Hermione, qui s'était installée sur le canapé près de la cheminée, profitait du silence quand Ron entra dans la pièce. Il hésita un instant avant de s'asseoir à côté d'elle, pas trop près, mais pas trop loin non plus.
Un silence confortable s'installa entre eux, seulement troublé par le crépitement du feu. Ron jouait distraitement avec un bout de la nappe posée sur la table basse, avant de prendre la parole.
« Ça te fait bizarre d'être ici pour tout l'été ? »
Hermione secoua doucement la tête. « Un peu. Mais… ça fait du bien. C'est chaleureux. »
Ron haussa un sourcil, amusé. « Chaleureux ? C'est une manière polie de dire bruyant et chaotique ? »
Elle éclata de rire. « Peut-être un peu des deux. Mais c'est agréable. Chez moi, c'est toujours calme, parfois trop. Ici, il y a toujours de la vie, c'est différent… mais j'aime bien. »
Ron détourna le regard, fixant le feu, un sourire léger flottant sur ses lèvres. « Ouais, je suppose que c'est ça, le Terrier. Impossible d'y être seul, même quand on le voudrait. »
Hermione le détailla du regard. Il semblait plus détendu que ces dernières semaines, mais elle pouvait voir qu'une partie de lui était toujours préoccupée. Son lien avec la Pierre de Résurrection ne l'avait pas quitté, et elle savait qu'il y pensait sans cesse, même s'il n'en parlait pas.
Elle hésita, puis posa une main sur la sienne, le forçant à la regarder. « Ron… tu vas bien ? »
Il sembla pris au dépourvu par sa question, puis haussa les épaules. « Ouais. Enfin… aussi bien qu'on peut l'être avec tout ce qu'on sait maintenant. »
Hermione ne le lâcha pas du regard. « Tu veux en parler ? »
Il ouvrit la bouche, prêt à nier, mais se ravisa. Il soupira et s'appuya contre le dossier du canapé. « Je… je pense toujours à cette pierre. À ce qu'elle représente. J'ai peur d'en faire quelque chose de stupide. »
Hermione resserra doucement sa prise sur sa main. « Tu n'es pas seul, Ron. Peu importe ce qui arrive, je suis là. »
Il lui lança un regard intense, quelque chose de fragile mais puissant à la fois. « Tu as toujours su quoi dire pour me calmer. »
Hermione rougit légèrement, mais ne baissa pas les yeux. « Parce que je te connais. Et je crois en toi. »
Un silence tomba entre eux, mais cette fois, ce n'était pas un silence inconfortable. C'était un silence chargé de mille choses non dites, d'une connexion qu'ils sentaient grandir jour après jour.
Puis, doucement, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, Ron leva sa main libre et effleura une mèche de cheveux d'Hermione, replaçant une boucle derrière son oreille. Le geste était hésitant, presque timide, mais il contenait une tendresse infinie.
Hermione sentit son cœur accélérer, et elle osa à peine respirer lorsque leurs visages se rapprochèrent instinctivement.
« Ron… » murmura-t-elle, une étincelle de douceur dans la voix.
Mais avant qu'ils ne puissent aller plus loin, un grand fracas retentit depuis la cuisine, suivi du hurlement de Mrs. Weasley :
« FRED ET GEORGE, JE VOUS PRÉVIENS, SI CETTE TABLE EXPLOSE ENCORE UNE FOIS, VOUS DORMEZ DEHORS ! »
Hermione et Ron sursautèrent et s'écartèrent précipitamment, avant d'éclater de rire.
Ron passa une main sur son visage, secouant la tête. « Bienvenue au Terrier, Hermione. »
Elle rit de plus belle. « Je crois que je vais m'y plaire. »
Et malgré le chaos ambiant, malgré les inquiétudes, malgré les incertitudes de l'avenir, ils savaient que cet été marquerait un tournant. Un été où tout pourrait changer.
L'été au Terrier était un véritable tourbillon de vie. Entre les éclats de rire des jumeaux, les disputes légères entre Ginny et Harry, et l'énergie débordante de Mrs. Weasley, il était impossible de s'ennuyer. Hermione n'aurait jamais pu rêver d'un endroit plus chaleureux pour passer ses vacances.
Mais ce qui la surprenait le plus, ce n'était pas le chaos ambiant, ni même l'impression d'être acceptée comme un membre de la famille. C'était Ron.
Ron n'était pas tout à fait comme elle l'avait connu à Poudlard. Il était plus posé ici, plus protecteur avec ses frères et sœurs, et il semblait naturellement assumer son rôle d'aîné après Bill et Charlie. Il avait un côté responsable qu'elle ne lui voyait pas toujours à l'école, même si son sarcasme et sa maladresse légendaire restaient bien présents.
Et puis, il y avait leur lien.
Hermione ne l'expliquait pas totalement, mais il y avait quelque chose d'indéfinissable entre eux. Comme si, même sans parler, ils savaient ce que l'autre ressentait. C'était subtil, mais terriblement puissant.
Les journées passaient rapidement dans l'agitation du Terrier. Le matin, Hermione aidait Mrs. Weasley à la cuisine pendant que les garçons dormaient encore. Ginny les rejoignait souvent et les trois discutaient de tout et de rien, jusqu'à ce que Fred et George fassent irruption avec une nouvelle invention explosive qui leur valait systématiquement une réprimande.
Ron, lui, apparaissait souvent le dernier, ébouriffé et encore à moitié endormi, grognant quelque chose d'incompréhensible en attrapant un toast.
« Tu pourrais essayer de te lever avant midi un jour, Weasley, » plaisanta Hermione un matin.
Il lui lança un regard fatigué, avant de prendre un air faussement dramatique. « Hérésie ! Les vacances sont faites pour dormir, Granger. »
Hermione leva les yeux au ciel, mais ne put empêcher un sourire d'apparaître.
L'après-midi, ils passaient du temps dehors, parfois à voler sur des balais, parfois à explorer les collines alentour. Parfois, Ron disparaissait quelques heures, allant seul dans un coin isolé du jardin, et Hermione devinait qu'il s'agissait d'un moment où il avait besoin de calme. Elle ne posait pas de questions, elle attendait simplement qu'il revienne.
Elle savait que Ron ressentait les choses différemment des autres. Son empathie lui permettait de percevoir les émotions des autres, et cela pouvait être épuisant. Hermione n'en parlait pas directement, mais elle était consciente de son don, et surtout du poids qu'il représentait.
Un après-midi, alors qu'ils étaient assis sous un grand chêne à l'écart du reste de la famille, Hermione osa enfin poser la question qui lui brûlait les lèvres.
« Ça ne doit pas être facile, d'être toujours connecté aux émotions des autres. »
Ron haussa les épaules, lançant un caillou dans la mare devant eux. « Parfois, c'est un enfer. Mais d'autres fois… ça aide. »
Hermione le regarda, intriguée. « Comment ça ? »
Il fit tourner un autre caillou entre ses doigts avant de le jeter. « Avec toi, par exemple. »
Elle sentit son cœur rater un battement. « Moi ? »
Il tourna enfin la tête vers elle, son regard bleu ancré au sien. « Oui. Avec toi, c'est différent. Je ne ressens pas juste tes émotions, c'est comme si… elles résonnaient avec les miennes. C'est plus naturel, plus clair. »
Elle sentit ses joues chauffer, mais elle ne détourna pas les yeux. « C'est une bonne chose ? »
Ron esquissa un sourire. « C'est la meilleure chose qui soit. »
Et dans ce silence qui suivit, tout était dit, sans qu'un seul mot supplémentaire ne soit nécessaire.
Le soir, après le dîner, toute la famille se réunissait dans le salon. Mr. Weasley racontait ses journées au Ministère avec enthousiasme, Mrs. Weasley préparait du thé et lançait des regards affectueux à ses enfants, et Fred et George tentaient toujours de tester une de leurs inventions sous le nez de Percy, qui s'offusquait bruyamment.
Harry et Ginny jouaient souvent aux Échecs Sorciers, tandis qu'Hermione s'installait dans un coin avec un livre. Et Ron… Ron restait souvent près d'elle. Il prétendait ne pas aimer lire, mais il était toujours là, à portée de main, feignant de s'intéresser tout en lançant des commentaires moqueurs sur le contenu de son livre.
Un soir, après que tout le monde fut monté se coucher, Hermione resta un peu plus longtemps dans le salon. Le feu dans l'âtre jetait une lumière dansante sur les murs, et le silence était apaisant.
Ron revint quelques minutes plus tard, une tasse de thé dans la main.
« Tu ne dors pas ? » demanda-t-il en s'asseyant à côté d'elle sur le canapé.
Elle secoua la tête. « Je n'ai pas sommeil. Et toi ? »
Il haussa les épaules. « J'aime bien ces moments-là. Quand tout est calme. Ça me repose. »
Elle hocha la tête. Elle comprenait.
Un silence confortable s'installa entre eux. Ron sirotait son thé en regardant le feu, tandis qu'Hermione l'observait discrètement, fascinée par cette version de lui. Détendu, naturel, loin de la pression de Poudlard.
Puis, doucement, sans réfléchir, elle posa sa tête contre son épaule. Juste un instant, un geste spontané, presque innocent.
Elle sentit Ron se raidir légèrement, surpris, puis il se détendit. Il ne bougea pas, mais elle sentit qu'il comprenait. Ce n'était pas grand-chose, juste une façon d'être là l'un pour l'autre.
Après un moment, il murmura, sa voix à peine plus forte qu'un souffle :
« Tu es bien ici, Hermione ? »
Elle ferma les yeux un instant avant de répondre.
« Oui. »
Et elle savait qu'il comprenait que ce n'était pas juste une réponse à sa question. C'était plus que ça. Oui, elle était bien. Oui, elle avait trouvé un endroit où elle se sentait chez elle. Oui, avec lui, elle se sentait en sécurité.
L'été ne faisait que commencer, mais Hermione savait déjà qu'il serait inoubliable. Parce que Ron était là.
Et c'était tout ce qui comptait.
L'été au Terrier était particulièrement chaud cette année, et après une matinée harassante à aider Mrs. Weasley dans le jardin, Fred, George et Ginny avaient lancé l'idée d'aller se baigner dans l'étang derrière la maison. Hermione, qui avait d'abord hésité – elle n'était pas spécialement friande des baignades improvisées dans des eaux naturelles – avait fini par céder face à l'enthousiasme général.
Ron, de son côté, était resté en retrait au début, mais lorsque Harry l'avait défié à une course à la nage, il n'avait pas pu résister.
Le groupe se précipita vers l'étang, riant et se bousculant alors qu'ils entraient dans l'eau fraîche. Hermione, qui s'était changée dans la maison avant de les rejoindre, arriva un peu après, vêtue d'un simple maillot de bain une pièce bleu marine. Rien d'extravagant, mais lorsqu'elle s'avança dans l'eau en frissonnant légèrement sous l'effet du contraste de température, Ron sentit son cerveau faire une pause brutale.
Il ne savait pas exactement ce qu'il ressentait à cet instant, mais ce fut un mélange détonnant d'émotions. Un coup de chaleur fulgurant lui monta aux joues, son estomac se contracta, et une partie de lui se retrouva totalement captivée par Hermione d'une manière qu'il n'avait jamais expérimentée auparavant.
Il détourna immédiatement les yeux, perturbé par la vague soudaine d'émotions qui le submergeait. Il n'était pas censé penser à ça. Pas à elle. Pas comme ça.
Mais Hermione, qui ressentait tout ce qu'il éprouvait, s'arrêta net dans l'eau. Une bouffée de chaleur inattendue lui monta au visage, et un étrange frisson la parcourut. Son lien avec Ron était puissant, naturel… et jusqu'ici, elle avait toujours compris ce qu'il ressentait. Mais là… c'était nouveau. Troublant.
Elle baissa instinctivement les yeux vers elle-même, tentant de comprendre ce qui l'avait mis dans cet état. Puis, elle releva la tête vers lui et croisa son regard.
Il savait qu'elle savait.
Ron sentit la panique le gagner et plongea brusquement dans l'eau pour fuir son regard, feignant une attaque surprise sur Fred et George qui éclatèrent de rire en essayant de l'immerger à leur tour. Mais Hermione n'était pas dupe.
Elle passa une main dans ses cheveux mouillés, légèrement troublée.
Alors, c'était ça…
Elle n'avait jamais vraiment pensé à ce genre de choses avant. Pas avec lui. Pas consciemment. Mais à cet instant, elle comprit que leur lien ne les protégeait pas de cette évolution naturelle. Il changeait. Ils changeaient.
Et tout à coup, cette baignade innocente prenait une tout autre saveur.
Hermione, encore légèrement troublée par ce qu'elle venait de ressentir, prit une profonde inspiration et décida de ne pas en faire tout un drame. Après tout, Ron était un adolescent, et les hormones faisaient partie du lot. Elle aurait pu faire semblant de ne rien avoir perçu, mais une petite voix malicieuse dans sa tête – une facette d'elle qu'elle n'exploitait pas souvent – lui souffla une autre idée.
Elle esquissa un sourire espiègle et s'avança silencieusement dans l'eau, se glissant derrière Ron qui, encore rouge jusqu'aux oreilles, faisait mine d'attaquer Fred pour détourner l'attention.
Il ne l'avait pas vue venir.
D'un mouvement rapide, elle posa ses mains sur ses épaules et le poussa brusquement sous l'eau.
Un énorme PLAF retentit alors que Ron disparaissait sous la surface.
Fred et George s'arrêtèrent net, avant d'éclater de rire en voyant Hermione, triomphante, se reculer en riant. Ginny applaudit depuis le bord de l'étang.
« Oh, bravo, Hermione ! » lança Fred. « On ne l'avait jamais vu se faire avoir aussi facilement ! »
Hermione croisa les bras, un sourire victorieux sur les lèvres. « J'imagine que Ron était trop occupé à… réfléchir à autre chose. »
Elle avait glissé cette dernière phrase avec une douceur innocente, mais en réalité, elle savait exactement ce qu'elle faisait.
L'eau s'agita soudainement. Ron réapparut à la surface, ruisselant et furibond.
« Granger ! » s'exclama-t-il en essuyant l'eau de ses yeux, rouge comme une tomate, mais cette fois autant de gêne que d'amusement.
Il lui jeta un regard furieux pendant une seconde… avant que son expression ne change.
« Oh, tu vas me le payer. »
Avant qu'Hermione ne puisse réagir, Ron se précipita sur elle et l'attrapa par la taille pour la traîner sous l'eau avec lui.
Elle poussa un cri, battant des bras dans une vaine tentative d'échapper à sa prise, mais Ron était plus grand, plus fort, et surtout très motivé à prendre sa revanche.
Elle fut engloutie par l'eau froide, et lorsqu'elle émergea enfin, toussant et riant à la fois, Ron se tenait devant elle, les bras croisés, une lueur taquine dans les yeux.
« C'est toi qui as commencé, Granger. »
Hermione passa une main sur son visage trempé et lui lança un regard de défi. « Et je ne regrette rien. »
Elle pouvait sentir ses émotions encore fluctuantes sous la surface, ce mélange de gêne, de plaisir et de confusion qu'il essayait tant bien que mal de masquer derrière son sourire provocateur.
Mais ce qu'il ignorait, c'était que son trouble la touchait elle aussi, même si elle n'aurait jamais osé l'admettre à voix haute.
Elle recula légèrement, toujours souriante, et l'éclaboussa une dernière fois avant de s'éloigner à la nage vers Ginny, qui l'attendait en riant.
Ron, de son côté, prit une longue inspiration et passa une main dans ses cheveux trempés.
Cet été allait être une véritable torture.
Après plusieurs minutes de baignade et de jeux dans l'eau, le groupe commença à se disperser. Ginny et Harry partirent chercher de quoi grignoter, tandis que Fred et George se lancèrent un nouveau défi idiot consistant à plonger d'une pierre sans éclabousser (spoiler : ils échouèrent lamentablement).
Ron, lui, sentait la fatigue le gagner après autant d'efforts. Il sortit de l'eau en secouant ses cheveux trempés et attrapa sa serviette pour la jeter nonchalamment sur l'herbe avant de s'y allonger torse nu, laissant le soleil sécher sa peau encore fraîche de l'étang.
Il ferma les yeux et poussa un soupir satisfait. C'était agréable de se détendre un peu après tout ce remue-ménage. Surtout après ce qui venait de se passer avec Hermione.
Il préférait ne pas trop y penser.
Il savait qu'elle avait senti son trouble. Comment aurait-elle pu ne pas le ressentir ? Leur lien ne leur laissait aucun secret, encore moins lorsqu'une émotion était aussi forte et soudaine que celle qu'il avait éprouvée en la voyant dans l'eau.
Mais il espérait qu'elle ne dirait rien.
Il avait déjà assez de mal à gérer ses propres pensées, il n'avait pas besoin qu'Hermione en rajoute en lui posant mille questions qu'il ne saurait pas comment esquiver.
Seulement voilà… Hermione n'était pas du genre à ignorer quoi que ce soit.
Ron entendit des pas approcher et ouvrit à moitié un œil, juste à temps pour voir Hermione s'installer à côté de lui, un livre dans les mains.
Il n'eut même pas le temps de réagir qu'elle posa sa tête sur son torse comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.
Et Ron fut immédiatement foutu.
Ses muscles se tendirent instinctivement, et un frisson le parcourut, non pas à cause du froid, mais parce que Merlin, c'était bien trop de sensations d'un coup.
Hermione, collée contre lui, son corps encore un peu humide de la baignade, sa peau douce contre la sienne, sa respiration calme et régulière...
Il était censé gérer ça comment, exactement ?!
Il ne savait pas s'il devait bouger, dire quelque chose, faire semblant de dormir… Tout ce qu'il savait, c'était qu'il devait impérativement éviter de penser à la situation dans laquelle il se trouvait sous peine de perdre définitivement la raison.
Et puis, soudain…
Il ressentit quelque chose d'étrange.
D'habitude, c'était lui qui percevait les émotions des autres. Mais cette fois… c'était le trouble d'Hermione qui lui revenait en plein visage.
Il comprit immédiatement pourquoi.
Son torse nu.
Sa proximité avec lui.
La façon dont elle s'efforçait désespérément de fixer son livre sans réellement lire.
Ron sentit une vague de chaleur lui monter au visage.
Elle aussi, elle était troublée.
Hermione, qui d'ordinaire gardait toujours le contrôle sur elle-même, semblait tout aussi perdue que lui.
Le silence entre eux devint pesant, électrique, indéfinissable.
Elle finit par tourner une page de son livre sans même l'avoir lue, et Ron, qui avait parfaitement capté son malaise, ne put s'empêcher de sourire malicieusement.
Il posa très lentement son bras derrière sa tête, adoptant une posture faussement décontractée, et murmura, la voix teintée d'amusement :
« Alors, Granger… tu arrives à te concentrer ? »
Il la sentit se raidir immédiatement.
Elle se redressa brusquement, rouge pivoine, et tapa son livre contre son front dans un geste de pure frustration.
« Tais-toi. »
Ron éclata de rire, réellement amusé cette fois.
C'était une première. Une vraie première.
Hermione Granger, toujours maîtresse d'elle-même, toujours rationnelle, toujours un pas en avance sur tout le monde… venait de se prendre son propre jeu en pleine figure.
Et Merlin, c'était satisfaisant.
Elle lui lança un regard furieux avant de marmonner :
« Tu… c'est toi qui as grandi trop vite. »
Ron haussa un sourcil, se redressant légèrement sur ses coudes. « Pardon? »
Elle détourna immédiatement le regard, évitant soigneusement de croiser ses yeux, et répéta d'une petite voix franchement embarrassée :
« Tu… t'as grandi trop vite. »
Un silence.
Puis, Ron explosa de rire.
Un vrai fou rire, sincère et incontrôlable, qui secoua tout son torse.
Hermione se laissa tomber en arrière avec un gémissement désespéré, se couvrant le visage avec son livre.
« Je vais mourir. »
Ron reprit son souffle, essuyant une larme au coin de son œil. « Oh non, Granger, tu vas vivre longtemps. Surtout maintenant que je sais que je peux enfin t'avoir à ton propre jeu. »
Elle lui lança un coussin qu'elle avait attrapé à côté de sa serviette.
« Tais-toi, Weasley. »
Il esquiva de justesse, toujours hilare, trop heureux de la voir autant en difficulté pour une fois.
Peut-être que cet été allait être encore plus intéressant que prévu.
Le silence entre eux était lourd, chargé de cette tension nouvelle qui semblait s'être installée depuis plusieurs jours. Hermione sentait encore l'écho des émotions de Ron en elle, un mélange de nervosité, de fascination et de trouble qu'elle peinait à comprendre pleinement. Elle savait que leur relation avait évolué, mais elle ne s'attendait pas à ce que cette évolution prenne une tournure aussi… physique.
Elle n'avait jamais vraiment pensé à Ron comme ça. Pas consciemment, en tout cas.
Mais maintenant… maintenant, elle ne pouvait plus ignorer la manière dont il la regardait.
Ron, lui, sentait son cœur battre à un rythme affolant. Il ne savait pas ce qu'il faisait. Tout ce qu'il savait, c'était que chaque fois qu'Hermione était proche, il perdait tout contrôle.
Il l'avait toujours trouvée spéciale, différente des autres, mais ce n'était que récemment qu'il avait compris pourquoi.
Elle le bouleversait.
Et ce qui le perturbait encore plus, c'était qu'elle ressentait tout.
Il ne pouvait rien lui cacher.
Allongée contre lui, son regard fixé sur son livre sans vraiment le lire, Hermione tentait désespérément d'ignorer l'intensité avec laquelle Ron la regardait.
Mais elle le sentait.
Son trouble, son hésitation, cette impression qu'il voulait dire quelque chose mais qu'il n'osait pas.
Elle finit par poser son livre sur son ventre et tourna la tête vers lui.
« Tu réfléchis trop, Weasley. »
Ron sursauta légèrement, pris sur le fait. « Moi ? Je ne réfléchis jamais, tu devrais le savoir. »
Elle sourit légèrement. « Si. En ce moment, tu réfléchis. Et c'est bruyant. »
Il passa une main dans ses cheveux humides, cherchant ses mots.
« Je… » Il hésita, puis lâcha dans un souffle : « Je te l'ai déjà dit, mais tu me plais, Hermione. »
Elle ne s'attendait pas à ce qu'il le dise aussi directement.
Elle sentit une chaleur monter dans sa poitrine, cette gêne douce et inexplicable qu'elle ne comprenait toujours pas totalement.
« Je sais, Ron, » murmura-t-elle.
Il se mordit la lèvre, fixant un point invisible devant lui. « C'est juste que… c'est bizarre. J'ai l'impression que ça fait longtemps qu'on est… qu'on est proches, mais en même temps, c'est nouveau. Et parfois, je ne sais pas comment gérer ça. »
Elle haussa un sourcil, intriguée par sa maladresse soudaine. « Gérer quoi ? »
Il rougit violemment et détourna le regard.
« Mes hormones. »
Un silence.
Puis…
Hermione explosa de rire.
Ron, horrifié, tourna brusquement la tête vers elle.
« Ce n'est pas drôle ! » protesta-t-il.
Mais elle n'arrivait pas à s'arrêter.
Elle roula sur le côté, les épaules secouées par son fou rire, essuyant une larme au coin de son œil.
« Oh, si, c'est très drôle ! »
Ron croisa les bras, vexé. « Tu pourrais au moins essayer d'être compatissante. »
Hermione reprit son souffle, un sourire toujours plaqué sur son visage. « Ron, on est beaucoup trop jeunes pour que tu te prennes autant la tête avec ça ! »
Il ouvrit la bouche pour répliquer, mais elle continua avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit.
« Et puis, franchement, je ne vois pas pourquoi tu t'emballes. Je suis toute plate, j'ai aucune forme ! »
Ron roula des yeux.
« Ce n'est pas ça qui compte, Hermione ! »
Elle haussa un sourcil, toujours amusée. « Ah bon ? Alors qu'est-ce qui compte ? »
Il hésita un instant, puis la fixa droit dans les yeux.
« Comment je te vois. »
Elle sentit son sourire s'effacer légèrement.
Il y avait quelque chose dans son ton… une sincérité désarmante qui la rendit nerveuse, sans qu'elle sache pourquoi.
Elle fronça les sourcils, essayant de comprendre.
Ron se passa une main sur le visage, visiblement frustré de ne pas réussir à lui expliquer.
Et puis, soudain, il eut une idée.
Il croisa son regard, et avant qu'elle ne puisse poser la moindre question, il ouvrit leur lien.
Hermione frissonna immédiatement.
Elle sentit une vague d'émotions brutes s'écraser contre elle.
Elle ne voyait plus à travers ses propres yeux… mais à travers ceux de Ron.
Et ce qu'elle ressentit la laissa complètement bouleversée.
Elle se vit elle-même comme il la voyait.
Pas comme une simple amie, pas comme une élève studieuse ou une fille banale de douze ans… mais comme quelqu'un d'important. Quelqu'un de magnifique à sa façon.
Elle ressentit toute l'affection qu'il avait pour elle, cette chaleur douce et réconfortante qui l'entourait à chaque fois qu'il la regardait.
Mais elle ressentit aussi… l'attirance.
Cette petite pointe de fascination, ce mélange d'admiration et de trouble adolescent qu'il tentait désespérément d'ignorer.
C'était elle qui le mettait dans cet état.
Hermione cligna des yeux, totalement abasourdie.
Elle recula légèrement, son cœur battant à tout rompre.
Ron, lui, referma doucement leur lien, laissant le silence s'installer entre eux.
Elle le fixa, incapable de parler.
Il haussa les épaules, visiblement gêné.
« Tu voulais savoir. Maintenant tu sais. »
Hermione ouvrit la bouche… puis la referma.
Elle ne savait pas quoi dire.
Parce que c'était trop.
Trop intense, trop sincère, trop… réel.
Finalement, après plusieurs secondes, elle souffla :
« C'est vraiment comme ça que tu me vois ? »
Il hocha la tête sans hésiter.
Elle baissa les yeux, troublée, triturant un brin d'herbe entre ses doigts.
Puis, dans un geste hésitant, elle se rapprocha à nouveau.
Elle leva doucement les yeux vers lui… et cette fois, ce fut elle qui fit le premier pas.
Elle se pencha légèrement, et dans un mouvement timide mais assumé, effleura ses lèvres.
Un baiser, léger, fragile.
Puis elle se recula et murmura, le souffle court :
« On est trop jeunes pour ça… mais ça ne veut pas dire que c'est pas vrai. »
Ron ne répondit pas tout de suite.
Puis, lentement, il esquissa un sourire.
« Ouais. C'est exactement ça. »
Ils restèrent là, sous le soleil d'été, un peu gênés, un peu nerveux…
Mais avec la certitude que quelque chose venait de changer pour de bon.
Le dîner au Terrier était toujours un moment animé, et ce soir-là ne faisait pas exception. La longue table en bois de la cuisine était remplie de plats délicieux préparés par Mrs. Weasley, et l'ambiance était bruyante et chaleureuse. Fred et George racontaient une nouvelle mésaventure liée à l'un de leurs prototypes, Harry riait en secouant la tête, et Ginny, assise en face d'Hermione, lançait des piques sarcastiques à ses frères dès qu'elle en avait l'occasion.
Ron, lui, était assis juste à côté d'Hermione, et c'était un problème.
Enfin, un problème relatif… mais Hermione était bien trop consciente de lui.
Depuis leur discussion dans l'après-midi, depuis ce baiser, elle n'arrivait pas à le regarder comme avant. C'était comme si leur lien, déjà fort, était devenu encore plus présent, plus intense.
Elle essayait de manger normalement, d'écouter la conversation, mais elle sentait Ron.
Sa présence, sa chaleur, sa respiration calme juste à côté d'elle… et sous la table, son genou qui frôlait le sien.
Au début, elle n'y prêta pas attention. Un simple contact involontaire.
Mais Ron ne retira pas son genou. Pire, Il bougea légèrement, appuyant à peine contre sa jambe.
Hermione releva instinctivement les yeux vers lui. Il discutait avec Harry, l'air totalement innocent.
Oh. C'était comme ça qu'il voulait jouer ?
Elle décida de tester une théorie. Très lentement, elle recula légèrement sa jambe… avant de la faire glisser à nouveau contre celle de Ron. Cette fois, il réagit.
Il s'arrêta de parler une fraction de seconde, cligna des yeux, puis jeta un regard furtif vers elle, comme s'il essayait de comprendre si elle venait vraiment de faire ce qu'il pensait.
Hermione garda un visage parfaitement neutre, prit une bouchée de légumes comme si de rien n'était.
Ron sembla hésiter, puis… Il riposta.
Son pied trouva le sien, et il le fit glisser lentement le long de sa cheville. Hermione sentit une vague de chaleur lui monter au visage. C'était ridicule, juste un jeu.
Un jeu d'adolescents, un jeu où personne ne voulait être le premier à reculer. Alors elle ne recula pas.
Elle poussa légèrement son pied contre le sien, et ils continuèrent ce petit duel invisible, ignorant totalement le chaos autour d'eux. Jusqu'à ce que…
« Ron, Hermione ? »
Ils sursautèrent en même temps. Mrs. Weasley les regardait d'un air curieux.
« Tout va bien ? Vous avez l'air… bizarre. »
Hermione sentit ses joues en feu. Ron se racla la gorge, repoussant son assiette comme si elle était soudainement très intéressante.
« Ouais, tout va bien. Super dîner. »
Ginny, qui avait tout vu, haussa un sourcil amusé. Hermione, désespérée, planta sa fourchette dans ses légumes en évitant soigneusement de croiser le regard de Ron ou celui de Ginny.
Plus tard dans la soirée, Hermione se retrouva dans la chambre de Ginny pendant que les garçons traînaient dehors.
Ginny, assise en tailleur sur son lit, fixait Hermione avec un regard beaucoup trop perçant.
« Bon. Maintenant, tu vas me dire ce qui se passe avec mon frère. »
Hermione sursauta. « Quoi ? Il ne se passe rien ! »
Ginny roula des yeux.
« Hermione, je t'ai vue jouer avec lui sous la table. »
Hermione ouvrit la bouche pour protester… puis la referma, incapable de nier. Ginny croisa les bras.
« Alors ? »
Hermione soupira et laissa tomber sa tête contre l'oreiller de Ginny.
« Je ne sais pas, Ginny. Je… je ressens des choses pour lui. Des trucs que je ne comprends pas totalement. »
Ginny sourit légèrement.
« C'est normal. Il t'aime bien aussi. »
Hermione rougit encore plus. Ginny reprit d'un ton plus sérieux.
« Écoute, Ron est mon frère préféré. Je l'adore. »
Hermione releva la tête, surprise. Ginny haussa les épaules.
« Fred et George sont cools, mais ils sont toujours dans leur délire. Percy est insupportable. Bill et Charlie sont loin… mais Ron, lui, il a toujours été là pour moi. Il m'a protégée, il m'a écoutée. »
Son regard devint plus perçant.
« Alors, Hermione, si tu tiens à lui… t'as intérêt à en prendre soin. »
Hermione déglutit. « Je… bien sûr que je vais en prendre soin. »
Ginny l'observa un instant, puis hocha la tête, satisfaite.
« Bien. Parce que s'il est heureux avec toi, alors je suis heureuse pour lui. »
Un sourire doux apparut sur le visage d'Hermione. Ginny était littéralement comme une sœur pour elle.
« Merci, Ginny. »
Cette nuit-là, Ron dormit d'un sommeil agité. Et il rêva. Un rêve étrange. Un rêve tellement réel qu'il aurait juré être éveillé. Dans ce rêve, il était en dernière année à Poudlard.
Il était plus grand, plus sûr de lui. Son uniforme semblait plus ajusté, il se tenait différemment… il était torse nu. Et face à lui, Hermione. Elle était différente aussi. Plus âgée, plus mature.
Elle portait son uniforme de cinquième année, mais ses cheveux semblaient plus doux, son regard plus profond. Et elle était avec lui. Dans une chambre qu'il ne reconnaissait pas.
Ils étaient seuls. Elle était assise sur le lit, et il se tenait juste devant elle.
Il n'entendait aucun mot, mais il sentait tout. L'attirance, le désir, l'amour profond.
Elle leva la main et la posa contre sa joue, son regard plongé dans le sien. Il frissonna.
Puis, doucement, elle l'attira contre elle, et leurs lèvres se trouvèrent. Ce baiser-là n'avait rien à voir avec les précédents.
Il était plus lent, plus tendre… plus assumé, plus adulte. Puis, Hermione murmura quelque chose.
Un je t'aime, et commença à embrasser son cou et son torse «Hum, si musclé… tu es si sexy Weasley…».
Ron se réveilla en sursaut. Son cœur battait à toute vitesse. La chambre était silencieuse, plongée dans l'obscurité. Il passa une main tremblante dans ses cheveux, essayant de calmer le tumulte dans son esprit. Ce n'était pas un rêve normal. C'était plus. Un avertissement ? Une promesse ? Il ne savait pas. Tout ce qu'il savait… C'est qu'il était foutu.
Le Terrier baignait dans la douce lumière du matin lorsque trois coups secs résonnèrent à la porte d'entrée. Mrs. Weasley, occupée à préparer le petit-déjeuner, s'essuya rapidement les mains sur son tablier et alla ouvrir, intriguée. Hermione, assise à table avec Ron et Ginny, leva la tête tandis que Ron, une tartine à moitié mangée dans la main, fronça les sourcils. Qui pouvait bien frapper à cette heure-là ?
Lorsque Mrs. Weasley ouvrit la porte, Albus Dumbledore apparut sur le seuil, son regard bleu pétillant d'une lueur insondable. À ses côtés se tenait une femme aux cheveux d'un rose éclatant, un sourire en coin sur les lèvres. Nymphadora Tonks.
La tension dans la pièce changea immédiatement. Ron sentit son estomac se nouer. Dumbledore ne venait jamais sans une raison sérieuse. Mrs. Weasley fronça les sourcils, méfiante.
« Albus ? Que se passe-t-il ? »
Le directeur de Poudlard hocha légèrement la tête en signe de salutation.
« Molly, pourrais-je entrer ? J'ai une affaire urgente à discuter avec Ronald. »
Ces mots firent immédiatement se redresser tout le monde autour de la table. Hermione échangea un regard inquiet avec Ron. Ginny, assise à côté d'elle, posa sa tasse de thé, les yeux plissés. Pourquoi Dumbledore voulait-il parler à Ron spécifiquement ?
Mrs. Weasley hésita un instant, mais elle finit par s'effacer pour les laisser entrer. Une fois installés dans le salon, tous les regards étaient braqués sur le directeur, attendant ses explications.
Dumbledore croisa ses mains sur ses genoux et posa son regard bienveillant sur Ron.
« Ronald, nous avons besoin de toi. »
Ron cligna des yeux.
« De moi ? »
Dumbledore acquiesça calmement.
« Nous avons découvert des indices sur l'emplacement de l'une des trois Reliques de la Mort. »
Un silence pesant s'abattit sur la pièce. Ron sentit son cœur accélérer. Il savait déjà où se trouvait la Pierre de Résurrection, et la Baguette de Sureau était encore hors de portée. Il ne restait qu'un seul artefact manquant…
« La Cape d'Invisibilité », confirma Dumbledore.
Un frisson parcourut Ron.
« On pense qu'elle est cachée dans les ruines d'une ancienne forteresse en Écosse », expliqua Tonks. « Une mission simple en apparence, mais nous avons besoin de quelqu'un qui puisse établir un lien avec l'objet. »
Elle fixa Ron avec sérieux.
« Tu es le mieux placé pour ça. »
Ron ouvrit la bouche pour répondre, mais il n'eut pas le temps.
Mrs. Weasley s'était levée brusquement, son visage passant de la surprise à la fureur pure.
« Absolument pas ! »
Le silence tomba dans la pièce. Molly Weasley fixa Dumbledore, les bras croisés, prête à livrer bataille.
« Vous voulez emmener MON FILS en mission ?! Dans un endroit dangereux ?! »
Dumbledore garda son calme.
« Molly— »
« NON, Albus. » Elle planta un doigt accusateur sur la table. « Je vous ai toujours fait confiance. Toujours. Mais là, il est HORS DE QUESTION que Ron parte en mission ! »
Ron sentit une vague d'embarras monter en lui.
« M'man… » tenta-t-il.
Mais Molly l'ignora royalement.
« Je veux bien croire qu'il est spécial, qu'il a un rôle à jouer, mais il reste MON FILS ! » Elle se tourna vers Tonks, les joues rouges de colère. « Et vous ! Vous devriez avoir plus de jugeote, vous avez son âge, presque ! Vous accepteriez qu'on envoie un membre de votre famille risquer sa vie ? »
Tonks grimaça légèrement.
« Euh… techniquement, je suis Auror, donc… »
« C'EST PAS UNE EXCUSE ! » tonna Molly.
La tension était palpable, et Ron sentait la situation lui échapper. Mais ce qui le surprit vraiment, ce fut Hermione. Sans prévenir, elle se leva à son tour. Elle était plus calme que Molly, mais son regard était brûlant de détermination.
« Moi non plus, je ne veux pas qu'il parte. »
Ron se tourna vers elle, stupéfait.
« Hermione… ? »
Elle lui lança un regard appuyé, un regard qui disait "Ne discute pas."
Elle inspira profondément avant de faire face à Dumbledore.
« Je comprends l'importance de cette mission. Je comprends que Ron est spécial, que son empathie et son lien avec les Reliques le rendent indispensable. »
Elle fit une pause, sa voix tremblant légèrement.
« Mais ça ne veut pas dire qu'il doit tout sacrifier. »
Ses poings se serrèrent.
« On est encore des adolescents. On ne devrait pas avoir à porter des responsabilités aussi lourdes. »
Ron sentit son cœur se serrer. Il comprenait ce qu'elle voulait dire. Elle avait peur pour lui. Et Hermione Granger n'avait pas peur de beaucoup de choses.
Dumbledore la fixa longuement, avant de soupirer doucement.
« Je comprends votre inquiétude, Molly, Hermione. Mais nous ne pouvons pas toujours protéger ceux que nous aimons du rôle qu'ils sont destinés à jouer. »
Son regard bleu clair se posa directement sur Ron.
« C'est à toi de choisir, Ronald. »
Tous les regards convergèrent vers lui. Il sentit son souffle se coincer dans sa gorge. Il regarda sa mère, qui semblait prête à barricader la porte si nécessaire. Puis il regarda Hermione, qui cherchait désespérément dans son regard un signe qu'il n'allait pas faire quelque chose d'inconscient. Et enfin… il regarda Dumbledore.
Il savait qu'il devait y aller. C'était une certitude au fond de lui. Mais il savait aussi qu'il devait leur donner une raison d'accepter. Alors, il inspira profondément et se tourna vers Dumbledore.
« J'irai. »
Molly pâlit instantanément.
« Ronald Bilius Weasley, tu n'iras nulle part ! »
Ron serra les poings.
« Je n'ai pas le choix, M'man. Tu le sais aussi bien que moi. Si cette cape est bien ce que je pense, alors elle doit être retrouvée avant que quelqu'un d'autre ne mette la main dessus. »
Dumbledore hocha la tête, un léger sourire flottant sur ses lèvres.
« Une décision courageuse, Ronald. Nous partirons demain à l'aube. »
Mrs. Weasley se laissa tomber sur sa chaise, furieuse, mais résignée. Hermione, elle, gardait les bras croisés, le regard toujours inquiet. Elle savait qu'elle ne pouvait pas l'arrêter, mais cela ne signifiait pas qu'elle l'approuvait.
Ron lança un regard à Hermione.
Elle avait toujours l'air inquiète. Mais dans son regard, il y avait aussi… une acceptation.
Elle savait qu'il ne reculerait pas.
Et parce qu'elle était Hermione, parce qu'ils partageaient ce lien si spécial, elle serait là.
À attendre.
À espérer.
À prier pour qu'il revienne sain et sauf.
La mission pour la Cape d'Invisibilité venait de commencer.
