Le manoir
Perdue dans la campagne anglaise entourée d'une sombre forêt, la demeure de la famille Nott, à première vue faisait froid dans le dos. Imposante, les jours de pluie et de brouillard celles-ci ressemblait à l'image que l'on pouvait se faire d'une maison hantée. Le village le plus proche se trouvait à 45 minutes de marche, ainsi la famille Nott n'était pas embêtée par de potentiel voisin.
Alors qu'il rentrait chez lui un après midi, Nott Senior s'arrêta quelques instants devant le grand portail de fer qui s'ouvrait immédiatement devant lui. Il s'agissait d'un des sortilèges qui protégeait le manoir des intrusions malvenues. Alors que le vieil homme s'avançait jusqu'au perron, il scruta un moment l'immense jardin. Celui-ci était rempli de mauvaises herbes qu'il faudrait arracher. D'autres plantes grimpaient le long de la façade et l'une d'elle tenta même de blesser le vieil homme en venant s'enrouler autour de lui. D'un coup de baguette adroitement placé, il trancha la tige de la plante qui tomba au sol.
Ces plantes vénéneuses étaient un vrai fléau et il n'avait pour l'instant pas encore trouvé de solutions efficaces pour s'en débarrasser.
Pénétrant dans le manoir Nott Senior regarda tout autour de lui à la recherche de son fils.
-Où est Théodore ? Demanda-t-il à l'elfe de maison.
-Le jeune maître est à l'étage... répondit doucement la créature.
-Tout seul ?
-Il a 6 ans maintenant et la maîtresse a dit à Tinky que ce n'était plus nécessaire de veiller sur lui lorsqu'il était à la bibliothèque...
Nott Senior poussa un soupir. Bien évidemment Théodore se trouvait dans la bibliothèque du manoir. Depuis tout petit il avait eu une attirance pour cette pièce en particulier et y passait de nombreuses heures.
-Va me le chercher ordonna-t-il à l'elfe.
-Tout de suite Maître.
Quelques minutes plus tard il vit son fils descendre un livre à la main. Le vieil homme lu discrètement le titre : Registre et description des plus nobles familles de Sang-Purs.
Il eut un sourire imperceptible et dit au petit garçon.
-Il ne fait pas trop mauvais dehors, pourquoi tu ne vas pas te promener un peu ?
Théodore haussa les épaules et répondit :
-Je préfère lire et rester avec maman...
Le vieil homme leva les yeux au ciel sans s'en cacher. Depuis toujours le petit garçon était sans arrêt fourré dans les jupons de sa mère et ne la quittait que rarement.
-J'aimerais que tu viennes avec moi. Il faut ramasser du bois pour la cheminée et aussi voir comment sont les vignes.
Sans broncher Théodore posa son livre et entreprit de se préparer pour sortir. Le jeune garçon avait toujours été très obéissant et docile, ce qui ravissait son père et l'agaçait à la fois. Il avait un peu peur qu'en grandissant ce caractère affable presque en toute circonstance lui porte préjudice et même s'il n'en laissait rien voir cela inquiétait beaucoup le vieil homme d'imaginer son fils unique se faire marcher dessus ou pire brutalisé par d'autres au caractère plus affirmé.
Le petit garçon inspira l'air frais à pleins poumons tout en suivant son père. Théodore accompagnait très souvent son père sur les terres qui appartenaient depuis des années à leur famille. Il aimait se promener dans les immenses champs et même à la bordure de la forêt mais préférait avant tout l'intérieur douillet du manoir et encore plus lorsque le temps était maussade.
Cela faisait une bonne demi-heure que Théodore se trouvait avec son père et le regardait ramasser du bois pour le feu et examiner attentivement les vignes.
-Quand est-ce qu'on rentre? Questionna-t-il d'une petite voix, craignant de se faire réprimander.
-Patience, j'ai presque terminé…
En attendant que son paternel eu terminé, le petit garçon promena ses yeux bleus sur la campagne environnante. Du sommet de la colline où ils se trouvaient, Théodore pouvait apercevoir, au loin, l'immense manoir se dresser.
Lorsqu'ils furent de retour, le petit garçon se précipita à l'intérieur. Il adorait la vieille bâtisse familiale et savait qu'un jour il en hériterait ainsi que des terres alentours.
Après avoir embrassé sa mère qui se trouvait dans le salon, occupé à lire douillettement installée au coin du feu, Théodore monta à l'étage. Il poussa la porte de sa chambre et resta quelques secondes au seuil de la porte avant de pénétrer dans la pièce et de s'installer à la fenêtre. Souvent distrait, le petit garçon adorait se perdre dans ses pensées en observant la vue qu'il avait depuis sa chambre.
La pièce d'une taille conséquence, était constitué d'un grand lit, dans lequel Théodore se perdait quelquefois en se retournant dans son sommeil, d'une grande armoire où se trouvaient ses vêtements et d'un bureau dont il ne se servait pas beaucoup pour l'instant.
Sortant de sa rêverie, le petit garçon décida d'aller explorer un moment les autres pièces, même s'ils les connaissaient presque par cœur. Alors qu'il marchait dans un long couloir, furetant à droite et à gauche, ouvrant au hasard quelques tiroirs, pour voir s'il ne pouvait pas trouver un nouvel objet ou livre digne d'intérêt, il tomba devant la porte de toutes les tentations. Celle du bureau de son père.
Il savait qu'il n'y avait absolument pas le droit d'y aller et obéissant le jeune garçon avait toujours respecté cette interdiction. Cependant, se sentant un peu plus téméraire que d'habitude, il posa la main sur la poignée de la porte, resta ainsi quelques instants, puis se ravisa. Il détestait se faire réprimander par son père, même si le vieil homme n'avait jamais levé la main sur lui.
Tournant les talons, Théodore décréta avec sagesse qu'il valait mieux ne pas désobéir, même s'il en avait très envie. Cela lui éviterait très certainement de passer un mauvais quart d'heure si jamais son père s'en apercevait…
Le petit garçon venait de fêter ses sept ans il y avait à peine deux jours et en ce matin d'avril, une chose très attendue se produisit. Théodore se trouvait dans la cuisine avec ses parents pour prendre le petit déjeuner. Après la bibliothèque et sa chambre, la cuisine était la pièce qu'il aimait le plus. Il s'agissait d'une pièce lumineuse d'où se dégageait toujours des odeurs appétissantes, des plats préparés par l'elfe de maison.
Alors qu'il venait de finir son œuf brouillé et son bacon, le petit garçon s'amusait à faire tenir en équilibre sa fourchette. Très concentré, alors qu'il tentait de stabiliser la fourchette à l'aide de ses doigts délicats, il décida de lâcher celle-ci tout en continuant de la fixer avec attention. Soudain, sans qu'il ne s'y attende, l'objet se mit à léviter doucement à quelques centimètres au-dessus de la table.
Ses parents qui assistaient à la scène, cessèrent immédiatement leur conversation. La fourchette lévitait de plus en plus haut puis s'écrasa sur la table lorsque Théodore rompit le contact visuel.
Le silence s'installa quelques secondes dans la pièce lorsque sa mère s'exclama:
-Oh Théodore! C'est merveilleux!
Le petit garçon leva ses yeux bleus en direction de sa mère, puis demanda avec surprise:
-Pourquoi c'est merveilleux?
-Tu ne sais donc pas ce que cela signifie mon garçon? Le questionna son père, en le dévisageant avec un grand sérieux.
Théodore réfléchit quelques instants, puis demanda:
-Est-ce que c'est ma magie qui se manifeste?
-Oui exactement! Répondit le vieillard.
-Je vais donc bientôt pouvoir aller à l'école! s'exclama le petit garçon avec joie.
-Il te faudra attendre tes onze ans avant de recevoir ta lettre pour Poudlard.
Depuis ce jour, Théodore attendait avec impatience le jour où il fêterait ses onze ans, s'émerveillant à chaque fois que sa magie se manifestait durant des petites actions du quotidien.
