Bonne lecture à tous !


Ginny ouvrit doucement les portes de l'infirmerie et jeta un œil à l'intérieur. Tout était calme et sombre. Même les lumières du bureau de Mme Pomfresh étaient éteintes. Ginny alluma sa baguette dans un murmure et observa les alentours. Drago – qui avait bougé à l'ouverture des portes – lui apparut avec son habituel visage pointu, visiblement ébloui par la lumière. Tous les autres occupants semblaient endormis. On aurait pu croire que Percy était de nouveau pétrifié car il était absolument immobile et silencieux, mais il avait toujours dormi de cette façon là. La respiration de Colin leur parvenait depuis son lit et Hermione était emmitouflée dans ses couvertures, reconnaissable uniquement à la touffe de cheveux qui en dépassait. Le Professeur Flitwick marmonnait dans son sommeil.

Ginny s'avança dans la pièce et referma délicatement la porte, avant de s'approcher du lit de Drago, un peu nerveuse tant il la fixait avec intensité. Elle ne savait pas ce qu'il lui voulait. Leurs rapports étaient plutôt amicaux – ou l'étaient avant qu'elle ne soit possédée par Tom et que celui-ci ne l'attaque – mais elle n'aurait pas imaginé qu'il souhaite la voir. Et Harry avait dit que c'était important – quelque soit la raison pour laquelle il voulait lui parler ou la voir – mais Ginny était toujours perplexe. Peut-être voulait-il lui reprocher quelque chose. C'était probable, supposa-t-elle. Harry et Ron ne se cachaient rien et ne cachaient rien à leurs amis, et elle était sûre que Drago et Hermione savaient déjà tout de son implication, de Tom et de la Chambre.

Ginny resta silencieuse en s'approchant de lui. Il lui avait demandé de venir, alors c'était à lui de commencer. Pourtant, il ne dit rien, pas tout de suite. Il désigna de la main la chaise la plus proche de son lit et Ginny s'assit avec réticence. Rester debout lui laissait la possibilité de fuir rapidement si c'était nécessaire.

« C'était mon père. » dit Drago en évitant de la regarder.

Ses yeux, qui étaient presque argentés à la lumière de sa baguette, restaient fixés sur sa couverture.

« Quoi ? » demanda Ginny en fronçant les sourcils.

Elle ne savait pas de quoi il parlait, mais elle savait en entendant sa voix que ça ne pouvait pas être une bonne chose. Elle posa les pieds sur sa chaise et remonta ses genoux contre sa poitrine.

« Je pense que c'est arrivé ce jour-là sur le Chemin de Traverse, dans la librairie … Il a du le mettre dans ton chaudron- »

Il continua de parler, mais Ginny fut incapable d'entendre le reste. Elle en avait assez entendu pour savoir de quoi il parlait. Le journal. M. Malefoy lui avait donné le journal ce jour-là sur le Chemin de Traverse, parce que- parce qu'il pouvait, parce que c'était un monstre. Elle n'avait jamais cru possible de détester quelqu'un autant que Tom, mais elle s'était trompée. M. Malefoy tenait maintenant la seconde place ou peut-être même qu'il était ex-æquo à la première place, et Ginny se sentait si furieuse et si- et bien, blessée. Que lui avait-elle fait pour mériter de subir cela ? Pourquoi elle ? Était-ce seulement à cause de sa famille ou avait-il décidé sur le moment qu'il s'en prendrait à elle ? Elle avait pensé que l'un de ses parents l'avait acheté d'occasion pour lui faire un cadeau, sans savoir de quoi il s'agissait, mais la vérité, c'était que quelqu'un avait délibérément choisi de lui donner, quelqu'un avait volontairement lâché Tom sur Ginny et sur l'école ...

Et tout le chagrin que lui avait causé Hydrus Malefoy depuis la reprise, toutes les fois où il lui avait indiqué où se trouvaient les nés-moldus, les fois où il lui avait demandé si elle avait besoin d'aide pour réparer la Chambre après que Potter lui ait cassé son jeu, seulement pour apprendre maintenant que c'était son père qui était responsable, et celui de Drago- Était-il au courant ? Ou faisait-il toutes ces réflexions sans savoir ce qui était vraiment arrivé ?

« Weasleytte ? »

La main de Drago sur son genou la fit sursauter. Ginny entendit un étrange petit sanglot et après une seconde de confusion, elle réalisa qu'il venait d'elle. Elle écarta son genou pour retirer la main de Drago et leva les yeux vers lui, énervée. Il ressemblait tant à son frère et à son père – sauf pour les yeux. Oh, ils étaient de la même couleur que ceux de M. Malefoy, mais ils étaient plus doux, plus gentils. Et inquiets à cet instant précis. Ginny se demanda de quoi elle avait l'air et se força à se calmer un peu. Ce n'était pas contre Drago qu'elle était en colère, même s'il semblait avoir peur que ce soit le cas.

Son père en revanche … M. Malefoy n'était pas là pour- à vrai dire, elle ne savait pas vraiment ce qu'elle aurait fait s'il avait été là. Peut-être qu'elle aurait cherché dans les souvenirs de Tom à la recherche d'un maléfice à lui lancer. Les seuls sortilèges que Ginny connaissait, c'était des sorts de première année, à l'exception des sortilèges domestiques qu'elle avait vu Maman utiliser, son sortilège de crotte de nez – qu'elle n'avait encore testé sur personne d'autre – et le sortilège d'Insonorisation qu'elle avait finalement réussi à maîtriser voilà une semaine. Ou peut-être que Ginny pouvait oublier les sorts et la magie et se contenter de le frapper- mais il était trop grand pour qu'elle puisse cogner son stupide nez pointu … Peut-être qu'elle pourrait juste lui taper dessus avec le vieux balai de Charlie.

Alors l'estomac de Ginny se serra douloureusement. Elle avait du mal à accepter le fait que M. Malefoy lui avait volontairement infligé tout ça, probablement pour aucune autre raison que le fait qu'il le voulait ou qu'il le pouvait. Tom était silencieux dans sa tête, réalisant peut-être que rien de ce qu'il pourrait dire ne pourrait encore empirer son état.

« Je suis désolé, dit Drago à voix basse. C'est- c'est horrible ce qu'il a fait- »

Sa bouche n'était plus qu'une fine ligne malheureuse et il baissa les yeux.

« Oui, répondit sèchement Ginny. C'est vraiment horrible. Pour l'école et pour tout le monde. » Pour moi.

Drago détourna le regard. Au lieu de ça, il hocha la tête en regardant ses propres genoux. Ginny n'avait rien de plus à lui dire pour le moment et elle avait l'impression qu'il avait aussi fini de parler. Elle se leva de sa chaise.

« Je pensais qu'il fallait que tu saches. » souffla Drago.

Ginny lui adressa un bref signe de tête, ne faisant pas confiance à sa voix pour parler. Elle ne savait pas si elle avait besoin de savoir ça – savoir ne l'aiderait pas, ne changerait pas ce qui était arrivé – mais cela répondait à sa question sur la façon dont elle avait obtenu le journal … et pourquoi, jusqu'à un certain point. Mais elle ne pensait pas qu'elle saurait un jour si M. Malefoy l'avait fait simplement parce qu'il n'aimait pas sa famille, s'il y avait une autre raison plus sinistre derrière tout ça ou pas de raison du tout.

Elle ne dit rien de plus et Drago non plus, alors elle lui tourna le dos.

Mais Ginny ne retourna pas dans son lit ou dans la tour de Gryffondor. Elle se dirigea vers les toilettes heureusement vides de Mimi Geignarde et s'assit contre le mur près des lavabos, se mettant à pleurer en silence.


« Bonjour. »

Drago ne fut vraiment pas surpris que ce soit Severus qui soit venu le voir. Il leva la main pour le saluer et son parrain se laissa tomber sur la chaise que Weasleytte avait occupé quelques heures plus tôt.

« J'imagine que tu sais que tout le monde part ce matin ? »

« Évidemment. » répondit Drago.

Son lit était le seul encore occupé. Les autres victimes du Basilic étaient parties un peu plus tôt dans la matinée pour faire leurs valises ou leurs familles étaient directement venues les chercher. Drago, qui ne savait pas s'il devait prendre le train ou si Mère, Père ou Dobby allait passer le prendre, était resté là. La présence de Severus indiqua qu'il avait fait le bon choix, pensa-t-il.

« Tu veux partir avec eux ? »

Drago, tiraillé par ses réflexions à propos de son père, leva la tête.

« J'ai le choix ? »

Severus pencha la tête et croisa les mains sur ses genoux.

« Si tu as encore besoin de temps pour te remettre ou si Mme Pomfresh ne te juge pas encore prêt à sortir, alors tu pourras rester à l'école. »

« J'ai marché jusqu'à la salle de bain ce matin, dit Drago. Astoria n'y arrive pas encore, mais elle est quand même rentrée chez elle. »

« Black a accepté que tu restes avec eux, si tu as besoin de … temps, dit doucement Severus. Et bien sûr, tu peux toujours rester avec moi. »

« Pourquoi ? » demanda Drago, méfiant.

Severus savait-il ce que Père avait fait ? Était-ce pour ça qu'il proposait de retarder le retour de Drago au Manoir ?

« La dernière fois que tu as vu ton Père, vous vous êtes disputés, dit Severus sur le même ton calme. Et comme il n'est pas encore venu te voir, je doute que vous ayez eu la possibilité d'apaiser les choses. »

Il y eut un moment de silence et Severus laissa échapper un petit reniflement.

« A en juger par ton expression, je dois avoir raison. »

Drago força son visage à se détendre et il croisa le regard de Severus, le défiant de dire autre chose. Il resta silencieux, attendant que Drago prenne la parole.

« Il a peur. » dit finalement Drago.

« Pardon ? »

« Père, dit Drago, ayant du mal à garder une voix calme en prononçant ce mot. C'est pour ça qu'il n'est pas venu me voir. »

Il sait que Potter est au courant ou qu'il le suspecte, mais il ne sait pas ce qu'on m'a raconté depuis mon réveil. Drago ne savait pas comment il allait gérer tout ça, ne savait pas s'il voulait hurler sur Père pour tout ce qu'il avait fait, pour toutes les personnes qu'il avait failli tuer, s'il voulait même encore le regarder ou lui parler. Il serra les dents pour éviter que sa mâchoire ne se mette à trembler.

« Tu lui en veux ? » demanda Severus en fronçant les sourcils.

Drago déglutit et pencha la tête.

« Je suis d'accord pour dire qu'il aurait du fermer l'école après l'attaque de Granger et des autres, dit prudemment Severus. Mais il pensait vraiment que tu ne courrais pas le moindre risque. C'était idiot, mais pas malintentionné- »

Mensonge, pensa douloureusement Drago, même si Severus ne le savait pas.

« Si ça avait été quelqu'un d'autre, il n'en aurait rien eu à faire. » dit sèchement Drago.

Et la seule raison pour laquelle il pensait que je serais protégé, c'était parce qu'il était en charge de tout. Pas qu'il puisse dire cela à Severus. Drago ne découvrirait sûrement jamais si Père avait communiqué avec Jedusor durant l'année. Drago ne pensait pas que c'était le cas, mais il n'y avait aucun moyen de le savoir vraiment.

Severus ne répondit pas et Drago prit cela comme un accord.

« Vous pouvez me parler de Weasleytte ? dit Drago après un moment. Je l'ai vu ici hier soir et elle était- différente. »

Il avait à peine reconnu la créature nerveuse et furieuse qui était venue le voir. De toute évidence, les événements l'avaient changé et même s'il s'était attendu à la voir incertaine et plus calme, il n'avait pas envisagé qu'elle puisse perdre sa bonne humeur et son optimisme. Elle avait toujours eu du caractère, oui, elle s'agaçait facilement, elle criait aussi, mais ce n'était pas le même tempérament qu'il avait vu au Terrier ou à l'école. C'était une colère plus froide et plus sombre.

« Potter ne t'en a pas parlé ? » demanda Severus.

« Un peu. » dit Drago.

Et Potter l'avait fait. Mais Potter n'était pas très attentif et Drago voulait un autre avis. Le point de vue de Severus sur la question était bon à prendre.

« Mais il a dit que c'était ses affaires et donc, il ne voulait pas trop en parler. »

Potter n'avait pas exactement dit ça, mais c'était l'impression que Drago avait eu. Ça, et Potter ne voulait pas avouer à quel point elle allait mal car il pensait probablement que Drago s'en voudrait et en voudrait à son Père.

« Peut-être qu'il n'a pas tort, dit Severus. Tu lui as demandé à elle ? »

« Je suis peut-être un Gryffondor, mais j'ai un peu de tact. » répondit Drago sur un ton irrité.

Severus pencha légèrement la tête, l'air amusé.

« Je veux savoir. »

« La possession laisse toujours des traces sur l'esprit de la victime et l'esprit d'un enfant est bien plus fragile que celui d'un adulte. Ses facultés mentales semblent en ordre, d'après sa capacité à parler et à marcher, et si je me base sur son niveau en classe et ses résultats d'examen, sa capacité de réflexion fonctionne aussi – autant qu'avant, du moins. »

« Oui, mais comment va-t-elle ? » demanda Drago. Qu'est-ce que mon père lui a fait ?

« Je n'ai jamais vraiment discuté avec la fille et je ne lui ai pas accordé d'attention particulière, dit Severus en baissant les yeux sur Drago. Elle reçoit de l'aide ailleurs et ce n'est donc pas mon problème. C'est mon élève- et ce n'est même plus vraiment le cas jusqu'à septembre prochain. »

Drago fusilla Severus du regard, mais celui-ci ne sembla pas s'en soucier. Au lieu de ça, il semblait plutôt curieux. Drago avait l'impression qu'il voulait lui demander quelque chose, mais il ne le fit pas. Au lieu de ça, il se leva et lissa sa robe.

« Bon, tu veux rentrer à la maison ou tu préfères passer quelques jours de plus ici ou avec Potter et Weasley ? »

« Je vais rentrer voir ma famille. » décida Drago.

Severus le cacha bien, mais Drago savait qu'il était surpris. En vérité, Drago aurait adoré bénéficier de jours de paix supplémentaires avant de confronter Père – et il ne voulait même pas penser à ce que Mère savait ou non – mais il devrait bien rentrer un jour et il avait des choses à faire au Manoir. Père avait besoin d'être puni.


« Je t'offre une glace dès qu'on a fini ici. » dit Patmol du coin des lèvres.

Il était debout sur une sorte d'estrade près de Harry, les bras tendus, et la même expression douloureuse que Harry pensait afficher aussi sur son visage.

« C'est promis. »

« Je ne pense pas qu'une glace suffira, Sirius, dit Matt en se redressant lorsqu'un mètre ruban se mit à prendre ses mesures. Je demanderais plutôt un nouveau balai, Harry. »

« L'Éclair de Feu sort le mois prochain. » dit Harry en souriant largement vers Patmol.

« Ton Nimbus fonctionne très bien, répliqua Sirius avant de fusiller Matt du regard. Et arrête de lui donner des idées. »

« Je suis d'accord avec Matt, grogna Marlène en s'avançant dans la pièce, vêtue d'une robe couleur moutarde. Pour ça, je mérite un balai de course, Sirius. »

« Tu es- euh- »

« Je ressemble à une banane, termina Marlène en soufflant pour repousser une mèche de cheveux de son visage. Je devrais m'accorder un jour de congé et revenir le matin de- »

« Bon, dit Andromeda en faisant son apparition dans la pièce. Je pense à du noir pour toi, Harry, et peut-être du bleu marine pour toi, Sirius, pour que tu sois assorti à Marlène- »

« Du bleu marine ? » murmura Matt à Harry, qui haussa les épaules.

Il ne voyait de bleu marine nulle part.

« Pas un joli ton moutarde ? » demanda Patmol avec un petit sourire.

« Ne sois pas bête, c'est une couleur horrible, dit Andromeda. C'est juste pour vérifier la coupe et la taille. »

Marlène sembla s'apaiser en entendant ça.

« Vous avez dit que ça aurait lieu en août, c'est ça ? »

Andromeda se retourna vers Mme Guipure, qui venait d'arriver avec une boîte de tissus, et elle acquiesça.

« Je ne choisirais pas forcément du noir pour le garçon alors. Ça risque d'être un peu chaud. »

« Mais le noir est traditionnel. » dit Andromeda.

« C'est vrai que Dora est si traditionnelle. » murmura Patmol.

Matt se mit à tousser pour dissimuler son rire et Harry se mit à sourire largement, mais aucune des deux femmes ne semblaient l'avoir entendu.

Une glace, puis le Terrier, se dit Harry, tandis que Mme Guipure et Andromeda commençaient à fouiller dans la boîte, avant de lui poser des morceaux de tissus colorés dessus. Une glace, puis le Terrier …


Molly agita sa baguette vers l'évier pour commencer à faire la vaisselle et elle tourna la tête vers la fenêtre. Ses garçons et Harry n'étaient plus que des points noirs dans le ciel au-dessus du jardin, mais elle pouvait les entendre rire depuis l'endroit où elle se trouvait. Elle sourit affectueusement et regarda l'horloge. Son sourire s'effaça alors. Elle entendit la porte de Ginny s'ouvrir et des bruits de pas sur le pallier. La Guérisseuse, une femme mince aux cheveux gris avec des lunettes carrées, apparut dans les escaliers.

« Du thé ? » proposa Molly.

« Non merci, Mme Weasley, je devrais y aller. »

« Comment ça s'est passé ? Va-t-elle- mieux ? »

« De toute évidence, il n'y a pas grand chose que je puisse faire pour elle avec ces lois qui encadrent la Légilimancie sur les enfants, déclara la Guérisseuse Merberry avec un sourire triste. Et elle n'aime toujours pas en parler … des problèmes de confiance visiblement. »

Molly acquiesça, déglutissant pour s'assurer que sa voix ne tremblerait pas quand elle prendrait la parole.

« Elle a dit quelque chose ? »

« On a parlé du fait qu'elle ne devrait pas se reprocher ce qui est arrivé et j'ai essayé de m'assurer qu'elle le savait, mais- bon, c'est dur à dire. Je pense que des séances supplémentaires lui feraient du bien, mais c'est elle qui décide, et vous ... »

« Je vais en parler avec Arthur, dit Molly en hochant la tête. Et avec Ginny, bien sûr. »

Même si elle ne pensait pas que Ginny se montrerait davantage emballée qu'avant la visite de la Guérisseuse Merberry.

« J'attendrais votre hibou. » dit la Guérisseuse, et Molly la raccompagna jusqu'à la porte.

Une fois partie, Molly s'appuya contre la table et soupira, essayant de décider si elle devait monter pour vérifier comment allait sa fille ou la laisser tranquille. La vaisselle était terminée et c'était bien dommage. Elle aurait bien aimé se distraire en la faisant à la main. Au lieu de ça, elle entreprit de surveiller le four – et sortit les brioches pour les laisser refroidir – et s'affaira à la lessive.

Quand elle revint avec un panier de linge dans les bras, Ginny était dans la cuisine, une brioche fumante dans la main. Elle leva la tête lorsque Molly entra, son expression impossible à décrypter. Molly s'était toujours dit qu'avoir une fille serait facile, mais elle avait appris – même si Ginny lui ressemblait beaucoup sur certains points (elle avait hérité du tempérament de Molly et de sa capacité à faire entendre son opinion) – qu'elles étaient aussi très différentes et que Ginny était souvent plus difficile à gérer que ses frères. Même si elles étaient proches, elles ne partageaient pas la proximité que Molly avait eu avec sa propre mère, pour qui elle n'avait jamais eu de secrets et avec qui elle partageait tout. C'était devenu particulièrement évident depuis le début des vacances scolaires.

« De la confiture ou du beurre, ma chérie ? » demanda Molly en désignant la brioche dans la main de sa fille.

« Du beurre, répondit Ginny sur un ton incertain en s'asseyant à table, tandis que Molly l'attrapait pour elle. S'il te plaît. »

« Comment- Est-ce que voir la Guérisseuse Merberry a aidé ? »

Ginny se contenta de hausser les épaules et d'attraper le couteau à beurre. Molly était toujours incapable de lire son expression.

« Tu veux qu'elle revienne ? »

« Non. » répondit Ginny.

« Pourquoi pas ? »

Molly s'assit face à sa fille et les épaules de Ginny s'affaissèrent un peu. De toute évidence, elle venait de réaliser que Molly comptait bien en discuter.

« Parce que je vais bien. » dit Ginny en fixant sa brioche.

« Vraiment ? »

« Je ne vais pas bien ? » répliqua Ginny en levant les yeux.

« Je ne sais pas, Ginny. C'est pour ça que je demande, soupira Molly. Tu nous as à peine parlé à ton père et à moi- »

« Je vous ai dit que je n'avais pas beaucoup de souvenirs. » dit doucement Ginny.

« -le Professeur McGonagall a dit que tu ne lui avais pas beaucoup parlé non plus et la Guérisseuse Merberry- »

« Ne vaut pas le prix que vous payez, dit Ginny. Je ne veux pas lui parler. »

« Elle est- abordable. » dit Molly, et Ginny renifla.

« C'est pas vrai. »

« Ginny- »

« Je lui ai demandé, dit Ginny. On ne peut pas se le permettre. »

« Si tu veux la revoir, Ginny, on se débrouillera, dit brusquement Molly. Si besoin, je peux faire des gâteaux et les vendre au marché le dimanche, on peut acheter moins de nourriture et cultiver plus de légumes dans le jardin. Ça n'a pas d'importance. Ça ne devrait pas rentrer en compte si tu en besoin. »

Ça n'avait pas toujours été facile, mais Molly et Arthur n'avaient jamais rien refusé à aucun de leurs enfants s'ils en avaient besoin, et elle ne comptait certainement pas commencer aujourd'hui. Si Ginny avait besoin de voir un Guérisseur, ils se débrouilleraient. Molly avait déjà annulé son abonnement à Sorcière-Hebdo et avait utilisé l'argent pour la loterie du Ministère.

« Je ne me souviens pas de grand chose, dit fermement Ginny. Et je n'ai pas besoin de parler de ce dont je me souviens. T- Le journal m'a fait faire des choses horribles, mais ce n'était pas moi, ce n'était pas ma faute et c'est fini maintenant. »

Il n'y avait rien dans la voix ou l'expression de Ginny qui faisait dire à Molly qu'elle mentait, mais son instinct maternel lui disait de ne pas la croire.

« Merci pour la brioche. » dit Ginny.

« Pas de problème, ma chérie, répondit Molly. Tu en veux une autre ? »

Elle secoua la tête et se dirigea vers la porte de derrière, sans doute pour aller voir ce que faisaient les garçons. Molly se dit qu'au moins, c'était une bonne chose que Ginny ne reste pas seule à l'étage. La porte se referma et Molly attrapa une brioche, les yeux fixés sur l'horloge.

L'aiguille de Arthur pointait vers Travail, tout comme celle de Bill et Charlie. Celles de Percy, Fred, George, Ron et la sienne pointaient vers Maison. En revanche, celle de Ginny – comme c'était le cas depuis le mois de février – indiquait Perdu.


Et voilà donc la fin de la troisième partie ! J'espère qu'elle vous a plu et que vous attendez la suite avec impatience. Je vous remercie beaucoup pour vos reviews tout au long de l'histoire. C'est encourageant, ça fait vraiment plaisir de voir que vous la suivez et ça donne du sens au temps que je passe à la traduire.

Rendez-vous sur mon profil pour la quatrième partie, qui se nomme Exigence et que je poste dans la foulée. A très vite !