Pas de TW, on laisse Drago se reposer un peu :D
De façon générale, ça va être tranquille un petit moment
Diri-Chan : J'aurais du appeler cette histoire "50 nuances de Potter", en fait... XD
Combien de minutes, d'heures ou se siècles passèrent ainsi, tandis qu'ils se fixaient, silencieux, immobiles, tandis que leurs souffles s'apaisaient et que la transpiration sur leurs peaux s'évaporait ? Le temps passa-t-il réellement, d'ailleurs, ou cessa-t-il simplement son cours tranquille l'espace d'un instant.
« Tu n'es pas un tueur, Drago »
Il avait déjà entendu ces mots précis, et avait tellement espéré les démentir. Il empoigna la baguette plus fermement, la dressa plus agressivement… Puis sentit un hoquet lui déchirer les entrailles. Il laissa son bras retomber le long de son flanc, épuisé.
« Tu as raison, Potter, abandonna-t-il. Bien joué. Je suis trop lâche pour ça. »
Un bref éclat de rire fatigué lui répondit.
« Dis pas ça. Crois-moi, t'es pas le premier à essayer et à échouer. » Potter se redressa et caressa doucement le menton et la joue abîmée de Drago. « Qu'est-ce qui t'es arrivé, encore ?
– Et bien mon visage vient de heurter ce mur », répondit Drago en lui désignant le coupable d'un signe de la tête.
« Episkey » Ce fut Potter qui prononça le mot, mais Drago sentit la magie parcourir la baguette qu'il tenait. C'était une sensation étrange et peu agréable, comme être traversé par un fantôme ou se réveiller d'un Imperum. Le sortilège de soin s'attaqua à sa joue enflée et à sa lèvre tuméfiée.
Légèrement nauséeux, Drago jeta la baguette.
Potter suivit la chute de l'objet des yeux, puis braqua de nouveau son regard sur Drago. Celui-ci frissonna : A nouveau, le Survivant exhibait son masque de sadique arrogant. « C'est malpoli. Je pourrais t'ordonner d'aller me la ramasser.
– Je refuserais, prétendit Drago. J'ai accepté de me soumettre à tes fantasmes sexuels, mais pas à obéir au moindre de tes caprices.
– Je pourrais t'ordonner d'aller la chercher à poil et à quatre pattes, et de me la ramener entre tes dents, est-ce que ça ressemblerait suffisamment à un fantasme sexuel ? »
Drago abandonna et changea de sujet « Est-ce vrai que la pièce complète est protégée par Assurdiato ?
– C'est un peu tard pour t'en assurer, non ?
– Et tu te demandes pourquoi personne n'entend quand on frappe à la porte et que tu nous hurles d'entrer. »
Le silence revint. Finalement, Potter éclata d'un rire franc. « Et merde. T'as raison. » Toujours hilare, il porta la main de Drago a ses lèvres et y apposa un baiser avant de la lâcher et de partir ramasser sa baguette. « Ecoute, reprit-il. Je vais avoir plein de travail à te filer ce midi. Mais concernant ce matin, repose-toi. Je pense que t'en as besoin. C'était sympa, mais t'as l'air crevé. »
Sympa. Un choix de mots étonnant. Drago s'essuya le visage avec lassitude, puis il ramassa les lambeaux déchirés de son ancien boxer, et alla les jeter dans la poubelle de la cuisine. Quand il se retourna, Potter se tenait dans l'encadrement.
« Il faut vraiment que tu arrêtes de me désobéir juste par esprit de contradiction. »
Drago haussa les épaules. « Ce n'est pas juste pour ça. » Il se faufila entre le corps chaud du Directeur et le chambranle de la porte.
« Et maintenant, tu vas faire quoi ? continua Potter en lui emboitant le pas.
– Le lit, le linge sale, les poussières… » Drago haussa de nouveau les épaules. On était lundi. Le jour où il fallait s'occuper des toilettes.
Potter le suivit jusque dans la chambre où Drago ramassa les sempiternels vêtements sales de la veille qui jonchaient le sol. Quand celui-ci fit volte-face, Potter lui prit le tas des mains et le poussa doucement sur le lit. Drago grimaça en sentant ses fesses douloureuses rebondir sur le matelas.
« Dors, ordonna Potter. Dis-toi que ça fait partie de mes fantasmes de t'avoir dans mon lit. »
Drago ne bougea pas.
Potter quitta la pièce.
Drago se laissa basculer en arrière et s'enfonça dans le matelas moelleux. Il ferma les yeux. Il était en effet épuisé.
Quand, une heure plus tard, Potter vint discrètement vérifier s'il avait bougé, il fit semblant de dormir. Il entendit la porte de la chambre se refermer, puis, en tendant l'oreille, celle d'entrée s'ouvrir et se fermer. Il attendit encore quelques minutes pour s'assurer que le Directeur ne revienne pas dans ses appartements, prétendant avoir oublié quelque chose…
Enfin, il se leva et se rendit directement au secrétaire du salon pour récupérer les trois bocaux. Dans le premier, les saletés qui flottaient encore dans l'alcool la veille s'étaient déposées au fond. Lucius Malfoy n'apprécierait pas. Drago remplit à raz-bord le second de soude caustique, et justifia son vol par l'entretien hebdomadaire des toilettes dans son document de travail. Pour le troisième, il n'osa pas subtiliser une trop grande quantité de cire de lustrage : A peine cinq ou six centimètres atterrirent dans le bocal. Une quantité plus importante fût renversée sur la table d'acajou, qui fût astiquée presque une heure durant, au point de briller plus encore que le lustre de cristal. Drago nota l'utilisation du produit dans son bloc-notes, mais inscrivit également : « Deuxième couche à prévoir au lendemain ».
Il effectua divers rangements et dépoussiérages en attendant 10h et le départ du chariot magique.
Quand il rejoignit Macnair aux sous-sols, celui-ci était toujours adossé au même mur, et dans la même position. Drago se demanda si la présence de cette statue humaine à la place d'un cuisinier travailleur et utile agaçait les autres détenus préposés aux cuisines. Si c'était le cas, ce serait évidemment lui qui en pâtirait.
Il lui tendit les trois bocaux et demanda « Qu'a dit mon père ?
– Il n'est pas content », répondit Macnair d'un ton neutre en empochant les articles sans même leur accorder un regard. Il s'attarda en revanche sur la joue de Drago, sur laquelle la trace de ses gifles n'était plus visible. Il inclina la tête du jeune homme docile dans un sens, puis dans l'autre, lui tâta le cou, probablement à la recherche de la zone de son corps qu'il pourrait rendre la plus douloureuse possible, afin de lui signifier plus clairement le mécontentement de son patron. Il reprit la parole sans cesser son examen : « Tu es en mauvais état, Drago. A ce rythme, dans dix jours, deux semaines tout au plus, tu es mort. »
Drago se figea. Il se sentait épuisé et à bout de nerf, mais pas aux portes de la mort.
« Il soigne les muscles, les os, la peau, avec ses sorts de soin. Il veut te garder une apparence humaine. Mais à l'intérieur, tous tes organes te lâchent. Depuis combien de temps tu n'as pas eu un vrai repas ?
– Avant-hier, répondit Drago en repensant au souper agréable qu'il avait pris avec Potter.
– Tu vas finir comme le jeune Goyle. »
Drago frissonna. La mort de Gregory faisait partie des souvenirs auxquels il ne voulait pas repenser. Vincent et Gregory n'avaient jamais vraiment été ses amis, ils étaient trop bêtes pour cela… Mais ils avaient eu son âge, s'étaient tenu à ses côtés, et il s'était attaché à eux.
« Va, annonça finalement Macnair en se redressant. Je dirais à ton père que tu as saisi le message.
– Tu ne vas pas me frapper ? s'étonna Drago.
– A quoi bon ? » Macnair haussa ses larges épaules. « Je ne pourrais rien te faire de pire que ce que tu t'infliges à toi-même. Va. Disparais avant que je change d'avis. »
Drago ne se le fit pas répéter une troisième fois. Il quitta les cuisines à la fois soulagé et terrifié.
Une fois à l'abri dans son couloir, il s'adossa au mur pour réfléchir à ce qui venait de se passer. C'était la première fois, à sa connaissance, que Macnair n'obéissait pas à un ordre de son père. Le bourreau était un homme pragmatique, quasiment dénué de libre arbitre. Il était indifférent à tout, et effectuait son travail, non pas par plaisir ou passion, mais par simple habitude pratique. Il avait été l'un des premiers Mangemorts du Seigneur des Ténèbres, et avait échappé à Azkaban parce que son caractère placide et arrangeant ne collait pas à l'image que les Sorciers de l'époque se faisaient d'un criminel. Il avait même obtenu un poste au sein du Ministère de la Magie, à la Commission d'Examen des Créatures Dangereuses. On lui ordonnait alors d'abattre tel ou tel animal et il remplissait sa mission sans effusion de sang inutile, sans sadisme, et sans perdre une minute de plus que nécessaire.
Drago porta sa main à sa gorge douloureuse. Était-il vraiment en train de mourir ? Il était pourtant loin de se sentir aussi mal qu'il l'avait déjà été. Il avait pris soin de se nourrir régulièrement, même si son régime alimentaire manquait singulièrement de diversité. il vomissait en effet son repas une fois sur deux, mais son corps devait bien avoir le temps d'y extraire quelques nutriments, non ? Le traitement que Potter lui infligeait était-il à ce point plus dur que ce qu'il avait vécu jusqu'ici ? Il n'en avait pas l'impression. Il se sentait psychologiquement poussé à bout, mais savait sa résistance mentale supérieure à sa force physique…
Il se trouvait en face de sa cellule. Il observa le lit à baldaquin, les étagères en cartons, la table basse qui n'était une table que dans sa tête… Il décida qu'il était capable d'en profiter jusqu'au dernier instant. S'il fallait que son corps s'effondre, au moins n'aurait-il aucun regret.
Il se détacha laborieusement du mur pour aller poser son bocal de confiture du jour avec les autres et enfiler de nouveaux sous-vêtements.
Il venait de sortir de sa cellule quand la porte menant aux étages supérieurs s'ouvrit avec fracas. Il vit débouler Potter, la cravate de travers, les cheveux en pagaille, l'expression furieuse. Leurs regards se croisèrent, et Drago recula nerveusement d'un pas.
Potter explosa : « Qu'est-ce que tu fous ici ?! Je t'avais dit de … ! » Il s'interrompit, semblant prendre conscience du fait qu'il avait perdu son self-control, puis rejoignit Drago. Quand il reprit la parole, sa voix était plus calme mais pas moins venimeuse : « Je ne t'ai pas autorisé à te promener dans les couloirs !
– Il fallait ramener le chariot », expliqua Drago en désignant vaguement la porte des cuisines.
– Je me fous de ton putain de chariot ! J'étais inquiet, pauvre crétin ! »
Drago haussa dédaigneusement les sourcils, songeant à quel point l'inquiétude de Potter lui importait…
Potter ferma les yeux, semblant invoquer Merlin afin de l'aider à garder son calme.
« Bon… reprit-il son un ton plus courtois. Il n'y a pas mort d'homme. Désolé. Mais ne recommence pas ! »
Potter se passa la main dans les cheveux et reprit la route des étages. Drago lui emboita le pas et demanda poliment :
« A quelle moment suis-je censé redescendre mon chariot ?
– Qu'est-ce que j'en sais ? » grommela Potter en entamant la montée des marches.
Drago le suivit silencieusement. A chaque marche, la baguette dans la poche arrière du pantalon du Directeur pointait à travers la cape épaisse. Il n'était pas obligé de le tuer. Il pouvait le stupéfixer. Après il fouillerait les affaires du Directeur jusqu'à trouver sa fameuse cape d'invisibilité. Enfin, il embarquerait discrètement au bord du ferry reliant l'île d'Azakaban à la Grand Bretagne. Et ensuite…
Ils arrivèrent au 3ème étage sans que Drago n'ait même effleuré la baguette.
« Bon, faut qu'on parle, soupira Potter en pénétrant dans les appartements. Assieds-toi »
Jamais dans toute l'histoire de l'humanité une conversation ayant commencé par « il faut qu'on parle » ne s'était agréablement finie. De plus, à chaque fois que Potter avait invité Drago à s'asseoir, il avait préparé un piège.
Drago prit place derrière la table en songeant de nouveau à Macnair et à ses prédictions.
Potter tira la chaise voisine de celle de Drago, la tourna vers lui, et s'assit, penché en avant, les doigts croisés et les bras posés sur les cuisses. Il mit cinq bonnes minutes à se gratter la tête ou à émettre des bruits de bouche désagréables avant de reprendre enfin la parole :
« Bon, j'ai… hésita-t-il, j'ai parlé avec Mullan. »
Drago avala douloureusement sa salive. La Major avait-elle finalement posé un véto sur son emploi ? Avait-elle découvert les vols ? Les délations ? Les relations malsaines entre le Directeur et le détenu ?
« Et… Elle m'a dit ce qu'il s'était passé hier. Et… » Potter chercha ses mots… « Et je suis désolé, c'est entièrement ma faute. »
Drago plissa les yeux, peu certain du sujet de la conversation. « C'est-à-dire ? chercha-t-il à comprendre.
– C'est-à-dire que je ne savais pas que les sortilèges Doloris avaient court ici. »
Drago le considéra avec répugnance. « Tu ne savais pas que les sortilèges Doloris avaient court ici, répéta-t-il.
– Je ne pouvais pas deviner que les Sortilèges Impardonnables étaient légaux ici ! se justifia Potter.
– Tu ne pouvais pas deviner que les Sortilèges Impardonnables étaient légaux ici… »
Drago observa l'attitude pitoyable du Directeur, ramassé sur sa chaise et cherchant à expliquer ses actions sans même oser le regarder dans les yeux…
« C'est en 1717 qu'apparait pour la première fois l'expression Les Sortilèges des Impardonnables », récita Drago, le mépris teintant à chaque mot davantage sa voix. « Ils désignaient les trois punitions infligées aux criminels qui ne méritaient aucun pardon : L'imperium pour les empêcher de recommencer, le Doloris pour venger les victimes, et l'Avada Kedavra pour débarrasser définitivement le monde de ces Sorciers Impardonnables. C'est le Ministre Archer Evermonde qui déclara en 1914 les Sortilèges Impardonnables interdits à l'extérieur d'Azkaban, pour éviter que les Sorciers ne se mêlent aux Grandes Guerres Moldues. Les Sortilèges Impardonnables tirent littéralement leur nom et leur histoire de ce lieu ! »
Du coup, bravo Oznela et Diri-Chan pour avoir bien deviné que Harry ignorait complètement le châtiment qu'avait subi Drago !
Maintenant, il faudrait qu'il se rende compte de ce que lui-même lui fait subit, mais vous savez ce qu'on dit sur les pailles et les poutres.
Totale invention de ma part, cette histoire de Sortilèges des Impardonnables. Entre nous, je n'ai jamais compris ce qui rendait un Doloris pire qu'un Diffindo, qu'un Sectumsempra, on même qu'un Petrificus Totalus... Du coup, en en discutant avec une amie, on en était venu à cette idée de liste restreinte de sortilèges avant tout destinés à punir les criminel, avant d'être adoptés par les criminels aux-même... Ce n'est pas hyper cohérent, mais clairement pas moins que l'idée de base de JKR ^^
