CHAPITRE 8

Haven fixe son attelle. A avoir dansé comme une folle, elle a écopé de quinze jours supplémentaires. Aujourd'hui elle a rendez-vous chez Emily et Sam. Elle essaye de faire bonne figure devant ses amis, de montrer à Paul qu'elle n'est pas faible et que ses mots ne l'on pas blessés.

Comme à chaque fois, la jeune fille est accueillie avec grand plaisir. Emily est en pleine préparation du repas du soir et Haven se fait une joie de l'aider. L'après-midi passe à une vitesse affolante, entre la préparation des plats pour une vingtaine de personne et la préparation des desserts, la Quileute n'a pas vu le temps passer.

Le repas d'Emily est délicieux et l'ambiance est joyeuse. Haven en oublie même la présence de Paul à l'autre bout de la table. Au cours du dîner, Quil raconte l'anecdote des quadruplés ce qui à don de faire rire l'assemblée.

- En parlant de ça, j'ai rencontré quelqu'un ! annonce Haven, rebondissant sur l'histoire. Est-ce que mes frères m'autorisent à sortir au cinéma avec lui ? les interroge-t-elle en souriant, mais un bruit de verre se brisant ce fait entendre.

- E... Oh Emily je suis désolé ! s'excuse Paul, la main levée comme s'il allait boire.

- Ce n'est rien ! Tu n'as rien, personne n'a rien ? s'empresse-t-elle de demander.

- Quelques éclats de verre dans l'assiette mais rien de grave ! lance Leah.

« Comment cet imbécile a pu casser un verre à main nues ? » se demande Haven. La table est vite débarrassée afin d'éviter que quelqu'un n'avale du verre sans s'en rendre compte. Par chance il ne restait plus grand-chose dans les plats. Emily apporte rapidement le dessert afin d'écouter Haven expliquer les circonstances de sa rencontre. Le garçon s'appelle Brett et elle l'a connu sur le site internet de fan de l'auteur H. Wolf. Bien évidemment, Haven garde secret le fait que l'auteur en question, c'est elle.

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- Vous avez le droit à une calculatrice, annonce l'examinateur.

Haven sort son matériel et soupire un grand coup. C'est son dernier examen et celui qu'elle redoute le plus, la biologie. La Quileute décortique son sujet avant de commencer une quelconque rédaction. La biologie marine n'est pas son fort et voilà qu'elle tombe sur ce sujet !

Elle commence répondre aux questions, elle a l'impression que sa main écrit toute seule. Les deux heures d'épreuve passent à une vitesse affolante. Hors de la salle, la jeune fille pousse un soupir de soulagement. Pour la plupart des élèves ce n'est qu'une formalité, car ils resteront à la réserve après leurs études, mais pour Haven ce diplôme est important, elle en a besoin pour accéder à l'université.

Il aura fallu attendre une dizaine de jours avant d'avoir les résultats. Les examens se sont bien déroulés pour tout le monde. Pour l'occasion, les professeurs aiment organiser une petite cérémonie de remise des diplômes. Cette occasion permet à tout le monde se féliciter et de se remémorer les souvenirs d'école.

Haven est invitée pour le reste de l'après-midi chez Jake. C'est la première fois qu'elle entre chez lui. Elle rencontre officiellement Billy Black, bien qu'elle l'ait déjà vu beaucoup de fois. C'est un homme influent parmi les anciens, il en est le chef.

D'abord mal alaise, Haven se détend au contact du père de son amis. Après tout, ce n'est pas tous les jours que l'on boit le thé avec Billy !

- Oh, Haven, je voudrais te donner quelque chose... annonce le chef des anciens.

- Euh, je ne sais pas si je peux accepter...

- Crois-moi qui si ! Suis-moi ! ordonne-t-il.

La jeune fille s'exécute. Billy l'amène dans une salle faisant office de bibliothèque d'où il y tire un gros livre, très vieux, mais en parfait état. Il le lui donne.

- Ce sont les légendes qui m'ont été transmises par mon père et qui les à lui-même reçues de son père..., sourit-il, c'est pour toi.

- Mais c'est à Jacob de recevoir ce cadeau !

- Un petit quelque chose me dis que tu seras une meilleure ancienne que lui ! rit-il.

- Pardon ? s'étonne-t-elle.

- Je préfère que ce soit toi qui le gardes, c'est important pour moi.

- Ça me touche vraiment, merci Billy !

- Oui, tu feras une excellente ancienne ! conclue-t-il.

Jacob, appuyé sur le chambranle de la porte, sourit à son amie. Haven serre l'ouvrage contre elle et promet d'en prendre soin.

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Suite à l'obtention de son diplôme de fin d'année, Haven a donné rendez-vous au garçon qu'elle a rencontré, Brett. Ils se rencontrent pour la première fois au cinéma de Port Angeles. En entrant dans le bâtiment, elle a la mauvaise surprise de tomber sur Paul est assis à une table en compagnie d'une fille.

Brett s'approche d'Haven et se présente, il est beau garçon, blond aux yeux verts. Paul en profite pour s'approcher et saluer sa camarade de façon tout à fait calculée.

- Haven ! Je ne savais pas qu'on se croiserait ici ! C'est marrant, baratine-t-il.

- Oh, vous êtes amis ? On pourrait aller voir le même film ? Ça peut être sympa ! intervient Brett, emplit de bonne volonté.

- Non ! / Bonne idée ! répondent respectivement Haven et Paul au même instant.

- Oh, bah pourquoi ? s'étonne Brett.

- Oui, Haven, pourquoi ? rétorque Paul, la poussant dans ses retranchements.

La Quileute croise le regard de la fille accompagnant Paul, Joanna, pas plus emballée qu'elle par l'idée d'un rendez-vous à quatre.

- Ok, si vous voulez, finit-elle par accepter.

Les quatre amis d'un soir trouvent une séance qui convienne à tous et achètent leurs tickets. Ils prennent place dans la salle selon un ordre bien précis : Joanna, Paul, Brett et Haven.

Pendant le film, Paul et Joanna ne cessent de se tripoter, ce qui gêne foncièrement Haven tandis que Brett les observe distraitement. Pourquoi agissent-ils ainsi dans un lieu public ? « Ils n'ont pas honte ! » songe-t-elle en essayant de se concentrer sur le film. Soudainement, elle sent la main de Brett se poser sur sa cuisse puis la caresser. Prise d'un haut le cœur, elle se relève précipitamment.

- Il faut que j'aille aux toilettes, déclare-t-elle en forçant le passage.

Son cœur bat à toute vitesse, il n'a pas osé faire ça ? Si ? Lorsqu'elle passe devant Paul, elle capte son regard moqueur. Sans y faire attention, elle quitte la rangée de sièges en se faisant la plus discrète possible. Elle remonte l'allée centrale en direction de la sortie, lorsqu'elle trouve une place libre. La jeune Quileute s'assoit, après accord du voisin, et continue de regarder son film le cœur encore battant.

A la fin de la séance, Haven retrouve ses trois compagnons de fortune. Brett se précipite à sa rencontre, lui demandant où elle était passée. La jeune fille raconte qu'elle n'a pas voulu déranger en revenant à son siège et qu'elle s'est installée à une place libre à l'entrée de la salle.

- Tu aurais dû revenir ! insiste le garçon.

- Non, c'était aussi bien comme ça, se défend-elle, chacun a profité de son film sans que je fasse bouger toute la rangée, termine-t-elle en soupirant discrètement.

- La prochaine fois, n'hésite p…

- Ouais, ouais on a compris Brett, le coupe Paul, laisse-la respirer ! gronde-t-il. Elle ne voulait pas gêner, son intention était louable.

Haven le remercie du regard. Elle en profite pour prétexter tomber de fatigue et demande à Paul s'il peut ou pas la ramener chez elle. Brett lui propose aussitôt de la raccompagner, mais Paul le coupe encore une fois.

- T'embête pas mec, on est voisin, dit-il avant de se tourner vers Haven, on dépose Joanna et on rentre, on a de la route.

Ladite Joanna ne paraît pas ravie de cette nouvelle, mais acquiesce sans rien dire. Haven salue Brett en mettant le plus de distance possible avant de quitter le cinéma en compagnie de Paul et Joanna.

Dans la voiture, la jeune Quileute prend place à l'arrière du véhicule sans un commentaire car Joanna s'est installée à côté de Paul. Le petit couple roucoule tout du long du trajet sans faire attention à la passagère invitée. Haven manque de leur lancer plusieurs remarques acerbes mais se retient.

Paul dépose Joanna au pied d'un immeuble en périphérie de Port Angeles dans un quartier un peu paumé. « Voilà qu'ils se roulent des galoches à n'en plus finir ! » peste Haven en silence. Elle sort du véhicule, pour signaler à la copine de Paul qu'il est temps pour elle de partir, cette dernière râle et quitte le véhicule. Haven prend sa place et claque la porte avant même que Joanna n'ait fini de parler.

- Démarre, ordonne-t-elle et Paul s'exécute, t'as fini ton petit jeu ? Tu veux quoi à la fin ?

- Toi.

- Ce n'est pas moi qui suis partie en disant que je regrettais, rétorque-t-elle.

Haven se laisse aller contre la vitre et observe le paysage dans la pénombre pendant tout le reste du trajet.

La route direction Forks est fluide le soir et le trajet dure moins d'une heure. Paul se stationne devant la maison des McGeller et Haven sort du véhicule sans un mot. Avant de refermer la porte, elle se penche et regarde Paul dans les yeux.

- C'est toi qui as merdé, maintenant assume, déclare-t-elle, les yeux humides.

Le lendemain la jeune fille se réveille les paupières collées par les larmes séchées. Elle a pleuré toute la nuit au téléphone avec Jill.

Elle se prépare afin de se rendre chez sa meilleure amie. Elle en avait gros sur le cœur et avait besoin d'une journée entre copine. Elle s'y rend à pied.

- Oh, ma chérie... se lamente la mère de Jill en ouvrant la porte, JILL ! HAVEN EST LÀ !

Jill descend en quatrième vitesse et prend son amie dans ses bras puis elle la regarde bizarrement. Son père prétexte un match de foot à regarder chez un ami et s'en va afin de les laisser entre femme.

- Bon, chérie, on va s'occuper de toi ! dit Jill.

Haven ne comprend pas mais se laisse faire lorsque Jill la prend la main et la tire devant la glace. La jeune fille a un épi dans les cheveux et porte une tenue complètement dépareillée : jogging rose et t-shirt bleu.

Alors qu'Haven se fait chouchouter par sa meilleure amie, monsieur McGeller, le père d'Haven, se rend chez les Lahote. Monsieur et madame Lahote sont étonnés de le voir, alors il leur explique, dépassé par la situation, qu'il doit discuter avec Paul de sa fille, de ses sentiments ou plutôt de leurs sentiments respectifs.

Ils consentent à laisser entrer le visiteur et lui indique la chambre de Paul. En arrivant dans la chambre, il voit Paul assit sur son lit, un magazine dans les mains. Monsieur McGeller s'aperçoit immédiatement qu'il fait semblant de lire et qu'il avait entendu ses pas en direction de la chambre. Monsieur McGeller soupire avant de s'asseoir sur la chaise de bureau qu'il a préalablement tourné pour faire face au garçon. Il soupire de nouveau avant de commencer à parler :

- Ma fille a pleuré toute la nuit, commence le père d'Haven, elle a pleuré toute la nuit, répétant sans cesse à Jill qu'elle est amoureuse de toi et que tu as joué avec ses sentiments, explique-t-il en soupirant une nouvelle fois, tu veux savoir ce qui me fatigue le plus ? demande-t-il alors que Paul hoche la tête. C'est que tu es un imbécile qui aime une fille, ma fille, sans avoir le courage de lui dire.

- Il ne se passe pas une minute sans que je pense à elle, son sourire ou son odeur ! se lamenter Paul. Bien évidemment que je l'aime !

- Alors, qu'est-ce qui t'empêche de lui dire ?

Le père de la jeune femme se lève, lui lançant un dernier regard d'encouragement avant de s'en aller. Paul jette son magazine à travers la pièce et se prend la tête dans les mains.

De son côté, après avoir été chouchoutée par Jill, Haven se retrouve tout apprêtée. La Quileute traîne chez son amie pour le reste de l'après-midi. En début de soirée, elle ressort de la maison de bonne humeur et détendue. Elle aperçoit la voiture de Paul garée en face et piquée au vif, elle décide de le confronter.

- Qu'est-ce que tu fiches ici ? gronde-t-elle en ouvrant sa portière. Tu me suis maintenant ?

- Je m'inquiète, s'explique-t-il.

- Je ne vois pas pourquoi, grogne-t-elle, j'étais avec Jill, ma meilleure amie.

- Ecoute, je t'ai laissé en pleure hier soir, j'ai le droit de m'inquiéter non ? clame-t-il. Haven, je t'aime !

- Si tu m'aimes, pourquoi t'es partis ? l'invective-t-elle. Hein, pourquoi Paul ?

- Parce que j'ai peur des sentiments que j'ai pour toi ! s'écrit-il.

La jeune fille recule d'un pas, abasourdie. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? Le cœur battant à tout rompre, elle s'enfuit en courant.

Haven rentre chez elle en pleurant. Elle a passé une super journée et il a fallu que Paul vienne tout gâcher encore une fois. « Il a peur de ses sentiments ! Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre ! » peste-t-elle.

Sa sœur, ses neveux et son beau-frère sont invités cet après-midi, si elle avait su, elle ne serait pas allée chez Jill… Elle les salue rapidement et monte dans sa chambre. Il lui faut digérer les récents événements. Quelques minutes après, quelqu'un toque à la porte, surement sa sœur.

- Entre, sanglote-t-elle.

- Tatie, moi je n'aime pas bien quand tu pleures… se désole Micky.

Haven essuie ses larmes alors que son neveu se blottis contre elle. Hunter, son beau-frère, s'assoit sur le lit à côté d'elle. Il passe un bras autour de ses épaules et la berce contre lui, Haven se laisser aller et lui raconte toute l'histoire.

- Et toi alors, qu'est-ce qu'il te fait peur ? la questionne Hunter.

- Je ne sais pas, je n'ai jamais été amoureuse avant…

- Alors, qu'est-ce que tu attends ?

Oui, qu'est qu'elle attend ? Hunter reste avec elle pendant quelques minutes avant de la laisser réfléchir seule à son problème. Elle tourne et retourne la question dans son esprit. Que faire ? Haven prend une grande inspiration et se lève. Elle dévale les escaliers et quitte la maison. Elle court à travers La Push, si Paul devait aller se réfugier quelque part, ce serait chez Emily.

En périphérie de la maisonnette, une bonne odeur de tarte à la rhubarbe parvient au nez de la jeune Quileute. Plus elle s'approche, plus en entend les rires et les brimades de ses amis. A bout de souffle, elle ralentit sa course pour finalement se mettre au pas.

Haven toque à la porte et demande à voir Paul, se dernier se présente à elle en soupirant discrètement. Elle noue se bras autour du cou du garçon et l'attire vers elle pour l'embrasser. Elle n'imaginait pas pouvoir embrasser comme ça et surtout pas Paul. Lorsqu'ils se détachent l'un de l'autre, la jeune fille sourit, le rouge aux joues.

- J'aime bien quand tu souris comme ça, avoue-t-il, souriant à son tour.

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