J'ai pris énormément de plaisir à écrire ce chapitre, bien plus que le chapitre 8. J'espère que vous le ressentirez aussi ! 😊 Un immense merci à AmiralJO et loki125 pour votre soutien, qui m'encourage à poursuivre cette histoire ! Enjoy!

CHAPITRE 9:

Un apaisement fragile

Les semaines s'écoulaient, et petit à petit, les tourments les plus vifs de Cameron s'étiolaient. L'angoisse viscérale qu'elle avait ressentie à l'annonce de sa grossesse, ce mélange oppressant d'incertitudes et de peur, semblait s'atténuer, laissant place à une sérénité qu'elle ne s'autorisait pas encore à nommer. Il y avait ces gestes inconscients qui trahissaient son instinct maternel naissant : sa main qui se posait délicatement sur son ventre, comme pour établir une connexion invisible mais rassurante avec l'enfant qu'elle portait.

Mais cet équilibre restait précaire, comme une structure fragile prête à vaciller au moindre souffle. Son quotidien changeait, révélant des indices qu'elle s'efforçait pourtant de camoufler. Les internes, attentifs à ses moindres gestes, ne peuvent ignorer les changements subtils. Cameron, autrefois intraitable sur les délais et les exigences, se montrait parfois plus indulgente, presque maternel à leur égard. Ses vêtements amples, ses tasses de tisane remplaçant les cafés noirs brûlants, et ses pauses aux toilettes de plus en plus courantes étaient autant de signes que quelque chose avait changé.

Et c'est alors qu'un incident anodin se manifeste.

Ce jour-là, la salle de repos bourdonnait des conversations légères des internes. Un bruit de vaisselle, quelques éclats de rire. L'un d'eux traverse la pièce avec un sandwich dont les effluves entêtants – un mélange agressif d'épices, d'oignons caramélisés et de viande grillée – envahissent rapidement l'air. Cameron, jusque-là absorbé par ses notes dans un coin, sentit une nausée violente la submerger. Son estomac se contracta douloureusement, et elle se leva d'un lien, une main plaquée contre sa bouche, quittant précipitamment la pièce sous les regards surprise.

— Docteur Cameron ? Tout va bien ? lançant l'interne qui mangeait le sandwich, visiblement inquiet.

— Oui…euh...je reviens je vais prendre l'air, répondu elle, sans même se retourner, sa voix presque inaudible.

Dans le couloir, elle s'adossa contre un mur, les yeux fermés, cherchant désespérément à calmer les vertiges qui l'assaillaient. Sa respiration était erratique, son cœur battait à tout rompre, et ses mains tremblaient encore légèrement.

— Merde… murmura-t-elle, la voix brisée par l'émotion.

Le masque qu'elle portait depuis des semaines, cette façade inébranlable de contrôle et de professionnalisme, se fissurait.

Quelques heures plus tard, incapable de contenir le poids de ses émotions, Cameron passa devant la porte du bureau d'Elena qui était ouverte elle frappa par politesse sur la porte et rentra. Son amie relève les yeux, accueillant sa présence d'un sourire chaleureux.

— Allie, ça va ? tu as une tête à faire pâlir un mort. Qu'est-ce qui t'arrive ?

Sans un mot, Cameron referma la porte derrière elle, avant de s'asseoir lourdement face à son amie, croisant les bras sur la table comme une enfant cherchant un refuge.

— Je crois que mes internes commencent à avoir des soupçons concernant ma grossesse, lâcha-t-elle enfin, la voix tremblante.

Elena pose son stylo, arquant un sourcil curieux elle la considérera avec bienveillance, ses yeux pétillants d'une douce malice.

— Franchement, je suis surpris qu'ils ne l'étaient pas remarqués plus tôt. Ils sont censés être des génies, non ? Entre tes nausées, tes pauses pipi à répétitions et tes vêtements qui peinent de plus en plus à cacher ton ventre, c'est pas étonnant.

Le sourire timide de Cameron s'élargit malgré elle, un soupir lui échappant comme pour relâcher un poids invisible.

— Oui tu as voix sans doute raison...c'est juste que… ça rend tout ça encore plus réel qu'ils le sachent, avoua-t-elle, sa à peine audible.

Elena se pencha légèrement, prenant les mains de son amie dans les siennes.

— Allie, tu fais du mieux que tu peux, et crois moi, c'est déjà beaucoup. Être vulnérable, ce n'est pas une faiblesse. C'est juste… la vie, dit-elle avec douceur.

— Tiens, dit elle en se levant et en se dirigeant vers le meuble qui contenait ses dossiers. J'ai imprimé une image 3D de ta dernière échographie. Je me suis dit que ça te ferait plaisir. Regarde comme il est déjà beau…

Les mains tremblantes, Cameron sortit la photo de l'enveloppe tendue par Elena. Les contours flous mais évocateurs du petit être qu'elle portait firent éclater une vague d'émotions qu'elle ne chercha pas à retenir.

— Merci… souffla-t-elle, submergée.

Elena posa une main sur son épaule dans un geste rassurant.

— Tu t'en sors merveilleusement bien. Tu es une excellente médecin, et tu seras une mère formidable.

Puis, dans un éclat taquin, elle ajouta en riant tout en se dirigeant de nouveau vers son bureau pour détendre l'atmosphère :

— Sérieusement regarde ton bébé il est magnifique! il a déjà un petit air de David tu ne trouves pas?

Cameron éclata de rire, leva les yeux au ciel tout en secouant la tête avec amusement.

— Merci, Elena. Pour tout.

Elle se leva, serra l'échographie contre elle et la glissa dans la poche de sa blouse, et quitta le bureau avec un sourire plus sincère, avec une étrange légèreté mêlée d'appréhension dans le cœur.

L'annonce

Quelques jours plus tard, l'équipe de Cameron fut appelée à résoudre un cas complexe. Un homme d'une quarantaine d'années présentait des symptômes incohérents : douleurs thoraciques, fatigue extrême, et éruptions cutanées. Réunie autour de la table de conférence, l'équipe était concentrée sur les analyses.

— Les examens de base n'ont rien révélé, déclara Cameron en consultant les résultats. Je veux qu'on élargisse les investigations : échographie cardiaque, biopsie cutanée, et tests d'anticorps.

Les internes griffonnaient furieusement dans leurs carnets, absorbés par les directives. Cameron qui était debout au bout de la table, fit une pause, sa main serrant légèrement son stylo. Elle inspira profondément. Le moment était venu, elle le savait.

— Attendez, dit-elle soudain, interrompant le bruissement des notes. Avant que vous ne partiez… il y a quelque chose dont je dois vous parler.

Sa voix, habituellement assurée, portait cette fois une fragilité inhabituelle. Les internes levèrent les yeux, intrigués. Les regards interrogateurs parcouraient la salle.

Cameron fixa un instant la table devant elle, puis releva la tête, plongeant dans l'incertitude.

— Voilà, je voulais vous annoncer que…que je suis enceinte, lâcha-t-elle enfin, sa voix vacillant légèrement.

Un silence électrique s'installa, comme si l'air lui-même s'était figé. Quelques regards furtifs furent échangés. Les réactions variaient entre surprise, sourire discret et… perplexité.

David, installé près de la fenêtre, resta un instant figé. Les mots de Cameron résonnaient dans son esprit, déclenchant un tourbillon d'émotions. Son esprit revivait cette soirée, quelques semaines auparavant, où il avait maladroitement confessé ses sentiments à Cameron en la raccompagnant. Des sentiments qu'elle n'avait pas partagés mais qui continuaient malgré tout à exister en lui. Et maintenant, cette nouvelle – un mélange d'émerveillement et de tristesse douce-amère s'empara de lui.

Malgré cela, il esquissa un sourire sincère, choisissant de mettre de côté ses propres émotions pour honorer ce moment.

— Félicitations, Dr Cameron, dit-il, sa voix calme et empreinte d'une chaleur respectueuse.

— Merci, répondit elle doucement, ses yeux croisant les siens, puis ceux des autres membres de l'équipe.

Regardant autour de la table, Cameron sentit une vague de vulnérabilité la traverser. Mais ce fut vite remplacé par une détermination tranquille.

— Je pense que certains d'entre l'avait peut-être deviné, reprit elle, un sourire presque imperceptible au coin des lèvres. Mais je voulais que vous l'appreniez de moi, directement.

Elle marqua une pause, cherchant ses mots.

— Cette grossesse… est une étape importante pour moi. Mais je veux que vous sachiez que cela ne changera en rien à la qualité de notre travail. Je suis là pour vous, et pour nos patients.

Un murmure d'approbation parcourut la salle, accompagné de sourires chaleureux et de quelques félicitations spontanées. Certains internes lui firent une accolade intimidé mais sincère.

Peu à peu, ils se levèrent pour retourner à leurs tâches, laissant Cameron seule dans la salle avec ses pensées elle resta là un moment, entourée d'un silence qui n'était ni oppressant ni vide. Juste paisible, presque libérateur.

Surprise et convention

Quelques semaines plus tard, Cameron se rendit à une convention médicale à Chicago, un événement prestigieux qu'elle attendait avec impatience. Elle avait hâte de s'immerger dans des discussions passionnantes et d'échanger des idées novatrices avec des confrères venus de tout le pays. Bien avancée dans son deuxième trimestre, sa grossesse était désormais impossible à dissimuler, son ventre arrondi révélant pleinement son état. Malgré cela, elle se sentait pleine d'énergie, un regain qu'elle attribuait autant à son enthousiasme pour l'événement qu'à l'évolution naturelle de sa condition.

Après une matinée intense de conférences, elle traversa le hall principal de l'hôtel, un verre de jus d'orange à la main, profitant d'un rare moment de calme. Alors qu'elle s'apprêtait à regagner une salle de séminaire, une silhouette familière, de dos, attira son attention.

— Dr. Cuddy ? appel a-t-elle, hésitante.

Lisa Cuddy se retourna, toujours élégante et sûre d'elle, un cocktail à la main. Lorsqu'elle aperçut Cameron, son visage s'éclaira d'un sourire qui mêlait surprise et chaleur.

— Dr. Cameron ! Quelle agréable surprise ! s'exclama-t-elle en avançant vers elle. J'espérais vous croiser ici, mais je n'osais trop y compter.

Les deux femmes échangèrent une accolade sincère, marquant leurs retrouvailles. Cuddy recula légèrement, ses yeux scrutant discrètement Cameron. Son regard s'arrêta sur son ventre arrondi, et une étincelle de surprise mêlée de ravissement traversa ses traits.

— Eh bien, vous rayonnez, constata Cuddy avec un sourire en coin. Félicitations, Allison !

Cameron, un peu gênée, caressa instinctivement son ventre, un geste tendre qui semblait plus destiné à elle-même qu'à son interlocutrice.

— Merci, répondit elle doucement, un léger sourire aux lèvres.

— Je ne savais pas que vous attendiez un enfant, reprit Cuddy, manifestement sincère.

— Ça a été une surprise pour moi aussi, avoua Cameron, son ton oscillant entre sincérité et nervosité.

Cuddy, percevant une pointe de malaise chez Cameron, décida de ne pas insister. Elle connaissait suffisamment la jeune femme pour savoir que la pousser davantage risquerait de la mettre encore plus mal à l'aise. Cependant, un doute insidieux s'immisça dans son esprit. Le stade avancé de la grossesse de Cameron coïncidait étrangement avec la période de son divorce d'avec Chase, survenu environ six mois plus tôt. Était il possible que Chase soit le père ?

Cette idée la troubla, d'autant plus que Chase travaillait dans son hôpital. Elle n'échangeait avec lui que rarement, et uniquement sur des sujets professionnels. Les conversations personnelles entre eux étaient inexistantes, probablement à cause du chaos que représentait sa propre gestion quotidienne de l'hôpital et la gestion des innombrables dérapages de House. Elle s'en voulut brièvement de ne pas avoir été plus attentive, de ne pas avoir perçu les indices ou entendu des murmures à ce sujet. Était-ce par distance, par fatigue ou par simple distraction ?

Cette hypothèse, bien qu'intrigante, n'avait pas sa place ici et maintenant. Cuddy rejeta ces pensées avec une fermeté tranquille, consciente que ce n'était ni le moment ni son rôle de s'aventurer sur ce terrain délicat. Pour l'heure, elle préféra concentrer son attention sur les propos de Cameron et sur la dynamique fragile de leur échange.

Pour rompre le silence, Cameron orienta la conversation ailleurs.

— Et vous, que faites-vous ici, Lisa ? demanda-t-elle avec un sourire curieux.

— Une présentation sur la gestion des services hospitaliers, répondit Cuddy. Et vous ?

— Une conférence sur les avancées en immunologie. Ça me change un peu de la routine.

Cuddy rit légèrement et hocha la tête.

— Et à Princeton, comment ça se passe ? demanda Cameron, en sirotant son jus d'orange.

— Oh, comme toujours. Rien ne change vraiment. Wilson est toujours l'éternel optimiste, Foreman gère les nouvelles responsabilités qu'il a prises, et House… Eh bien, House reste House.

Le simple nom de House provoqua un sourire en coin chez Cameron, mais ses joues rosirent légèrement, un détail que Cuddy ne manqua pas de noter.

— Tout va bien, Allison ? demanda Cuddy, son ton faussement innocent.

— Oui, oui, tout va bien, répondit Cameron rapidement, prenant une gorgée de son verre comme pour masquer son embarras.

Cuddy sourit, amusée, mais choisit de ne pas insister.

— Vous êtes libre ce soir ? Ça vous dirait qu'on dîne ensemble ? Ça fait si longtemps, on aurait tellement à rattraper.

Cameron hésita un instant, surprise, avant de répondre avec sincérité :

— Avec plaisir.

Une conversation à cœur ouvert

Le restaurant que Cuddy avait choisi reflétait parfaitement son style : sobre, mais raffiné, offrant une atmosphère propice à une conversation intime. Installées dans un coin isolé, elles échangèrent des regards complices, bien que Cameron ressentît une pointe d'appréhension qu'elle ne parvenait pas à expliquer.

Alors que Cuddy commandait un verre de vin, Cameron opta pour un cocktail sans alcool, fidèle à ses nouvelles habitudes. Une fois le serveur parti, un silence confortable s'installa, brisé finalement par Cuddy.

— Comment vous sentez-vous ? demanda-t-elle doucement, son regard empreint d'une réelle sollicitude.

Cameron soupira, jouant avec le bord de son verre.

— Honnêtement ? Ça dépend des jours. Parfois, je me sens pleine d'énergie, et d'autres fois, je me sens… submergée. Il y a tellement de choses à gérer entre mon poste ici, la gestion de mon équipe et maintenant ma grossesse.

Cuddy hocha lentement la tête.

— Je suis sûre que vous vous en sortez mieux que vous ne le pensez, Allison. Vous êtes forte.

Cameron releva les yeux ; une chaleur se répandit en elle, mais elle se contenta d'un sourire timide.

— Parfois, je ne suis pas sûre d'être aussi forte, murmura-t-elle, hésitant à se confier davantage.

Cuddy posa son verre avec douceur et fixa Cameron d'un regard empreint de gravité.

— Vous ne devriez pas vous mettre autant de pression professionnellement et personnellement... J'imagine que Chase vous soutient dans tout ça malgré votre séparation, non ? demanda Cuddy après un instant, une note d'hésitation dans la voix.

Cameron releva la tête, légèrement déconcertée. L'évocation de Chase, son ex-mari, l'avait prise au dépourvu. Elle comprit immédiatement la conclusion hâtive de Cuddy, mais elle préféra éviter une explication détaillée.

— Disons que les choses sont… compliquées, répondit-elle avec un sourire crispé, détournant habilement la conversation.

Cuddy fronça les sourcils légèrement, mais n'insista pas. Elle savait reconnaître une porte fermée lorsqu'elle en voyait une.

La conversation prit alors une tournure plus légère. Elles évoquèrent des souvenirs de Princeton-Plainsboro, des anecdotes qui les firent rire, comme celle où House avait piégé toute l'équipe avec une fausse urgence médicale pour éviter une réunion ennuyeuse. Lorsque Cameron rit à ce souvenir, elle surprit Cuddy à l'observer attentivement, comme si elle cherchait à lire entre les lignes.

La conversation s'était installée entre elles dans une douceur complice, les souvenirs et anecdotes s'entremêlant naturellement avec quelques confidences légères. Mais à un moment donné, Cuddy posa son verre de vin et, après un silence, un éclat plus sérieux illumina ses yeux.

— Vous savez, entre deux gorgées de vin, nous avons beaucoup en commun. Être une femme et avoir un boulot extrêmement exigeant tout en gérant sa vie personnelle... Il faut toujours prouver que nous sommes meilleures. Que nous ne sommes pas arrivées à ce poste par hasard. En ce moment, je suis sous l'eau entre Rachel, l'hôpital, les patients et le personnel qui démissionne, commença-t-elle, une note légèrement énigmatique dans la voix.

Cameron releva la tête, curieuse.

— J'ai du mal à trouver un nouveau chef des urgences. Il me faudrait quelqu'un de compétent, de fiable. C'est une vraie galère, soupira-t-elle.

Elle but une nouvelle gorgée, puis, avec un sourire malicieux, ajouta :

— Tenez, Il me faudrait quelqu'un comme vous!

Cameron rit doucement, un peu surprise par la remarque, pensant que Cuddy plaisantait.

— Vous ne le pensez pas vraiment, Lisa, n'est-ce pas ? répondit-elle en souriant.

Mais Cuddy ne lâcha pas le regard de Cameron, et l'expression sur son visage devint plus sérieuse.

— Et pourquoi pas ? demanda-t-elle, l'air songeuse.

Cameron cligna des yeux, son sourire s'évanouissant progressivement alors qu'elle comprenait que Cuddy ne plaisantait plus.

— Quoi… moi ? De retour à Princeton-Plainsboro ? Vous savez Lisa, j'avais besoin d'un nouveau départ, je suis partie pour un poste avec de nouvelles responsabilités, pour démarrer une nouvelle vie... balbutia-t-elle, incrédule.

Cuddy posa son coude sur la table et s'inclina légèrement vers elle, comme pour renforcer son argumentation.

— Je sais, Allison, je le comprends et je respecte votre choix. En tout cas, vous avez toutes les compétences nécessaires pour ce poste. Vous connaissez déjà l'hôpital, la dynamique, et les défis qu'il pose. Vous êtes incroyablement brillante et, soyons honnêtes, vous avez une capacité naturelle à gérer les crises tout en restant humaine.

Cameron ouvrit la bouche pour répondre, mais Cuddy continua sans lui laisser le temps.

— Je comprends tout à fait votre situation actuelle, ajouta-t-elle avec une douceur qui tranchait avec son ton direct. Vous brillez à la tête de votre service ici, à Chicago. Vous avez démarré une nouvelle vie, vous attendez un bébé... Mais ce que je vous propose pourrait parfaitement s'adapter à vos besoins. Vous pourriez aménager vos horaires, travailler depuis un bureau tout en alternant avec le terrain et diriger votre propre équipe. Sans compter que l'hôpital dispose d'une crèche formidable. Et bien sûr, je m'assurerais que tout soit fait pour que vous vous y sentiez bien, peu importe votre situation avec Chase.

Cuddy s'arrêta un instant, observant Cameron, dont l'expression était un mélange d'incrédulité et de trouble. Quelques secondes passèrent comme s'il s'agissait de minutes.

— Je suis désolée, ajouta Cuddy avec un sourire qui se voulait léger, je suis probablement en train de dire n'importe quoi. Ça doit être le vin ! dit-elle en rigolant. Vous avez votre nouvelle vie ici, à Chicago. Une nouvelle équipe, de nouvelles responsabilités. Oubliez ce que je viens de dire, conclut-elle en secouant doucement la tête et en posant son verre de vin sur la table.

Cameron resta silencieuse, ses pensées s'entrechoquant dans un désordre qu'elle n'avait pas anticipé. L'idée d'un retour à Princeton-Plainsboro lui semblait à la fois inconcevable et étrangement attirante. Elle avait quitté cet hôpital pour de nombreuses raisons, mais les mots de Cuddy réveillaient quelque chose qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps : un sentiment d'appartenance.

Ce qui est sûr, c'est qu'elle aimait sa nouvelle vie ici à Chicago, la relative simplicité qu'elle avait réussi à instaurer. Mais cette proposition… Cameron ne pouvait nier qu'elle l'intriguait.

Elle essaya de trouver les mots pour répondre, mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, le serveur vint déposer l'addition, brisant l'intimité du moment. Cuddy, souriante, saisit la note et la régla. Cuddy changea rapidement de sujet comme si de rien n'était, et les deux femmes continuèrent à échanger sur des sujets plus légers jusqu'à ce que la soirée touche à sa fin.

En quittant le restaurant, Cameron sentit une étrange pesanteur dans sa poitrine. Sur le trottoir, sous les lampadaires qui projetaient une lumière douce, elles s'échangèrent une accolade chaleureuse.

— Je suis vraiment heureuse qu'on ait pu se revoir, dit Cuddy en souriant.

— Moi aussi. Merci, Lisa, pour ce moment, répondit Cameron, sincère.

Cuddy hocha la tête, un sourire aux lèvres.

— Prenez soin de vous, Allison. N'hésitez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit.

Cameron la regarda disparaître dans la nuit, ses pensées tourbillonnant encore. Alors qu'elle marchait lentement vers son appartement, elle repensait aux paroles de Cuddy.

Cameron serra son manteau contre elle, tentant de calmer le tumulte intérieur. Pour l'instant, elle voulait juste savourer le souvenir de cette soirée, ces retrouvailles et ces mots qui, d'une manière ou d'une autre, avaient révélé quelque chose en elle.