Durant toute la matinée, Harry se sentit inhabituellement nerveux, comme si son instinct essayait de le prévenir de quelque chose. Il fit de son mieux pour l'ignorer, se répétant sans cesse que la guerre était terminée.
Son rôle — celui voulu par Dumbledore — était terminé et il n'aurait plus à risquer sa vie comme il l'avait si souvent fait. Le pire qui pourrait lui arriver serait de faire face à une Hermione furieuse s'il était inattentif en cours. Ce qui, avec le stress des Aspics, pourrait bien se révéler aussi mortel que ses précédentes aventures, finalement.
Bien évidemment, Hermione le connaissait assez pour se rendre compte qu'il était inhabituellement mal à l'aise. Aussi, elle profita d'un moment où Ron se chamaillait avec Ginny devant la salle de leur prochain cours pour se pencher vers Harry.
— Tout va bien ?
Il hésita avant de hausser les épaules avec un rire forcé.
– Oui. Ne t'en fais pas.
Hermione leva un sourcil dubitatif sans cesser de le fixer, en lui lançant le regard exaspéré qu'elle avait souvent — notamment lorsque Ron et lui oubliaient leurs devoirs ou qu'ils faisaient quelque chose de stupide. Il soupira, en roulant des yeux.
— Vraiment. J'ai juste… une impression étrange.
Hermione s'approcha les sourcils froncés, chuchotant à toute vitesse.
— Comment ça ? Tu es malade ? Il s'est produit quelque chose ?
Harry roula des yeux avec un soupir.
— Tu sais que tu n'as pas besoin de me materner, n'est-ce pas ?
Hermione croisa les bras sur sa poitrine en signe de défi, avant de renifler, avec un sourire en coin.
— Je pourrais te materner si je m'assurais que tes devoirs étaient faits ou que ton sac contenait les bons cours.
Harry grimaça.
— Pitié, c'est flippant.
Amusée, Hermione haussa les épaules, ne semblant pas vexée par la réponse de son ami.
— Alors, dis-moi ce qui ne va pas. De toute façon, nous savons tous les deux que tu finiras par m'en parler parce que tu auras besoin que je fasse des recherches sur un sujet ou un autre, n'est-ce pas ?
Le jeune homme s'empourpra légèrement, avant de hausser les épaules en gonflant les joues.
— Ou je pourrais aller à la bibliothèque et me débrouiller ?
Hermione haussa les épaules avec une indifférence calculée, sans pour autant masquer l'amusement qui brillait dans son regard.
— Tu pourrais, oui… Mais il te faudrait des heures… voire des jours pour localiser les bons livres et trouver l'information qu'il te faut.
Harry résista presque une minute entière avant de capituler.
— Tu ne viendras pas te plaindre en constatant que c'est une perte de temps. Ça semble tellement idiot…
Hermione attendait juste, le laissant babiller. Finalement, il grogna, en baissant la tête pour fixer ses mains, avant de lâcher, dans un murmure.
— Je suis juste nerveux. Comme si quelque chose allait se produire, mais je ne sais pas quoi. Tu vois ? Stupide.
Contrairement à ce que Harry pensait, Hermione ne plaisanta pas, réfléchissant juste, les sourcils froncés. La connaissant, elle devait déjà être en train de faire défiler dans sa tête la liste des livres de la bibliothèque…
— Ça s'est déjà produit ?
Harry lui lança un regard moqueur.
— Et bien, ce n'est pas comme si j'avais l'habitude d'être plongé dans des situations… compliquées, non ? Je suppose que je me sentais aussi nerveux avant de passer les petits pièges de Dumbledore en première année ou avant d'entrer dans la chambre des secrets, ou…
Hermione leva la main et se frotta les yeux, en hochant la tête.
— J'ai compris l'idée. Tu penses que nous sommes en danger ?
Harry resta silencieux, stupéfait, et Hermione lui jeta un regard mi-affectueux, mi-agacé.
— Oh par pitié. Tu as confiance en moi pour chercher dans les livres parce que c'est ce que je sais faire de mieux. J'ai confiance en ton instinct, Harry. Je suppose que ça ne fera pas de mal de se montrer… prudents. Nous avons tous les deux grandi comme des moldus et nous avons largement eu le temps d'apprendre que le monde magique pouvait être plein de dangers.
Harry souffla doucement, et protesta immédiatement.
— Mais nous ne devrions pas être en danger ! La guerre est terminée. Pour de bon.
Hermione agita la main comme si ça n'avait pas d'importance.
— N'imagine pas le pire, d'accord ? Nous en plaisanterons probablement demain, de toute façon. Mais en attendant, nous pouvons juste… ouvrir l'œil et nous montrer attentifs.
Harry pinça les lèvres, hésitant, puis il hocha doucement la tête en lançant un bref regard en direction de Ron et Ginny. Il murmura, sans regarder Hermione.
— Ça reste entre nous ?
Hermione gloussa légèrement, puis acquiesça.
— Bien sûr. Ron dira probablement que nous sommes dramatiques. Tu sais comme il est, non ? Tant que le danger ne le frappe pas directement, il ne voit rien venir.
Harry sourit.
— Tu es un peu dure, non ?
Hermione secoua la tête, fixant Ron avec affection.
— Je suis sérieuse. Il est un joueur d'échecs impressionnant, mais il est hermétique aux évidences.
Avant que Harry puisse répondre, la porte de la salle d'arithmancie s'ouvrit sur le professeur Vector. Harry soupira en entrant, comme à chaque fois : puisque c'était Ginny et Hermione qui avaient fait les inscriptions pour Harry et Ron, elles avaient coché pour les garçons les mêmes options qu'elles.
Lorsqu'ils avaient protesté, Hermione avait simplement haussé les épaules en affirmant que ça ne leur ferait pas de mal d'apprendre de nouvelles choses.
Dans cette matière, Harry avait beaucoup de mal à suivre, même si Hermione lui répétait sans cesse que c'était la même chose que les mathématiques moldues. Il se retenait régulièrement de lui rappeler qu'il n'avait pas vraiment eu l'occasion d'apprendre correctement, puisque son oncle et sa tante faisaient en sorte qu'il ait de moins bonnes notes que son cancre de cousin…
Au contraire, Ron comprenait rapidement, presque instinctivement, et il était rapidement devenu l'un des meilleurs élèves. Il en était le premier surpris et c'était probablement le seul cours où il se rendait avec impatience.
Harry se glissa à la seule place de libre, au fond de la salle, en regardant autour de lui jusqu'à localiser Malefoy, installé au premier rang, seul à une table. Il était tête baissée et fixait le parchemin posé devant lui, sa plume à portée de main.
Harry s'était perdu dans ses pensées en fixant le Serpentard et il sursauta lorsque le professeur Vector haussa la voix, mécontente.
— Monsieur Potter ? Êtes-vous parmi nous ?
Harry rougit et hocha vaguement la tête. Il prit sa besace pour sortir ses affaires, mais Septima Vector leva la main, les sourcils froncés.
— Venez donc plutôt vous asseoir au premier rang. Peut-être que vous resterez éveillé en entendant mieux le cours ?
