Le samedi suivant, Dorea se leva tôt afin de préparer le petit-déjeuner pour ses enfants. Un portoloin privé les attendait pour huit heures pétantes au palais ministériel, afin qu'ils atterrissent sans encombre à Dublin. La jeune femme vit tout d'abord son fils, toujours aussi matinal, puis sa fille, traînant un peu plus les pieds et ayant difficilement du mal à se réveiller, un trait qu'elles partageaient toutes deux.

Ils dégustèrent leurs pancakes en silence, écoutant la radio et s'informant des dernières nouvelles de la communauté.

« Et nous allons aborder maintenant un sujet plutôt épineux en Angleterre. Comme vous le savez, Lucius Malefoy, mangemort reconnu et emprisonné depuis près de douze ans, à la fin de la guerre qui a ravagé le pays, celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ayant été vaincu par le grand Harry Potter. Il semblerait que le ministère de la magie à Londres soit extrêmement réticent à l'idée de libérer Lucius Malefoy, bien qu'il ait purgé sa peine. Je vous propose d'écouter notre envoyé spécial : George Milton. George, vous nous entendez ? »

« Oui, je vous entends... »

- Pourquoi as-tu coupé ?! s'exclama Scorpius en fronçant les sourcils.

- Parce que vous n'avez pas à écouter ce genre de choses à votre âge, rétorqua sa mère.

- C'est un criminel ? demanda alors Théia.

Dorea fut prise au dépourvu, autant par la question soudaine que par la naïveté évidente de la jeune fille. Il y eut un moment de flottement, puis la rousse secoua la tête pour remettre de l'ordre dans son esprit.

- Je crois qu'il n'y a jamais de tout blanc ou tout noir dans la vie, fit-elle en se levant du tabouret pour commencer à débarrasser les assiettes et les couverts.

- Avec toi, il aurait toutes les chances de sortir de prison et de retrouver sa liberté en un clin d'œil ! rétorqua Scorpius en claquant des doigts.

- Oui, mais je ne défends pas ce genre de personne.

- Tu viens de dire qu'il n'y a jamais de tout blanc ou tout noir dans la vie ? remarqua Théia.

Dorea saisit son assiette, la mit dans le lave-vaisselle et jeta un regard froid et menaçant à ses enfants, leur lançant un défi silencieux de poser une autre question.

- Allez-vous habiller et vous laver les dents. Nous partons dans un quart d'heure.

L'ordre était clair et Scorpius, tout comme Théia, soupirèrent de dépit. Ils descendirent de leurs tabourets et se dirigèrent d'un pas las vers les escaliers pour atteindre leurs chambres. Dorea les contempla pensivement, se demandant combien de temps encore elle tiendrait avec ses mensonges. Plus ils grandissaient, plus ils devenaient perspicaces. Pas étonnant, ils étaient les dignes enfants de Drago Malefoy, avec ce petit plus qui était « typiquement Potter ».

0o0

Le portail de l'entrée du palais s'ouvrit lentement et Dorea s'engagea sur l'immense allée sinueuse qui ne cessait de grimper. Derrière les grands arbres dissimulant la colline verdoyante, on pouvait entrapercevoir, du moins pour les sorciers environnants, un palais qui était un chef-d'œuvre d'architecture orientale, alliant des éléments traditionnels arabes et des touches de magie. De grandes arches élégantes se dressaient, ornées de mosaïques colorées représentant des motifs inspirés des constellations. Au sommet, des dômes dorés brillaient sous le soleil du désert, reflétant des éclats de lumière semblant presque enchâssés de magie.

Plus ils montaient, plus ils pouvaient distinguer les jardins luxuriants qui entouraient le domaine. C'était une véritable oasis, peuplée de plantes exotiques aux couleurs vives et de fontaines scintillantes créant une atmosphère apaisante. Les grandes fenêtres ornées permettaient d'apercevoir l'activité à l'intérieur : des créatures magiques virevoltant et des sorciers en robes élégantes se déplaçant en chuchotant des incantations.

Dorea gara la voiture sur le parking, face à l'entrée. Puis elle sortit avec ses enfants. Lorsque Théia eut refermé la porte, la mère sortit sa baguette et, d'un geste souple, réduisit sa Porsche jaune criard à un jouet pour enfant. Elle se baissa et la rangea soigneusement dans son sac à main. Puis, d'une démarche assurée, suivie de ses jumeaux, elle se dirigea vers l'immense double porte en or ouverte.

À peine Dorea et ses enfants eurent-ils franchi les grandes portes qu'ils furent accueillis par un hall d'entrée majestueux. Les murs étaient recouverts de marbre poli, ornés de motifs arabesques finement ciselés avec des éclats d'argent. Au centre, un immense lustre en cristal scintillait, diffusant une lumière douce créant une ambiance chaleureuse. Des tapis persans aux couleurs riches et vibrantes recouvraient le sol, étouffant les bruits de pas. De grands miroirs, enchâssés dans des cadres dorés, offraient une impression de profondeur et reflétaient la beauté du hall.

Des sorciers en robes traditionnelles, souvent brodées de motifs dorés, se déplaçaient avec assurance dans le hall. Certains échangeaient des informations murmurées, tandis que d'autres portaient des piles de livres anciens et des parchemins. Les employés étaient souvent des créatures magiques — elfes de maison ou nains — qui s'affairaient à entretenir les lieux, ajoutant une touche d'efficacité et de magie à l'atmosphère. Dorea, comme à chaque fois qu'elle passait dans ces lieux, eut une pensée pour son ancienne camarade et amie : Hermione Granger. L'Occident et l'Orient étaient très différents sur les droits des créatures magiques, à présent que l'ancienne Gryffondor avait fait bouger les choses, en Europe.

Ils arrivèrent ainsi au niveau de la sécurité. La sécurité du palais était impressionnante. Des gardiens en uniforme, armés de baguettes, surveillaient chaque coin du hall. Des sorts de détection étaient dissimulés, capables de repérer toute magie noire ou intrusion indésirable. De plus, des créatures magiques telles que des griffons ou des hippogriffes gardaient les abords du palais, rendant l'accès encore plus difficile pour quiconque n'était pas autorisé à y pénétrer. Dorea se rappelait avoir eu assez peur d'être repérée lors de sa première visite à Dubaï, avec ses deux enfants âgés à peine de six ans. La marque des ténèbres qui avait longtemps orné son bras et qui avait, heureusement disparu avec les années, était encore visible à ce moment-là.

Au fond du hall, de grands ascenseurs en verre enchanté attendaient. Dorea, Scorpius et Théia pénétrèrent dans l'un d'eux. Ils étaient ornés de runes lumineuses qui brillaient lorsque l'on s'en approchait. Ces ascenseurs ne fonctionnaient pas comme des moyens de transport ordinaires : un simple murmure d'incantation et un geste de la main suffisaient à les activer. Ce que fit la rousse. Chaque ascenseur pouvait ainsi se rendre à des étages spécifiques selon le niveau d'accès des utilisateurs, chaque étage étant dédié à une fonctionnalité particulière du palais, qu'il s'agisse de bureaux, de salles de réunion ou de zones de détente.

Lorsque les trois sorciers arrivèrent à l'étage du portogare, ils sortirent de l'habitacle, s'enfonçant dans un couloir discret qui menait à la gare de portoloin, située à l'arrière du palais. Différents portoloins, prenant la forme de petits cercles magiques, étaient alignés pour permettre des déplacements instantanés vers divers lieux stratégiques du monde magique. Chaque portoloin était entretenu par un responsable qui vérifiait la sécurité et s'assurait qu'un cristal magique était en place pour stabiliser le voyage. Des runes argentées brillaient autour de chaque portoloin, ondulant lentement pour indiquer leur bon fonctionnement. L'animation des lieux était à l'opposé de l'ambiance feutrée du reste du palais.

Dorea et ses enfants se dirigèrent donc vers le comptoir d'accueil qui se trouvait au fond de la pièce, afin de vérifier leur réservation.

- Bienvenue au portogare de Dubaï, fit une jeune femme brune, en leur souriant chaleureusement.

Elle était habillée comme une hôtesse moldue des compagnies aériennes des Émirats Arabes Unis. Un voile couleur crème, attaché sur le côté, recouvrait sa tête, placée sous un petit chapeau vermillon, de la même couleur que son uniforme.

- Bonjour, j'ai effectué une réservation au nom d'Harrington pour huit heures.

L'hôtesse parcourut son registre de son doigt fraîchement manucuré et hocha finalement la tête lorsqu'elle trouva le nom de famille.

- Oui, effectivement. Il va me falloir une pièce d'identité, je vous prie.

- Vos passeports, déclara la mère à l'adresse de ses enfants, alors qu'elle sortait elle-même sa baguette magique.

L'hôtesse procéda à la vérification d'identité d'usage de la baguette de la jeune femme ainsi que des deux passeports des enfants, puis leur les rendit, leur indiquant une porte sur la droite, où attendait leur portoloin.

- Je vous remercie, gratifia Dorea.

- Je vous souhaite une excellente journée, Mrs Harrington.

Dorea et ses enfants cheminèrent vers la porte où un agent de liaison s'était posté juste devant. Celui-ci leur ouvrit la porte et tous trois pénétrèrent dans la pièce.

Une petite table, sur laquelle trônait un bibelot en cristal en forme de griffon, était disposée au centre de la salle plongée dans une épaisse pénombre.

L'agent referma la porte et consulta sa montre.

- Dans une minute, le portoloin s'actionnera, fit-il d'un ton froid.

- Bien, je vous remercie. Les enfants, placez-vous autour de la table.

Scorpius et Théia posèrent leur index sur le bibelot, leur mère les imitant aussitôt. L'agent consulta à nouveau sa montre.

- Départ imminent dans dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un…

La jeune femme sentit une main invisible lui agripper le ventre au niveau de son nombril tandis qu'elle était subitement happée dans les ténèbres, percevant la présence de ses enfants à ses côtés.

0o0

Le portoloin se matérialisa à quelques dizaines de mètres du Pont O'Connell, dissimulé derrière une statue représentant un ancien sorcier irlandais. À la sortie, Drago et Narcissa Malefoy se retrouvèrent sur un trottoir, où les bruits de la ville se mêlaient au murmure de la magie environnante. En se retournant, le blond aperçut un groupe de touristes moldus, ignorants de ce qui les entourait vraiment.

En s'approchant du pont, Drago et sa mère suivirent un petit chemin pavé qui serpentait à travers une petite cour, ornée de lanternes magiques flottantes. Des inscriptions runiques, à peine visibles, décoraient les murs de la cour, leur lueur apportant une ambiance chaleureuse. Chaque pas était accompagné du son des pierres anciennes, comme si elles murmuraient des histoires du passé.

Arrivés au niveau du pont, les deux Malefoy virent une porte en bois massif, ornée de motifs celtiques gravés. Cette porte s'ouvrit aussitôt sur une grande salle d'entrée, où un immense hall surplombé de vitraux multicolores laissait passer la lumière du jour, illuminant les visages des sorciers qui déambulaient. Au centre, un grand comptoir en marbre était tenu par des employés du Ministère en uniforme, qui saluaient les visiteurs avec courtoisie.

Drago, sa mère accrochée à son bras, s'approcha du comptoir et fit les vérifications d'usage, récoltant un regard méfiant de l'hôtesse à l'entente de leur nom de famille. Mais Drago, tout autant que Narcissa, y étaient habitués, après tant d'années à essuyer la défiance et même la haine des autres sorciers qu'ils rencontraient lors de leurs sorties publiques.

Le hall d'entrée était vaste et impressionnant. Des colonnes sculptées s'étendaient le long des murs, représentant des figures mythologiques irlandaises, mélangeant histoire et magie. Au-dessus, un plafond en mosaïque, représentant des scènes de la mythologie celtique, captait le regard des visiteurs. À gauche, un tableau magique affichait les événements récents du monde magique, tandis qu'à droite, un panneau indiquait la direction des différents départements, avec des flèches scintillantes pour guider les sorciers.

Ils longèrent le hall, où plusieurs ouvertures arquées s'alignaient, les employés du ministère montant et descendant les multiples marches de pierre, allant et venant dans les galeries qui se trouvaient sous leurs pieds.

Pour rejoindre le quartier sorcier nommé la « Petite Allée de Léprechaun », un petit escalier en colimaçon, enveloppé d'une lumière douce, se trouvait près d'une grande ouverture indiquant le département de la justice magique, menant à la sortie du Ministère. En bas des marches, une porte glissait discrètement, menant directement à un coin tranquille de la rue, où les magasins magiques commençaient à surgir, tels qu'une librairie parfumée et la célèbre boutique de souvenirs magiques.

La Petite Allée du Léprechaun était un quartier enchanté et pittoresque. En entrant dans l'allée, les Malefoy découvrirent une série de boutiques charmantes, comme "Les Souliers Volants", une boutique de chaussures magiques, et "L'Atelier des Amulettes", où l'on pouvait se procurer des talismans de protection. Les murs de l'allée, ornés de fresques colorées de lutins dansants, ajoutaient une touche vivante à l'endroit.

Surplombant cette scène pittoresque, à quelques pas de l'allée, se dressait un impressionnant bâtiment en verre tout à fait récent : "Harrington et Associés", un prestigieux cabinet d'avocats spécialisé dans le droit magique. Le bâtiment, moderne et élégant, reflétait la lumière du soleil sur ses façades en verre, créant un jeu scintillant qui attirait les regards. Le nom "Harrington et Associés" était inscrit en lettres dorées sur la façade, illuminant les environs d'une lueur chaleureuse.

Ce cabinet était réputé pour sa capacité à gérer des affaires complexes, allant des litiges entre sorciers à la représentation de clients dans des questions de propriété magique ou de protection contre de mauvaises magies. Drago espérait que ce rendez-vous avec Maître Harrington, en personne, allait aboutir. Il avait même utilisé un faux nom pour éviter un refus systématique avant qu'il ne puisse présenter le cas de son père.

Sa mère exprima sa dernière pensée de vive voix, alors qu'ils s'approchaient de l'entrée :

- Crois-tu que cela va marcher ?

- Je l'espère, mère, répondit Drago en se tournant vers elle.

Elle posa d'un geste tendre sa main sur son avant-bras et lui afficha un sourire triste.

- Je sais que tu fais tout cela pour moi. Je t'en remercie.

Il observa sa mère, dont les douze dernières années avaient marqué sa jeunesse d'antan. Les marques du temps s'étaient imposées à Narcissa Malefoy, à travers ses petites rides discrètes au coin de ses grands yeux azurs, mais elle restait toujours aussi belle et charismatique.

- On y va ? fit-il pour toute réponse.

Narcissa s'accrocha à sa veste et ils pénétrèrent l'intérieur de l'immeuble. Drago fut surpris de constater à quel point l'entrée ressemblait à celle de la tour Waystar sur le chemin de traverse.

Les murs étaient recouverts de teck et le sol en marbre blanc immaculé. Sur le côté, un comptoir d'accueil s'y trouvait et Drago s'avança, l'hôtesse portant un casque à micro et tapant frénétiquement sur le clavier de l'ordinateur.

- Bonjour, nous avons rendez-vous à huit heures quinze avec…

- Cinquantième étage, répondit l'hôtesse en indiquant les ascenseurs qui se trouvaient au bout du hall, sans même lever les yeux vers lui.

Drago eut un mouvement de recul, peu habitué à ce qu'on s'adresse à lui de cette manière. Il signifia à sa mère de le suivre et tous deux se dirigèrent vers les appareils qui montaient et descendaient à travers des tubes vitrés où l'on pouvait apercevoir l'intérieur des cabines.

Les employés s'arrêtèrent sur leur chemin, plissant le front d'étonnement à l'idée de voir Drago et Narcissa Malefoy dans l'antre du meilleur cabinet d'avocats de la communauté. Nul doute, chacun connaissait à présent l'objet de leur visite : la libération de Lucius Malefoy.

Narcissa et lui s'engouffrèrent dans un ascenseur, et alors que les portes transparentes et semi-circulaires se refermèrent, l'appareil entreprit une ascension où ils purent voir le hall s'éloigner progressivement d'eux.

Lorsqu'ils arrivèrent au dernier étage, ils furent accueillis par un hall entièrement moquetté où les lettres qui formaient le nom de celle qui avait fondé le cabinet se reflétaient à travers les rayons du soleil matinal de ce début de mois de février, sur le mur en teck.

Les deux Malefoy s'avancèrent vers l'hôtesse d'accueil assise derrière un comptoir. Lorsqu'elle releva le regard vers eux, ses yeux s'écarquillèrent de surprise.

- Bonjour, j'ai un rendez-vous à huit heures quinze au nom de Malefoy.

- Oh… euh… oui, fit la femme en jetant un coup d'œil sur son ordinateur.

Elle fronça les sourcils, et Drago se retint de sourire.

- Excusez-moi, mais je n'ai aucun rendez-vous à ce nom.

- C'est avec Maître Harrington, précisa-t-il.

L'hôtesse pila sur place et devint blême.

- Maître Harrington, dites-vous ?

- C'est bien cela, affirma Drago en se penchant sur le comptoir pour apercevoir l'écran de l'ordinateur.

Il repéra aussitôt son rendez-vous sous le nom qu'il avait effectivement donné : Foymal.

- Apparemment, même un nom aussi connu que Malefoy, vous ne savez pas l'écrire, remarqua-t-il froidement.

Sa mère lui lança un regard réprobateur, sachant pertinemment quel nom il avait donné lors de sa prise de rendez-vous.

- Je... je suis désolée, Monsieur Malefoy. Je vais prévenir tout de suite son assistante.

D'un geste tremblant, elle saisit le téléphone qui était juste à côté de l'ordinateur. Elle attendit quelques secondes, puis, d'une voix tout aussi chevrotante, elle parla au combiné dans un murmure que Drago et Narcissa purent tout de même entendre :

- Oui, elle arrive… oui je suis sûre. Oui, Monsieur Malefoy, fit-elle en lançant un regard en coin à Drago. Bien. C'est entendu.

Puis elle raccrocha et leur afficha un sourire presque forcé.

- Elle n'est pas encore là, mais elle va arriver. Veuillez patienter dans le salon d'attente.

- Je vous remercie.

0o0

Dans le hall d'entrée du bâtiment "Harrington et Associés", l'organisation habituelle s'effondrait lentement, comme un château de cartes affaibli par le vent. Drago Malefoy, assis dans la salle d'attente avec sa mère, observait l'horloge afficher huit heures dix. C'est alors qu'il tourna la tête et eut un léger sursaut en voyant la scène qui se déroulait sous ses yeux. Les employés couraient ici et là, complètement paniqués.

« Oh non, pas ça, pas maintenant ! » gémit une jeune assistante, en triturant sa baguette magique entre ses mains, la tapotant contre un parchemin. Ses mains tremblaient alors qu'elle essayait désespérément d'appeler quelqu'un, mais le regard torve de sa supérieure, impatiente à ses côtés, ne faisait qu'augmenter son stress.

À quelques mètres, un groupe de collègues, apparemment figés dans le temps, échangeait des regards alarmés. « Qu'est-ce qu'on fait si elle demande des mises à jour sur le projet ? Je n'ai rien préparé ! » s'exclama un jeune homme à la cravate froissée, sa voix s'élevant plus haut que la moyenne des bureaux. Son compagnon se mit à tourner en rond. « Il faut que je vérifie le dossier sur son bureau, mais il est dans le désordre total ! »

L'atmosphère devenait de plus en plus électrique. Une femme en tailleur noir, visiblement en charge des ressources humaines, s'agita, se déplaçant de bureau en bureau comme si elle tentait de reprendre le contrôle d'un navire en perdition. « Calmez-vous, on doit rester professionnels ! » cria-t-elle, mais ses mots tombèrent à plat dans cette mer de panique.

Des murmures parcouraient les bureaux, des spéculations sur ce que Kate demanderait cette fois-ci, de nouvelles procédures ou des changements brutaux. Le fait de savoir qu'elle ne supportait pas l'incompétence ne facilitait pas les choses. Chaque employé semblait porter sur ses épaules le poids d'une attente irréaliste, et Drago pouvait presque sentir la tension dans l'air. Il se leva lentement du canapé où il était installé avec sa mère – qui lisait une brochure sur l'entreprise – et observa une assistante qui passait près de l'accueil, essayant de faire bonne figure tout en tenant un document tremblant entre ses mains. Lorsqu'elle prit la parole, sa voix fut un murmure à peine audible : « Je... j'ai travaillé sur ce projet, mais... » Mais elle ne put finir sa phrase, la peur évidente dans ses yeux. Son supérieur gesticulait, ses gestes devenant plus frénétiques en essayant de lâcher prise sur son propre stress.

Un homme, au fond de la salle, prit peur. Il renversa une pile de dossiers en essayant de se lever trop rapidement. Les feuilles s'envolèrent dans les airs, ressemblant à des flocons de neige en plein printemps. Les cris de surprise se mêlèrent à des soupirs d'exaspération. « Pourquoi est-ce que tout le monde semble perdu ? » s'exclama une femme aux cheveux châtains, tandis que ses camarades laissaient échapper un rire nerveux alors qu'ils essayaient de dompter leur angoisse.

Tout cela se déroulait sous les yeux de Drago, qui avait de plus en plus de mal à retenir un sourire amusé. Le chaos d'un lieu de travail, habituellement efficient, se transformait en une scène comique digne d'un film, chaque employé jouant un rôle dans cette pièce absurde basée sur le stress. Une jeune femme aux cheveux bruns courut à travers ce tumulte, ordonnant que chacun retourne à son poste, et fonça directement vers les ascenseurs. Au même instant où les portes s'ouvrirent, une femme retira ses lunettes de soleil, parcourant du regard l'étage qui avait recouvré un calme soudain.

Lorsque Kate Harrington entra dans le hall, Drago Malefoy ne put s'empêcher d'être frappé par sa présence magnétique. Elle avait une stature élancée, presque majestueuse, attirant immédiatement l'attention de tous. Ses longs cheveux roux, flamboyants sous les lumières modernes du hall, cascadaient en vagues souples sur ses épaules. Chaque mouvement qu'elle faisait était empreint d'une grâce innée, comme si elle dansait à travers la pièce, laissant une traînée de pouvoir et d'assurance derrière elle.

Son visage était un mélange parfait de beauté classique et de charisme moderne. Des traits délicats, avec des pommettes hautes et une mâchoire bien dessinée, lui conféraient une allure presque sculpturale. Ses yeux, d'un vert profond, brillaient d'une intelligence astucieuse, scrutant rapidement l'environnement avec une confiance indéniable. À chaque regard qu'elle portait sur les employés, il était évident qu'ils étaient à la fois captivés et intimidés.

Drago nota la manière dont Kate s'habillait : un tailleur noir parfaitement ajusté à sa silhouette, cintré à la taille, mettant en valeur ses courbes tout en conservant un air professionnel. Sa tenue était à la fois sensuelle et appropriée, un équilibre déconcertant qui témoignait de son sens aigu du style. Chaque pièce de son ensemble résonnait avec son autorité dans ce monde austère des affaires, tout en conservant un charme indéniable.

Ce qui frappait le plus Drago, cependant, c'était cette aura presque électrique qui émanait d'elle. C'était une confiance affirmée, un mélange de séduction et d'ambition, fascinant et déconcertant pour ceux qui l'entouraient.

À cet instant précis, entourée d'employés en proie au stress, Kate Harrington ne semblait pas seulement être la CEO, mais presque une déesse du management, prête à tirer les ficelles de son empire avec une facilité déconcertante. Drago ne pouvait s'empêcher de se demander comment une personne pouvait incarner à la fois le désir et le respect de manière si palpable. Elle pouvait balayer d'un revers de main tous ceux qui se mettaient en travers de son chemin, mais en même temps, elle attirait tous les regards, les admirations, voire les jalousies.

Alors qu'elle avançait, insouciante de la frénésie qui l'entourait, Drago sut qu'il était en présence de quelque chose de spécial. L'interaction avec elle serait plus qu'un simple rendez-vous entre client et avocate ; c'était entrer dans l'arène avec une femme dont la puissance et l'intelligence étaient indéniables. D'un simple regard, elle avait semblé redéfinir ce qu'il croyait savoir sur les femmes d'affaires, ajoutant une touche de sensualité à un monde souvent perçu comme pragmatique et froid.

- C'est elle, lui demanda Narcissa qui s'était également levée du sofa pour observer l'avocate disparaître dans un couloir.

- Oui mère, c'est elle, confirma Drago d'un ton pensif.

0o0

- Andréa, soupira Dorea d'un ton las, en sortant de l'ascenseur.

- Kate, ravi de te voir ici, salua l'assistante en marchant d'un pas pressé à ses côtés alors que la jeune femme rejoignait directement son bureau, passant devant la salle d'attente sans y jeter un coup d'œil.

- Les enfants voulaient visiter les nouveaux bureaux.

- Ils sont ici ?

- Oui, ils sont en bas, Karen les a pris en charge, avant de me rejoindre. Du nouveau ? demanda-t-elle en hochant la tête à quelques employés qui avaient eu le courage de la saluer.

- Oui. Justement, une réunion a été prévue tout à l'heure...

- Quelle réunion ?! s'exclama Dorea en fronçant des sourcils alors qu'elles s'arrêtaient en plein milieu du couloir où se trouvait son bureau au bout, décoré exactement comme celui de Dubaï.

- Eh bien, pour te tenir au courant des avancées sur les projets en cours, murmura l'assistante en se ratatinant sur place.

- Je suis venue avec mes enfants, Andréa, fit froidement la rousse en reprenant sa marche.

Elle passa la porte de son bureau, ne laissant qu'à peine le temps à son assistante de se faufiler dans la pièce.

- Il est donc hors de question que je passe ma journée ici, poursuivit-elle en contournant son bureau où elle posa son sac à main avec brusquerie.

- Oh… je pensais que…

- Eh bien, tu pensais mal, rétorqua Dorea d'un ton sec en rangeant les dossiers étalés devant son ordinateur. Mon rendez-vous est arrivé ?

- Oui, il attend dans la salle d'attente, mais…

- Eh bien alors ?! Qu'est-ce que tu fais encore là ? Va le chercher ! s'impatienta-t-elle en prenant place sur son fauteuil.

- Tout de suite, s'empressa l'assistante en sortant du bureau d'un pas précipité et légèrement paniqué.

Dorea leva les yeux au ciel, dépitée par l'incompétence occasionnelle d'Andréa et du reste de ses employés. Il faudrait qu'elle passe plus de temps à Dublin pour réformer tout cela.

La jeune femme sortit sa baguette de son sac et tapota l'ordinateur qui se mit aussitôt en marche. Elle consulta son planning, mis à jour, et tomba sur le nom qui avait été modifié, certainement quelques minutes avant son arrivée, concernant le rendez-vous du jour.

Son cœur cessa de battre et sa respiration se bloqua. Elle leva alors les yeux de son ordinateur et blêmit en voyant Drago Malefoy, suivi de sa mère, s'approcher du bureau.

Dorea ressentit un frisson d'anticipation. Au fond d'elle, un mélange d'émotions se réveilla, des souvenirs lointains mais puissants. Un maelström s'éleva aussitôt en elle, son esprit se plongeant douze ans en arrière.

Elle se souvenait de chaque instant passé ensemble, de la douleur ressentie lorsqu'il l'avait rejetée pour épouser Astoria Greengrass, et de l'abandon de sa famille et de ses amis auquel elle avait dû faire face, alors qu'elle courait un danger imminent, la vie de ses futurs enfants en jeu. Tout lui revenait en plein visage, tel une claque violente qui la sortit d'un long sommeil indolent.

Elle s'était tant demandé ce que cette décennie passée avait eu comme effet sur le jeune homme qu'elle avait connu. Il était évident que les années écoulées avaient été plus que clémentes avec le blond.

À trente ans, Drago Malefoy incarnait un mélange captivant d'élégance et de charisme. Sa stature élancée était mise en valeur par un costume impeccablement taillé, le rendant irrésistible. Dorea ne pouvait pas le nier. Il avait choisi un ensemble en laine de haute qualité, d'un gris anthracite sophistiqué qui accentuait la pâleur presque sculpturale de sa peau. La coupe cintrée de sa veste soulignait ses larges épaules, tandis qu'un léger col relevé ajoutait une touche de désinvolture à son allure.

Ses cheveux blonds, toujours impeccablement coiffés, brillaient d'un éclat presque argenté à la lumière. Les mèches, légèrement ondulées, tombaient naturellement sur son front, lui conférant un air à la fois aristocratique et décontracté. Ses yeux, d'un gris profond et pénétrant, étaient encadrés de cils épais, transmettant une intensité qui captivait quiconque croisait son regard. Ils émettaient une aura de mystère, accompagnée d'une assurance inébranlable.

Drago portait une chemise blanche bien crispée sous sa veste, les boutons soigneusement ajustés, laissant entrevoir son teint d'albatre. Une cravate en soie noir charbon, ornée d'un motif discret, complétait son look, ajoutant une profondeur à son ensemble. Chaque mouvement était empreint d'une grâce naturelle, sa présence captant immédiatement l'attention des employés tout autour, comme une étoile brillante dans un ciel nocturne.

L'allure de Drago ne provenait pas seulement de sa beauté physique, mais aussi de son attitude. Il se tenait droit, avec une confiance décontractée qui inspirait à la fois respect et attraction. Un léger sourire aux lèvres, il dégageait une séduction subtile, et dans ses gestes, il y avait une assurance qui suggérait qu'il maîtrisait parfaitement son environnement.

Dorea ne put que reconnaître que Drago Malefoy, après une décennie à imaginer ce qu'il était réellement devenu, était un parangon d'élégance virile, un mélange irrésistible d'acier et de délicatesse, capable de captiver ceux qui avaient la chance de le croiser.

Andréa ouvrit la porte et Dorea réalisa que, pendant un court instant, elle avait entrouvert la bouche, totalement saisie par l'apparition du père de ses enfants.

Ses enfants…

« Merde » jura-t-elle intérieurement.

- Maître Harrington, voici votre rendez-vous, Monsieur et Madame Mal…

- Malefoy, oui, fit Dorea en se levant, revêtant un masque froid et impassible, alors qu'elle tendait la main vers Drago.

Drago afficha son éternel sourire en coin et serra la main de la rousse, d'un geste assuré.

L'assistante sortit, fermant la porte derrière elle, alors que Dorea, d'un geste de sa baguette, fit baisser les stores de son bureau. Au moins, si Scorpius et Théia passaient par là, ils ne verraient pas la présence du blond dans son bureau. Eh bien qu'ils ne connussent pas l'identité de leur père, ayant veillé à ce qu'il n'ait jamais l'intention de se mettre à sa recherche, si l'envie leur prenait, elle préférait ne prendre aucun risque.

Dorea reprit place dans son fauteuil, invitant les deux Malefoy à faire de même, ce qu'ils firent. Une tension palpable s'installa dans la pièce alors que l'avocate dévorait des yeux le blond face à elle. Se contrôler était devenu un véritable défi, chaque seconde qui passait renforçant les souvenirs enfouis dans son esprit.