Chers lecteurs,
Désolé pour ces 24h de retards. J'ai essayé par tout les moyens de publier hier et im-po-ssible ! Aussi, toutes mes excuses pour ce contretemps qui n'était pas de mon ressort. Je souhaites également remercier les personnes qui ont laissés des reviews ou même des messages dans ma boite de messagerie. Votre enthousiasme ne fait que m'encourager à finir cette histoire, qui, vous vous en doutez, est un travail de longue haleine.
À présent, place à la lecture
Drago observait la couverture de Forbes Magic, admirant la femme qui y figurait. Installé dans son bureau, il jouissait d'une vue panoramique sur les toits chaumés du chemin de Traverse, ainsi que sur l'ensemble de Londres, enveloppé dans un manteau blanc de neige. Cependant, ce n'était pas le paysage urbain qui retenait son attention à cet instant.
Le bureau de Drago Malefoy se trouvait au dernier étage d'un édifice ultramoderne en verre et en acier, s'élevant fièrement dans le paysage de la capitale. L'entrée de l'entreprise Waystar était tout aussi contemporaine, dotée de portes coulissantes en verre qui s'ouvraient automatiquement à l'approche des visiteurs.
En pénétrant dans le bureau de Drago, on était immédiatement frappé par son design épuré et élégant. Les murs, revêtus d'un blanc immaculé, laissaient place à une vaste fenêtre panoramique offrant une vue imprenable sur la ville. Un immense bureau en verre trônait au centre de la pièce, sur lequel reposait un ordinateur ultra-performant ainsi qu'une tablette tactile.
Au fond de la salle, une salle de réunion se dévoilait, équipée d'une grande table en bois clair et d'écrans tactiles également. C'est dans cette pièce que Drago tenait ses réunions d'affaires avec ses associés et employés. Des étagères en verre ornaient les murs, exposant les produits de l'entreprise ainsi que des prototypes de nouveaux balais en cours de développement. Des tableaux blancs étaient accrochés ici et là, couverts de notes et de schémas.
Le sol était tapissé d'un tapis gris clair, tandis que des plantes vertes apportaient une touche de fraîcheur à l'ensemble. Des fauteuils en cuir noir étaient disposés près de la fenêtre, offrant un coin détente à Drago durant ses moments de réflexion. Un mini-frigo, dissimulé sous le bureau, était garni de boissons fraîches pour les chaudes journées d'été. Un coin café avait également été aménagé, dotée d'une machine à expresso dernier cri.
Le bureau de Drago était à la fois fonctionnel et moderne, illustrant parfaitement l'image de Waystar : dynamique, innovante et en constante évolution. On pouvait ressentir qu'il s'agissait d'un lieu où les affaires prospéraient et où les idées foisonnaient.
Fixant la couverture du magazine, il ne put s'empêcher d'éprouver un certain désir de rencontrer la femme qui la décorait. Elle avait de longs cheveux roux, des yeux vert émeraude, avec une lueur de malice scintillant dans son regard, et un visage aux traits si magnifiques qu'il se demandait si elle n'avait pas des origines Vélanes pour être ainsi belle. Il n'avait que rarement croisé d'aussi belles femmes au cours de sa vie, pourtant il en avait côtoyé un bon nombre au fil des années.
Il tourna à nouveau la page, là où il s'était arrêté de lire l'interview pour la dixième fois depuis qu'il l'avait entamée une heure auparavant, simplement pour admirer de nouveau cette femme qu'il ne pouvait s'empêcher d'admirer, aussi bien pour sa beauté que pour son intelligence.
Une centaine de procès, et aucun n'avait été perdu jusqu'à présent. Cela le persuadait qu'elle était bel et bien l'avocate qu'il lui fallait.
- Alors ? Elle te plaît ? s'enquit une voix familière.
Drago sursauta et se retourna pour apercevoir l'un de ses deux meilleurs amis : Blaise Zabini. L'homme qui avait partagé toute sa scolarité à Poudlard avec lui, et qui était à présent l'un des deux associés de Waystar & Co., et accessoirement son beau-frère, l'observait avec un rictus amusé au coin des lèvres, appuyé sur le bureau, penché vers lui, son costume bleu se tendant. Drago songea qu'il était peut-être temps pour lui d'arrêter les stéroïdes et de réduire son temps passé à la salle de sport.
Le blond soupira et repoussa le magazine sur la surface de son bureau.
- Blaise, qu'est-ce qui t'amène aujourd'hui ?
- Nous devons parler du rachat de Nimbus, fit-il en se saisissant de la revue. Mmmh… pas mal… Pas mal du tout même. Ta prochaine proie ?
- Non, soupira Drago d'exaspération. La prochaine avocate de mon père.
Alors que Blaise haussait un sourcil dubitatif, Théo poussa la porte vitrée du bureau, tenant sous son bras un ordinateur dernier cri.
- Bon, on s'y met ? J'ai un déjeuner prévu après.
Il s'approcha de Blaise et jeta un coup d'œil à la couverture du Forbes par-dessus son épaule.
- Qui est-ce ? demanda-t-il intrigué.
- Kate Harrington, la future avocate de Lucius, annonça Blaise.
Théo leva un sourcil à son tour, tout aussi perplexe que son ami, fixant le blond.
- Tu crois qu'elle va accepter de le défendre ?
- Veux-tu dire après la vingtaine de refus que ma mère et moi avons essuyés depuis le début de nos recherches ? rétorqua Drago sur la défensive.
- Ne le prends pas mal. Tu sais très bien que ce n'est pas dans ce sens que je voulais le dire.
Drago s'adossa au dossier de sa chaise, croisant les mains devant lui. Ses deux amis prirent place sur les fauteuils face à lui.
- Dis-toi que si elle refuse, tu pourras peut-être la rajouter à ta liste de conquêtes, sourit Blaise d'un air goguenard.
- Franchement, tu penses vraiment à ça en ce moment ? grimaça l'ancien Serpentard.
- Daphné est à la fin de sa grossesse. Elle a fermé boutique pour le moment, s'esclaffa Théo.
Drago sourit à son tour. Blaise, quant à lui, fut agacé par la remarque de Nott.
- Tu espères toujours une fille à ce stade ? questionna le blond.
- Je pense que le gynécologue s'est trompé, affirma Blaise avec conviction. Ce n'est pas possible d'avoir un quatrième garçon.
- Et Daphné, qu'est-ce qu'elle en pense ?
- Oh, tu sais. Je crois qu'elle a tout simplement fait son deuil, dit Blaise en haussant les épaules.
- Et vous avec Astoria ? Elle t'en veut toujours pour tes incartades ? questionna Théo.
Le visage de Drago s'assombrit.
- Si ta question est : est-ce que je dors toujours dans l'aile ouest du château, Théo, alors c'est un oui.
- Je ne comprendrai jamais pourquoi vous ne divorcez pas tous les deux, murmura Blaise.
- Je ne le comprends pas moi-même, alors comment pourrais-je te répondre à cela ?
Blaise et Théo échangèrent un regard rempli de compréhension silencieuse.
- Bon, on s'y met ? fit Drago en se redressant sur sa chaise.
Tous trois se mirent alors au travail, élaborant une stratégie pour le rachat de Nimbus, une entreprise sur le point de faire faillite.
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Au cœur de Dubaï, où le ciel embrasse les dunes dorées, s'élèvait une villa moderne, véritable chef-d'œuvre architectural. Sa façade, audacieusement mêlant béton brut et verre scintillant, semblait défier les lois de la gravité tout en s'harmonisant avec le paysage environnant. Les grandes baies vitrées, telles des yeux ouverts sur un monde lumineux, invitaient le soleil à inonder chaque recoin de cette majestueuse demeure.
En pénétrant dans le salon, on découvrait un espace vaste et lumineux, où le mobilier contemporain s'épanouissait comme des œuvres d'art. Les murs, ornés de tableaux vibrants, racontaient des histoires de voyages lointains et d'émotions partagées. Ici, le doux murmure du vent se mêlait au crépitement d'un feu dans la cheminée, créant une ambiance chaleureuse et conviviale.
La cuisine américaine, épicentre de la vie familiale, s'étendait avec élégance. Un îlot central, tel une île au milieu d'un océan de créativité culinaire, invitait à la gastronomie et aux rires partagés. Les placards en bois clair, rehaussés de marbre éclatant, évoquaient une sophistication sans ostentation.
À l'extérieur, le jardin s'épanouissait comme un tableau vivant. La piscine à débordement, miroir des cieux azurés, appelait à la détente sous le soleil brûlant. Des palmiers dansaient doucement au rythme du vent, tandis que des chaises longues invitaient à la paresse, bercées par le chant des oiseaux.
À l'étage, la chambre d'une fillette était colorée et ludique, débordante de créativité. Un univers où les rêves prenaient vie, ornée de coussins moelleux et de motifs enchanteurs, elle devenait un cocon de joie et de fantaisie. Elle était reliée à la chambre de son frère par une salle de bain entièrement faite de marbre. La chambre du jeune homme, empreinte de style et de caractère, évoquait une atmosphère moderne et dynamique. Avec son lit simple et ses éléments de décoration inspirés du sport, cet espace devenait le reflet d'une personnalité en plein essor.
De l'autre côté du couloir, le bureau, à la fois chic et fonctionnel, cachait un passage secret, un mystère dissimulé derrière une bibliothèque bien garnie. Ce sanctuaire de concentration, où l'inspiration se mêlait au secret, offrait un refuge à l'imagination. La porte d'à côté donnait sur un dressing, qui est, quant à lui, un rêve devenu réalité. Ses étagères sur mesure, illuminées par un éclairage tamisé, mettait en valeur des trésors de mode, tandis que les miroirs reflétaient des aspirations et des désirs. Ce dressing ouvrait sur une autre salle de bain dont l'eau murmurait des secrets de relaxation. La baignoire îlot, telle une perle précieuse, invitais à l'évasion. Les matériaux raffinés, du marbre aux accessoires modernes, créait une ambiance de spa, un espace où le temps semblait suspendu.
Enfin, la suite parentale se révélait être un sanctuaire de paix. Dotée d'un grand lit King-size, elle offrait une vue imprenable sur l'horizon, où le soleil se lèvait chaque matin comme un tableau vivant. Les rayons dorés du soleil filtraient à travers les rideaux de taffetas couleur or. Derrière l'immense baie vitrée, la ville de Dubaï émergeait de la nuit, témoin des festivités de ses habitants et de ses touristes.
Au sein de la pièce, un rayon lumineux éclairait le visage d'une femme d'une trentaine d'années, allongée et emmêlée dans les draps de soie du lit majestueux dont la tête de lit en velours bleu montait jusqu'au plafond. Ses longs cheveux roux étaient éparpillés çà et là sur le coussin où elle dormait profondément.
Cependant, le doux rêve dans lequel elle était plongée fut écourté par l'arrivée d'une jeune fille d'environ une dizaine d'années. Celle-ci poussa la double porte et parcourut la moquette crème pour courir jusqu'au lit de sa mère afin de la réveiller.
- Mam's ! chuchota-t-elle en se penchant vers la rousse.
Mais cette dernière n'entendit pas.
- M'man ! fit-elle plus fort.
Seul un grognement lui répondit. Perdant patience, la jeune fille, qui ressemblait trait pour trait à sa mère, posa une main sur son épaule et la secoua légèrement.
- Maman ! s'exclama-t-elle d'un ton exaspéré.
- Mmmh… quoi ?! sursauta la femme en se retournant.
C'est ainsi qu'elle aperçut sa fille penchée au-dessus d'elle, ses yeux gris l'observant fixement.
- Théia… souffla la mère en jetant un coup d'œil à son réveil matin. Il n'est que sept heures.
- Scorp' a encore pris toutes les céréales. Je n'ai plus rien à manger !
- Prends des tartines ou bien fais-toi des gaufres, répliqua la mère en lui tournant le dos, refermant les yeux dans l'espoir de se replonger dans le peu de sommeil qu'il lui restait à profiter.
- Je ne sais pas me servir du gaufrier, s'exaspéra Théia.
- Je t'ai montré comment l'utiliser la semaine dernière, bailla la mère.
- Ça irait plus vite avec une baguette ou… toi.
La mère ouvrit les yeux et lâcha un soupir d'exaspération. Finalement, elle se redressa, se frotta le visage, espérant chasser les dernières traces de fatigue.
- Très bien, je vais t'en faire, fit-elle à contrecœur.
- YES ! s'écria sa fille en levant les poings au ciel.
Puis, Théia courut vers le couloir, ses pas tambourinant sur le parquet et dévalant les escaliers qui menaient au salon.
La mère tira les draps et se leva d'un geste las du lit. Elle enfila sa robe de chambre en satin blanc, couvrant son pyjama de la même couleur, et quitta la pièce à son tour pour rejoindre ses enfants dans la cuisine.
Elle longea le long corridor où plusieurs portes étaient alignées et dévala les marches pour rejoindre le salon, avant de se diriger vers la cuisine ouverte, où son fils était déjà installé sur un tabouret, dégustant ses céréales tout en lisant un grimoire sur les potions, le livre en équilibre sur le pichet rempli de jus de citrouille.
Elle s'approcha de lui et embrassa le sommet de sa tête blonde.
- Tu aurais pu laisser un peu pour ta sœur, fit-elle en guise de salut, contournant le comptoir pour rejoindre sa fille qui l'attendait près du gaufrier.
- Chalut, M'man, mâcha le jeune garçon la bouche pleine de céréales.
La mère lui lança un regard mi-désapprobateur, mi-amusé. D'un geste fluide du poignée, elle fit s'ouvrir le frigo, puis le lait flotta dans les airs. Son fils releva ses yeux gris, identiques à ceux de sa jumelle Théia, observant leur mère faire une pâte à gaufre avec aisance.
Théia, impatiente, s'installa à ses côtés et saisit le pichet, ce qui fit tomber son grimoire.
- Hé ! protesta Scorpius, la bouche pleine.
- J'ai besoin d'un verre ! s'exclama Théia.
Leur mère fit léviter le livre d'un geste las et leur lança un regard menaçant, les faisant aussitôt taire. Puis elle leur tourna le dos, tandis que Théia tirait la langue à son frère dans un geste purement enfantin. Scorpius leva les yeux au ciel et retourna à son bol de céréales.
- M'man ?
- Oui, mon chéri, répondit-elle en commençant à remuer la pâte à gaufres.
- Quand est-ce qu'on ira visiter les nouveaux bureaux à Dublin ?
- Mmmh… je ne sais pas, répondit-elle pensivement, occupée à verser la pâte dans l'appareil. Je crois avoir aperçu un rendez-vous inscrit pour samedi sur mon carnet hier. Ce serait une bonne occasion d'y aller. Qu'en pensez-vous ?
- Super idée ! s'enthousiasma Théia.
- Dis-moi, il doit être drôlement important ce client pour que tu te déplaces jusqu'en Irlande ? remarqua Scorpius.
- Apparemment, il a exigé que ce soit moi. Mais j'ai déjà prévu de refiler le dossier à Andrew.
Son fils hocha la tête tandis que sa fille se trémoussait sur son tabouret, manipulant les gaufres. La femme ne pouvait s'empêcher de sourire, constatant à quel point chacun avait sa propre personnalité. L'une était l'exact portrait de sa mère à son âge, tandis que l'autre était aussi sérieux, arrogant, charismatique, et beau que son père l'avait été.
Comme à son habitude, la pensée de l'homme qui l'avait tant fait souffrir passa rapidement. Elle balaya cette idée aussi vite qu'elle était survenue.
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La mère ralentit sa voiture à l'approche de l'école de ses enfants. Scorpius se pencha vers elle pour l'embrasser sur la joue, tandis que Théia sortait déjà de la voiture. Ils la saluèrent d'un signe bref de la main et coururent rapidement vers l'entrée, la cloche annonçant le début des cours résonnant déjà.
Puis, la jeune femme démarra son bolide, se dirigeant tout droit vers Palm Jumeirah Road, qui était à quelques minutes de là. Elle gara sa voiture dans le parking du centre commercial de Nakheel et sortit, se dirigeant directement vers une porte signalée comme réservée au personnel. Elle traversa un long couloir illuminé par les néons, puis descendit des escaliers escarpés, dévalant les marches avec une aisance déconcertante malgré l'irrégularité de la pierre et ses escarpins de dix centimètres.
Elle déboucha sur un autre petit corridor avant de se poster devant un ascenseur qui avait l'air en panne depuis de nombreuses années.
La rousse entra le code et les portes de l'habitacle s'ouvrirent dans un crissement significatif. Elle pénétra dans l'appareil et les portes se refermèrent. Une voix féminine s'éleva alors.
- Veuillez décliner votre identité.
- Kate Harrington, PDG de Harrington et Associés.
- Bienvenue, Maître Harrington.
Kate esquissa un sourire pensif, puis l'ascenseur commença sa longue descente vers les souterrains de Palm Jumeirah.
Quelques secondes défilèrent durant lesquelles la femme, munie de son sac à main de haute couture, consulta un dossier.
Le « ding » de l'ascenseur lui annonça qu'elle était arrivée. Les portes s'ouvrirent et, plongée dans son étude de cas, marchant d'un pas déterminé, elle ne vit ni ses employés se précipiter pour la laisser passer, ni ceux qui l'observaient avec un regard apeuré. D'autres saluaient son passage d'une voix tremblante. Mais Kate Harrington était habituée à ce genre d'attitude ; l'exigence et l'excellence qu'elle demandait à ses employés suffisaient à les faire trembler d'angoisse à l'idée qu'elle lève ne serait-ce qu'un regard sur eux. Cela pouvait signifier deux choses : une promotion ou un renvoi immédiat, et la plupart du temps, ce n'était pas la première option qui l'emportait.
L'avocate émérite et célèbre n'était pas arrivée là où elle en était sans inspirer un minimum de crainte chez ses employés.
Traversant le hall, qui était une sorte de tunnel sous-marin, elle aperçut des poissons et des coraux attestant de cette singularité.
Kate arriva finalement à destination et emprunta les marches en marbre pour rejoindre son bureau, situé au dernier étage.
Elle prit un second ascenseur et appuya sur le numéro soixante-dix. Ce dernier entreprit son ascension avec une rapidité fulgurante et à peine eut-elle le temps de ranger à nouveau le dossier dans son sac à main que les portes s'ouvrirent sur un hall d'entrée paré de murs en bois clair et d'une moquette beige au sol.
Elle salua la nouvelle secrétaire à l'accueil, qui avait remplacé la dernière rencontrée la semaine précédente. Elle ne connaissait plus son nom, mais elle avait l'air de faire du bon travail. Elle espéra que celle-ci durerait plus d'un mois, cette fois-ci.
La femme salue d'un ton habituellement froid quelques employés qui avaient le malheur de se trouver sur son chemin alors qu'elle contournait l'open space central, où ses jeunes collaborateurs fraîchement diplômés s'affairaient.
- Ah, te voilà, fit son assistant prénommé Karl.
C'était un homme toujours très apprêté, portant un costume différent chaque jour, chacun d'eux taillé sur mesure. Il était plutôt grand, très fin et dégingandé. Sa démarche et sa façon d'être lui rappelaient souvent son ancien ami Ron.
- Quel est l'ordre du jour ? demanda-t-elle d'un ton las en traversant un autre espace de travail.
- Un nouvel élément est ressorti de l'affaire Montgomery, fit son assistant en courant presque pour la rattraper. Cela ne joue pas en notre faveur, mais nous avons encore une chance de retourner la situation. Ensuite… - il parcourut la feuille qu'il tenait contre son bloc-notes - tu as un rendez-vous à dix heures. Une affaire concernant l'usage abusif de magie. Le gars est condamné à un an de prison. Il fait appel.
- Il a tué quelqu'un ?
- Non, pas selon son dossier. Il fait simplement usage de la magie au beau milieu d'endroits bondés de non-maj.
- Ridicule ! s'exclama Kate en levant les yeux au ciel. Je vais voir si je peux refiler ça à Andrew. Quels sont les autres points à l'ordre du jour ?
- Justement, tu déjeunes avec lui aujourd'hui. Vous avez rendez-vous à midi dans votre restaurant habituel.
Kate stoppa net et tourna lentement la tête vers son assistant.
- Pas le temps, annule de suite, mais demande-lui de passer me voir en fin d'après-midi.
Kate poussa une porte entièrement vitrée, s'introduisant dans un bureau circulaire avec une vue panoramique sur Dubaï. Elle contourna son bureau en chrome, y posa son sac à main, et s'installa dans le fauteuil. Sortant sa baguette magique, elle tapa sur son ordinateur, qui s'alluma aussitôt.
- Je veux que tu organises une réunion stratégique pour l'affaire Montgomery ce soir. Il faudra donc que quelqu'un aille chercher les jumeaux à l'école.
- Euh... tu avais... tu as oublié ?
- Oublié quoi ? questionna-t-elle en haussant un sourcil condescendant.
- Le récital des jumeaux, précisa Karl avec précaution.
- Merde ! jura Kate entre ses dents. C'est vrai…
- Je peux organiser la réunion pendant la pause déjeuner ?
- Fais donc ça.
- Très bien, je m'y mets tout de suite.
Puis son assistant partit, laissant l'avocate de haut vol se plonger dans le travail.
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La journée avait défilé à une vitesse fulgurante. Kate avait enchaîné les rendez-vous, les réunions et les appels téléphoniques pour être à l'heure au récital de ses enfants. Si elle manquait ce rendez-vous, comme elle avait manqué les deux derniers, Scorpius et Théia lui en tiendraient rancune. Ils étaient tous deux d'une mémoire tenace, et plus ils grandissaient, plus cette rancune s'exacerbait, surtout avec l'arrivée de l'adolescence.
C'est à ce moment qu'Andrew fit irruption dans son bureau, après avoir toqué quelques coups timides contre la porte.
L'homme, plutôt grand et au physique avantageux, avait les cheveux bruns, portait des lunettes qui mettaient en valeur ses yeux noisette, et arborait cet éternel costume bleu qui soulignait sa carrure d'athlète.
Andrew Pike était son associé gérant des bureaux de New York. Deux ans auparavant, il s'était présenté à elle, la suppliant de lui donner un emploi dans sa société. Elle avait d'abord refusé ; puis, au cours d'une affaire, elle l'avait affronté en tant que rival. Elle avait craint de perdre son premier procès ce jour-là. Le lendemain, elle l'avait rappelé et il avait pris ses fonctions comme directeur des bureaux de New York la semaine suivante.
- Tu voulais me voir ? demanda-t-il en s'avançant vers elle, tandis qu'elle abaissait les stores d'un geste de baguette.
- Oui. C'est quoi ce rendez-vous que tu m'as fixé samedi à Dublin ?
- Un certain M. Foymal, je crois… il veut absolument te voir. Il n'a pas précisé pourquoi, mais apparemment, c'est pour une affaire urgente.
- Tu ne voudrais pas t'en occuper ?
- Kate, cela fait un moment que tu n'as pas plaidé. Cette affaire pourrait te remettre le pied à l'étrier, tu ne crois pas ?
- J'ai l'affaire Montgomery sur les bras, contra-t-elle en fronçant les sourcils.
- Et comme nous le savons tous, c'est encore un de tes associés ou moi qui serons là pour te remplacer le jour du procès. Vas-y pour voir au moins de quoi il s'agit. Ensuite, si tu penses que ça ne vaut pas le coup, soit tu le renvoies vers moi, soit tu le renvoies tout court.
- D'accord... Bon, je vais m'y rendre. Les enfants voulaient visiter les bureaux. Andréa est bien en place ?
- Oui, ne t'inquiète pas, elle gère tout d'une main de maître. Devrais-je la prévenir ?
- Surtout pas !
Andrew esquissa un sourire en coin.
- Avoue que tu prends plaisir à martyriser tes employés.
Kate roula des yeux alors qu'Andrew contournait le bureau, laissant glisser ses doigts sur le dessus. Kate, elle, s'adossa contre son fauteuil, l'observant avec une lueur malicieuse dans le regard.
- Je voulais te parler de cette interview que tu as donnée à Forbes, au fait, fit l'homme, prenant appui contre le coin de la table.
- Oui, et ?
- Tu ne dis pas grand-chose là-dedans.
- C'est-à-dire ?
- Sur ta vie personnelle.
- Tu sais parfaitement que les gens en savent moins sur mes enfants, mieux c'est.
- Tu les protèges, et je le comprends. Mais je ne parlais pas de ça.
Kate mordit sa lèvre inférieure, se retenant de sourire.
- Tu as dit que tu préférais te concentrer sur ta vie professionnelle, alors qu'ils te demandaient si tu avais un mari, un fiancé ou même un petit ami.
- Et donc ? C'est la vérité. Tu aurais préféré que je dise que je couche trois à quatre fois par semaine avec l'associé gérant de New York ?
- Tu es vraiment cruelle, tu le sais ça ?
Kate prit une inspiration, expira lentement, puis décroisa ses longues jambes avant de se lever d'un geste plus que sensuel. Andrew s'approcha d'elle pour l'embrasser, mais elle plaqua une main contre sa poitrine, l'arrêtant brusquement dans son élan.
- Mes enfants ont un récital dans moins d'une heure, murmura-t-elle.
- Crois-moi, il me faudra bien moins de temps pour te faire grimper au septième ciel.
- Ce week-end, si tu veux. Mais pas ce soir.
Puis, elle fit volte-face, attrapa son sac à main et lança un clin d'œil aguicheur à son amant, qui, à son tour, affichait un large sourire, amusé par l'audace de la rousse.
- Tu me revaudras ça !, lui lança-t-il alors qu'elle quittait le bureau.
- J'espère bien ! lui répondit-elle en s'éloignant dans le couloir.
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Kate pénétra dans la chambre de sa fille, où Théia et Scorpius s'affrontaient lors d'une dernière partie d'échecs.
- Il va bientôt être l'heure de se coucher, les enfants, annonça-t-elle en retirant ses escarpins.
Elle s'assit à côté de Théia, observant la dame de Scorpius prendre la tour de sa sœur.
- OUI ! s'exclama-t-il, les poings levés. J'ai gagné !
- Tu as triché ! protesta Théia.
- Non, pas du tout ! s'outra le blond.
- Arrête, j'ai vu que tu avais échangé les pièces tout à l'heure.
- Allez, les enfants, on range tout ça, interrompit la mère en rassemblant le plateau qu'elle déposa sur la table de nuit de sa fille.
- Maman ?
- Oui, Scorp' ?
- On voulait te remercier d'avoir tenu ta promesse ce soir.
Kate se tourna vers son fils, qui était toujours assis sur le lit de sa jumelle, tandis que celle-ci commençait à s'enrouler dans sa couverture.
Elle posa une main tendre sur la joue du blond, et l'idée qu'il ressemblait tant à son père lui traversa l'esprit.
- J'étais très fière de vous. Vous avez vraiment bien joué, dit-elle d'un ton ému.
- Maman ?
- Oui, Théia ?
- Est-ce que tu voudrais bien nous raconter l'histoire des amants maudits ?
- Oh… ça fait un moment que je ne vous l'ai pas racontée, celle-là.
- On l'aime bien, ajouta Scorpius.
- Très bien, alors… allons-y, dit-elle en prenant place près de lui.
« Il était une fois une jeune femme du nom de Dorea. C'était la fille d'un lord anglais et d'un grand sorcier de la communauté magique. Mais personne ne connaissait son plus grand secret. Elle avait été adoptée et se révélait être la sœur d'un héros de guerre. Cette jeune fille, timide et plutôt mal à l'aise, tomba alors éperdument amoureuse du plus grand rival de ce dernier... »
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Kate ferma doucement la porte de la chambre de son fils, alors qu'il s'était enfin endormi. Puis, d'un pas léger, elle se dirigea vers son bureau. À travers la fenêtre, elle apercevait les lumières scintillantes de la ville de Dubaï au loin. Mais elle ne se dirigea pas vers son bureau. Elle marcha directement vers la bibliothèque, qui occupait tout le pan de mur à gauche, avec des livres soigneusement rangés jusqu'au plafond.
Elle en tira un, traitant de l'Histoire du collège Poudlard, nouvelle version, avant de le remettre à sa place. Pendant quelques secondes, rien ne se passa, puis une suite de cliquetis résonna et, enfin, une porte dissimulée s'ouvrit. La femme pénétra alors dans un petit salon aux teintes chaleureuses, dont la décoration baroque et les meubles imposants semblaient sculptés dans du bois brut, en totale opposition avec la modernité ostentatoire du reste de la maison.
Elle s'avança vers une autre étagère, entièrement couverte de livres, dans un coin de la pièce, passant devant des photos découpées dans des journaux ou des magazines. En saisissant un grimoire sur l'étude des Moldus, afin de se renseigner pour son client qu'elle avait reçu le matin même, son regard se posa sur un cliché encadré accroché au mur juste à côté de l'étagère.
Cette photo la représentait, ses cheveux aussi longs mais moins soignés, un véritable sourire accrocheur, témoignant de la joie qu'elle avait éprouvé ce jour-là, où elle avait cru que tout s'était enfin terminé. Ce jour-là, elle avait été libre durant quelques heures. Une harmonie s'était instaurée entre elle, son petit ami et son frère. Ils étaient là, souriants, l'atrium du ministère de la Magie à Londres en arrière-plan. Tous trois souriaient, ne s'attendant pas au drame qui surviendrait quelques semaines plus tard. Harry Potter et Drago Malefoy, les deux hommes pour lesquels elle avait tout donné, l'avaient lâchement abandonnée lorsqu'elle avait eu le plus besoin d'eux. Elle s'était alors effacée de leur mémoire, prenant la fuite à l'autre bout du monde.
Déglutissant et détournant le regard comme si elle venait de se brûler les rétines à force de fixer cette photo, elle sortit de la pièce, se répétant que cela faisait bien longtemps que Dorea Artwood n'était plus.
