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Pour une fois, la salle commune de Gryffondor était parfaitement silencieuse. Même ce troisième année, McLaggen – et ses amis – qui jouait bruyamment à la Bataille explosive quelques instants avant ne semblait avoir rien à dire.
Ginny ne put s'empêcher de faire le rapprochement entre McGonagall et Maman. Elle aussi savait comment se faire entendre … Enfin, avec ces mots, Ginny pensa que n'importe qui – même Neville Londubat dans l'année de Ron – pourrait faire taire tout le monde.
«L'héritier de Serpentard s'est fait connaître auprès du Directeur, avait-elle dit. Ainsi qu'à l'un des élèves-»
Le silence fut brisé par une douzaine de personnes qui demandèrent tous Qui? et Il y a eu une attaque? et L'héritier?! Qui?
«D'abord, j'aimerais savoir si tout le monde est présent.» dit McGonagall en haussant le ton.
Elle les observa rapidement.
«Levez la main! Je ne veux pas vous entendre crier en même temps.»
«Angelina et Alicia sont en haut en train de se changer.» dit une fille de quatrième année en agitant la main vers l'étage.
«Fred et George aussi.» dit Lee.
«Dubois est revenu avec nous, dit Katie Bell, qui avait les cheveux enveloppés dans une serviette humide. Je pense qu'il doit aussi être en haut.»
L'un des septièmes années était déjà parti se coucher et un cinquième année était parti voir sa copine, qui était une Poufsouffle. McGonagall envoya un chat argenté vers le professeur Chourave pour confirmer cela et des étudiants vérifier si les absents se trouvaient bien dans les dortoirs.
«Une confirmation verbale aurait été suffisante, M. Dubois.» dit McGonagall, lorsque Dubois apparut en bas des escaliers du dortoir des garçons pour annoncer qu'il était là et pour demander ce qui se passait.
Elle le renvoya à l'étage pour enfiler autre chose qu'une serviette de toilette et pinça les lèvres en voyant des filles soupirer d'admiration. Ginny ne comprenait pas cela. Elle avait vu assez de garçons en serviette pour savoir qu'il n'y avait rien de spécial à cela.
Puis Hermione ouvrit la bouche.
«Professeur, dit-elle. Harry.»
Elle, Ron et Drago avaient tous l'air secoué. Harry ne se trouvait pas avec eux. Ginny sentit son estomac se serrer et elle espéra qu'il allait bien.
Dubois s'arrêta en plein milieu des escaliers et rappela McGonagall.
«Il s'est cogné la tête et il a quitté l'entraînement plus tôt, mais je ne sais pas où- ça fait une heure, Professeur-»
«Merci, M. Dubois, dit-elle. Je sais où se trouve M. Potter.»
Dubois ouvrit la bouche.
«Je ne veux rien entendre d'autre avant que vous ne soyez habillé.» dit-elle en montrant les escaliers du doigt.
Dubois sourit largement et se mit à trottiner vers son dortoir.
«Quelqu'un d'autre?»
Des murmures parcoururent la salle commune, tandis que Ginny s'asseyait dans un fauteuil moelleux.
«Très bien, dit-elle en lissant sa robe. Le Directeur a besoin de certaines informations. A sa demande – je souhaite savoir si quelqu'un a été témoin d'activité suspecte ce soir. Ça peut aller d'une interaction directe avec l'héritier à quelque chose de plus subtile comme une sensation inconfortable à un endroit de l'école ou près d'une autre personne.»
La pièce demeura silencieuse.
«Je vais rester un moment dans la salle commune, déclara-t-elle en pinçant les lèvres. Au besoin, je serais là pour vous et si vous souhaitez me parler discrètement de quelque chose que vous pourriez avoir vu, je me rendrais disponible. Mon bureau est aussi ouvert à chacun d'entre vous, que ce soit pour partager des informations ou simplement pour parler.»
Et donc, chacun retourna petit à petit à ses activités. La partie bruyante de Bataille explosive de McLaggen reprit et McGonagall lui adressa un regard agacé par-dessus son épaule tout en s'occupant de ses corrections de devoirs, tandis qu'elle attendait que les gens viennent la voir. Hermione fut la première à aller lui parler et cela ne surprit pas Ginny. Elles discutèrent pendant un moment et Hermione retourna voir Ron et Drago. Ils se penchèrent les uns vers les autres. Ginny était trop loin pour les entendre et retourna donc son attention vers le feu. Elle était trop fatiguée pour faire ses devoirs et Tom était resté silencieux depuis deux heures, mais Percy lui avait dit qu'elle n'avait pas l'air dans son assiette, alors elle ne voulait pas aller se coucher trop tôt au risque de l'inquiéter davantage.
Plusieurs autres élèves approchèrent McGonagall – Angelina, puis Parvati Patil de l'année de Ron, et une vingtaine de minutes plus tard, un septième année que Ginny ne connaissait pas. Elle essaya de se demander si elle avait vu ou entendu quelque chose, mais ce n'était pas le cas, alors elle continua d'observer le feu, son frère et ses amis.
Ginny aurait voulu aller les voir pour leur parler, découvrir ce qui se passait et s'inquiéter pour Harry avec eux. Mais elle ne le fit pas. Ron ne voudrait pas d'elle là-bas et Hermione lui dirait juste que tout allait bien, de ne pas avoir peur, alors que ce n'était pas vraiment le cas. Être inquiète et effrayée étaient deux choses différentes. Ginny soupira. Tom et Colin lui manquaient.
Colin était – ou avait été – le seul ami qu'elle avait à Gryffondor, qui était son ami à elle et pas celui de Ron ou des jumeaux. Elle décida qu'elle devrait aller le voir le lendemain. Une lettre était arrivée aujourd'hui, envoyée par son petit frère (ou du moins, c'était ce qu'avait supposé Ginny en voyant l'écriture et en se souvenant que Colin parlait toujours de Dennis) et elle se dit qu'elle pourrait la lui lire. Elle espérait qu'il aurait aimé.
La salle commune était de nouveau devenue silencieuse et quand Ginny leva la tête, elle vit que c'était parce que McGonagall s'était levée et rassemblait ses affaires.
«Le Directeur et moi-même vérifierons les informations que j'ai reçu ce soir, je vous remercie.»
Elle ajusta sa pile de livres et leva de nouveau les yeux, les lignes dures autour de sa bouche se détendant un peu.
«Il va sans dire que nous traversons une période sombre. Prenez soin de vos camarades et de vos amis, des membres de vos familles s'ils sont présents à l'école, et n'hésitez pas à venir nous voir si vous avez des informations qui peuvent aider. Souvenez-vous que mon bureau reste ouvert.»
Et après un signe de tête, elle se dirigea vers le portrait et fit tout à coup un pas en arrière.
«Ça doit être la bague.» dit Patmol.
Harry acquiesça, certain qu'il avait raison, et Dumbledore avait confirmé que cela avait du sens. Après tout, ça ne pouvait pas être le médaillon de Serpentard, parce qu'ils l'avaient déjà et la bague prouvait que Voldemort – que Tom – était lié aux Gaunt.
«Sois prudent, hein?»
«Ouais.»
Harry enlaça Patmol pour lui dire au-revoir et lui promit de lui parler bientôt. Que pouvait-il dire d'autre? se demanda-t-il. Une partie de lui voulait le remercier d'être venu et d'avoir emmené Quirrell, mais Patmol savait qu'il était reconnaissant et se serait sans doute senti insulté si Harry essayait de le remercier. Une partie de lui voulait pleurer et lui demander le ramener à Grimmaurd, pour que Harry puisse se cacher sous son lit jusqu'à la fin de sa vie. Il pourrait transplaner dans la salle de bain, Kreattur pourrait lui apporter à manger et Patmol lui tiendrait compagnie quand il ne travaillerait pas. Ce serait une vie ennuyeuse, mais il serait en sécurité.
Au lieu de ça, Harry enlaça à nouveau Patmol et donna le mot de passe à la Grosse Dame. Le passage s'ouvrit et Harry passa à travers, en manquant de percuter McGonagall. Elle posa une main sur son bras pour le stabiliser.
«Potter.»
Elle l'observa de ses yeux perçants, détaillant sa robe de Quidditch, le balai sur son épaule, puis son visage. Il ignorait ce qu'elle cherchait, mais elle finit par hocher la tête.
«Vous allez bien?»
«Oui, Professeur.» répondit Harry en la regardant.
Il pouvait sentir une centaine d'yeux fixés sur lui et il n'aimait pas ça du tout. Il baissa la voix, mais personne n'avait bougé pour mieux l'entendre, de toute façon. McGonagall n'avait pas l'air d'humeur à supporter beaucoup de choses ce soir.
«Qu'est-ce qu'ils savent?»
Il lui sembla un peu présomptueux de demander ça, mais McGonagall n'hésita pas à répondre.
«Que l'héritier se trouvait dans l'école ce soir, qu'ils doivent prendre soin les uns des autres et nous rapporter tout ce qui pourrait sembler inhabituel.»
Harry acquiesça lentement.
«Donc ils ne savent pas de quiil s'agit?»
«Pas pour l'instant.» répondit-elle.
«Ils devraient.» dit Harry.
«L'ignorance n'est pas idéale, répondit sèchement McGonagall. Mais ils sont assez effrayés sans savoir que Vous-Savez-Qui se promène dans l'école et attaque les gens avec un espèce de monstre.»
«Un serpent.» dit Harry.
McGonagall lui adressa un regard noir.
«Et il a un nom.» dit Harry.
Le regard de McGonagall ne s'adoucit pas du tout.
«Tom Jedusor. C'est lui, pas V-»
«Il s'agit de la même personne, Potter.» dit-elle avec une voix fatiguée.
«Non, répondit-il. Ce n'est pas vrai.»
Elle l'observa un moment, comme si elle le voyait pour la première fois.
«Potter-»
«Ils sont différents, dit-il. Et quelqu'un pourrait connaître ce nom-»
«Très bien, dit-elle faiblement. Je- oui, très bien, Potter.»
Elle avait l'air de lutter pour donner du sens à tout ça – et Harry ne pouvait pas l'en blâmer – mais elle se retourna vers la salle commune.
Ginny, comme tout le monde, observait l'échange entre leur Directrice de Maison et Harry. Elle observa Harry rejoindre son frère, Drago et Hermione, mais elle ne savait pas si elle devait le regarder lui ou McGonagall, qui s'était avancée pour reprendre la parole.
«Nous avons un nom.» dit-elle lentement.
Elle gagna l'attention de tous, les détournant de Harry.
«Qui, Professeur?» demanda bruyamment Seamus.
Fred et George faisaient partie de ceux qui lui sifflèrent de se taire. Ginny s'attendait à ce que McGonagall réponde sèchement, mais elle ne le fit pas. Elle cligna des yeux et se tourna vers Seamus.
«Tom Jedusor.» déclara-t-elle faiblement.
Ginny pensa sentir son cœur s'arrêter.
Percy sentit sa gorge se serrer. Le nom de Tom Jedusor ne lui était pas inconnu. Tout d'abord, ce garçon avait été un Préfet très respecté, quelqu'un sur lequel Percy avait beaucoup lu, quelqu'un à qui il voulait ressembler: talentueux, malin, apprécié et inscrit dans les mémoires pour services rendus à l'école.
Le nom signifiait aussi quelque chose pour lui pour une raison complètement différente. Cet été, Ginny était revenue du Chemin de Traverse avec un journal intime qui portait le nom de Tom Jedusor. Percy avait tenu l'objet dans la main, mais il ne l'avait jamais ouvert. Si McGonagall – ou plutôt Harry Potter, puisque de toute évidence, c'était lui qui lui avait donné ce nom – avait raison et que Jedusor était l'héritier, alors qui pouvait savoir quels secrets affreux contenait ce journal?
Et Ginny- Ginny en avait connaissance. D'une façon ou d'une autre, elle était impliquée. Percy refusait de croire que sa petite sœur avait laissé en connaissance de cause un monstre attaquer des nés-moldus – son petit camarade de classe avait été attaqué, après tout – mais elle savait quelque chose, Percy en était certain. Peut-être que le journal était imprégné de magie noire et l'obligeait à faire des choses, quelque chose comme le sortilège de l'Imperium. Elle avait été malade et étrange pendant toute l'année, mais il avait pensé que c'était le stress ou que la maison lui manquait … Peut-être qu'il s'agissait véritablement de stress, mais pour une toute autre raison. Percy l'ignorait, mais il savait qu'il devait lui parler, qu'il devait faire quelque chose.
Et il ne pouvait pas aller voir un professeur. Ils expulseraient certainement Ginny et non seulement cela lui briserait le cœur et ruinerait son avenir, mais ce serait terrible pour leur famille, et pour lui. Si sa petite sœur était accusée d'attaquer des nés-moldus – et elle le serait sans nul doute par des gens comme Lucius Malefoy – alors Père perdrait son emploi et Percy ne serait jamais nommé Préfet-en-Chef.
Il devait éloigner le journal d'elle, avant qu'elle ne puisse faire plus de dégât, et le rendre. Il dirait qu'il l'avait trouvé quelque part, peut-être à la bibliothèque ou abandonné dans un couloir. Dumbledore s'en occuperait, Percy serait le garçon qui avait arrêté Tom Jedusor, l'héritier de Serpentard, et Ginny serait en sécurité. Percy pouvait lui parler, comprendre pourquoi elle l'avait fait et lui faire comprendre en quoi ses actions étaient mauvaises. Il pouvait s'occuper d'elle et personne n'aurait besoin de le savoir. Il pensait qu'elle apprécierait cela.
Il leva la tête à temps pour voir Ginny grimper dans les étages, en compagnie de plusieurs autres personnes. Maintenant que McGonagall avait disparu, il semblait que traîner dans la salle commune n'avait plus d'intérêt. Mais tandis que d'autres parlaient avec animation, se posaient des questions ou bâillaient, Ginny avait la tête baissée, était plus pâle que jamais et se déplaçait avec une urgence qu'il était le seul à avoir remarqué. Il déglutit et s'installa un peu mieux dans son fauteuil pour attendre.
