En passant : Ahaha, c'est drôle, je pensais avoir suffisamment manqué de subtilité pour que le Patronus de Drago soit évident à deviner ^^
Non, j'ai été beaucoup moins imaginative et surprenante que ce que tu proposes, même si j'aime bien ces idées !
La recluse aurait permis de bien embêter Ron, ça aurait été marrant à exploiter !
77Hildegard : C'est super gentil ! Je voulais que Drago propose une sentence "juste et clémente" pour son père, mais que celui-ci soit tout de même puni un peu plus sauvagement pour ce qu'il a fait... Bon, j'ai été obligé de mettre Nguyen HS pour être sûr qu'il ne puisse vraiment pas trop être soigné, mais ça vaut le coup :D
Et bien sûr qu'il a un succès monstre, Drago ! C'est le chouchou du Directeur, le chouchou des femmes, le chouchou de la Selkie, le chouchou des albatros... Et bientôt, le chouchou de Merlin lui-même qui va revenir d'entre les morts pour le papouiller !
Guest : et bien la voilà :D
Potter avait dit la vérité : Drago sentit immédiatement, sans avoir à ouvrir les yeux, que le sort avait fonctionné. Aussitôt, la magie brulante de Potter s'enlaça à la sienne.
L'impression était bizarre : Il pouvait sentir le sourire de son père, à la fois en lui et hors de lui, presque le toucher.
Il entendit des exclamations étonnées, puis se força à soulever les paupières, et il vit le cerf parfait de Potter, plus resplendissant et superbe que jamais. Il était à la fois fort et élégant, rapide, magnifique. Des lambeaux de brume argentée s'échappaient de sa ramure, comme le voile d'une mariée, et se déposaient sur le sol de l'île, recouvrant les pierres d'une couverture brillante comme de la soie et mouvante comme une rivière. À chaque mouvement de tête, un flot nouveau jaillissait, et il semblait impossible que celui-ci puisse se tarir.
Il sentit le mouvement en avant que fit l'animal, et comprit que celui-ci résultait de la volonté de Potter, à ses côtés. Il sut que c'était à ce moment-là que son souvenir pouvait lui être arraché : S'il résistait, s'il imposait une autre direction… Il faisait parfaitement confiance à Potter pour gérer les choses, et il accompagna le mouvement en se laissant totalement aller.
Le cerf s'élança, et le combat, qui n'avait plus rien d'un combat et tout d'une chasse, reprit :
Le Détraqueur était paniqué, effrayé. Il fuyait, se cognait partout, hurlait sa souffrance et sa peur.
Le cerf chargeait, ramure en avant, aussi infatigable que le temps, aussi rapide que l'éclair, aussi beau qu'il était possible de l'être…
Par trois fois, le cerf embrocha le Détraqueur au niveau du cœur. Drago sentait les coups contre son front et dans sa poitrine. Le Détraqueur hurlait, sa gueule toujours entravée dans la muselière…
À un moment le cerf l'attaqua à cet endroit-là : là où le bâillon s'enfonçait dans sa capuche, et Drago sentit la Magie qui déchirait le tissu, qui rentrait en contact avec sa peau fragile et qui brûlait si fort…
Tant pis pour le souvenir. Cette fois, il baissa sa baguette.
Il sentit le lien se casser et en fut soulagé.
Le cerf disparut dans un nuage de fumée.
Le Détraqueur ne revint pas à la charge, pourtant : Il était prostré contre la bulle de protection de l'île, au sommet du dôme. Difficile de parier là-dessus, à cause de la hauteur, mais son corps semblait essoufflé.
Drago porta une main tremblante à sa joue. Une nouvelle fois, les dents oscillaient. C'était comme s'il recevait les coups, à la fois du Détraqueur et du Patronus, mais qu'il les recevait à travers un rêve éthéré : Contrairement à la gifle que Potter lui avait infligée et qui avait fait sauter les dents de façon si violente qu'elles avaient fini par repousser, ces coups-là ne faisaient que les faire vibrer.
Potter s'empara brusquement du menton de Drago pour tourner son visage vers lui, puis l'examina attentivement… Sa poigne tira sur la joue de Drago qui grimaça.
« Je t'en supplie, dis-moi que tu vas bien.
– Je vais bien, Potter.
– Merlin soit loué ! Je savais que tu y arriverais. »
Harry Potter était de retour avec son charisme de héros et sa capacité grandiose à diriger des armées. Sa main quitta le visage de Drago pour atterrir dans le creux de ses reines et le serrer contre lui, et il se détourna vers ses soldats :
« Okay ! s'exclama-t-il. On va recommencer ! Deux équipes : Runcorn, il faut protéger le château ! Pas seulement les murs, mais aussi les souterrains : Hors de question qu'il passe par là ! Ron, je compte sur toi pour nous garder à l'abri, avec Drago : On se concentre sur l'attaque et vous, vous nous couvrez ! Vous avez une minute pour vous organiser ! Vissarion, vous savez comment faire pour le piéger. Le moment venu, on s'y mettra tous ensemble pour l'emprisonner ! »
Les Sorciers se regroupèrent rapidement soit vers l'un, soit vers l'autre de ces lieutenants improvisés qui commencèrent immédiatement à donner leurs ordres.
Potter accorda de nouveau toute son attention à Drago :
« Je te promets que j'irai personnellement le relâcher en antarctique ou où tu le voudras, d'accord ? reprit-il d'une voix basse et précipitée. On va essayer de faire ça rapidement, qu'il souffre le moins longtemps possible. Je te le promets, tu me fais confiance, n'est-ce pas ? »
Drago hocha nerveusement la tête.
« Bon. Avec un Patronus Chimérique réussi, on est sûrs d'y arriver, on va…
– Ce n'était pas un Patronus Chimérique réussi », intervint Kenaran qui s'était approché.
Potter releva la tête vers lui en fronçant les sourcils.
« Quoi ?
– C'était votre cerf. Un peu plus puissant grâce à la magie de Monsieur Malfoy, mais à peine. Le souvenir invoqué n'était pas assez important et il n'est pas parvenu à invoquer un Patronus formel. Si ça avait été le cas, l'animal obtenu aurait possédé des caractéristiques de…
– On s'en branle, le coupa Potter en fixant de nouveau les yeux de Drago. C'était parfait, Drago. T'as pas besoin de faire plus. Concentre-toi juste sur deux choses : Un, on fait ça pour son bien, pour le libérer d'ici, c'est ce que tu voulais, n'est-ce pas ? On va le faire, je te le promets. Et deux : Je veux que tu nous imagines sur le quai 9 ¾, avec Scorpius et Ariadne. On est fiers, parce que c'est la rentrée des classes et que… »
Drago avait l'impression d'être vaguement comateux. Il était incapable de parler, de bouger. Il n'avait pas la force d'avouer à Potter que ce n'était pas cette vision là qu'il avait invoquée pour lancer son Patronus. Il avait l'impression d'évoluer dans le même genre de brouillard mental que Carrow, d'être incapable de prendre une décision. Il écoutait parce qu'on lui disait d'écouter. Il imaginait ce qu'on lui disait d'imaginer.
Il ferma les yeux, entendit le sifflet du train, sentit la vapeur de sa cheminée et les bousculades dans son dos…
« C'est quand tu veux, quand tu te sentiras prêt. Je me base sur ton rythme à toi… »
Il sentit deux mains se poser sur ses oreilles pour l'isoler du bruit extérieur, et se souvint que l'acte évoquait un il-ne-savait-quoi de beau pour lui. C'était quand ils avaient fait l'amour sans presque se toucher.
C'était un souvenir plus ancien, et peut-être plus fort. Plus fragile aussi : Celui-ci était beaucoup plus précieux et il ne fallait absolument pas risquer de le perdre… Pourtant, il prit une grande inspiration, leva de nouveau sa baguette, et :
« Spero Patronum… »
Une nouvelle fois, il sentit quelque chose lui échapper tout en restant profondément enfoui en lui. Quelque chose d'énorme, de beau et de doux. Un espoir qu'il ne se souvenait pas avoir déjà éprouvé… La magie de Potter se mêla aussitôt à la sienne, plus entrelacée que jamais.
Sa respiration se bloqua dans sa gorge quand il ouvrit les yeux.
La créature en face de lui était la plus belle qu'il ait jamais vue.
Sa couleur d'opale sombre était encore plus irisée et chatoyante que le Patronus habituel de Potter. Son corps élancé et gracieux évoquait un mélange de force et de douceur. Ses pattes fines et immenses, plus proches de celles des oiseaux que de celles des mammifères, semblaient taillées pour la vitesse. Au sommet de son long cou, la tête un peu plus allongée que celle d'un cerf ordinaire portait une ramure magnifique où les bois et les plumes s'entremêlaient, telle une couronne céleste. Ses yeux sérieux possédaient de longs cils de biches et étaient encore soulignés d'un trait sourcilier qui courait jusqu'à son dos. En haut de celui-ci, deux ailes gigantesques qui s'ouvrirent d'un coup.
Il sentit le mouvement en avant, et l'accompagna par réflexe.
Autour de lui, il y avait du mouvement : Il y avait d'autres Patronus qui étaient apparus, des groupes qui s'étaient formés, des boucliers… Il y avait des cris, aussi : certains pour ordonner, d'autres pour informer ou questionner. Il n'y avait plus de blessés. Ils avaient été pris en charge, mis à l'abri dans le château qui continuait d'être fortifié et rafistolé.
Il fut de nouveau plaqué contre le corps de Potter, et il s'y accrocha, sans trop savoir s'il y cherchait un appui, une protection, ou bien s'il désirait servir lui-même de soutien au Survivant. Il sentit dans sa poitrine les battement du cœur de Potter, et il eut l'impression que le sien s'adaptait à son rythme. Sa respiration fit de même, et enfin, il perdit toute volonté.
Il aurait été incapable de décrire le combat qui suivit alors. Il se sentait dans un état second, déconnecté de son corps. Il avait l'impression d'avoir été séparé en trois entités différentes :
L'une d'elles restait clouée, immobile, apathique, sur la plage. Son regard était vitreux, et si son poignet accompagnait mollement la danse vigoureuse du bras de Potter qui continuait de le maintenir contre lui, ce n'était pas par volonté propre, mais par simple réflexe.
La seconde courait, volait et attaquait sans relâche. C'était presque trop facile, trop enivrant, d'être là-haut et de poursuivre le combat sans souffrir, sans se fatiguer, sans rien risquer de plus que de mettre un peu trop de temps à gagner.
La troisième souffrait. Depuis des siècles. N'avait jamais tant souffert. Souffrance et désolation et regret. Je n'aurais jamais dû espérer.
Il ne se rappelait même plus ce qu'avait été cet espoir… Il y avait la faim qu'il avait voulu faire cesser… Ou bien la vie, peut-être. L'existence ? Il avait espéré que quelqu'un le comprenne, le soutienne, se soucie de lui. Il avait voulu être seul, et qu'on vienne l'aider. Il avait espéré un avenir dans lequel la souffrance aurait disparu, et que les choses ne changent jamais. Il avait espéré venir, partir, rester. Il avait espéré parvenir à ne plus jamais rien espérer.
Et puis il restait cet espoir qui le maintenait en vie et qui le torturait. Un espoir qui pouvait lui être arraché, et alors tout serait encore pire.
Ou alors tout serait réglé.
Il fit un pas de côté.
·
Drago cligna doucement des yeux.
Ça ne changeait pas grand-chose : il était aveugle, il était sourd.
Il tourna sur lui-même, à la recherche d'une sensation, d'un contact. Ses pieds touchaient-ils le sol ? Il n'en était pas sûr.
Le bout de ses doigts effleura quelque chose et s'y accrocha. Une plume ? Une étoffe ? Il attrapa la chose, la parcourut des mains. C'était un bras, raccroché à un corps, face à lui.
Il voulut demander qui se trouvait là, mais il était incapable de parler.
Au bout du bras, une main.
Normal.
Normale.
Un deuxième bras, une deuxième main. Déformée, déchirée, ravagée. Des doigts crochus, tordus, fracassés, des ongles rongés et arrachés.
Un souvenir.
Il leva les bras, tâta le visage en face de lui.
Des dents.
Des dizaines de dents.
Cela faisait des siècles qu'il était né, et des siècles qu'il avait faim.
Combien de fois s'était-il nourri ? Véritablement nourri ? Combien de fois avait-il réellement pu refermer sa bouche sur quelque chose de tangible ? Quatre fois ? Cinq fois ? La faim le reprenait aussitôt, le tenaillait, le torturait…
Il se rappelait avoir attendu.
Il se rappelait avoir espéré.
Il se rappelait avoir pensé.
Il se rappelait avoir été mort.
j'aime bien cette incursion de la première personne qui sort de nulle part, mais je ne sais pas ce que ça vaut, en réalité...
