catholique de la ville. Les miliciens qui rôdaient comme une meute de loup, prêts à se jeter à la gorge de leur ennemi et Harry savait qu'il devait toujours se cacher des miliciens en orange. Ceux-là étaient contre eux, contre la famille et contre l'unification de l'Irlande.

Piotr dut faire une embardée pour éviter une patrouille de militaires et des gamins qui jouaient au foot près d'eux. Il y avait aussi des nids de poule traces d'anciennes explosions ou de tir de l'armée, les chars britanniques avaient aussi laissé pas mal de bazar derrière eux.

"-Putain, quand est-ce qu'ils remettront les routes en état ?" Pesta le conducteur.

"-Quand il n'y aura plus d'attentats pour bousiller les routes, je suppose?

- S'il y a des attentats, ce n'est pas pour rien… Killian a raison, ce sont eux qui vont libérer l'Irlande.

-C'est aussi ce que disent les tags…" Bougonna Harry qui était maintenant lassé par les paysage déprimant de la ville.

Le duo s'arrêta à un checkpoint obligatoire au moment de changer de quartier. Une demi-douzaine de soldats postés dans leur jeep et armée jusqu'aux dents leur demandèrent leurs papiers d'identité.

Dans ces cas-là Harry avait reçu l'ordre de se tenir à carreau car personne dans son entourage ne faisait confiance à l'armée, surtout l'armée anglaise. Même le très respectable Père Cunningham ne les aimaient pas, car il avait fait partie des membres de l'Eglise à avoir accompagné Bobby Sand jusqu'au bout de son combat.

Piotr donna les papiers aimablement fournis par Killian, assurant que le soviétique avait 18 ans et un permis de conduire en règle. La réalité était tout autre puisque le conducteur avait 16 ans et ses cours de conduite se résumaient à zigzaguer entre les bottes de foin avec le Père Cunningham faisant des signes de croix sur le siège passager.

Harry regarda le soldat le plus proche de lui avec une pointe d'angoisse. Ces hommes faisaient partie de son quotidien depuis qu'il vivait en Irlande du Nord, mais leur présence donnait toujours au garçon un léger vertige. Le même vertige que l'on a au bord d'une falaise et que nos doigts de pied sont déjà dans le vide.

Piotr de son côté semblait calme mais le garçon devait bouillonner en dedans, Harry avait appris à connaître le garçon au cours de l'année passée. Le soviétique était … imprévisible mais c'était ce que Killian avait appris aux enfants qui travaillaient pour lui, ceci dit le soviétique avait une prédisposition naturelle. D'une nature cynique, Piotr avait dû apprendre à cacher sa colère qui coulait dans ses veines s'il voulait garder son poste dans la famille Kray, mais il restait explosif. Le petit garçon n'avait qu'une peur, que le volcan Piotr entre en éruption au moment du contrôle des militaires, surtout vu la façon dont le sovietique avait la mâchoire crispée.

Le soldat qui avait leur papier en main les dévisagea plusieurs fois, tenant à bout de bras leur photos d'identité. Harry n'aimait pas cette attente, son cœur d'enfant se serrait à l'idée que l'un des soldats se serve de son arme.

"-C'est bon, vous pouvez y circuler." Fini par annoncer le chef de section qui avait contrôlé les papiers de Piotr. Ce dernier redémarra lentement, on n'était jamais trop prudent avec ces gens-là.

"-J'ai cru qu'ils allaient nous retenir ad vitam…" Murmura le cracmol que les militaires avaient aussi rendu nerveux.

"-Humm…." Marmonna Harry avant de se retourner pour regarder le checkpoint qu'ils laissaient derrière eux. "Tu penses qu'ils vont nous tirer dessus ?

-Aujourd'hui? Non, surtout si tu restes à ta place." Piotr ébouriffa les cheveux déjà en pétard du petit garçon. "Mais un jour, va savoir… Tu dois toujours être calme avec eux, surtout si tu leur ment. Bon, maintenant concentre-toi. Il nous reste un travail à faire."


Il y avait longtemps que Davos n'avait pas eu autant de vie sous son toit. L'homme d'Église esquissa un sourire en regardant Harry jouer avec la petite chouette que Dani et Remus avaient ramené du Chemin de Traverse. Les enfants avaient nommé le petit bête Macha, en hommage à la déesse irlandaise de la souveraineté. L'oiseau aimait particulièrement les personnes aux cheveux touffus et par conséquent Harry était son nouveau perchoir favori.

Un peu plus loin Piotr, Remus et Dani avaient pris place sur une table bancale installée sous un treilli envahi de lierre. Le trio jouait au poker, du moins essayait d'initier Dani aux règles subtiles du jeu de cartes et à la triche qui en découlait. Le Père leur avait dit de ne pas trop encourager la jeune fille à jouer de l'argent, mais il savait que les deux adolescents pariaient déjà sur les courses de chevaux, le mal était fait depuis longtemps.

Oui, en voyant tout ce monde réuni sous son toit, Davos se dit qu'il avait réuni quelque chose qu'il avait perdu depuis longtemps. Il adorait voir les enfants coloniser sa maison.

"-Il y a quelqu'un qui peut venir m'aider à préparer le dîner?" Demanda le Père à la cantonade.

Ce fut le seul adulte du groupe qui se leva d'office pour lui donner un coup de main, Remus était plus serviable. Au yeux du Père, c'était un gentil garçon à qui la vie n'avait pas fait de cadeau, c'est pourquoi il lui donnait un coup de main. Le loup-garou avait été pris par l'église pour s'occuper de l'entretien des bâtiments, ce qui allait particulièrement vite avec une baguette magique. Ce qui laissait le temps à Remus de tisser des liens avec Harry, être là pour le garçon malgré son addiction aux opioïdes. Davos n'avait pas encore réussi à le convaincre de tenter une cure de désintoxication, mais c'était un homme persévérant alors il savait qu'il finirait par y arriver.

"-Alors, mon Père, qu'est-ce qu'on prépare ce soir?" Demanda le plus jeune en se retroussant les manches.

"-Tu veux bien t'occuper des légumes ? Ils viennent du jardin. J'essaie de tenir les limaces éloignées mais ce n'est pas une mince affaire.

-Tu es certain que tu ne veux toujours pas du repousse-limace magique ? On dit que celui de l'Allée des Embrumes est particulièrement efficace.

-Tut…tut… Je ne veux rien de ça dans mon jardin. Je laisse la magie loin de ma maison, si je le pouvais, je la laisserais loin de mon église mais… Dans tous les cas préfère laisser faire l'œuvre de Dieu."

Davos fit semblant de ne pas voir le haussement de sourcil de Remus, le père s'était résigné au fait que ses protégés n'étaient pas de fervents croyants. Lui-même avait mis du temps à trouver la foi, le processus était plus long lorsque l'on était plongé dans le monde magique qui ne laissait que peu de place au sacré, quel qu'il soit.

Le prêtre était rentré à Poudlard, lui aussi, il y a longtemps, plusieurs années avant Remus. En tant que né-moldu, il avait eu le sentiment de séparer sa vie en deux, entre la magie et sa famille avant de choisir définitivement le monde moldu lorsque Voldemort et ses sbires avaient accédé au pouvoir. Il avait replongé dans ce monde après la mort de son fils, Mathis. Une de ses ouailles, un jeune idéaliste du nom de Killian Kray était venu le trouver un plan de Powder Keg dans les mains. Comment Killian l'avait trouvé ? Le Père n'en avait aucune idée, mais Killian ressemblait tellement à Mathis que Davos n'avait pas eu le cœur de le rembarrer.

Davos secoua la tête, comme pour remettre ses idées en place avant d'éplucher des pommes de terre du dîner et ne fut distrait de sa tâche que par les questions de Remus.

"-Le Frère Neil se joindra à nous?

-Pas ce soir, il reste en retraite pour le moment.

-Encore ? Ça va devenir une manie…" Marmonna le loup.

"-Et oui. C'est ce que font les frères qui se retirent du monde, ils étudient les textes de la Bible dans un endroit calme pour trouver les réponses qu'il cherche.

-Pourquoi ne le fait-il pas dans un monastère de son ordre ?

-Parce qu'il a beau être dominicain, j'accueille tout le monde sous mon toit avec plaisir. J'ignore ses motivations quant au choix de ma paroisse pour sa retraite, mais il est le bienvenu. Comme toi, comme les enfants, tout le monde peut vivre ici."

Remus ne posa plus de questions après ça, le fait d'être hébergé malgré sa condition de loup-garou le mettait mal à l'aise. Il avait du mal à comprendre que Davos accueillerait toujours suivant les préceptes des franciscains jusqu'au bout.

Le reste de la soirée se passa relativement calmement, si ce n'est un petit accrochage pendant le repas, au final, les enfants mangèrent leurs légumes. Avec réticence mais ils le firent quand même. Davos vit quand même Harry glisser quelques feuilles de salade qu'il ne voulait pas à Macha lorsque Remus ne regardait pas. Le petit garçon aurait détesté décevoir l'ancien ami de ses parents, même lorsqu'il était question de légumes.

Dani et Piotr eurent beaucoup moins de scrupules à jouer avec leurs légumes et à déclencher une petite guéguerre que le Père calma rapidement. Pendant un instant, le regard de l'homme d'église s'attarda sur Dani, c'était avec elle que le père avait le plus de mal à tisser du fillette était sociable, respectueuse et docile mais aussi farouchement indépendante. Piotr avait réussi à s'ouvrir avec le temps, Davos avait brisé la carapace du soviétique à force de bienveillance et d'attention. La même chose pour Harry qui avait trouvé un équilibre dans sa maison, le petit garçon était bien moins amoché par la vie que ses deux camarades et passé les premières colères tout s'était bien passé avec le petit garçon.

Dani donna un coup de fourchette dans les côtes de Piotr, en vengeance à un lancer de petits pois. Le Père pouvait voir la tension marquer le visage de la fillette, elle avait peur pour sa rentrée à Poudlard.

Demain, la rouquine allait monter dans un train et ne plus voir son petit frère pendant des mois, pour deux enfants aussi fusionnels ce serait une rude épreuve. La petite fille avait passé toute la journée à faire et défaire sa malle, pour être certaine que tout était à sa place.

"-Franck t'a rapporté tes vêtements?" Demanda Davos en interrompant le combat de fourchette.

"-Oui, oui. Sa mère a fait du très bon travail pour ajuster la cape. Elle a même tenu à me montrer comment faire les ourlets." Répondit Dani avec une pointe de fierté.

-Ha, la bonne fifille !" Se moqua le soviétique. "La mère Nelson va faire de toi la parfaite ménagère, tu seras bonne à marier."

Boum!

"-Daniella! Ne le tape pas avec la carafe d'eau !"

Boum!

"-Ne le tape pas n'ont plus avec la salière!"

Davos lui confisqua la boîte à pain avant qu'elle serve aussi d'arme de jet sur le soviétique qui n'avait pas besoin de plus de coup sur la tête.

A la fin du repas, le Père monta se coucher en demandant aux enfants de ne pas veiller trop tard. Un conseil qui ne serait sûrement pas suivi car c'était leur dernière soirée tous ensemble avant la rentrée.

Le Père Cunningham se leva avant l'aube comme tous les jours depuis des années. Dans la lumière pâle de l'aube, il se rendit dans son jardin pour y prier, des gouttes d'eau s'accrochèrent à ses pieds nus quand il traversa la pelouse. Il aimait cette sensation qui lui rappelait qu'il était toujours bien vivant, malgré les épreuves.

Le Frère Neil était déjà dans le jardin à prier, dans le silence du matin les deux hommes firent leurs dévotions dans le plus grand calme. C'était apaisant, Davos pouvait réfléchir à son rôle, celui de son église au sein de la communauté et sa place dans le conflit qui clivait son pays. Il voulait aussi réfléchir à son rôle dans l'éducation des enfants, il voulait savoir s'il faisait le bon choix.

Après les prières, Davos ramassa les légumes et quelques fruits du jardin et prépara le petit déjeuner de ses protégés. Dani était déjà levée, assise à la table de la cuisine mais encore un peu endormie.

"-Le frère Neil va terminer de préparer le repas, tu devrais aller t'habiller et préparer ton passeport.

-Okay….

-Tu aurais dû te coucher plus tôt, ma grande. Au moins tu pourras dormir dans l'avion."

La fillette acquiesça avant de remonter passer un jean et une chemise propre.

"-Les enfants ont quasiment veillé jusqu'à l'aube." Commenta le Frère Neil avec un sourire narquois pendant qu'il tranchait les fruits que Davos avait ramené.

"-J'espère qu'ils ne t'ont pas dérangé. Sinon je leur parlerai sérieusement de leur comportement.

-Non, rien de tout ça. Je suis simplement admiratif de votre patience, mon Père. "

Davos ne répondit rien, il n'aimait pas la tournure de la conversation car il avait toujours craint que son confrère se plaigne de ses protégés. De plus, Dani descendit un instant plus tard, lui offrant une distraction idéale.

Le reste du petit déjeuner fut vite expédié, la fillette monta une dernière fois dire au revoir à son petit frère mais ne s'attarda pas outre mesure. Elle n'aimait pas beaucoup faire traîner ce genre de choses.

Davos les conduit tous les deux à l'aéroport où un avion les attendait pour les emmener à Londres.


La voie 9 ¾ était située en plein milieu de la gare de King Cross, pour le plus grand malheur de Dani qui détestait la foule, elle détestait aussi les gares. Trop de souvenirs du jour où Anthonia l'avait laissée. La main du Père Cunningham sur son épaule la guidait jusqu'à l'entrée du passage, éloignant un peu les badaux qui auraient pu la bousculer.

Les cheveux maintenant bruns de l'enfant attiraient un peu moins l'attention que ses anciens cheveux de feu. Son tatouage de serpent près de l'oreille était habilement caché avec une bonne couche de fond de teint. En se regardant dans le reflet d'une vitre, Dani trouva qu'elle avait l'air d'une jeune fille respectable, exactement l'image qu'elle voulait donner pour une nouvelle rentrée.

La fillette poussait le chariot avec sa malle et la cage de Macha, espérant que sa petite chouette ne se réveille pas pour sautiller dans tous les sens. Lorsqu'elle passa la barrière qui séparait le monde magique de celui des moldus, Dani crût rêver pendant un instant. La fille avait tellement imaginé maintes fois la découverte de la locomotive rouge, mais aucun rêve n'aurait pu égaler la réalité. Le train entouré de fumée avait une aura mystérieuse, un je ne sais quoi de magique appuyé par les familles sur le quai avec leur cape et leur chapeau pointu. C'était vraiment une vision extraordinaire et Dani oublia vite son anxiété à cette vision pour laisser place à une excitation qu'elle n'avait que rarement éprouvée.

"-Nous sommes un peu en avance, alors je vais t'aider à ranger tes affaires dans un compartiment.

-Tu peux en trouver un où il n'y a personne." Demanda la fillette, elle voulait être certaine d'avoir un lieu tranquille pour profiter du voyage.

"-Tu es certaine que tu veux être seule?"

Dani hocha la tête en regardant autour d'elle les enfants et leur famille qui arrivaient alors que 11h heure s'approchait, maintenant il y a autant de monde dans la zone sorcière que dans la moldu. La fillette fixait les visages dans la foule, voir si elle reconnaissait quelqu'un, certains avaient une vague ressemblance avec des portraits dans les livres d'histoire, mais rien d'autre.

"-C'est bon Daniella, tes bagages sont rangés comme il faut." Annonça le prêtre en redescendant de l'un des wagons.

"-Merci mon Père.

-Je t'ai mis un sandwich et des biscuits dans ton sac, si tu as faim. Tu sais ma grande, le voyage est long jusqu'en Ecosse.

-Encore merci." Murmura Dani, qui était reconnaissante envers le Père Cunningham pour tous ses efforts, mais elle avait le sentiment que les autres enfants commençaient à la regarder comme dans un zoo. Il fallait dire que le Père Cunningham ne laissait personne indifférent avec sa taille de géant et sa burre marron.

"-Sois sage, écoute les professeurs et si jamais tu fais une bêtise, ne te fait pas attraper."

Conseilla le Père, qui la serra brièvement dans ses bras et Dani lui rendit son étreinte, un dernier câlin puis il était l'heure pour elle de quitter la maison.

"-Je t'écrirais, promis.

-Prend soin de toi ma grande."

Dani monta précisément dans le train et se jeta dans le compartiment sans se retourner. Cette rentrée lui en rappelait un peu trop une autre quelques années plus tôt, lorsque son père la conduisait encore à l'école et qu'elle restait à l'internat toute la semaine.

A onze heure, le train s'ébranla doucement sans que personne n'ait pris place dans son compartiment. Depuis la vitre, la fillette regarda le paysage de la ville se transformer pour laisser place à la campagne anglaise, verdoyante et gorgée de soleil.

Après plusieurs heures de trajet, un groupe de gryffondor qui avait déjà passé sa tenue de sorcier commença à passer de compartiment en compartiment en plaisantant.

Un des garçons passa une tête chez Dani pour la regarder de haut en bas.

"-Ho ! C'est toi la bigotte ? Je t'ai vu avec le prêtre sur le quai.

-Oui, il m'a accompagné. Pourquoi? Ça te pose un problème ?" La fillette voyait bien que le garçon plaisantait, mais elle n'aimait pas son expression goguenarde.

"-Juste pour savoir si tu comptais faire tes prières tous les matins dans la grande salle. Je suis désolé mais la magie ça ne marche pas comme ça.

"-Non, je comptais les faire dans la chambre de ta mère." Rétorqua la fillette avec acidité, elle qui ne supportait pas les idiots qui se croyait tout permis. Elle se délecta de l'air choqué du garçon face à sa réponse, visiblement il ne s'attendait à autant de répartie de la part d'une "bigotte". " Maintenant, sors d'ici avant que tes amis te perdent.

-Ou sinon quoi? Tu vas invoquer un démon ?

-Un démon? Tu parles toujours aussi méchamment de ta mère ?" Dani se leva pour faire face à l'adolescent, elle était prête à faire exploser une potion corrosive entre eux. La fillette ne voulait pas être victime de harcèlement dans sa nouvelle écolen comme ça avait pu être le cas auparavant. Alors que la situation allait dégénérer, une autre fille de gryffondor entraîna l'asolescent plus loin.

Après ça, Dani ne releva plus la tête de son livre de métamorphose du reste du voyage. Plusieurs personnes essayèrent de lui parler mais elle ne daigna pas lever la tête, trop bouleversée par le premier échange qu'elle avait eu.

Lorsque la nuit tomba, la fillette enfila son uniforme fraîchement reprisé. La robe noire et la cape noir tombait plutôt bien, et avec le chapeau pointu elle avait l'air d'une vraie sorcière. Dani tourna sur elle-même pour s'admirer dans le reflet de la vitre. Le cœur de Dani s'emballa furieusement à cette vision, les cours de magie approchaient à grands pas et la sorcière était de plus en plus impatiente.

Lorsqu'elle descendit du train, Dani vit son impatience se transformer en angoisse et un plomb se logea dans son estomac.

"-Les premières années par ici!" S'écria un homme immense dont le visage souriant était éclairé par la lanterne qu'il tenait. " Allez, dépêchez-vous! Par ici les nouveaux."

La fillette se fraya un chemin en longeant la paroi du train, évitant autant que possible de se retrouver au milieu de la foule. L'homme qui appelait les nouveaux venus, Hagrid, si ce que Remus avait dit était exact, continuait d'alpaguer les nouvelles têtes jusqu'au moment où il ne resta qu'eux sur le quai de la gare.

Le géant les entraîna sur le sentier dans la forêt attenante. Dani pesta en son for intérieur contre le chemin boueux et l'eau qui s'infiltrait dans ses converses, son excitation de la journée émoussée par la fatigue et il lui restait plus que l'anxiété. Les autres premières années autour d'elle murmuraient avec enthousiasme, rappelant à la fillette à quel point elle se sentait différente des autres enfants de son âge. Visiblement aucun d'eux n'avait une main qui leur serrait les tripes, coupant presque la respiration de la fillette. A moins que ce ne soit dû à la marche.

Après un virage un peu abrupt, tout le monde vit l'école pour la première fois, éclairé dans la nuit étoilée la scène avait tout d'un rêve. Le château était perché en haut d'une falaise et son reflet miroité à la surface d'un lac, Dani avait beau se sentir différente, face à un tel spectacle elle resta comme tous les autres. Bouche bée. La fillette était partagée entre l'envie de vivre dans ce château tout le reste de sa vie et partir en courant dans l'autre sens.

L'enfant reprit contact avec la réalité lorsqu'un autre élève la bouscula, ils devaient se rendre aux barques pour traverser l'étendue d'eau en contrebas. La petite sorcière monta dans l'une des embarcations avec un groupe de garçons qui, tout comme elle, gardait le nez levé pour mieux admirer leur future école. La dizaine de minutes de traversée passa à toute vitesse pour les enfants qui gardaient les yeux sur le domaine, tout intimidés par le lieu et par son histoire. Personne ne prononçait un mot, la vision prodigieuse était trop imposante pour laisser la parole à des enfants qui ne connaissaient encore rien du monde.

Les barques heurtèrent en douceur les rochers qui menaient aux parties basses de la bâtisse et le garçon à côté de Dani sauta habilement sur la terre ferme et tendit une main secourable à la fillette. Elle regarda d'abord la vase glissante qui recouvrait la roche avant de se décider à accepter l'aide du garçon, qui sans la moindre malice la hissa sur le bord.

Puis l'ascension des enfants reprit mais cette fois deux par deux. Dani se retrouva à côté du garçon qui l'avait aidé, un brun qui devait faire à peu près la même taille qu'elle.

"-Elles sont sympa tes chaussures." Fit-il avec hésitation.

"-Merci." Celles du garçon étaient en cuir brun verni avec de jolies surpiqures. "Les tiennes aussi…Mais si elles doivent plus être à la mode depuis au moins quinze ans."

Le garçon eut un grand éclat de rire qui surprit Dani, cette dernière s'attendait plus à ce que le garçon bougonne ou l'envoie sur les roses.

"-Tu as raison, pour le monde moldu elles doivent être dépassées mais chez les sorciers, elles sont très bien. Et les tiennent ? C'est ce que portent les moldus de nos jours ?

-Oui, elles étaient même au dernier défilé à Paris.

-Vraiment !? C'est incroyable."

Dani regarda les yeux gris de son camarade complètement éberlué, dieu ce que les sorciers étaient crédules.

"-Non, j'me payais ta tête.

-Ha bon ? C'est vrai que je ne connais pas grand-chose au monde moldu. Ça doit être fascinant à étudier.

-A étudier ? Les moldus ne sont pas des animaux dans des zoos"

Son camarade ne rajouta rien, ayant bien senti que la jeune fille était vexée par ses propos maladroits. Le silence pesant entre eux ne dura pas car le groupe d'élèves arriva dans un hall où une écossaise leur fit un discours de bienvenue que Dani n'écouta que d'une oreille. Elle cherchait du regard un visage parmi les élèves qui aurait pu lui paraître sympathique, la jeune fille avait toujours eu du mal à se faire des amis.

Puis ce fut le temps pour eux de rentrer dans la grande salle gardée par une immense double porte pleine de dorures. Le plafond étoilé de la salle était encore plus beau que ce que Remus avait décrit, Chaque étoile y était fidèlement représentée, laissant Dani pantoise.

Les tables des quatre maisons de Poudlard étaient alignées à la perpendiculaire de la table des professeurs. Cette dernière était une estrade qui lui offrait une vue imprenable sur tous les élèves de l'école. Parmi les professeurs, Dani reconnut Leighton qui était en pleine discussion avec une femme potelé qui avait encore de la terre sur les mains, elle devait être professeur de botanique.

Devant cette grande table professorale se dressait un élément pour le moins incongru, un chapeau pointu sur un tabouret. L'artefact vraisemblablement magique se déchira pour laisser passer sa voix et entonna un poème glorifiant Poudlard et les maisons. La fillette était un peu contrariée, personne à l'église ne lui avait parlé d'un chapeau magique. Remus et le Père Cunningham avaient parlé d'un test sans entrer dans les détails.

Le Choixpeau magique se tut, tout le monde applaudit et les élèves plus âgés reprirent leurs conversations avec enthousiasme.

"-Lorsque j'appellerai votre nom, vous viendrez vous positionner sous le choixpeau. Il vous repartira dans l'une des quatre maisons, Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard. Bates Lana!"

Une jeune fille aux tresses blondes s'avança vers l'estrade, avec la plus grande confiance elle prit place sous le couvre-chef. Après seulement une trentaine de secondes, elle fut repartie à Gryffondor.

Après elle, les élèves passèrent par ordre alphabétique. Le camarade de Dani aux yeux gris, appelé sous le nom de Diggory Cedric fut réparti chez les jaunes et noirs.

Juste avant que ce ne soit son tour, Dani fut prise d'un doute. Et si le choixpeau annonçait à tout le monde qu'elle était une menteuse, qu'elle n'était qu'une halfin dont la place était dans les sous-sol de Powder Keg.

"-Fell Daniella"

C'était à elle. Pour se donner de la force, la fillette serra les poings et releva la tête. Il ne fallait pas que les gens autour d'elle se rendent compte à quel point elle était anxieuse. Inspiration. Un pas de plus vers ce foutu tabouret. Expiration. Une marche, deux marches, trois marches. Inspiration. Ça y est, Dani était sur l'estrade, exposé aux regards de ses camarades et des professeurs.

Assise sur le tabouret, l'iranienne serra le bois de l'assise et parcourut l'assemblée des yeux. Son regard s'attarda un peu plus longtemps sur Cédric qui lui fit un sourire, puis le chapeau le bloqua la vue.

"-Comme c'est intéressant." Chuchota une voix dans sa tête. "Il t'est déjà arrivé tant de choses… Miss Fell, n'est aucune crainte. Je ne t'enverrai pas à Powder Keg, ta place n'est pas là-bas. Je vois beaucoup de culpabilité pour la mort de ton ami, pour la vie que tu as menée avec ton… frère. De la colère, ça aussi tu en as beaucoup. Et en dessous de tout ça… du courage, beaucoup de courage pour suivre ta propre voie.

-Ce sera gryffondor, alors?

-Peut-être, peut-être pas. Tu as aussi… de la douceur, tu es prête à travailler dur comme nos chers blaireaux mais tu es rusé. Trop rusé pour eux. Tu sais que la parole peut être bien plus efficace que la force et tu as aussi une telle volonté de t'en sortir. Tu veux quitter la misère, pour toi et pour un petit garçon que tu as croisé dans un parc il y a plus de quatre ans.

-Alors, serpentard.

-Ce n'est pas une question. Tu es prête à plonger dans le nid du serpent pour Harry Potter.

-J'y survivrais.

-Très bien alors … SERPENTARD.


Alors? Un avis?