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Imaginez un Monde où plus rien n'a de sens, l'économie s'est effondrée depuis longtemps et les plus puissants sont au pouvoir.

Bienvenue en 2037, en Angleterre.

Mick et moi survivions dans cet Univers chaotique. Nous étions tout en bas de la chaîne alimentaire parce que nous étions orphelins. Et, les orphelins n'ont déjà pas bien de considération dans un Monde à peu prés 'normal' alors pourquoi en aurions-nous plus dans un Monde Dystopique ?

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Comme souvent, il faisait gris dehors, comme si le soleil ne voulait plus réchauffer la Terre après l'effondrement du reste de l'Humanité. Les nuages épais et gonflés étaient très bas. Si bas dans le ciel qu'il était difficile d'apercevoir les immenses dirigeables qui survolaient Londres, comme des yeux d'espions. Plusieurs ballons flottaient dans les airs, ils appartenaient à la famille qui dirigeait le pays de leurs mains dictatrices. L'Humanité venait de faire mille pas en arrière dans l'évolution.

Dans notre malheur, Mick et moi avions de la chance - si nous pouvions appeler ça comme ça - parce que nous étions les servants des puissants au pouvoir. Le travail n'avait rien de bien reluisant, bien sûr, mais cela nous permettait d'avoir un semblant de toit au-dessus de la tête et une faible pitance dans nos assiettes. Ce qui était déjà beaucoup par rapport au reste de la population qui criait famine dans les rues de la capitale.

Mick Davies était mon époux, nous nous étions mariés rapidement dans une Église au coin de la rue, avec trois de nos amis - qui travaillaient également avec nous pour la famille au pouvoir. Nous avions nos anneaux en Plaqué Or, ne pouvant pas nous offrir le véritable matériau de base, mais nous étions heureux.

Comme souvent, Mick portait une ample chemise blanche, entièrement froissée et trop grande pour lui, un jean usé et des chaussures noires. Ses cheveux ébène partaient en bataille dans tous les sens sur son crâne. D'épais cernes ternissaient son profond et magnifique regard aux iris bleu translucide, aussi limpide que les mers du nord. Il avait la peau blanche, la silhouette fine et me dépassait de plusieurs centimètres. Une fine barbe de trois jours rongeait son visage, enveloppant son sourire si particulier.

Quant à moi, j'avais noué mes longs, très longs cheveux châtains en une grossière tresse qui tombait dans mon dos. Je portais une robe chemise assez épaisse, dont le pan s'arrêtait sous mes genoux, d'une couleur parme pastel. J'avais la peau blanche, parsemée de millions de grains de beauté et de taches de rousseur, et je portais des souliers noirs aux pieds.

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C'était un jour tout à fait normal, Mick et moi suivions la famille des dictateurs pour répondre à leurs besoins incessants. Parfois, comme ce jour-là, nous devions monter à bord de l'énorme dirigeable pour les servir jusque dans les airs. C'était si étrange, de voir la ville sous nos pieds. Londres ressemblait à ces villes rétro-futuriste des films de science-fiction. La famille se composait d'un Roi, d'une Reine, d'un Prince et d'une Princesse trop jeune pour prendre des décisions au pouvoir. Ils n'étaient pas réellement méchants, mais ils restaient néanmoins des dictateurs, imposants leurs lois et leurs idées à un peuple déjà affaibli par l'effondrement de la société. Ce ne fut que par miracle, et grâce à nos amis, que nous avions trouvé ce travail auprès de nos leaders, nous mettant ainsi à l'abri du besoin. Puisqu'ils ne souhaitaient pas forcément chercher sans cesse des nouveaux employés pour les servir.

Malgré le paysage désolé qui s'offrait à nous, je ne pouvais pas m'empêcher d'y trouver une certaine beauté : dans ces monstres volants dans le ciel, dans les machines aux rouages complexes qui grondaient sur le sol de la ville et par nos vêtements désormais démodés et ne servant qu'à nous protéger du climat versatile.

Nous journées étaient longues, nous travaillions de 6h du matin jusqu'à 20h environ. Après notre labeur, nous pouvions regagner nos quartiers. Notre appartement se situait dans un haut et vieux immeuble aussi gris que le ciel. Au cinquième étage, nous partagions notre logement avec les autres servants, nos amis. Nous étions donc cinq à survivre dans un minuscule loft, qui ne comprenait qu'une salle de bain insalubre, une petite kitchenette au gaz - car l'électricité ne fonctionnait plus - et une grande salle dans laquelle nous avions posé des matelas sur le sol en guise de lit. Mick et moi étions le seul couple de la colocation, donc nous avions un matelas un peu plus grand que les autres, puisque nous dormions ensemble.

Ce soir-là, après notre travail, nous avons retrouvé nos amis dans notre logis. Il faisait déjà nuit et plusieurs bougies éclairaient les murs sombres. Mick et moi étions assis sur notre matelas, dans les bras l'un de l'autre. Nous parlions à nos collègues, sourire aux lèvres, nous racontant des anecdotes de notre 'vie d'avant'.

Sauf que, ni Mick, ni moi, nous ne nous souvenions de cette vie-là.

Alors, nous avons joué à un jeu.

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Emma et Clara étaient debout devant nous, pendant que notre ami Arthur prenait sa douche. Mick et moi, assis sur le matelas, écoutions nos camarades.

Je souriais en gardant mes bras autour de mon mari, ouvrant sa chemise pour glisser ma main gauche sur son torse et jouer avec sa pilosité. Pendant ce temps, Emma fit breveter sa théorie :

- OK, vous n'avez aucun souvenir datant d'avant votre arrivée à l'orphelinat de Kendricks ?

J'embrassais Mick au creux de son cou, pendant qu'il répondit :

- C'est exact.

- OK, mais votre façon de parler peut néanmoins nous donner quelques indices.

Mon chéri tiqua, pendant que Clara annonça :

- Toi, Mick, malgré ton accent typique de Londres, nous pouvons entendre quelques faibles consonances Irlandaises. C'est faible, mais juste assez pour nous donner un indice.

- Belfast ou Dublin ? demanda Mick, intrigué.

Je glissais ma main droite dans ses épais cheveux noirs. Emma répondit :

- Dublin, définitivement.

Alors que Mick se tourna vers moi pour m'embrasser amoureusement, Clara toussota pour annoncer :

- Quant à toi, Alisone, tu as un bon Anglais, mais pas parfait. Ce qui nous fait dire que l'Anglais n'est pas ta langue maternelle. Tu fais des fautes minimes, mais grammaticalement incorrectes.

J'abandonnais enfin la bouche de mon mari, pour demander :

- Ah bon ?

- Oui.

Mick glissa sa main autour de ma taille, pendant que notre amie reprit :

- La façon dont tu prononces les 'o', comme dans 'stop' ou les 'a' dans 'what' m'indique que tu ne viens pas d'Angleterre. Malgré ton mimétisme envers ton mari, les sons racontent une tout autre histoire...

- Je viens d'où, alors ?

Emma sourit, en lâchant :

- De France.

- Je suis Française ?! m'écriais-je, aussi surprise que Mick qui sursauta dans mes bras.

Il sourit avec amusement, en marmonnant :

- C'est sûrement pour ça que tu sais aussi bien maîtriser les French Kiss...

Il se pencha ensuite pour englober ma bouche de la sienne. À ce moment-là, Arthur sortit de la douche froide avec une serviette nouée autour de sa taille, laissant à nu son torse imberbe et musclé.

Eh oui, vous vous doutez bien que l'intimité dans un deux-pièces était une notion assez floue, pour ne pas dire inexistante.

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Une fois nos embrassades terminées, Mick se tourna vers nos amis, pour révéler à son tour :

- Nous ne savons peut-être pas avec certitude d'où nous venons, en revanche... Il y a une chose absolument certaine que nous devons vous dire.

Arthur, toujours à moitié nu, leva un sourcil, en raillant :

- Je suis presque sûr de savoir de quoi il s'agit...

Mick se tourna vers moi et chuchota :

- Un, deux...

Puis, ensemble, à 'trois', d'une seule voix, nous criâmes :

- Nous attendons un bébé !

(Malheureusement pas une True Story IRL...)

Arthur leva les yeux au ciel en se dirigeant vers la gazinière pour faire bouillir l'eau de son thé.

- Je me disais bien que vous passiez trop de temps sous la douche... s'amusa-t-il.

Emma et Clara sourirent et applaudirent.

Mick embrassa le creux de mon cou, pendant que je révélais :

- C'est un garçon. Nous avons attendu le troisième trimestre pour vous l'annoncer.

Les questions de nos amis se perdirent dans nos baisers, lorsque Mick emprisonna à nouveau ma bouche de la sienne.

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Puis, je me suis réveillée.

Il était 4h30, mais je suis restée au lit jusqu'à 5h30, où je me suis levée.

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19.03.2025

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