Mercredi 5 août 1998,
« Le petit-déjeuner est prêt mes enfants ! »
Violette était déjà réveillée depuis quelques minutes, et la voix de Molly amplifiée grâce au Sonorus la fit bondir hors de son lit.
Étrangement, Ginny et Hermione dormaient encore profondément et ne semblaient pas l'avoir entendue.
La mère de famille avait l'air d'être de très bonne humeur ce matin.
« Bon sang. Ronchonna Violette »
La jeune sorcière l'était un peu moins.
Elle était affreusement fatiguée et les courbatures dans ses jambes lui donnaient l'impression qu'une force invisible les lui arrachait.
Elle dut se rassoir sur le matelas quelques minutes afin de ne pas s'effondrer sur le tapis.
Une fois de plus, Fred et Violette n'y étaient pas allés avec douceur.
Elle devait assumer ses bêtises, mais cela n'empêchait pas le fait que le réveil était vraiment compliqué ce matin.
La jeune femme resta un instant assise, songeuse.
Une odeur de pain grillé s'éprit de son odorat, mais elle n'y fit bientôt plus attention.
Son regard se perdit dans les faibles rayons de soleil qui parvenaient à traverser les rideaux rouges de la chambre.
Violette avait l'impression que Fred était encore avec elle.
Elle pouvait presque le sentir derrière elle, comme cette nuit.
Son souffle chaud s'écrasant contre sa nuque, ses mains aux longs doigts fins qui caressaient ses cuisses avant de les écarter.
Les mots doux qu'il lui avait murmurés résonnaient toujours dans sa tête.
Son corps frissonna à nouveau lorsqu'elle se souvint du plaisir qu'il lui avait procuré.
La sorcière baissa la tête et soupira longuement. Un regret amer venait de la submerger.
Elle s'en voulait du plus profond de son être.
Elle avait à nouveau craqué, à une vitesse sans égal.
Violette s'était jetée dans les bras du rouquin sans qu'il n'ait besoin de rien faire, et cela la dépitait de se savoir si faible.
Elle avait cédé à ses avances alors qu'elle voulait avant tout lui faire part des sentiments qui étaient restés bien trop longtemps enfouis en elle.
La jeune femme s'était dégonflée, comme d'habitude, et elle s'était réfugiée dans son déni en se donnant à Fred.
Elle essayait de se rassurer en se trouvant des excuses, pitoyables, mais des excuses tout de même.
Elle se disait que lundi, ainsi que toute la journée d'hier, ils n'avaient cessé de se chercher et qu'une tension insupportable s'était répandue autour d'eux, les menant à ne plus pouvoir résister à l'interdit hier soir.
À tel point qu'ils l'avaient fait dans le salon, là où n'importe qui aurait pu les surprendre.
Le danger les attirait tels des aimants et ils s'en délectaient avec une passion qui les unissait chaque jour un peu plus.
Violette se mit à glousser un instant en se rappelant ce moment sur le canapé.
Avant de retrouver cette déception désagréable qui la tiraillait intérieurement.
Ce qu'elle ressentait pour Fred l'assena tel un coup de massue.
Elle avait toujours autant de mal à l'accepter, c'était terriblement difficile pour elle de l'assumer, car elle avait longtemps cru pouvoir vivre sans ce sentiment qui lui faisait peur.
Mais elle avait besoin de plus désormais, elle ne pouvait plus se contenter de leur aventure qui devait rester secrète.
Violette voulait passer ses journées et ses nuits avec le rouquin, et non plus que quelques heures éparpillées par-ci par-là.
Violette refusait de n'être qu'un passe-temps dans la vie de Fred, et elle avait besoin de savoir si le sorcier partageait ce qu'elle ressentait.
Il fallait qu'elle se débarrasse de cette angoisse qui la hantait depuis hier.
Cette angoisse qui lui chuchotait que le rouquin ne faisait que de s'amuser avec elle.
Ce soir, après le travail, elle lui parlerait. Elle devait en avoir le coeur net et apaiser les maux qui la tourmentaient.
Cette fois, Violette ne se défilerait pas.
Soudain déterminée et motivée, la jeune femme se leva enfin.
Elle enfila un bas de pyjama après avoir passé la nuit en sous-vêtements tant le Terrier retenait la chaleur étouffante de la journée, même lorsque le soleil se couchait.
Dans les escaliers, certaines marches se mirent à grincer et Violette entendit la voix de Fred s'élever depuis la cuisine.
Elle eut aussitôt la boule au ventre.
« Tiens tiens, qui est donc ma première victime ? S'exclama-t-il »
La sorcière fronça les sourcils, que voulait-il dire ?
Lorsqu'elle arriva dans la cuisine, elle découvrit le rouquin, assis seul à table.
Molly était probablement partie dans le jardin.
Et Fred tenait le caméscope de son père devant son visage.
Il était en train de filmer Violette.
« Eh bien voyez-vous ça ! Pour une fois qu'Atkins est la première debout, ceci est un miracle chers amis ! Se moqua le jeune homme en parlant à la caméra »
Violette lui fit de gros yeux tout en s'approchant.
Elle devait être affreuse avec sa tête du matin et il osait la filmer sans la prévenir.
Toutefois, elle ne réussit pas à retenir un sourire en voyant à quel point Fred était émerveillé devant cet objet moldu.
Il s'amusait comme un enfant.
« Je peux savoir ce que tu fais ? S'esclaffa-t-elle
- Je veux filmer vos têtes ainsi que vos réactions au réveil. Cette caméra va créer de très beaux souvenirs, j'en suis persuadé. Viens t'asseoir à côté de moi, on va bien se marrer. L'invita le rouquin en tapotant de sa main libre la chaise à sa droite »
Les rires de Violette redoublèrent et sans plus attendre elle s'installa aux côtés de Fred.
Il venait de prendre une douche et ses cheveux dégageaient une odeur fruitée, ce qui la fit succomber.
Maintenant qu'elle se rendait compte de ce qu'elle ressentait pour lui, la sorcière perdait d'autant plus ses moyens dès lors qu'elle n'était à quelques centimètres de lui.
Fred était simplement en train de faire l'idiot avec un caméscope, et cela suffisait à rendre Violette dingue de lui.
Comment pouvait-elle craquer si vite, elle qui n'avait encore jamais connu de tels sentiments ?
La jeune femme se rapprocha légèrement afin de regarder l'écran de la caméra avec le rouquin, leurs épaules se collant l'une contre l'autre.
« Nous attendons notre prochaine vedette. Qui sera-t-elle ? Ronald Weasley le Détraqueur qui va aspirer tout notre petit-déjeuner ou encore Harry Potter le Sauveur ? Conta le rouquin derrière l'objectif, tenant en haleine les spectateurs qui regarderaient un jour cette vidéo »
Violette remarquait parfois que Fred lui jetait quelques coups d'oeil avec un air malicieux sur le visage, comme s'il voulait s'assurer que ce qu'il disait la faisait au moins sourire.
« Oh, les escaliers viennent de grincer. Quelqu'un arrive ! Annonça la sorcière, rentrant dans le jeu de Fred »
C'était Harry.
Il ne réalisa pas tout de suite qu'il était filmé car il se frottait les yeux.
Puis il replaça ses lunettes et se figea un instant en découvrant le caméscope qui était pointé sur lui.
Son premier réflexe fut d'agiter sa main, saluant la caméra, avant de se frotter la nuque, gêné.
Fred et Violette pouffèrent de rire devant sa réaction si innocente. Ils lui expliquèrent ensuite leur petite expérience, ce qui fit sourire l'Elu alors qu'il prenait place à table après s'être servi du thé.
« Vous devriez vendre cette vidéo à la Gazette du sorcier, ils vous l'achèteront une fortune puisque je suis dessus. Les taquina Harry avant d'engloutir une énorme bouchée de sa tartine
- Quelle confiance en soi Harry, tu fais des progrès. Je suis fier de toi. Ricana Fred qui avait reporté l'objectif du caméscope vers les escaliers »
Ron fut le suivant.
Ses yeux étaient à peine ouverts et il grommelait dans sa barbe en se plaignant de son manque de sommeil.
Lorsqu'il découvrit que son grand frère le filmait, il se contenta de lui faire son plus beau doigt d'honneur avant de se ruer sur le pain grillé qui était encore chaud.
« Misère que c'est vulgaire. Les enfants ne pourront plus regarder mon oeuvre à cause de toi Ronnie. Râla Fred d'un air faussement agacé »
Ginny et Hermione arrivèrent en même temps et leurs cheveux étaient complètement décoiffés.
Visiblement, personne n'avait suffisamment dormi cette nuit.
En remarquant le caméscope, la brune posa les mains sur ses hanches et fixa l'appareil d'un air sévère.
« Tu sais Fred, il existe un droit qui s'appelle le droit à l'image. Je ne vais pas hésiter à l'utiliser, notamment si c'est pour me filmer au réveil. Pesta Hermione
- Décidément, vous faites la paire Ron et toi. Vous êtes aussi doués qu'Ombrage pour casser l'ambiance. Souffla le sorcier en roulant des yeux »
La rouquine quant à elle décida de lâcher un petit pas de danse qui n'avait absolument aucun sens mais qui fit bien rire son audience, avant d'attraper une pomme et de croquer dedans.
« Ça c'est bien ma soeur ! Sourit Fred, fier d'elle »
George fut donc le dernier à arriver.
Des mèches de cheveux tombaient devant ses yeux et son t-shirt était à l'envers, mais il fit un grand sourire en découvrant ce que son jumeau était en train de faire.
Alors, le rouquin pointa sa baguette vers sa bouche et s'en servit comme micro, puis il hurla :
« Oh, baby, can't do this to me, baby, just gotta get out, just gotta get right outta here ! »
Queen, bien évidemment.
Il n'avait cessé de chanter les chansons de ce groupe les deux derniers jours.
Violette gloussa.
Puis, George se mit à jouer de la guitare en mimant avec ses mains.
Il se donna à fond pendant quelques secondes, sous les encouragements de Fred, et il finit par faire une révérence avant de faire son clin d'oeil le plus charmeur à la caméra.
« Fiou, une chanson de malade ! S'émoustilla-t-il en s'asseyant à côté de Ron
- Coupé ! Déclara Fred en appuyant sur le bouton afin de mettre fin à la vidéo »
Violette et lui la regardèrent pour voir le rendu final, tandis que les autres prenaient leur petit-déjeuner en prévenant Fred que s'il comptait diffuser ce petit film, cela irait mal pour lui.
Les deux sorciers s'esclaffèrent lors de chaque arrivée de leurs amis, leurs réactions reflétaient parfaitement leurs caractères.
« Cette idée était brillante Fred, nous allons bien rire dans quelques années. Le complimenta la sorcière
- Merci à toi Atkins, d'admettre que je suis le jumeau qui a toujours les meilleures idées. La taquina-t-il en lui faisant un petit sourire en coin, tournant la tête vers elle »
Violette leva les yeux au ciel en pouffant.
Leurs épaules étaient encore l'une contre l'autre, alors la jeune femme décida de s'éloigner lorsque Fred posa la caméra sur la table.
Elle ne voulait pas que leurs amis remarquent ce petit rapprochement.
Sauf que le rouquin n'était pas d'accord.
Discrètement, il saisit la cuisse de Violette avec sa grande main afin de la retenir.
Et, s'assurant que personne ne les observait, il lui souffla le plus doucement possible, au plus près de son oreille :
« La prochaine vidéo te sera uniquement réservée, Vi. »
Les joues de la sorcière s'empourprèrent aussitôt et elle détourna le regard tout en se dégageant de son emprise.
Elle se pinça les lèvres afin de retenir un sourire. Elle avait hâte de découvrir ce qu'il insinuait.
Attends seulement de voir ce que moi je te réserve, Fred.
Après cet échange, ils mangèrent en silence et profitèrent de leurs dernières minutes de répit avant la longue journée de travail qui les attendait.
Le jus de citrouille que Molly avait préparé était exquis, bien meilleur que ceux achetés en magasin.
Elle avait ajouté plus d'épices que d'habitude et l'odeur était divine.
Cela rappelait à Violette les soirées d'automne à Poudlard.
Tour à tour, les sorciers se préparèrent dans la salle de bains.
Une fois habillée et subtilement maquillée, Violette redescendit.
En bas des escaliers, elle se stoppa net en découvrant Molly, Arthur et Ron qui étaient assis sur le canapé du salon.
« Bonjour Violette, tu es radieuse ma chérie ! Lui lança la mère de famille avec un sourire rayonnant »
La sorcière eut un petit rire nerveux et s'empressa de lui répondre.
« Je vous remercie Madame Weasley. »
Elle salua brièvement Arthur et se rua vers la cuisine.
Une gêne immorale était en train de l'envahir en repensant à cette nuit.
Molly et son mari étaient assis pile à l'endroit où Violette avait couché avec leur fils quelques heures plus tôt.
Elle avait si honte.
Fred était adossé contre le comptoir, attendant le reste du groupe, et il remarqua à quel point la sorcière était mal à l'aise.
Il devina très vite pourquoi et il se retint de rire, ne la quittant pas des yeux.
Violette arpenta le rouquin du regard.
Par Merlin.
Qu'il était beau dans cet ensemble brun et élégant, avec sa cravate qui clignotait.
Elle ne s'en lassait jamais.
Toutefois, la jeune femme aperçut dans ses iris noisette qu'il se moquait d'elle et elle lui tira une grimace énervée.
Il n'en avait rien à faire de cette situation embarrassante et il se réjouissait de voir à quel point Violette se sentait honteuse.
« Je te déteste. Grogna-t-elle en se dirigeant vers la chaise où elle avait laissé son sac »
Fred arqua un sourcil, un air faussement étonné sur le visage, et il passa alors derrière Violette, lui susurrant :
« Ce n'est pas ce que tu disais cette nuit. »
La sorcière se retourna dans la seconde et lui donna une tape sur l'épaule, de peur que les autres ne les entendent.
Il ricana de plus belle et l'abandonna afin de rejoindre sa famille dans le salon. Non sans lui faire un dernier sourire sournois.
Il ne s'arrêtait jamais.
Le groupe, une fois prêt, emprunta la cheminée.
À peine eurent-ils le temps d'atterrir dans l'appartement des jumeaux qu'ils se précipitèrent vers la boutique.
Ils étaient en retard.
Avant de quitter son logement, Fred ferma les fenêtres d'un coup de baguette.
La journée s'annonçait chaude et il n'avait pas envie que sa chambre devienne une fournaise.
« Souhaitez-vous reprendre les mêmes postes qu'hier ? Demanda-t-il alors qu'il descendait les immenses escaliers du magasin
- Moi cela me convient, vous avez besoin de quelqu'un de fort pour protéger les Boursouflets de tous ces garnements ! Répondit Ron en bombant le torse »
Hermione et Ginny gloussèrent, tandis que George roulait des yeux suite à cette remarque.
« Parfait, alors c'est parti ! Déclara Fred en replaçant correctement les manches de sa chemise »
Weasley, Farces pour sorciers facétieux fut aussi bondé que la veille.
Heureusement, les jumeaux avaient prévu le coup et avaient réapprovisionné leur nouvelle collection.
Elle se vendait plus vite que leurs bonbons les plus célèbres.
« Je crois que nous allons devoir retourner dans ta maison de vacances Atkins, notre réserve de Glorafin va bientôt être épuisée. Lui lança Fred qui l'aidait à ranger les potions sur l'étagère
- Aucun problème Weasley, je vous y emmènerai dès qu'elles repousseront. Lui assura Violette avec un petit sourire
- J'ai hâte. Lui dit-il d'un ton à la fois taquin et sincère »
Fred déposa les dernières fioles puis il partit vers deux clients qui attendaient pour être conseillés quant aux feux d'artifice.
Ils racontèrent au rouquin qu'ils allaient fêter un anniversaire et qu'ils souhaitaient acheter ce qu'il y avait de plus explosif.
Ils s'adressaient à la bonne personne.
Tout comme Seamus, Fred était plutôt fan de la pyromanie.
Cette pensée fit rire la jeune femme.
Non loin de Violette, Hermione et Ginny comptaient le nombre de philtres d'amour restant.
George eut l'envie soudaine de les embêter.
Malgré la musique de la boutique et les cris émerveillés des enfants, Violette parvint à entendre leur conversation.
« Dis donc Hermione, souhaiterais-tu en prendre un pour notre cher Ronron ? »
La brune poussa un long soupir désespéré.
« Cela risque de t'étonner George, mais je n'en ai absolument pas besoin. Et puis, ce ne serait pas pour Ron mais pour Viktor. »
George et Ginny firent de gros yeux.
Le premier fut choqué d'entendre une telle révélation, la seconde était étonnée de voir que son amie ne comptait plus garder cela secret.
« Hermione Granger et Viktor Krum à nouveau réunis ? Alors ça pour une nouvelle ! J'ai l'impression de lire un article de Rita Skeeter ! Plaisanta George
- Eh bien essaie de ne pas répandre la nouvelle aussi vite qu'elle. Gloussa Hermione
- Freddie, t'as entendu ça ? Hermione en pince pour notre bulgare préféré ! Cria le rouquin
- Viktor je t'aime, oui je t'adore ! Chanta Fred à l'autre bout du magasin
- C'est pas vrai. Pesta Hermione en bousculant George afin de retourner vers la caisse où quelques clients attendaient
- Calmez-vous un peu. Soupira Ginny en toisant son grand frère
- Tu sais que l'on déteste être calmes. Répliqua George »
Violette rit dans son coin. Qu'est-ce qu'ils pouvaient être chiants parfois.
La fin de matinée fut plutôt éprouvante pour les sorciers.
Les visiteurs étaient si excités de découvrir la boutique qu'ils mettaient tous les articles sens dessus dessous et Ginny, Violette ainsi que les jumeaux ne cessaient de passer derrière eux.
Hermione eut très vite besoin de renfort au comptoir et Violette vint l'aider.
Une petite fille venait d'acheter un Boursouflet rose avec ses parents, ainsi que le Manège Atkins.
La sorcière sourit en le voyant.
Elle n'en revenait toujours pas qu'il portait son nom.
« Dis Madame, est-ce que mon hamster peut faire un tour de manège avec le Boursouflet ? Questionna timidement l'enfant, dont la tête dépassait à peine du comptoir »
Violette eut un sourire attendri.
« Bien sûr, je suis sûre qu'il va adorer. »
La fille aux longs cheveux noirs tapa dans ses mains et attrapa le Boursouflet, le serrant contre elle.
La créature poussa alors de petits bruits heureux.
Quelques minutes plus tard, un groupe d'adolescents apparut devant l'étagère où se trouvaient les Boîtes à Flemme.
Elles étaient en hauteur et les jeunes sorciers n'arrivaient pas à les atteindre.
Personne ne semblait les avoir remarqués alors Violette accourut vers eux.
« Laissez-moi m'en occuper, je vais vous attraper ça. Leur sourit-elle »
D'un coup de baguette, elle fit coulisser l'échelle vers elle et se mit à l'escalader.
Elle saisit l'une des boîtes et l'ouvrit afin de vérifier qu'il ne manquait rien.
L'odeur acidulée lui chatouilla le nez et malgré les effets désastreux qu'ils provoquaient, elle eut presque envie d'en manger un.
La jeune femme se souvint alors de cette fois en quatrième année, où les jumeaux avaient commencé à créer leurs farces et attrapes.
Ron et elle en avaient fait les frais.
Trop gourmands, ils avaient goûté à l'un de ces bonbons et étaient tombés malades presque aussitôt.
C'était horrible.
Alors que Violette redescendait doucement afin de ne pas tomber, l'échelle étant tout de même assez haute, les adolescents en dessous d'elle se chamaillèrent assez violemment.
L'un d'entre eux, sans le faire exprès, fut projeté contre l'étagère.
Ce qui fit trembler l'échelle sur laquelle la sorcière se trouvait et son pied glissa sur la marche en bois verni.
La chute fut inévitable.
Violette tomba en arrière et s'étala de tout son long dans un bruit sourd, heurtant une pile de boîtes de Baguettes farceuses au passage.
Elle fut légèrement sonnée sur le coup et ne se redressa qu'au bout de quelques secondes, sous les regards effrayés des adolescents et d'autres clients.
Elle sentit ses joues chauffer tant elle se trouva ridicule d'avoir chuté ainsi.
Bon sang cela n'arrive qu'à moi.
Fred s'était d'emblée rué vers elle.
Il était déjà sur les nerfs depuis une heure, voyant à quel point beaucoup de sorciers ne respectaient pas les articles de sa boutique, et cet incident fut le coup de grâce.
« Prenez cette boîte et allez-vous en ! Gronda le rouquin, dont les sourcils s'étaient froncés »
Les adolescents ne se firent pas prier, n'oubliant pas de se confondre en excuses auprès de Violette.
Elle leur dit que ce n'était rien, qu'elle aurait dû faire plus attention.
Fred, dont l'énervement avait laissé place à l'inquiétude, se baissa près d'elle et posa une main sur son dos afin de la maintenir assise.
Il semblait très soucieux, bien plus que la fois où ils étaient tous deux tombés pendant la partie de Quidditch, et il n'abordait aucun sourire sur son visage.
« Je suis désolé de ne pas avoir pu empêcher cela.
- Fred ça va, ne t'en fais pas. Violette tenta de le rassurer alors qu'elle retirait la saleté qui s'était collée contre la paume de ses mains
- Vi, arrête de... »
Mais il fut coupé par l'arrivée de deux tornades rousses et une brune.
Harry et Ron quant à eux n'avaient rien remarqué, bien trop occupés à l'étage.
« Violette ! J'ai eu si peur, tu as fait une très mauvaise chute. S'enquit Hermione en examinant le dos et l'arrière du crâne de la sorcière »
Elle était tombée sur le dos, en effet, et elle en ressentit quelques douleurs minimes.
Mais son crâne avait à peine touché les boîtes, elle n'avait rien.
« Tout va bien je vous assure. Affirma Violette »
Elle voulut se relever mais Fred l'en empêcha en posant son autre main sur son épaule.
George s'était agenouillé à son tour, voulant être sûr qu'elle n'était pas blessée.
« Au premier coup d'oeil, tu n'as aucune blessure. Mais tu pourrais avoir une hémorragie interne ou que sais-je ! Paniqua soudain Hermione
- Ne lui fais pas peur Hermione, elle n'est pas tombée de dix mètres de haut non plus. Elle n'a pas perdu connaissance donc ça devrait aller. Expliqua Ginny qui avait l'habitude de se blesser lors de ses matchs de Quidditch, et qui savait très bien reconnaître les blessures graves ou non
- Et puis de toute façon, une hémorragie interne, c'est du sang qui s'écoule dans notre corps non ? Alors c'est bon, c'est là qu'il est censé être. Tant que ce n'est pas externe. Ricana Violette »
Hermione, Ginny et George se lancèrent un regard l'air de dire, "peut-être que sa tête a pris un coup au final".
Fred quant à lui se mit à rire, il était le seul à avoir compris sa blague.
Et c'était tout ce qui comptait.
« Bien, retournons au travail ! Il nous reste quelques trucs à faire avant notre pause du midi. S'empressa Violette en retirant les mains du rouquin qui étaient encore posées sur elle
- Atkins. Tu devrais au moins aller te reposer. Lui conseilla Fred »
La jeune femme voyait bien dans ses yeux bruns qu'il se faisait violence pour se montrer sévère avec elle afin qu'elle l'écoute.
Alors qu'au fond, il n'avait qu'une envie, la prendre dans ses bras.
Mais il ne pouvait pas.
« Non merci, je ne suis pas venue ici pour me prélasser. Rétorqua Violette sans prêter une seule attention à ce qu'il venait de dire »
Fred lança un regard désemparé à son jumeau, avant qu'ils ne se mettent à pouffer de rire.
« Très bien Miss Têtue. Tu as intérêt à faire attention. La mit en garde Fred
- On te surveille. La prévint George en pointant un doigt vers elle »
Violette soupira, n'aimant pas être traitée telle une enfant.
Ginny l'aida à se relever et la sorcière retourna aussitôt à ses occupations.
Comme elle l'avait assuré, elle se remit très vite de ce petit accident. Il y avait eu plus de peur que de mal.
L'après-midi arriva vite et les employés ainsi que leurs deux patrons étaient toujours à fond.
Au premier étage, Ginny avait rejoint Harry et Ron car les Boursouflets étaient incontrôlables aujourd'hui.
Ils s'amusaient à grimper sur le dos des uns et des autres jusqu'à créer une tour de Boursouflets, ainsi celui qui était tout en haut pouvait sauter hors de l'enclos et s'enfuir.
Les trois sorciers passaient leur temps à les rattraper grâce à la magie ou en leur courant après.
Les jumeaux s'occupaient des clients tout en réapprovisionnant les étagères qui se vidaient en un rien de temps. Et ce, toujours dans la bonne humeur et en ne manquant pas de lâcher quelques blagues aux plus réceptifs.
Hermione s'était approprié la caisse car elle était la plus douée avec les chiffres.
Violette était constamment demandée auprès de jeunes femmes qui désiraient obtenir quelques conseils sur la nouvelle collection.
La sorcière jouait le jeu avec plaisir. À force d'en parler toute la journée, elle en venait à avoir très hâte de tester ces potions à son tour.
Dès que l'étagère se vidait, elle courrait à l'arrière du magasin afin de chercher du stock.
Elle n'osait pas utiliser la magie, de peur de briser les fioles.
Elle n'aurait jamais imaginé que ce travail allait être si physique, et les courbatures dans ses jambes n'aidaient pas.
Elle ne savait pas comment Fred faisait pour être en forme après la nuit qu'ils avaient passée.
« Et que pensez-vous de la potion Glorafin ? Est-ce une bonne idée de l'utiliser avec une personne que l'on vient à peine de rencontrer ? Questionna une cliente qui devait avoir la quarantaine »
Violette fut un instant intimidée devant la prestance de cette femme qui lui demandait des informations.
Elle était habillée tout en noir et ses cheveux blonds coupés au carré rendaient ses traits du visage d'autant plus durs.
Ses yeux d'un gris perçant étaient hypnotisants et la jeune sorcière eut du mal à s'en détacher.
Mais elle se ressaisit bien vite et lui adressa un sourire poli.
« Une très bonne idée même, il n'y a pas meilleur moyen pour apprendre à connaître quelqu'un je dirais. »
Violette parvint à arracher un sourire à cette sorcière au regard froid et elle fut fière d'elle.
« Bien, très bien. Je vais vous prendre cette potion, ainsi que deux fioles de la potion Weegic. Peut-être que ma fille cessera enfin de toucher à ces cigarettes horripilantes grâce à cela. Dit-elle d'un ton calme
- Assurément Madame, venez avec moi. »
La jeune femme encaissa la cliente et celle-ci la remercia sans lui adresser un seul regard, puis elle partit.
Violette resta de marbre quelques instants.
Cette dame était très étrange, et la sorcière ne sut pas vraiment pourquoi, mais elle espéra ne jamais la revoir.
Plusieurs fois dans l'après-midi, Violette s'arrêtait dans son travail pour regarder Fred du coin de l'oeil.
C'était devenu une habitude dorénavant, elle adorait observer ses moindres faits et gestes.
Elle ne l'avait jamais vu si épanoui que dans son travail et cela l'émerveillait.
Elle aimait tant le voir ainsi.
Si sûr de lui, tout en restant à jamais le même farceur qu'à Poudlard.
Au bout de la quatrième fois, Fred finit par la surprendre en train de le scruter.
Elle détourna alors le regard, ses joues devenant rouges.
Grillée.
Elle fit mine de rien et se concentra à nouveau sur le rangement des Chaudrons Farceurs.
Toutefois, quelques minutes plus tard, alors que ses amis avaient le dos tourné, Violette sentit quelque chose se poser sur son épaule.
C'était si léger qu'elle ne s'en était même pas rendu compte tout de suite.
Elle tourna enfin la tête et y découvrit un petit oiseau en papier.
Un peu plus loin, elle vit Fred, dont les lèvres s'étaient tordues en un sourire malicieux.
Violette s'esclaffa.
« Sérieusement ? Dit-elle en exagérant le mouvement de ses lèvres afin que le rouquin puisse la comprendre de là où il se tenait »
Il se contenta de hausser les épaules, son sourire s'élargissant.
Puis il rejoignit son jumeau qui tentait de dissuader un vieillard qui voulait à tout prix acheter tous les philtres d'amour pour les femmes qui séjournaient dans la même maison de retraite que lui.
« Tu ne cesseras jamais de m'étonner Fred. Murmura Violette pour elle-même »
Sans plus attendre, elle s'empara de l'oiseau en papier et l'ouvrit.
Un mot, écrit à l'encre noire, se dévoila.
"Arrête de me regarder ainsi, ou tes jambes finiront sur mes épaules plus vite que prévu."
En lisant les derniers mots, Violette plaqua une main sur sa bouche et s'empressa de ranger le bout de papier dans sa poche.
Putain de Weasley.
En repensant à cette phrase, des images de cette nuit lui revinrent en tête.
Sauf que ce n'était absolument pas le moment pour penser à cela.
De plus, elle s'était promis qu'elle ne céderait plus à ses avances tant qu'elle ne lui aurait pas avoué tout ce qu'elle ressentait à son égard.
Pour se changer les idées, Violette monta quelques minutes à l'étage. Ses quatre meilleurs amis y étaient.
Harry, Ron, Hermione et Ginny riaient aux éclats alors qu'ils s'occupaient des Boursouflets qui sautillaient dans tous les sens.
Et là, Violette sentit son coeur fondre de bonheur.
Tandis qu'elle assistait à cette scène de pur gaité, la sorcière réalisa que grâce à ces deux semaines dans la maison de vacances, le groupe s'était comme reconnecté.
Le retour de Voldemort, la chasse aux Horcruxes ainsi que la terrible bataille, tous ces événements avaient fait que leur amitié s'était brisée pendant longtemps.
Le Trio d'Or avait perdu de son étincelle et il en était même venu à abandonner Violette et Ginny.
Mais ces vacances avaient permis aux sorciers de retisser les liens qu'ils avaient perdus, et rien ne pouvait rendre Violette plus heureuse.
Les voir si joyeux et insouciants lui avait tant manqué.
Ces deux semaines loin de tout avaient été le point de départ de leur nouvelle vie, c'était un souvenir qu'ils partageaient tous et qui les avait aidés à réparer leurs maux les plus douloureux.
Ce qu'ils avaient vécu, c'était tout comme s'ils avaient écrit un nouveau livre, brûlant l'ancien.
Et dans ce livre se trouvait un chapitre particulier, quelques pages auxquelles Violette tenait beaucoup.
C'était son histoire avec Fred. Qui, elle l'espérait, ne faisait que commencer.
Et la jeune femme ne voulait pas rester coincée dans ce même chapitre, elle avait besoin d'écrire la suite.
Elle désirait plus que tout que leur relation évolue enfin.
Elle attendait cela depuis si longtemps, elle ne s'en était tout simplement jamais rendu compte.
Elle souhaitait que sa nouvelle vie commence avec Fred.
Elle n'arrivait pas à l'envisager autrement désormais.
Violette bavarda brièvement avec ses amis puis elle retourna en bas. Elle ne voulait pas mettre les jumeaux dans le pétrin en les laissant seuls.
D'ailleurs, lorsqu'elle tomba sur eux, ils étaient en train de se disputer.
La sorcière s'approcha, un air moqueur sur le visage.
« Tu sais bien que les Télescopes frappeurs n'ont rien à faire ici George. Tu me fais perdre mon temps avec ton inattention. Râla Fred en prenant les Télescopes en main afin de les remettre à leur place
- Pourtant cette fois-ci je n'ai rien fait. Souffla George, agacé
- Alors pourquoi...
- En fait, c'est de ta faute Fred. Intervint Violette d'un ton assuré, défendant George »
Les deux rouquins se retournèrent vers elle.
Fred lui adressa un regard effaré.
« Tu as abandonné les Télescopes quand je suis tombée ce matin, et tu les as complètement oubliés ensuite. George n'y est pour rien.
- Merci Violette, tu es la meilleure ! »
George attrapa la main de la jeune femme et il y déposa un baiser, puis il se faufila aussitôt vers le comptoir afin d'éviter les foudres de son jumeau.
Fred, les bras croisés, regardait Violette de haut.
« Alors maintenant tu défends mon frère plutôt que moi ? La taquina-t-il
- Je ne fais que dire la vérité, je suis désolée. S'excusa la sorcière, bien qu'elle essayait de ne pas rire
- Atkins tu es vraiment...
- George ! Fred ! »
Ils se tournèrent dans la direction de cette voix féminine.
Et la mâchoire de Violette se serra dans la seconde.
Fait chier.
« Alicia ! Ça faisait longtemps ! Blagua George »
Les jumeaux marchèrent vers elle et ils la prirent dans leurs bras.
Fred n'avait pas hésité à laisser Violette plantée au milieu de la boutique et elle en fut très vexée.
Il avait pourtant bien vu que cela l'avait embêtée de le voir si proche avec Alicia lors de la fête chez Roger, et il recommençait à nouveau.
Mais après tout, c'était Fred.
Il était ainsi, et il ne changerait jamais.
« C'est très gentil de ta part d'être venue nous voir. Se réjouit Fred en faisant son plus beau sourire à son ancienne coéquipière de Quidditch »
Violette soupira longuement avant de se remettre au travail et d'accueillir les clients qui venaient d'arriver.
Elle n'avait plus envie de voir cet échange entre les jumeaux et Alicia.
Comment avait-elle pu être naïve au point de croire qu'il n'y avait qu'elle ?
Certes, c'était ce que Fred lui avait dit dans sa chambre, le lendemain de la fête, mais au final il lui donnait l'impression que ce n'était que des paroles en l'air.
Peut-être même qu'il en baise d'autres, Violette, tu es trop bête. Il n'y aura jamais rien de plus.
Et ce fut ainsi que la sorcière se renferma sur elle-même, comme elle le faisait toujours dès qu'elle était contrariée.
Elle ne voulait pas montrer aux autres que ses émotions prenaient parfois le dessus sur sa raison.
Que ce soit lors de la fermeture, ou encore quand Fred se posta devant le groupe afin de les remercier pour cette journée, les cheveux en bataille et les manches de sa chemise retroussées au point de dévoiler ses veines gonflées, Violette l'ignora totalement, ne posant plus une seule fois les yeux sur lui.
La même scène que la veille se reproduisait, mais cette fois-ci ce fut plus difficile pour la sorcière.
Lorsqu'ils rentrèrent au Terrier, Violette ne discuta que quelques minutes avec Molly et Arthur, avant de filer à la douche.
Les jumeaux ne dormaient pas là ce soir, mais ils restaient manger.
Et la jeune femme n'avait aucune envie d'affronter le regard interrogateur de Fred.
Alors, Violette demeura silencieuse durant tout le repas et elle évita à tout prix de tomber sur les yeux de miel du rouquin.
Elle avait abandonné tout espoir de lui parler de ce qui la tracassait tant, car elle connaissait déjà la réponse.
Elle avait juste envie de partir d'ici.
Une fois le dîner terminé, la sorcière aida à débarrasser la table et elle n'hésita pas une seule seconde à jeter dans la poubelle le papier que Fred lui avait envoyé cet après-midi.
Le rouquin avait vu ce qu'elle venait de faire, et cela le peina grandement.
Mais Violette était bien plus triste qu'il ne l'était.
Elle n'acceptait pas le fait de se retrouver piégée dans un amour qui n'était pas réciproque.
Son esprit était si embué qu'elle ne parvint pas à profiter de la petite soirée dans le salon avec Harry, Ron, Ginny et Hermione.
Elle n'avait pas envie de jouer à leurs jeux de cartes moldus.
« Je vais me coucher, je suis épuisée. Annonça-t-elle d'une voix faible
- Déjà ? Il n'est que vingt heures ! Se plaignit Ginny d'un air attristé
- Je ne tiendrai pas la journée de demain si je continue ainsi. Rit-elle nerveusement
- Je te comprends, je ne vais pas me coucher trop tard non plus. La rassura Harry
- Ah bon tu es sûr de ça ? Lui lança la rouquine en arquant un sourcil »
À côté d'eux, Ron retroussa ses lèvres avec dégoût.
« Évitez de faire ça dans le salon. Grommela-t-il »
À l'entente de cette remarque, Violette dut se retenir de ricaner.
« Bonne nuit vous quatre, à demain ! Leur souhaita-t-elle »
Ses amis la saluèrent chaleureusement et elle monta donc à l'étage.
Et bien évidemment, Fred l'attendait dans le couloir.
« Atkins. »
Violette voulut l'ignorer, se dirigeant vers la porte qui la mènerait dans la chambre de Ginny.
Mais le rouquin entremêla sa main dans la sienne et la tira avant qu'elle n'ait le temps de faire quoi que ce soit.
« Purée Weasley tu... »
En quelques secondes, ils se retrouvèrent tous les deux dans la chambre de Bill et Charlie.
Cette chambre si enfantine et innocente, remplie d'images de dragons accrochées au mur.
Fred plaqua la sorcière contre la porte mais elle n'était pas de cet avis, elle repoussa ses bras qui l'emprisonnaient et s'éloigna de lui.
Se postant au milieu de la pièce.
Le rouquin planta alors son regard dans celui de Violette.
Il se sentait impuissant face au comportement étrange de la jeune femme.
« Qu'est-ce qu'il te prend Vi ? »
La concernée croisa les bras sur sa poitrine et se renfrogna.
Elle ne pouvait pas le fuir constamment, et elle n'aimait pas le voir si tracassé.
« Je... je ne me sens pas très bien ce soir.
- Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? »
Ses yeux d'ambre s'étaient éteints lorsqu'il avait prononcé ces mots.
Il s'en voulait, et Violette regretta aussitôt d'avoir agi ainsi avec lui.
« Non, pas du tout. C'est juste que je... je pense à beaucoup de choses et mon moral en prend un coup. »
Fred considéra un instant les paroles de la sorcière.
Il n'aimait pas la voir ainsi, c'était la dernière chose qu'il désirait, la savoir triste.
Lentement, il marcha vers Violette, jusqu'à s'arrêter à quelques centimètres d'elle.
Alors, il posa sa main sur sa joue chaude et la caressa du bout de son pouce.
Puis il replaça derrière son oreille une mèche de cheveux qui tombait devant ses yeux.
« Merci. Sourit faiblement la jeune femme »
Fred sourit à son tour.
Il n'avait qu'un souhait, la prendre dans ses bras, mais il se doutait bien qu'elle n'avait pas la tête à ça.
« Tu sais que je suis prêt à t'écouter si tu en as envie. Lui rappela-t-il
- Je sais, mais je pense que cela ne servirait à rien. J'ai simplement besoin de penser à autre chose. Avoua-t-elle »
Un sourire taquin apparut sur le visage du sorcier.
« Je pourrais t'aider à oublier tes tracas. »
Violette émit un rire nerveux et elle baissa la tête. C'était bien cela le problème.
Fred ne pensait qu'au sexe car elle continuait de lui faire croire qu'il n'y avait que cela qui les liait.
Ils devaient tout le temps se cacher et ne passaient que très peu de temps ensemble, ce qui faisait qu'ils se sautaient dessus dès lors qu'ils en avaient l'occasion.
Et ça, cela ne pouvait plus durer pour la sorcière.
« Je n'ai pas envie de ça Fred, pas ce soir. Et certainement pas dans une chambre remplie de décorations pour enfants. »
Le rouquin fronça les sourcils.
« Je ne parlais pas de ça, Atkins. Quand j'ai dit que je voulais t'aider, j'insinuais que tu pouvais te défouler en hurlant sur moi, que je t'autorisais à venir pleurer dans mes bras ou même à me raconter tes chagrins jusqu'à quatre heures du matin. Tout simplement. »
Violette releva les yeux vers lui, et un sourire, un vrai cette fois-ci, se dessina sur ses lèvres.
Il était sincère, elle l'avait entendu dans sa voix. Et elle se sentit défaillir.
Elle ne résista plus à cette envie de le sentir contre elle, alors elle se rua dans ses bras.
Et comme d'habitude, Fred l'y accueillit comme si c'était la première fois.
Il la serra le plus fort possible contre lui et il baissa la tête afin d'embrasser le haut de son crâne.
Un simple câlin, une simple preuve qu'il n'était pas que là pour jouer avec elle, c'était tout ce dont elle avait eu besoin pour retrouver le courage de lui faire part de ce qui se cachait au plus profond de son coeur.
« Nous sommes ensemble toute la journée, et pourtant tu me manques à chaque instant. Lui souffla Fred au creux de son oreille, tandis que Violette s'était mise sur la pointe des pieds afin d'atteindre le cou du sorcier et de s'y nicher »
S'il savait à quel point elle ressentait la même chose.
Ne parvenant plus à garder ce secret enfoui en elle, Violette se détacha à contrecoeur du rouquin et elle se recula afin de le regarder droit dans les yeux.
Il était temps.
« Tu as raison, en fait j'ai quelque chose à te dire. Déclara-t-elle d'un ton sérieux »
Intrigué, Fred la scruta intensément, accompagné de son superbe sourire en coin.
Ne succombe pas, Violette, ne succombe pas.
« J'adore quand tu prends ton air si sérieux. Lui susurra-t-il »
Violette leva les yeux au ciel avec un petit rire avant de le fixer à nouveau.
Elle était décidée à aller droit au but.
« En fait, je me demandais... qu'est-ce qu'on est, nous deux ? Est-ce que nous passons juste du bon temps ensemble, ou est-ce qu'il y a plus ? Parce que moi je pense que... »
En une fraction de seconde, une panique soudaine était apparue sur le visage de Fred et il avait aussitôt coupé Violette, l'empêchant de terminer sa phrase.
« Comme tu le dis, nous ne sommes que des amis qui passent du bon temps ensemble. »
Oh.
La douche froide.
Violette eut l'impression que son coeur venait de tomber dans son estomac.
Elle ne s'attendait tellement pas à une réponse si directe qu'elle cessa de bouger, comme si une personne venait de lui lancer un Stupéfix.
Elle regardait Fred sans vraiment le voir, abasourdie, et ses pires démons refirent surface.
Comment avait-elle pu croire qu'il partageait ses sentiments ?
Comment avait-elle osé espérer qu'ils pourraient être... en couple ?
C'était pourtant évident qu'il avait joué avec elle et rien de plus.
Fred resterait à jamais l'éternel dragueur qui ne pouvait être en couple.
Tout comme Violette.
Ils n'étaient pas faits pour ça.
Le rouquin paraissait encore plus dérouté que la sorcière.
Il avait perdu son assurance insolente et il était impossible de déchiffrer son regard dans lequel des dizaines d'émotions fusaient.
« Ce serait bête de gâcher ce que nous avons... non ? Ajouta-t-il, bien qu'il n'avait pas l'air de se rendre compte de ce qu'il disait »
Alors, Violette revint sur terre, brutalement, trop violemment.
Les mots du rouquin l'avaient blessée bien plus profondément qu'un coup de poignard.
Elle tourna un instant la tête sur le côté, et elle soupira de façon à peine audible afin de retenir ses larmes.
Puis elle reporta son attention sur Fred et elle se força à lui faire un sourire qui se voulait être naturel.
« Bien sûr. Ce serait trop bête. Approuva Violette qui souriait toujours »
Le visage du jeune homme abordait encore cette immense panique.
La sorcière ne comprenait pas cette réaction, mais ce dont elle était persuadée, c'était qu'elle s'était de faux espoirs.
Et elle le regretta, immensément.
Voilà pourquoi Violette préférait vivre dans l'optique de ne jamais rien attendre de personne.
Elle avait dérogé à cette règle aujourd'hui, et les conséquences venaient de la détruire intérieurement.
C'était pour cela qu'elle avait refusé de tomber amoureuse de quelqu'un toute sa vie.
Car elle imaginait toujours le pire, et le meilleur la faisait souffrir.
Ne trouvant plus quoi dire, Fred passa une main dans ses cheveux et soupira à son tour.
Il stressait, ce qui ne lui arrivait pas souvent.
Il agrippa ensuite la taille de Violette et il la ramena à nouveau contre lui.
Il ne savait pas quoi penser de tout cela, mais il avait besoin qu'elle soit auprès de lui.
Il voulait sentir son odeur dont il ne se lassait jamais. Il voulait toucher la peau de ses bras qu'il trouvait si douce. Il ne voulait pas que cela s'arrête.
Violette répondit à son étreinte.
Pour une fois, ce fut la jeune femme qui le serra fort contre elle.
Car elle savait que c'était la fin.
Ils restèrent ainsi deux longues minutes.
Violette avait posé sa tête contre le torse large du rouquin, et il avait posé sa tête contre la sienne.
Ils ne se regardaient pas, ils ne se parlaient pas.
Ils savouraient simplement ces derniers instants ensemble.
En tant qu'amis qui passaient du bon temps.
Car s'ils devenaient plus que ça, ils perdraient toute la magie de leur relation interdite.
« Je reviens, je dois chercher quelque chose dans ma valise. »
La jeune femme mit fin à leur étreinte, adressant un dernier sourire au rouquin.
Et elle se dirigea vers la sortie.
« Violette... Tenta Fred avec une once d'hésitation dans la voix
- Je reviens. Répéta-t-elle avant d'ouvrir la porte et de la refermer derrière elle »
Bien sûr, elle ne reviendrait pas.
Violette partit en direction de la chambre de son amie, mais elle avait l'impression que seul son corps marchait.
Son esprit était resté derrière elle, perdu dans un endroit des plus sombres.
Et lorsqu'elle entra dans la pièce, elle ne perdit pas plus de temps.
Sa tristesse guidait ses gestes à présent, et d'un coup de baguette elle rassembla toutes ses affaires dans sa valise avant de la fermer.
La sorcière ne pouvait plus rester ici, elle devait partir loin de tout ça, s'éloigner de Fred.
Sinon, elle finirait par exploser.
Elle se disait encore qu'elle n'était pas prête pour se mettre en couple, mais elle n'était pas non plus capable de se contenter de coucher avec quelqu'un alors qu'elle éprouvait des sentiments pour lui.
Elle eut du mal à l'admettre, mais elle n'était pas assez forte pour cela.
Contrairement à ce que Violette avait pensé cet après-midi, le chapitre que Fred et elle avaient écrit devait s'arrêter là.
C'était abrupt, inattendu, violent.
Mais il ne connaîtrait jamais de suite, et c'était mieux ainsi.
Pour eux deux.
Leur aventure s'était terminée dès lors qu'ils avaient quitté la maison de vacances, et après tout, c'était une belle fin pour cette histoire.
La gorge nouée et les yeux brillants, Violette fit léviter sa valise devant elle.
Elle savait déjà quelle excuse elle allait sortir à Molly, Arthur, ainsi qu'à ses amis.
Elle les reverrait, elle avait juste besoin de temps.
Besoin d'oublier.
D'ici deux ou trois semaines, elle reviendrait les voir. En veillant à ce que Fred ne soit pas là.
À pas de loup, la jeune femme descendit les escaliers et évita les coins des marches qui grinçaient, afin que le rouquin ne l'entende pas.
Ils étaient tous dans le salon, sauf Fred.
En la voyant avec sa valise, ses amis se levèrent, toisant la sorcière avec incompréhension.
« Violette ? Qu'est-ce que... qu'est-ce que tu fais ? Bredouilla Hermione qui tenait un livre dans sa main »
Ils la connaissaient. Ils avaient aussitôt vu sur son visage que quelque chose n'allait pas.
Harry et Ron voulaient déjà venir vers elle afin de l'aider.
« Je... je suis désolée. Je dois partir, c'est urgent. Ma mère a eu un problème et je dois rentrer au plus vite. Mentit-elle le plus calmement possible »
Hermione plaqua une main sur sa bouche avant de courir vers Violette, très vite suivie par Harry, Ron et Ginny.
Ils la prirent tous dans leurs bras et la jeune femme dut lutter pour retenir les larmes qui menaçaient de s'écouler sur ses joues.
« Tiens-nous au courant s'il te plaît, fais attention. Lui demanda Ginny
- Je vous écrirai dès que possible, ne vous en faites pas. »
Violette abandonna ses meilleurs amis et remercia Molly et Arthur, qui attendaient derrière eux, du plus profond de son coeur.
La mère de famille, qui mourrait déjà d'inquiétude, la prit dans ses bras et l'étouffa presque.
« Je t'en prie ma chérie, écris-nous. Je me fais déjà un sang d'encre pour toi.
- C'est promis Madame Weasley. Et je reviens vous voir bientôt. Leur promit-elle »
Sur ces derniers mots remplis de tristesse qu'elle peinait à cacher, Violette quitta le Terrier en vitesse et elle sortit sa baguette afin de préparer son transplanage.
Marchant jusqu'au milieu du jardin.
Soudain, elle entendit une voix lointaine.
C'était Fred qui l'appelait alors qu'il courrait vers elle.
Enfin, elle n'était pas sûre. Peut-être rêvait-elle.
Après tout, elle n'arrivait plus à réfléchir correctement.
« Vi, attends ! »
Mais elle avait déjà transplané.
Me voilà de retour ! Avec un chapitre plus court, mais un chapitre tout de même !
Alors, que pensez-vous de cette fin ? Eh oui, malheureusement cela ne pouvait pas être si facile...
Selon vous, que va-t-il se passer lors des prochains chapitres ? Cela risque d'être un peu compliqué non ?
N'hésitez pas à me laisser un commentaire. J'ai hâte d'y répondre et j'ai vraiment envie de savoir ce que vous en avez pensé.
À très vite pour la suite des aventures !
