Bonsoir à tous,

Je suis navrée du temps que je met entre chaque chapitre, beaucoup de travail en ce moment, j'essayerai tout de même d'être plus régulière. J'espère que ce nouveau chapitre vous plaira !

Bon courage pour la semaine.


Il y a, dans la nuit, une poésie qui nous pousse à nous confier. Peut-être qu'envelopper de ce voile sombre on laisse plus facilement nos sentiments et insécurités exploser. Pour ensuite pouvoir se renfermer une fois le soleil levé. Ce serait mensonge de dire que Régina était à l'aise actuellement, assise sur son canapé, Emma dans le siège en face d'elle. Les deux femmes étaient revenues de leur escapade en ville accompagnée d'Henry. Après la glace ils s'étaient promenés tous trois pour ensuite prendre ce qui allait constituer le repas de la soirée. Elles ne pouvaient nier qu'être dehors faisait un bien fou au jeune garçon, il semblait revivre. Régina était partagée par la blessure de voir son fils consacrer son attention entière à Emma et le bonheur intense de le voir sourire sincèrement de nouveau. Il était bien difficile d'être mère à cet instant précis. Difficile de ne pas se laisser blessée un peu plus par la vision sous ses yeux et juste avoir la complaisance d'y voir là que l'expression de bonheur de son fils. Le visage attentif et attendrit de la blonde envers était une bouée dans son le flot de sentiments qui lui secouait le cœur. Elle redécouvrait Emma. Cette dernière semblait plus légère, plus enfantine. Prête à sauter à pieds joints dans les bêtises de son fils juste pour tirer de lui un rire sincère. Elle l'écoutait avec un tel sérieux, le traitant non comme un enfant blessé, mais comme un humain vivant. Cette nuance avait son importance, surtout depuis le décès de , à la suite de tels évènements, le comportement de l'entourage se modifiait. L'identité d'Henry n'avait plus été d'être un jeune garçon, mais un jeune orphelin de père. Et Régina était une veuve. Tous deux accablés par la perte de l'être aimé. Il était difficile de faire comprendre qu'ils n'étaient pas que ça malgré tout. Sur ce point, Emma avait été une véritable bouffée d'air frais pour les deux bruns. Ils n'étaient plus la famille en deuil, mais juste la famille Mills. Une nouvelle fois, Régina doit expérimenter le sentiment de se voir renaître, résistez. Et, une nouvelle fois, elle ne sut comment l'appréhender. D'une certaine manière elle se sentait perdre pied et pourtant elle en voulait toujours plus. La colère lui serra le cœur, se retenant de soupirer en constatant la complexité de son esprit. Elle était lasse de tout ceci. Las de lutter. Cependant elle ne put empêcher une pointe d'espoir s'allumer en elle. Peut-être que si elle lâcher prise alors la blonde la regarderait. Elle ne s'était pas rendu compte que durant toutes les élucubrations qui avaient pris forme dans son esprit, un regard tendre c'était posé sur ses deux compagnons qui continuaient de s'agiter devant elle. Ce qu'elle ne vit pas non plus, c'est le regard qu'Emma a posé sur elle. Et si leurs yeux s'étaient croisés à cet instant, Régina aurait su qu'elle pouvait lâcher prise dans la seconde sans craindre la chute.

Mais revenons à ce canapé sur laquelle la brune était installée. Henry, épuisé des émotions de la journée, était allé se coucher. Laissant les deux jeunes femmes seules. Bien que discuter était ce qu'avait promis Régina, elle n'était plus vraiment sûre d'elle. Faut dire qu'elle avait cette étrange sensation dans la gorge. Comme si quelque chose empêchait ses cordes vocales de fonctionner parfaitement. Alors elle se murait, plus ou moins contre son gré, dans le silence. Une chance que sa compagnie du moment soit d'une patience à toute épreuve. C'est là une force pour la plupart des pianistes, qui n'ont pas eu le choix que d'apprendre la patience en même temps que leurs instruments. Alors Emma attendait, elle prenait le rythme de la femme en face d'elle. Laissant ses yeux naviguer un coup sur la bibliothèque autour d'elle, un coup sur la magnifique brune. Tandis que ses pensées ne cessaient de voltiger en elle. Se remémorant inlassablement les évènements avec la brune depuis qu'elles avaient appris à se connaître. Elle cherchait à décortiquer tout ce qu'elle pouvait dans le vague espoir de pouvoir l'aider et la protéger au mieux. Mais elle se sentait bien démunie. Et le silence dans lequel elles étaient plongées ne l'aidait pas à accepter son impuissance.
- À vrai dire je n'ai plus vraiment les mots pour exprimer quoi que ce soit. D'ailleurs je ne pense plus avoir de sentiment à exprimer. Commença alors Régina doucement. Dans ce subtil murmure induit par ses cordes vocales qui commençaient à relâcher la pression. Emma ne dit rien. Se contentant de reporter son regard émeraude sur la femme. Elle la laisserait venir, même si elle devait rester là pendant des siècles, elle ne lâcherait aucunement. C'était la mission qu'elle s'était fixée.

- Je crois que le plus dur fut d'avoir une vie incroyable. Accompagnée de l'homme de ma vie et d'un fils merveilleux. Il y a des hauts et des bas, mais je savais sur qui je pouvais compter, je savais que tout pouvait être traversé. Puis soudain tout fut détruit. En l'espace de quelques semaines, je n'avais plus de corps, plus de mari, plus de fils. Je me suis senti démuni de tout. Volé. Je ne comprenais pas un tel acharnement sur ma famille. Je n'ai pas réussi à la protéger. Et maintenant Henry en paie les conséquences.

Deux cœurs se serrèrent à la fin de la tirade. Régina était stoïque, ayant du mal à accepter d'exprimer quoi que ce soit. Et Emma se sentait submergée par la détresse qu'elle ressentait. Alors, doucement, elle s'assit près de son amie, posant délicatement une main sur sa cuisse et lui prenant le menton pour l'invité à la regarder dans les yeux et ainsi voir toute la sincérité de ses futurs propos. La brune se laissa faire, sans lutter.

- As-tu conscience que rien de ceci n'est ta faute? Tu as fait de ton mieux pour traverser la multitude d'épreuves que tu as eue sur les épaules en l'espace de peu de temps. Personne n'aurait fait mieux que toi. Tu n'as pas à te relevée seule Régina, laisse-moi une place dans ta vie, laisse-moi t'aider. Il est vraiment que tu as perdu beaucoup, mais dans ce que tu as cité, il y en a une sur laquelle tu te trompes. Tu n'as pas perdu Henry. Il s'est éloigné, certes, il serait vain de le nier. Mais il est toujours là et c'est réparable. Il faut juste le guider sur la bonne route. Il y a peu de sujets où je peux t'aider complètement, mais lui je pense pouvoir jouer un rôle. Accepte mon aide. Régina savait pertinemment que la pianiste avait raison. Ses mots lui avaient apporté une douce chaleur dans le corps.

- Tu as raison.

La blonde afficha un grand sourire, elle savait que trop bien que ce fût une grande victoire pour elles deux. Régina venait de lui offrir la plus grande preuve de confiance qu'elle pouvait à cette heure-ci et Emma le prit avec grande joie.

- À vrai dire, Régina, je me sens impuissante. Débuta la pianiste, ses yeux se perdant sur une contemplation dérisoire du tapis à leurs pieds. La jeune femme à ses côtés serra un peu plus leurs mains, n'osant l'interrompre, mais curieuse d'entendre la suite. J'ai grandi seule, faisant mes armes comme je pouvais. Ballotté de famille en famille. C'est là le terrible destin des orphelins. Henry ne se rend pas compte de sa chance. Il a encore une mère prête à tout pour lui. Quand on n'a plus personne, les choses sont bien plus dures. On doit prouver notre valeur sur tous les sujets de notre vie. Prouver qu'on mérite une chance, une vie. C'est tout de même incroyable de devoir prouver qu'on a le droit d'exister. On se targue d'être une espèce sociable et pourtant… Le moindre enfant abandonné se retrouve livré à lui-même. J'ai connu tout type de famille. On ne va pas se mentir, la plupart étaient abusives. Et je sais que trop bien, lorsque je me souviens des regards de mes amis de l'orphelinat, que c'était pareil pour chaque enfant. Heureusement je fus touchée par la grâce quand la famille Nolan m'a adopté à l'aube de ma quinzième année. J'étais, bien évidemment, une ado turbulente. En colère contre le monde de m'avoir privé de parent. En colère contre la société de me rejeter parce que je suis orpheline alors que je n'avais rien demandé. Quelque part je suis comme toi: je ne comprenais pas l'injustice que je subissais.

Il y a eu un silence, le temps qu'Emma reprend son souffle. Elle n'aimait pas s'épancher plus que nécessaires sur sa vie. Mais, quelque part, elle se sentait redevable de ce que lui avait offert Régina alors elle mettait un point d'honneur à lui témoigner sa confiance. Pour elle, c'était un moyen de solidifier le nouveau lien qui se tissait entre elles. Voulant être certaine qu'il ne se briserait pas aisément. Tout lui semblait si fragile. Puis elle reprit son histoire. Sa gorge se nouant un peu plus au fur et à mesure qu'elle avançait. Invitant Régina à envelopper la blonde de ses bras. Elle se sentait du devoir de porter son fardeau avec elle. Elle ne voulait plus la voir seule contre ce si lourd passé, cette si lourde enfance. C'est dans ces instants que, malgré le fait que nous soyons submergés de sentiments entremêlés et incompréhensibles – ou plutôt que nous ne souhaitons pas comprendre – qu'il s'avère très simple de les laisser s'exprimer sans avoir à réfléchir. Rien n'était plus naturel que de prendre la pianiste dans ses bras, rien n'était plus satisfaisant. Ce n'était pas qu'Emma dont elle prenait soin à travers ce geste, mais d'elle aussi. C'est comme si la pression dans sa poitrine et le poids de ses épaules s'était envolée quand elle avait senti le corps de la jeune femme contre elle. Quelle ne fut pas l'envolée qu'elle ressentit lorsque la blonde lui rendit son étreinte. Et plus encore puisqu'elle prie le dessus, en invitant Régina à se blottir contre elle. Son menton sur le crâne de la brune, tandis que cette dernière avait réfugier son visage dans le cou de la pianiste.

- Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te venir en aide, pour que tu puisses réapprendre ce que tu as oublié. Au même titre qu'Henry. Tu n'es pas la méchante de l'histoire, tu fais partie des victimes. Elle sentit le corps contre elle se tendre à cette phrase. Et ce n'est pas grave, on l'est tous à un moment donné. Le but c'est de ne pas le rester. Mais vu ton caractère de tête de mule, il n'y avait aucune chance que tu le restes. Rit-elle ensuite. Réussissant à arracher à son amie une vague sourire et une tape sur l'épaule. Alors c'était ça, se disait la brune de son côté, c'était ça de respirer. De lâcher prise. Elle se sentait vibrer à chaque respiration contre le cou de la blonde. À chaque fois que son odeur arpentait son odorat. Son cœur s'emballait. Elle se mit à être plus attentive au corps qu'elle avait contre elle, à l'ossature de la pianiste. À la force qu'elle a dégagée. Son assurance. Sa douceur. Sans réellement s'en rendre compte, elle déposa ses doigts sur la base du cou de son amie et commença un doux mouvement de main. Ce qui a eu pour effet de faire courir un frisson le long de l'échine de la jeune blonde. Cette dernière ne bougeait pas, profitant de la douce caresse, fermant les yeux. Puis, honnêtement, une part d'elle n'osait pas bouger de peur de briser l'instant présent. La brune continuait son geste, perdue dans ses pensées, dans ses sensations et sentiments. Doucement elle remonta ses doigts sur la mâchoire saillante de la pianiste, se régalant de la douceur. Sa tête se releva légèrement, se détachant du cou d'Emma. Elle observa ses doigts sur la mâchoire, puis les lèvres de la jeune femme.

Il y avait toujours eu un débat sur le fait de suivre ou non son instinct. Deux écoles s'opposent. Les deux femmes qui se faisaient face s'étaient habituées à ne pas réellement gérer leurs sentiments. Les ignorants subtilement. Bien souvent elles agissaient plus de raison que de cœur. Bien, qu'Emma se laissait plus facilement porter par les évènements, là où la brune avait appris à tout contrôler. Mais à cet instant précis plus aucune question ne se posait. Personne n'était d'avis de contrôler quoi que ce soit ou d'agir en fonction de la logique ou de la réflexion. Ce qui comptait, à cet instant précis, c'était d'assouvir l'envie qui tirailler le ventre des deux femmes. Régina avait approché son visage de son amie, doucement, de manière à pouvoir guetter tout signe de refus. Quand elle vit qu'il n'en était rien, alors elle osa poser ses lèvres sur celles de la pianiste. Cette dernière ne se fit aucunement prier pour répondre au baiser. Elle l'approfondit même un peu, se collant un peu plus à sa partenaire. Après un long moment, elles se séparèrent. Reprenant leur souffle. Emma posa son front contre celui de Régina tout en prenant son visage en coupe. Elle ferma les yeux en sentant le corps de son amie se tendre de plus en plus.
- Ne me fuit pas Régina, s'il te plaît… Murmura-t-elle, soudain effrayée.
- Comment le pourrais-je? nous sommes chez moi… Répondit la brune dans un sourire. Puis elle fixa son regard dans celui émeraude de la pianiste. Je ne vais pas fuir. Pas maintenant.

(TBC...)