Chapitre 15: Les Framboises me sauve
J'avais espéré que la session d'entrainement suivante serait plus simple, en vain. D'un, le sol était inégal et je devais faire attention pour ne pas me tordre une cheville. Et de deux, mes muscles ne s'étaient pas encore remis de la session de la veille. La sensation de brulure que me provoquaient les courbatures faisait s'envoler ma motivation comme neige au soleil.
La nuit avait été très courte. Je n'avais pas pu l'enlever de mon esprit. Ses yeux, son corps contre moi hier soir… Mes pensées tournaient en boucle ces moments passés avec Zuko.
Si j'avais dû m'entrainer seule, j'aurais surement été encore moins appliquée, mais les voir tous assidus et concentrés me donnaient la force de m'appliquer encore un peu plus.
Et puis, je n'oubliais pas non plus, on avait des framboises et des mures qui nous attendaient pour le voyage. Nous les avions cueillies pour le petit déjeuner mais il en restait bien assez pour notre périple dans les airs.
Tremblante sous l'effort, je n'arrivais pas à finir ma série. Résignée, je préférais passer à des étirements. Puis, par la suite, j'allais m'assoir à l'écart pour les regarder. Toph ne participait, une fois de plus, pas à ses entrainement et s'était installée de son allure nonchalante sur un rocher.
Une fois installée contre Appa, je pus découvrir les différents exercices de mes camarades. Appliqués dans leur propre entrainement, ils n'avaient pas remarqué que je m'étais mise à l'écart.
Peu de temps après l'avoir rejointe, Toph engagea la discussion:
- Tu fais une pause?
- Oui si on veut… je suis incapable de faire plus.
- Si tu le dis.
- Je m'arrête là pour aujourd'hui, je reprendrais dès demain.
Il est facile de critiquer quand on ne fait rien, je détournais les yeux sans plus argumenter, vexée de sa remarque.
Un peu à l'écart, Katara et Sokka avaient improvisé un stand de tir. Des rondins de bois étaient disposés, plus ou moins loin, dans un petit périmètre autour d'eux. Le moindre choc laissait une entaille dans le bois tendre, témoin de leur réussite. Alors qu'Aang et Zuko, de leur côté, enchainaient des mouvements chorégraphiés en rythme.
Les postures bien saccadées chez le jeune maitre de l'air étaient d'une fluidité quasi inébranlable chez son professeur. Telle une danse, les muscles de ce dernier se contractaient en rythme. Des flammes jaillissaient de ses mains ou de ses pieds à des moments bien précis de la chorégraphie.
Bien qu'intimidantes, ses flammes jaunes me captivaient. Il m'était alors impossible de détourner le regard, j'en étais hypnotisée.
- Ferme la bouche, tu baves…
Le retour à la réalité fut brutal et je foudroyais du regard ma voisine. Bien qu'aveugle, elle ne semblait pas avoir perdu une miette de mon admiration.
- Je ne bavais pas!
- C'est lequel des deux qui t'intéresse?
- Je ne suis intéressée par personne!
- C'est Aang, l'avatar ? Ou peut-être Zuko, le prince en pleine rédemption?
- C'est uniquement leur entrainement qui m'intéresse.
- Tu n'as pas besoin de me répondre, je le sais déjà, un cœur ne se trompe jamais. Tu peux compter sur moi pour un coup de pouce.
Elle m'adressa un clin d'œil évocateur. Je levai les yeux au ciel.
- Tu dois trop t'ennuyer, tu te crées des histoires, il n'y vraiment rien.
- Oui, oui…
Elle souriait visiblement satisfaite de ma réponse et de sa promesse. Je vais devoir être prudente. Je ne sais pas quel coup fourré elle pourrait me préparer.
On déchargeait nos affaires après notre atterrissage. Toph sifflotait. De mon côté, je repense encore à ses flammes, lors de l'entrainement de la dernière fois, précises et ardentes. Elles pouvaient être si belles quand il ne fallait pas les craindre.
Brusquement elle s'arrêta de siffler:
- Zuko, je pense que Likana ...
Mon sang ne fit qu'un tour! Je ne le lui laissais pas le temps de dire un mot de plus. Je lui mis une poignée des derniers fruits rouges dans la bouche.
- Je te laisse les framboises, sans problème Toph! Zuko, j'ai aperçu un animal là-bas, tu le connais peut-être toi?
Je désignais une grosse pierre, me forçais à sourire, essayant d'être naturelle. Dès qu'il se retourna vers l'endroit indiqué, je m'adressai à Toph dans un murmure. Je voulais être certaine qu'elle soit la seule à m'entendre:
- Arrête tout de suite!
- Mais...
- J'ai dit non!
Zuko, perplexe, revient vers nous:
- Je n'ai rien vu.
- Il a dû partir.
- Il était dangereux?
- Non je ne pense pas. Je te dirai si je le revois.
Après un dernier regard menaçant à Toph, je repartie vaquer à mes occupations et ils firent de même.
Nous avions bien progressé dans notre périple à travers le royaume de la terre. Mon grand frère prenait son rôle de navigateur très au sérieux. Il avait organisé, dans les nombreuses villes étapes que nous avons traversées, des arrêts discrets et stratégiques pour rejoindre notre but, la nation du feu.
Notre joyeuse bande s'était bien agrandie depuis ses débuts, de quatre au départ du pôle nord, nous étions passés à six. Katara semblait se détendre, au fils des jours, en présence de Zuko pour mon plus grand bonheur. Depuis quelque temps déjà il ne quittait plus mes pensées.
Deux semaines étaient passées, il nous restait donc un peu plus d'un mois avant le passage de l'éclipse solaire. C'est à ce moment précis que l'invasion du palais du seigneur du feu aurait lieu.
Les différents combattants, rencontrés lors de notre voyage, avaient été prévenue et ils nous aideront le moment venu. Le plan bien ficelé suivait son cours sans accroc.
Mon entrainement acharné commençait à porter ses fruits. J'avais gagné en endurance et en rapidité. Je m'étais entrainé à lancer de petites fléchettes de bois. On devait mettre tous les chances de notre côté pour la bataille à venir.
