D'abord, une répétition, les accords raisonnaient doucement, puis des notes plus graves vinrent de greffer aux premières.
Je me suis raccrochée à ça, que pouvais je faire d'autre.
Les doigts agiles sur le clavier s'accélérèrent. Le son s'intensifia. Puis ce fut le silence. Emma regarda devant elle, les yeux vides. Ce n'était pas la bonne mélodie, elle était trop calme, il lui fallait autre chose, il lui fallait une explosion similaire à celle bloquée dans sa poitrine. Dans un geste brusque, elle rasa tout objet qui avait eu le malheureux destin d'être déposé ici. Ils s'envolèrent dans la pièce, s'écrasant au sol dans un fracas assourdissant, accompagné – presque mélodieusement – par le cri de la blonde. Cette dernière poussa un long soupir, cherchant à se ressaisir, à reprendre le dessus sur ce Vésuve qui prenait place en elle. Ses yeux, d'un vert perçant, cherchèrent dans les touches blanches et noir du piano, une réponse à sa peine, sa colère. Doucement, comme face à un piano de verre, elle posa ses doigts sur les touches. Ferma les yeux et attendit. Elle ne saurait dire quoi, mais elle attendit. Puis les premières notes. Oui. C'était les bonnes, c'était celle-ci qu'il fallait. Bon sang. Des semaines que tout ceci était bloqué en elle et enfin ce soir elle trouvait la libération. Enfin son moment était venu. Le début était si calme, puis doucement les évènements s'emportent. Ses yeux fermés, elle imagine, elle ressent, les notes éveillent en elle des frissons qui parcourent son corps. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Ça coulait pourtant de source, rien n'était plus logique à cet instant même alors que ses doigts courraient les notes et son corps bougeait au rythme de l'œuvre. Nuvole bianche. Chacune des notes qui sortaient de l'instrument emportait avec elle un peu d'Emma, un peu de ce qu'elle ressentait. Et soudain, alors que la musique prenait du rythme, s'accélérant drastiquement, ses pensées s'envolèrent dans une nuée poétique, elle revoyait défiler devant ses yeux les paroles de Régina.
Mes cris de douleurs ne lui faisaient rien.
Emma n'avait pas besoin de crier, le piano le faisait pour elle, ses doigts s'abattaient avec force sur les touches, laissant exploser sa colère. Elle voyait la scène si nettement devant ses yeux qu'elle eu une soudaine envie de vomir, ou de meurtre. Tout s'emmêlait, encore une fois. Elle voyait cette femme forte, magnifique, n'être plus rien. Être brisée. Et désormais elle ne voyait que le résultat de toutes ces années à vivre dans cette souffrance que Régina avait pris soin de taire, d'enfouir loin dans son inconscient pour ne pas avoir à le revivre. Mais Emma voyait, elle voyait ces ruines, ces vestiges d'humain qui restaient vaguement debout dans le seul et unique but d'offrir à son enfant la vie dont il rêve. Elle restait debout pour la dernière personne qui lui restait, même si ça devait lui coûter le peu d'énergie qui lui restait. C'est ce qu'elle lui avait laissé voir ce soir-là, pour ensuite disparaître de nouveau. Silence. Plus aucune note ne résonne. Il existe dans Nuvole bianche, ce silence. À quoi mène-t-il ?
J'étais là, sous son corps lourd, à me mordre la main pour ne pas éveiller les soupçons.
Doucement les notes reprirent, comme l'indique la partition bien qu'Emma la connaisse par cœur, elle suivait le tempo, raisonnablement. La phrase tournait en boucle dans son esprit. Elle suivait le tempo. Encore. Raisonnablement. Puis elle explosa, dans la rivière d'émotion que lui proposait le final de la partition, elle explosa. Toute sa colère, que dis-je, sa rage, explosa. Ses mouvements devenaient frénétiques, des larmes coulaient sur ses joues en silence, d'ailleurs personne ne pourrait dire si elle s'en était rendu compte. Mais à quoi bon, tout devait quitter son corps maintenant, absolument tout ce qui s'y trouvait. Il ne devait subsister elle plus rien que le vide. Sous peine d'être écrasée par ce dernier. Puis quand elle n'eut plus rien à exulter, tout s'arrêta. Épuisée, elle referma doucement le couvercle et pris place devant sur le canapé. La fatigue lui frappait les yeux et les tympans. Penser était soudainement devenu un exercice qui n'avait plus de sens. Ne pouvant, plus longtemps, supporter le poids de la gravité, ses paupières se fermèrent tandis qu'Emma tomba doucement dans l'inconscience.
Non loin de là, dans une flamboyante berline noire, une femme tenait fermement son volant. Bien que la voiture fût à l'arrêt, apportant donc un risque que minime d'accident, elle s'accrochait à ce dernier comme si sa vie entière en dépendait. Si nous prenions le temps de voir la scène de plus loin, nous constaterions que le parking qui avait l'honneur d'accueillir cette somptueuse voiture était presque judicieusement placé sous des fenêtres grandes ouvertes d'où sortait un son mélodieux d'un instrument tant prisé. Des larmes coulaient sur les joues de la conductrice. Certains auraient pu y voir là, à tort, l'expression de la douleur d'entendre un artiste médiocre s'entraînait. Si nous connaissions l'histoire d'un peu plus près, nous pourrions nous laisser à penser que cette mélodie ravivait en la brune des souvenirs bien trop violents et destructeurs. Pourtant, aucune de ces deux propositions ne trouve leur réalité. Dans les faits, la brune pleurait parce qu'elle ressentait toutes les émotions qui ont empli ces notes qui ont écrasé le calme de la nuit. Régina avait ressenti tout ce qu'Emma avait voulu faire sortir d'elle. Accrochée à son volant, elle ne pouvait nier ô combien cette jeune femme était agaçante à possédée autant de talent. Elle avait rendu non seulement rendu la parole à son fils, mais aussi à son âme. Il y a de ces moments où l'on se sent revivre, où l'on sent que notre cœur, empoussiéré, reprend des battements frénétiques, vivant. Il recommence sa lutte acharnée. Souhaitant plus que jamais vivre. Régina ne put s'empêcher de rire devant l'ironie plus que douteuse des évènements : c'est sur le son d'un piano qu'elle avait senti son âme se brisée, son esprit dissocié tout ce qui était de vivant en elle pour ne devenir que cendres. Et ces sous ce même son qu'elle renaît de ses cendres. Rien de plus cocasse et détestable. Elle ne savait que faire de tout ceci, de tout ces sentiments. Cela faisait depuis si longtemps qu'elle n'était devenue qu'automate, que plus rien ne lui appartenait, y compris ses émotions, elle était tout à fait perdue. Elle qui avait toujours le contrôle il semblerait qu'elle se voit mettre échec et mat par cette magnifique blonde. Elle grinça des dents. Tout ceci n'annonçait rien de bon. Ne pouvant se résoudre s'avouer, lui avouer, ses soudaines révélations. Régina opéra un demi-tour pour aller chercher le confort de sa couette qui peut-être, l'espace d'un instant, lui ferait oublier cette tumultueuse tempête. Un court instant elle se demanda si ça ne serait pas dans les bras de la blonde qu'elle pourrait trouver le calme tant recherché. Mais elle secoua la tête en grognant. Elle était Régina Mills. Ce n'était pas elle qui perdait l'esprit à cause de quelqu'un, mais l'inverse. Il était souhaitable qu'elle se ressaisisse de toute urgence.
Bonjour à tous,
N'est-il pas curieux qu'après tant d'année, un covid, de multiple confinement et d'évènement je revienne en silence déposer une suite à 3h48 du matin ? J'ai bien l'impression, mais l'improbable n'est jamais bien loin de nos portes. Je doute que beaucoup lirons la suite, ou en auront connaissance. Mais j'espère malgré tout qu'elle vous plaira, pas beaucoup de paroles je le reconnait mais il faut reprendre les choses doucements, comme tout il faut laisser du temps au temps ;)
A Bientôt à tous, pour plus de paroles promis.
P.G.T.F : Cependant, comme une bouteille à la mer, j'avais à cœur de te glisser un petit message à toi, ma chère P.G.D.F, Miss Guest des Forêts qui est toujours resté dans un coin de mon crâne, parfois dans la partie occipitale, parfois frontale, mais jamais bien loin. J'espère que la mer apporteras ce message jusqu'à, je ne peux pas te dire grand hormis te présenté mes excuses ma chère, pour ma si longue absence. Si soudaine. La vie est fait d'imprévu et nous faisons avec. J'espère, peut-être vainement, avoir le loisir de te lire de nouveau. Et si jamais mes mots ne t'arrive jamais, je te souhaite un vie bien agréable où qu'elle en soit.
