Mini rappel sur les surveillants, parce qu'ils sont un peu trop nombreux d'un coup, là :
Runcorn, c'est le Major, le gros patou qui déteste tout le monde sauf ses collègues
Johnson, c'est le fiston de Madame Johnson qui kiffait Drago
Shesh, c'est l'Inuit à qui Drago a sauvé la vie plusieurs fois (avec la selkie et le détraqueur)
Foley, c'est celui qui avait été attaqué par le détraqueur et s'est retrouvé handicapé un moment, et de qui Drago s'est occupé (et à qui il a prodigué les premiers soins)
et Welbert et Wihelma Vine, c'est les ex-époux qui ont loupé leur patronus chimérique et qui font des soins avec Drago. Le mec avait aussi été "attaqué" par la selkie
Et Wihelma et Shesh, c'est les deux plus grosses commères de la prison X,)


La raison pour laquelle Potter avait échoué chez les Gryffondor plutôt que de rejoindre la Maison des Serpentard était bien obscure… Il avait certes le courage d'un lion – quoique dans son cas, le terme d'inconscience était peut-être plus adapté – mais sa roublardise, son outrecuidance et sa capacité à manipuler les gens et les choses en auraient fait un serpent prodigieux.

Peut-être n'avait-il rien prévu, et c'est ce qu'il affirma par la suite. En tout cas, il fût impossible de lui reprocher quoi que ce soit puisque son discours avait été parfaitement clair et ses actes en accord avec la volonté de Draco…

Le soir même, alors que Drago était allongé dans son lit, occupé à relire le même roman moldu pour la cinquième fois, les sortilèges de protections de son couloir et de sa cellule crachotèrent quelques secondes avant de laisser apparaître le traditionnel Patronus messager aux reflets d'opale :

« Hey, c'est moi… Je, euh… Tu vas finir par l'apprendre alors je préfère te le dire tout de suite, Price a eu un… un accident, on va dire ? Là, il est à l'infirmerie, et… »

Drago bondit hors de son lit et enfila ses chaussures à la va-vite, sans prendre le temps de mettre des chaussettes. Il se précipita vers l'infirmerie alors que la petite sphère lumineuse n'avait même pas encore terminé de transmettre son message.

Quand il pénétra dans la salle d'attente, il découvrit une véritable assemblée : Potter, Runcorn, Johnson, Welbert, Shesh, Foley et Wihelma Vine. Les six Sorciers avaient été occupés à discuter à voix basse mais ils s'interrompirent à son arrivée et présentèrent une gamme d'expressions qui allaient de la culpabilité à la détermination bravache.

Il n'avait aucun droit de les interroger, mais la situation était bien trop suspecte :

« Qu'est-ce-qui s'est passé ? grinça-t-il.

– Hum, je crois… commença Potter en cherchant la confirmation de ses propos chez ses employés. Je crois que Welbert a malencontreusement confondu Price avec un détenu qui… »

Drago fusilla l'accusé des yeux mais celui-ci se contenta de faire la moue en défiant le regard de son Directeur, comme s'il se moquait bien de se faire prendre.

Drago reconcentra toute son attention sur Potter :

« Comment va-t-il ?

– Bien. Il est juste tombé dans les escaliers. En gros. En tout cas, rien que Nguyen puisse pas réparer.

– Sauf s'il a mieux à faire, minauda Wihelma Vine. Merlin, j'espère qu'il a mieux à faire. J'aurais dû m'arranger pour que les brancards soient tous pris et qu'il soit surchargé.

– C'est la faute à personne, gronda Runcorn. Des erreurs arrivent, mieux vaut prévenir que guérir et…

– Les gars, putain, s'il-vous-plaît… ricana Potter en détournant le regard. Vous aidez pas…

– C'est pas ma faute si, de loin, j'ai confondu avec un prisonnier, prétendit Welbert. Il faisait sombre. Qu'est-ce-qu'il faisait en dehors de la Patinoire à cette heure-là, de toute façon ?

– Vrai ! renchérit Wihelma. Sa journée de travail était finie. D'où il aurait le droit de zoner dans les couloirs pendant le couvre-feu ?

– Je vous avais prévenu que leur laisser le champs libre était dangereux, Monsieur le Directeur. Même si vous avez sécurisé la plupart des lieux.

– Pour ma part, j'ai pas fait exprès, expliqua Foley. Depuis mon accident, ça m'arrive de réagir brutalement quand je…

– Les gars… » menaça Potter avec un sourire gêné en continuant de fixer Drago.

Celui-ci s'empêcha de réagir, mais il était épouvanté : est-ce qu'ils s'y étaient sérieusement mis à quatre ou à cinq pour agresser l'architecte ?! Et tout ça pour quoi ?

« Moi, j'assume, chantonna Shesh en jouant avec le piercing de sa lèvre. Personne fait du mal à notre petit Malfoy. »

La respiration de Drago se bloqua dans sa gorge et ils les observa tous à tour de rôle, en cherchant comment leur rappeler, et sur quel ton, à quel point ils formaient une bande d'hypocrites dont pas un n'aurait levé le petit doigt pour lui moins d'un an plus tôt. Foley et Shesh l'avaient même mis dans leur lit ! Comment pouvaient-ils penser que leur sollicitude lui importait ?! Notre petit Malfoy ?! Il n'appartenait à personne, par Merlin ! Il n'avait certainement pas échappé à l'emprise de son père pour se soumettre à celle de ce groupe mesquin ! Ils agissaient comme une bande de chiens défendant leur os et Drago refusait qu'on le grignote davantage.

« Pense pas qu'on t'aime bien, prétendit Wihelma Vine. C'est surtout qu'on a besoin de toi entier pour lutter contre les Selkies et les Détraqueurs.

– Et pour garder le dirlo de bonne humeur. Question de thune, ajouta Foley.

– Ceci-dit, en fait, moi je t'aime bien ! conclut Wihelma. »

Drago afficha son air le plus supérieur, le plus orgueilleux pour répliquer, mais ce fût à ce moment-là que Nguyen ouvrit la porte et les fît tous sursauter et reculer, l'air coupable. L'homme fronça les sourcils en observant l'attroupement, puis il dirigea son attention sur le prisonnier :

« Ah, Monsieur Malfoy. Parfait, je vous attendais. Monsieur Potter m'a parlé de votre nouvelle blessure. Nous allons ausculter cela. »

Il esquissa ensuite un pas de côté pour inviter Drago à entrer.

Celui-ci leva la main à sa joue par réflexe, hésita, grogna, puis abdiqua, non sans avoir lancé un dernier regard assassin à Potter.

« Comment se porte Monsieur Price ? demanda-t-il tout de même après que l'infirmier eut fermé la porte.

– Je ne parlerai pas de la santé de ce personnage avec un détenu. »

Draco soupira avant de se laisser tomber dans le fauteuil face au bureau blanc.

Nguyen enfila une paire de gants de protection et vint lui tripoter la mâchoire et lancer quelques sortilèges d'investigation. Drago garda un silence respectueux.

« Pensez-vous qu'il soit homme à porter atteinte à la réputation du pénitencier ? demanda doucement Nguyen, au bout d'un moment, en vérifiant les réflexes pupillaires de Drago avec sa baguette.

– Je crains qu'aucune calomnie ne soit à la hauteur de ce qui a véritablement pu se passer ici, accusa Drago sur le même ton prudent.

– Nous partons de loin, admit Nguyen. Mais la direction actuelle me semble être la bonne. Un remaniement pourrait être… dévastateur. »

L'homme promena plusieurs fois le rayon de son lumos devant le deuxième œil de Drago, puis son regard passa de celui d'un soigneur à celui d'une personne soucieuse et attentive.

Drago resta immobile, étudia l'infirmier puis avoua :

« Price sait ce que Potter m'a fait. »

L'expression de Nguyen se modifia à peine, mais Drago sentit sa crainte et sa contrariété dans le souffle qui lui échappa. Il ne prononça pas un mot mais retourna derrière son bureau et sortit un dossier de son tiroir pour y rédiger les conclusions de son examen.

« Je… commença Drago. J'avais le droit d'en parler, affirma-t-il. Ce n'est pas à moi d'en avoir honte.

– C'est une évidence, Monsieur Malfoy. Je ne vous reproche rien. »

Price serait-il prêt à ruiner la réputation de Celui-qui-a-Vaincu ? Probablement. Il avait semblé lui vouer une espèce de culte en arrivant sur l'île, mais soit qu'il eût caché son jeu, soit qu'il eût changé, le Survivant était désormais un ennemi à ses yeux, et un rival à sa mesure. Il n'avait pas peur de le provoquer directement ou même de l'insulter derrière son dos.

Pour avoir pratiqué l'exercice pendant des années, Drago pouvait comprendre pourquoi. Depuis leur onze ans – en réalité, bien avant celà, même, mais Drago ne l'avait découvert qu'à cet âge – Potter était plus fort et plus doué que lui. Drago s'était pourtant obstiné à l'attaquer, à le diffamer, à le provoquer. Pourquoi s'en serait-il privé ? Potter ne répliquait jamais plus fort que chaque coup qu'on lui portait. On oubliait sa puissance tant il se contenait.

Price avait été contacté par des journalistes ou bien il avait envisagé ce contact de lui-même. Son témoignage avait-il un poids ? Tout dépendait du niveau de popularité de Potter dans l'opinion publique à ce moment-là. Le Survivant pouvait supporter à peu près n'importe quelle calomnie quand il était dans les bonnes grâces de la foule, mais le retour de bâton était parfois terrible. Si Price choisissait bien son timing, alors Potter devrait répondre de ses actes et le poste de Directeur échoirait à un autre.

Éloigner Potter reviendrait à scier la branche sur laquelle Drago était assis.

Mais que savait Price, au fond ? Uniquement ce qu'on lui avait raconté. Potter n'avait jamais eu le moindre geste affectueux envers Drago en sa présence. Il n'avait que les bruits de couloirs et l'aveu indigne de confiance d'un prisonnier.

Drago avala nerveusement sa salive avant de prendre la parole d'un ton hésitant :

« Je ne crois pas que l'attaque des Surveillants puisse lui imposer le silence. Nous avons tous trop à perdre. C'était mesquin. Mais je… Je pense pouvoir régler cette affaire de façon plus définitive. »

Il y avait eu des dizaines de témoins. Le Ministre de la Magie lui-même avait surpris des gestes, des déclarations équivoques… Si Price parlait, ceux-là devineraient que la relation romantique dont ils avaient été témoin n'avait rien d'un conte de fées. Ceux-là…

Drago fronça les sourcils en se rappelant ce que Potter lui avait dit le matin-même : tous les gens à qui il tenait savaient déjà, à l'exception du petit Teddy.

Et aucun n'avait réagi.

Ils obéissaient à Potter.

Et Potter, lui, avait décidé de lui laisser le choix.

« Monsieur Nguyen, reprit Drago avec précautions, vous me connaissez assez bien, désormais, et j'ignore toujours tout de vous. Je ne pense pas que nous deviendrons un jour amis, puisque vous vous méfiez, comme moi, de la charge mentale qui vient avec ce type de relations… »

Drago ménagea une pause dans son discours et Nguyen hocha doucement la tête pour montrer son assentiment et l'autoriser à poursuivre.

« Vous êtes bien plus doué que vous ne le montrez, et bien trop orgueilleux pour vous satisfaire d'un poste d'infirmier à Azkaban quand vous pourriez être Médicomage et Maître de Conférence dans les plus grandes capitales. Est-ce une erreur de croire, qu'à l'instar de Monsieur Potter, vous ayez décidé de vous isoler ici pour expier un péché ? »

Le silence retomba et Nguyen resta longtemps immobile, le regard songeur fixé sur Drago.

Finalement, il cilla, lâcha un soupir, joignit ses doigts devant sa bouche et admit avec un sourire discret :

« Nous ne sommes pas si loin de la vérité.

– Pensez-vous un jour me révéler ce que vous avez fait ?

– Le péché est parfois de laisser faire. »

Drago hocha la tête. Il était coupable de ceux qu'il avait vus être torturés comme de ceux qu'il avait torturés lui-même.

« Je ne pense pas révéler cela à qui que ce soit, Monsieur Malfoy. Toutefois… »

L'homme prit une longue inspiration et ses lèvres esquissèrent un sourire

« Travailler avec vous ébranle certaines certitudes. S'il y a bien une personne au monde dont je ne crains pas le jugement, il s'agit de vous. »

Drago émit un ricanement bref.

« J'accepte votre candidature, Monsieur Malfoy. Mais vous et moi devons délaisser le plaisir des potions et faire avancer ce que j'appellerai dorénavant la Psychomagie. »

.

Le lendemain matin, Drago chercha Kieran Price à la Patinoire mais ne l'y trouva pas. Il alla vérifier sur le chantier dans plus de succès. Il y fut toutefois remarqué par le groupe de prisonniers qui contemplèrent son visage avec des expressions hallucinées et qu'il ignora avec le plus de hauteur possible.

Quand Macnair prit conscience de la source de leur attention, il les remit au travail d'un grognement, puis vint le rejoindre à grandes enjambées décidées. Hitchin, qui gardait un œil sur le chantier, faillit le sermonner, jusqu'à ce qu'il aperçoive Drago à son tour, le salue brièvement et décide de les ignorer.

Drago resta immobile même quand la large main sale de Macnair se posa sur sa joue.

« C'est mauvais, annonça-t-il en guise de salutations et après un bref examen visuel.

– Ce n'est pas ce que j'ai connu de pire, répondit placidement Drago. À ce qu'il semblerait, il va falloir que je m'y habitue. Ça se reproduira à chaque coup.

– Qui ? » demanda Macnair en reculant la main.

Drago regarda pensivement le bourreau. Des centaines de fois, il avait vu son père communiquer avec lui en utilisant ce genre de sous-entendus qui le faisaient frissonner.

Macnair obéissait. Toujours. Il n'en faisait jamais plus, jamais moins que ce qu'on attendait de lui, presque comme s'il lisait dans les pensées de son maître.

Drago hésita, puis admit :

« Kieran Price. L'architecte. Je ne veux pas qu'il soit blessé. Simplement qu'il comprenne et qu'il se tienne à carreau.

– Il a une famille ?

– Ses deux parents sont en vie. Son petit frère également.

– Alors ce sera facile », décréta Macnair.

Ils restèrent ensuite silencieux un moment, côte-à-côte, en regardant la mer, l'horizon et les prisonniers.


Et voilà qui conclue (définitivement, cette fois, je vous le jure), l'arc Price.

C'était trop long, je vous l'accorde, que ce soit pour vous ou pour moi ;u; J'ai tenté d'accélérer les choses, et ça a du se sentir même au niveau du style d'écriture... Drago est toujours très long à s'engager, à accorder sa confiance et son amour, alors j'étais obligé de faire trainer les choses pour le début de cette relation, et je tenais aussi à ce qu'il ne baisse pas les bras à la première contrariété : qu'il fasse des efforts, qu'il s'obstine un peu, qu'on ne puisse pas lui reprocher d'avoir considéré Price comme un outil pour se rassurer sur son potentiel séduction... je voulais aussi que son potentiel de pervers narcissique n'apparaisse pas tout de suite, qu'on ne pense pas que Drago était carrément attiré par les connards... Là aussi, obligée de faire trainasser

Mais comme vous; j'avais envie de me débarasser de tout ca très vite, et ces chapitres (qui sont sans contexte les plus mauvais) alternent les longueurs et les rushes de façon pas trés glorieuse X,D Je suis désolée

Dès la semaine prochaine, on reprend avec du drarry plus tradi !