Chapitre 1
Naruto s'apprêtait à avancer, son regard froid et impérial fixé sur Sasori. L'aura de menace qui émanait de lui était écrasante, si bien que même l'équipe de Konoha sentait le poids d'une force incontrôlable dans l'air. Sasori, lui, ne bougeait pas. Il observait ce guerrier d'un autre monde, cherchant à analyser comment un tel homme pouvait exister. Mais alors que Naruto allait franchir la dernière distance entre eux.
«Attends, jeune homme.»
Une voix féminine, vieillie par le temps, retentit derrière lui. Naruto s'arrêta et Chiyo s'avança lentement, passant entre les deux colosses qui allaient s'affronter. Tous la regardèrent avec surprise, Kakashi, Neji et Sakura comprirent immédiatement ce qu'elle allait faire. Mais Naruto, lui, ne bougea pas d'un pouce.
Chiyo posa son regard usé sur lui et parla d'une voix ferme :
«C'est à moi de mettre fin à tout cela.»
Il la fixa. Silencieux. Impénétrable.
«Ce marionnettiste que tu t'apprêtes à affronter.» Elle marqua une pause. «C'est mon petit-fils.»
Un silence lourd s'abattit sur l'assemblée, Il ne réagit pas aucune émotion sur son visage. Sasori, lui, ne broncha pas non plus, il observa Chiyo comme une étrangère. Kakashi, Sakura et les autres n'étaient pas surpris, mais l'entendre de la bouche de la vieille kunoichi rendait la scène encore plus pesante.
Chiyo inspira profondément. «Je suis responsable de ce qu'il est devenu. Il m'appartient de régler cela.»
Naruto ferma lentement les yeux puis hocha la tê un mot, il tourna les talons.
Sakura écarquilla les yeux. «Il s'en va ? Juste comme ça ?»
Kakashi, lui, comprit immédiatement, son ancien élève n'avait aucun attachement émotionnel à cette bataille, son but n'était pas de massacrer pour le plaisir. Il voulait anéantir ceux qui se mettaient en travers de son chemin. Sasori n'était qu'un obstacle mineur dans sa quête. S'il pouvait être éliminé sans qu'il ait à lever le poing, alors soit. Et dans son dos, alors qu'il s'éloignait, Chiyo se mit en garde et Sasori, impassible, fit un mouvement de la main.
Naruto s'approcha lentement d'Akuma, son imposant destrier noir aux yeux écarlates. Il posa une main sur l'encolure de l'animal, sentant sa respiration puissante sous ses doigts. Son regard se posa sur Chiyo et Sasori, prêts à s'affronter. Un combat entre proches, entre lien du sang et destin brisé et il savait ce que cela signifiait. Car il avait vu Raoh et Toki s'affronter. Son maître, Ken'Oh, l'Empereur du Poing, avait affronté son propre frère de sang, Toki. Deux hommes liés par le Hokuto Shinken. Deux hommes condamnés à s'opposer, il se souvenait de ce combat.
Raoh était l'incarnation de la force absolue alors que Toki était l'incarnation de la compassion mais Toki avait perdu. Pas parce qu'il était faible, mais parce que sa maladie l'empêchait d'exploiter son plein potentiel. Raoh avait vaincu son frère, mais ne l'avait pas tué comme un combattant. Il l'avait laissé mourir comme un homme et Naruto comprenait ce poids. Il savait que, quel que soit l'issue de ce combat entre Chiyo et Sasori, l'un des deux allait souffrir. Soit le survivant porterait le poids du meurtre d'un proche. Soit le mourant regretterait une dernière fois ce qu'ils avaient perdu. Un combat sans véritable vainqueur, Naruto ferma les yeux un instant car le combat n'était pas le sien mais il respectait ceux qui affrontaient leur destin.
Sasori, impassible, leva la main et dans un cliquetis sinistre, sa première marionnette apparut : Hiruko.
«Grand-mère… tu es venue mourir de ta propre volonté ?» lâcha-t-il d'un ton détaché.
Chiyo ne répondit pas immédiatement, elle jeta un coup d'œil à Sakura, qui apparaissait à ses côtés, puis reporta son attention sur son petit-fils.
«C'est moi qui ai fait de toi ce que tu es aujourd'hui, Sasori. Il est temps que je corrige mon erreur.»
Sans attendre, elle tendit la main, et ses propres marionnettes apparurent dans un tourbillon de chakra. Le combat commença, les fils de chakra scintillaient sous le soleil du désert, les marionnettes dansaient dans un ballet mortel. Chiyo, malgré son âge, prouvait qu'elle était une maîtresse du Kugutsu alors que Sasori, lui, était implacable, méthodique, imperturbable. Le sable tourbillonnait autour d'eux sous les assauts furieux des marionnettes, les lames s'entrechoquaient, le poison transperçait l'air.
Mais Naruto resta là les yeux fermés et les bras croisés, immobile, impassible. Il attendit le dénouement car il savait que, quelle que soit l'issue, ce combat laisserait des cicatrices invisibles.
Le combat entre Chiyo et Sasori atteignait son paroxysme. Les marionnettes dansaient, les fils de chakra créaient une toile mortelle dans l'air. Chiyo, avec l'aide de Sakura, parvenait à suivre le rythme infernal imposé par son petit-fils. Mais Sasori, il était inhumain, son véritable corps, un pantin d'ébène et de métal, se mouvait avec une fluidité effrayante, il était précis, implacable mais Naruto, toujours perché sur Akuma, le vit l'instant décisif, le moment où Sasori, par fierté ou par lassitude, accepta sa propre fin. Les marionnettes de ses parents fondirent sur lui. Leurs lames transpercèrent son cœur artificiel. Un léger souffle s'échappa des lèvres de Sasori. Mais avant que tout ne soit fini, Naruto leva un doigt, un simple poil de son bras, durci par son Ki, fusa à une vitesse foudroyante, un trait invisible à l'œil nu. Le poil transperça le cœur de Sasori au même instant que les lames de ses parents, double sentence, Sasori ouvrit grand les yeux, un instant surpris puis, un sourire fugace apparut sur ses lèvres. Il s'effondra, le regard fixé vers le ciel.
«Heh… c'est ainsi que tout se termine… ?» murmura-t-il, un sourire amer au coin des lèvres.
Sasori, agonisant, leva difficilement la tête vers Sakura.
«Écoute bien…» souffla-t-il, sa voix faible mais distincte.
Sakura et Chiyo se figèrent, écoutant ses derniers mots.
«J'avais un rendez-vous… avec Orochimaru» continua-t-il en haletant. «Mon subordonné… Kabuto devait me contacter.»
Sakura écarquilla les yeux à ce nom. «L'endroit exact… c'est…»
Avec ses dernières forces, il révéla le lieu du rendez-vous. Puis, dans un dernier souffle, il baissa lentement la tête et ne bougea plus. Le silence s'abattit sur le champ de bataille.
Naruto, lui, ne s'était pas arrêté sans un mot, il s'était détourné du corps de Sasori et avançait vers Gaara. Son pas était serein, mais lourd de signification. Le vent soulevait un voile de sable, dévoilant peu à peu le corps inerte du Kazekage. Il s'arrêta devant lui. Son regard se posa sur son vieil ennemi devenu son ami, l'enfant maudit devenu Kage. L'homme qui, plus que quiconque, comprenait sa douleur. Le desert était silencieux.
Naruto s'agenouilla lentement auprès du corps inerte de Gaara. Sans un mot, il posa sa main sur la poitrine de son ami. Un flux de chakra traversa sa paume, pénétrant le corps du Kazekage.
Chiyo, qui s'apprêtait à user de son propre jutsu, s'arrêta net. Les yeux perçants de Naruto la fixaient.
«Ce n'est pas nécessaire.»
Sa voix était sombre, calme, absolue. Elle hésita mais elle ressentait cette énergie étrange. Ce chakra, ce n'était pas du chakra médical, il était de couleur rouge, Naruto retira lentement sa main.
«J'ai fait ce que je devais faire.»
Il se releva, dominant la scène de toute sa prestance. Son regard se posa sur le visage inerte de Gaara puis il déclara, d'une voix ferme:
«Maintenant, c'est à lui de décider…Vivre… ou mourir.»
Il tourna les talons et retourna vers Akuma, son destrier noir. Tout le monde retenait son souffle. Et alors, un léger frémissement. Le sable sous Gaara trembla puis les paupières du Kazekage frémirent.
Naruto posa son pied sur l'étrier et se hissa sur Akuma, son imposant destrier noir. Alors qu'il s'apprêtait à partir, Chiyo brisa le silence.
«Pourquoi ?» demanda-t-elle, sa voix trahissant un mélange de curiosité et de gravité. «Pourquoi ne pas me laisser l'aider ?»
Il, déjà installé sur sa selle, posa sur elle un regard perçant. Le vent souleva son manteau noir tandis que son visage restait impassible.
«Parce que tu comptes te sacrifier», déclara-t-il froidement.
Chiyo écarquilla les yeux. Il baissa légèrement le regard vers Gaara, toujours allongé sur le sable.
« Je ne crois pas aux jutsus qui prennent la vie d'un autre pour en redonner une.»
Il fixa Chiyo droit dans les yeux.
«Et toi, vieille femme… tu avais déjà accepté de mourir avant même de venir ici, n'est-ce pas ?»
Chiyo ne répondit pas tout de suite, le silence qui suivit en disait long, elle finit par soupirer, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres ridées.
«Tu es perspicace, gamin»
Il, toujours perché sur Akuma, esquissa à son tour un mince sourire.
«Je respecte ceux qui se battent en sachant qu'ils ont déjà accepté leur propre mort.»
Son regard se posa une dernière fois sur elle, rempli d'une étrange gravité.
«Mais moi, je ne combats pas pour mourir. Je combats pour conquérir.»
Il tira légèrement sur les rênes d'Akuma, et le cheval frappa le sol, impatient de repartir. Puis, sans un mot de plus, il fit avancer son destrier. Sa silhouette imposante s'éloigna lentement, tandis que Chiyo restait figée sur place, songeuse et elle savait que ce garçon était différent.
Perché sur Akuma, il avançait d'un pas assuré, se dirigeant vers les équipes 7 et 9. Le vent du désert hurlait autour de lui, soulevant de légers tourbillons de sable sur son passage. Tous les ninjas de Konoha le fixaient, à la fois méfiants et intrigués par sa présence imposante.
Sai, distant comme toujours, observait l'homme au manteau noir avec un sourire figé. Sakura, elle, avait le cœur battant, il était là, son ancien équipier banni mais pas celui qu'elle connaissait. Même Kakashi, malgré son calme habituel, gardait son Sharingan dévoilé, prêt à réagir au moindre signe hostile.
L'équipe de Gai était tout aussi tendue, Neji, qui avait activé son Byakugan, ressentait encore cette immense force qui l'avait glacé auparavant. Rock Lee, pourtant toujours enthousiaste, gardait le lui-même plissait les yeux, tentant de comprendre l'aura écrasante qui émanait de Naruto. Mais alors qu'il s'apprêtait à parler…
Une multitude de ninjas de Suna surgirent, encerclant le groupe.
Parmi eux, deux figures familières se démarquaient : Temari et Kankurō. Leurs regards se posèrent immédiatement sur Naruto, et une lueur de surprise traversa leurs yeux. Ils savaient qu'il avait été banni de Konoha. Mais ici, sur les terres du Pays du Vent, il n'était pas un criminel.
Et aujourd'hui, il avait contribué à la survie de Gaara, Temari et Kankurô étaient surpris que Naruto ne fût plus le gamin bruyant qu'ils avaient connu mais ils mirent rapidement ces pensées de côté. Car derrière lui, un mouvement attira leur attention. Tous les ninjas de Suna se figèrent en voyant leur Kazekage se redresser lentement. Chiyo l'aidait à se tenir debout, son visage fatigué mais empreint d'un léger soulagement.
Naruto et Gaara échangèrent un regard, le vent du désert soufflait, soulevant un voile de sable entre eux, mais aucun mot ne fut prononcé. Gaara, malgré la fatigue, leva légèrement le menton et hocha lentement la tête, un geste simple et un signe de reconnaissance. Naruto répondit d'un regard indéchiffrable, puis fit pivoter Akuma pour s'en aller. Mais alors qu'il s'apprêtait à partir, une silhouette se dressa sur son chemin.
Sai, un shinobi de la Racine dégaina son sabre, la lame reflétant le soleil brûlant du désert. Son expression était toujours aussi neutre, détachée mais son intention était claire.
«Je ne peux pas te laisser partir», déclara-t-il d'une voix dénuée d'émotion.
Les ninjas de Konoha et de Suna se tendirent immédiatement. Kakashi réalisa la gravité de la situation, il connaissait Sai et surtout, il connaissait son maître… Danzo. Temari et Kankurō échangèrent un regard inquiet. Sakura, elle, sentit son cœur se serrer, Naruto venait de leur sauver Gaara… et maintenant, Konoha voulait l'arrêter ? Toujours perché sur Akuma, il abaissa lentement son regard vers Sai.
L'expression de Naruto demeura impénétrable, son regard doré perçant Sai comme une lame. Mais une chose était certaine qu'il n'avait aucune intention de se soumettre. Sa voix, lorsqu'il parla, était aussi froide que le vent nocturne du désert :
«Le cafard de Danzo me cherche encore pour le pouvoir de Kyûbi»
Il marqua une pause, puis ajouta avec un mépris glacial :
«Et il envoie un de ses parasites pour faire le pathétique qu'il est. »
L'atmosphère se chargea de tension, Sai ne cilla pas.
«Ce n'est pas personnel», répondit-il d'un ton toujours aussi détaché. «Je ne fais qu'exécuter ma mission.»
Les ninjas autour retenaient leur souffle. Temari et Kankurō serrèrent leurs armes, incertains de ce qui allait suivre. Kakashi savait que cela pouvait dégénérer à tout instant.
Sakura, elle, ne put s'empêcher de murmurer, la gorge serrée :
«Sai… qu'est-ce que tu fais ?»
Naruto ne bougea pas d'un pouce. Son regard restait figé sur Sai, un éclat de mépris pur brillant dans ses yeux. Puis, d'une voix aussi tranchante que l'acier, il déclara :
«Attaque-moi.» Le vent du désert hurla autour d'eux.«Tu n'es même pas digne que je descende d'Akuma pour toi.»
Un frisson parcourut l'échine de plusieurs ninjas en entendant ces mots. Sai, lui, ne montra aucune réaction visible. Mais en une fraction de seconde, il bondit en avant, sabre levé, visant directement le flanc de Naruto, un éclair d'acier fusa dans l'air. Sai fut projeté violemment en arrière, son corps percutant le sol rocailleux sur plusieurs mètres avant de s'arrêter dans un nuage de sable. Tous les ninjas ouvrirent grand les yeux. Sakura porta une main à sa bouche, Neji activa instinctivement son Byakugan, cherchant à comprendre ce qu'il venait de voir. Sur l'armure ANBU de Sai, un poing était imprimé en plein torse, déformant le métal sous la puissance du coup.
Mais ce qui les frappa encore plus, c'était Naruto, il n'avait pas bougé, ses mains étaient toujours sur les rênes d'Akuma. Un silence pesant tomba sur l'assemblée. Puis il parla, sa voix résonnant dans l'air brûlant du désert :
«Estime-toi heureux…»
Il abaissa légèrement son regard vers Sai, encore sonné sur le sol, la respiration hachée.
«Que je n'aie pas utilisé la technique que Deidara a subi sur toi.»
Un frisson glacial parcourut l'échine des ninjas présents même Kakashi ne put cacher sa surprise. Quelque chose en Naruto était effroyablement différent et ils venaient d'en avoir un avant-goût.
Naruto fit pivoter Akuma, prêt à partir, mais s'arrêta un instant. Il abaissa un regard glacial vers Sai, toujours au sol, puis déclara d'une voix aussi tranchante qu'un sabre :
«Si Danzo se met en travers de ma route»
Le vent du désert hurla soudainement, comme pour amplifier ses paroles puis, dans un murmure chargé d'une menace absolue :
«L'étoile de la mort viendra le chercher.»
Un frisson parcourut l'assemblée mais une seule personne réagit avec une terreur visible. Chiyo blanchit instantanément, son corps se tendit, et ses lèvres tremblèrent légèrement. Sakura, étonnée, tourna son regard vers l'aînée.
«Chiyo-sama, ça va ?»
Les ninjas de Konoha remarquèrent son trouble, Neji, qui observait chaque réaction, fronça légèrement les sourcils.
«Pourquoi avez-vous réagi ainsi ?» demanda-t-il avec sérieux.
Chiyo ne répondit pas immédiatement. Son regard restait fixé sur Naruto, comme si elle voyait un spectre du passé. Puis, dans un souffle presque inaudible, elle murmura :
«Ces mots… Je les ai déjà entendus.»
Kakashi resserra sa prise sur son bandeau frontal.
«Que voulez-vous dire ?»
Ce fut Ebizō, le frère de Chiyo, qui prit la parole, son visage était grave.
«C'est une menace qu'on ne doit pas prendre à la légère.»
Il s'arrêta un instant, cherchant ses mots.
«Quand une personne reçoit cette menace.» Tous les regards se tournèrent vers lui. «Elle meurt sous douze mois.»
Un silence de mort tomba sur le groupe puis il conclut, son ton encore plus sombre :
«Et presque toujours sous d'atroces souffrances.»
Naruto ne jeta pas un regard en arrière, il tourna simplement les rênes d'Akuma, et d'un léger coup de talon, son destrier s'élança. Le vent du désert souleva un immense nuage de sable alors que sa silhouette s'éloignait, imposante et inébranlable. Les ninjas de Konoha échangèrent des regards, ils ne pouvaient pas le laisser partir ainsi.
«On doit l'arrêter !» s'exclama Sakura, la mâchoire serrée.
Sai, encore à genoux, serra son poing autour du sable. Il n'avait pas l'habitude d'échouer. Kakashi jeta un regard vers Naruto, puis à Gaara, toujours silencieux. Ce fut finalement Neji qui prit les devants, son Byakugan brillant :
«On ne peut pas le laisser partir comme ça.»
Mais alors qu'ils s'apprêtaient à bouger, une voix calme mais autoritaire retentit :
«Ne bougez pas.» Tous se tournèrent vers Gaara, debout, soutenu par Chiyo. Son regard d'un vert perçant se posa sur eux avec une intensité glaciale.
«Tant que je suis Kazekage. » Le silence se fit. «Vous n'avez pas le droit d'intervenir dans mon pays.»
Les ninjas de Konoha se figèrent même Kakashi n'osa pas contester immédiatement. Gaara garda son regard sur l'horizon, là où Naruto avait déjà disparu, puis ajouta :
«Laissez-le partir.»
Le silence devint pesant, Chiyo, toujours pâle après les mots de Naruto, posa un regard sévère sur l'équipe de Konoha.
«Vous ne pouvez pas l'arrêter.»
Sakura et Lee se tournèrent vers elle, confus.
«Pourquoi ?» demanda Neji, son Byakugan toujours activé.
Chiyo inspira profondément avant de répondre d'une voix calme mais tranchante :
«Parce qu'il est banni.»
Les ninjas de Konoha se raidirent. Chiyo croisa les bras et ajouta :
«Légalement, Naruto Uzumaki n'est plus un ninja de Konoha. Il n'a donc aucun compte à rendre à votre village. Vous n'avez aucune autorité sur lui.»
Le groupe de Konoha grinça des dents, mais ce fut Gaara qui porta le coup final. Son regard froid se posa sur Kakashi.
«Si vous insistez» L'ambiance devint glaciale. «Je pourrais vous arrêter pour trouble à l'ordre public et incitation à un conflit sur le territoire du Pays du Vent.»
La menace était claire.
«Je pourrais également en informer le Daimyō du Vent.»
Les yeux de Kakashi se rétrécirent sous son bandeau frontal, Gaara poursuivit, implacable :
«Et lui en parlera à son homologue du Pays du Feu.»
Les ninjas de Konoha se tendirent encore plus, ils savaient ce que cela impliquait. À cause du bannissement de Naruto, le Pays du Feu et Konoha avaient perdu de précieuses alliances. Le Daimyō du Feu était en froid avec Konoha depuis cette décision. Pire encore, le Daimyō avait refusé de mettre Naruto sur la liste des déserteurs, empêchant ainsi le village d'émettre un mandat de traque officiel. Si Gaara alertait les Daimyōs, cela pourrait fragiliser encore plus Konoha. Kakashi serra les dents, conscient de l'ampleur du problème, Il lança un dernier regard vers l'horizon, là où Naruto avait disparu. Puis, après un long silence, il déclara :
«On rentre. Il faut en discuter à Tsunade-sama. »
Gaara ne broncha pas, mais son regard devint plus sombre en entendant les mots de Chiyo. Elle s'était approchée discrètement, parlant à voix basse, mais son ton était grave :
«Il va falloir durcir la surveillance des frontières.»
Le Kazekage ne répondit pas immédiatement, observant toujours les ninjas de Konoha qui se préparaient à partir. Chiyo continua :
«Nous savons tous les deux que le Conseil de Konoha est gangrené par la corruption»
Elle jeta un regard à son frère Ebizō, qui hocha légèrement la tête.
«Danzo et ces vieux vautours ne vont pas en rester là.»
Son regard glissa vers Sai, toujours silencieux mais visiblement troublé.
«Ils feront des coups en douce, dans le dos de Tsunade.»
Gaara ferma les yeux un instant, réfléchissant puis il déclara, assez bas pour que seuls Chiyo et Ebizō l'entendent :
«Je vais renforcer la sécurité aux frontières.» Son regard se durcit. «Si la Racine de Danzo tente quelque chose sur mon territoire» Le vent souffla, soulevant le sable autour d'eux. «Ils seront traités comme des ennemis de Suna et ils serviront de nourriture à mon sable.»
Chiyo esquissa un sourire fatigué, satisfaite de sa réponse.
Alors que Naruto avançait à dos d'Akuma, son regard fixé sur l'horizon, une voix profonde et caverneuse résonna dans son esprit.
«Hmph… Intéressant.»
Naruto ne réagit pas immédiatement, mais son expression se durcit légèrement. Il reconnaissait cette voix.
«Depuis notre retour sur ce continent, j'ai observé.»
Un léger rictus apparut sur les lèvres du jeune guerrier.
«J'ai vu ton combat contre ce misérable artiste de pacotille»
Kurama pestait, mais Naruto savait qu'il était impressionné.
«J'ai aussi vu comment tu as sauvé ce garçon.»
Le ton du Bijū n'était pas moqueur, ce qui était rare. Naruto ferma brièvement les yeux, écoutant en silence. Il y eut un bref silence, puis Kurama reprit d'une voix plus grave :
«Tu es devenu puissant… bien plus puissant que je ne l'aurais imaginé.»
Naruto ouvrit lentement les yeux, un éclat froid et déterminé brillant dans son regard.
«Je ne suis plus le gamin de Konoha.»
Kurama émit un grondement approbateur. «Non… Tu es bien plus que ça désormais.»
Le désert s'étendait devant lui, et à chaque pas d'Akuma, une nouvelle ère semblait se dessiner. Kurama laissa échapper un grondement sourd, mais cette fois, ce n'était pas un grognement de moquerie, c'était un signe de haussa un sourcil, intrigué par le ton du Bijū. Kurama continua, sa voix résonnant avec un mélange de nostalgie et d'admiration.
«Pendant ces trois années… j'ai observé.»
L'image du désert disparut brièvement dans l'esprit de Naruto, remplacée par des souvenirs d'entraînement, le bruit des poings frappant la roche, le souffle lourd après une bataille sans merci, le regard perçant et inébranlable de Raoh, l'aîné du Hokuto Shinken.
Kurama reprit : «Cet homme… Raoh»
Il y eut un bref silence, comme si le Bijū pesait ses mots puis, dans un ton rare de respect, il déclara :
«Il était digne d'être appelé un roi.» Naruto resta silencieux, laissant Kurama parler. «Lui… et ses frères»
L'image de Kenshiro, aux yeux tristes et remplis de détermination, puis celle de Toki, le guerrier au cœur pur, s'imposa dans son esprit.
«Ils sont parmi les rares humains que je respecte.»
Naruto esquissa un léger sourire. «Et pourtant, tu sembles avoir une préférence pour Raoh.»
Kurama ricana doucement. «Bien sûr. Lui ne cherchait pas la pitié ou la paix illusoire. Il a affronté son destin avec la force d'un empereur, sans jamais courber l'échine. Même face à la mort, il est resté debout.»
Il marqua une pause, avant d'ajouter d'une voix plus grave :
«Comme toi, Naruto.»
Naruto resta silencieux, ses yeux fixés sur l'horizon, tandis que les paroles de Kurama résonnaient encore dans son esprit.
Ce n'était pas tant ce que le Bijū avait dit qui le surprenait mais la manière dont il l'avait dit, l'appelant par son prénom et pas "gamin", pas "morveux", ni aucune des autres moqueries habituelles. Un léger sourire étira les lèvres du jeune guerrier.
«Hmph… Je suppose que j'ai enfin gagné ton respect.»
Kurama laissa échapper un rire grave, un son qui ressemblait presque à un tonnerre lointain.
«Ne prends pas trop la grosse tête»
Mais Naruto entendait la sincérité derrière ses mots. Le temps où Kurama le voyait comme un simple porteur faible et inutile était révolu. Il avait observé, il avait vu Naruto survivre à l'enfer, endurer la douleur, repousser ses limites. Et aujourd'hui, il ne voyait plus un enfant, Il voyait un guerrier, un conquérant. Naruto tapota légèrement le cou d'Akuma, et le puissant destrier noir accéléra son allure. Le vent du désert hurlait autour d'eux, mais cette fois il ne portait plus l'écho d'un paria.
Le lendemain à Konoha, les équipes 7 et 9 étaient revenues et se trouvaient devant Tsunade, leur rapport de mission terminé. Elle était à la fois surprise et attristée de constater à quel point Naruto avait changé. Elle savait qu'elle devait en informer le conseil avant de convoquer les conseillers. Sans perdre de temps, elle rédigea une lettre au Daimyō du Feu pour demander sa présence, consciente que sa position de Hokage avait considérablement faibli à cause de Danzo, des deux anciens et du conseil civil.
Tsunade posa son pinceau et relut la lettre qu'elle venait de rédiger. Chaque mot pesait son poids, chaque phrase était soigneusement tournée pour alerter le Daimyō sans éveiller immédiatement la suspicion du conseil.
Elle roula le parchemin et le scella avec son sceau personnel avant de tendre le message à un ninja messager.
«Apporte cette lettre au Daimyō du Feu immédiatement. Ne t'arrête sous aucun prétexte.»
Le shinobi s'inclina et disparut aussitôt, Tsunade ferma les yeux un instant, cherchant à calmer la tension qui lui serrait la poitrine. Mais une voix qu'elle connaissait trop bien brisa le silence.
«Une convocation officielle au Daimyō ? Voilà qui est bien précipité, Hokage-sama.»
Elle ouvrit les yeux et croisa le regard calculateur de Danzo Shimura, qui venait d'entrer dans son bureau, accompagné de Homura Mitokado et Koharu Utatane, les deux anciens du village.
Elle s'y attendait. «J'imagine que vous avez déjà eu vent du retour de Naruto.»
Homura ajusta ses lunettes avant de répondre :
«Retour n'est pas le terme approprié. Il n'est plus un ninja de Konoha.»
«Et pourtant, il était là, sur le champ de bataille.» répondit Tsunade d'un ton sec.
Danzo s'avança légèrement, appuyant sa canne sur le sol.
«Ne jouons pas sur les mots. Cet enfant représente un danger. Son bannissement était une mesure nécessaire, mais aujourd'hui, nous voyons bien qu'il est devenu une menace incontrôlable. Il a osé lever la main sur un membre de Konoha et menacer notre village.»
Tsunade croisa les bras et fixa Danzo et les deux anciens avec un regard dur.
«Vous oubliez un détail crucial.»
Danzo s'arrêta, plissant légèrement les yeux.
«Naruto est banni de Konoha. Par conséquent, il ne relève plus de notre autorité.»
Homura fronça les sourcils. «Cela ne change rien au danger qu'il représente.»
«Oh, mais si. Cela change tout.» répliqua Tsunade en tapant légèrement du doigt sur son bureau. «Vous voulez le capturer ? L'éliminer ? Très bien, mais sachez que vous n'avez aucun droit de le faire.»
Koharu prit un ton acide : «Il était un ninja de Konoha et portait en lui une arme d'une puissance inégalée. Il reste sous notre juridiction.»
Tsunade ricana, ce qui surprit ses interlocuteurs.
«Vous êtes bien hypocrites. Vous l'avez jeté dehors comme un déchet il y a trois ans, et maintenant qu'il a survécu et gagné en puissance, vous voulez qu'il redevienne votre problème ? Non, messieurs-dames. Vous avez perdu tout droit sur lui.»
Danzo serra légèrement sa prise sur sa canne. «Il nous a attaqués.»
«Il a attaqué Sai.» corrigea Tsunade. «Et où cela s'est-il produit ?»
Un silence s'installa.
«Dans le Pays du Vent.» poursuivit-elle avec un sourire satisfait. «C'est-à-dire hors de la juridiction de Konoha. Ce n'est pas un crime commis dans notre territoire, et Gaara lui-même a ordonné de le laisser partir.»
Homura et Koharu échangèrent un regard troublé.
«De plus» ajouta-t-elle en croisant les doigts sous son menton,«vous n'avez aucun pouvoir pour modifier son statut. Son bannissement a été voté par le conseil et approuvé à contre cœur par le Daimyō du Feu. Seul lui peut revenir sur cette décision.»
Danzo plissa légèrement les yeux. «Et j'imagine que ta lettre au Daimyō sert à cela ?»
Tsunade ne répondit pas immédiatement, mais son sourire en disait long.
«Vous avez voulu vous débarrasser de Naruto. Maintenant, assumez-en les conséquences.»
Les trois conseillers restèrent silencieux, comprenant qu'ils étaient temporairement coincés mais Danzo n'avait pas dit son dernier mot. Il s'arrêta net en entendant Tsunade reprendre la parole.
«Une dernière chose»
Le ton de la Godaime était plus grave, presque menaçant. Elle ouvrit le rapport de Kakashi et le feuilleta avant de s'arrêter sur un passage précis.
«D'après le rapport de Kakashi, Naruto a laissé un avertissement très clair…» Elle leva les yeux et fixa Danzo. «Si tu te dresses sur son chemin, l'étoile de la mort viendra te chercher.»
Un silence pesant s'abattit dans la pièce. Homura et Koharu, qui avaient déjà vécu plusieurs décennies de guerres et de conflits, pâlirent visiblement.
«Cette phrase» murmura Koharu, la voix tremblante.
«Nous l'avons déjà entendue» ajouta Homura, le regard sombre.
Danzo ne laissa rien paraître, mais Tsunade vit ses doigts se crisper légèrement sur sa canne.
«Expliquez-moi.» ordonna-t-elle en les scrutant un à un.
Koharu prit une profonde inspiration avant de parler. «Lorsque nous étions jeunes, pendant la Première Grande Guerre Ninja, un homme avait prononcé ces mots exacts à l'un des généraux de Kiri»
«Un an plus tard, ce général est mort dans d'atroces souffrances, sans que personne ne comprenne comment.» compléta Homura.
Tsunade haussa un sourcil. «Un an ?»
«C'est la malédiction de l'"Étoile de la Mort"» murmura Koharu. «Quiconque reçoit cette menace meurt en moins d'un an, souvent de manière inexplicable.»
Un frisson parcourut la salle. Tsunade observa Danzo avec un rictus moqueur.
«Alors ? Toujours aussi confiant ?»
L'homme ne répondit pas immédiatement. Puis, lentement, il tourna les talons et sortit sans un mot, suivi de Homura et Koharu, encore troublés. Tsunade s'adossa à son fauteuil et poussa un profond soupir.
«Naruto… Jusqu'où es-tu allé… ? »
