Chapitre 61 : La Voyageuse d'entre les Mondes

Le soleil brillait doucement sur les eaux cristallines du lac de Côme, ses reflets dansant sur les montagnes environnantes. La famille Belmont – Gabriel, Circé, et Carrie – s'était accordée un moment de répit loin des conflits surnaturels qui rythmaient habituellement leur vie. Assis sur une petite jetée en bois, ils profitaient de la tranquillité rare qu'offrait cette escapade italienne. Gabriel, habituellement stoïque, paraissait plus détendu, une lueur presque imperceptible de contentement traversant ses yeux tandis qu'il observait le paysage.

Carrie, jeune et pleine de curiosité, s'amusait à créer des ondulations sur la surface du lac en faisant tournoyer de petites pierres avec ses pouvoirs télékinétiques. Elle souriait, profitant de la liberté que ces moments de calme lui offraient. Circé, quant à elle, était allongée sur l'herbe près de l'eau, son visage serein, absorbée par la beauté du lieu. Mais même au milieu de cette sérénité, elle ne pouvait totalement se déconnecter de ses perceptions magiques.

« Ce lieu est parfait », dit Gabriel en fixant l'horizon, « On devrait venir ici plus souvent. »

Carrie acquiesça avec enthousiasme. « C'est tellement paisible... presque étrange de ne pas être en train de combattre quelque chose. »

Circé, les yeux encore fermés, hocha doucement la tête. Mais au fond d'elle, une légère tension naissait. Elle ressentait quelque chose... quelque chose de familier, mais troublant. Les flux magiques qui enveloppaient la région étaient perturbés, comme si une déchirure invisible venait de se produire dans les énergies environnantes. Elle ouvrit lentement les yeux, laissant son regard scruter le ciel dégagé.

« Vous sentez ça ? » murmura-t-elle à Gabriel et Carrie, sa voix habituellement douce trahissant une once de gravité.

Gabriel tourna la tête vers elle, soudain plus attentif. « Que se passe-t-il, Circé ? »

« Il y a une perturbation. Quelque chose d'inhabituel, pas loin d'ici. » Elle se redressa légèrement, son instinct millénaire la guidant. « C'est comme si l'air lui-même avait été déchiré. »

Carrie cessa immédiatement de jouer avec les pierres, jetant un regard interrogateur à sa mère. « Un autre problème magique ? »

Circé se leva, ses gestes lents mais précis. « Ce n'est pas naturel. Ce n'est pas... de notre monde. »

Gabriel plissa les yeux, scrutant l'horizon comme si cela pouvait lui apporter des réponses. Il n'aimait pas l'idée que quelque chose ou quelqu'un puisse troubler la quiétude de cet endroit si paisible. « Nous devrions rester vigilants », dit-il calmement, mais avec l'autorité que Carrie connaissait bien.

La tranquillité qui régnait autour du lac s'était transformée en quelque chose de légèrement oppressant, comme si la nature elle-même attendait que quelque chose se manifeste. Le vent, jusqu'alors doux, s'était levé, et les eaux calmes du lac commençaient à frémir sans raison apparente. L'atmosphère idyllique du matin s'effritait peu à peu, remplacée par une tension croissante.

Circé posa une main rassurante sur l'épaule de Carrie. « Ne t'inquiète pas. Je sens que ce n'est pas encore une menace immédiate, mais quelque chose approche. Restons ensemble, d'accord ? »

Carrie hocha la tête, déjà plus sérieuse. Elle savait que lorsqu'il s'agissait de magie, sa mère avait rarement tort. Gabriel, fidèle à son tempérament, restait calme et imperturbable, mais Carrie savait que, sous cette façade, il était déjà en mode de protection.

« Allons voir d'où cela vient », déclara Gabriel d'un ton posé mais décidé.

Ils se levèrent ensemble, leurs sens affûtés, prêts à faire face à ce qui semblait se profiler à l'horizon.

Alors que la tension grandissait autour du lac, l'air se mit à vibrer, comme s'il répondait à une force invisible. Soudain, une lumière étrange fendit le ciel, déchirant l'atmosphère avec un craquement surnaturel. Un portail dimensionnel s'ouvrit à quelques mètres de la famille Belmont, pulsant d'une énergie irisée et tourbillonnante. Le calme idyllique du lac de Côme s'évanouit, remplacé par une aura de mystère et de danger.

Gabriel, Circé et Carrie observèrent la scène avec une vigilance accrue. Du portail jaillit une jeune femme, haletante et couverte de poussière. Elle portait une tenue de guerrière, un ensemble de cuir et de tissu marqué par les épreuves, et dans sa main, une épée brillait d'un éclat menaçant. Son visage, marqué par une cicatrice distincte qui courait de son œil droit à sa joue, exprimait la méfiance et la fatigue de quelqu'un qui avait traversé bien des mondes.

Elle scruta les environs avec prudence, s'attendant probablement à des dangers immédiats. Lorsqu'elle aperçut la famille Belmont, elle se figea. Ses yeux se plissèrent, calculant chaque détail de leurs silhouettes. Gabriel, sous son apparence humaine, semblait inoffensif à ses yeux. Circé et Carrie, elles aussi, n'affichaient aucune intention hostile, mais l'étrangère restait sur ses gardes.

« Qui êtes-vous ? » lança-t-elle d'une voix rauque, visiblement prête à se défendre.

Gabriel s'avança légèrement, la paume ouverte pour montrer qu'il n'avait aucune arme visible. « Nous ne te voulons aucun mal. Je m'appelle Gabriel, et voici Circé, mon épouse, et notre fille, Carrie. Nous sommes ici par simple coïncidence. » Sa voix était calme, mais son regard perçant analysait chaque mouvement de l'étrangère.

La jeune femme, toujours haletante, rengaina son épée avec un soupir nerveux, bien qu'elle ne relâchât pas sa vigilance. « Je suis Ciri. » Elle regarda autour d'elle, comme pour vérifier qu'elle n'était pas suivie. « Je... je voyage entre les mondes. Mais je ne peux pas rester ici. Vous devez partir. »

Circé, qui observait la jeune femme d'un regard perçant, sentit immédiatement la puissance qui émanait d'elle. Ciri n'était pas une simple guerrière. Il y avait quelque chose de plus, quelque chose de profond et de complexe. « Pourquoi ? » demanda Circé avec douceur. « Qu'est-ce qui te pousse à fuir ? »

Ciri hésita, scrutant les trois visages devant elle. Ils n'avaient pas l'air d'être en danger, mais elle savait que les apparences pouvaient être trompeuses. Finalement, elle céda un peu de terrain dans sa méfiance. « Je suis poursuivie par la Chasse Sauvage », avoua-t-elle. « Ce sont des cavaliers spectres, des êtres venus d'un autre monde. Ils me traquent à travers les dimensions. Si vous restez ici, vous serez en danger. Ils arrivent, et rien ne peut les arrêter. »

Carrie, curieuse par nature, s'avança d'un pas, ses yeux brillants d'excitation. « La Chasse Sauvage ? Des spectres d'un autre monde ? Mais pourquoi te poursuivent-ils ? »

Ciri secoua la tête. « Ce n'est pas une histoire que vous devez connaître. Ce que vous devez faire, c'est fuir tant que vous le pouvez. Je ne veux pas que vous soyez pris dans cette bataille. »

Gabriel croisa les bras, son visage impassible mais ses yeux brillant d'une détermination tranquille. « Nous n'avons pas l'intention de fuir », déclara-t-il d'un ton posé. « Si ces spectres te poursuivent, nous t'aiderons à les affronter. »

Ciri les fixa, stupéfaite. « Vous ne comprenez pas. La Chasse Sauvage n'est pas un simple groupe de spectres que l'on peut affronter. Ils ne s'arrêtent jamais. Ils détruisent tout sur leur passage. Vous ne pouvez pas les combattre. »

Circé sourit légèrement, une lueur de défi dans ses yeux. « Tu serais surprise de ce que nous sommes capables de faire, jeune voyageuse. »

Ciri fronça les sourcils, toujours sceptique. Elle avait rencontré d'innombrables personnes dans ses voyages, des héros et des guerriers. Mais cette famille semblait si... ordinaire. Pourtant, il y avait quelque chose dans leur assurance qui la troublait. Elle n'arrivait pas à percevoir leur vraie nature. « Vous ne savez pas à quoi vous avez affaire », insista-t-elle, son ton devenant presque désespéré. « Je ne veux pas que vous soyez blessés à cause de moi. »

Carrie, impatiente, fit un pas de plus vers Ciri, son enthousiasme palpable. « Tu ne devrais pas nous sous-estimer. Nous avons déjà affronté des créatures bien plus terrifiantes. »

Gabriel posa une main sur l'épaule de Carrie, comme pour lui rappeler de ne pas trop se précipiter. « Ciri, tu peux rester ici en sécurité. Nous te protégerons. »

Ciri secoua la tête, perturbée par leur obstination. « Vous ne savez pas de quoi vous parlez... »

Mais malgré ses réticences, elle commençait à comprendre qu'elle ne pourrait pas les convaincre de partir. Leur détermination et leur calme étaient déconcertants. Elle soupira finalement, résignée. « Très bien... Mais je vous avertis, la Chasse Sauvage n'a jamais perdu une proie. »

Gabriel hocha la tête, un éclat de défi brillant dans ses yeux. « Ce sera la première fois. »

Le crépuscule tombait lentement sur le lac de Côme, teintant l'eau d'une lueur dorée. Autour d'un petit feu, la famille Belmont et Ciri étaient assises, le calme apparent du lieu en contraste frappant avec la tension grandissante entre eux. Ciri, légèrement en retrait, fixait les flammes dansantes, ses pensées tourmentées par sa fuite et la menace imminente de la Chasse Sauvage.

« Alors, tu voyages entre les mondes ? » demanda Carrie, l'enthousiasme évident dans sa voix, ses yeux pétillants d'un intérêt insatiable.

Ciri hocha la tête, mais resta évasive. « Oui, j'ai cette capacité... mais je ne la maîtrise pas totalement. Je passe d'un monde à un autre, poursuivie par la Chasse Sauvage. »

Carrie, fascinée, enchaîna : « Comment sont les autres mondes ? Est-ce qu'ils ressemblent à celui-ci ? Est-ce que tu as rencontré d'autres créatures étranges ? »

Ciri esquissa un léger sourire, mais son regard se durcit presque immédiatement. « Chaque monde est différent... Certains sont magnifiques, d'autres... terrifiants. Mais peu importe où je vais, la Chasse Sauvage finit toujours par me retrouver. » Sa voix trahissait une lassitude profonde, celle de quelqu'un qui avait fui trop longtemps.

Circé, silencieuse jusque-là, observait attentivement Ciri. Elle pouvait sentir la puissance qui émanait de la jeune femme, mais aussi son épuisement émotionnel. Elle aurait pu intervenir, offrir des conseils issus de ses millénaires d'expérience, mais elle choisit de ne rien dire pour l'instant. Ciri devait trouver sa propre voie. Trop de fois dans son passé, Circé avait appris que forcer une aide non sollicitée pouvait aggraver les choses.

Gabriel, assis à côté de Circé, fixait les flammes avec une concentration tranquille. Son instinct le poussait à analyser chaque détail, chaque mot prononcé par Ciri. Il ne doutait pas de sa force, mais la Chasse Sauvage représentait un danger d'une ampleur inhabituelle, et il sentait que les événements à venir seraient décisifs.

Ciri, frustrée, se tourna soudainement vers eux, sa voix empreinte de culpabilité. « Je n'aurais pas dû créer ce portail. J'ai... j'ai peut-être attiré la Chasse Sauvage ici. » Elle ferma les yeux un instant, prenant une profonde inspiration. « Vous ne comprenez pas... Ces cavaliers ne sont pas de simples ennemis. Ce sont des spectres implacables, des entités qui traversent les mondes sans jamais faiblir. Vous devriez fuir, maintenant. »

Gabriel, impassible, secoua légèrement la tête. « Nous avons affronté des forces que tu ne peux imaginer, Ciri. Nous ne sommes pas du genre à fuir devant le danger. »

« Tu ne les connais pas, » répliqua-t-elle d'une voix tremblante, serrant les poings. « Je ne veux pas que vous soyez tués à cause de moi. »

Carrie, toujours curieuse, intervint. « On peut se défendre. Tu n'as aucune idée de ce que nous sommes capables de faire. »

Ciri secoua la tête, ses yeux brillants d'une inquiétude palpable. « Peu importe combien vous êtes forts... La Chasse Sauvage n'a jamais perdu une proie. Ils me traquent depuis des années, et partout où ils passent, ils laissent la destruction derrière eux. »

Circé, décidant enfin de parler, fit un léger geste de la main vers Ciri. « Tu es une jeune femme courageuse, Ciri. Mais tu sous-estimes notre capacité à faire face à ce genre de menace. » Ses paroles étaient douces mais pleines d'autorité, et bien qu'elle n'offrit pas de détails sur leur véritable nature, il était clair que Circé ne craignait pas la Chasse Sauvage.

Ciri resta silencieuse, pesant ses options. Elle avait appris à se méfier de ceux qu'elle rencontrait dans ses voyages, mais il y avait quelque chose dans cette famille, une sorte de calme imperturbable qui la déconcertait. Elle voulait les protéger, mais ils semblaient si... sûrs d'eux. Pourtant, la menace qui approchait était bien réelle.

Le silence fut soudain brisé par une brume qui s'élevait doucement du lac, enveloppant l'eau dans une nappe dense et presque surnaturelle. Ciri se redressa brusquement, ses instincts en alerte. Ses yeux se plissèrent alors qu'elle observait la brume, son cœur battant plus fort. Elle savait ce que cela signifiait.

« Ils approchent... » murmura-t-elle, une tension palpable dans sa voix.

Gabriel et Circé échangèrent un regard. La paix qui régnait jusque-là au bord du lac venait d'être brisée par une présence lourde et menaçante. Les éclairs verdâtres qui perçaient désormais le ciel signalaient l'arrivée de la Chasse Sauvage. Carrie, malgré son enthousiasme initial, sentit l'atmosphère changer. Elle comprit que l'heure de la confrontation approchait, mais au lieu de craindre, elle se tenait prête.

Ciri, la mâchoire serrée, dégaina son épée, se préparant à l'inévitable. « Vous devez partir. Maintenant. »

Mais Circé, d'une voix calme et assurée, répondit doucement : « Nous ne partons nulle part. »

Gabriel se leva lentement, ses yeux perçant à travers la brume. « Ils ne savent pas encore à qui ils ont affaire. »

Le calme idyllique du lac de Côme s'évapora en un instant. Le ciel, jusqu'alors dégagé, se chargea de lourds nuages noirs, et des éclairs d'un vert étrange déchirèrent l'obscurité qui s'installait. La brume devint plus épaisse, tourbillonnant autour du groupe comme si elle avait sa propre volonté. Ciri se figea, son regard perçant à travers l'épaisse brume.

« Ils sont là... » murmura-t-elle, sa voix tremblante d'une tension presque palpable.

Elle se tourna vers la famille Belmont, ses yeux suppliants. « Il est encore temps ! Vous devez fuir. La Chasse Sauvage est implacable. Elle ne laisse aucune échappatoire. » Sa voix s'étranglait presque sous le poids de la peur.

Mais Gabriel, imperturbable, secoua la tête avec calme. « Nous ne fuyons pas, Ciri. Nous n'avons jamais fui, et nous ne commencerons pas aujourd'hui. »

Circé, à ses côtés, leva la main vers le ciel, traçant d'élégantes runes magiques dans l'air. Une lueur argentée s'échappa de ses doigts, dessinant un cercle de protection autour d'eux, tandis qu'une énergie ancienne pulsait à travers elle. « Cette brume ne nous effraie pas, ma chère. »

Carrie, malgré son jeune âge, affichait une concentration intense, ses pouvoirs télékinétiques bouillonnant sous la surface, prêts à éclater à tout moment. Elle jeta un regard à Ciri, déterminée. « Si ces cavaliers sont aussi terrifiants que tu le dis, alors il est temps pour eux de rencontrer leur match. »

Ciri les regarda, stupéfaite. Elle s'attendait à ce qu'ils fuient ou, au mieux, qu'ils soient des cibles faciles pour la Chasse Sauvage. Mais leur calme, leur assurance, défiaient tout ce qu'elle avait prévu. Sa confusion ne fit qu'empirer lorsqu'elle aperçut Gabriel s'éloigner légèrement, son visage se durcissant. Quelque chose de sombre semblait émaner de lui.

Elle recula d'un pas lorsqu'elle le vit se transformer. Son apparence changea subtilement, son teint pâlissant davantage, tandis que ses yeux prirent une teinte rouge sanglante. Gabriel Belmont n'était plus seulement un homme. Il était devenu Dracula, Seigneur des Ténèbres, un vampire d'une puissance incommensurable.

Ciri écarquilla les yeux, une horreur froide la traversant. « Un vampire... » murmura-t-elle, sa voix trahissant un mélange de choc et de peur. « Vous... vous êtes un vampire. » Elle brandit instinctivement son épée, par réflexe, mais la garda baissée, hésitante.

« Un vampire, certes, mais pas ton ennemi, Ciri, » répondit Gabriel, sa voix grave et résonnante. « Nous sommes ici pour te protéger, et ces cavaliers fantômes n'ont aucune idée du prédateur qu'ils affrontent. »

Avant que Ciri ne puisse répondre, un hurlement spectral traversa l'air, glaçant le sang de quiconque l'entendait. Les silhouettes spectrales des cavaliers de la Chasse Sauvage émergèrent de la brume, leurs chevaux flottant au-dessus du sol, leurs yeux verts brillant d'une lueur malsaine. Leurs armures éthérées scintillaient d'une énergie ancienne et malveillante, et leurs lances longues comme des arbres étaient pointées en direction de Ciri.

Le combat faisait rage. La brume qui enveloppait les rives du lac semblait se densifier sous l'arrivée des cavaliers spectres. Gabriel, ses ailes noires déployées, fendait l'air avec une grâce inquiétante, affrontant les cavaliers fantômes à l'aide de sa Void Sword. Chaque coup porté à ces êtres éthérés tranchait leur essence même, mais cela ne les détruisait pas complètement. Ils se reformaient dans un éclat de lumière verte, se régénérant à une vitesse surnaturelle.

Gabriel, implacable, s'élançait de spectre en spectre, tranchant avec précision, sa lame brillait d'un éclat sombre et mystique. Les cavaliers, bien qu'acharnés, n'arrivaient pas à le toucher. Ses Demonic Wings le propulsaient dans les airs avec une rapidité fulgurante, lui permettant de se positionner pour des attaques mortelles. Pourtant, il savait que ces cavaliers ne pouvaient être simplement vaincus par la force brute. Ils étaient liés par une magie ancienne, quelque chose de bien plus puissant et ancré dans le monde des morts.

Derrière lui, Circé maintenait une barrière protectrice autour de Ciri, murmurant des incantations millénaires. Des runes flottantes entouraient le champ de protection, s'illuminant à chaque nouvelle vague d'assaut. Les cavaliers cherchaient à percer cette barrière pour atteindre leur proie, mais les sorts de Circé, renforcés par son expérience magique incommensurable, tenaient bon. Elle restait concentrée, mais l'effort était visible dans ses yeux scintillants. Chaque assaut contre la barrière faisait vibrer l'air autour d'eux, mais la sorcière gardait sa sérénité.

« Ils ne passeront pas, » murmura Circé avec détermination, une lueur d'argent dansant autour d'elle. Elle jetait de rapides regards vers Gabriel, confiante qu'il tiendrait les cavaliers à distance suffisamment longtemps pour qu'elle puisse les protéger.

Pendant ce temps, Carrie, les yeux brillant d'une lumière surnaturelle, faisait montre de toute sa puissance. Avec un simple mouvement de la main, elle arrachait les armes des cavaliers, les projetant dans le lac comme si elles n'étaient rien de plus que des fétus de paille. Sa télékinésie se manifestait sous forme de vagues d'énergie invisible, et à chaque geste, un cavalier spectre était soulevé dans les airs avant d'être brutalement projeté au sol ou désarmé. Elle combattait avec une assurance qui surpassait son jeune âge, chaque mouvement calculé, chaque geste imprégné d'une maîtrise totale de ses pouvoirs.

Un cri s'éleva derrière elle alors que Ciri, jusque-là observatrice, se leva soudainement, saisissant son épée avec une détermination nouvelle. La vision de la famille Belmont repoussant la Chasse Sauvage avec tant de force et de discipline avait éveillé en elle un sentiment qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps : l'espoir. Peut-être n'était-elle pas seule dans ce combat interminable contre la Chasse.

Ciri s'élança vers un groupe de cavaliers, son épée sifflant dans l'air, son agilité lui permettant d'esquiver les coups des spectres. Avec grâce, elle se glissa sous l'attaque d'un cavalier, sa lame étincelant dans la brume. Elle frappa, son épée frappant l'armure spectrale de son adversaire, et bien qu'elle n'eût pas l'effet dévastateur de la Void Sword, son coup ralentit la progression du cavalier, le forçant à reculer.

Elle se tourna vers Gabriel, qui lui adressa un bref signe de tête. Il la reconnaissait désormais comme une alliée digne de ce nom.

Le combat s'intensifia. Gabriel et Ciri combattant côte à côte, unissant leur agilité et leur puissance, taillant à travers les cavaliers spectres comme si leurs vies en dépendaient. Circé, à l'arrière, maintenant son bouclier magique intact, tout en lançant de temps à autre des éclairs mystiques pour repousser les assauts.

Le vent se fit plus lourd, chargé de l'énergie malsaine de la Chasse Sauvage. Un rugissement se fit entendre, et une silhouette imposante apparut dans la brume. C'était le chef de la Chasse Sauvage, une entité encore plus imposante que les autres cavaliers. Sa monture flottait à plusieurs centimètres du sol, ses yeux d'un vert éclatant transperçant la brume. Il leva sa main, et une onde de choc énergétique se répandit, frappant la barrière protectrice de Circé de plein fouet.

La barrière vibra violemment, des fissures apparurent, mais Circé tenait bon, ses runes brillant plus intensément pour contrer l'attaque.

« Il est trop puissant ! » s'exclama Ciri, reculant sous l'assaut.

Mais Carrie, toujours à l'affût, leva ses mains et invoqua un feu puissant, des flammes surgissant de ses paumes pour repousser l'énergie sombre qui menaçait de briser la barrière. Les flammes crépitantes jaillirent avec force, repoussant le chef de la Chasse Sauvage de plusieurs mètres en arrière.

Circé, profitant de ce répit, lança une nouvelle incantation, renforçant la barrière une dernière fois avant de concentrer son pouvoir pour un assaut final. Le chef de la Chasse Sauvage, frustré, tenta de lancer une nouvelle attaque, mais Gabriel, voyant l'opportunité, se jeta sur lui avec une rapidité fulgurante.

« Vous ne me privez pas de ce monde ! » hurla le chef, mais Gabriel restait imperturbable.

Avec un coup précis de sa Void Sword, il fendit l'air, tranchant à travers l'énergie noire du chef des cavaliers. L'impact résonna comme un coup de tonnerre, et une onde de choc lumineuse jaillit du point d'impact, ébranlant l'atmosphère. Le chef de la Chasse Sauvage hurla de rage, son corps spectral blessé sous l'assaut. Il décida de sonner la retraite.

Les cavaliers spectres commencèrent à se retirer. Ils se dissipèrent dans la brume, suivant leur leader. Le lac de Côme retrouva peu à peu son calme alors que les derniers éclairs verts s'évanouissaient dans le ciel.

Ciri, haletante, regarda autour d'elle, stupéfaite. « Je n'aurais jamais pensé que... vous pourriez les affronter comme ça... »

Circé sourit doucement, essuyant une goutte de sueur sur son front. « Il ne faut jamais sous-estimer ceux que l'on rencontre, Ciri. »

Gabriel rangea sa Void Sword, son regard se posant sur la brume qui se dissipait. « Ils reviendront, » dit-il calmement. « Mais nous serons prêts. »

Ciri les regarda avec un mélange d'admiration et de gratitude. Elle s'était trompée. La famille Belmont était bien plus qu'elle n'avait jamais imaginé.

La brume s'était dissipée, et les cavaliers de la Chasse Sauvage avaient battu en retraite pour la première fois depuis que Ciri se souvenait de leur traque incessante. Haletante, elle observait Gabriel, Circé, et Carrie avec une reconnaissance silencieuse, son épée encore serrée dans sa main.

Ciri, brisant le silence, murmura : « Je... je ne les ai jamais vus battre en retraite comme ça. C'est la première fois que je réussis à leur échapper aussi... facilement. »

Gabriel, redevenu plus humain dans son apparence, hocha la tête en signe de compréhension. « Ils reviendront, Ciri. Mais d'ici là, tu es en sécurité. Viens chez nous, à Ponza, le temps que tu te reposes et planifies ton prochain départ. »

Circé, de son côté, ajouta avec un sourire bienveillant : « Notre maison est ouverte à ceux qui en ont besoin. Tu pourras y trouver la paix, ne serait-ce que pour quelques jours. »

Ciri, encore sous le choc de la bataille mais touchée par l'hospitalité des Belmont, hocha la tête. « Merci... Je ne peux pas rester longtemps, mais je vous suis reconnaissante pour votre aide. »

Les jours qui suivirent furent bien plus paisibles. Ponza, une île italienne enchanteresse, offrait un cadre tranquille, loin des batailles et des poursuites incessantes. Les eaux cristallines, les falaises escarpées et les petites maisons aux toits rouges formaient un décor paradisiaque où Ciri put enfin respirer.

Ciri s'était installée dans l'une des chambres de la villa des Belmont, une bâtisse élégante et ancienne perchée au bord d'une falaise. Elle se laissait parfois aller à contempler l'horizon, où la mer semblait s'étendre à l'infini. Pour une fois, elle se sentait presque libre, loin des cavaliers et de la Chasse Sauvage. Ce fut une sensation étrange, mais réconfortante.

Pendant son séjour, elle apprit à mieux connaître Gabriel, Circé, et Carrie. Les jours se transformaient en longues discussions au coin du feu ou sur la terrasse ensoleillée. Gabriel, avec sa présence imposante et son calme, parlait peu mais observait beaucoup. Circé, avec sa sagesse millénaire, semblait avoir des réponses à tout, même si elle laissait souvent les autres poser les questions. Carrie, quant à elle, se montrait enthousiaste et curieuse, toujours prête à écouter les histoires de Ciri.

Ciri parla souvent de Geralt de Riv, son père adoptif, un sorceleur respecté dans son monde. Elle racontait leurs aventures communes, sa formation, et comment elle avait fini par fuir la Chasse Sauvage à travers les mondes. Elle parlait aussi de Yennefer, une magicienne aussi redoutable que bienveillante, qui était devenue sa mère adoptive. Chaque mot, chaque souvenir qu'elle partageait révélait à quel point ces deux figures l'avaient marquée et protégée.

Un jour, alors qu'ils se promenaient sur les sentiers escarpés de Ponza, Ciri confia à Carrie : « Geralt est plus qu'un simple mentor. Il m'a appris à survivre, à me battre... mais il m'a aussi donné quelque chose que je n'avais jamais eu avant : un foyer. »

Carrie écouta attentivement, ses yeux brillants de compassion. « Ça doit être incroyable d'avoir quelqu'un comme ça. Tu as de la chance. »

Ciri sourit doucement. « J'ai eu de la chance, oui. Mais parfois, j'ai l'impression que je suis condamnée à fuir pour toujours. La Chasse Sauvage ne lâche jamais prise. »

Carrie, toujours empathique, répondit d'une voix rassurante : « Peut-être que tu ne devrais plus fuir seule. Tu as des alliés maintenant, Ciri. Même si nous ne sommes pas de ton monde, nous pouvons être là pour toi. »

Le lien entre Carrie et Ciri s'était tissé naturellement. Les deux jeunes femmes partageaient plus de similitudes qu'elles ne l'avaient d'abord cru. Toutes deux avaient été propulsées dans des vies qu'elles n'avaient pas choisies, toutes deux portaient le poids de pouvoirs immenses qu'elles maîtrisaient à peine à leur début. Ces conversations nocturnes et ces échanges complices renforçaient leur amitié.

Les jours passaient, et Ciri s'imprégnait de la sérénité de Ponza, mais elle savait que son séjour devait bientôt se terminer. Ses responsabilités, et la menace constante de la Chasse Sauvage, la rappelaient à l'ordre. Pourtant, pour la première fois depuis longtemps, elle avait trouvé un refuge, un endroit où elle pouvait s'arrêter et se reposer sans avoir à regarder constamment derrière elle.

Le soleil commençait à se lever sur l'horizon, baignant le lac de Côme dans une lueur dorée. Ciri, debout devant un nouveau portail dimensionnel qu'elle venait d'ouvrir, échangeait des regards avec Gabriel, Circé, et Carrie. Après trois jours passés à Ponza, il était temps pour elle de repartir. La jeune femme semblait apaisée, malgré l'incertitude de ses voyages constants.

Ciri, d'une voix douce mais résolue, déclara : « Je dois continuer. La Chasse Sauvage ne s'arrêtera pas, et je ne veux pas attirer plus de danger ici. »

Gabriel hocha la tête avec compréhension. « Tu as un long chemin devant toi, Ciri. Mais n'oublie pas que tu n'es pas seule. »

Circé, avec un sourire bienveillant, s'approcha de la jeune voyageuse. « Si un jour tu as besoin de notre aide, tu sais où nous trouver. »

Les deux femmes échangèrent un regard complice. Ciri se sentait étrangement en sécurité en leur présence, une sensation qu'elle avait rarement connue dans ses voyages. Elle tendit la main à Circé.

Ciri : « Merci. Je n'oublierai jamais votre aide. Et je saurai vous retrouver si l'occasion se présente. »

Carrie, un peu en retrait, observait la scène avec émotion. Elle s'était attachée à Ciri durant ces quelques jours, et leur amitié lui manquerait. Ciri, comme si elle avait senti son hésitation, se tourna vers elle.

Ciri : « Carrie... Tu as un pouvoir incroyable. Ne doute jamais de ta force. Et qui sait ? Peut-être qu'un jour, nos chemins se recroiseront. »

Carrie, touchée, hocha la tête et sourit timidement. « Je l'espère. Prends soin de toi. »

Le vent souffla doucement alors que Ciri se tenait devant le portail, prête à s'y engouffrer. Elle jeta un dernier regard vers la famille Belmont, un mélange de gratitude et de respect dans ses yeux. Puis, d'un pas sûr, elle traversa le portail, disparaissant dans un éclat de lumière.

Lorsque Ciri disparut, la brise qui soufflait autour du lac de Côme reprit son rythme apaisant. Le calme retomba instantanément sur les lieux. Gabriel, Circé, et Carrie se tenaient là, immobiles, contemplant l'endroit où leur alliée d'un autre monde s'était volatilisée.

Gabriel, les yeux fixés sur l'horizon, murmura : « Ce n'est qu'un au revoir. Nos chemins se recroiseront un jour. »

Circé, toujours sage, posa doucement sa main sur l'épaule de son mari. « Les liens qui se tissent entre les mondes sont plus forts qu'on ne le pense. Ciri sait qu'elle peut compter sur nous. »

Carrie, pensant à leur brève mais intense rencontre, ajouta : « Elle fait partie de quelque chose de plus grand. Et nous aussi. »

Le silence s'installa à nouveau, mais cette fois, il était empreint de sérénité. La paix était revenue sur le lac, un contraste frappant avec l'intensité de la confrontation avec la Chasse Sauvage. Pour un instant, la famille Belmont put savourer la tranquillité, renforcée par la certitude qu'ils avaient fait une différence dans le destin de Ciri.

Ils tournèrent le dos au portail désormais refermé et reprirent leur chemin, unis comme toujours, prêts à affronter les défis que l'avenir leur réservait.