Bonjour !

J'espère que vous passez un bon hiver et qu'il ne fait pas trop froid chez vous.

Bonne lecture !

Disclaimer : Le Seigneur des Anneaux appartient à J.R.R. Tolkien. Et Final Fantasy 7 à Square Enix.

Chapitre 18 :

Le roi des citrouilles

Lowen déprimait.

Entre la conversation avec Sauron dans ses rêves et celle avec Genesis, elle ne savait plus quoi penser.

Elle se rappelait ce que le Maiar déchu lui avait dit, qu'il avait passé un accord avec l'Armée des Ténèbres pour la capturer. Les habitants de Banora étaient-ils en danger par sa faute ?

Elle se regarda dans le miroir au-dessus du lavabo. Son visage, si jeune comparé à son âme, et ses yeux… elle porta la main à celui de gauche, doré comme ceux de Sauron.

Une part d'elle était faite de magie de la Lumière, l'autre de Ténèbres.

Et Thranduil avait jugé qu'elle n'attirait que le malheur, d'où sa décision de la faire éliminer par ses soldats.

Autrefois, cela lui avait paru injuste. Mais aujourd'hui, en voyant ce qui s'était passé à Banora… Et si disparaître était la solution ? Ne serait-il pas mieux qu'elle cesse d'être un problème pour tout le monde ? Sephiroth commençait même à avoir du mal à gérer son amitié avec Angeal et Genesis, à cause de ses secrets.

Ce serait peut-être mieux que je cesse d'être un problème pour tout le monde…

Elle passa la main sur son médaillon. Elle se souvint de Legolas, Radagast, Talion et Glorfindel. Tous avaient vu leur vie être bouleversée par sa faute.

XxXxXxXxXxXxXxX

Le combat avait été plus long que prévu.

Il y avait eu plus d'une cinquantaine de monstres à éliminer. Lorsque Genesis avait rejoint ses amis, ces derniers venaient d'en tuer une dizaine, et avec son aide, cela s'était fini plus rapidement.

Genesis avait utilisé sa matéria Feu combinée à une Tout, ce qui avait permis de les tuer par vagues de cinq.

À présent, les trois Soldats fouillaient les corps tandis que ces derniers se changeaient en nuages d'étincelles vertes. Ils trouvèrent plusieurs potions, des éthers, un bon paquet de gils et deux matérias Foudre.

« Pas mal comme butin », dit Angeal en empochant une matéria.

Il s'attendit à ce que Genesis renchérisse, mais ce dernier leur tournait le dos.

« Genesis ? »

Sephiroth suivit son regard et vit que son ami fixait l'auberge, où les enfants demeuraient à l'abri.

« Est-ce qu'un jour, tu vas nous dire la vérité, Sephiroth ? » demanda Genesis.

« À propos de quoi ? »

« Lowen. D'où elle vient ? Qui est-elle vraiment ? Tu nous bassines depuis plus de deux ans avec des histoires d'amnésie et je sais que c'est faux. On ne t'a jamais rien demandé jusque-là, d'une part parce qu'on y pensait plus, mais aussi parce que tu nous avais expliqué qu'elle n'était pas humaine. Je me doutais que tu voulais garder le secret pour éviter qu'elle finisse chez Hojo, mais là… après tout ce temps, ça devient ridicule. Et ça la hante. »

Sephiroth le regarda avec incompréhension. Qu'entendait-il par le fait que ça la hantait ?

« Ces cauchemars qu'elle a à cause des monstres, cette tristesse qui ne la quitte jamais… Et cette espèce de silence tacite entre les garçons et toi, comme si vous partagiez tous un secret à son sujet ! Franchement, quand est-ce qu'Angeal et moi pourrons nous rapprocher d'elle ? »

Angeal regarda Genesis avec étonnement. Il n'aurait jamais cru qu'un jour, ce dernier se soucie de Lowen à ce point. S'était-il passé quelque chose entre eux, avant qu'il les rejoigne ?

« Lowen t'a dit quelque chose ? » demanda Sephiroth.

« Non, je n'ai pas eu besoin qu'elle me dise quoi que ce soit pour comprendre que le secret qu'elle porte est trop lourd. Mais apparemment, elle ne dira jamais rien sans ton accord. Alors, tu comptes cracher le morceau ou tu préfères gérer ça tout seul avec elle, au risque de tout faire foirer en beauté ? »

« Non », dit Sephiroth.

« Quoi ? »

« Personne ne doit savoir. Je ne doute pas de vous, mais je veux la protéger. »

Genesis plissa les yeux.

« Tu veux la protéger… ou la garder pour toi tout seul ? »

« Pardon ? »

« J'ignore quel secret vous partagez, mais est-ce que tu ne voudrais pas garder ça rien que pour toi par jalousie ? »

« Genesis, ça suffit, tu exagères », dit Angeal.

Sephiroth et Genesis se défièrent du regard, avant qu'enfin, Genesis se détourne avec un soupir méprisant.

Sephiroth le regarda s'éloigner avec un profond ressentiment. Comment pouvait-il dire ça ? Genesis lui reprochait le fait d'être devenu possessif, mais… pourtant, au plus profond de lui-même, il admettait que son ami n'avait pas tort. De tous les adultes, il était le plus proche de Lowen en ce monde. En un sens, l'idée de laisser la petite s'ouvrir aux autres lui donnerait l'impression de ne plus être son seul confident.

Quand ai-je commencé à m'attacher à elle à ce point ? réalisa le Soldat.

Il prit congé de ses amis et se rendit à l'auberge. Il voulut se rendre dans sa chambre pour se rafraîchir, mais il s'arrêta devant celle des enfants. Il frappa à la porte. Kadaj ne tarda pas à lui ouvrir avec l'air inquiet.

« Grand frère, entre vite ! C'est Yazoo. »

Sephiroth pénétra dans la chambre et trouva Loz et Lowen assis sur le lit, au chevet de Yazoo. Ce dernier dormait toujours, mais il semblait en proie à un cauchemar.

Son visage était brillant de sueur et crispé de peur.

« Le spectre… des araignées… » murmurait-il dans son sommeil.

Inquiet, Sephiroth toucha son front. Il était brûlant ! Il se dépêcha d'aller prendre une serviette dans la salle de bains et la trempa sous l'eau froide du robinet avant de revenir la déposer sur le front du garçon.

Ce dernier eut un bref sursaut, mais n'ouvrit pas les yeux.

« Il n'était pas tombé malade comme ça depuis plus de deux ans », soupira Loz.

« Quoi ? Ça lui est déjà arrivé, avant ? » demanda Lowen.

« Oui, à cause des scientifiques. Ils testaient sur lui des produits qui l'ont affaibli au fil des années », dit Kadaj d'une voix étouffée par la colère.

Sephiroth se souvint avoir lu cela dans le dossier de Yazoo. En effet, il avait subi beaucoup d'injections expérimentales.

« Mais on peut le soigner, non ? Il déjà récupéré par le passé, alors il peut encore guérir », dit Lowen avec espoir.

Sephiroth fit la moue. Si jamais Yazoo ne récupérait pas cette fois-ci, il devrait peut-être faire appel à Hojo. Et cela le répugnait au plus haut point.

« Je vais chercher le médecin de Banora, je reviens », dit Sephiroth.

Restés seuls avec Yazoo, les enfants le regardèrent continuer de bouger et marmonner des choses dans son sommeil.

« Je pensais que c'était derrière nous, tout ça », soupira Loz.

« Tout ça quoi ? » demanda Lowen.

« Les labos, les expériences… »

Lowen repensa à leur affrontement avec les monstres à tête de citrouille. Yazoo avait paru affecté par l'une de ces créatures, c'était là que son malaise avait commencé.

Encore un malheur qui arrive par ma faute, pensa la fillette avec tristesse.

Soudain, Yazoo fut pris d'un soubresaut.

« Yazoo ? Eh, tu nous entends ? » demanda Kadaj.

« Il l'a abandonné… Le spectre l'a laissé. Des araignées… des araignées partout, elles vont le manger ! »

Lowen ne comprenait rien à ce qu'il disait. Quel spectre ? Un nazgûl ? Ou Celebrimbor ? Et des araignées de Mirkwood, ou autre chose ?

Elle porta la main au front de Yazoo pour lui enlever la serviette, afin d'aller la changer, quand le garçon ouvrit les yeux et la regarda.

« Il a un autre anneau ! Il… il va devenir méchant ! »

« Qui ? De qui tu parles, Yazoo ? » demanda Lowen avec douceur.

Le garçon ouvrit la bouche pour parler, mais seule une toux douloureuse s'échappa de sa gorge, avant qu'il reperdre connaissance.

Affolée, Lowen posa les mains sur ses joues. Elle sentit aussitôt une vieille sensation revenir en elle, comme lorsqu'elle suivait des leçons chez Radagast.

Elle sentait une douleur dans le corps qu'elle touchait et l'envie de le soigner se forma en elle. Cela l'étonnait, car autrefois, elle ne l'avait ressenti que pour des animaux. Son pouvoir aurait-il évolué au point de s'étendre aux humains ?

Fermant les yeux, elle invoqua la force tapie au fond de son corps et lui ordonna de sortir.

« Lowen ? Tu fais quoi ? » demanda Kadaj, inquiet.

Les yeux fermés pour garder sa concentration, Lowen s'efforça de canaliser sa force dans ses bras. C'était difficile, elle n'avait pas fait ça depuis plus de deux ans !

Mais elle refusait d'abandonner. Yazoo avait été le premier à connaître son secret sur Gaïa, il l'avait soutenue quand elle hésitait à se confier à d'autres. Elle n'allait pas l'abandonner.

Petit à petit, la force se répandit dans ses bras, puis ses mains. Sitôt en contact avec le visage brûlant de Yazoo, elle s'écoula de son corps à une vitesse incroyable. C'était comme si elle avait enfin réussi à ouvrir un robinet et qu'à présent, l'eau s'écoulait à toute vitesse.

Malgré ses paupières closes, elle sentit une puissante lumière blanche. Kadaj et Loz regardèrent avec ébahissement le corps de leur frère s'imprégner de cette lumière.

Bientôt, Lowen commença à avoir mal. Elle donnait trop d'énergie, elle sentait ses membres devenir douloureux et froids.

Elle essaya de lâcher le garçon, mais elle n'y arrivait pas. Kadaj regarda la fillette et vit que sa peau se couvrait de veines grisâtres.

« Eh, ça suffit… LOWEN ! » cria Kadaj.

Paniqué, il la poussa brutalement en arrière. Lowen tomba du lit en gémissant. Loz regarda alternativement la fillette et Yazoo, qui ouvrit les yeux avec l'air perdu.

L'air calme et reposé, il s'assit et regarda autour de lui.

« On est où, là ? Les monstres-citrouilles ont disparu ? »

« T'es guéri ! » s'écria Loz, tout content.

Kadaj bondit du lit pour examiner Lowen. Toujours allongée, elle fixait le plafond avec l'air ailleurs.

« Petite sœur ? »

Clignant des yeux, elle regarda Kadaj et eut un maigre sourire.

« Ça a marché ? Il est guéri ? »

« Oui, il est guéri », dit Kadaj en lui serrant la main.

« Tant mieux », sourit Lowen avant de s'endormir.

La porte s'ouvrit sur Sephiroth accompagné d'un médecin. En voyant Yazoo parfaitement remis et Lowen évanouie par terre, le Soldat fronça les sourcils.

« Hum… Lequel d'entre vous est malade ? » demanda le docteur.

XxXxXxXxXxXxXxX

Lorsque le médecin sortit de la chambre une demi-heure plus tard, Sephiroth n'était qu'à moitié rassuré.

Lowen avait été examinée en premier. Le docteur avait constaté un niveau de déshydratation inquiétant chez elle, mais mis à part cela, l'enfant semblait aller bien. Elle avait bu six verres d'eau avant d'enfin ouvrir les yeux et dire qu'elle avait juste sommeil.

Quant à Yazoo, il n'avait plus de fièvre. Son visage avait retrouvé ses couleurs et il tenait sans problème sur ses jambes.

Après le départ du médecin, Sephiroth avait interrogé les garçons. Kadaj et Loz lui avaient raconté comment Lowen avait réussi à le soigner.

Sephiroth n'aimait pas l'idée que Lowen ait pris une initiative aussi risquée sans le prévenir. Lorsqu'elle se réveillerait, il lui en parlerait. Même s'il était heureux qu'elle ait réussi à sauver Yazoo, elle devait tout de même être prudente.

Cette nuit-là, les trois garçons dormirent dans un lit, et Lowen dans l'autre. Sephiroth dormit à son chevet, assis sur une chaise.

XxXxXxXxXxXxXxX

Kadaj avait du mal à dormir.

Ce qui était arrivé à Yazoo et Lowen le préoccupait. Le médecin avait beau affirmer qu'ils s'en remettraient, le jeune garçon demeurait inquiet.

« Yazoo… tu dors ? » dit-il dans un souffle.

« Non », répondit son frère sur le même ton.

Kadaj se tourna vers Loz. Il avait les yeux ouverts, comme ses deux frères.

« T'as eu des visions quand t'étais malade ? Tu parlais d'un spectre et d'araignées. »

Soupirant, Yazoo leva les yeux vers le plafond.

« Oui, j'ai eu des visions. Et elles étaient affreuses. »

« T'as vu quoi ? » demanda Kadaj.

« C'était Sauron ? » demanda Loz.

« Non, c'était un homme qui ressemblait à celui dont Lowen nous avait parlé. Je crois qu'elle l'appelait Talion… Il se battait contre des monstres, mais au bout d'un moment, le fantôme qui partageait son corps a choisi de le quitter. »

« Ah bon ? Lowen disait qu'ils faisaient équipe », s'étonna Loz.

« Je sais, mais… ils ont eu l'air de se disputer à propos d'un fantôme en cape noire. Talion l'avait tué, alors que le spectre voulait en faire son esclave. Quand il l'a quitté, j'ai vu ce Talion se vider son sang, puis des araignées sont sorties de nulle part et lui ont grimpé dessus. Après… c'est un peu flou, je crois que j'ai paniqué, mais… j'ai vu Talion mettre un anneau à son doigt. Un anneau qui dégageait une lumière rouge qui faisait peur. Ensuite, il est devenu comme le fantôme à la cape noire. »

« Il est devenu méchant, alors ? Comme ce Sauron ? » demanda Kadaj.

« Faut croire », soupira Yazoo.

Il se tourna vers le lit de Lowen.

« Elle ne doit pas savoir », déclara Kadaj.

« Pourquoi ? » s'étonna Loz.

« Vous la connaissez, elle culpabilise pour un rien. Si elle apprend pour ce Talion, elle voudra le retrouver pour essayer de l'aider. »

Yazoo parut gêné, mais ne contredit pas son frère. Il avait raison, mieux valait ne pas inquiéter Lowen avec ça.

Assis près de la fillette, Sephiroth n'avait pas bougé, mais il avait entendu toute la discussion. Et il partageait l'avis de Kadaj. Mieux valait qu'elle n'apprenne jamais cela.

XxXxXxXxXxXxXxX

Le lendemain matin, lorsque les lueurs de l'aube passèrent à travers les rideaux pour venir sur son visage, Sephiroth ouvrit les yeux et eut la mauvaise surprise de trouver le lit de Lowen vide.

Inquiet, il alla dans la salle de bains. Elle était vide aussi.

Pris d'un mauvais pressentiment, il essaya sa propre chambre, mais n'y trouva personne non plus. Il alla à l'accueil et demanda à la réceptionniste si elle avait vu la petite sortir. Celle-ci lui répondit que non.

Franchement inquiet à présent, il courut à travers le couloir menant à la sortie de secours et trouva la porte entrouverte.

Cela confirmait ses craintes : elle était partie. Il courut dehors et rejoignit ses amis. Ces derniers se tenaient sur la place du village et discutaient.

« Vous avez vu Lowen ? »

« Non, elle est restée à l'auberge… Pas vrai ? » demanda Genesis.

« Non, je ne la trouve nulle part ! J'ai l'impression qu'elle est sortie en douce. »

« Pourquoi aurait-elle fait ça ?! » s'étonna Angeal.

Sephiroth se tourna vers Genesis.

« Qu'est-ce que tu lui as dit, hier, avant de nous rejoindre ? »

« Mais rien ! J'ai juste posé une ou deux questions, et… »

« Quel genre de question ? » demanda Sephiroth en se rapprochant avec l'air menaçant.

« Woh ! Tu t'imagines quoi, là ? Arrête ça tout de suite, tu deviens paranoïaque. »

« Paranoïaque, moi ?! Qu'est-ce que tu… »

Angeal se plaça entre les deux Soldats.

« Ça suffit, tous les deux, ce n'est pas le moment de se disputer ! Nous devons retrouver Lowen. »

Frustrés, les deux Soldats se détournèrent l'un de l'autre en émettant un sifflement méprisant.

Voyant cela, Angeal se pinça les sinus avec un soupir fatigué.

XxXxXxXxXxXxXxX

Lowen était surprise par la facilité avec laquelle elle avait réussi à sortir de l'hôtel sans se faire remarquer.

D'habitude, Sephiroth avait l'ouïe très fine, tout comme ses frères. Mais cette fois, elle avait réussi à sortir du lit et quitter la chambre sans réveiller personne.

Même si elle était fière de sa discrétion, elle avait un peu peur.

Le village de Banora désert avait quelque chose d'inquiétant. Seul le sifflement du vent se faisait entendre à travers les rues abandonnées.

L'enfant ignorait où trouver des monstres. Et en les rencontrant, que se passerait-il ? Allaient-ils l'attaquer, ou bien la capturer pour l'envoyer tout de suite en Terre du Milieu ?

Elle se rappela que Sephiroth lui avait dit de rester dans la zone habitée du village. Les monstres devaient donc se trouver en pleine nature.

Avec une lenteur causée par l'appréhension, elle traversa les rues désertes du village jusqu'à arriver au verger. Là, elle s'arrêta. Les arbres étaient heureux de la revoir et murmuraient des mots de bienvenue.

Elle s'approcha de l'un d'eux pour caresser son tronc. Comme elle aimait ce pouvoir la liant à la terre ! C'était bien l'un des rares aspects de sa nouvelle nature qu'elle appréciait réellement. Elle se souvint de Radagast, son côté loufoque, son amour pour la nature, sa maison pleine d'animaux…

« Tu n'as absolument rien à te reprocher, petite », lui avait-il dit un jour.

Mais elle ne pouvait oublier l'homme mort, tué par les monstres. Et Yazoo, qui était tombé grièvement malade. Rien de tout ça ne serait arrivé si Sauron n'avait pas passé un marché avec l'Armée des Ténèbres. Banora aurait peut-être eu droit à un festival paisible, sans cela.

Soudain, elle réalisa que, perdue dans ses pensées, elle n'avait pas réalisé un changement : les arbres s'étaient tus.

Elle regarda autour d'elle et vit des yeux brillants dans les buissons. Lentement, elle recula, quand son talon se posa sur une branche morte. Le craquement fut bruyant.

Serrant les dents, elle regarda les buissons et vit que les yeux avaient disparu.

Elle se retourna… et se pétrifia en voyant que des monstres se tenaient devant elle. Il y avait deux citrouilles volantes encadrant une troisième plus grosse, coiffée d'un chapeau de sorcière.

« Hehe… Qu'avons-nous là ? Une enfant perdue ? » dit la grosse citrouille.

Trop effrayée pour parler, Lowen resta sans bouger. L'un des tentacules du monstre se tendit vers elle, jusqu'à effleurer sa joue.

« Hum… Bizarre ! Tu ne sens pas l'humain. Tu sembles… comme nous ? »

« Lowen ! »

Surprise, l'enfant se retourna et vit les trois Soldats courir vers elle. Angeal la tira en arrière, tandis que Sephiroth et Genesis pointèrent leurs armes en direction de la créature.

« Ne t'approche pas de la petite ! » dit Genesis.

« Hehe… Intéressant ! Depuis quand les humains se battent-ils pour un monstre végétal, comme nous ? »

Un monstre végétal ? Ces mots firent tiquer Lowen, mais elle se garda de répondre.

« Ce n'est pas toi le plus monstrueux, ici ? Allez, bats-toi ! » dit Genesis en enflammant son épée.

Sephiroth et lui se lancèrent dans la mêlée. D'un simple coup d'épée, ils tranchèrent les deux petites citrouilles, puis se tournèrent vers la plus grosse.

« Hehe… Comme au bon vieux temps ! Sephiroth, c'est ça ? Tu as bien grandi ! »

Sephiroth regarda le roi des citrouilles sans comprendre.

« Oh ! Tu ne te souviens pas ? Non, bien sûr, tu étais plus jeune ! Tu étais accompagné d'un autre humain, un certain Glenn. Vous avez bien joué avec moi, à Nibelheim… »

Le Soldat réfléchit rapidement. Ce que racontait ce monstre n'avait aucun sens, quoique… il y avait une fois, lorsqu'il était plus jeune, où le Soldat Glenn, un de ses premiers collègues, avait traversé avec lui un portail dans les deux sens, ce qui avait provoqué une amnésie sur la période passée entre les deux voyages.

« On n'est pas là pour discuter ! » dit Genesis, agacé de voir son ami affecté par les propos de ce monstre.

« Oh, je ne vous embêterai pas longtemps ! Je suis là pour l'enfant. »

Un nuage de lumière tourbillonnant apparut derrière lui.

« Il a la matéria Portail ! » réalisa Sephiroth.

« Je l'avais depuis longtemps. C'est grâce à elle que je suis entré en contact avec Sauron. Il a dit qu'il aiderait mon armée à envahir ce monde, si je lui ramenais l'enfant en échange. Mais j'avoue que j'hésite, maintenant. »

« Ah oui ? Et pourquoi ? » demanda Sephiroth.

La citrouille tourna sa tête grimaçante vers Lowen. Cette dernière eut un frisson en croisant les yeux jaunes lumineux de la créature.

« Je sens une certaine… connexion. Cette enfant est comme moi. »

« N'importe quoi ! Je ne tue personne », protesta Lowen.

« Tu es née de la terre et de la magie. Il y a une part de ténèbres en toi… Sauron m'a dit que tu étais sa fille. La fille d'un monstre. Je peux entendre le battement de cœur de tous les humains présents ici, mais pas le tien ! Oui, tu nous ressembles. Et si tu venais avec moi ? Pas pour voir Sauron, mais pour rejoindre mon armée. »

« Je… Seulement si vous promettez de ne plus faire de mal aux humains. »

Les trois Soldats la regardèrent avec effarement.

« Je me suis enfuie pour ça », avoua Lowen en baissant piteusement la tête.

« Oh, Lowen… » soupira Sephiroth.

Genesis secoua la tête.

« Oublie ça tout de suite ! Les monstres n'épargnent pas les humains, ils ne vivent que pour les faire souffrir. Tu n'as rien à voir avec eux. »

« Hehe… Quand on sait que Sauron a créé cette fillette, on a le droit de se poser des questions. »

« Ça suffit ! » dit Genesis, énervé.

Il se jeta sur le monstre. Ce dernier fit ployer ses tentacules pour s'élever dans les airs. L'épée en coupa l'extrémité tandis qu'il s'élevait vers le ciel.

Sephiroth prit son élan, puis fit un bond formidable qui l'amena sur le rebord du chapeau. Il pointa Masamune vers le bas et la planta dans la courge jusqu'à la garde.

Le monstre émit un hurlement sinistre et se débattit, essayant de le déloger, mais il tenait bon. Il tenta de pousser vers l'avant, mais son armée était plantée trop en profondeur. Il la retira un peu, juste assez pour poser sa main sur la lame, puis poussa en avant. L'arme trancha la courge en deux, laissant s'échapper un long flot de sang orange et de grosses graines scintillantes.

Pas des graines, des matérias ! réalisa Genesis.

Et il y en avait tant ! Surtout des jaunes, mais aussi des vertes et quelques rouges.

Les deux moitiés de citrouille s'effondrèrent, puis commencèrent à disparaître dans un épais nuage de mako scintillant.

Lowen regarda Sephiroth, debout au milieu du champ de bataille, agiter Masamune pour en enlever le sang. C'était la première fois qu'elle le voyait dans le feu de l'action et le résultat était stupéfiant ! Elle comprenait mieux à présent pourquoi les gens ne tarissaient pas d'éloges à son sujet.

De son côté, le Soldat fut gêné par l'expression de Lowen. Elle arborait un air admiratif, mais il savait, pour l'avoir déjà vu sur de nombreux autres civils et collègues, que lorsqu'il s'approcherait, elle aurait peur. Elle reculerait et le traiterait de monstre.

Néanmoins, il devait s'assurer qu'elle n'était pas blessée. Il s'approcha donc lentement d'elle.

« Tu n'as rien ? »

L'enfant cligna des yeux, comme si elle ne comprenait pas la question. Les yeux baissés, elle secoua la tête pour dire non.

« Super, alors tu vas nous expliquer ce qui t'a pris de fuguer ! » dit Genesis.

Ces mots sortirent Lowen de sa transe. Elle se dégagea des mains de Sephiroth et fit un pas vers le rouquin.

« Je ne fuguais pas ! Je voulais me livrer. »

« Pourquoi ça ? Tu réalises ce qui aurait pu se passer ? » demanda Angeal.

Lowen regarda les trois Soldats avec l'air énervé.

« Mais pourquoi vous êtes tous si inquiets pour moi, à la fin ? Je ne mérite pas tant de gentillesse ! C'est ma faute si cet homme est mort ! Ma faute si Yazoo est tombé malade. Ma faute si tous ces monstres sont là. Ma faute si je… AÏE ! »

Genesis l'interrompit en la frappant à la tête.

« Tu vas arrêter de dire des âneries ? Avec ou sans toi, ces monstres auraient fait des victimes », dit le jeune homme sur un ton sévère.

Les mains sur sa tête, Lowen regarda Genesis avec ahurissement.

« Et tu n'es pas un monstre », renchérit Angeal plus doucement. « Rien que le fait que tu aies voulu te sacrifier en est la preuve. »

L'enfant le regarda avec inquiétude et espoir. Elle interrogea Sephiroth du regard. Ce dernier hocha la tête, signe qu'il partageait son avis.

Fatiguée physiquement et moralement, Lowen se laissa tomber à genoux. Les yeux mi-clos, elle se laissa mollement soulever par Sephiroth. Dans les bras de celui-ci, elle fixa le vide tandis qu'il la ramenait à l'auberge.

Une fois dans la chambre, Kadaj, Loz et Yazoo se précipitèrent pour la serrer dans leurs bras. Ce geste fit du bien à Lowen. Lorsqu'ils s'écartèrent, elle regarda Yazoo. Il semblait en pleine forme.

Sephiroth leur ordonna de la laisser, il voulait lui parler en privé.

Inquiète, Lowen regarda les garçons sortir de la chambre, puis elle reporta son regard sur Sephiroth.

Il alla dans la salle de bains chercher une serviette humide qu'il utilisa pour nettoyer le visage de l'enfant, puis il s'assit à côté d'elle sur le lit.

« Il est temps qu'on ait une petite discussion, tous les deux », dit le Soldat.

Lowen le regarda avec crainte. Allait-il la punir pour ce qu'elle avait fait ? Après tout, elle avait essayé de s'enfuir pour se livrer à ces créatures.

« Je sais que Genesis t'a interrogée. »

Paniquée, l'enfant voulut se justifier, mais le Soldat poursuivit :

« Je sais que tu ne lui as rien dit et c'est bien. Tu as tenu ta promesse. Seulement… ce n'est plus possible. Sauron semble bien déterminé à te retrouver. Il faut donc s'attendre à d'autres problèmes dans le futur. Ce qui implique de changer de stratégie. »

Il se tut, l'air de réfléchir. Lowen attendit qu'il poursuive, quand elle se rappela une phrase que le monstre avait dite : « Je peux entendre le battement de cœur de tous les humains présents ici, mais pas le tien ! »

Elle porta la main à sa poitrine. Qu'avait-il voulu dire ?

« Lowen ? »

Surprise, l'enfant leva la tête vers le Soldat.

« Tu m'écoutes ? »

« Je… Désolée, je… je repensais… à ce qu'a dit ce monstre. Il a dit que je n'avais pas de battements de cœur. »

Sephiroth détourna le regard. Lowen sentit que sa réponse l'avait gêné.

« C'est vrai, ce qu'il a dit ? Je… Je n'ai pas de cœur ? »

Avec un soupir, le Soldat se leva pour aller à la fenêtre. Il regarda un bref instant le paysage, avant de répondre :

« Le jour où le président m'a confié votre garde à tous les quatre, j'ai reçu vos dossiers des laboratoires. Les scientifiques qui ont fait des examens sur toi ont découvert certaines choses, dont le fait que tu n'as pas de pouls. Et en se basant sur ton régime alimentaire, il semblerait que ton corps soit plus… végétal qu'on ne le pensait. »

Lowen écarquilla les yeux.

« Mais… je respire ! »

« Les plantes aussi, d'une certaine façon, et elles n'ont pas de cœur pour autant. Je crois que tu respires, mais d'une manière différente de la nôtre. Ta peau produit de l'oxygène, comme les plantes le font grâce à la photosynthèse. »

Lowen regarda ses mains. Elle savait qu'elle était née d'une fleur, pourtant elle avait un nombril, comme les humains. Et maintenant, elle découvrait qu'il lui manquait un organe important. Pourtant, quand elle avait peur, elle avait la sensation que quelque chose palpitait dans sa poitrine. À moins que ce ne fût ce que l'on appelait une sensation fantôme ?

« À quoi pensait Sauron, quand il a m'a créée, bon sang ? » soupira Lowen.

« À un corps pour lui, pas pour une humaine. »

L'enfant eut un rire moqueur. Pourtant, elle vit qu'il était sérieux.

« Je suis dans un corps anormal, pratiquement semblable à celui d'un monstre, et pourtant tu en parles comme si de rien n'était ! T'as pas peur de moi ? Je ne suis pas… bizarre ? » demanda Lowen.

Cela parut choquer Sephiroth. Lowen l'ignorait, mais elle lui rappelait un douloureux souvenir de son enfance.

Lorsqu'il était enfant, il avait été élevé par le professeur Gast, un homme brillant et fondamentalement bon. L'un des premiers à se montrer sincèrement gentil avec lui.

Il avait encouragé Sephiroth à se lier d'amitié avec d'autres enfants, mais ce dernier avait toujours été rejeté par eux. Les enfants avaient peur de lui, trouvant ses cheveux et ses yeux bizarres. À force de les entendre l'insulter et de subir leurs rejets, Sephiroth avait fini par craquer.

Gast l'avait trouvé, un soir, enfermé dans sa chambre et pleurant à chaudes larmes. Cela ne lui arrivait presque jamais, l'enfant avait toujours affiché un calme et un sérieux incroyables pour son âge. Mais là, il n'en pouvait plus. Il avait demandé à Gast s'il était vraiment normal, avec cette couleur de cheveux si inhabituelle pour son âge et ses yeux aux pupilles félines. Gast lui avait assuré que oui, il était normal, et que ses particularités physiques étaient fort jolies, elles ne faisaient que le rendre plus spécial.

« T'as pas peur de moi ? Je ne suis pas… bizarre ? » avait demandé l'enfant au professeur.

Et il y avait aussi le colonel Glenn Lodbrock, avec qui il avait fait sa première mission de Soldat. Il l'avait toujours traité comme un humain, malgré ses prouesses incroyables. Il lui avait dit qu'il pouvait faire preuve de compassion…

Sephiroth sortit de ses souvenirs pour regarder Lowen. En cet instant, il comprenait très bien ce qu'elle pouvait ressentir. Et il comprenait pourquoi Gast et Glenn avaient fait ce que lui-même choisit de faire en cet instant. Il tendit les bras et attira Lowen contre lui pour la serrer dans ses bras. Cette dernière en fut surprise. Sephiroth n'avait jamais fait ça avec elle, auparavant !

« Non, je n'ai pas peur. Peu importe ce que tu es, ce qui compte, c'est qui tu es. »

Lowen sentit ses yeux s'embuer. En cet instant, elle réalisa combien elle les avait attendus, ces mots. C'était comme si les regards méprisants des Elfes, l'attitude froide et cruelle de Thranduil, de Tangadion et des jumeaux de Faelwen disparaissaient de sa mémoire, balayés par l'étreinte de Sephiroth.

Alors, elle céda. Elle enfouit son visage contre lui et lui rendit son étreinte.

« Merci », dit-elle dans un souffle.

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Tandis que l'hélicoptère survolait les plaines de Banora pour rejoindre Midgar, Lowen regarda les montagnes au loin.

Le ciel était d'un beau bleu, piqueté de quelques nuages. Cela ne durerait pas, ils rejoindraient bientôt Midgar, où tout était gris et desséché.

Mais cela ne gênait plus l'enfant. Elle ressentait une paix intérieure qu'elle n'avait pas connue depuis longtemps. En fait, la dernière fois qu'elle avait vraiment ressenti cela, c'était lors de sa dernière discussion avec Legolas. Le prince avait été gentil et lui avait clairement fait comprendre qu'il était son allié. Savait-il déjà tout sur elle ? Oui, elle en était sûre. Et pourtant, lui aussi avait vraiment tenu à l'aider.

Elle se tourna vers ses frères et les trois Soldats, assis sur les sièges de l'hélicoptère. Sephiroth lui avait accordé le droit de raconter la vérité à Angeal et Genesis.

À son grand étonnement, ces derniers l'avaient crue. Ils avaient quand même paru surpris d'apprendre qu'il existait d'autres mondes peuplés d'humains et de races inconnues telles que les Elfes et les Orques.

Lorsqu'elle avait avoué qu'elle avait des souvenirs de sa vie antérieure, Angeal avait paru fasciné, tandis que Genesis n'avait été qu'à demi surpris.

« Tu as un regard tellement mûr parfois, ça explique tout. Sans compter comment tu te comportes. Un gosse n'agirait pas de manière aussi calme », avait dit le rouquin.

Lowen était heureuse que tous ceux qu'elle aimait soient enfin dans la confidence.

En revanche, autre chose l'inquiétait. Sephiroth avait décidé qu'après ce qui s'était passé, elle devait apprendre à se défendre.

Sitôt à Midgar, il prendrait des arrangements pour qu'elle ait un maître d'armes. Lowen appréhendait son entraînement. Cela se passerait-il comme à Mirkwood ?

Sephiroth avait deviné son trouble et lui avait garanti que non, ce ne serait pas pareil.

« D'après ce que tu m'as raconté sur ce Tangadion, ce qu'il t'a infligé n'était pas un entraînement. Il te mettait à l'épreuve pour essayer de te briser. »

Ces propos avaient sonné juste dans l'esprit de Lowen. En effet, pourquoi Thranduil voudrait-il apprendre l'art du combat à un être qu'il jugeait dangereux dès le départ ?

Ce maudit roi, quel hypocrite !

En apprenant qu'elle allait prendre des cours, Kadaj, Loz et Yazoo avaient demandé à en prendre aussi. D'une part pour être en mesure de la défendre, mais aussi pour eux.

Même s'ils n'avaient jamais aimé les cours qu'on leur donnait aux laboratoires, ils voulaient continuer pour gagner en force et pouvoir se défendre face à n'importe qui.

« Si jamais Hojo et les singes en blouse blanche veulent nous reprendre, on pourra leur faire face », avait expliqué Kadaj.

Lowen les comprenait et était heureuse à l'idée qu'ils aient une activité en commun, tous les quatre.

Bientôt, le ciel bleu devint brumeux, puis les premiers buildings de Midgar apparurent.

Lowen regarda ses frères. Ils échangèrent un sourire triste.

Les vacances étaient finies.