Melynee - Si Harry remarque qu'ignorer Drago le ramène vers lui, il serait capable de poursuivre son auto-punition sacrificielle en le draguant de nouveau pour faire de la psychologie inversée de psychologie inversée et... Bref, ils sont cons tous les deux XD
(le chemin vers Narcissa est visible à l'horizon)
Yza - Hey, Drago fuit et est insup, mais tu remarqueras qu'il a osé aborder le sujet qui le travaillait en seulement 2 jours ! C'est presque du tac au tac, pour lui !
Fleur d'Ange - Ihihihihih, trop contente de te voir arriver ici !
Merci pour tes xmilles commentaires : encore une fois, c'était trop cool de suivre ta lecture et tes réactions en direct, et trop drole de te voir passer de "pov' drago connard de potter" à "drago cretin, harry gentil !"
Je crois que c'est toi qui avait fait une remarque sur Price et macnair : Pour te rassurer, macnair est bien sur incapable de s'en prendre à la famille de l'architecte... mais il est capable d'être tres convaincant dans ses menaces ^^
Drago reconnaissait le regard attentif et suspicieux de l'ancien Auror. Les yeux concentrés de Potter sautaient sur ses mains à chaque geste qu'il faisait, fixaient sa bouche dès qu'il entamait une explication, pesaient dans son dos et sur ses épaules quand il lui prenait l'audace de se déplacer.
Difficile de le lui reprocher : comme Drago avant lui, il espérait et redoutait à la fois de constater une emprise maléfique du carnet sur le Mangemort. En vain.
Il avait tout tenté pourtant : depuis une bonne heure, il testait ses réflexes et ses réactions. Il avait fait tomber le carnetpresque dans les cendres de la cheminée, avait prétendu l'avoir perdu, avait suggéré de l'envoyer en Italie pour qu'il soit analysé par plus compétent qu'ils ne l'étaient, avait renversé son thé sur les pages…
Uniquement lors de cette dernière tentative, Drago avait surréagi. Il avait sauté de son fauteuil pour lui reprendre l'ouvrage des mains et avait déjà prononcé la première syllabe d'un sortilège d'imperméabilité avant de constater que le papier était sec et le thé déjà évaporé.
Vexé, il avait claqué le carnet sur la table et enfoncé son index dans la poitrine de Potter.
« Je n'ai pas été envoûté, Potter ! Cesse de prendre des risques avec cet objet : il a plus de valeur historique que tu n'as de valeur tout court.
– Tu peux pas me reprocher de vouloir vérifier, ricana l'intéressé en chassant le doigt de Drago et en se réemparant de l'objet. Donc… Si je résume tout ce que tu m'as dit jusqu'ici… »
Il se promena en feuilletant l'ouvrage en déblatérant, fit une pause à côté du chariot qui lui avait apporté son repas un peu plus tôt et y faucha un bout de pain. Il poursuivit ensuite, la bouche pleine :
« Le maboule débarque ici en 1457. L'île est un peu plus petite qu'aujourd'hui, et il commence par construire tout ce qui est aujourd'hui l'aile Ouest. Il place le dôme incartable immédiatement parce qu'il a les boules d'être retrouvé. Ce con était déjà dans le collimateur des Sorciers Danois et Norvégiens.
– Ce sont mes conclusions, au vu des phénomènes astraux évoqués, oui. »
Insulter régulièrement le Mage faisait également partie de la stratégie de Potter. Encore une fois, peut-être s'attendait-il à ce que Drago s'emporte et défende les agissements d'Ekrizdis. Jusqu'ici, il en était pour ses frais.
« Il passe ses journées à chasser des Moldus et à les ramener ici pour les torturer. Dès qu'il a une nouvelle idée, il agrandit les lieux. Il balance les corps à la flotte et débarquent dans l'ordre : les Selkies, les Détraqueurs, puis les albatros. Fuient les sternes, les phoques et les lièvres arctiques. Va savoir ce que des lièvres foutaient ici, ceci dit… »
Drago le regarda finir son quignon sans rien ajouter. Voir des semaines de travail et de prises de notes ainsi résumées en quelques phrases moqueuses avait de quoi le vexer.
« À un moment, il tombe sur un sorcier capable d'invoquer un Patronus. Il s'intéresse au phénomène, quoi ? trois mois ? Et puis il se retrouve avec un cœur de Patronus inutile et indestructible, et il passe à autre chose. »
Potter déglutit en silence, puis acheva :
« Ça a pas l'air super intéressant, ta trouvaille.
– Je regrette de t'avoir dérangé avec un artefact aussi peu passionnant, grinça Drago. Et d'avoir pu penser que tu serais suffisamment instruit pour reconnaître l'intérêt de…
– Qu'est-ce que tu espères découvrir exactement, là-dedans ? T'as pas besoin de moi pour faire la traduction, je risque même plutôt de te ralentir.
– Ekrizdis a étudié les Patronus et les Détraqueurs. Je ne connais pas assez le sujet pour juger si ses découvertes ont un intérêt.
– Qu'est-ce qu'il a… »
Potter s'interrompit quand le tintement léger d'une clochette se fit entendre du couloir. À ce moment-là, il réalisa qu'il venait de manger sans avoir attendu que le chariot de Drago ait obéi à son appel et ne les ait rejoint. Il adressa un sourire penaud à son invité, et ordonna à sa porte de s'ouvrir.
Le chariot de Drago entra dans la pièce sur ses petites roues grinçantes et vint se ranger près de son homologue.
« Quand je pense qu'on a précisément commencé la soirée en disant : plus de dîner », ricana Potter en dressant la table.
Drago haussa les épaules. Il s'agissait d'une exception. Une simple exception. À l'avenir, ils travailleraient d'un bureau.
« Tu t'intéresses encore aux Détraqueurs, alors ? » interrogea Potter après qu'ils se soient installés face à face.
Drago se mordilla les lèvres en leur servant à chacun un verre d'eau.
« Je me demande souvent ce qu'il est devenu, admit-il. Je me demande pourquoi il est revenu à Azkaban après la guerre. Monsieur Temrah avait parlé de l'espoir, et je voudrais savoir s'il était véritablement différent des autres ou si c'est moi qui l'ai rendu ainsi.
– Et tu penses trouver des réponses là-dedans ?
– Pas vraiment. Mais je sais également que je n'en trouverai jamais dans ceux-là, souffla-t-il en désignant les étagères de Potter, puis en désignant l'extérieur : Ni là-bas. Le sujet ne me passionne pas au point où j'en ferais des recherches approfondies. Le sujet ne passionnait pas Ekrizdis non-plus, d'ailleurs, mais… »
Ils passèrent la soirée à discuter et, une nouvelle fois, Drago regretta que les choses ne soient pas plus simples avec le Survivant.
Passer du temps en sa compagnie était agréable. La façon dont il parlait, dont il s'exprimait, ses intonations trop fortes et ses gestes trop larges étaient plein de vie, d'humour, d'un naturel qui lui manquait terriblement… Il ressemblait au jeune poulain d'une licorne, à peine né et déjà prêt à galoper sur des pattes trop fines et mal coordonnées. Insouciant. Et puis on se rappelait qui il était et chaque faux-pas prenait une dimension nouvelle. Drago mourait d'envie de lui flatter l'encolure, de le féliciter, de l'admirer…
Difficile de croire qu'il avait pu le trouver sans attrait.
Difficile de croire qu'il avait pu le trouver beau, puis laid, puis beau à nouveau, et…
Drago s'était déjà sentit en sa présence comme un animal qu'on apprivoise, et force était de constater que le Survivant était parvenu à le domestiquer malgré toutes les barrières qu'il avait dressé en travers de sa route.
Une fois de retour dans sa cellule, il se laissa tomber sur son lit en soupirant.
Il fixa le plafond de son lit à baldaquin.
Potter…
Il fallait accepter les choses comme elles étaient : Potter lui plaisait. Potter n'avait fait que l'amuser quand il se comportait en amoureux transis, mais à présent qu'il lui donnait de l'espace…
Drago gémit et se cacha les yeux de l'avant-bras.
C'était pire : une profonde odeur de son savon à la bergamote lui inonda les sinus. Il s'était lavé les mains avant de redescendre. La flagrance était trop forte pour qu'il puisse s'en débarrasser en utilisant son vieux savon d'Alep. Il soupira et tourna la tête vers les lampes du couloirs. Éteintes. L'heure du couvre feu était passée depuis longtemps.
Il moucha la flamme de sa propre lampe à pétrole, se déshabilla, et se recoucha dans son lit.
Depuis Price, il ne s'était pas touché. Pas que l'idée le répugnait, mais il n'en avait pas ressenti l'envie. Il savait que son corps fonctionnait parfaitement de ce côté-là et n'avait eu aucun besoin de vérifier quoi que ce soit ou de se détendre de cette façon-là.
Il ferma les yeux et se promena dans les souvenirs du Détraqueur pour retrouver l'homme aux yeux verts qui lui avait tant plu, la dernière fois, le guerrier croisé sur le marché et qui avait souri.
À la réflexion, difficile de ne pas remarquer à quel point il ressemblait à un Potter légèrement plus âgé : la peau bronzée, la couleur des yeux, la carrure solide, la tignasse épaisse… Même la forme des pommettes, du menton et du nez était la même.
Il ralentit le temps autour de cette vision et s'approcha autant que son esprit en était capable.
Il était capable de voir, d'entendre, de sentir les odeurs et les écarts de températures, mais il n'avait jamais tenté de toucher quoi que ce soit à l'exception du Détraqueur. Cette fois-ci, il tendit une main qui n'existait pas vers la joue de l'homme, vers sa barbe mal taillée.
Dans sa cellule, il glissa les doigts vers son aine.
L'homme ressemblait à Potter, mais ce n'était clairement pas lui. C'était Potter en mieux, en plus viril, en plus mystérieux, en plus inoffensif, aussi. Il sentait le cuir et la transpiration, sa peau n'avait la température que de celle des des humains. Il avait des cicatrices sur les épaules et il lui manquait une canine. Rien à voir.
Quand il revint à lui, quelques minutes plus tard, le ventre sali de sperme, une main enroulée fermement autour de son sexe et sa seconde enfouie dans ses entrailles, il resta abasourdi et essoufflé un moment.
Il ne venait pas de se branler en pensant à Potter, il en était presque persuadé.
Mais il pouvait difficilement se convaincre que celui-ci ne hantait pas ses pensées désormais.
Le Survivant avait tiré un trait sur leur relation, cependant. Drago le lui avait ordonné, et il avait obéi. Ils étaient amis. Il était trop tard pour changer à nouveau d'avis. Il avait assez joué avec les sentiments de Potter, à leur insu à tous les deux. Aujourd'hui, Potter souffrait de sa présence, anticipait son départ avec hâte et méritait qu'on le laisse un peu tranquille.
Il ramena sa main à son nez et ricana : même à travers l'odeur puissante de sa semence, il sentait encore la bergamote.
Potter avait affirmé qu'étudier le carnet ensemble lui convenait. Il avait simplement refusé que Drago conserve l'ouvrage dans sa cellule, toujours inquiet à l'idée qu'il soit sous l'emprise d'un sortilège de confusion ou de fascination.
Drago avait accepté et avait remis au Survivant l'ensemble de ses notes.
Ils avaient convenu de se revoir dès le lendemain. Le reste de la semaine était chargé pour le Directeur d'Azkaban, et il n'était pas certain de pouvoir lui accorder tout le temps nécessaire ensuite.
Drago roula sur le côté.
Il quittait l'île dans deux mois. Il quittait définitivement l'île dans deux mois et rien ne viendrait se mettre en travers de sa route.
Potter resterait ici, ils s'écrivaient comme des amis – comme il le faisait avec Rosier – et peut-être que d'ici dix ans, quand ils seraient tous les deux vieux, que Potter aurait de la bedaine et que lui perdrait ses cheveux, peut-être, peut-être, qu'ils auraient chacun surmonté assez leurs démons pour que…
Il enfouit son visage dans l'oreiller.
Non.
Il avait arrêté de jouer avec les sentiments de Potter.
Le lendemain, il trouva du sang sur l'oreiller. Rien de grave : ça arrivait. Il avait peut-être mis un peu trop d'entrain à se laver les dents et abimé ses gencives. Il avait désormais le droit de faire autant de lessives qu'il le désirait et l'information quitta rapidement ses pensées.
.
Drago passa une journée tranquille.
Leurs recherches, avec Nguyen, avançaient bien et il avait hâte de pouvoir expérimenter la médecine psychologique moldue sur des patients Sorciers. L'avantage de la technique était qu'elle pouvait difficilement entrer en contradiction avec d'autres soins.
Ils avaient sélectionné quelques détenus instables pour travailler avec eux. Ils avaient bien-sûr amélioré les choses : en utilisant la legilimantie, en conservant quelques souvenirs traumatiques dans des fioles scellées… Les moldus qui avaient inventé la technique manquaient d'outils pour la rendre efficace.
Drago était un peu jaloux de voir des inconnus progresser plus rapidement que lui sur le chemin de la guérison… Il était toutefois parvenu à se convaincre que ces résultats encourageants étaient davantage le fait de ses excellentes aptitudes de médecin plutôt que de ses piètres efforts en tant que patient.
« Pensez-vous poursuivre votre thérapie une fois libéré des murs d'Azkaban ? interrogea Nguyen alors que Hitchin raccompagnait leur dernier patient de la matinée à sa cellule.
– J'aimerais beaucoup. Je suppose qu'il existe des cracmols ou des parents de Sorciers qui travaillent dans le domaine. Je ne veux pas travailler avec une moldue qui ne connaît rien à notre monde comme le fait Potter.
– Je suis déçu de ne pas être celui à vous avoir définitivement guéri.
– Les circonstances ne vous étaient pas favorables. Et puis, je doute de pouvoir guérir complètement un jour. »
Ils échangèrent un sourire tranquille.
Drago avait tant progressé que la réminiscence complète n'était presque plus un objectif. Il avançait lentement, mais à présent qu'il s'impliquait vraiment, il lui semblait qu'il faisait des bonds prodigieux.
Dorénavant, Nguyen lui donnait même des exercices à réaliser hors de leurs séances : des façons de respirer, des gestes pour remplacer efficacement les automutilations que Drago s'était toujours infligées par réflexe…
« Êtes vous parvenu à écrire à Madame Black Malfoy, comme je vous y avais encouragé ?
– Je… Je comptais réessayer ce soir, mais mon programme a été chamboulé. Je ferai cela demain. »
Nguyen grimaça une seconde mais ne fit pas de commentaire, et Drago crut bon de se défendre :
« Je vais vraiment le faire. Nous avons du travail à faire avec Monsieur Potter, et eu du mal à trouver une disponibilité commune.
– Oh. Vous travaillez de nouveau avec Monsieur Potter ?
– Nous travaillons, oui. »
Il redoutait à nouveau les rumeurs, mais cette fois parce qu'elles avaient un goût de vrai… Il craignait de paniquer si quelqu'un décidait de l'interroger.
Il n'avait que deux mois à tenir. Deux mois à lutter contre le début d'un petit crush de rien du tout. Après quoi, il croiserait tant d'hommes aux yeux verts que ceux de Potter cesseraient rapidement de hanter ses pensées.
