CHAPITRE 5


Il ne reste plus qu'une semaine avant la sortie officielle du livre d'Haven. Le dernier tome d'une trilogie à succès. Enfin ! Elle est impatiente comme un enfant la veille de Noël.

Jacob avait sollicité de nouveau son amie pour savoir si elle avait pu négocier une entrevue entre sa sœur et H. Wolf. Elle avait hésité à accepter, cette requête lui tenait tellement à cœur, mais la raison l'avait reprise, enfin, à moitié. Elle avait simplement menti en disant que les éditeurs réfléchissent à la question.

Elle ne savait pas à qui parler de ce dilemme, elle aurait bien voulu tout avouer à Jacob, mais le risque zéro n'existe pas alors elle réfléchissait tournant et retournant divers scénarios dans sa tête.

Haven soupire. Jill regarde son amie perdue dans ses pensées. Que pouvait-il se passer dans sa petite tête ?

- Besoin d'un avis non professionnel sur une question d'ordre privée ? demande-t-elle.

- Je ne sais pas quoi faire, j'ai deux options dire oui ou non, si je dis oui je risque de tout perdre.

- Et si tu dis non ?

- Je risque de tout perdre aussi.

Jill pose sa tête sur ses mains. Les deux filles sont à la bibliothèque en train de réviser un cours d'histoire.

- Tu préfères tout perdre en disant oui ou tout perdre en disant non ? Je veux dire, tu vas perdre quelques choses dans les deux cas, alors la question c'est : qu'est-ce qui est le pire ?

Il y avait deux scénarios catastrophes. Dans le premier, elle acceptait de rencontrer Rachel, qui dévoilait tout à ses amies et à la presse, par répercutions, et ainsi Haven perdait son identité secrète, ses livres se vendraient moins et devraient quitter un temps le village pour protéger sa tribu. Dans le deuxième, elle refusait et Jacob décidait de ne plus lui parler et ainsi elle perdait ses amis.

Qu'est-ce qui était le pire ? Il fallait qu'elle parle à sa sœur.

En début de soirée, la jeune fille se rend chez sa sœur qui a déménagé non loin de chez leurs parents. Une belle maison pour une famille de quatre personnes bientôt. En effet, Daphnée avait rencontré quelqu'un de bien, un agent de police. Hunter, de son prénom, était très sympa et s'était vite intégré à la famille. C'était même un bon père pour les enfants. Haven se rêve au futur mariage de sa sœur…

Elle sonne à la porte et Daphnée lui ouvre. Elle vient tout juste de rentrer du travail et porte encore son tailleur. Elle était devenue secrétaire pour le shérif de Forks, Charlie Swan. C'est là qu'elle a rencontré Hunter.

- Entre, entre… Qu'est-ce qu'il t'amène ?

- J'ai besoin de ton aide, répond Haven en entrant dans la maison.

Haven expose son problème à sa sœur qui l'écoute avec attention. Qu'aurait-elle fait à sa place ? Elle n'en sait foutrement rien !

- Tu sais mon chat, je connais Rachel et je ne crois pas qu'elle parle à qui que ce soit. Mais si vraiment tu veux mon avis, le jour où les anciens se mêlent de ça, que ce soit des paparazzis ou journalistes, ils vont tous finir en jambon-beurre s'ils mettent un pied ici.

Haven soupire, sa sœur a raison et puis, ne plus être H. Wolf était-ils si grave ?

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Alors que la jeune fille est assise dans la voiture à côté de Jacob, elle triture ses mains sans trop savoir comment entamer la discussion. Jacob, l'observe du coin de l'œil et lui demande ce qu'il ne va pas.

- Ta sœur, c'est vraiment quelqu'un de confiance ? demande-t-elle du bout des lèvres.

- Je lui confierais ma vie sans hésiter.

- Elle ne dira rien si elle rencontre H. Wolf ? Pas même à Paul ?

- Je te le promets.

- Alors tu lui diras qu'elle a accepté, je lui donne rendez-vous chez moi mardi prochain, H. Wolf est en congé aussi.

Jacob la remercie. Il finit par se garer devant la maison d'Emily et Sam. Sur le perron, elle y voit Paul et une jeune femme, par déduction elle comprend que c'est la fameuse Rachel. À y regarder de plus près, elle a une forme de visage similaire à Jacob. Les deux amis descendent du véhicule et rejoignent le couple.

- Qu'est-ce que tu fous encore avec le microbe ?

- Paul ! le réprimande Rachel.

Haven baisse la tête, depuis qu'elle a été au cinéma avec lui, leur relation s'est un peu améliorée, ils arrivent à avoir des discussions calme, sans « microbe » ni « crétin » à tout bout de champs. Qu'est-ce qu'il lui prenait tout d'un coup ? Elle n'allait pas lui voler sa Rachel.

Le garçon bougonne une excuse sous le regard réprobateur de Rachel, puis il l'embrasse de manière très tendre. En temps normal, Haven aurait trouvé ça mignon mais à cet instant, elle a juste envie de vomir.

Jacob intervient et présente Haven à sa sœur. Cette dernière la remercie chaleureusement pour le livre qu'elle a dévorée aussitôt l'avoir eu en main.

- Mardi prochain, tu es libre ? demande Haven, aussitôt fusillée du regard par Paul.

- Oui, bien sûr, pourquoi ?

- Je… Je t'ai peut-être organisé une rencontre avec H. Wolf… Alors ?

Rachel déglutit, comme si elle avait besoin de ça pour assimiler l'information. Ses yeux s'agrandissent et elle explose de joie. Haven, réfléchis à toute vitesse et si elle avait fait une erreur ? C'était trop tard.

- Rachel, l'interrompt Haven, quand tu connaîtras l'identité de H. Wolf, est-ce que tu aimeras toujours ses livres ?

- Sans hésiter !

Haven acquiesce et sur ce, les quatre Quileutes entrent chez Emily.

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Assise dans son canapé, les trois exemplaires de ses livres et son ordinateur posés sur la table basse, sa peluche Wolfy dans les bras, Haven attend l'arrivée de Rachel Black. Elle panique. Et si rien ne se passait comme prévu ? Et si Rachel se fichait d'elle ? Et si Paul venait à l'apprendre, que dirait-il ? Et pourquoi elle pensait à Paul dans cette situation ?!

Quelqu'un sonne. Haven inspire et expire pour se calmer puis se lève ouvrir. Rachel se tient là, souriante comme jamais. La plus jeune l'invite à entrer, Rachel chercher aussitôt son écrivain préféré des yeux.

- Rachel, l'interpelle Haven tout en fermant la porte, H. Wolf c'est moi.

Cette dernière rit, mais se reprend face au sérieux de la jeune fille en face d'elle.

- Rachel, je suis ton écrivain préféré, enfin d'après Jacob.

- Oh bon sang ! Tu ne peux même pas imaginer à quel point je t'idolâtre !

Elle la sert dans ses bras puis Haven sort de cette étreinte. Elle invite Rachel à prendre place sur le canapé pour être plus à l'aise. Haven explique pour commencer d'où vient son pseudonyme en montrant son loup en peluche. H de Haven et Wolf de Wolfy.

Rachel s'exprime alors sur sa vision du troisième tome de la saga d'Haven nommé « Sanglante » et lui demande plusieurs explications sur les précédant bouquins, soit « Amoureuse » et « Révoltée ».

- J'aurais tellement voulu que Janice et Josh finissent ensemble ! rêvasse Rachel. Je n'ai pas compris cette fin si… Tragique ! J'adore tes livres, vraiment, mais… Arf, ça me brise le cœur.

- Je sais, mais si je n'ai pas voulu qu'ils finissent ensemble ce n'est pas pour rien, explique Haven, regarde, dans le premier volume, Janice et Josh vivent une histoire d'amour passionnelle et pure, mais Janice finit par apprendre que cette relation est régie par le Destin. C'est une femme qui renverse tous les codes préétablis et elle en devient « Révoltée » comme l'indique le titre du deuxième volume. Elle ne veut pas être obligée d'aimer quelqu'un parce que c'est son destin... Tu comprends ?

Rachel réfléchis à ses paroles et acquiesce tout doucement. En la voyant, Haven pense que son aînée n'a pas saisis où elle voulait en venir. Elle décide de dévoiler la source de son inspiration en allant chercher un livre sur les légendes. Un où l'on parle précisément de la troisième épouse.

- Tu connais les légendes ? demanda Haven en s'asseyant de nouveau.

- Oui et même très bien… dit-elle, pensive.

- Tu vois ce qu'est l'imprégnation alors ?

- Oh ça oui ! rit-elle.

Haven ne comprend pas la blague et se contente de sourire.

- Disons que dans mon livre Josh subi une imprégnation vis-à-vis de Janice, commence Haven, il est fou d'elle, ne pense qu'à elle, bref il en est raide dingue. Sauf que Janice est un esprit libre, elle ne veut pas laisser ses sentiments se faire manipuler à cause d'un coup de foudre. Destin ou pas. Alors elle part et ne revient pas.

Rachel redevient pensive, alors Haven continue son explication.

- Elle ne veut pas être obligée d'aimer quelqu'un parce qu'un coup de foudre l'a décidé, elle refuse des sentiments qu'elle n'a pas choisi elle-même. On peut dire que dans mon livre je m'attaque à un lien a priori fort tel que l'imprégnation en utilisant un point faible de ce… de ce phénomène... Tu comprends mieux où je veux en venir ?

- Oui... dit-elle les yeux perdu dans le vague avant de vite se reprendre, tu sais que tes fans ont créés un site ?

- Ouais, c'est moi qu'il l'ait créé, je ne voulais pas d'un site officiel, je voulais un site ou les fans discutent dans des forums pour que je puisse me rendre compte de ce que qu'ils ont réellement aimé... Je discute avec des gens du monde entier sans qu'ils sachent qui je suis. J'adore lire les fanfictions mises en ligne !

L'après-midi continue son cours. Rachel profite vraiment de ce moment pour poser toutes ses questions à Haven qui y répond avec plaisir. Haven explique pourquoi elle a décidé de prendre un pseudonyme et pourquoi elle souhaitait ne pas révéler son identité. Plus que compréhensive, Rachel promet de ne jamais rien divulguer à personne, pas même à sa sœur, pas même à son frère et pas même à Paul.

Au moment de partir, Rachel remercie chaleureusement Haven d'avoir accepté de la recevoir. Haven la remercie pour cet après-midi qu'elle a trouvé vraiment sympathique. En refermant derrière son invité, la jeune fille soupire, ses nerfs finissent par lâcher complètement et elle s'écroule au sol. Elle ne s'était pas rendu compte qu'elle était aussi tendue…

Haven regarde l'heure sur la pendule et se rend compte qu'il est temps pour elle de se faire à manger. Ses parents sont absents, ils ont profité des vacances scolaires pour emmener leurs deux petits-fils en vadrouille. Ils sont partis quelques jours au sein de la réserve de Wind River dans le Wyoming, la réserve de la tribu Hoh.

Alors qu'Haven commence à se préparer à manger, quelqu'un toque violemment à la porte. La jeune fille sursaute. Elle va ouvrir la porte. C'est Paul.

- Qu'est-ce que tu fais là ? le questionne-t-elle.

Et il explose.

- QUI CROIS-TU ÊTRE POUR CONVAINCRE RACHEL DE ME QUITTER ? hurle-t-il, DE QUELS DROITS T'IMMISCES-TU ENTRE ELLE ET MOI ? DE QUELS DROITS ! il la bouscule et elle manque de tomber à la renverse, PAR TA FAUTE ELLE M'A LAISSÉ-TOMBER ! MAI...

- Je ne vois pas de quoi tu parles, Paul ! tente-t-elle de s'expliquer, JE NE SAIS PAS DE QUOI TU PARLES ! hurle-t-elle à son tour, sans réussir à le faire taire.

- ...NE CHOSE, PERSONNE NE PEUT ME SÉPARER DE RACHEL ET SURTOUT PAS TOI ! lui crache-t-il au visage. Il est si près d'elle qu'il lui fait peur.

- Je n'ai rien fait, Paul… Je ne sais pas pourquoi elle t'a quitté, sanglote-t-elle. MAIS SI CA PEUT TE FAIRE PLAISIR ! conclue-t-elle en tentant de lui claquer la porte au nez.

Il bloque la porte et entre dans la maison. Haven recule, apeurée. Il tremble de rage, comme la fois où elle l'a mordu, il a le visage déformé par la haine et la tristesse. La jeune fille recule, de peur qu'il ne la frappe.

- Tu n'es qu'une MENTEUSE ! TU MENS COMME TU RESPIRES ! gronde-t-il, en renversant le guéridon à l'entrée.

- On n'a pas parlé de toi ! dit-elle en larme. Paul, laisse-moi tranquille ! supplie-t-elle.

- RACHEL ET MOI ON EST FAIT POUR ÊTRE ENSEMBLE !

- Paul ! Arrête ça tout de suite ! ordonne une voix dans son dos.

C'est Jacob. Il parvient à maîtriser Paul, l'immobilisant.

- FOUT MOI LA PAIX, JAKE ! s'énerve Paul en se débattant.

- Paul, cours le plus loin possible d'ici, ordonne de nouveau Jacob d'une voix grave.

Paul se débat encore un peu et finit pas se dégager de l'emprise de Jacob. Il quitte la maison en courant, certainement vers la forêt. Les jambes d'Haven flageolent et elle finit par s'écrouler au sol. Elle explose en sanglot tandis que Jacob se précipite vers elle.

- Je suis désolé, Haven, tellement désolé… s'excuse Jacob. Je ne pensais pas qu'il viendrait s'en prendre à toi… Je…Rachel vient de le larguer et il est en pleine détresse... Elle lui a expliqué que cet après-midi lui avait ouvert les yeux et Paul en a déduit que c'était de ta faute…

- Il m'aurait tué si tu n'avais pas été là, répond-elle en guise de remerciement.

- Je ne le laisserais pas s'approcher de toi... lui promet le garçon.

Jacob la serre contre lui et la jeune fille se détend peu à peu.

- Oh mon dieu, Haven ! s'exclame une voix féminine. Je suis tellement désolée ! Je... Je ne pensais pas qu'il s'en prendrait à toi ! s'excuse-t-elle à moitié en pleure.

- Ne t'inquiète pas Rachel, il m'a juste hurlé dessus comme un dingue… se reprend Haven, on se déteste, tu l'as largué alors pour lui c'est de ma faute.

- Je suis tellement, tellement désolée...

- Rachel, ça va. Jacob l'a fait sortir avant que ça ne dérape, enfin je crois...

Haven laisse échapper un rire nerveux, qui devient un fou rire. Elle est vite rejointe par Rachel et Jacob, qui, eux aussi, évacuent la tension accumulée.

Paul, quant à lui, court sans se retourner. Il s'enfonce dans la forêt le plus loin et le plus vite possible. C'est à ce moment précis que son corps se torsionne et se déchire en deux pour laisser place à un immense loup gris argenté.

Un autre loup, bien plus petit et de couleur sable, vient à sa rencontre. Sous l'effet de la colère, Paul s'en prend à son comparse. Le loup sable est envoyé dans le décor à plusieurs mètres de là. Blessé, il peine à se relever.

- « Paul, qu'est-ce qu'il s'est passé ? » hurle la voix de Seth dans l'esprit du loup gris.

Les pensées de Paul Lahote ne sont que confusions, s'entre-mêlent des images de Rachel et d'Haven, leurs visages ne faisant parfois qu'un. Il revoit la première lui dire qu'elle le quitte, tandis que la seconde hurle de terreur.

Un second loup gris, bien plus petit que les deux autres, fonce droit sur Paul en l'attaquant à la gorge. Une lutte acharnée commence entre les deux bêtes. Bientôt, toute une meute les a rejoints, se protégeant les uns les autres des assauts de Paul Lahote.

- « Tu les as attaqués ! » gronde la voix de Leah, le petit loup gris « Mon frère ! Et Haven ! Tu aurais pu les tuer ! » continue-t-elle tout en se battant avec Paul.

- « CA SUFFIT ! » ordonne Sam, d'une voix profonde, séparant Leah et Paul, maintenant au sol et blessé.

Tous les loups, sans exception, s'arrêtent se soumettant à l'ordre de grand loup noir. L'esprit de Paul se calme peu à peu, la simple présence d'un Alpha le permettait, et les images des derniers événements apparaissent clairement dans l'esprit des autres membres de la meute. Paul reste allongé, reprenant son souffle et attendant la guérison de ses plaies.

La plupart des loups de la meute s'en vont, laissant Sam s'occuper du reste, l'Alpha ayant le pouvoir d'apaiser ses pairs par sa simple présence. Leah s'occupe de son frère qui se relève péniblement de son combat. Le loup couleur sable boitille en retournant d'où il vient.

Avant de suivre son frère, Leah jette un dernier regard à Paul.

- « Il fallait s'y attendre » déclare Leah en rembobinant sur la scène de rupture entre Paul et Rachel « Elle se forçait » continue-t-elle, sans la moindre pitié « Et maintenant, tu n'as plus aucune chance avec Haven » grince-t-elle « C'est bien fait pour toi. »

La louve s'en va, laissant Sam gérer seul la situation.

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Depuis l'incident, de l'eau a coulé sous les ponts. Haven a finalement accepté de retourner chez Emily et Sam et ce en présence de Paul. Tous lui ont promis qu'il se tiendrait à carreau et que de toute manière, il n'est plus que l'ombre de lui-même.

Et c'est vrai. Malgré la bonne ambiance dans la maison, Paul ne parle plus à personne et reste dans son coin à se morfondre. Haven a un pincement au cœur, le voir comme ça lui fait de la peine, pourtant ce n'est pas elle qui ira le consoler ! Ça non.

La jeune fille profite de ce moment avec ses amis, ça lui avait manqué. Pendant un mois elle avait refusé toute invitation et un mois, c'est long. Jacob l'avait convaincu en lui promettant qu'il veillerait sur elle et que rien ne lui arriverait.

- Dis Zacob, Vaven c'est ta 'moureuse ? demande Claire, la nièce d'Emily.
- Non ma petite chérie, ce n'est pas mon amoureuse ! rit-il.

Haven sourit, « Vaven », c'est comme ça que la petite l'appelle. Jacob et sa camarade sont installés sur le canapé, épaule contre épaule. Ce contact physique rassure la jeune fille. Le bambin, elle, grimpe sur les genoux d'Haven et s'accroche à son cou, restant debout en équilibre.

- Parquoi spa Zacob ton 'moureux ?

- Parce que Jacob et moi on est amis, répond Haven.

- Ma moi z'veu que Zacob devient ton 'moureux !

Paul se lève de son coin et sort par la baie vitrée, vers la forêt. Haven intercepte le regard de Quil dans sa direction et elle lève un sourcil interrogateur. Le garçon secoue la tête et reprend le fil du dessin animé qu'il regardait avec Claire.

- Claire, Jacob et moi on n'est pas amoureux, c'est comme ça, on est amis. Tu comprends ?

Elle acquiesce, visiblement triste de cette nouvelle et décide de s'asseoir à côté d'Haven sur le canapé, Quil s'installe aussitôt à ses côtés.

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La neige a enfin pointé le bout de son nez. En une demi-heure, il est tombé vingt centimètres sur le sol. Haven est bloqué à Forks, les bus étant immobilisé à la gare routière. Pourquoi a-t-il fallu qu'elle aille chez le médecin ? Non, pourquoi a-t-il fallu qu'il neige aujourd'hui ?!

Emmitouflée dans son manteau, son écharpe cachant le bout de son nez, la jeune fille avance dans les rues de Forks. Elle a froid, malgré ses gants et ses bottes rembourrées, mais elle doit avancer, elle ne peut pas rester à Forks toute la nuit ! Elle a école demain…

Au bout de deux longues et terribles heures, elle finit par arriver, à l'embouchure de La Push Road. Combien de temps allait-elle mettre pour rentrer ? Haven soupire en enclenche sa marche. Si elle ne démarre pas maintenant, elle ne démarrera jamais.

Elle a bien tenté de joindre ses parents, mais les lignes sont saturées et la neige doit certainement bloquer les voitures. Haven grelotte, elle est trempée et glacée jusqu'aux os. Cela fait une voir deux heures qu'elle marche sur La Push Road et la neige ne s'est pas arrêtée de tomber depuis. Elle soupire regardant droit devant elle, il lui restait encore du chemin à parcourir pour arriver à la réserve…

Tut tut !

Elle a rêvé ou quelqu'un vient de klaxonner derrière elle ? Elle se retourne vivement et voit un 4x4 gris, équipé de solides chaînes sur les roues, ralentir à côté d'elle. « Merci » se dit-elle en regardant le ciel. Le conducteur se penche et ouvre la portière côté passager.

- Tu es certainement la personne la plus stupide que je connaisse ! râle celui-ci. Allez, monte.

Haven reste béate. C'est Paul.

- Je ne foutrais pas un pied dans ta voiture, crache-t-elle.

- Sérieusement ? Il neige, la température extérieure dégringole, tu es trempée, gelée, frigorifiée et toi, tu trouves le moyen de râler parce que JE te proposer de te ramener ?

Haven ne répond rien, elle soutient le regard désolé que Paul lui lance. Elle doit faire peine à voir…

- Tu sais quoi ? Crève toute seule dans le fossé, on ne pourra pas me reprocher de n'avoir rien fait, grogne le garçon.

Il se penche de nouveau pour attrape la poignée de la portière afin de la refermer, mais Haven l'arrête en posant sa main, gelée, sur son bras.

- D'accord, obtempère-t-elle, je monte.

Paul lui saisit la main et l'aide à grimper dans le 4x4. Une fois assise dans le véhicule, elle prend conscience de son état. Elle se met à trembler avec force, comme si elle pouvait enfin montrer qu'elle a froid.

- Tu devrais retirer tes vêtements, tu n'arriveras pas à te réchauffer sinon, lui conseil Paul, gentiment.

- Pardon ? s'interloque-t-elle.

- Je ne vais pas te violer, du calme, j'ai des couvertures à l'arrière, enfin, fait comme tu veux, déclare-t-il en haussant les épaules.

Il repasse sa première et démarre. Haven retire ses gants, ses chaussures et ses chaussettes. Elle ne va quand même pas se foutre en sous-vêtement devant Paul, non mais… Mais elle était si bien sans ses chaussettes trempées… Elle rougit et commence à déboutonner son jean. Tant pis ! Après s'être débattue avec son jean, elle récupère la couverture à l'arrière du véhicule qu'elle place sur ses genoux. C'est vrai qu'elle est bien comme ça, au sec.

Haven retire son manteau qu'elle laisse tomber à ses pieds avec le reste de ses vêtements. Du coin de l'œil elle voit que Paul se moque d'elle. Oui, elle grelotte encore, mais elle ne va quand même pas retirer son haut ! Si ? Enfin ce n'est pas qu'elle est pudique, mais c'est Paul qui est à côté d'elle…

Haven se contorsionne de nouveau et récupère la seconde couverture. Elle retire vivement son gilet est son haut puis s'enroule dans le plaid. Paul sourit en coin en observant la jeune fille emmitouflée dans sa couverture, c'est à peine s'il voyait son visage !

Le trajet est tout de suite plus agréable et plus rapide pour Haven. Heureusement que Paul est passé par là… Il se stationne devant la maison des McGeller et descend du véhicule. Haven commence à se rhabiller quand sa portière s'ouvre.

- Laisse, grimpe sur mon dos, lui dit-il, se tournant dos à elle.

Haven ajuste ses couvertures autour d'elle et s'accroche à Paul. Ce dernier la transporte jusqu'au porche de la maison. À peine a-t-elle retrouvé de la stabilité sur ses pieds qu'il lui rapporte déjà toutes ses affaires et à peine l'a-t-elle remercié qu'il est déjà parti.

La porte s'ouvre sur une madame McGeller de prime abord soulagé de voir sa fille puis décontenancée par sa tenue. La jeune Quileute récupère ses affaires au sol et pénètre dans la maison chauffée au feu de bois.


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