Je tiens à remercier de nombreuses personnes.
D'abord, ArynLuna, Sebferga et Kana-chan01 pour avoir mis la fic en Alert. Ensuite, merci à ArynLuna, Kana-chan01, Sebferga, Cosmos Asma et Belle De Nuit17 pour avoir mis la fic en favoris. Et enfin, merci à Sebferga et Kana-chan01 pour avoir reviewé le chapitre 1.
Bonne lecture !
DISCLAIMER : Le Seigneur des Anneaux ne m'appartient pas, tout est à Tolkien.
Chapitre2 :
Une lune funeste
Debout face à son casier, Jodie prenait son temps pour ranger ses affaires dans son sac.
On était vendredi, fin de journée. Les cours étaient finis. Les élèves, ravis, se dépêchaient de ranger leurs affaires pour quitter l'établissement.
Mais pas Jodie. Il y avait maintenant trois semaines qu'elle habitait chez Tina et la situation s'était lentement dégradée. Après qu'une ambulance soit passée pour prendre sa mère, la jeune fille avait attendu une demi-heure avant que Tina et sa mère viennent les chercher, elle et son chat.
Tandis que Jodie portait la cage renfermant le chat, la mère de l'adolescente guidait celle-ci vers leur voiture.
Elles n'avaient roulé qu'une vingtaine de minutes avant de rejoindre le quartier où Tina résidait avec sa famille.
Leur maison était jolie, de style Tudor. Le genre de maison que la famille de Jodie avait toujours rêvée d'avoir. Quoique l'intérieur lui semblait un peu trop moderne : tous les meubles étaient en plastique ou faits dans une sortie d'alliage métallique noir. La table basse du salon était même en verre, ce qui permettait de voir en dessous, le tapis aux motifs géométriques modernes qui l'ornaient. Jodie n'était guère fan de ce genre de décoration, mais elle refusait de critiquer les choix de ses hôtes.
Pourtant, même leur jardin manquait de charme. Il n'y avait qu'une pelouse soigneusement tondue et un gros plant de lavande près de l'entrée, qui ne fleurissait pas en cette saison froide. Si sa mère avait eu un tel jardin, Jodie était sûre qu'elle y aurait planté une foule de fleurs, d'arbres fruitiers, créé un potager et même réservé un petit espace pour y mettre un étang.
La première semaine s'était écoulée dans une routine plutôt agréable : chaque matin, les filles partaient au collège, puis elles rentraient chez Tina faire leurs devoirs, après quoi elles regardaient une série à la télé, jusqu'à ce qu'il soit l'heure de se coucher.
Mais dimanche soir, les parents de Tina avaient réclamé la télé. Les filles s'étaient donc isolées dans la chambre de cette dernière pour discuter.
Au début, elles avaient parlé de leurs goûts musicaux, de leurs films et séries préférés, quel acteur était le plus mignon. Puis Jodie avait confié à Tina sa passion pour l'histoire et la mythologie. Elle lui avait même raconté les histoires de ses parents sur la Terre du Milieu.
Tina avait paru gênée, presque agacée par ces contes qui, selon elle, étaient pour les bébés.
Et lorsque Jodie lui avait montré la pierre donnée par sa mère, elle avait vu le visage de son amie se teinter de jalousie.
« Ça vaut combien, cette pierre ? Tu pourrais la vendre et on se partagerait la somme ! J'ai besoin d'une nouvelle robe », expliqua Tina.
Choquée, Jodie avait rangé la pierre dans la bourse et l'avait serrée fort contre son cœur. Quelle idiote elle avait été de lui confier de tels secrets ! Elle connaissait la règle, pourtant : les Érudits ne partageaient rien avec les étrangers. Pourtant, Tina était son amie d'enfance. Elle avait cru qu'elle pouvait lui faire confiance.
Face à son refus, son ancienne amie s'était moquée d'elle. Le lendemain, elle avait parlé à un groupe de filles de leur classe. Elle leur avait révélé les « âneries » auxquelles Jodie croyait : la magie, les Elfes, les dragons… Résultat, tous les membres de sa classe la prenaient pour une espèce de geek, qui ne s'intéressait qu'aux jeux de rôle et à d'autres stupidités d'intello.
Jodie n'arrivait pas à croire que Tina lui avait fait un coup pareil. Et c'était pire à la maison, car plus le temps passait, plus les parents de Tina semblaient gênés de sa présence. La jeune fille faisait pourtant de son mieux pour ne pas les gêner. Elle mangeait tout ce qu'on lui servait, même si elle n'aimait pas. Elle veillant toujours à ce que ses affaires soient rangées, à ne rien laisser en pagaille. Elle aidait même à faire le ménage, pendant le week-end.
Mais ce n'était plus comme avant. Jodie se rappela une discussion la semaine dernière, alors qu'elle sortait de la salle de bains après avoir pris sa douche. Elle avait entendu du bruit dans la cuisine et s'était lentement approchée de la salle.
« J'en ai marre, ça fait déjà plus de deux semaines, on n'était pas censés la garder aussi longtemps ! » avait dit Tina.
« Chérie, sois patiente ! Il est vrai que nous ne pensions faire que deux semaines maximum, mais l'hôpital a appelé, sa mère met du temps à guérir. Mets-toi à la place de ton amie, c'est dur pour elle. »
« Et nous, alors ? D'abord, je croyais qu'elle ne devait rester qu'une semaine, pas deux ni trois. Ça va durer encore longtemps ? Un mois ? J'en ai marre qu'elle dorme dans mon lit, je veux récupérer ma chambre ! Et la litière de son chat empeste, j'en ai assez d'attendre qu'elle la change. Cette sale bête met des poils partout sur mes vêtements. Appelle les services sociaux pour qu'ils s'occupent d'elle. »
Jodie avait le cœur brisé. D'abord sa mère à l'hôpital et maintenant, son amie d'enfance qui lui tournait le dos… Même si les parents de Tina avaient refusé de céder à ses caprices, Jodie avait remarqué des changements les jours suivants. L'ambiance semblait plus tendue, la jeune fille surprenait parfois les adultes en pleine conversation. Lorsqu'elle s'approchait d'eux, ils se taisaient, mais leurs regards semblaient gênés. De quoi pouvaient-ils bien parler la concernant ? Parfois, elle les voyait à l'entrée d'une pièce, lui jetant des regards bizarres, comme s'ils essayaient d'évaluer quelque chose. Étaient-ils du même avis que Tina ? Commençaient-ils à juger sa présence indésirable ?
Avec le recul, Jodie devait reconnaître que le fossé avait commencé à se creuser entre elle et son amie, avant que sa mère tombe malade. Depuis la rentrée d'automne, Tina s'intéressait à la mode, aux émissions bas de gamme et aux garçons, des choses qui n'avaient jamais particulièrement passionné Jodie.
Alors que pour Jodie, rien ne valait une promenade en forêt avec sa mère, à apprendre le nom des plantes et des fleurs, chercher des cercles de champignon et essayer de prendre des animaux en photo. Ou encore un après-midi passé à la bibliothèque, pour faire des recherches sur les mythes de l'Ancien Monde.
La dernière sonnerie du collège résonna, obligeant la jeune fille à boucler son sac.
Lentement, elle franchit la porte de l'établissement et traversa la rue en direction du bus.
Elle avisa un groupe plus loin au bout de la rue. Un gang du collège, elle les reconnaissait à leurs vêtements sombres et leurs baskets flambant neuves.
« Jodie ! »
Surprise, l'interpellée s'arrêta. C'était la voix de Tina ! Le groupe s'écarta, laissant voir la malheureuse. Un garçon de leur groupe la retenait avec un bras autour de son cou, tandis qu'un autre, sans doute le meneur, avait un canif pointé vers son visage.
« Aide-moi, je t'en prie ! » gémit Tina.
Jodie s'immobilisa. Une peur primale lui donnait envie de s'enfuir, mais elle n'avait pas été élevée pour fuir tandis qu'une personne, fût-elle une ancienne amie, avait besoin de son aide.
Elle jeta des regards autour d'elle, mais la rue était déserte, tous les autres élèves étaient déjà partis.
« Eh, barre-toi ! » dit le chef avec l'air méprisant.
« Elle a de l'argent! Elle a une pierre précieuse, ça paiera largement ce que je vous dois », balbutia Tina.
Jodie se crispa. Oh non, elle n'allait pas lui faire ça ? La jeune fille se félicita d'avoir laissé la bourse à l'abri chez Tina, cachée dans le sac de litière de son chat.
« Ah ouais ? Vide tes poches ! »
Avec des gestes rendus maladroits à cause de l'angoisse, Jodie s'exécuta. Elle n'avait que six dollars, qu'elle laissa les types lui prendre avec un gémissement plaintif. Cet argent, elle l'avait gardé de côté pour acheter un peu de raisin à sa mère, lors de sa visite à l'hôpital !
« Où est ta pierre ? » dit le garçon.
Jodie écarta le col de son manteau, révélant l'absence de collier.
« Je n'ai rien, je vous jure ! Pas de bijou, rien. »
Le chef fit la moue, puis d'un geste, ordonna à son gang de relâcher Tina.
« Bon, ça ira pour cette fois ! Mais si vous repassez sur notre territoire, vous devrez payer plus cher. Et toi, tu nous dois encore du pognon ! »
« Mais… elle vient de vous donner six dollars ! »
« Ouais, mais c'est pas assez ! Si tu paies pas avant la fin de la semaine, tu finiras borgne pour le reste de ta vie ! T'as compris ? »
Sans attendre de réponse, les voyous s'éloignèrent, laissant les deux filles seules dans la rue.
« Ça va, ils t'ont fait du mal ? » demanda Jodie.
« Non, ça ne va pas ! Pourquoi t'avais pas ta pierre avec toi ? Ça aurait largement payé ma dette. »
« Eh, je ne dois rien à ces types, moi ! Je leur ai même donné l'argent que j'avais réservé pour payer un fruit à ma mère. »
« Pffft, ta mère ! Tu te sers d'elle pour amadouer tout le monde, j'en ai marre ! Mes parents, ces types… »
Jodie serra les poings. Finalement, elle aurait mieux fait de laisser Tina avec ces types.
Sans plus attendre, elle fit volte-face et se dirigea vers l'arrêt de bus.
Tandis que le véhicule roulait, elle envoya un SMS aux parents de Tina pour les prévenir qu'elle rentrerait tard, à cause de sa visite à l'hôpital.
Et dire qu'elle y allait les mains vide, sans rien pour sa mère !
Lorsqu'elle arriva à l'hôpital, elle se félicita de ne pas avoir demandé à la mère de Tina de l'emmener en voiture. Le parking était bondé, trouver une place aurait réduit le temps de visite.
Arrivée dans le hall d'entrée, elle fit la grimace. Une puissante odeur de détergeant et de liquide nettoyant à l'abricot saturait l'air. Il y avait beaucoup de bruit : des médecins réclamant de l'aide ou une information, des visiteurs blessés se plaignant qu'on ne vienne pas tout de suite s'occuper d'eux… Malgré l'éclairage puissant et la propreté de cet endroit, il y régnait une agitation désagréable. Mais surtout, la jeune fille pouvait presque sentir les souvenirs d'anciens patients morts et de familles epleurées qui hantaient ces lieux.
Comment peut-on soigner les gens dans un endroit aussi peu engageant ?
Penser que sa mère essayait de guérir dans un endroit rempli d'autant d'ondes négatives la mettait mal à l'aise. Hélas, elle n'avait pas le choix.
La jeune fille patienta derrière une longue file de visiteurs avant qu'enfin, elle arrive à l'accueil. Une grosse infirmière aux petits yeux humides la regarda s'avancer avec une moue grincheuse, comme si elle craignait que cette énième visiteuse lui cause des ennuis.
Jodie lui expliqua qu'elle désirait voir sa mère, Patricia Bennett. Avec un "humpf" agacé, l'infirmière tapa le nom de sa mère sur son ordinateur, lut quelque chose à l'écran, puis elle répondit :
« Votre mère ne peut pas recevoir de visite. »
« Quoi ? Non, j'ai vérifié, il me reste une demi-heure pour la voir ! »
« Elle a été transférée aux soins intensifs. Elle a subi une procédure d'urgence ce matin et il y a eu… des complications. »
Jodie eut l'impression que son propre cœur venait de s'arrêter un bref instant.
« Vous pourrez revenir la voir dans deux jours, si son état s'est stabilisé. Vous avez notre numéro pour nous contacter, non ? »
L'infirmière parlait, mais Jodie l'entendait à peine, tant l'angoisse lui nouait le ventre.
Des complications… Oh non, pas ça ! Si elle perdait sa mère, que deviendrait-elle ? Son père était toujours à l'étranger et elle ne pouvait pas le joindre.
Paniquée, elle se dépêcha de lui envoyer un SMS pour le prévenir de ce qu'elle venait d'apprendre puis, avec des gestes lents, elle sortit de l'hôpital.
Elle s'arrêta à mi-chemin sur le parking. Comment sa mère pouvait-elle se retrouver aux soins intensifs ? Son état était-il donc si grave que ça ?
Angoissée, elle leva la tête vers le ciel. Les nuages s'écartèrent très brièvement, révélant un quartier de lune décroissant. Sa mère l'appelait une lune funeste. La jeune fille se rappelait avoir lu plusieurs livres sur la magie des étoiles, où on disait que c'était une mauvaise période, celle où les Ténèbres gagnaient en force sur la Lumière.
Valars, si vous existez encore, je vous en prie, épargnez ma maman ! S'il vous plaît… Dites-moi que tout va s'arranger !
Elle guetta un signe, quand tout à coup, son téléphone vibra dans sa poche.
Surprise, elle l'ouvrit et vit qu'on lui avait envoyé un simple mot : « Cul-de-sac ». Elle se rappela alors que c'était comme ça avant chaque réunion des Érudits : ils recevaient un mot de passe d'un numéro spécial, pour avoir le droit d'entrer.
La réunion avait lieu demain soir, elle avait encore le temps pour se préparer à y aller. Elle devrait servir une excuse aux parents de Tina… ou bien sortir en douce ?
Tandis qu'elle s'éloignait en réfléchissant, elle ne vit pas une ombre se détacher d'une des voitures pour l'observer.
L'inconnu serra les poings, émettant un grincement métallique, comme s'il s'imaginait lui tordre le cou, quand les nuages s'écartèrent complètement, laissant la lune l'inonder de sa lumière.
L'étranger se changea en un nuage de fumée noire, qui serpenta doucement en direction de l'hôpital.
XxXxXxXxXxXxXxXxXxX
Lorsque Jodie rejoignit la maison de Tina, elle fut inquiète de trouver les parents assis face à face dans le salon. Ils semblaient en pleine discussion et avaient l'air graves.
Elle monta l'escalier et trouva la porte de la chambre de Tina fermée. La musique braillait à l'intérieur.
Déçue, la jeune fille descendit à la cuisine pour se servir un verre d'eau. Elle trouva sa pauvre chatte devant sa gamelle vide. L'animal lui adressa un regard triste.
« Ma pauvre Perle… ils ont encore oublié de te donner à manger ? Attends. »
Elle sortit son sac de croquettes d'un placard et entreprit de remplir sa gamelle.
Alors qu'elle regarder son chat manger, la mère de Tina vint la voir.
« Jodie, est-ce que tu veux bien venir ? Nous avons à te parler. »
Méfiante, Jodie la suivit à pas mesurés jusque dans le salon.
Une fois assise sur un siège devant eux, le père prit la parole.
« Nous avons téléphoné à ton père et… la compagnie d'avions qui l'emploie dit qu'ils ne peuvent pas le joindre pour le moment. Il semblerait que… son avion ne soit pas arrivé à destination, à Tokyo. »
Jodie se crispa. Elle savait que les avions pouvaient avoir du retard pour des causes diverses : problème mécanique, mauvais temps…
« On ne sait pas encore où il a atterri ni quand il viendra te chercher lorsqu'il aura fini son dernier vol, du coup… Écoute, nous ne pensions pas devoir te garder au-delà de deux semaines, et nous n'avons pas les moyens de te garder sur le long terme, du coup, nous avons contacté les services sociaux. Une assistante passera te chercher demain, en fin de matinée. Il faut que tu prépares tes affaires ce soir. »
Choquée, la jeune fille les regarda sans rien dire. Alors, c'était comme ça ? Ils n'avaient même pas pris le temps de lui en parler, ils avaient d'office bouclé l'affaire dans son dos ?! Voilà où avaient mené toutes ces discussions et ces regards à la dérobée.
Jodie résista à l'envie de protester. Après tout, à quoi bon ? Tina était insupportable et personne ici ne prenait soin de son chat.
Alors, Jodie ne prit pas la peine de leur répondre. Elle quitta le salon et monta à l'étage pour s'enfermer dans la salle de bains. Elle décida d'oublier les règles de politesse et prit une longue douche chaude.
L'effet apaisant fut bref, mais elle apprécia ce très court moment de calme.
Après quoi, elle alla dans la chambre. Tina était sortie de la sienne pour dîner. Les parents appelèrent Jodie, mais elle leur dit qu'elle n'avait pas faim, qu'elle préférait commencer à faire ses bagages.
Lorsque le dîner fut fini, Jodie était déjà au lit, dans le noir avec son chat dans ses bras.
Elle ne vit pas Tina rejoindre la chambre avec un sourire victorieux, ravie de se débarrasser d'elle.
Samedi matin, une femme rousse d'âge mûr vint la chercher. Elle parut gênée en voyant que Jodie avait un chat avec elle, mais n'en dit rien et l'aida à monter ses bagages dans le coffre.
Arrivée au centre d'accueil, Jodie fut tout de suite convoquée dans le bureau de l'assistante.
Assise dans un fauteuil en plastique très inconfortable, la cage de son chat toujours dans ses bras, la jeune fille attendit qu'elle lui explique la suite.
« Nous ne savons toujours pas où est ton père ni son avion, mais nous allons te garder dans ce foyer, jusqu'à ce que nous ayons trouvé une famille d'accueil. Nous en avons une qui semble bien te correspondre, mais il y a un problème : ils ont un fils qui est allergique aux chats. »
Jodie se crispa.
« Et alors ? »
« Nous allons devoir confier ton chat à un refuge. »
« Pas question ! Perle est à moi, c'est ma mère qui me l'a offerte ! »
« Écoute, ton chat sera placé dans un très bon refuge. Il sera bien traité, puis il trouvera une nouvelle famille aimante. »
« C'est une femelle et je refuse ! Je sais comment est la vie dans la plupart des refuges, c'est l'horreur ! On les met dans des cages étriquées, dans des pièces mal chauffées, ils ont de la nourriture rarement fraîche… Alors c'est non ! Ma mère va bientôt sortir de l'hôpital et elle ne tolérera pas qu'on m'ait enlevé ma chatte ! »
« Ta mère voudrait ce qu'il y a de mieux pour toi ! Tu seras plus à l'aise dans une vraie maison avec une gentille famille qu'ici. »
« Je refuse ! »
Ennuyée, l'assistante sociale se mit à classer ses papiers sans rien ajouter, signe que pour elle, la discussion était close.
Dépitée, Jodie suivit un employé jusqu'à une petite chambre comportant un lit tout simple et un bureau. Les murs étaient nus, mais des traces de vieux scotch et des trous laissaient deviner que de nombreux enfants étaient passés dans cette pièce. Ils y avaient sûrement scotché ou punaisé des affiches, peut-être quelques photos, avant qu'on les fasse quitter le foyer pour rejoindre une famille d'accueil.
Jodie se refusa à imiter les anciens occupants. Elle ne collerait rien aux murs. De toute façon, ses posters et ses photos étaient chez elle, dans sa vraie chambre. Rien de tout ça n'était définitif, la jeune fille rentrerait chez elle dès que sa mère irait mieux.
Avec un soupir fatigué, elle ouvrit la cage de son chat. Celui-ci se blottit dans ses bras, comme s'il avait conscience qu'il leur restait peu de temps à passer ensemble.
Angoissée, Jodie réfléchit. Elle ne pouvait pas abandonner Perle !
C'était une vieille chatte, qui crachait et griffait les inconnus. Elle avait peu de chances d'être adoptée, et dans ce cas, elle risquait de se faire piquer !
Elle réfléchit. La réunion avait lieu ce soir. Il fallait qu'elle parle aux autres Érudits. Peut-être que l'un d'eux pourrait prendre son chat, jusqu'à ce que ses parents reviennent ?
En attendant, que faire ? Elle décida de faire ses devoirs, pour s'occuper.
Elle venait de boucler les maths et allait passer à l'espagnol quand l'assistante frappa à sa porte.
« Jodie ? Je viens de recevoir un coup de fil de l'hôpital. Ils… ils ont du nouveau. »
Reprenant espoir, Jodie attendit qu'elle poursuive, mais en voyant son air fuyant, la jeune fille se crispa.
« Ils… Son état s'est aggravé, ta mère… Ils ont fait ce qu'ils ont pu… mais… son cœur n'a pas tenu, il… »
Non, Jodie ne voulait pas entendre la fin de cette phrase ! Elle se leva d'un bond et claqua la porte au nez de cette bonne femme imbécile.
Puis, avec des gestes paniqués, elle saisit son téléphone et composa le numéro de l'hôpital. Une femme lui répondit.
Lorsqu'elle demanda des nouvelles de sa mère, la jeune fille l'entendit taper sur son clavier, avant de finalement confirmer sa plus grande peur.
Sans voix, glacée d'horreur, Jodie se laissa tomber par terre.
Sentant la détresse de sa jeune humaine, Perle se colla contre son ventre en ronronnant, mais la jeune fille en tint à peine compte.
Morte… Sa mère était morte ! Son intervention chirurgicale n'avait pas eu le résultat escompté, son cœur était trop fragile.
Les larmes aux yeux, Jodie laissa le téléphone lui échapper des mains et se roula en boule par terre, Perle toujours dans ses bras.
