NDA 09/02/25 : Bonjour à tous et merci à Serpentfou et ZangetsuGaara pour les reviews, chaque fois que je vous lis, ça me donne envie d'écrire et c'est tant mieux, ça rattrape les retards que je suis susceptible d'avoir dans la publication! J'espère que ce long chapitre vous plaira, car enfin, vous allez assister à un grand SPECTACLE!

Une bonne lecture à vous et à bientôt!


28

Lundi 31 décembre 1944

Il était désastreux de constater que lorsqu'il voulait se renseigner d'une manière discrète sur quelqu'un, aucun de ses hommes n'avaient les capacités adéquates pour cette mission. Mais ce n'était pas pour rien que le fameux dicton disait «Nous ne sommes jamais mieux servi que par soi-même.»

Il avait envoyé une harpie et deux sorciers pour se rapprocher de la haute société sorcière. Seule la première était revenue, et il était plus que certain que la famille Goyle - qui s'était chargé de l'accueillir- perdrait toute gloire future.

Ajustant sa redingote comme il se doit, il fallut un instant pour que sa tenue soit aussi parfaite que celle de n'importe quel convive important mais quelconque. Il avait cependant gardé le détail de ses yeux vairons, et rajeunit son visage de quelques années. Sa moustache était cirée, son bouc bien taillé, et désormais aussi noir que l'héritage des Black. Oui, C'était un excellent déguisement, une couverture admirable.

Personne ne pourrait soupçonner que Gellert Grindelwald, le plus grand mage noir d'Europe, se rendrait au bal des débutantes donné par les Malfoy à l'occasion du nouvel an. Mais il n'y avait pas d'autres solutions pour approcher sa cible et découvrir la vérité. Non, Gellert ne croyait jamais aux coïncidences. Si quelque chose était là, peu importe de quoi il s'agissait, il y avait forcément une raison.

Que le journal qu'on lui porte montre avec exactitude cette jeune femme et cette tulipe aussi rouge… Non, Evelyn Snow ne pouvait pas être n'importe qui. La magie l'avait mise sur son chemin, et il y avait un mystère à résoudre. Un mystère que son amour n'avait même pas entraperçu, alors qu'il trainait sous ses yeux depuis des semaines.

La broche de tulipe que se transmettait la famille Dumbledore depuis des décennies était entre les mains d'une étrangère. La broche avec laquelle Ariana jouait lorsque l'obscurus en elle était paisible. Cette broche qu'elle prenait pour modèle chaque fois qu'elle désirait dessiner sa fleur favorite. L'enfant était morte depuis longtemps maintenant, mais Gellert gardait son souvenir bien ancré en lui. C'était cette petite fille qui lui avait ouvert la première fois qu'il était venu chercher Albus à Godric's hollow.

Peu importe les problèmes qui étaient survenus dans leur famille après son explosion suite au décès de la petite, et de leur duel, aucun des deux frères n'auraient vendu le bijou de famille. Alors pourquoi cette broche ornait le cou d'une sorcière revenue d'on ne sait où dans la société sorcière? Non, il fallait qu'il comprenne, et c'était pourquoi il était ici, sous les traits d'un Black de la branche secondaire, à serrer les mains d'abrutis congénitaux ne croyant pas en sa supériorité.

«Lady Malfoy, vous êtes époustouflante, ce soir…»

«Oh, merci cher Atticus.» Il détestait ces ronds de jambe, mais il ne pouvait pas faire autrement pour atteindre sa cible. Les Snow tardaient à arriver, et presque toutes les jeunes filles à marier de bonnes familles étaient ici.

Oh, il avait dû baiser la main d'Ambrosia Rosier, qui bien qu'âgée de près de trente ans, était toujours célibataire. Et il avait instantanément compris pourquoi elle le resterait plus que sûrement. Cette femme empestait le chou et les vapeurs de potions ratées. N'importe qui devait sentir que l'apparence fraiche et délicate qu'elle arborait n'était qu'une façade. Les potions de beauté étaient si reconnaissables.

«Miss Evelyn Constance Snow et Monsieur Tom Marvolo Riddle.» Annonça une voix magique au-dessus de la grande porte.

Cette dernière dévoila les deux invités, dont celle que recherchait Gellert, sur un contexte qui jeta un véritable froid dans toute l'assemblée. Gellert en aurait ri s'il n'était pas supposé jouer un rôle de sorcier au cul-pincé. Ces deux-là avaient du cran et…

Le mage noir cligna de ses yeux vairons, fixant sans trop y croire, ce qui ornait la main de sa cible. Était-ce? Il ne pouvait le croire, c'était inespéré… Il fallait qu'il s'en assure, qu'il trouve le moyen d'approcher ce couple, et danse avec cette gamine. Il ne pouvait pas laisser ce doute l'envahir.

Mais il avait vu tellement de fois les illustrations de la pierre de résurrection pour ne pas noter la ressemblance, même à plusieurs mètres de distance. Evelyn Snow n'était pas juste spéciale. Elle était désormais sa cible numéro un, et pas uniquement pour des renseignements. Il fallait à tout prix qu'il sache.

oOoOoOo

Le baiser rompu, Tom aida Evelyn à descendre les quelques marches qui les séparaient des hôtes de la soirée et de leurs nombreux invités. Peut-être devrait-il se sentir honteux de s'être donné en spectacle, mais pas le moins du monde. Il avait eu envie de l'embrasser, il l'avait fait, et puis, n'était-ce pas le but de sa venue ici? Montrer au monde entier qu'Evelyn Snow n'était plus sur le marché du mariage.

Ils se présentèrent à la famille Malfoy, saluant Abraxas au passage, avant de suivre ce dernier vers les gens de leurs âges. Shafiq ne tarda pas à les rejoindre, plus pâle qu'à l'accoutumé dans sa robe à volant citron. Les discussions étaient d'un banal affligeant, leurs dernières notes, qui allait épouser qui… Faisant tourner son verre de vin distraitement, il soupira. Tom n'aimait vraiment pas ce genre de soirée, mais il était heureux de savoir qu'il n'aurait pas à danser avec quiconque d'autre que sa cavalière. Et même là, il n'était pas sûr qu'elle l'y contraigne non plus, car Evelyn semblait vouloir être partout ailleurs qu'à écouter Olive Hornby parler du prix de sa robe et d'à quel point elle se préparait à cette soirée depuis des mois.

«Et bien, Snow, tu ne dis rien. Tu as perdu ton audace de début d'année, maintenant que tous les adultes te voient pour ce que tu es?» Gwendoline Nott dans toute sa splendeur.

«Je ne vois pas ce que je pourrais dire dans ce genre de conversation.» Répondit la noiraude, un peu perplexe.

«Oh, je ne sais pas, n'est-ce pas trop dur de porter un corset dans ta condition?» Reprit une autre fille de la bande.

Tom tiqua, il écoutait d'une oreille le groupe des filles, tout en discutant avec Abraxas et Jeremiah Rowle des derniers balais sortis.

«Ma condition?» Evelyn semblait perdue, pour une fois, et il n'était pas certain d'apprécier ça. La perturber lui, oui, mais pas quelqu'un d'autre.

«Allons, personne n'est totalement stupide. Tu reviens en fanfare, et deux mois après, tu es déjà fiancée au premier sang-mêlé qui passe.»

«On connaît la chanson. Tu en es à combien de mois?»

«Oui, pas trop gênant le corset? J'imagine que c'est un élève de Poudlard? Ou alors c'est quelqu'un d'avant ton retour à l'école?»

«Et si c'était Travers? Après tout il a été expulsé pour s'être montré trop proche des filles et…»

«Oh, je suis bien content que tu n'aies pas approché cette catin, Charlus, il était évident qu'elle porte déjà un petit batard au sang impur…» Fit une voix masculine tous près d'eux. Visiblement, les garçons se mêlaient aussi à la conversation.

«J'en suis bien heureux aussi, mon oncle. Elle aurait certainement essayé de faire passer sa progéniture pour la mienne au bout de quelques mois, voire m'aurait drogué pour plus de crédibilité.» Répondit le gryffondor de 7e année.

Tom haïssait déjà cette raclure d'homme. Mais lorsqu'il croisa les yeux vides de sa compagne, signe qu'elle s'emmurait derrière un masque pour cacher la douleur d'être à nouveau la cible de toutes les insultes, son sang ne fit qu'un tour.

Son poing atterrit sur le nez du plus âgé des deux Potter. Charlus s'était décalé pour pointer le corset d'Evelyn du doigt. Dommage. C'était lui qu'il visait. Il y eut des cris dans la foule, alors que le sorcier dévoilait sa lèvre en sang et son air choqué.

«Petit merdeux, je vais te montrer ce que c'est qu'un homme!»

Mais il n'eut pas le temps de quoi que ce soit. Un nouveau poing s'abattit sur lui, puis un autre. Tombant au sol, Tom frappa sans plus de retenue le sorcier si célèbre pour sa lotion capillaire. C'était une méthode barbare que de frapper quelqu'un à main nue, pourtant, il en retirait plus de satisfaction qu'un sort, présentement. Un crac sous son poing, et voilà le nez de Fleamont Potter en miette.

«Ça suffit!» Gronda quelqu'un derrière eux, et on ceintura Tom pour l'écarter de sa victime. C'était un grand homme maigre aux yeux vairons qu'il n'avait jamais vu. Charlus et Ignatus Potter vinrent aider celui qui était à terre.

«Lord Snow, vôtre futur beau-frère est un véritable cancre.» Reprit Fleamont en s'essuyant le visage avec le mouchoir tendu par une dame de la foule.

«En effet, je suis parfaitement d'accord avec vous.»

«Anthony!» Supplia soudainement Evelyn qui avait rejoint Tom pour s'accrocher à son bras et éviter qu'il ne se remette à frapper le sorcier.

«Moi je n'aurais jamais utilisé mes poings.» Et sur cette tirade, un sort d'une horrible couleur mauve fusa jusqu'à Fleamont Potter qui fut propulsé contre la table des mignardises, une grande entaille rouge se manifestant sur son costume sur mesure, en travers de son torse.

«Par Merlin!» Jurèrent certains convives, alors que le sorcier dégainait à son tour sa baguette pour invoquer un bouclier.

Dommage pour lui, le sort vert pomme qui suivait le toucha de nouveau et le fit s'écrouler dans les verres à champagnes.

«Je vous provoque en duel, monsieur Potter, pour avoir terni l'honneur de ma cadette avec vos inepties. Et soyez sûr que je dépasserais le premier sang versé.»

«Vous n'allez pas nous faire croire qu'elle est vierge après une telle entrée!» Rétorqua Muriel Prewett, dans sa robe rose à gros jupons. La baguette d'Anthony se braqua sur elle une demi-seconde, juste assez pour la faire se reculer de terreur.

Mais ce fut suffisant pour que Fleamont parvienne à lancer un stupefix à son adversaire.

Anthony conjura un mur de pierre en utilisant les dalles de marbres du sol, puis envoya deux pavés en direction du sorcier. Les invités achevèrent de former un cercle autour d'eux pour permettre le duel.

Tom vit au loin Scirus Malfoy et son épouse secouer la tête, ébahis que leur soirée dégénère à ce point-là. Les yeux noirs dérivèrent sur tous les convives pour chercher la famille Snow. Et s'il frémit en apercevant le regard sévère de la grand-mère, il était évident que Lord John saluait la démarche de son fils. Lady Gisella, en revanche, il n'en avait aucune idée. Son visage de pêche ne reflétait absolument aucune émotion.

Un sort noir traversa la pièce pour frapper le bras de Fleamont qui perdit toutes ses couleurs. Le bras se mit à noircir, se couvrant d'une ombre que Tom n'avait jamais vu. En revanche, il avait reconnu les effets. C'était un sortilège d'entrave réputé pour être de la magie noire. Et Anthony semblait se ficher éperdument d'avoir lancé un maléfice aussi dangereux en présence du ministre. Mais peut-être les duels pour l'honneur étaient-ils différents dans leur règle? Tom n'en était plus très sûr.

«Comment osez-vous!» S'écria une voix féminine dans leur auditoire.

Anthony avait levé sa baguette, prêt à achever Fleamont comme convenu, lorsqu'un sort rouge, un expelliarmus, trancha la foule pour l'expulser hors du cercle formé. C'était traitre. Le Lord n'avait pas lâché sa baguette, en revanche, il était retombé sur les dalles après avoir percuté un tableau d'ancêtre Malfoyen. Le tableau vacilla d'ailleurs avant de lui retomber dessus. Il y eu des Oh et des Ah…

Fleamont ricana en se relevant, son bras gauche inerte, maculé de cette ombre noire.

«Il faut croire que les derniers Snow n'ont de sang-pur que l'apparence.» Se permit-il en rejoignant lentement son frère et son neveu.

L'héritier de Serpentard appela sa baguette hors de son holster en un tour de poignet, et la brandit contre les Potter, ses poings encore rouges d'avoir frappé le potioniste de cosmétique.

«Retirez immédiatement ces paroles.»

«Sinon quoi, jeune homme? Vous allez me frapper de plus belle?»

«Vous n'êtes que des barbares…»

«Un vulgaire Orphelin ne va certainement pas apprendre à ma famille comment se comporter.» Dit Charlus en fixant avec mépris son camarade.

«Tu te tiens en présence du dernier héritier de Salazar Serpentard, pauvre idiot.»

«Qu'est-ce que?» s'il y eut des exclamations d'horreurs et de surprises, ce fut le sort qui s'échappa de la baguette de Tom pour frapper les trois hommes qui provoqua une véritable cohue. Car jamais personne n'aurait osé lancer un sortilège de terrassement sur un être humain.

Le bras maudit de Fleamont Potter se déchira, au sens propre du terme, et du sang s'écroula tout autour d'eux. Charlus et Ignatus avaient été touché eux aussi par le maléfice, et le visage du plus âgé était désormais couvert de craquelure et de sang.

«Atakunto!» Renvoya Tom, se fichant que ses adversaires soient déjà blessés. Ils volèrent à leur tour pour s'écraser contre les murs décorés, tachant ces derniers de sang noirâtre.

Fleamont n'attendit cependant pas d'atteindre le sol pour lancer une dernière rafale. Et entre deux sorts d'immobilité, il y joignit un doloris.

«Contundito!» Cracha Tom en esquivant les deux premiers, et en usant d'un plat en guise de bouclier pour le dernier. L'acier fumait. Fleamont s'écroula pour de bon, plaquant sa main encore valide sur son torse entaillé, cherchant l'air qui refusait désormais d'entrer dans sa cage thoracique. Il n'était plus que douleur. Tremblant et suffoquant, les yeux exorbités.

«Ça suffit.» Fut le murmure glacial de Lady Eva Elysabeth.

Une vague de magie les frappa, et le sort de Tom fut annulé comme s'il s'agissait uniquement d'un petit lumos. La poigne de la vieille femme s'appuya sur son épaule, et il grimaça de douleur. La comtesse l'obligea à se détourner des sorciers, et Tom put voir que le couple Snow soutenait Anthony, tandis qu'Evelyn le fixait d'un regard indéchiffrable.

Mais qu'est-ce qu'il avait fait, encore?

Ils s'excusèrent platement auprès de leurs hôtes, assurant qu'ils paieraient les dommages causés au mobilier. Puis la famille et Tom quittèrent les lieux festifs dans un silence pesant. Ce ne fut qu'une fois dans la voiture, entre hommes, que le Serpentard comprit son erreur.

«Alors, Tom, depuis combien de temps tu créés tes propres sortilèges de magie noire?»

Et merde…

oOoOoOo

Evelyn n'avait aucune idée de comment penser, à présent. La soirée à laquelle elle avait assisté avait tourné au cauchemar, et elle n'y était absolument pour rien.

Elle avait bel et bien songé à envenimer les choses pour que Tom prenne sa défense, mais elle avait d'abord voulu discuter avec Soraya, sauf que les serpentards de son année s'en étaient mêlée, et ensuite, d'autres… Et c'était devenu n'importe quoi. On l'avait accusé de sexualité débridée, d'être enceinte, une marie-couche-toi-là. Et aucune de ces personnes n'étaient au courant de la malédiction de Venus qu'elle avait utilisé sur Tom.

Désarçonnée, elle n'avait même pas réussi à répliquer, tellement les insultes l'avaient surprises. Oui, elle avait voulu qu'on la refuse sur le marché du mariage, mais pas… Pas ainsi. Au final, ils avaient servi la cause. Pour le plus grand bien, ces abrutis de sorciers avaient poussé Tom et son frère à s'allier pour défendre son honneur. C'était involontaire de leur part, mais c'était arrivé. Pire, Tom s'était dénoncé de lui-même, en public, sur son ascendance, et il ne s'était rendu compte de rien.

Cette information allait faire la une des journaux dès le lendemain. Il n'y avait plus de temps à perdre. Heureusement, ils partaient tôt de cette soirée ridicule, et il serait encore temps de diner une fois au manoir. Sa mère s'énerva tout le long du trajet sur les hommes et leurs sens de l'honneur plus proche d'un égo mal placé. Son arrière-grand-mère, en revanche, ne disait rien. Mais à partir du moment où elle s'était interposée, il était évident qu'elle avait protégé Tom du mal qu'aurait causé un meurtre public.

Silencieuse pour sa part, elle espéra que Charlotte avait bien déposé le cadeau qu'elle avait préparé sur le lit de Tom. Il ne fallait pas qu'il le trouve avant que tous aillent se coucher. Pour l'obliger à la rejoindre. Evidemment, il y aurait quelques heures de décalage, puisqu'il était évident qu'ils allaient attendre la nouvelle année dans le petit salon tous ensemble, mais peu lui importait. Il saurait que le présent avait été mis pour lui le jour-même.

Lorsque la voiture s'arrêta devant les portes du manoir, il était aux alentours de 22 heures. Heureusement, et bien que ce ne soit pas une méthode très naturelle, Lady Gisella avait envoyé un patronus pour prévenir de leur retour prématuré. Aussi, un diner de fortune les attendait dans le petit salon, comme l'avait supposée Evelyn.

Ils s'y rejoignirent en tenue de soirée, l'atmosphère plus légère que lors de leur arrivée chez les Malfoy. Visiblement, les garçons avaient apprécié le sens de l'honneur de Tom, et ses sortilèges, au point qu'ils en discutèrent une bonne partie du diner. Un peu plus tard, accompagné par du whisky pour certains, et du chocolat chaud pour d'autres, ils firent le décompte jusqu'à minuit, et se souhaitèrent une bonne année 1945. Fatigués de la journée, cependant, ils ne tardèrent pas à aller se coucher.

Lorsque Tom rejoignit sa chambre, Burrows sur ses pas, il le congédia rapidement, ne voulant pas ternir son premier jour de l'année avec la présence d'un homme si similaire à son propre géniteur. C'était la première fois qu'il se sentait aussi bien. Et, se posant sur son lit pour retirer ses chaussures, il manqua de renverser un joli paquet enrubanné de soie.

«Qu'est-ce que…» L'attrapant au vol, il constata le poids et la petite étiquette manuscrite à son nom. L'écriture lui était aussi familière.

L'ouvrir ne fut pas long, même si Tom défit le paquet avec délicatesse. Et la première chose qui lui sauta aux yeux, fut la carte sorcière qui accompagnait le tout. Sobre, mais élégante, elle représentait le ciel étoilé à une date bien précise. Celle du 31 décembre 1926. Il le savait car il l'avait étudié en astronomie pour un devoir en 4e année. Et dans le cadre du bas, à l'encre d'or était écrit un joyeux anniversaire.

«Idiote…» Oui, il savait pertinemment de qui venait le paquet.

Ouvrant la grosse boite de velours qui accompagnait la lettre, il y découvrit un petit carnet de cuir poli et tressé noir, ainsi qu'un encrier stylisé, capable de changer de couleur à la demande, et sa plume… Il n'y avait qu'Evelyn Snow pour lui offrir une plume de phénix en guise d'outil d'écriture. Reprenant la carte, il la déplia pour lire son contenu, et pendant l'espace d'une seconde, il sut qu'il ne doutait plus.

Tom,
Je sais que tu détestes cette date, parce qu'elle te rappelle de mauvais souvenirs depuis toujours. Mais moi je l'aime beaucoup trop pour passer à côté. Sans cette date, tu ne serais pas venu au monde, et il n'y ferait pas bon vivre. Sans toi, plus rien ne compte. Alors, si tu le veux bien, j'aimerais que nous changions ce jour ensemble. Pour que les souvenirs que tu en aies, deviennent enfin heureux.
Joyeux anniversaire.

Evelyn.

Oubliant de se déchausser comme il l'avait prévu, il quitta la chambre qu'on lui avait prêté pour rejoindre les quartiers d'Evelyn, la carte toujours en main. Il toqua plusieurs fois, avant de se rendre compte qu'elle dormait peut-être déjà, étant montée avant lui, mais impossible de renoncer. Lorsque Charlotte ouvrit la porte, il eut juste le temps d'entrevoir la silhouette de la jeune femme derrière un paravent.

«Charlotte, qui est-ce?» Demanda la voix, comme fatiguée.

«C'est monsieur, vôtre fiancé, mademoiselle.» Répondit la rouquine en rosissant.

«Tom?» Evelyn sortit de derrière le paravent, prête à dormir, une robe de chambre bordée de fourrure sur les épaules. «Peux-tu nous laisser, Charlotte, s'il te plaît?»

«Vous… Vous êtes sûres?» L'adolescente était encore plus rouge qu'il n'était possible de l'être, et Tom était certain que ses joues l'étaient aussi, elles le brûlaient.

«Oui, il ne se passera rien d'inconvenant, ne t'en fais pas.» Charlotte Pendrick hocha vigoureusement la tête en souriant, avant de s'incliner et quitter la chambre en refermant derrière elle.

Quelques minutes s'écoulèrent, sans qu'aucun des deux ne dise mot. Tom la détaillait de ses yeux noirs, cherchant les mots pour lui dire à quel point il était touché par ce présent, et par elle. Mais ce ne fut pas ce qui sortit de sa bouche.

«Quand? Je veux dire… Quand l'as-tu déposé?»

«Lorsque mon père est venu te chercher pour te parler. Je pensais que tu repasserais dans tes appartements avant que nous y allions, mais au final, il t'a retenu jusqu'au départ.» Evelyn lui sourit en douceur, avant de se rapprocher de lui, posant sa main pâle sur son bras. «Est-ce que le carnet te convient?»

«Oui… C'est parfait…» Et pour la première fois depuis qu'elle le connaissait, Tom sourit sincèrement, tendrement. Il n'y avait aucune lueur carmine dans son regard, aucun mensonge.

«Alors je suis contente.» Et c'était vrai. La part d'elle qui avait toujours aimé ce garçon était heureuse de le voir ainsi. Et la part d'elle qui le voulait à genou était rassurée de voir qu'il était complètement à sa merci.

Le guidant vers son lit pour qu'il puisse s'y asseoir, elle en profita pour effleurer plusieurs fois ses doigts et son bras, toujours avec douceur. Il ne semblait plus répugner son contact, et c'était bon signe.

«Est-ce que tu veux un dernier chocolat? Charlotte m'en a monté… Nous pourrions partager la tasse. Je ne pourrais pas tout boire…»

«Avec plaisir.» Répondit Tom.

Ils se retrouvèrent à discuter, assis sur le lit. Elle lui proposa d'enlever ses chaussures pour être plus à l'aise, et il le fit. Ils partagèrent la tasse de chocolat chaud entre deux commentaires sur la soirée mouvementée et leurs attentes sur le futur. Vers quatre heures du matin, après un énième bâillement qu'il ne sut réprimer, Tom décida de prendre congé.

«Pardonne moi… Je ne tiens plus… Je vais te laisser.» Il étouffa un nouveau bâillement, avant de se frotter les yeux, presque comme un enfant.

«Tu peux dormir ici si tu veux…» Lui dit Evelyn en le retenant par la main pour éviter qu'il ne se relève.

«Je…» Il rosit. Il n'avait pas envie de partir, c'était vrai, et même si sa chambre n'était pas loin, il fallait remettre les chaussures, car les dalles du couloir étaient gelées, et il n'avait plus aucun courage. Le passage secret qui reliait leurs deux chambres était trop loin dans sa mémoire pour qu'il s'en souvienne à cet instant. «Tu es sûr que ça ne risque rien…?»

«Personne n'en saura rien… Et puis… Nous sommes fiancés.» Il rougit, et elle aussi. «Tu dors déjà debout, restes… Disons que ce soir, c'est spécial…»

Elle se redressa sur les genoux, soulevant l'énorme édredon bleu nuit qui couvrait son lit, avant de se rapprocher de lui. Là, se glissant dans son dos, elle tira sur sa veste pour l'en défaire et la poser sur la chaise prés de son lit. Lui tournant autour, alors qu'il se laissait faire, le regard brillant, elle dénoua le veston et vint le poser par-dessus la chaise à nouveau, avant de défaire la cravate et ouvrir les premiers boutons de son col de chemise. Voyant qu'il était prêt à faire tout ce qu'elle voudrait, Evelyn lui sourit avec douceur, avant de cueillir un baiser timide sur ses lèvres, tout en retirant le haut blanc du Serpentard.

«Restes avec moi, s'il te plaît.»

«D'accord.»

Et dans une gestuelle saccadée, causée tant par la fatigue que par la gêne, il se glissa sous la couette avec la jeune femme. Son cœur se mit à tambouriner contre son torse lorsqu'elle posa sa tête contre son épaule, et que sa main entama de long va et vient sur sa peau nue. Elle était gelée, comment faisait-elle pour toujours avoir les mains froides? Tom n'en savait rien. Mais même si le contact était froid, même si cette tête sur son épaule le faisait frissonner à chaque soupir prés de sa nuque, il n'avait aucune envie de s'en aller.

«Bonne nuit, Tom…» Murmura Evelyn avec amour, tout en continuant ses caresses. Tom répondit à peine, sombrant immédiatement dans le sommeil. Il était épuisé par ces fêtes, et en même temps, repût de bonheur.

La jeune femme attendit encore un moment, presque trente minutes à caresser la peau nue du torse musclé qu'elle avait toujours convoité. Attendrie par cette expression juvénile et innocente de l'homme le plus dangereux qu'elle ait jamais rencontré. S'écartant finalement de lui, car il fallait agir avant les premières lueurs du jour de cette nouvelle année, elle glissa la main dans sa taie d'oreiller et en sortie l'épine du dragon qu'elle avait glissé là peu de temps avant l'arrivée du garçon.

L'artefact brillait d'un halo rouge sang dans l'obscurité. L'empoignant à pleine main, Evelyn se blottit de nouveau contre Tom, comme si dans son sommeil, elle avait cherché sa chaleur. Inconscient du danger, il l'entoura de ses bras et la serra contre lui en se tournant. Evelyn sourit. Son cœur lui était désormais ouvert.

Après une formule araméenne murmuré plus bas qu'un soupir, l'éclat rouge de l'épine devint aussi sombre qu'un ciel nocturne. Alors, la maléficienne apposa la pointe contre le cœur endormi de l'héritier de Serpentard, et la peau blanche l'absorba lentement.

«Toi, l'humain dont le cœur est plus noir que les ténèbres, je te condamne à revêtir l'apparence de ton âme chaque fois que tu entendras ma voix te l'ordonner.» Murmura la sorcière avec une tendresse devenue douloureuse.

Tom se crispa brutalement, ses yeux se plissèrent, ses sourcils se froncèrent. Mais il n'émergea pas du sommeil profond dans lequel il était plongé. Et de nouvelles caresses achevèrent de l'apaiser.