Bonjour à tous,
La fin approche les amis ! Je pense qu'il me reste environ cinq chapitres à écrire :). Un grand merci à chacune et chacun d'entre vous, anonymes ou non, pour votre temps et votre fidélité à suivre mon histoire. Un remerciement tout particulier à Katymilagros, qui m'accompagne depuis le début et qui, chapitre après chapitre, me soutient avec ses commentaires si bienveillants. Votre soutien me touche profondément et m'inspire. Merci du fond du cœur !
Chapitre 24: "Observation non désintéressée"
Bureau de Wilson – Matin
Wilson parcourait un dossier, une tasse de café à la main, tandis que House était affalé dans son fauteuil, les jambes étendues et sa canne posée en équilibre sur son épaule.
— Alors, comment se porte ta joyeuse bande d'étudiants ? lança Wilson sans lever les yeux.
— Une source inépuisable d'émerveillement, répondit House d'un ton monocorde. L'un d'eux a découvert hier qu'on ne pouvait pas m'atteindre en passant par Cameron. C'était mignon. Tragique, mais mignon.
Wilson esquissa un sourire.
— Ça doit te rappeler de bons souvenirs.
— Oh oui. Je me souviens encore de mon premier étudiant à qui j'ai brisé ses rêves.
Wilson leva enfin les yeux vers lui, prêt à répliquer, mais House jeta un coup d'œil à son téléphone qui venait de vibrer. Son expression changea à peine, un bref tressaillement au coin des lèvres. Il se redressa, attrapa sa canne avec un brin plus d'énergie que d'ordinaire.
— Je dois filer. Cameron a besoin de moi.
Wilson fronça les sourcils, immédiatement en alerte.
— Tout va bien ? Un souci avec le bébé ?
House haussa un sourcil avant de laisser s'étirer lentement un sourire carnassier.
— Pas exactement. Disons qu'elle est très… demandeuse, ces derniers temps.
Wilson cligna des yeux. Son cerveau mit une seconde de trop à établir le lien, comme s'il refusait catégoriquement d'aller dans cette direction. Puis il observa House de plus près.
Cette posture faussement désinvolte.
Cette lueur de satisfaction moqueuse dans le regard.
Cette manière presque trop fluide de se lever.
Wilson ouvrit la bouche. La referma. L'ouvrit à nouveau.
— Attends… Non… non, non, non, je refuse d'entendre ça.
House lui lança un regard faussement innocent.
— Quoi ? Je fais juste preuve de soutien moral et physique dans cette période délicate.
— Et donc… tu vas vraiment…
Wilson secoua la tête, comme s'il essayait d'effacer mentalement la phrase qu'il était sur le point de prononcer.
— En pleine journée?!
— Oh, tu sais, la grossesse lui donne des envies très spécifiques, répondit House, faussement pensif.
Wilson grimaça, se massa les tempes comme s'il pouvait physiquement extraire l'information de son cerveau.
— Stop. STOP. Je ne veux pas savoir.
House attrapa sa canne et se dirigea vers la porte avec un sourire satisfait. Wilson le regardait partir, encore sous le choc, l'air d'un homme qui venait de voir son âme quitter son corps.
House s'arrêta sur le seuil, jeta un dernier regard en arrière, et lança d'un ton léger :
— Tu devrais peut-être aussi désinfecter ton canapé.
Wilson eut une demi-seconde de retard sur la compréhension, puis il se figea.
— … DÉGAGE.
House sortit, hilare. Wilson, lui, se laissa tomber dans son fauteuil, l'air profondément dégoûté.
Salle de diagnostic – Plus tard dans la matinée
House pénétra dans la salle de diagnostic, sa canne claquant sur le sol dans un rythme lent et calculé. Il s'arrêta net en voyant Cameron déjà installée à la table, comment faisait elle? Elle était en train de feuilleter un dossier comme si de rien n'était.
Il plissa les yeux.
Ils venaient littéralement de s'envoyer en l'air quelques minutes plus tôt, et elle était là, fraîche et disposée, habillée et coiffée, comme si rien ne s'était passé.
Il en était admiratif. Avec un sourire en coin, il jeta un dossier sur la table d'un geste sec.
— Nouveau cas ! Homme de 42 ans, douleurs abdominales sévères, éruptions cutanées et hallucinations. Il prétend que son chien parle.
Thirteen arqua un sourcil.
— Un syndrome de Charles Bonnet ?
— Sauf qu'il n'est pas aveugle, répliqua House. D'autres idées ?
L'équipe s'anima. Foreman parla d'une intoxication médicamenteuse. Taub suggéra une infection parasitaire. Un étudiant, manifestement trop enthousiaste, osa avancer un cas de possession démoniaque.
House le fixa un instant, impassible.
— Génial. On va appeler un prêtre et lui faire une ponction lombaire avec de l'eau bénite. D'autres suggestions moins stupides ?
Il distribua ensuite les tâches à effectuer :
— Foreman, IRM cérébrale. Taub, ponction lombaire. Thirteen, biopsie cutanée. Les étudiants, essayez de ne pas vous évanouir en salle d'examen.
Tout le monde se leva pour partir… et c'est seulement à ce moment-là que House remarqua Cameron en train de récupérer ses affaires.
Il plissa les yeux.
— Où tu vas ?
Sans se presser, elle enfila sa veste et répondit simplement :
— J'ai un cours de préparation à l'accouchement.
House haussa un sourcil, surpris.
— Je ne savais pas.
Cameron lui jeta un regard neutre.
— Je me suis dit que ça ne t'intéresserait pas.
House prit une expression faussement blessée.
— Je ne vois vraiment pas pourquoi tu dis ça. Être enfermé dans une salle pleine de futurs parents paniqués, à entendre parler de dilatation et de déchirure. Un véritable rêve éveillé !
Cameron sourit, amusée, et quitta la salle.
House la suivit du regard, impassible. Il attendit exactement cinq secondes après qu'elle ait disparu, puis pivota vers son bureau avec un soupir théâtral. Il fit mine de se plonger dans un dossier, gribouilla machinalement sur un post-it, puis pianota sur son bureau.
Deux minutes plus tard, il releva la tête.
Un sourire en coin étira ses lèvres alors qu'il se levait d'un geste presque trop énergique pour être innocent. Il attrapa sa canne et quitta son bureau, les mains dans les poches, l'air de rien.
Il adorait ça. Il adorait pouvoir esquiver le boulot sous couvert d'une mission officieuse. Il adorait encore plus l'idée d'aller espionner Cameron dans une situation nouvelle et probablement ridicule.
Sur le chemin, il s'arrêta par la cafétéria et s'offrit un donut – toute mission d'espionnage méritait un en-cas digne de ce nom – puis se dirigea vers la maternité, le regard pétillant d'un gamin sur le point de faire une bêtise.
Arrivé devant la salle, il jeta un coup d'œil discret à travers la fenêtre.
Cameron était assise en tailleur sur un tapis, parfaitement concentrée, entourée de couples suspendus aux paroles de la sage-femme.
House prit une bouchée de son donut, s'adossa nonchalamment au mur et observa la scène avec un sourire moqueur.
Oh oui. Il avait définitivement bien fait de venir.
Un vrai petit club de futurs parents modèles, pensa-t-il.
C'est alors que la sage-femme leva les yeux… et croisa son regard.
House se figea. Puis se retourna immédiatement, comme si cela pouvait le rendre invisible.
— Dr House ? entendit-il à travers la porte. Dr House ! Pas la peine de vous cacher. Je vous ai vu. Rentrez et installez-vous à côté du Dr Cameron.
— Merde...
House souffla, leva les yeux au ciel et poussa la porte d'un pas traînant.
Plusieurs têtes se tournèrent vers lui. Dont Cameron. Elle avait les bras croisés et le foudroya du regard.
— Désolé, je me suis trompé, je pensais que c'était le buffet à volonté.
— Voyons, ne soyez pas timide, installez-vous, prenez place, insista la sage-femme avec un sourire bien trop aimable.
House s'assit à côté de Cameron, qui chuchota, exaspérée :
— Sérieusement ? Tu viens m'espionner pendant mon cours de préparation à l'accouchement ?
— Quoi ? J'avais envie de voir si c'était aussi cliché que je l'imaginais, et apparemment, je ne me suis pas trompé.
Le cours reprit, et House ne tarda pas à faire ce qu'il savait faire de mieux : perturber l'ordre établi.
Il observa un futur père qui suait déjà à grosses gouttes.
— Vous, vous n'avez pas signé pour ça volontairement, lança-t-il en pointant son donut vers lui.
— Bien sûr que si, je suis là pour la soutenir, répondit l'homme, faussement assuré.
House hocha la tête, faussement convaincu.
— Oh, vous changerez de discours après l'épisiotomie et l'abstinence qui s'ensuit.
Cameron lui donna un coup de pied.
Puis vint l'exercice fatidique.
— Messieurs, placez-vous derrière votre partenaire, nous allons faire un exercice de relaxation. Fermez les yeux… Inspirez profondément… Maintenant, imaginez que votre vagin s'ouvre comme une fleur…
House ouvrit la bouche. La referma.
Puis la rouvrit.
— OK. Là, c'en est trop, c'est mon signal.
Il se leva brusquement, attrapa sa canne et, sans un regard en arrière, quitta la salle sous le regard amusé de la sage-femme.
Cameron, toujours assise, esquissa un sourire tout en gardant les yeux fermés. Elle inspira, détendue.
House était venu.
Et au fond d'elle, c'était tout ce qui importait
House quitta la salle de préparation à l'accouchement sans un regard en arrière, traversa les couloirs d'un pas traînant, puis bifurqua vers la salle de diagnostic.
Lorsqu'il entra, son équipe et les étudiants se tournèrent vers lui, attendant des instructions sur le cas en cours.
— Alors ? lança Foreman.
— Alors… vous allez tous retourner bosser. Prise de sang, IRM, biopsie… et ajoutez une analyse du liquide céphalo-rachidien, juste pour le plaisir.
— On a déjà fait une IRM, soupira Taub.
— Et vous avez déjà gaspillé mon temps. À votre tour.
Sans plus de cérémonie, il fit demi-tour et quitta la pièce, direction le couloir principal.
Il trouva Wilson près de la machine à café, en train de remuer pensivement son gobelet. House s'approcha, attrapa un gobelet à son tour et s'appuya contre la machine.
— Je viens d'assister à un cours de préparation à l'accouchement, déclara-t-il avec le sérieux d'un type annonçant une catastrophe nucléaire.
Wilson haussa un sourcil.
— Volontairement ?
— Disons que mon incroyable talent pour l'espionnage a été légèrement sous-estimé.
Il porta son café à ses lèvres et secoua la tête, faussement accablé.
— Wilson… Tu savais que certains hommes acceptaient volontairement d'entendre des phrases comme « imaginez que votre vagin s'ouvre comme une fleur » ?
Wilson s'étouffa presque avec son café.
— Attends… quoi ?
House lui adressa un regard solennel.
— Je vais avoir besoin d'un whisky pour oublier ça.
Wilson soupira et secoua la tête, mi-amusé, mi-résigné il le fixa un instant, puis reprit, plus sérieusement :
— Pourquoi tu y es allé, House ?
House fit mine de réfléchir.
— L'ennui ? La curiosité malsaine ? Une légère envie de sabotage ?
Wilson sourit légèrement.
— Ou bien parce que ça t'intéresse plus que tu ne veux bien l'admettre.
House ne répondit pas tout de suite. Il fit tourner sa canne entre ses doigts, puis la reposa au sol.
— Bon, c'était une conversation extrêmement enrichissante, mais j'ai des vies à sauver.
— Ouais. C'est ça.
Wilson le regarda partir, un petit sourire en coin.
11H30, House et son équipe étaient toujours plongés dans le diagnostic épineux. Cameron était de retour, et les étudiants, massés contre les murs, griffonnaient frénétiquement sur leurs carnets tandis que Foreman débattait avec House. Un cas intéressant, certes, mais pas de quoi capter pleinement l'attention de ce dernier.
Puis, derrière la vitre de la salle de diagnostic, l'ascenseur s'ouvrit dans un tintement familier, dévoilant une silhouette qu'il ne s'attendait pas à revoir de sitôt.
Stacy Warner.
Elle avançait d'un pas assuré, son manteau négligemment jeté sur l'épaule, un dossier sous le bras. Tout en elle respirait la maîtrise et l'aisance, comme si elle n'avait jamais quitté les lieux. Mais House la connaissait trop bien pour se laisser duper. Sous cette assurance feinte, il discerna cette lueur d'expectative, ce petit quelque chose dans son regard… Elle cherchait quelqu'un.
Elle marqua un temps d'arrêt devant la salle, balaya l'équipe du regard, puis esquissa un sourire.
House lâcha son feutre sur la table et se redressa.
— Continuez sans moi.
Un silence flottant. Des regards échangés. Foreman haussa un sourcil, mais ne fit aucun commentaire, reprenant le feutre comme si de rien n'était. Les étudiants, eux, restèrent à l'affût, flairant un événement digne d'intérêt.
House ouvrit la porte et se retrouva face à elle.
— House.
Il releva à peine les yeux de sa canne, adoptant cette indifférence étudiée derrière laquelle se dissimulait toujours une once de curiosité.
— Tiens, Stacy. Une assignation à comparaître ou juste une soudaine envie de ressasser le bon vieux temps ?
Un sourire en coin effleura les lèvres de Stacy.
— Rien de tout ça. Une affaire juridique qui implique l'hôpital j'aurai besoin de toi concernant un patient. Je suis là quelques jours. Wilson m'a dit que tu étais encore en vie, j'ai voulu vérifier.
House tourna la tête vers le bureau de son meilleur ami, dont la porte entrouverte laissait entrevoir une silhouette feignant d'être absorbée par un dossier. Wilson, visiblement peu subtil, tentait maladroitement de ne pas croiser son regard.
— Evidemment.
Stacy roula des yeux, puis, d'un mouvement presque désinvolte, laissa son regard errer dans la salle.
— Oh… tiens Cameron est revenue ?
House suivit ses yeux jusqu'à Cameron, penchée sur un dossier à l'autre bout de la pièce. À l'appel de son nom, celle-ci releva la tête, surprise.
Un instant de flottement.
Puis Stacy afficha un sourire chaleureux.
Sans attendre de réponse, elle franchit le seuil. L'équipe et les étudiants, sur le point de sortir pour une batterie de tests, se figèrent une fraction de seconde avant de reprendre leur mouvement et de quitter les lieux.
— Ça alors, je croyais que vous étiez partie à Chicago !
Cameron referma calmement son dossier et s'avança, mesurée.
— Et non je suis revenue.
Stacy hocha la tête, visiblement ravie.
— Je vois ça! Et… félicitations. Dit elle en baissant les yeux.
Un sourire poli. Presque mécanique.
— Merci.
House observa la scène en silence, son instinct lui soufflant que quelque chose d'inattendu allait suivre.
Stacy tourna de nouveau son attention vers House puis vers Cameron, espiègle.
— C'est drôle, j'ai croisé Chase récemment. Il n'a pas mentionné que vous et lui alliez avoir un bébé. C'est génial, je suis contente pour vous.
Le silence s'épaissit.
House sentit Cameron se raidir imperceptiblement à ses côtés. Son sourire ne disparut pas, mais il se figea, millimétré, presque crispé.
— Oh…c'est à dire que...
Un froncement de sourcils de la part de Stacy.
— Quoi ? J'ai dit une bêtise ?
House tapota doucement le sol avec sa canne, changeant imperceptiblement son appui.
Mauvais terrain.
Il n'allait clairement pas laisser cette conversation s'attarder là-dessus.
— Oh, tu sais ce que c'est, les histoires de séparation… rebondissements, drames, le divorce. Je t'épargne le résumé, tu pourrais le regretter.
Un éclat d'intérêt traversa le regard de Stacy, mais House ne lui laissa pas l'occasion d'approfondir.
— Tu disais que tu étais là pour une affaire juridique ? Parle-moi plutôt de ça. Il y a moyen que je puisse ruiner la carrière de quelqu'un ?
D'un geste fluide, il attrapa son bras et l'entraîna hors de la salle, le ton faussement léger.
Derrière eux, Cameron observait toujours, silencieuse. Légèrement inquiète
Avait elle du souci à se faire?
House guida Stacy hors de la salle de diagnostic avec une aisance feinte, laissant derrière lui une Cameron impassible. Du moins, en apparence.
Dans le couloir, Stacy marcha à ses côtés d'un pas léger, balayant les lieux d'un regard presque nostalgique.
— Rien n'a changé ici.
— Pas étonnant, les hôpitaux sont comme les cafards. Ils survivent à tout.
Elle sourit en coin.
— Et toi ? Toujours le même ?
House tourna la tête vers elle, haussa un sourcil faussement surpris.
— Tu veux dire un génie incompris et irrémédiablement séduisant ? Oui, merci de demander.
— Je pensais plutôt à un vieux célibataire acariâtre et incapable d'entretenir une relation fonctionnelle, mais pourquoi pas.
— J'apprécie ton optimisme.
Il lui lança un regard amusé et elle le lui rendit avec ce petit air joueur qu'il lui connaissait bien. L'échange aurait presque pu passer pour anodin, mais House sentait bien le sous-texte.
Elle s'attardait.
Et Stacy Warner ne faisait jamais rien sans raison.
Ils arrivèrent près du bureau de Cuddy, mais au lieu de frapper, Stacy s'adossa contre le mur, le détaillant avec une curiosité non dissimulée.
— Alors ? Toujours seul dans ton appartement miteux avec ton piano et ton whisky hors de prix ?
— Tu sais que tu peux acheter de la nostalgie en bouteille maintenant ? Ça t'évitera de revenir ici pour t'infliger ce genre de spectacle.
— Oh, je ne suis pas nostalgique. Juste intriguée.
— Par mon malheur perpétuel ?
— Par le fait que, malgré tout ce que tu racontes, tu sembles t'en accommoder plutôt bien.
House esquissa un sourire ironique et tapota le sol avec sa canne.
— C'est fou ce qu'on peut cacher sous une couche de cynisme.
Stacy croisa les bras, faussement pensive.
— Donc… pas de nouvelle conquête à martyriser ? Personne pour tolérer tes humeurs de vieux grincheux ?
— Oh, si. J'ai un chat.
Elle éclata de rire.
— C'est un progrès.
Il haussa légèrement les épaules, mais ne développa pas. Laisser Stacy dans l'illusion que rien n'avait changé avait un certain charme.
Et puis, soyons honnêtes : l'ironie dramatique était bien plus amusante ainsi.
La porte du bureau de Cuddy s'ouvrit brusquement et cette dernière les dévisagea avec méfiance.
— House, pourquoi est-ce que Wilson vient de me dire que tu erriez dans les couloirs avec Stacy ?
— Parce qu'il est mauvais pour garder un secret ?
Cuddy pinça les lèvres et se tourna vers Stacy.
— J'espérais que vous ne sèmeriez pas le chaos dès votre arrivée.
— Moi aussi, mais on retombe vite dans ses vieilles habitudes, non ? répondit Stacy avec un sourire.
House observa l'échange avec amusement.
— Bon, vous avez fini de jouer à qui a la meilleure punchline, ou je dois sortir du pop-corn ?
Cuddy ignora royalement sa remarque.
— Stacy, on a rendez-vous dans mon bureau dans cinq minutes. House, vous n'avez rien à faire ici.
— Vous dîtes ça comme si ça m'avait déjà arrêté.
Stacy leva une main en signe d'apaisement.
— Détendez vous, Lisa. Je ne fais que discuter avec mon ex.
— Ce qui est précisément ce qui m'inquiète.
Stacy rit doucement et tapota le bras de House, presque comme un geste de complicité retrouvée.
— On reprend cette conversation plus tard On mange ensemble à la cafétaria ce midi ? C'est moi qui t'invite.
Elle s'éloigna, lançant un dernier regard à House avant de disparaître dans le bureau de Cuddy.
Il resta là un instant, son sourire effacé, songeur.
Jouer avec Stacy était un jeu dangereux.
Et ce qui le rendait encore plus amusant, c'était que, cette fois, il n'était pas seul sur l'échiquier.
Derrière lui, à quelques mètres de là, Cameron venait d'apparaître au bout du couloir.
Elle n'avait probablement pas entendu la conversation. Mais elle avait tout vu.
Le sourire de Stacy, son rire, la façon dont elle avait touché son bras.
Et ça, ça risquait de compliquer un peu plus les choses.
House tourna les talons et revint vers la salle de diagnostic.
Ce n'était que le début du spectacle.
La cafétéria bourdonnait d'activité à l'heure du déjeuner. Entre les blouses blanches, les discussions feutrées et le bruit métallique des couverts contre les plateaux en plastique, House repéra Stacy installée à une table près de la baie vitrée. Elle sirotait un café en l'attendant, l'air aussi à l'aise que si elle n'avait jamais quitté l'hôpital.
House bu une gorgée de soda avant de s'installer en face d'elle avec un soupir théâtral.
— J'ai longuement hésité avant de venir, mais je me suis dit que refuser un repas gratuit serait une insulte à mes principes.
Stacy haussa un sourcil amusé.
— Toujours aussi vénal, je vois. Mais tu as tort, je pourrais très bien décider que c'est toi qui paies.
— Dans ce cas, j'espère que tu apprécieras le luxe de mon charmant départ précipité au moment de l'addition.
Elle rit doucement, balayant son plateau d'un regard critique avant de reporter son attention sur House.
— Tu n'as rien pris à manger ?
— Je me nourris exclusivement de sarcasme.
— Ah, c'est donc pour ça que tu rayonnes autant.
House eut un sourire en coin et piqua une frite dans son assiette.
— Tu veux me parler de cette affaire juridique ou juste assouvir ta curiosité maladive sur ma vie privée ?
Stacy prit une bouchée, jouant la nonchalance, mais il vit bien son regard pétiller d'amusement.
— Un peu des deux, peut-être. J'admets que te voir dans ton habitat naturel m'intrigue. Mais ne t'inquiète pas, je poserai les questions après le dessert.
House s'apprêtait à répliquer quand une silhouette familière s'imposa à leur table.
— Ah, quelle coïncidence ! Voilà justement l'endroit où je comptais déjeuner.
Wilson, un plateau à la main, s'installa avec un naturel désarmant, ignorant superbement le regard blasé de House.
— Wilson, tu as conscience qu'il y a au moins quinze autres tables libres ?
— Bien sûr, mais aucune d'elles ne m'offre le plaisir d'une conversation stimulante entre mon meilleur ami et son ex. Et puis, je voulais m'assurer que tu ne fasses pas de bêtise.
Stacy esquissa un sourire amusé.
— Toujours aussi protecteur, James ?
— Disons que l'expérience m'a appris à anticiper les catastrophes.
House leva les yeux au ciel.
— Génial. Maintenant, c'est une réunion d'anciens combattants. Quelqu'un veut évoquer nos années glorieuses ? Non ? Tant mieux.
Wilson entama son repas avec une sérénité feinte.
— Alors, de quoi parliez-vous ?
— De la théorie selon laquelle le sarcasme est une forme d'alimentation complète, expliqua Stacy avec sérieux.
— Ah, intéressant. Et vous en êtes venus à quelle conclusion ?
House lança un regard noir à son ami avant de reporter son attention sur Stacy.
— Donc, cette affaire juridique, c'est une excuse ou tu veux vraiment mon avis ?
Elle joua avec le bord de sa serviette, hésitante une fraction de seconde.
— C'est une vraie affaire, mais… c'était aussi l'occasion de te voir. Je ne vais pas mentir, j'étais curieuse de savoir comment tu allais.
Wilson haussait un sourcil, observant la scène avec un léger sourire. House, lui, croisa les bras, méfiant.
— Et donc ? Verdict ?
Elle l'observa un instant, l'air de chercher la faille.
— Tu as l'air… moins cynique que d'habitude presque joyeux. Ce qui est troublant, venant de toi.
Wilson sembla amusé.
— Ah, moins cynique, vraiment ? Voilà qui mérite une analyse approfondie.
House foudroya Wilson du regard avant de reporter son attention sur Stacy.
— Si tu es venue ici dans l'espoir d'un scoop, désolé de te décevoir. Rien n'a changé.
— Rien ? Vraiment ? Tu es sûr de ça, House ?
Stacy eut ce sourire espiègle qu'il connaissait par cœur. Elle le sondait, testait les eaux. Et quelque chose lui disait qu'elle ne croyait pas une seconde à son numéro.
Wilson, quant à lui, paraissait apprécier la dynamique comme s'il assistait à un feuilleton.
— Bon, maintenant que nous sommes tous réunis, autant en profiter pour discuter de ton… changement d'humeur récent.
House posa bruyamment sa canne contre la table.
— Mon humeur est constante, c'est votre perception qui est erronée.
Wilson, tout en continuant son repas, laissa planer un silence.
— On dirait que tu essaies de nous convaincre toi-même.
Stacy consulta son téléphone avant de poser sa tasse de café.
— Bon, je dois filer. J'ai un passage au bureau du juriste pour mon dossier en cours. Mais… je vais devoir passer dans ton bureau pour vérifier deux, trois infos. Tu pourras m'accorder cinq minutes ?
House haussa un sourcil, prêt à répliquer, mais Stacy se leva avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche.
— On se revoit tout à l'heure, alors.
Elle lui adressa un dernier sourire, son pas léger et assuré tranchant avec l'atmosphère plus lourde qui s'était installée autour de la table.
Une fois Stacy partie, House soupira et se laissa aller contre le dossier de sa chaise. Wilson, resté silencieux jusque-là, l'observa avec attention, jaugeant le moment opportun pour frapper.
— Donc, tu n'as pas trouvé utile de mentionner ta future paternité. Ni ta relation avec Cameron.
Sa voix était calme, mais le sous-entendu était clair.
House leva les yeux vers lui, son regard faussement détaché.
— Et pourquoi je l'aurais fait ? Ce n'était ni le lieu, ni le moment.
Wilson secoua la tête, un sourire amer au coin des lèvres.
— C'est un jeu dangereux, House. Tu sais que tu fonces droit dans le mur, n'est-ce pas ?
House se contenta de faire tourner sa canne entre ses doigts, feignant l'ennui.
— Et toi, tu sais que tu radotes ?
— Je suis sérieux. Tu joues avec le feu. Et pas seulement avec Stacy.
Wilson marqua une pause, puis ajouta, plus bas :
— Tu pourrais tout perdre. Alors, dis-moi, qu'est-ce que tu cherches à te prouver exactement ?
House planta enfin son regard dans le sien, mais son expression resta hermétique.
— Je sais exactement ce que je fais.
Wilson soupira, se levant lentement.
— Vraiment ? Ce matin encore, tu t'envoyais en l'air, je ne sais où dans l'hôpital, et là, Stacy débarque et tu fais comme si Cameron n'existait pas.
House esquissa un sourire sarcastique.
— Tu veux pas le dire un peu plus fort ? Le type au fond de la cafétéria n'a peut-être pas bien entendu.
Wilson roula des yeux, excédé.
— Fais ce que tu veux, House mais je t'aurais prévenu.
Sans attendre de réponse, il tourna les talons et quitta la cafétéria, laissant House seul, son expression toujours impassible, mais l'esprit bien moins tranquille.
Reprise de la journée
House reprit sa marche à travers l'hôpital, jonglant entre le cas en cours, les consultations et cette meute d'étudiants qui, comme toujours, le suivaient à la trace, obstinés comme des ombres en quête d'un secret à percer. Il s'amusait à les semer à chaque tournant, bifurquant soudainement, empruntant des détours imprévisibles, mais il savait bien qu'il ne pourrait pas leur échapper indéfiniment. Ce qui l'intéressait, ce n'était pas tant de les fuir que d'éviter qu'ils ne s'immiscent dans ses pensées déjà encombrées.
Il s'arrêta brièvement, laissant son regard balayer l'agitation de l'hôpital. Le bourdonnement ambiant – conversations, bruits de pas précipités, bips incessants des moniteurs – se fondait en un murmure de fond, presque imperceptible. Pourtant, son esprit était ailleurs.
Un mouvement attira son attention. Il tourna la tête vers la salle de diagnostic. Cameron était là.
Elle était assise à son bureau, un dossier ouvert devant elle, mais elle ne le lisait pas. Son regard était fixe, perdu quelque part au-delà des pages. House la connaissait trop bien pour croire à une simple concentration intense. Ce n'était pas une absorption studieuse dans un cas médical. Non, elle était ailleurs. Distante. Fermée.
Et énervée.
Il n'avait pas besoin de creuser bien loin pour comprendre pourquoi.
Stacy.
Et lui.
Et le fait qu'il n'avait pas saisi l'occasion, ce matin, pour dire la vérité.
Il avait esquivé, encore et encore, repoussant l'inévitable comme un joueur misant sur du temps qu'il n'avait pas. Il savait que Cameron finirait par lui en vouloir, qu'elle était probablement déjà en train de lui en vouloir. Mais s'il l'admettait, s'il prononçait les mots, il devrait affronter ce que ça impliquait.
Et ça, c'était une autre histoire.
À cet instant, Cameron leva enfin les yeux et croisa son regard.
Un battement de cœur.
Une fraction de seconde d'hésitation.
Puis, sans un mot, elle détourna brusquement la tête, comme si ce bref échange l'avait agacée plus qu'autre chose.
House serra machinalement sa canne. Il n'afficha rien, bien sûr. Il était passé maître dans l'art de masquer le peu qu'il ressentait.
Mais il savait reconnaître quand il avait merdé.
Et cette fois, il avait merdé.
Pour de bon.
Bureau de House – Fin de journée
Stacy débarqua dans le bureau de House. Elle fouillait dans les étagères métalliques, ses doigts glissant d'un dossier à l'autre avec une efficacité méthodique. House n'était pas là, son équipe non plus. L'occasion était trop belle pour ne pas en profiter.
Elle jeta un coup d'œil vers son bureau, repoussant distraitement quelques papiers du bout des doigts. Toujours à la recherche d'un dossier pour son cas en cours, elle s'arrêta lorsqu'une photo fine, légèrement froissée, attira son attention. Une image en noir et blanc, aux contours flous mais reconnaissables.
Une échographie.
Ses sourcils se froncèrent tandis qu'elle la saisissait, détaillant du regard les formes indistinctes du fœtus figé sur la pellicule thermique.
C'est à ce moment que House fit irruption dans la pièce.
Il s'arrêta net.
Un silence pesant s'abattit aussitôt.
Stacy leva lentement les yeux vers lui, la feuille toujours entre ses doigts.
— Greg… c'est quoi, ça ?
Son ton n'avait rien d'accusateur. Juste une incompréhension brute, un mélange de surprise et de calcul silencieux.
House ne bougea pas. Son regard s'attarda sur l'échographie, puis sur Stacy. Finalement, il s'avança et s'appuya sur sa canne, nonchalamment, en apparence du moins.
— Ça ? Il haussa un sourcil. Oh, ça c'est une échographie.
— Merci, j'avais compris. Son regard chercha le sien. Mais qu'est-ce qu'elle fait sur ton bureau ?
Il jeta un coup d'œil rapide à la porte, puis à la vitre du couloir, s'assurant qu'aucune oreille indiscrète ne traînait. Puis il soupira, comme si cette confession lui coûtait plus qu'il ne voulait bien l'admettre.
— On t'a déjà dit que c'était mal de fouiller ?
— House, pourquoi c'est sur ton bureau ?
Un léger silence s'étira. House hésita une fraction de seconde, puis lâcha, d'une voix plus grave qu'il ne l'aurait voulu :
— C'est… c'est ma fille.
Il n'avait pas prévu de le lui dire comme ça. Pas maintenant. Mais c'était sorti spontanément, et il ne pouvait plus revenir en arrière.
Le temps sembla se suspendre.
Stacy cligna des yeux, assimilant l'information, avant qu'une évidence ne s'impose à elle.
— Cameron ? C'est bien ça ?
Ce n'était même pas une question.
House hocha simplement la tête.
Elle regarda l'échographie un instant, la faisant tourner entre ses doigts avant de la reposer doucement sur le bureau. Son regard s'assombrit, non pas de colère, mais de quelque chose de plus profond. Une prise de conscience.
— Je suis bête, ça me paraît tellement évident maintenant quand j'y repense. Sa façon de nous regarder ce matin. Cette gêne quand j'ai évoqué Chase comme étant le père de son enfant...
House ne répondit pas. Il fit tourner sa canne entre ses doigts, geste nerveux qu'il ne contrôlait même pas.
Stacy l'observa un moment, puis s'assit sur le rebord du bureau, face à lui.
— Tu as peur ?
Il haussa un sourcil, prêt à répliquer.
— De quoi ? De changer des couches ? D'avoir un bébé qui hurle à longueur de journée ? D'être réveillé toutes les nuits ? Absolument pas, ça a l'air génial.
— Greg…
Son souffle s'échappa dans un soupir. Il baissa les yeux un instant, fixant un point invisible sur le sol.
— C'est compliqué.
— Évidemment que c'est compliqué. Elle eut un sourire en coin, empreint d'une douceur inattendue. Mais c'est réel. Tu vas être père.
House resta silencieux.
— Elle t'aime ? demanda Stacy après un temps, son ton plus doux, plus mesuré.
Un sourire en coin étira brièvement les lèvres de House.
— Probablement.
— Et toi ?
House fixa un instant l'échographie, comme s'il y cherchait une réponse qu'il refusait encore de formuler à voix haute. Il haussa imperceptiblement les épaules.
— Je suis là.
Un silence.
Stacy secoua la tête, mi-amusée, mi-attendrie.
— Ne merde pas tout, Greg.
Un instant, elle le regarda comme avant. Comme lorsqu'ils partageaient encore une vie, un amour, une complicité teintée de douleur. Mais il y avait autre chose dans ses yeux. Une compréhension silencieuse. Un adieu qui s'imposait.
Elle se pencha et déposa un baiser léger sur sa joue.
Puis, sans un mot de plus, elle se leva et quitta la pièce.
House ne bougea pas.
Ce n'est qu'une fois la porte refermée derrière elle qu'il laissa échapper un souffle imperceptible.
Page tournée. Définitivement.
Ce qu'il ignorait, en revanche, c'est qu'au même instant, derrière la vitre du bureau, Cameron observait la scène.
Elle n'avait rien entendu.
Mais elle avait vu Stacy poser une main sur sa joue, l'embrasser doucement avant de s'éloigner.
Ses doigts se crispèrent légèrement autour du dossier qu'elle tenait.
Un trouble passa dans son regard. L'ombre d'un doute. D'un souvenir douloureux peut-être. D'un réflexe qu'elle n'avait pas su réprimer.
Puis, sans un mot, elle tourna les talons et disparut.
Salle de diagnostic – Début de soirée
La journée venait de s'achever, et les derniers membres du personnel quittaient progressivement l'hôpital. Dans la salle de diagnostic, Cameron rangeait ses affaires avec des gestes un peu trop brusques, comme si elle tentait de canaliser une énergie qu'elle ne voulait pas laisser exploser.
House, toujours appuyé contre la table, l'observait d'un air indéchiffrable. Il avait renvoyé l'équipe et les étudiants d'un geste désinvolte, mais elle était restée. Cameron sentit sa présence sans même lever les yeux.
— Tu comptes m'observer encore longtemps ? lâcha-t-elle en fermant son carnet avec un claquement sec.
— Tu as l'air contrariée.
Elle releva enfin la tête et lui lança un regard chargé d'émotions contenues.
— Pourquoi je devrai ?
Il haussa un sourcil.
— Laisse-moi deviner… ça a un lien avec Stacy?
— A ton avi ? Elle posa les mains sur la table et le fixa. Dis-moi, House… À quel moment avais-tu prévu de parler de moi et du bébé à Stacy ?
Un silence. Infime, mais révélateur.
— Stacy ? fit-il d'un ton faussement détaché.
— Oui, Stacy. répéta-t-elle, plus sèchement. Tu as largement eu l'occasion d'évoquer notre relation et ta paternité quand elle a débarqué dans la salle de diagnostic ce matin.
House fronça légèrement les sourcils.
—Alors c'est ça qui te dérange ?
— Ce qui me dérange, c'est que tu n'as rien dit. Rien sur moi. Rien sur le fait que… Elle s'interrompit un instant, puis reprit d'un ton plus bas, presque vacillant. Que tu vas bientôt devenir père.
Il ne répondit pas immédiatement.
Cameron inspira profondément, essayant de garder une contenance. Mais tout était là, à fleur de peau.
— Je peux comprendre que Stacy ait été importante pour toi. Que ce soit une histoire importante de ta vie. Mais moi ? Je suis quoi pour toi, House ?
Elle fit un pas vers lui, son regard ancré dans le sien.
— Je suis juste une conquête accidentelle ? La mère d'un enfant que tu n'as jamais voulu ?
Il secoua légèrement la tête, comme si les mots qu'elle employait l'agressaient.
— Tu sais très bien que c'est faux. Ecoute...
— Non, toi tu vas m'écouter. Elle planta son regard dans le sien, un mélange de colère, de douleur et d'une sincérité désarmante. Parce que moi, je vais te dire le fond de ma pensée.
Elle prit une inspiration tremblante.
— Je suis amoureuse de toi House.
Les mots tombèrent, lourds, définitifs.
— Tu comprends ? Pas depuis hier, pas depuis quelques mois. Depuis toujours.
House ne bougea pas. Il la fixait, comme si elle venait de dire quelque chose d'impossible, d'impensable.
— Depuis toujours, répéta-t-elle d'une voix plus douce, plus vulnérable. Même quand j'étais avec Chase. Même quand je me suis mariée. Même quand je suis partie. Elle rit brièvement, un rire amer. J'ai essayé de t'oublier, tu sais. J'ai essayé de me convaincre que toi et moi c'était illusoire, que tu étais toxique pour moi, que je méritais mieux.
Elle marqua une pause, avant de souffler :
— Mais c'était un mensonge. Je me mentais à moi même
House entrouvrit la bouche, puis la referma. Il n'avait aucune réplique. Encore sous le choc de ses révélations.
— Alors dis-moi, House. Qu'est ce qu'on fait? Sa voix se fit plus ferme.
House passa une main sur son visage, comme si le poids de cette conversation devenait trop lourd.
— Ce n'est pas ça.
— Alors quoi ? Elle secoua la tête. Tu m'as ramenée ici. Tu m'as demandé de revenir dans ton service. Tu es là, tous les jours, à veiller sur moi sur le bébé… Et pourtant, quand il s'agit de m'évoquer auprès de Stacy je n'existe plus. Tu n'assumes pas.
Un silence. House semblait lutter intérieurement.
— Tu es bien plus importante à mes yeux que tu ne le crois.
Cameron laissa échapper un rire incrédule.
— Je n'en ai pas l'impression. En tout cas ce n'est pas se que tu as laissé croire aujourd'hui.
House serra la mâchoire.
— Ce que je partage avec toi… c'est différent.
— Différent de quoi ? De ta relation avec Stacy ?
— Que tout.
Cameron fronça les sourcils.
— Je ne peux pas me contenter que de ça. Sa voix trembla légèrement. De savoir que c'est "différent" ? Si tu ne veux pas de moi. Dis-le. Dis-le et je te promets que je te laisserai tranquille.
House baissa les yeux. Il était piégé. Il ne voulait pas la perdre. Mais il ne savait pas comment réagir.
— Cameron…
Elle attendit, le cœur battant.
Mais il ne termina pas sa phrase.
Elle sentit une boule se former dans sa gorge et recula d'un pas, son regard brillant de déception et de tristesse.
— Je suis fatiguée d'attendre quelque chose qui n'arrivera jamais.
House ouvrit la bouche, prêt à… quoi ? À la retenir ? À lui dire qu'elle avait tort ?
Mais il n'en fit rien.
Alors elle hocha doucement la tête, en résignation.
— Bonne soirée, House.
Et cette fois, elle partit.
Il resta seul dans la salle, incapable de bouger, incapable de réfléchir normalement.
Cameron venait de lui avouer qu'elle l'aimait et ce depuis toujours.
Et il venait peut-être de tout foutre en l'air.
