Disclaimer : Le Seigneur des Anneaux appartient à J.R.R. Tolkien. Et Final Fantasy 7 à Square Enix.


Chapitre 11 :

Une rencontre inattendue

Lowen croyait avoir connu l'enfer à Mirkwood, avec Tangadion.

Mais à présent, elle découvrait l'horreur des laboratoires de la Shinra.

La Shinra… Ce nom était affiché partout, en kanji blancs sur fond rouge. On le voyait sur les barils en métal renfermant des produits chimiques, les badges des scientifiques, les murs des locaux…

Après avoir été séparée des garçons, on l'avait conduite dans une salle remplie de caissons transparents. Certains étaient remplis d'un étrange liquide vert brillant, qui lui avait rappelé les rubans de lumière autour de la dame blonde en armure.

On l'avait enfermée dans un caisson vide, puis des scientifiques l'avaient délaissée quelques temps.

L'un d'eux avait fini par revenir et avait pointé une télécommande sur elle. Un gaz soporifique avait envahi sa prison, lui faisant perdre connaissance.

Quand Lowen avait repris connaissance, elle était enfermée dans une pièce semblable à celle des garçons, mais seule.

On lui avait enlevé ses vêtements et son collier. Elle portait désormais une tenue de patient d'hôpital. L'absence du bijou autour de son cou l'avait fait paniquer. Non ! Pas le cadeau de Galadriel !

Furieuse, Lowen avait crié, appelé à l'aide, exigé qu'on la laisse sortir. Mais il n'y avait eu aucune réponse.

Le seul changement avait été le soir… si jamais c'était bien le soir, car il n'y avait aucune fenêtre ni horloge dans sa prison. Une trappe s'était ouverte dans le mur pour laisser passer un plateau, avec une assiette de bouillie alimentaire et un verre d'eau.

Lowen avait tenté de manger, mais son corps avait rejeté la purée. Il devait y avoir de la viande ou des laitages dedans.

Quelqu'un avait dû le remarquer sur les caméras de sécurité, car des scientifiques étaient vite revenus la chercher pour l'emmener dans une pièce où l'attendait une table avec des assiettes d'aliments divers.

Lowen avait compris avec horreur qu'ils voulaient la forcer à manger de tout pour étudier son alimentation !

Elle avait protesté, supplié qu'on ne la force pas à avaler de viande ni de fromage, mais elle n'avait récolté qu'une gifle douloureuse.

On l'avait forcée à s'asseoir à table, puis à goûter chaque aliment. Lowen avait commencé par les légumes et les fruits.

Arrivée à la viande, elle avait eu une idée. Elle avait fait l'effort de mâcher un gros bout et de l'avaler… avant de se pencher vers le scientifique pour vomir sur ses chaussures.

Furieux, il avait ordonné à un garde dans le couloir de l'emmener. Bien que nauséeuse, Lowen avait souri en le regardant partir pour aller nettoyer ses chaussures.

Elle avait pensé qu'on la renverrait dans sa «chambre», mais on l'avait remise dans un caisson. On ne l'avait pas rempli de liquide vert, mais elle se doutait que ça ne tarderait pas. Qu'est-ce que c'était que ce liquide ? Du poison ? Un produit radioactif ? Elle n'avait pas hâte de le découvrir.

À présent, seule dans sa prison de verre glaciale, elle appréhendait la suite.

Elle se frictionna les bras, où se trouvaient des cicatrices laissées par des seringues et un scalpel. On avait dû lui faire des incisions et des prises de sang pendant qu'elle était inconsciente.

Lowen ferma les yeux et tenta de se remémorer comment elle avait atterri ici.

Elle se rappelait encore le Nazgûl qui les traquait, elle et Glorfindel. Comment son don d'invisibilité s'était activé, puis un autre qui avait semblé lui faire traverser des dimensions avant d'atterrir ici… Mais pourquoi avait-elle fini dans un endroit pareil ?!

Elle se rappela l'aura sanglante de Sauron qui l'avait suivie dans le noir, alors qu'elle faisait face à l'étrange dame en armure. Quelque chose lui soufflait que le Seigneur Ténébreux n'était pas étranger à sa situation. Avait-il modifié sa destination pour qu'elle finisse dans cet enfer ? L'idée ne la surprenait guère.

« Eh bien, eh bien… »

Avec un sursaut de panique, Lowen réalisa que l'horrible bonhomme à tête de rat était revenu. Le scientifique dont l'enfant avait ruiné les chaussures se tenait près de lui.

« Alors, tu fais la grève de la faim ? » ricana Tête-de-rat.

Lowen se contenta de le fusiller du regard.

« Vous dites qu'elle ne supporte pas la viande ni les laitages ? » reprit l'horrible scientifique.

« Non, en effet, professeur Hojo », répondit son collègue.

Hojo ? Quel nom bizarre ! Lowen trouvait Tête-de-rat bien plus approprié.

Soudain, une femme blonde en blouse blanche entra dans la salle avec l'air affolé.

« Professeur Hojo ! Numéro 17 a encore essayé de s'échapper ! Nous l'avons intercepté dans les conduits d'aération. »

« Raaaah, encore ?! Ce maudit spécimen est impossible à gérer, je… »

Soudain, un biper s'activa dans la poche du professeur. Ce dernier leva les yeux au ciel avec un soupir excédé.

« Mettez-le en salle d'isolement avec celui-ci ! Je m'occuperai de leur cas plus tard, je dois encore assister à une de ces stupides réunions avec le président et les autres directeurs. »

Pestant contre l'administration, il s'en alla. Les deux autres scientifiques partirent dans une direction différente et revinrent bientôt en trainant avec eux un enfant.

Lowen reconnut l'un des trois petits garçons aux cheveux argentés. C'était celui qui avait essayé de la cacher.

En la voyant, il eut un léger sourire. Une fois enfermé avec elle, l'homme aux chaussures abîmées ricana.

« Tu feras moins le malin quand Hojo reviendra, espèce de monstre… »

Avec une rapidité surprenante, l'enfant fit volte-face et donna un violent coup de pied dans la vitre. Ce geste fit sursauter les adultes, qui s'éloignèrent en s'efforçant de garder une allure digne.

Lowen regarda le garçon se tourner vers elle.

« Ça va ? »

La fillette lui répondit par une grimace. Devait-elle vraiment répondre à cette question ?

Malgré son silence, le garçon ne se découragea pas et vint s'asseoir à côté d'elle.

« C'est dur, mais tu dois pas le leur montrer. Si t'es faible, tu risques de ne pas survivre longtemps ici. »

Lowen secoua la tête.

« Je ne veux pas survivre, je veux m'enfuir ! Pourquoi on est là ? De quel droit ils nous font ça ? »

Le garçon la fixa de ses yeux d'un vert incroyable. Lowen trouvait étrange qu'il ait des pupilles de chat. Les scientifiques avaient tous des pupilles rondes. Cet enfant et ses frères avaient-il les yeux ainsi à cause des expériences qu'on leur infligeait ? Était-ce parce qu'ils n'avaient jamais vu la lumière du soleil ? Ou bien existait-il différentes sortes d'humains avec des pupilles différentes, dans ce nouveau monde ?

« Ils peuvent nous faire ce qu'ils veulent, on n'est que des enfants », dit le garçon d'une voix sombre. « On n'a pas de famille, rien… »

« Moi, si », dit Lowen sur un ton ferme.

L'enfant parut curieux.

« T'en as de la chance. Tu viens d'où ? Tes parents te cherchent ? »

Elle fut tentée de lui répondre, quand elle réalisa la présence de caméras à l'intérieur de leur prison. Qui sait si on n'entendait pas ce qu'ils disaient ?

« Tu t'appelles comment ? »

«Kadaj. Mais pour les scientifiques, je suis que le numéro 17. J'ai choisi mon nom dans un des livres qu'on nous a fait étudier, mes frères et moi. »

« Moi, c'est Lowen. Et merci d'avoir essayé de me cacher. »

Un silence un peu plus confortable suivit ces présentations. Lowen jeta des regards autour d'elle, puis se pencha vers le garçon.

« Si j'avais une idée pour sortir, tu m'aiderais ? »

« … Oui. »

XxXxXxXxXxXxXxX

Le laborantin Isaac était en colère. Cette sale gamine avait bousillé ses mocassins en vomissant dessus !

Il se prit à espérer que le professeur Hojo revienne vite pour lui infliger un douloureux traitement. Peut-être un bain de mako ? Ce produit infligeait toujours une douleur atroce aux sujets qui baignaient dedans, surtout la première fois.

Et le manque lorsqu'on n'y était plus exposé était encore pire. Ce serait une bonne revanche de voir cette sale gamine se tordre de douleur et supplier qu'on lui en redonne. Oui, il serait ravi d'assister à ça.

Soudain, son bipeur s'activa, lui ordonnant de se rendre en salle de surveillance. Là, un garde lui montra un écran affichant la cellule du sujet numéro 17 et de la gosse. Sauf ce que cette dernière avait disparu.

« Où est-elle passée ? » demanda le scientifique.

« Je… je ne comprends pas ! Elle était encore là, il y a deux secondes, et tout d'un coup, pouf ! Comme si elle avait disparu… »

Jurant entre ses dents, le scientifique courut dans la salle aux caissons. Numéro 17 se tenait sagement assis au même endroit et regardait le garde rejoindre le scientifique avec un visage impassible.

« Où est-elle ? » demanda le garde.

« Où est qui ? » demanda l'enfant en inclinant la tête sur le côté.

« Ne fais pas l'innocent, numéro 17 ! Où est le numéro 22 ? »

Le scientifique glissa son pass dans la fente de la serrure magnétique. Le caisson s'ouvrit.

L'enfant saisit aussitôt sa chance et se rua sur le scientifique. Il plongea en avant. Sa tête entra en collision avec le ventre de l'homme, qui partit en arrière.

Le garde dégaina un Taser et courut les rejoindre. Il saisit l'enfant par les cheveux et lui planta le faisceau électrique dans la nuque.

XxXxXxXxXxXxXxX

Lowen était heureuse que personne n'ait découvert son don d'invisibilité.

Sitôt que Kadaj avait dit oui, elle lui avait exposé son plan à voix basse. L'enfant l'avait regardée avec surprise devenir invisible, mais avait gardé son calme et attendu l'arrivée des adultes.

Lorsque le caisson s'était ouvert, Kadaj avait suivi son plan. Il était sorti en fonçant pour semer la pagaille. Elle n'avait pas prévu qu'il serait aussi violent, mais compte tenu du comportement odieux des scientifiques, ils le méritaient.

Sauf qu'en voyant un garde le paralyser avec son arme, Lowen faillit perdre sa concentration et intervenir.

Mais elle devait rester invisible pour qu'ils aient une chance de s'en sortir.

Alors, la mort dans l'âme, elle s'approcha furtivement du scientifique et, tandis qu'il se relevait, elle prit le badge qui pendait à une poche de sa blouse et le glissa dans une poche de son pantalon.

Tandis que les hommes s'éloignaient en emportant le garçon inconscient, Lowen partit à l'autre bout de la pièce et sortit par une porte débouchant sur un couloir obscur.

À mesure qu'elle avançait, Lowen se demandait si elle trouverait la sortie. Cet endroit était immense. Il n'y avait que des couloirs et des pièces aux murs métalliques, parcourus de câbles et de projecteurs. Parfois, elle passait devant des machines couvertes de boutons, de leviers et de jauges clignotantes. En dehors du bruit de ses pas, elle n'entendait que des sifflements de gaz s'échappant de tuyaux ou le bruit de grands ventilateurs isolés derrière des grilles.

Il n'y avait aucune fenêtre donnant sur le monde extérieur, si bien qu'elle se demandait si elle n'était pas dans un vaisseau spatial.

Parfois, des scientifiques ou des gardes en pleine discussion passaient devant elle. Heureusement, personne ne la voyait ni ne l'entendait.

Bientôt, elle arriva dans une pièce différente, qui évoquait une infirmerie. Plusieurs lits s'alignaient contre les murs, entre des étagères remplies de matériel médical. Assise à un bureau, une femme bedonnante en tenue d'infirmière lisait.

Soudain, la porte s'ouvrit, laissant entrer un nouveau venu. En le voyant, l'infirmière lâcha son livre et se leva.

« Oh, Sephiroth ! Vous venez voir le professeur Hojo pour votre visite médicale ? »

L'interpelé ne répondit rien. Il semblait de mauvaise humeur. Lowen comprit qu'il n'aimait pas être ici.

Grand et musclé, il avait un visage dont les traits lui évoquaient ceux d'un Elfe. Ses longs cheveux étaient argentés et ses yeux de chat brillaient, comme ceux de Kadaj et ses frères ! Sauf que lui portait un pantalon et un manteau militaires noirs, avec des épaulettes métalliques. Un parent ? Un père, peut-être ? Pourtant, Lowen se rappela ce que Kadaj lui avait dit : ils n'avaient pas de famille.

Sentant le regard de la petite, le dénommé Sephiroth regarda la zone où elle se trouvait. Lowen prit peur. La voyait-il ? Non, son regard demeurait dans le vague, il n'arrivait pas à la situer avec précision.

Soudain, la porte se rouvrit, laissant entrer Hojo. Il eut de nouveau cet horrible sourire cruel en voyant le visiteur.

« Ah, Sephiroth ! Prêt pour tes injections ? »

Le concerné l'ignora royalement. Bien qu'impassible, Lowen vit ses doigts s'agiter légèrement, signe qu'il anticipait ce qui allait suivre.

L'enfant regarda la porte qu'avait empruntée les adultes pour entrer. Un pas de plus vers la liberté !

Tandis qu'ils s'affairaient, elle les contourna et se dirigea vers la sortie à pas de loup… quand elle entendit un sifflement de douleur.

Se retournant, elle vit que Sephiroth s'était assis sur un lit et avait ôté son manteau. Hojo se tenait debout derrière lui et lui injectait plusieurs seringues dans le dos, sous l'œil inquiet de l'infirmière.

« Professeur, vous avez doublé les doses ! Et pourquoi les injecter dans le dos ? D'habitude, nous le faisons dans les veines du bras, alors que…? »

« Silence ! C'est moi qui dirige le laboratoire, ici. Et l'injection sous l'omoplate a beau être plus douloureuse, elle permet une absorption plus rapide de la substance. Et j'ai déjà expliqué le besoin d'infliger de la douleur : ce n'est qu'ainsi qu'on atteint son plein potentiel. À travers la douleur. »

Lowen serra les poings. Ce monstre n'avait donc aucun respect, même pour les adultes !

Ce type est un grand malade.

L'enfant hésita. Elle devait s'en tenir au plan et trouver un moyen de sortir, aller chercher des secours, n'importe qui pouvant aider les autres enfants enfermés ici, mais… mais un autre cobaye de ce maudit Hojo était en train de souffrir sous ses yeux ! Ne pouvait-elle rien faire ?

Lowen s'approcha et regarda les seringues. Il y en avait deux vidées sur le lit, et encore trois autres contenant des liquides rouge, vert et jaunâtre. Il y avait même une étiquette avec une tête de mort sur la jaune !

Alors, écoutant son instinct, Lowen fit ce qui lui semblait juste. Elle saisit la seringue jaune et la planta dans la jambe de Hojo. Ce dernier se cambra en hurlant de douleur.

Ignorant ses cris, Lowen enfonça le piston et pria pour que l'effet soit rapide.

Hojo bondit en arrière et regarda autour de lui sans comprendre, avant de boîter vers la sortie.

XxXxXxXxXxXxXxX

Resté seul avec l'infirmière, Sephiroth regarda sans comprendre le scientifique quitter la pièce avec la seringue enfoncée dans sa jambe.

Il se doutait que le produit devait être toxique, mais hélas, Hojo était un malin. Il avait toujours des antidotes pour tous ses produits, si bien qu'il avait vite mis ses questions de côté pour aller chercher l'antidote dans une autre pièce.

Soudain, une petite fille apparut près du lit. En la voyant, l'infirmière poussa un cri de peur et s'enfuit en criant qu'il y avait un fantôme.

Resté seul avec elle, Sephiroth la considéra avec curiosité. Petite, brune, il lui donnait entre six et sept ans. Ses yeux étaient étranges, l'un bleu et l'autre doré.

Elle regardait autour d'elle avec angoisse. Sephiroth esquissa un geste pour se lever. L'enfant recula aussitôt et courut se cacher derrière un lit.

« Eh, attends ! »

Avec effort, Sephiroth se redressa. Les produits qu'on lui avait injectés faisaient encore effet, il avait la tête qui tournait. Heureusement, ses capacités à vite se régénérer lui permirent vite de retrouver sa mobilité.

Il remit son manteau et s'approcha doucement de la petite. Cette dernière recula jusqu'à se retrouver adossée au mur, les mains serrées autour de ses genoux.

Se rappelant qu'elle avait lui épargné l'injection du poison, le Soldat s'accroupit pour se mettre à son niveau et lui dit : « Merci. »

L'enfant écarquilla les yeux, puis répondit par un hochement de tête.

« Que fais-tu ici ? Où sont tes parents ? »

La petite baissa tristement les yeux. Sephiroth comprit aussitôt la situation. Lui-même était né sans famille, élevé dès la naissance par la société Shinra.

Les premières années de son enfance n'avaient pas été si pénibles que ça, car à l'époque, les scientifiques étaient dirigées par le professeur Gast, un homme bon qui l'avait pris sous son aile.

Jusqu'à ce qu'il disparaisse dans des circonstances mystérieuses et que son second, Hojo, devienne le nouveau directeur des laboratoires.

À partir de là, la vie de Sephiroth avait été un enfer. Il avait enduré des expériences et des tests douloureux, avant qu'à l'adolescence, on le forme pour devenir un membre du Soldat, le département militaire de la Shinra.

Depuis, Sephiroth avait une vie plus… normale, dans le sens où il ne devait plus se rendre dans ces maudits laboratoires que pour des traitements médicaux. Sauf qu'en fait, Hojo en profitait pour continuer de lui infliger des injections de produits inconnus, pour tester sa résistance à toutes sortes de drogues et de poisons.

Mais voilà qu'aujourd'hui, cette fillette avait surgi de nulle part et avait attaqué Hojo !

Hésitant, le Soldat se demanda que faire. Elle n'avait pas l'air méchante, même si ce qu'elle avait fait aurait pu tuer le scientifique. Mais Sephiroth vouait une haine profonde à Hojo, et rien que pour ce qu'elle avait, cette petite méritait son respect.

« Quel est ton nom ? »

« … Lowen. Vous êtes prisonnier, vous aussi ? »

Sephiroth pencha la tête sur le côté. Le terme « prisonnier » s'appliquait à lui autrefois, quand Gast n'avait plus été là pour lui et qu'il n'était qu'un enfant. À présent, il ne savait pas trop…

Soudain, Lowen se leva et marcha dans sa direction. Sephiroth la regarda approcher sans réagir. Elle paraissait intriguée par son apparence. Arrivée devant lui, elle demanda avec espoir :

« Vous êtes là pour les garçons ? »

« Les garçons ? »

« Oui ! Il y a trois petits garçons prisonniers ici, comme moi. Kadaj, Loz et Yazoo. Ils vous ressemblent ! Comme des frères ou des fils… »

En entendant ça, Sephiroth fronça les sourcils. De quoi parlait-elle ? Il n'avait pas de frère ni de fils !

Les yeux embués, la petite posa une main suppliante sur son bras.

« S'il vous plaît, aidez-nous à sortir d'ici ! Ils vont nous tuer. Je… Je sais que je vais mourir si je reste ici, et les autres se font torturer ! Par pitié, aidez-nous… »

Sephiroth plissa les yeux. L'enfant tremblait, il le sentait à son contact. Elle semblait au bord des larmes.

« Montre-moi ces enfants. »

L'air rassuré qu'il la prenne au sérieux, Lowen se tourna pour lui montrer le chemin.

XxXxXxXxXxXxXxX

Quelques heures plus tard

Assis sur le siège passager d'une voiture, un homme roux regardait les bâtiments lumineux de Midgar défiler à travers la vitre.

Cela faisait plusieurs années qu'il vivait dans cette ville maintenant, mais elle ne cessait jamais de le surprendre.

Des immeubles à perte de vue, dont les lumières perçaient constamment l'obscurité ambiante. Le niveau de pollution de Midgar était tel qu'on ne voyait jamais le soleil, même en plein jour.

Mais la nuit, elle apparaissait comme un joyau étincelant, son éclairage diffusant sans cesse des points de lumière verte partout dans ses rues, tandis que ses habitants vaquaient à leurs occupations.

Toutes ces lumières, cette technologie assurant aux habitants une vie plus confortable, tout cela provenait un plus grand building au centre de la ville: le bâtiment Shinra. Le siège de la société produisant l'énergie mako, cette force qui alimentait la technologie humaine. Sans elle, l'humanité serait encore à l'âge de pierre.

« Pourquoi Sephiroth nous a demandé de venir chez lui, Angeal ? »

« Aucune idée, Genesis. Mais d'après lui, c'était très important », répondit le conducteur.

Ce dernier avait son âge, mais ses cheveux étaient noirs. Tous deux portaient un uniforme militaire sombre, mais le rouquin avait agrémenté le sien d'un long manteau de cuir rouge.

Avec un soupir fatigué, Genesis reporta son regard sur la route.

« J'aurais préféré dormir. Je me lève tôt demain, pour l'entraînement ! »

« Allons, tu sais bien que Sephiroth ne nous aurait jamais demandé de venir si ce n'était pas important », dit Angeal.

La voiture arriva bientôt dans une zone délimitée par un guichet de sécurité. Il s'agissait du secteur des quartiers résidentiels, réservé aux employés de la Shinra.

Une fois le contrôle effectué, le véhicule roula à travers une rue comportant des maisons toutes simples, chacune dotée d'une cour délimitée par un mur ou une clôture. Ensuite, la voiture passa devant des maisons plus imposantes, puis des manoirs.

Enfin, Angeal s'arrêta devant la grille de l'un d'entre eux. Angeal ouvrit la vitre pour faire signe à la caméra de sécurité près de la grille. Celle-ci s'ouvrit.

La voiture traversa une allée de gravier jusque devant un manoir de style Georges V. Doté de trois étages, ses murs étaient peints en blanc. Il y avait une terrasse pour le rez-de-chaussée, avec une rambarde en bois blanc. Il y en avait aussi une pour le deuxième étage, mais pas le troisième. Le toit était recouvert de tuiles vert sombre.

Genesis ressentit une fois de plus une pincée de jalousie en voyant l'habitation luxueuse de son ami.

Sephiroth était considéré depuis toujours comme le plus grand Soldat de la compagnie Shinra, le «héros». Et la célébrité lui permettait de s'offrir ce genre de manoir.

Dire que moi, j'habite encore dans les dortoirs du bâtiment Shinra, comme Angeal. C'est injuste, nous somme aussi des Première Classe, comme Sephiroth.

Mais ils n'étaient pas aussi célèbres que lui. Du moins, pas encore. Genesis comptait bien changer ça et prendre la place de Sephiroth, un jour.

Une fois la voiture garée, les deux hommes allèrent à la porte du manoir. Un domestique leur ouvrit, les laissant entrer dans un grand hall au sol marbré.

Ils se dirigèrent vers l'escalier menant à l'étage, quand Sephiroth descendit les marches pour les rejoindre.

« On est venus dès qu'on a reçu ton message. Que se passe-t-il ? » demanda Angeal.

Sephiroth jeta des regards inquiets autour de lui, comme s'il craignait qu'on les épie, avant de leur faire signe de le suivre.

Sentant que c'était sérieux, Genesis oublia ses pensées envieuses et le suivit avec Angeal à l'étage.

Ils arrivèrent bientôt devant une porte donnant accès à une des chambres. Sephiroth hésita un bref instant, puis ouvrit la porte.

Les deux amis entrèrent et virent quelque chose d'étrange. La pièce en elle-même était normale : une armoire, un bureau, un grand lit… sauf que quelque chose formait une grosse bosse sous les draps du lit.

Angeal s'approcha avec hésitation, puis tira le drap, révélant quatre enfants blottis les uns contre les autres.

Il y avait une petite fille aux longs cheveux bruns, avec des yeux vairon. Les trois autres, des garçons, étaient comme Sephiroth : la peau pâle, des cheveux argentés et des yeux de chat brillants.

« Qu'est-ce que c'est que ça ?! » s'écria Genesis.

Ses mots firent couiner de peur les garçons. Ils bondirent du lit, et avec une vitesse surprenante, coururent au fond de la pièce. L'un d'eux entraîna avec lui la fillette, la seule à ne pas avoir bougé en l'entendant crier.

Angeal surmonta vite sa surprise et fit signe à Genesis de se taire.

« Tu leur fais peur ! » dit-il entre ses dents.

Genesis le regarda avec des yeux ronds. Avec un soupir, Angeal se tourna vers les enfants et tenta de leur offrir un sourire rassurant, mais il comprit qu'ils étaient trop effrayés pour l'instant.

Alors, il fit volte-face et quitta la pièce, suivi des deux autres hommes.

« OK, Sephiroth. Dis-nous ce qui se passe ? » exigea Angeal.

XxXxXxXxXxXxXxX

Lowen se demandait si elle avait eu une bonne idée.

Après avoir parlé à Sephiroth, elle l'avait guidé jusqu'à l'endroit où elle se rappelait vaguement avoir localisé la cellule des garçons.

Ils avaient failli croiser des gardes et des scientifiques à plusieurs reprises, mais Sephiroth semblait avoir compris qu'elle ne voulait pas être vue.

Il l'avait pris par la main dans ces moments-là et poussée à se cacher soit dans une pièce vide, soit derrière des caisses de matériel.

Lorsqu'enfin ils avaient trouvé la pièce où étaient enfermés les garçons, elle avait vu l'homme perdre son masque impassible pour une expression surprise.

Lowen avait espéré qu'il les connaisse. Peut-être étaient-ils bien ses fils ? Mais les trois garçons avaient paru surpris et effrayés par la présence de cet adulte.

Sephiroth avait fini par surmonter sa surprise et, après un instant de réflexion silencieuse, leur avait ordonné de les suivre.

Lowen avait dû rassurer les garçons et prendre la main de deux d'entre eux pour les convaincre d'obéir. Le troisième avait agrippé son épaule. Tous avaient suivi le Soldat à travers un couloir menant à une sortie de secours.

Ils avaient débouché sur un grand escalier en métal qu'ils avaient dû descendre en silence. Lowen n'en revenait pas : ils avaient dû descendre plus de 50 étages!

Arrivés en bas, Sephiroth n'avait pas traîné, il les avait menés jusqu'à un parking, puis fait monter dans une grande voiture gris argenté.

Le Soldat leur avait dit de rester couchés à l'arrière, personne ne devait les voir avant qu'ils aient quitté l'immeuble.

Toutefois, après avoir passé un guichet de sécurité, Lowen avait cédé à la curiosité. Elle s'était redressée pour regarder à travers la vitre. Elle avait vu des immeubles et des magasins défiler. Des réverbères éclairaient les rues et des enseignes en néon illuminaient la rue. Les gens portaient des jeans, des tailleurs ou des robes fidèles à la mode du XXIe siècle. Cela lui rappelait beaucoup sa vie sur Terre.

Finalement, ils étaient arrivés au manoir. Lowen n'en revenait pas : cet homme avait une voiture de luxe, un manoir et même un domestique! Qui était-il? Une sorte de milliardaire ? Elle l'ignorait, mais elle espérait qu'il avait assez de pouvoir pour les aider.

Lowen finit par se détacher des garçons pour s'approcher de la fenêtre.

Il faisait sombre dehors. Elle ne voyait qu'une vaste pelouse dépourvue de fleurs, avec quelques arbres disséminés à certains endroits.

Les garçons finirent par la rejoindre pour regarder eux aussi au dehors.

« Alors c'est à ça que ressemble le ciel… » dit Yazoo d'une voix songeuse.

« J'croyais qu'y avait des étoiles et une grosse boule blanche qui ressemble à du fromage », dit Loz sur un ton boudeur.

« On appelle ça la Lune, andouille ! » dit Kadaj.

Lowen reconnut que l'absence d'étoiles dans le ciel était une chose triste.

« Je suis pas une andouille. T'es pas gentil ! C'est pas ma faute, on a jamais vu les étoiles pour de vrai », geignit Loz. « Juste sur les photos des livres qu'on nous fait lire pour nous instruire. »

« Eh, ne perdez pas espoir. On est déjà dehors, non ? » demanda Lowen.

« Oui, c'est vrai. Ici, il ne fait pas froid et on a une fenêtre », reconnut Loz.

Kadaj regarda la pièce avec une moue méfiante. Le lit était immense, avec l'air plus confortable que les misérables couchettes de leurs cellules. La pièce était bien chauffée, avec un joli papier peint vert.

« Vous croyez que ça va être notre nouvelle chambre ? »

« Je ne sais pas », soupira Lowen.

Elle se tourna vers le ciel et posa la main sur la vitre.

« Tu penses à quoi ? » demanda Yazoo.

« À l'endroit où je vivais, avant d'arriver ici », dit la fillette.

« C'était comment ? » demanda Kadaj.

Lowen fit la moue. Devait-elle leur parler du fait qu'elle venait d'une autre planète ? Non, ils trouveraient ça bizarre. Et mieux valait qu'ils n'en parlent pas aux adultes. Elle choisit donc de répondre en restant dans le vague.

« Je vivais dans une espèce de palais, au milieu d'une forêt. C'était immense, personne ne faisait vraiment attention à moi. Et on ne voyait jamais le ciel, puisqu'on habitait sous terre. Mais je me souviens… il y avait une dame qui s'occupait souvent de moi. Le jour de mon cinquième anniversaire, elle m'a fait une surprise. Elle m'a réveillée au beau milieu de la nuit et conduite à une espèce de tour d'observation. On a grimpé des marches et atteint une plateforme au-dessus de la forêt. Il n'y avait pas de toit. Et par terre, il y avait plein de coussins et de couvertures. On s'est allongées, puis on a passé la nuit à admirer les étoiles. »

Avec un sourire rêveur, Lowen leva la tête vers les nuages.

« C'était magnifique ! Un grand ciel bleu sombre, rempli d'étoiles. C'était comme admirer une grande tenture de velours sur laquelle on avait brodé des diamants. Et la Lune! Elle était immense. Elle brillait presque comme un soleil blanc. »

Scotchés à ses lèvres, les garçons sourirent en écoutant son récit.

« Pourquoi t'es pas restée là-bas ? Tu devais y être plus heureuse qu'ici, non ? » demanda Yazoo.

Lowen baissa tristement les yeux.

« Personne ne voulait de moi là-bas. On m'en a chassée. »

« Et les gens qui habitent ici… Vous croyez qu'ils vont nous chasser ou nous aider ? Et celui qui nous a conduits ici en voiture, il… il nous ressemble. Comment ça se fait ? » dit Kadaj.

Lowen haussa les épaules.

« Désolée, mais j'en sais autant que vous. »

Silencieux, les enfants se tournèrent vers le ciel et continuèrent de le fixer, à la recherche d'une lueur d'espoir.