Est-ce que ça enregistre ? Merde, comment j'peux savoir ? (L'enregistrement est lancé depuis huit secondes, Zen'kan.) Ah ! Chier ! Merci, Ubris. Hum...donc... Hello, Lili, Rory. Tom m'a dit que je pouvais enregistrer des messages... donc ben... heu... me voilà... Donc pour l'instant, on est toujours en hyperespace. Tom a décidé d'aller voir des gens qu'il connaît sur une planète qui s'appelle Taremu.
Ce sont des Jaffas qu'il a rencontré y a quelques années. Ce sont eux qui lui ont donné les coordonnées de la planète où il a rencontré des Unas. Il espère qu'ils pourront nous renseigner. Je crois qu'il est pas méga pressé d'aller voir les Unas directement...
Pour l'instant, je vais pas mentir, c'est assez chiant. L'Utopiaest pas si grand, et y a pas grand-chose à faire... Heureusement que les banques de données sont pleines de films et de séries, et que Liam'kan a pas non plus grand-chose à faire et que du coup, on peut souvent se battre. En tout, y a une dizaine de guerriers à bord. Je veux dire, des soldats qui sont là que pour ça. Tous ne sont pas wraiths, mais tous se battent super bien. C'est cool de les affronter. Même si je me fais presque toujours rétamer !
Je pensais pas que ce soit possible, mais... le vent, le chant des oiseaux, le soleil, tout ça, ça me manque... Je me réjouis qu'on arrive sur cette planète. Déjà, parce que ce sera ma première planète extraterrestre... du moins dont je puisse me souvenir. Et ensuite, parce que je vais enfin pouvoir sortir de cette boîte de sardines !
Vous me manquez aussi ! Je vous ferai un nouvel enregistrement bientôt, promis. Salut !
.
« Jiu, je te confie le vaisseau. »
« A vos ordres ! »
Suivant Jiu qui l'avait salué, tout le personnel du pont se mit au garde à vous. Une marque de respect que Tom avait appris à apprécier d'autant plus qu'il ne l'exigeait pas.
Appréciation d'autant renforcée par l'expression surprise et impressionnée de son frère.
L'Utopia entre de bonnes mains, il fit signe à ce dernier de le suivre.
« Laisse-moi parler, et ne prends pas d'initiative, s'il te plaît. » requit-il.
Zen'kan opina.
Ils passèrent devant la famille de Unas qui les regardèrent avec insistance, mais ne tentèrent pas de les suivre. Ils avaient visiblement compris que sortir ne serait pas forcément à leur avantage.
Liu les rejoignit bientôt, accompagnée des quatre guerriers qui allaient les accompagner.
Les Taremiens s'étaient montrés très amicaux à leur dernière visite, mais les choses avaient pu changer avec le temps, et mieux valait être trop prudent que pas assez.
Le village voisin de la Porte des étoiles se trouvait à peine à deux kilomètres. Suffisamment proche pour être facilement atteignable, suffisamment éloigné pour que l'Utopia ne risque pas d'effrayer les habitants.
Ils n'étaient pas à mi-chemin, qu'une délégation jaffa arrivait en sens inverse.
Un instant, alors que les terribles guerriers brandissaient leurs redoutables lances, il craignit pour son frère et son équipage, puis un sourire fier fendit le visage de leur meneur qui, rangeant sa lance à son côté, brandit haut son bras en guise de salut avant de le lui tendre. Franchissant la distance qui les séparaient encore de quelques pas, Tom lui rendit son étreinte, serrant son avant-bras alors qu'il lui saisissait le sien.
« Tom Giacometti des Ouman'shii, c'est un plaisir de vous revoir ! »
« Dalak de Taremu, tout le plaisir est pour moi ! » répondit-il en retour.
Le Jaffa rit, lui secouant le bras avant de l'inviter, ainsi que les autres, à le suivre.
« Quel bon vent vous ramène ici ? » demanda-t-il, se servant de son arme comme d'un bâton de marche.
« Nous cherchons une planète. »
« Ce n'est pas ce qui manque dans l'univers. » nota le Jaffa avec une pointe d'ironie.
Tom pouffa.
« Oui. Mais pas n'importe quelle planète. »
Dalak s'arrêta, le détaillant avec attention.
« Vous nous demandez notre aide? »
Un instant, Tom hésita. Que répondre ?
« Oui. Vous connaissez mieux la région que nous. J'espère que vous pourrez nous renseigner. »
« Je l'espère aussi. » approuva le Jaffa en se remettant en marche. « Dites-moi ce que vous cherchez. »
« Là, tout de suite ? » demanda-t-il, surpris.
Dalak lui jeta un nouveau regard.
« L'information est-elle de nature si délicate qu'elle ne peut-être donnée devant mes hommes ? » demanda le guerrier, l'air de rien.
Tom hocha la tête négativement. Les Jaffas étaient fiers. Très fiers, et la dernière chose qu'il voulait, c'était se les mettre à dos.
« Non. Bien sûr que non. Vous vous souvenez de la planète que vous nous avez indiquée pour notre... chasse ? »
« Fenaly ? Oui, absolument. Pourquoi ? »
« Lorsque nous y sommes allés, nous y avons vu des... créatures... réduites en esclavages par les habitants. Grandes, écailleuses, avec des cornes... »
« Des Unas. »
« Oui, c'est ça. »
L'expression de Dalak se ferma.
« Vous voulez en acheter ? »
« Non. Jamais de la vie ! » s'écria-t-il, plus fort que prévu.
« Alors pourquoi ces primitifs vous intéressent-ils ? »
« Nous cherchons leur monde d'origine... ou au moins un monde où ils vivent libres. »
Le Jaffa eut un rire sec et presque cruel.
« Mon ami, j'ignore pourquoi vous désirez trouver des Unas libres, mais c'est une très mauvaise idée ! Ils sont aussi stupides qu'ils sont méchants. Il n'y a que leur force prodigieuse qui vaille quoi que ce soit chez eux. »
Une petite exclamation outrée le coupa dans sa réponse pincée, et attira l'attention de Dalak.
« C'est un... enfant ? » demanda-t-il en désignant Zen'kan.
« Oui ! (Héééé ! ) Dalak, je vous présente mon jeune frère, Zen'kan Giacometti. »
Le Jaffa inclina la tête en guise de salut, et son frère fit de même après qu'il l'eut télépathiquement sermonné.
Dalak le fixa placidement, comme s'il attendait calmement une question. Question que Tom l'empêcha de poser. Ce n'était vraiment pas le moment de fâcher leurs alliés !
Après quelques instants, voyant que rien ne venait, le Jaffa se remit en marche.
« Donc, vous connaîtriez d'autres mondes habités par des Unas ? » reprit-il en lui emboîtant le pas, une fois certain que Zen n'allait pas se mêler davantage de la discussion.
« J'en connais. Mais aucun qui soit une destination recommandable... »
« Pourriez-vous tout de même nous les indiquez, s'il vous plaît ? »
Une fois encore, Dalak s'arrêta.
« Pourquoi ? Pourquoi devrions-nous vous les indiquer ? Pour que vous puissiez les... tuer ? Vous en nourrir ? »
« Quoi ? Non ! »
« Pourtant, c'est bien ce que vous avez fait des habitants de Fenaly, non ? » grinça sèchement le guerrier.
Tom ne répondit pas tout de suite.
Le Jaffa eut un rictus mauvais.
« Vous pensiez que les Fenalyites étant nos ennemis, nous n'en saurions rien ? »
Il ne put que le fixer, presque sonné, la tête vide, alors que les Jaffas qui l'accompagnaient braquaient leurs lances sur eux, et que son équipe faisait de même avec leurs ridiculement inoffensifs blasters.
Liu se racla la gorge, mais elle n'eut pas le temps de parler.
« Ils n'ont pas eu le choix ! »
Tout le monde se retourna vers Zen'kan qui, les poings serrés, les arcades sourcilières froncées, fixait le Jaffa droit dans les yeux.
« Comment ça ? » demanda ce dernier.
« Ils ont pas eu le choix ! Je sais pas ce qu'ils vous ont dit, la dernière fois qu'ils sont venus. Mais je sais que si... si des gens sont morts... c'est qu'ils n'avaient pas le choix. Mon frère... je sais qu'il préférerait mourir que de vider qui que ce soit... Alors je sais pas ce qui c'est passé, j'étais pas là. Mais je sais qu'ils l'ont pas fait par plaisir ! »
Dalak se retourna vers lui, l'air de dire « C'est vrai, cette histoire ? »
Il opina, et inspira à fond.
« Zen'kan dit vrai. On vous a caché... certaines choses. Mais nous l'avons fait sans malveillance aucune. On ne voulait pas que vous vous mépreniez sur nous. Nous sommes réellement venus en paix, et aujourd'hui encore, nous sommes venus en amis. »
Dalak le dévisagea, longuement, comme s'il cherchait à sonder les tréfonds de son âme.
« Et en amis, vous êtes ici. Sinon, vous ne seriez pas vivants ET libres en cet instant. »
Le détail ne lui avait pas échappé. Il opina.
« Merci de votre confiance. »
« Il serait temps que vous vous en montriez digne, vous et votre équipage. Je vous somme de nous expliquez qui vous êtes. Réellement. »
Tom aurait préféré faire ces explications ailleurs qu'au milieu d'une route de poussière sous un soleil cuisant, mais ce n'était pas comme s'il avait le choix. Il expliqua donc tout. Depuis le début. Qui étaient les wraiths. Leur monstruosité atavique. Ce qui les différenciait eux, wraiths ouman'shiis, des autres. Ce qui s'était passé, ce jour-là, dans le village.
Dalak écouta toute son explication, sans une seule fois l'interrompre. Quand il eut terminé, il demanda à examiner ses schiitars puis, visiblement satisfait, se retourna pour reprendre sa route.
L'instant d'après, une douleur cuisante éclatait dans sa joue, alors qu'il faisait un tour sur lui-même, avant de s'effondrer, à moitié assommé. Il entendit, comme de très loin, les grognements mauvais de ses guerriers wraiths, les cris de colère de ses soldats humains et par-dessus, les ordres de Liu.
Assis sur les fesses, étourdi, il porta lentement sa main à sa joue, la retirant tachée de sang vert, tandis que de la langue, il tâtait sa gencive éclatée et les deux dents délogées par l'impact.
Dalak l'avait frappé. Avec force, du talon de sa lance. Est-ce que sa mâchoire était cassée ?
Prudemment, il essaya de la bouger, malgré la douleur. Ça allait. Liu continuait de beugler. Il voulut l'intercepter. Il ne fallait pas répliquer ! Ils allaient se faire massacrer si les Jaffas décidaient de faire feu. Il leva la main pour tenter d'attirer son attention, puis réalisa que justement, elle tâchait d'empêcher leurs soldats de répliquer, tout en maintenant son frère dans une poigne sauvage.
Il ne put s'empêcher de sourire de fierté. C'était son humaine. Sa précieuse humaine adorée. Sa Liu.
Le coup de pied de son amie le ramena à la réalité.
« Bordel, Tom, ça va ?! » s'enquit-elle, inquiète.
« Hein ? »
« Est-ce que ça va ? »
Il opina. Oui, ça allait. Il avait déjà commencé à régénérer, et personne d'autre n'était blessé.
« Mais qu'est-ce qui vous a pris ?! » beugla-t-elle ensuite à l'adresse de Dalak, qui l'observait toujours avec attention.
« Je voulais vérifier vos dires. » déclara-t-il, lui tendant un bras pour l'aider à se relever.
Acceptant la main tendue, Tom se hissa tant bien que mal sur ses pieds.
« Vous auriez pu demander, plutôt que de me déchausser deux dents. » nota-t-il, récupérant lesdites dents dans sa bouche d'un geste désinvolte.
« Navré, mais votre parole n'aurait été que ça, une parole. »
Il opina, regrettant malgré tout de n'avoir pas eu l'occasion de fournir une preuve moins douloureuse.
« Vous ne m'avez toujours pas dit pourquoi vous voulez trouver des Unas. »
Faisant bouger sa mâchoire endolorie, il fit signe à Liu de répondre à sa place.
« Nous avons trouvé une famille de Unas qui a échappé à des trafiquants. Nous essayons de les ramener chez eux, ou au moins auprès des leurs. »
« Vous avez des Unas à votre bord ? Des Unas sauvages ?!»
« Oui, ils sont trois. »
« Et ils n'ont pas ravagé votre vaisseau ? »
« Non. Pas du tout. »
« Vous les avez enfermé ! »
« Non. Ce sont nos invités. »
Liu répondait, poliment mais sèchement, mais il ne pouvait pas laisser une telle chose passer.
« Dalak, cette famille est certes primitive, mais ce ne sont certainement pas les bêtes sauvages que vous semblez imaginer. Ce sont nos invités, et je ne vous laisserai pas impunément les insulter ! »
Le Jaffa lui jeta un regard calculateur.
« Bien entendu. Bien entendu. Je comprends que vous ayez à cœur de les aider. Faisons donc un échange de bons procédés... »
.
Tom, d'aussi loin qu'il se souvienne, avait toujours été une espèce de bouffon joyeux, toujours à rire et à plaisanter, même dans les moments les plus sombres. Zen'kan n'avait jamais vu son frère énervé. Vraiment énervé.
Il était terrifiant. Transfiguré de la plus atroce des manières, des ombres argentés dansant autour de lui comme autant de sinistres spectres, tandis qu'il crachait des réponses monosyllabiques entre deux grognements rageurs, aux questions de ses hystars.
Lorsque le Jaffa l'avait frappé, Liu avait dû le retenir lui, et le reste de leur escorte. Lorsqu'il avait posé ses conditions pour son aide, c'était Tom qu'elle avait dû retenir. Et elle n'y serait pas parvenue si Ninaï'kan et Milm'kan qui les accompagnaient ne l'avaient pas ceinturé et tiré en arrière.
Dalak leur avait fort généreusement laissé le reste de la journée pour réfléchir à sa « proposition ».
Dans l'absolu, Zen ne voyait pas trop où était le problème pour des wraiths. Mais il voyait parfaitement où était le problème pour son frère.
Dalak voulait les utiliser pour aller semer la mort et la terreur chez un ennemi des siens, en échange des coordonnées du monde natal des Unas et de deux autres mondes en abritant.
L'appel de la violence était comme un chant de sirène pour lui. Chant auquel il était inutile de céder. Ses schiitarsn'étaient pas ouverts, et au-delà de ça, malgré son instinct de guerrier, il était un peu trop conscient qu'il ne s'agissait pas d'un jeu. Ni même d'une mission normale. On leur demandait d'aller assassiner des innocents. Le Jaffa exigeait d'eux un massacre de masse. C'était mal, cruel et immoral. De le leur demander, et plus encore pour eux de le faire. Il sentait bien, dans l'Esprit, que de l'avis de la plupart des guerriers, c'était une affaire d'une heure ou deux. Une corvée vite réglée, dont les conséquences ne dépasseraient pas les confins de cette galaxie. Aux yeux du monde, ils seraient toujours de bons et braves Ouman'shiis.
Pour son frère, le simple fait d'avoir accepté d'écouter une telle proposition était une faute grave. Un poids sur ses épaules.
Et lui, qu'en pensait-il ? Excellente question. Le menton posé sur sa paume, fixant sans le voir le paysage alien sous le hublot de sa fenêtre, il se pencha sur la question.
.
Jiu était une perle ! Un ange ! Un vrai petit miracle ! Comment avait-il réussi à se faire comprendre des Unas, mystère. Mais Tch'ana était venu le voir, et l'avait immobilisé de ses grandes mains griffues, cherchant son regard jusqu'à ce qu'il cesse de gronder et de se tortiller.
« Tom pas tuer pour Tch'ana. Pas tuer pour Morgal. Pas tuer pour Utak. Unas pas d'accord. Pas d'accord. »
Des mots simples et très accentués, mais qui l'avaient soulagé plus qu'il ne pouvait le croire. Il avait serré le Unas très fort dans ses bras, et ce dernier, un peu maladroitement, lui avait tapoté le dos.
Rasséréné, et plus décidé que jamais, il s'était repris ! Pas question qu'à cause de lui, la petite famille ne puisse pas retrouver sa maison !
Il avait un peu secoué le Unas qu'il tenait toujours par les épaules.
« Merci Tch'ana ! Merci ! Je vais vous ramener chez vous, je vous le promets. Je vais y arriver ! Promis, juré ! »
Le Unas n'avait certainement pas compris la moitié de ce qu'il avait dit, mais peu importait. Il avait un plan...
