Chapitre 16
Izuku comme Katsuki avait à peine pris conscience qu'ils s'étaient rendormi lorsque le réveil de ce dernier résonna dans la pièce. Toujours dans les bras l'un de l'autre, le vert bougea en premier. Il frotta son nez contre la peau face à lui et ouvrit de petits yeux fatigués. Alors que la main du blond appuya violemment sur l'objet trop bruyant à son goût, pour l'éteindre en grognant, Izuku tourna la tête pour apercevoir l'heure. Il était 6h30. Dans un soupire, il se cala à nouveau tout contre le torse chaud et accueillant.
-Il va falloir qu'on se lève ... Grommela la voix encore enroué de sommeil juste au dessus de lui.
-T'es vraiment sur qu'on peut pas rester ? On est bien là.
-Je veux pas mourir si jeune. Ma mère nous fera la peau si elle le sait.
Un nouveau soupire, bien plus long que le précédent passa les lèvres du vert. Il se redressa, s'asseyant sur le matelas. Après un léger vertige, Izuku fronça les sourcils et se détailla un instant. Il se sentait bizarre. Pas bizarre dans le sens mal mais plutôt pas vraiment comme d'habitude. Rien que dans sa façon de bouger, il se sentait différent. Katsuki se leva à son tour, sortant carrément du lit. Il s'étendit de tout son long en levant les bras au dessus de sa tête puis se tourna vers le vert, totalement nu. Il oublia ce détail en apercevant le regard d'Izuku. Il s'approcha de lui ayant du mal à croire ce qu'il voyait.
-Tes yeux. Comment c'est possible que ça soit resté. Non attends. Tu es qui là du coup ?
Ne comprenant pas bien ou voulait en venir Katsuki, Izuku prit le téléphone du blond encore sur sa table basse. Il mit l'appareil photo et tourna l'objectif vers lui. Il écarquilla les yeux en voyant son reflet sur l'écran. Ses iris étaient restés bicolore. L'une verte foncée et vide d'émotion d'Izuku et l'autre étincelant d'un beau vert clair exprimant sa joie de Deku. De sa main libre, il passa ses doigts sous chacun de ses yeux, n'en revenant pas lui même. Il sut alors pourquoi cette drôle de sensation l'avait pris au réveil. Une explication logique fit son chemin dans son esprit et se confirma. Il posa le téléphone et regarda le blond. Ses pommettes se rosirent en le voyant dans son plus simple appareil alors que sa langue passa sur ses lèvres, savourant la vue.
-Eh bien. Je pense qu'on est là ... Tout les deux. On agit ensemble.
Se rendant compte seulement devant l'air mi gourmand mi gêné du vert, qu'il était à poil, Katsuki leva les yeux au ciel et alla rapidement prendre dans sa commode de quoi se vêtir.
-Mais comment ça se fait ? Les autres fois où s'est arrivés étaient différentes non ?
Izuku fit la moue en voyant disparaitre sous les divers tissus le corps si attrayant du blond. Il se leva à son tour en haussant les épaules et retira son pantalon trop large.
-Je ne sais pas du tout. Peut être que ... Grâce à nos sentiments pour toi, on arrive à rester soudés. Tu veux bien me filer ton ancien uniforme ? L'heure tourne et j'aimerais aller remercier tes parents avant de partir pour le lycée.
Au vu du changement de sujet brutal, Katsuki comprit qu'il ne voulait pas s'attarder dessus. Si lui même ne comprenait pas ce qui lui arrivait pas étonnant qu'il ne veuille pas tenter de l'éclaircir plus tout de suite. Le blond sortit de la chambre une fois avoir mis son uniforme et alla chercher celui qu'il prêterai à Izuku.
Ils se préparèrent rapidement et firent un tour chacun dans la salle de bain afin de se brosser les dents et se passaient un coup d'eau sur le visage. Pour tout les deux, un rapide mouvement de la main dans les cheveux suffit à les coiffer. Finalement, le vert se sentit assez à l'aise dans les anciens vêtements de Katsuki. Ils étaient certes un peu trop grand mais sans pour autant le faire ressembler à un sac comme il le craignait la veille. Ils descendirent sur les coups de 7 heures. Dans la cuisine, Mitsuki et Masaru étaient déjà attablés, prenant leurs petits déjeuner. En y entrant, Izuku se présenta et s'inclina respectueusement devant eux.
-Merci à vous de bien vouloir m'héberger. Je vous promet de ne pas vous déranger trop longtemps. Et de ne pas impliquer outre mesure votre fils dans mes problèmes.
-Hey ! Laisse moi décider tout seul de ce que je veux faire ou non, pigé ?
Katsuki s'installa à table après avoir mis une légère claque derrière le crâne d'Izuku au passage. Mitsuki invita le vert à manger également, ce qu'il refusa poliment, se servant juste une tasse de café chaud. Le blond dévora son assiette composé de pancakes au chocolat et de fruits. L'ambiance familiale de la tablée renferma Izuku sur lui même, ne prenant pas part à la discussion entre les parents et leur fils. Mitsuki s'inquiéta de l'état de la main du blond, se demandant si il ne valait pas mieux aller la faire examiner à l'hôpital. Katsuki, en guise de réponse, grogna qu'il allait bien, qu'il pouvait encore utiliser sa main et qu'il n'avait pas si mal que ça. Izuku s'excusa et sortit de la pièce après avoir fini et rangé sa tasse, retournant rapidement à l'étage.
Le blond ne s'attarda pas plus. Il salua ses parents et monta à son tour. Il retrouva le vert assis sur son lit, son visage caché par ses mains. Katsuki s'avança droit sur lui et bien que restant debout, il passa ses bras autour de ses épaules, tentant un câlin. La tête posé contre le ventre face à lui, Izuku retira ses mains et leva son regard vers lui.
-Désolé d'être parti comme ça. Je ... Vous voir tout les trois m'a fait penser à ma mère et ...
Se pliant en deux pour être à son niveau, Katsuki ne le laissa pas finir sa phrase, posant ses lèvres contre les siennes. Dans le doux baiser, le vert étira un sourire, y répondit d'une légère pression puis se recula.
-On devrait y aller, non ? On va finir par être en retard à trainer.
Katsuki hocha la tête et se recula. Ce n'est qu'à ce moment là, qu'il remarqua que les yeux du vert étaient uniquement ceux de Deku.
-Tiens, vous n'êtes plus synchronisé ?
-Non, c'était un peu trop compliqué à gérer. La sensation de ne pas contrôler complétement mon corps est gênante et Izuku est d'accord avec moi alors il m'a laissé totalement la place.
-Mh ok. Tu devrais prendre un de tes cachets pour être sur de pas faire une rechute en plein cours aussi. Ce serait embêtant d'expliquer ce qui t'arrive aux profs.
Il alla vers sa penderie et l'ouvrit cherchant un sac pour y mettre quelques affaires. Deku approuva et prit sa boite de médicaments. Il en avala un et rejoignit le blond dans sa quête. Une fois leurs sacs sur le dos, ils sortirent de la chambre, dévalèrent les escaliers et après un rapide "au revoir" aux parents Bakugo, ils sortirent de la maison.
L'air frais du début de matinée fit frissonner les deux lycéens qui marchèrent en direction de leur établissement. Sur la route, ils restèrent silencieux, se tenant côte à côte. Le vert frôla du bout des doigts la main si près de la sienne, hésitant à la prendre. Ne réagissant pas à sa demande muette, Deku laissa tomber bien qu'un peu déçu. Ils arrivèrent rapidement devant leur lycée et c'est sans surprise que toute la bande était déjà réuni comme à leur habitude sur le parvis.
-Salut salut ! Vous avez glandouillez dis donc tout les deux ! D'habitude tu arrives plus tôt quand t'es seul, Katsuki. S'amusa à les taquiner Mina, toute guillerette, sautillant sur place.
Eijiro contre le mur, ne pouvant pas bouger puisqu'il tenait dans ses bras Ochako leur fit signe de la main avec un grand sourire. Sa copine fit pareil, très contente de voir Deku, bien que plus réservé que le rouge. Denki et Kyoka firent juste un signe ayant l'air d'avoir du mal à se réveiller tandis qu'Hanta fit l'accolade aux deux arrivants. La conversation s'engagea, faisant le tour des cours de la journée. Ils étaient tous d'accord sur le fait que le week end tardait à arriver et qu'ils avaient juste envie de vite y être. C'est dans un bâillement sonore que Denki approuva, les faisant tous rire. Alors qu'une bonne ambiance s'installait dans le groupe d'ami, Deku tourna la tête vers le bout de la rue. Toute sa joie disparut instantanément de son visage. Il se figea et secoua lentement la tête, reculant de quelques pas comme ayant pris un coup invisible.
Prenant conscience de l'attitude changeante du vert juste à coté de lui, Katsuki se tourna et fronça les sourcils. Son cœur rata un battement. La peur à l'état pur qu'il vit dans le regard de Deku fixant l'autre bout du parvis, fit vriller le blond. Il n'avait même pas besoin de se poser plus la question sur qui pouvait bien lui faire éprouver ça puisqu'il savait pertinemment qui était dans son dos. Un cri étouffé sur sa droite lui fit serrer les poings alors qu'Eijiro mettait Ochaco, terrorisé derrière lui. Aux cotés de son meilleur ami, le rouge se mit en position d'attaque.
-Putain cette fois ci, je le défonce ce gros tas de muscles.
Katsuki fit face à ce qui leur arrivait droit dessus. Toute la bande de Shigaraki était là, marchant vers eux. Il y avait bien entendu Muscular, l'énorme barman qui avait agressé Ochaco. Mais également la fille et l'homme que le blond avait déjà croisé en retournant à la discothèque, Himiko et Jin. En tête, Shigaraki, le nez encore marqué par sa dernière rencontre avec le blond et Dabi le regard mauvais braqué sur lui, s'arrêtèrent à quelques mètres d'eux.
-Comme on se retrouve ... Deku. Tu m'as manqué.
Il tendit la main vers lui, son regard froid fixant le vert.
-Allez viens. Rentre à la maison maintenant et je te promet que ta punition ne sera pas aussi terrible que tu le penses.
Deku se mit à trembler rien qu'en entendant la voix doucereuse de son bourreau. Ses pupilles étrécis par la terreur qu'il lui faisait à nouveau ressentir, il était pétrifié. Ne supportant pas plus longtemps le voir dans cet état, Katsuki se mit devant lui. Levant son bras à l'horizontale en signe de protection, il répondit à la place de Deku.
-Hors de question qu'il te suive où que ce soit. Tu ne te rappelles pas ce que je t'ai dit avant de te péter le pif ? Tu veux que je te rafraichisse la mémoire ? Hein ?!
Lorsque Shigaraki posa les yeux sur lui, son visage se déforma en une moue rageuse. De toute évidence, il n'avait clairement pas oublier l'humiliation que le blond lui avait infligé.
-Toi, tu fermes ta grande gueule ! Je m'occupe de toi après avoir récupéré ce qui m'appartient. Que Deku vienne avec moi ou non, tu n'en ressortira pas indemne, crois moi.
Cette menace sortit violemment Deku de sa pétrification. Passant devant Katsuki sans qu'il ne puisse le retenir, le vert se retrouva au milieu des deux camps.
-Non ! Je t'en prie. Ne leur fais pas de mal ! Si je reviens avec toi ... Si je reviens avec toi, je veux ta promesse qu'on repartira sans que personne ne soit blessé. Pas un seul d'entre eux, d'accord ?
Shigaraki ouvrit la bouche dans l'intention première de protester puis finalement se ravisa et hocha la tête, restant silencieux. Deku jeta un œil derrière lui. Ochaco, les larmes aux yeux était entouré de Kyoka et Mina regardant la scène impuissantes, alors que Katsuki, Eijiro, Hanta, et Denki, à présent totalement réveillé formaient la ligne de défense. En fermant les yeux, Deku s'imagina être auprès des filles et se laissait protégés, pour une fois. Mais lorsqu'il les rouvrit devant la bonne vingtaine d'homme de main de Shigaraki, il se résolut. Il lui était impossible d'impliquer de si belles personnes à ses problèmes. Personne ne devait souffrir à cause de lui. Il ne supportait pas cette idée. La tête haute, il fit plusieurs pas vers l'homme qui lui avait tout pris.
-NON !
Le hurlement retentissant de Katsuki dans son dos, le fit sursauter. Deku serra les poings et ses mâchoires se crispèrent. A deux pas de Shigaraki, il se tourna vers le blond, à son tour au milieu des deux groupes.
-Ne retourne pas avec ces tarés Deku ! Je ne l'accepte pas ! On peut ... Non. Je peux te protéger.
Le vert déglutit difficilement avant de courir jusqu'à lui. Il se jeta presque dans ses bras qu'il referma automatiquement autour de sa taille. Le visage caché dans son cou, Katsuki sentit clairement les larmes coulaient sur sa peau.
-Pardon Kacchan. Mais je n'ai pas le choix. Ils sont trop nombreux et surtout armés. Je ne veux pas que vous soyez blessés ... Ou pire. La perte de ma mère a été terrible. Mais te perdre toi ... Ce serait la fin. S'il te plait. Laisse moi vous protégez.
Il se redressa et plongea ses yeux larmoyant à nouveau vairons dans le regard rouge flamboyant. En un sourire triste, le vert posa délicatement ses lèvres contre celle du blond. Il se recula bien trop vite au gout de ce dernier soufflant un "merci" avant de s'éloigner. Katsuki secoua la tête, restant buté. Il tenta de le rattraper par la main mais il était déjà trop loin. Face à Shigaraki, tête baissée, Deku essuya les larmes encore sur ses joues.
-C'est bon ? T'as fini tes adieux à la con ? Tu m'as fait perdre assez de temps comme ça, crevure.
Il lui décocha son poing en plein visage, projetant sa tête sur le coté et fendant sa lèvre au passage. Deku cracha son sang au sol alors que surgissant de derrière lui à une vitesse hallucinante tel une bête féroce, Katsuki chopa Shigaraki par le col de son fidèle sweat et lui envoya à son tour son poing. Il n'avait pas réussi à se contenir. Voir Deku se faire frapper alors qu'il venait à peine de retourner auprès de cet enfoiré, lui avait retourné l'esprit. Il allait recommencer encore et encore mais le bruit d'une arme à feu qu'on enclenche le fit lâcher prise. A moitié sonné, le chef des criminels tomba mollement au sol. Dabi, un pistolet glock au poing, tenait en joue Katsuki d'une main et de l'autre la tendit à Shigaraki pour l'aider à se relever.
-Tu vas crever, fils de pute !
Deku se mit devant le blond et le poussa afin qu'il ne soit plus en ligne de mire.
-Ne reste pas là ! Va t'en !
Tout s'emballa bien trop vite. Eijiro, Hanta et Denki voulurent venir en aide à leur ami alors que de son coté, les hommes de main avancèrent également. Le premier coup avait été donné et la mêlée entre les deux groupes devenait inévitable. Mais, on entendit au loin un puissant bruit de moteur qui suspendit un moment l'action. Surgissant de nulle part, un SUV Mercédès déboula sur le parvis. Heureusement vidé de ses élèves partis en classe, la voiture se stoppa juste entre les deux camps. Complétement effaré par cette apparition soudaine, plus personne n'osa bouger.
La portière arrière s'ouvrit violemment et Eri, la petite fille que Deku avait voulu protéger apparut à la vitre du coté passager avant. Restant à l'intérieur, elle tendit sa petite main au vert. Derrière elle, au volant, Overhaul traduisit sa pensée, les pressant plus efficacement.
-Magnez vous, montez !
Saisissant leur chance de se sortir du guêpier dans lequel ils étaient fourrés, Katsuki réagit le premier. Il enroula son bras autour des hanches de Deku et le porta facilement sur son flanc avant de se précipiter vers l'intérieur de l'habitacle. Ils se tourna vers son groupe d'ami qu'il vit faire demi tour, les garçons rejoignant les filles.
-Barrez vous le plus vite possible ! On se rejoint plus tard ! Ne vous faites surtout pas prendre !
Une détonation retentit et la balle fusa. Elle loupa de peu l'épaule du blond avant de terminer sa course dans la tole grise de la Mercédès. Ils s'engouffrèrent tout les deux sans plus réfléchir et refermèrent la portière. Les pneus de la voiture crissèrent avant qu'elle ne démarre en trombe. Le cri de colère de Shigaraki retentit dans toute la rue. Deku, sous le blond et contre le plancher du véhicule s'accrocha encore plus étroitement à lui, s'imaginant sans mal ce qu'il aurait pu lui faire subir en représailles rien qu'à entendre sa véritable émotion. Eri passa sa tête entre les deux sièges avant et lui sourit timidement.
-Ne t'en fais pas, tout va bien. On va vous mettre en lieu sur.
