Bonjour tout le monde!
Oui, je sais, ce chapitre est plus court. Mais je ne voyais pas l'utilité de l'allonger alors que tous les éléments que je voulais s'y retrouvaient.
Je remercie toutes les personnes qui prennent un moment pour m'écrire, ça me fait chaud au coeur. J'espère d'ailleurs que vous recevez bien mes réponses. J'écris en privé lorsque c'est possible.
Dans ce chapitre-ci, Harry se rapproche d'une autre personne!
Bonne lecture!
SeverusRiddle
CHAPITRE 9
Le temps filait, les saisons changèrent. Le mois de novembre amena le vent froid et un paysage plus morne. Harry continuait d'assister aux réunions de Jedusor avec ses acolytes, mais restait bien souvent silencieux. Les sujets tournaient autour de la magie et des sorts afin d'y démystifier certains secrets. Bien entendu, les sortilèges impardonnables revenaient régulièrement de l'avant et Harry devait taire cette colère sourde en lui sur l'Imperio qu'il avait subi de Tom.
La Gazette du Sorcier rapportait quotidiennement la violence du côté Moldu avec la guerre en cours. Les morts s'accumulaient et la panique s'élevait dans les foyers. La famine augmentait de jour en jour et les familles se déchiraient. Le monde des sorciers demeurait très peu touché, mais le nom de Grindelwald s'inscrivait dans tous les articles, dans la majorité des discussions entendues dans les corridors de Poudlard. Bien souvent, lorsqu'Harry lisait le nom de Grindelwald dans la Gazette du Sorcier, assis dans la Grande Salle, ses yeux cherchèrent immanquablement le visage de Dumbledore. Comment se sentait-il? Après tout, Grindelwald était son grand amour. Il devait être difficile de gérer son émoi dans une telle situation.
Alors qu'Harry buvait une gorgée de café, il vit un œuf à la coque atterrir dans son assiette. Il fronça les sourcils. Tom venait de le servir sans qu'il lui ait demandé quoi que ce soit.
— Je n'ai plus faim, dit Harry en repoussant son plat.
Depuis leur altercation dans la Salle du Demande, le jour où Harry avait révélé à Tom être son Horcruxe, il mangeait ensemble, côte à côte. Harry regrettait parfois sa place isolée, ou même ses repas dans les cuisines, mais il ne pouvait nier que le fait de côtoyer Tom ainsi pouvait peut-être favoriser un lien de confiance. Cette proximité lui envoyait régulièrement des regards envieux et des regards noirs des autres élèves, mais Tom réglait bien souvent la situation d'un plissement venimeux de ses magnifiques yeux.
— Tu manges à peine, claqua Tom de son habituelle voix caustique. Bientôt, tu n'auras que la peau sur les os.
Il ramena l'assiette vers le sorcier.
— J'ai toujours été maigre, répondit Harry en haussant les épaules, repoussant à nouveau le plat.
Il vit la mâchoire de Tom se contracter.
— Ce n'est pas une raison de maigrir pour en disparaître.
D'un soupir, Harry piqua sa fourchette dans l'œuf et porta l'aliment à sa bouche. À défaut de le manger au complet, il en prit deux bouchées.
— Et voilà, satisfait?
Tom émit un grognement, mais n'ajouta rien. Lestrange, assis face à Tom et donc de biais à Harry, le scruta venimeusement. Mais il s'arrangeait toujours pour que ses coups d'oeil soient invisibles pour Jedusor. Enfin, c'est ce qu'il crut.
— Regarde ailleurs, siffla Tom, les paupières plissées.
Harry observa ce dernier du coin de l'œil et vit son regard meurtrier. Dépréciait-il la façon de Lestrange de l'observer? Mais une petite voix interne lui soufflait une autre raison : Jedusor détestait que l'on fixe ce qui lui appartenait. À cette pensée, Harry eut un frisson puis un rire amer.
— Pourquoi ce rire? entendit-il alors que sa cicatrice lui mangeait le front.
Harry secoua la tête, signifiant qu'il ne parlerait pas. Mais Tom se pencha près de lui, son souffle effleurant son lobe d'oreille. Son odeur herbacée l'engloba entièrement. Jedusor cherchait-il à faire pression sur lui? Mais il perçut seulement son nez le sentir un long moment avant que celui-ci ne s'éloigne. Tom se leva avec un regard appuyé sur Harry.
— Allez, le cours commence bientôt.
Avec lenteur, Harry s'extirpa de la table et suivit le sorcier hors de la Grande Salle. Ils se dirigeaient vers le cours de Défense contre les Forces du mal. Ils déambulèrent dans les corridors, sous les chants de certains tableaux et la symphonie grinçante des armures. Comme toujours, Tom se trouvait en tête, ralentissant le pas lorsqu'Harry traînait un peu trop le sien. D'ailleurs, ce fut le cas : le garçon s'était immobilisé devant une grande fenêtre afin de s'émerveiller du paysage. Des flocons voltigeaient avec allégresse, parsemant l'horizon d'une pellicule immaculée. Ce qu'Harry aurait donné pour y mettre le nez dehors et s'envoler sur un balai. Ron et Hermione appréciaient la neige. Il se revoyait, là, près du lac, à se lancer des boules de neige dans les éclats de rire. Harry se remémora même le regard amoureux d'Hermione pour le rouquin, alors que Ron ne se doutait pas des réels sentiments de la sorcière. Un soupir s'extirpa de lui.
— Pourquoi t'arrêtes-tu?
Un second soupir, puis Harry se tourna vers Tom. Il fut toutefois surpris de constater que seulement quelques centimètres les séparaient. Il était trop proche. Harry ne put reculer, déjà acculé à la fenêtre.
— J'admirais la neige, le paysage, expliqua-t-il alors qu'il voyait le thorax de Tom s'élever et redescendre avec une bonne amplitude, et ce, quelquefois. Je trouve ça joli.
Il hissa ses yeux dans les iris sombres de Jedusor, cherchant à observer sa réaction. Encore une fois, ses pupilles se dilatèrent étrangement. Était-ce normal? Harry se demanda brièvement si ses propres yeux réagissaient de la même façon.
— Y a-t-il quelque chose que tu trouves magnifique? osa-t-il questionner alors qu'il soutenait son regard perçant.
— Hormis ton visage en larmes? Répliqua Tom d'un ton rauque, profond, rehaussé d'un sourire en coin.
— Oublie ça, prononça Harry en roulant des yeux et en repoussant le garçon de son épaule.
Un ricanement s'éleva derrière lui, mais il l'ignora. Ses pas le dirigèrent plutôt en DCFM où il s'installa près d'un mur pendant que plusieurs têtes pénétrèrent à leur tour la classe. L'espace avait été dégagé, une plateforme trônant au centre de la salle. Ce cours allait être réservé aux duels. Un sourire étira les lèvres d'Harry.
Leur professeur de DCFM s'appelait Cole. Il se trouvait dans la mi-cinquantaine et semblait dynamique pour son âge. Une certaine obscurité brillait dans ses yeux, signe qu'il avait eu un passé difficile sur le terrain. Ancien auror, il avait vu de terribles situations, plus encore avec la guerre actuelle où il donnait parfois de son temps pour soutenir le Ministère de la Magie. Son visage était marqué par une oreille déficiente et une barbe dissimulant de moitié quelques cicatrices.
— Aujourd'hui, commença le professeur Cole, vous l'aurez deviné – ça ne prend pas une formation d'auror pour le comprendre avec la disposition de la classe –, marmonna-t-il dans sa barbe, vous ferez des duels. Chacun votre tour, devant tous vos camarades, vous vous battrez. Et lorsque vous serez spectateurs, vous prendrez des notes. Je veux tous vos parchemins à la fin du cours au risque de vous voir obtenir des heures de colle! Donc, ne lésinez pas sur la plume.
Il tapa dans ses mains pour faire taire les commentaires désapprobateurs.
— Vous n'avez qu'à suivre les consignes et votre week-end sera sauvé, répliqua-t-il, un sourire satisfait aux lèvres. Bon, allez, qui veut casser la glace?
Bien entendu, la main de Tom se leva. Harry scruta son visage : ses traits étaient calmes, assurés, un certain plaisir diabolique brillant dans ses prunelles. Il put aussi observer que la majorité des étudiants détournèrent le regard du sorcier, par crainte d'être choisis comme adversaire.
— Des volontaires pour affronter M. Jedusor? lança le professeur, les bras croisés contre son torse.
Devait-il se porter volontaire? Alors qu'il leva le bras, Black s'exclama avec force.
— Moi! J'ai toujours voulu me faire éclater le visage, rit-il en s'avançant vers l'estrade.
Son commentaire avait soulevé un vent d'hilarité qui vint contaminer Harry. Ses yeux rencontrèrent toutefois ceux étroits et sombres de Tom : celui-ci l'avait vu se porter volontaire… Les deux sorciers montèrent sur l'estrade et se firent face. Tom affichait des traits impassibles, mais Harry y lisait une certaine impatience. Black, quant à lui, montrait des airs d'autodérision à son propre égard.
— Prenez vos plumes! N'oubliez pas les notes!
Dans un bruit de parchemins, tous s'exécutèrent puis attendirent le signal de début du duel. Jedusor et Black firent la distance de pas habituels, puis s'installèrent en position de combat. Puis, un claquement de main signifiant que le tout commençait.
Immédiatement, des sorts fusèrent de Tom.
— Confringo, Diffindo, Petrificus totalus, Stupefix, Diffindo, Diffindo!
Ils volaient avec vélocité et précision sur Black, qui cherchait à se protéger. Manifestement, Jedusor aimait l'offensive, ce qu'Harry reconnut en Voldemort. Il lançait des attaques puissantes sans bouger un centimètre de son corps. Il restait statique : seule sa main ondulait sa baguette magique. Chaque sort était prononcé avec un calme désarmant.
Black esquivait du mieux qu'il pouvait, mais les attaques étaient si rapides qu'il demeurait difficile pour lui de se mobiliser adéquatement. Il manquait d'agilité et misa plutôt sur la protection, ce qu'Harry trouvait judicieux pour le sorcier en question. Il semblait connaître ses limites et cherchait des alternatives pour combler sa faiblesse. Black n'était pas mauvais en soi, c'était Tom qui excellait beaucoup trop. Peu de personnes notaient leurs observations, beaucoup trop accaparées par l'échange de sorts.
Alors qu'Harry inscrivait ses analyses en mots clés, un seul vint s'imprimer dans son esprit : prodige. Jedusor était un prodige de la magie, de la puissance. Mais ce constat ne lui fit pas peur, un sourire étira plutôt ses lèvres. Après tout, Harry était aussi doué en duel. Il était agile, rapide, comme lorsqu'il volait sur un balai, mais il avait surtout l'expérience de son côté. L'expérience de la guerre, ce que Tom n'avait pas. Alors que son cœur battait à tout rompre devant le spectacle des échanges colorés entre Tom et Black, Harry n'eut qu'une envie : le provoquer en duel.
D'un sort d'entrave, Tom termina le combat, sans la moindre égratignure, sans essoufflement ni sueur au front. Le professeur Cole lança le contre sort et Black se releva, le dos en compote. Une grimace tortillait ses lèvres lorsqu'il s'inclina devant Jedusor, qui fit de même. Des applaudissements s'élevèrent, mais Harry ne les accompagna pas, fixant plutôt Tom avec intensité. Une fois de plus, leur regard se croisa. Harry eut l'impression qu'il ne restait plus qu'eux, lui, les yeux verts et Tom, les yeux maintenant rubis. Jedusor comprit l'envie du sorcier de l'affronter, mais il haussa les épaules pour répondre à sa demande silencieuse: son tour était déjà passé.
— Magnifique duel, vous deux! Je vois que vous avez amélioré votre défense, M. Black, approuva le professeur Cole, d'un hochement de tête. Tenter de mieux protéger votre flanc droit, compris? Et vous, M. Jefusor, j'attends l'adversaire qui pourra vous mettre à terre, toujours aussi rapide.
D'un geste qu'il voulait humble, Tom s'inclina devant son professeur en remerciement, mais Harry vit l'ombre d'un sourire suffisant, dominateur, étirer ses lèvres. Le professeur Cole appela de nouveaux élèves qui se défièrent et bientôt, Malefoy leva à son tour la main.
— Y a-t-il un volontaire pour affronter M. Malefoy?
— Je désigne Evans comme adversaire, annonça le sorcier blond, d'une voix qu'il cherchait neutre alors qu'on y sentait une certaine tension en elle.
Le professeur Cole se tourna vers Harry.
— Eh bien, M. Evans?
D'un pas lent, Harry s'avança, acceptant le défi. Il grimpa sur la plateforme de duel, les yeux en demi-lune. Il s'échauffa les jambes, sautillant d'un pied à l'autre. Des ricanements s'élevèrent de Malefoy et même de certains élèves, mais Harry s'en fichait. Il connaissait bien sa façon de combattre et il avait été le dernier survivant dans son futur. Au bout du compte, sa défaite reposait sur son propre abandon. Une fois qu'il s'immobilisa dans une posture de combat, il observa son adversaire lever sa baguette avec un sourire narquois. Clairement, il ne le prenait pas au sérieux. Et pourtant, Malefoy avait bien senti son aura de magie et ses aptitudes en classe. Était-ce une façade? Cherchait-il à impressionner Tom? Harry secoua la tête, puis haussa les épaules.
Lorsque le signal s'abattit, les attaques de Malefoy fusèrent.
— Diffindo! Diffindo!
Harry les évita avec aisance, gardant sa langue scellée. Malefoy continuait sa ruée de sorts, voulant blesser son adversaire à tout prix. Il n'utilisait que l'offensive directe, sans user d'autres sorts tels que ceux de protection ou bien pour jouer avec son environnement. Harry étudiait sa façon de procéder d'un œil calme alors que son corps sautait d'un pied à l'autre, se roulait au sol, se relevait avec agilité à la fin de chaque pirouette. Des murmures s'élevèrent de la foule tout comme des chatouillements sur le front d'Harry. Un éclair rouge fonça sur lui et Harry plia le dos vers l'arrière. Le sort passa au-dessus de lui puis il revint droit, prêt à user d'un roulé-boulé. C'est à ce moment qu'il eut une idée, une idée railleuse. Il attendit une ouverture, qui ne se fit pas tarder et pointa les souliers de Malefoy.
— Wingardium Leviosa! lâcha-t-il, un sourire aux lèvres.
Ce sort était lancé en mémoire de Ron, qui avait sauvé la vie d'Hermione ainsi. Les souliers de Malefoy s'élevèrent, faisant basculer le sorcier sur le dos dans un grand bruit sonore.
— Qu… quoi!
Jamais Harry n'avait vu ce sortilège utiliser comme cela, mais il trouvait cela très efficace.
— Petrificus totalus! termina-t-il alors.
Malefoy retomba un sol, paralysé; Harry avait gagné. Le combat avait été facile, laissant le sorcier sur sa faim. Il avait connu pire comme duel avec des Mangemorts bien plus expérimentés et dangereux que l'adversaire devant lui. D'un mouvement du poignet, il libéra Malefoy de son emprise et s'approcha pour l'aider à se redresser. Il lui tendit la main, mais celle-ci fut repoussée avec force. Les yeux gris le fixèrent avec un dégoût si profond qu'Harry se demanda un instant si ce dédain lui était réellement destiné ou bien si c'était plutôt le reflet de ce que Malefoy ressentait envers lui-même. Malgré sa défaite, celui-ci se releva avec grâce, ce qu'Harry ne put qu'admirer. Cette famille avait une estime presque infaillible en eux.
— Eh bien, que dire de ce duel fort surprenant! Je dois avouer que c'est la première fois que je vois le sortilège de lévitation s'utiliser de la sorte, M. Evans. Je dirais presque que c'est du génie!
— Merci, professeur Cole, dit-il en s'inclinant.
Il s'éloigna près de mur, sentant plusieurs regards couler sur lui. Plusieurs camarades lui chuchotèrent leur admiration, mais Harry ressentit à nouveau le vide d'il y a quelques mois. Ce vide lors de son arrivée en 1942. Il aurait aimé voir la réaction de Ron, d'Hermione et de Ginny devant son duel. Il aurait aimé avoir enseigné cette technique à l'AD. Tom s'approcha de lui pendant que d'autres élèves grimpèrent sur la plateforme de combat. Il prit place près d'Harry, leur bras en contact étroit.
— Cette idée… d'ensorceler les souliers de Malefoy, lui murmura-t-il dans l'oreille, était vraiment astucieuse, Evans.
Harry haussa les épaules et profita de ce mouvement pour s'éloigner un peu, subtilement. Mais Tom se rapprocha à nouveau, glissant maintenant une de ses mains dans le bas de son dos. Ce geste fit relever le menton d'Harry, les sourcils froncés.
— Que fais-tu? siffla-t-il alors qu'il observait autour de lui pour voir si les visages se tournaient vers eux.
Il chercha à ignorer la magie de Tom, cette douce magie qui le caressait et lui susurrait des promesses d'extase.
— Je réponds à ton appel, chuchota-t-il, les doigts s'incrustant fortement dans la peau de sa hanche.
Ce geste possessif provoqua des frissons chez Harry alors que sa gorge grogna tout bas. Il voulait s'éloigner, mais désirait aussi se rapprocher davantage. Même sa cicatrice semblait chanter sur son front. Pourquoi se sentait-il complet? Il osa regarder Tom, mais celui-ci observait le duel devant eux, la mâchoire crispée, les yeux dilatés pendant que sa main cherchait à fusionner avec son dos. Plus loin, dans son champ de vision, il vit Black les espionner. Pris de panique, il se retira de Tom comme s'il venait de se faire électrocuter. Son cœur qui, deux minutes plus tôt, battait à tout rompre, voulut s'arrêter un moment.
Tom le déchiqueta des yeux, le regard venimeux. Il n'avait pas aimé être repoussé de la sorte. Heureusement que le seul témoin était Black. Toutefois, un sourire carnassier étira ses lèvres fines. Son expression, ainsi, ressemblait à celle d'un prédateur alors que ses yeux, étrangement, projetaient une certaine douceur.
— Es-tu gêné, Evans?
Harry fuyait son visage, concentrant son attention sur un Gryffondor qui menait clairement le duel sur scène. Il criait ses sorts avec une telle force que le son, mêlé à la déflagration des sorts, assurait une certaine intimité aux propos murmurés.
— Je te disais aimer ton visage en larmes, continua Tom comme une vipère, mais constater tes joues aussi écarlates et la fuite dans tes yeux... Cela représente un spectacle tout aussi appétissant.
D'un regard sombre, Harry scruta maintenant le sorcier avec intensité.
— Tu ressembles à un pervers à t'exprimer ainsi, siffla-t-il.
— Un pervers? répéta-t-il.
— Comme si tu avais une sorte d'obsession à voir chacune de mes expressions. Du grand n'importe quoi, termina-t-il.
La réaction de Tom le mit mal à l'aise. Au lieu de ricaner devant ses propos ou bien de l'assassiner de ses deux rubis ou même de le contredire, il fronça davantage les sourcils, en grande réflexion. Les paumes d'Harry devinrent moites. Était-il réellement à train de se questionner sur s'il pouvait ressentir un plaisir à découvrir toutes les expressions d'Harry, comme un obsédé? Soudain, il étouffa. D'un geste rapide, il entreprit d'annoter ses observations plus ou moins précises du dernier duel en cours et sortit en trombe, une fois son parchemin remis au professeur, pour éviter Tom à la toute fin.
Le long du couloir, il entendit des pas empressés dans sa direction. Il accéléra la cadence lorsque la voix de Black s'éleva.
— Attends, Harry!
Harry s'arrêta net. Venait-il de l'appeler par son prénom? Il se retourna, interloqué. Black s'immobilisa face au sorcier, une main dans les cheveux. Aussi près, Harry ne put s'empêcher de le comparer à Sirius. Le cœur douloureux, il plissa les yeux.
— Harry? Que devient le Evans?
Black eut un sourire tordu.
— Ouais… Eh bien, c'est sorti tout seul. Et puis quoi? C'est ton nom, non? Harry, Harry, Harry! Voilà, la glace est brisée. Tu peux aussi utiliser mon prénom, tu sais? Tu appelles bien Jedusor par le sien, non?
Harry se raidit.
— Et d'ailleurs, comment ça? Même Lestrange n'utilise plus son prénom.
— Je…
D'un coup d'œil rapide, Harry observa les environs, puis empoigna l'ourlet de la robe de Black pour l'inciter à le suivre. Ce dernier n'opposa aucune résistance, plutôt curieux de la tournure des événements.
— J'aimerais te parler, révéla Harry avec toutefois une hésitation, mais dans un endroit plus… privé.
Ils allèrent dans les cuisines de Poudlard, lieu peu fréquenté lors des repas dans la Grande Salle. Harry chatouilla la poire et entra dans la salle envahie par l'odeur des nombreux plats, mais aussi de fumée. Les elfes s'inclinèrent à leur arrivée, certains souriant grandement à Harry puisque ce dernier venait assez régulièrement. Ils s'installèrent dans un coin plus tranquille alors que des plats surgirent devant eux.
— Tom sera furieux que je mange ici, marmonna Harry en humant le potage végétarien devant son nez. Je…
Il ne savait pas par où commencer et ce qu'il pouvait révéler. Black, ayant compris son dilemme, lança la conversation sans aucun mal.
— Qu'est-ce qui se passe entre toi et Jedusor?
Il mordit dans un énorme sandwich, répandant de la moutarde sur son menton. Harry, quant à lui, soupira.
— Pour être franc, je n'en sais rien, avoua-t-il. Depuis mon arrivée, il m'observe constamment. Je ne pensais pas attirer autant l'attention…
Black eut un ricanement, puis une quinte de toux. Un peu plus et il s'étouffait.
— Ça, tu peux le dire qu'il t'observe, répondit-il, la voix enrouée par l'irritation de sa gorge. Tes explosions de magie sont assez spectaculaires et Jedusor, eh bien, recherche la puissance. Mais… Jamais, je te l'avoue, l'avoir vu ainsi auparavant. Il… est obsédé par toi, Harry.
Et voilà, c'était tombé. Les impressions d'Harry n'étaient pas seulement de son cru. Black, Lestrange et peut-être même plus constataient ce fait. Black observait bien la consternation d'Harry, mais cela ne l'empêcha pas de continuer.
— Jamais il n'a recherché la compagnie d'une personne comme ça, jamais. Jedusor est charismatique, dont les autres souhaitent constamment l'approbation. Il dégage la puissance et son statut d'héritier de Salazar lui octroie une prestance difficile à ignorer, mais… Mon impression est que tout ça ne fonctionne pas avec toi. Tu n'es pas aveuglé par tout ça. Je te l'ai déjà dit, je trouve ça rafraîchissant.
Orion lui offrit un grand sourire sincère et Harry ne put s'empêcher de ressentir de la nostalgie pour son parrain.
— Comme je te l'ai déjà dit, répliqua Harry, j'ai été élevé dans des conditions bien différentes des vôtres, les Sang-Purs.
— C'est vrai, mais… Harry, je le sens que tu caches quelque chose, souffla Black, le visage maintenant sérieux. Je te ne demande pas de me révéler quoique ce soit – même si je suis curieux –, mais tout cette part de mystère autour de toi, je vois Jedusor comme un papillon de nuit séduit par la lumière des flammes. Il est attiré malgré le risque de se brûler. C'est ce que j'observe, je te dis. Il a des idées de grandeurs, n'a jamais été intéressé par qui que ce soit ou quoi que ce soit autres que la puissance, le pouvoir, mais tu es arrivé. Aussi flamboyant que le feu, la lumière, et Jedusor ne peut ignorer cette lumière, malgré tous ses efforts.
Harry réfléchit un moment. L'exemple n'était pas mauvais. Il était certes l'Horcruxe de Tom, mais cette dernière révélation ne dévoilait pas tout. Harry restait toujours un mystère pour Tom.
— Il recherche même ton contact, continua Black après une mordée de son repas. Tu exprimais ouvertement ne pas aimer être touché, mais crois-moi, ce n'est rien en comparaison à Jedusor. Jamais il ne touche les autres, sauf pour des situations bien particulières. Et ici, je parle de poignée de main ou autres. Des interactions pour faire bonne impression. Mais toi… Dans la Salle commune, la dernière fois, il t'a expressément demandé de t'asseoir près de lui. Et en DCFM… Il t'a pris la taille. Je ne sais même pas s'il comprend ce que c'est que l'amour, tu vois? Sa personnalité est particulière. Mais une chose certaine, c'est que tu ne le laisses pas indifférent, loin de là.
Il y eut un moment de silence. Harry se tortillait sur sa chaise, malaisé. Lui qui se trouvait là pour changer Tom, il se sentait maintenant comme une souris devant un chat, non… plutôt un tigre. Une main vint se déposer sur la sienne avec douceur.
— Harry, fais juste attention, compris? Jedusor est difficile à déchiffrer, mais je peux te certifier que son intérêt en toi, jamais il ne se tarira. Je pense plutôt qu'il va s'accroître. J'en ai la certitude. Après ça, peut-être es-tu content de la situation.
Orion haussa les épaules et engloutit le dernier morceau de son sandwich. Harry aimait-il cette attention? Jamais il n'avait réfléchi à cette question auparavant, trop accaparé par comment changer le futur et comment se comporter vis-à-vis de Tom. Celui-ci lui faisait ressentir tellement de sentiments contradictoires: de la colère, de l'exaspération, du dégoût, mais pas que… Il ressentait aussi de l'admiration. Jedusor était un excellent sorcier. Si on oubliait toutes les horribles choses qu'il avait faites. Ce fut là qu'Harry réalisa que tranquillement, il dissociait Tom de Voldemort. Au début de leur rencontre, les deux images se chevauchaient continuellement dans son esprit, mais maintenant… Tom était seulement Tom. Était-ce un signe que l'avenir subissait une mutation ou bien qu'Harry devenait tout simplement fou? Il secoua la tête.
— Orion, commença-t-il.
Ce dernier sourit devant l'utilisation de son prénom.
— Je vois bien que tu veux te rapprocher de moi, continua Harry. Tu as envie qu'on soit amis?
— Et pourquoi pas? demanda celui-ci en croisant les bras et le regard sérieux.
— Eh bien, si ce que tu dis est exact, n'as-tu pas peur que Tom te… Je ne sais pas, te prenne pour cible ou te fasse payer?
Orion réfléchit à ses propos. Puis il fixa Harry avec une certaine chaleur.
— Harry, tu ne le vois peut-être pas, mais s'il y a un sorcier qui peut lui tenir tête, c'est toi. Tu es aussi puissant, sinon plus, que Jedusor. Tu vas donc me protéger, non?
Surpris, Harry l'observa avec incompréhension.
— Te protéger?
Les joues de Black se colorèrent légèrement, comme s'il ressentait une certaine honte. Puis, il scruta les alentours et se pencha vers son compagnon.
— Et si je te dévoilais un secret, murmura-t-il, en ferais-tu de même pour moi?
Sans hésiter, Harry hocha la tête.
— Le Choixpeau voulait m'envoyer chez les Gryffondors, révéla-t-il. Mais j'ai fortement refusé… Tu vois, ma famille ne l'aurait jamais accepté. C'est assez ironique, d'ailleurs. Je n'avais pas assez de courage pour cette maison dans laquelle on voulait m'envoyer. Mais, je ressens une compréhension de ta part, comme si toi aussi cette maison te collait à la peau.
Harry sentit la chaleur l'envahir. Comme ça, la famille Black n'était pas complètement Serpentard. Sirius avait été le seul à embrasser ce côté-là de lui. Mais le fait qu'Orion lui dévoile cela prouvait qu'un certain courage coulait dans ses veines.
— J'apprécie ta confidence, avoua Harry, le visage doux. Tu sais, nous possédons tous des traits de plusieurs maisons. Certains traits prédominent plus que les autres, c'est tout. Et parfois, le choix d'une maison est pour nous faire évoluer au mieux, même si le trait principal n'est pas le prédominant chez le sorcier. Que tu me dévoiles ce secret est très courageux. Surtout lorsqu'on sait que les Serpentards dénigrent les Gryffondors. Je garderai ton secret, Orion, tu peux me faire confiance. Je te supporterai tant que tu resteras sur le droit chemin.
— Le droit chemin?
— Eh bien, tant que tu éviteras de devenir un mage noir, si tu préfères.
Black hocha la tête, les yeux luisants.
— C'est justement pourquoi je veux devenir ton ami, Harry. J'ai besoin d'une personne qui me maintienne sur le bon chemin, qui m'aide à ne pas suivre les idéaux de ma famille parce que… ce n'est pas ce que je veux.
D'un geste vif, Harry agrippa les mains de Black avec fermeté.
— Je ferai tout pour t'aider, promit-il, le sourire aux lèvres.
Orion semblait rassuré, ce qui réchauffa encore plus le cœur d'Harry.
— Mais… je reste un Serpentard, continua Black. On a passé un accord, tu me dois donc un secret.
Harry rigola un moment et une idée lui vint.
— Moi aussi le Choixpeau ne savait pas où me mettre, dévoila-t-il. Il me parlait de Gryffondor, Serdaigle, Serpentard… Et il m'a envoyé à Serpentard, car je devais aller dans cette maison pour une chose bien précise: tenter de changer les mentalités.
— Eh bien, je te crois, ricana Black. C'est ce que tu fais depuis la rentrée.
Ils poursuivirent leur discussion, Harry heureux de trouver un certain allié. Black semblait sincère et Harry le croyait. Après tout, Sirius avait été à Gryffondor. Ils parlèrent de tout et de rien, puis rejoignirent la Salle commune ensemble. Lorsqu'ils pénétrèrent dans celle-ci, Tom se tenait seul auprès du feu, un livre à la main. Son menton se releva à leur arrivée, le visage impassible. Mais Harry sentit le courroux brûler ses yeux. La tête sur le point d'exploser, il alla rencontrer Jedusor après avoir salué Orion qui préférait retrouver son lit. La magie de Tom pétillait l'air autour de lui, autre signe de sa colère.
— Bonsoir, dit Harry en prenant place sur le même divan, mais à une distance raisonnable.
C'était un soir où ils devaient discuter et un sentiment de soulagement gonfla en Harry en observant qu'ils étaient seuls, sans les autres sbires. Comme s'il avait lu dans ses pensées, Tom répliqua d'une voix cassante:
— Après ton duel avec Malefoy, j'ai déterminé qu'il serait mieux que l'on soit seul, toi et moi.
Harry renifla. Sa relation déjà désastreuse avec le Serpentard venait encore plus de se dégrader suite à leur combat. Il avait pris sa place dans l'équipe de Quidditch et lui avait démontré qu'il était plus habile que lui en DCFM… Vraiment, que ce soit dans son présent ou dans ce passé, Harry n'avait aucune chance de développer une certaine trêve avec cette famille de Sang-Pur. Il s'enfonça dans le divan, accaparé par ses pensées. Le silence perdura un long moment. Les flammes pétillaient agréablement et les discussions autour d'eux s'élevaient comme un bruit blanc, apaisant.
— Tu es devenu proche de Black, à ce que je vois, finit par dire Tom, d'une voix étrangement calme.
— Oui, répondit-il avec hésitation, on a… certaines affinités.
Sa cicatrice le brûla avec intensité. Harry se frotta le front, la bouche crispée. Il fixa Tom, qui gardait toutefois un visage impassible.
— Pourquoi es-tu en colère?
— Je ne suis pas en colère, répliqua-t-il.
— Oui, tu l'es! Tu me fais mal en ce moment!
La douleur s'apaisa enfin; Harry souffla de soulagement.
— Je le ressens lorsque tu as une émotion intense, expliqua-t-il alors. Et surtout lorsqu'il s'agit de la colère.
D'un mouvement de main, Tom créa une bulle d'intimité autour d'eux afin que les oreilles indiscrètes ne puissent entendre leur conversation. Puis, comme une vipère, il se rapprocha avec une lueur de convoitise dans les yeux.
— Cette cicatrice te relie à moi, n'est-ce pas?
Le cœur d'Harry accéléra sa course. Tôt ou tard, Tom allait faire le rapprochement. Il savait, après tout, qu'il était son Horcruxe alors… Un plus un égale deux, n'est-ce pas?
— Oui, répondit-il sans plus.
Tom comprit qu'il n'aurait pas plus de réponses : il demeura silencieux, replongeant son nez dans son livre. Harry l'observa discrètement. Son visage était si beau sous la lumière des flammes que ça en devenait une vraie plaisanterie. Ses cils ombrageaient le dessus de ses joues et sa mâchoire carrée créait un angle magnifique avec la droiture de son cou. Ses lèvres fines remuaient légèrement lorsqu'il lisait des passages demandant plus de concentration. Elles semblaient douces… Mais aussi mortelles comme le fruit défendu. Harry retint son souffle. L'évidence le frappa: il était attiré par Tom. Ce constat le plongea dans le chaos. Comment était-ce possible? Jamais il n'avait éprouvé de l'attirance pour un autre garçon auparavant. Mais il le ressentait au plus profond de lui, il était lui-même le papillon séduit par les flammes. Et Tom était ce danger, le diable… Harry fut épouvanté.
Comment pouvait-il ressentir de l'attrait pour un sorcier aussi sombre? Pour un être avec des traits de personnalité antisociale? Avec tout ce qu'il connaissait de Voldemort, comment pouvait-il tomber aussi bas? Et Tom qui ne comprenait pas l'amour... Et il était déjà un meurtrier, bon sang! Harry ne pouvait pas l'accepter, ça n'avait aucun sens. Était-ce réellement ses sentiments ou bien le fait qu'il soit un Horcruxe? Soudain, il croisa le regard de Tom. Ses joues se colorèrent.
— Tu m'observes depuis un long moment, qu'y a-t-il?
Avec précipitation, le cœur battant la chamade, le visage en feu, Harry se releva. Sa voix se coinça dans sa gorge, incapable de répondre. Alors, il partit sans voir le sourire carnassier de Tom.
Voici la fin du chapitre!
Puis, comment trouvez-vous Orion? J'aime bien écrire des passages sur lui. Que pensez-vous du fait que le Choixpeau voulait l'envoyer chez Gryffondor?
Et sinon, la grande question : comment trouvez-vous la réalisation d'Harry? Comment va-t-il réagir à celle-ci?
À la prochaine!
