Guest : Bah oui, c'est quand-même Harry Potter le héro, à la base X,D
La chaleur.
Drago ouvrit les yeux.
Il vit le cerf argenté avant de voir les humains.
Puis il vit Harry Potter et se sentit à nouveau en sécurité.
Ce n'était pas Potter. Ce n'était pas l'homme aux sourires et à l'attitude désinvolte. C'était de nouveau le Survivant, l'Élu, Celui-qui-a-vaincu, l'Homme dont tous les titres pompeux et insupportables l'agaçaient au plus haut point, mais qui apparaissait toujours au bon moment.
Une nouvelle fois, le cri inhumain dans son dos. Le cerf venait de toucher sa cible. Le château trembla. Un homme se précipita vers eux : Drago, Runcorn et Foley étaient toujours enserrés dans la masse apathique de la pieuvre argentée. Un ours spectral apparut au bout de sa baguette, et dès que l'animal eut bondit par-dessus leurs têtes pour garder leurs arrières, le Major s'évanouit à son tour, comme s'il acceptait enfin de laisser la responsabilité de ses deux protégés à un autre. La pieuvre disparut dans un nuage de fumée argentée. Drago empêcha le corps de Runcorn de s'écraser sur le sol.
Nouvelle explosion, nouveau cri. Une déflagration fit se retourner Drago, et il vit, tétanisé, que le Détraqueur les avait à nouveau pris pour cible. L'ours rugissait mais ne semblait pas capable d'attaquer. Un coup d'œil au visage du Surveillant qui les avait rejoints – Welbert, le roux – et Drago vit son expression, au moins aussi paniquée que la sienne.
Le cerf attaqua le Détraqueur, ramure en avant. La silhouette encapuchonnée poussa un cri, mais revint à la charge. Elle n'attaqua pas le Patronus qui l'avait blessé : Elle se dirigea, à la vitesse de l'éclair, vers leur groupe. Elle traversa l'ours qui disparut immédiatement en même temps que Welbert s'écroulait à son tour.
« OBICE PATRONUM ! »
Drago n'avait jamais entendu la formule, mais il vit une espèce de mur transparent, aux nuances d'opale argentée surgir entre eux et la créature. Elle s'écrasa sur la surface brillante qui se troubla calmement, comme une douce encyclie à la surface d'une eau tranquille.
Potter s'avança.
Une espèce de vent étrange, qui semblait n'exister que près de lui faisait voler sa cape et ses cheveux.
Le Détraqueur se redressa et se tourna vers lui…
« Potter… » murmura Drago sans vraiment de raison… Peut-être pour le prévenir…
Le cerf chargea à nouveau, mais le Détraqueur leva sa main hideuse vers lui, et l'animal disparut en fumée avant même de l'avoir atteinte.
Potter fronça un instant les sourcils, surpris, mais se reprit aussitôt. Dès que le Détraqueur se remit en mouvement, le Sorcier entama une série de grands gestes rapides en scandant à nouveau « Obice Patronum ! », et à chaque geste, un nouveau mur apparaissait. Le premier, perpendiculaire à celui qui protégeait Drago, empêcha de justesse la créature de se jeter sur lui. Le second bloqua l'autre côté. Un troisième, horizontal, pour qu'il ne puisse pas s'élever dans les airs. Un quatrième pour l'empêcher de battre en retraite et de s'enfuir. Un dernier à quelques centimètres du sol…
Les mouvements du Détraqueur et ceux du Sorcier étaient presque trop rapides pour être visibles à l'œil nu : Dès que la créature partait d'un côté, un mur surgissait sur son chemin, et le choc était assourdissant mais la surface argentée des boucliers se troublait à peine… Les murs finirent de l'entourer de toutes parts, mais il se jeta encore plusieurs fois eux, si rapidement qu'on aurait juste dit un éclair noir.
Enfin, le Détraqueur sembla comprendre qu'il était prisonnier d'une cage de magie… Il cessa tout doucement de bouger, reprit l'attitude calme et apathique des êtres de son Espèce et fit face à Potter. Seules ses mains, qui effectuaient de légers mouvements de préhension sur le vide, semblaient encore montrer qu'il restait en lui une part de la créature déchainée qui avait détruit le château et mis plusieurs hommes au sol.
Potter était essoufflé. Lui aussi, ses mains se contractaient doucement, au rythme d'un battement de cœur lent et régulier. Son regard était fixe, il observait la créature avec une expression mêlant l'étonnement et la colère.
Un Surveillant osa troubler le silence d'un « Monsieur le Directeur, est-ce que… » mais Potter leva vivement le bras, lui intimant le silence.
On entendit alors le râle.
Malgré les barrières magiques et chatoyantes, Drago sentit la température baisser.
Le Détraqueur écarta de nouveau les mains de son corps, comme s'il voulait montrer qu'il était pacifique, mais en émettant un second râle, plus profond et rauque que le précédent. Drago vit des corps tomber. Lui-même voulut reculer, mais le corps de Runcorn l'encombrait, et il buta dans celui de Welbert.
Potter fit aussitôt un geste rapide de sa baguette, et les murs de lumière argentée se resserrèrent autour de la créature. Ils grincèrent et se tordirent toutefois en approchant des mains tendues.
La magie et la créature semblèrent lutter un instant…
Un nouveau râle, immensément long.
Le Détraqueur replia rapidement ses bras contre son torse, puis les écarta encore plus vite, faisant voler en éclat la cage argentée. Le cerf réapparut aussitôt, presque avant que Potter n'ait achevé de prononcé la formule, il surplombait la créature, et plongea vers elle, anticipant parfaitement le mouvement vers l'avant qu'elle allait forcément devoir faire pour attaquer Potter…
Mais elle n'attaqua pas Potter. Une nouvelle fois, elle partit sur le côté, et se précipita vers Drago.
Elle avait agi si vite qu'il n'eut pas même le temps de sursauter. Une main grise se referma sèchement sur son menton. Une seconde main arracha la capuche…
Par tous les Sangs, avait-il réellement fantasmé de poser ses lèvres sur cette chose ?
Il eut le temps d'apercevoir quelque chose briller au fond de la cavité profonde et répugnante de sa gueule béante. Il entendit de nouveau Potter crier « Spero Patronum ! » et sentit la magie parcourir la baguette qu'il tenait encore.
Un Patronus en surgit, ramure en avant et le Détraqueur fut projeté jusqu'à l'autre bout du hall en poussant son cri.
L'animal spectral était à peine moins horrible que le monstre qu'il affrontait. Une espèce de chimère dont la stature et les bois ornant le front évoquait encore le cerf de Potter… Mais qui était également pourvu d'un long bec crochu garni de crocs, d'écailles, de cornes poussant le long de son dos aussi bossu que celui d'un chameau et qui finissait sur une queue reptilienne aux poils épais mais épars. Ses pattes aussi fines que des branches, parcourues de griffes, semblaient avoir trois ou quatre rotules chacune, et le long de sa tête affreuse s'alignaient trois paires d'yeux révulsés et aveugles.
La chose émit un son qui ressemblait à une avalanche, et releva la tête. Un de ses bois se fissura et tomba, déchirant un lambeau de chair et faisant tomber une partie de son visage au sol. De la plaie béante jaillit une aile, qui, en battant d'un coup sec, fit se briser le cou de l'animal.
Drago entendit plusieurs cris paniqués et lui-même eut un haut-le-cœur et sentit son propre visage partir en lambeaux.
Comme le lièvre plus tôt, le Patronus ne semblait pas souffrir de son état. Il se mit au galop malgré sa tête qui pendait sur le côté, comme morte. Les pattes avant se brisèrent sous son poids lors de son premier saut, mais l'animal ne ralentit pas, et à nouveau, des plaies sortirent d'autres membres, musclés comme ceux du cerf, mais rappelant les nageoires griffues d'un monstre aquatique.
Sa course accéléra et il heurta le Détraqueur qui se redressait tout juste. Les deux créatures traversèrent un nouveau mur qui se brisa avec un vacarme effroyable.
La secousse ébranla tout le bâtiment, et le lustre se décrocha et tomba du plafond. Trois surveillants auraient pu être écrasés par le mastodonte de bronze, mais Potter leva les bras, et l'objet stoppa sa chute juste au-dessus de leurs têtes avant de se retrouver projeté sur le côté.
De l'autre côté de la salle, le Détraqueur se levait à nouveau. Le Patronus, lui, semblait mal en point : Sa poitrine était largement ouverte, les côtes difformes visibles, et de ses entrailles se déversait un flot de membres, d'organes, d'os… On aurait dit une corne d'abondance d'immondices éviscérés.
Potter donna un coup de baguette, et Drago sentit la magie pulser à nouveau à travers celle qu'il tenait. Le Patronus se redressa, et de la plaie béante de sa poitrine sortit une ramure de cerf énorme qui embrocha le Détraqueur qui poussa un nouveau cri.
Drago hurla de douleur.
Le corps massif et difforme du Patronus s'effondra, sans vie, sur le Détraqueur mais ne disparut pas et les bois s'enfoncèrent en lui, le clouant au sol.
Il y eut comme un unique battement de cœur…
Puis le sol se fissura, un gouffre apparut sous les deux créatures, et elles chutèrent.
Potter se précipita vers l'abîme. Il leva encore une fois sa baguette, et enfin, Drago sentit ses doigts lui obéir et lâcher le morceau de bois qu'il tenait. Potter baissa le bras en hurlant « SPERO PATRONUM ! » Le cerf parfait réapparut et plongea dans les profondeurs de la terre.
Le silence, quelques secondes…
Puis le cri du Détraqueur.
Une silhouette en robe noire émergea du trou à la vitesse de la foudre, s'éleva en ligne droite parfaite, détruisant tous les plafonds qu'elle heurtait sans même ralentir. Le cerf la suivit en galopant mais à une vitesse légèrement moindre. Ils disparurent tous les deux, à nouveau, dans le ciel.
Le silence, à nouveau…
« UN BALAI, VITE ! hurla Potter. ACCIO BALAI ! ACCIO BALAI ! »
Drago fut percuté par une forme rousse. La Surveillante hurlait elle aussi, le visage en pleurs : « MEDWIN ! MEDWIN ! » Elle serra contre son cœur Welbert, le Surveillant à l'ours.
Plus loin, quelqu'un d'autre criait : « Appelez Nguyen ! Par ici ! Il perd du sang ! »
Et d'un autre côté : « Par Merlin, Shesh ! Il est coincé ! Aidez-moi ! »
Un autre hurlement : « Non ! Albert ! » et une autre femme se jeta sur le corps inconscient du Major que Drago maintenait encore contre lui, de son moignon suintant.
Il chercha nerveusement Potter du regard – il avait été déconcentré un instant – et eut tout juste le temps de voir le Sorcier s'élever dans les airs sur son balai. Il hurla « POTTER, NON ! » mais trop tard : Le héros était reparti combattre.
Il sentit qu'on déplaçait le corps de Runcorn. Il vit, comme dans un état second, les secours s'organiser : Ceux qui rassemblaient les blessés et les inconscients, ceux qui déblayaient les gravats pour un extraire un corps… Il avait connu ces scènes d'horreur lors de la Bataille Finale de Poudlard. Il vit l'infirmier Nguyen passer en courant dans un nuage de poussière. Il hurla son nom puis « FOLEY ! SON CRÂNE ! C'EST LUI LE BLESSE LE PLUS GRAVE ! »
Nguyen accourut aussitôt pour s'en occuper. Drago fondit en larmes. « Faites qu'il ne soit pas mort, faites qu'il ne soit pas mort » gémit-il en boucle. Il entendit la voix douce de Nguyen réciter des sortilèges de soin. Impossible que lui-même les ait correctement articulés. Il avait probablement fait plus de mal que de bien.
Autour de lui, des cris, des bousculades. Drago se prit le crâne, respira, pria, respira de nouveau… Il pensa à Potter, seul dans les airs, et sa respiration se bloqua dans sa poitrine… Potter et sa force, Potter et sa détermination… Drago parvint à se lever. Il saisit de nouveau la baguette de Foley sur le sol et alla aider à dégager le corps de Shesh.
Il aida à déplacer les pierres, puis il aida à déplacer les corps, puis il aida à acheminer les couvertures, les bouillottes, les potions, les bandages, les poudres, les onguents…
A un moment, il vit un Surveillant au visage anéanti distribuer du chocolat autour de lui. Drago prit un morceau et se remit au travail.
Plus tard, il vit plusieurs albatros, qui avaient pénétré le hall par l'une des ouvertures provoquées par le combat. Ils semblaient à nouveau tranquilles, peu intéressés. Parmi eux, il reconnut Péitho, la plus vieille des femelles, facile à distinguer de ses congénères grâce à la tache sur sa joue et à la façon dont elle boitait à cause de deux orteils manquants. Il s'approcha, et il lui parla, sans oublier de prononcer son Nom :
« Péitho. Vous m'avez sauvé, encore. Vous m'avez réveillé. »
Elle tourna la tête pour l'observer de son œil calme.
« Est-ce qu'il va bien ? Harry Potter ? »
Elle roucoula doucement.
« Est-ce que je peux te toucher ? Je me sens tellement mal », avoua-t-il en gémissant.
Elle étendit les ailes, et il osa l'enlacer et fourrer son nez dans les plumes du cou ou il inspira profondément l'odeur de marée et d'air pur. Il serra le volatile une minute contre son cœur, et se sentit reprendre ses esprits avec plus de rapidité et de force qu'avec le chocolat.
Il murmura « Merci Péitho. Merci pour tout. Merci à vous tous. » avant de la lâcher, de recoiffer doucement les plumes qu'il avait chiffonnées, puis de retourner au travail.
Il aida à réparer les poutres de charpente abîmées, à placer des étais là où on le jugea nécessaire, à combler les fissures dans les murs, à réparer les escaliers… Il fit ce qu'on lui disait de faire, sentant ses membres fatigués sur le point de craquer à chaque instant.
Un peu plus tard, il croisa Johnson et l'interpela :
« Johnson ! John… Je veux dire, Surveillant Brigadier Johnson, s'il vous plait ! » Il l'attrapa par la manche et demanda, en fixant ses yeux bleus : « Mon père, le corridor 3. Est-ce qu'il y a eu des dégâts, est-ce que… ? »
Johnson secoua la tête, puis le rassura : Aucun corridor n'avait été touché. Aucun détenu n'avait été blessé.
« Tu sais où est Monsieur Potter ? demanda le Surveillant en échange.
– Non, répondit Drago. Je sais juste qu'il va bien. »
