Autant je déteste Lucius Malefoy, autant j'adore McGonagall ! Bonne lecture !


Severus regarda Lucius revenir dans l'infirmerie. Drago ne lui suivait pas. Severus se dirigea vers la porte et vit Potter – qui s'était également levé – se rasseoir en hochant la tête.

Drago se trouvait dans le couloir, perché sur un muret qui surplombait les escaliers.

« Je peux ? » demanda Severus en montrant l'espace vide près de son filleul.

Drago leva les yeux et acquiesça, avant de détourner le regard. Severus prit place et essaya de ne pas regarder en bas. La hauteur ne l'ennuyait pas vraiment, mais il ne se serait jamais assis là de son plein gré. S'il se penchait trop, il risquait de tomber de plusieurs étages. En revanche Drago ne semblait pas s'en soucier le moins du monde.

« Père vous a envoyé me parler ? » demanda Drago après un moment.

Sa voix était contenue et il ne regardait pas Severus.

« Non, répondit Severus. Je suis venu m'assurer que tu allais bien. »

« Pourquoi ça n'irait pas ? » demanda Drago.

« Et bien, pour commencer, Granger est coincée sur un lit d'hôpital. » répondit Severus avec une voix traînante.

Il était sorti pour s'assurer que Lucius n'avait pas blessé le garçon, mais il savait que parler de ça ne le mènerait nulle part pour l'instant.

« Si c'était Potter, tu n'aurais peut-être même pas sourcillé, parce que ça arrive régulièrement, mais- »

Drago le surprit en laissant échapper un étrange sanglot et Severus s'interrompit dans la seconde, essayant de savoir s'il devait réconforter Drago. Il était plutôt réticent à cette idée cependant, car Lucius pouvait leur tomber dessus à tout moment et cela pourrait empirer les choses.

« Père est un idiot. » dit Drago, mettant fin au dilemme de Severus en commençant à parler.

Il n'avait toujours pas levé la tête, mais il semblait plus furieux que triste et Severus se demanda s'il avait imaginé le sanglot.

« Pourquoi ? » demanda doucement Severus.

Il jeta un œil en direction des portes de l'infirmerie pour s'assurer que Lucius n'était pas en train de sortir, et Drago sembla mal interpréter ce geste.

« Il vous a envoyé ! »

Drago bondit sur ses pieds et serait déjà loin si Severus ne lui avait pas attrapé la manche.

« Assieds-toi, idiot, dit-il, et Drago s'exécuta. Je pensais avoir été assez clair à Noël, quand je t'ai dit de quel côté j'étais. »

Le visage de Drago s'éclaircit un peu.

« Déso- »

« Tu as eu une matinée difficile, dit Severus en écartant l'excuse. Essaye juste de ne pas m'accuser de telles choses à l'avenir. »

« Oui, Monsieur. » murmura Drago.

Il leva la tête et Severus se tourna. Lucius et le Directeur quittaient l'infirmerie – sans un mot – et se dirigèrent dans l'autre sens. Dumbledore croisa le regard de Severus pendant une seconde, mais si Lucius les avait remarqué, il ne le montra pas du tout. Drago affichait un regard noir.

« Puis-je te demander à quel sujet vous vous êtes disputés ? » demanda Severus.

« Il a dit que je lui faisais honte et que je devais être puni. » dit Drago, les yeux toujours fixés sur son père.

« Il a dit pourquoi ? »

« Parce qu'il est stupide et que je le lui ai dit, dit Drago après un moment d'hésitation. Et parce que je suis triste pour Granger et il pense que c'est indigne. C'est lui qui est indigne ! »

Drago donna un coup de pied au mur sur lequel ils étaient assis. Severus l'observa. A la même époque l'année dernière, Drago aurait été attristé à l'idée de décevoir son père – ou plutôt, Drago aurait juste acquiescé et se serait fait à ce que Lucius aurait dit, peu importe son propre avis. Il ne l'aurait jamais insulté.

Regarde ce que nous avons créé, Narcissa, pensa Severus, mais il ne pensait pas qu'elle verrait son fils avec autre chose que son habituel intérêt distant. Un garçon qui pense par lui-même, qui fait entendre ses opinions, même impopulaires, un garçon qui est plus attristé par l'attaque sur son amie née-moldue que par l'opinion négative de son père sur lui … Severus ne savait pas s'il devait se sentir triste, fier ou les deux.

« Quoi ? » demanda Drago.

« Tu as changé depuis ta Répartition. » dit Severus, qui ne voyait pas d'intérêt à lui mentir.

« Bien, dit Drago. Au moins, je ne pense pas comme Père. »

Severus eut l'impression que ce serait l'attitude de Drago pour un bon moment. Il était sorti en s'attendant à trouver un Drago triste ou confus et il ne savait pas vraiment quoi faire d'un Drago furieux. Il n'y avait aucun intérêt à défendre Lucius – Drago ne l'écouterait pas et Severus avait l'impression que Lucius se trompait – mais confirmer l'opinion de Drago ne ferait que nourrir sa colère et ça n'allait sans doute pas aider.

Drago releva la tête pour regarder McGonagall sortir dans le couloir. Elle balaya l'espace du regard avant de s'approcher d'eux. Derrière elle se trouvaient les jumeaux Weasley et leur sœur, les deux filles Greengrass et Runcorn. Ils avaient tous l'air un peu perdu.

« Potter et Weasley sont sortis ? »

McGonagall avait l'air stressée, remarqua Severus.

« Ils auraient du ? » demanda Severus.

« Il semble qu'ils se soient égarés. »

Les narines de McGonagall frémirent, mais elle avait l'air plus inquiète qu'énervée. La petite Ginny Weasley avait l'air malade et la colère de Drago avait déjà été remplacé par de la peur.

« Gardez un œil ouvert, si possible, Severus, et s'ils refont leur apparition, merci de les ramener à Gryffondor. »

« Et les autres ? »

Severus jeta un œil aux élèves derrière elle.

« Poppy ne veut plus de visiteurs pour l'instant, donc je ramène ces trois-là à Gryffondor et Miss Greengrass à Serdaigle. Pomona est occupée à discuter de Mandragores avec Poppy, donc si je pouvais vous interrompre et vous demander un moment pour ramener Miss Greengrass et M. Runcorn à Serpentard et à Poufsouffle, j'en serais reconnaissante- »

Severus faillit demander où se trouvait Flitwick, avant de se souvenir.

« Certainement. » répondit-il en se mettant debout.

« M. Malefoy, avec moi si ça ne vous ennuie pas. » dit McGonagall.

Drago alla se placer près de la jumelle Greengrass. Severus fit signe à l'autre Greengrass et à Runcorn de le suivre.


« Ils ont dit où elle a été retrouvé ? » demanda Ron en plaçant le sac de Drago sur son épaule.

Le sac contenait tous les livres que Hermione y avait placé cette nuit, ainsi que la cape et la Carte. Par chance. Harry était certain que Jedusor aurait adoré mettre les mains dessus.

« Dans la bibliothèque. » dit Harry en rattrapant la cape lorsque le mouvement de Ron menaça de la faire tomber.

L'expression de Ron frémit comme s'il avait voulu sourire, mais il retrouva son air triste. Harry imaginait qu'il venait de se souvenir pourquoi elle était à la bibliothèque et que Ron, comme Harry et Drago, étaient tous responsables car ils n'y étaient pas allés avec elle.

« C'est celle-là ? » demanda Ron en montrant la porte.

« Je crois. »

La Carte indiquait que c'était bien ça. Ils se regardèrent pendant une seconde et retirèrent la cape. Harry la rangea dans sa poche et leva sa baguette. Ron réajusta le sac et sortit aussi sa baguette. Ils ouvrirent la porte et entrèrent.

« Quoi maintenant ?! » se mit à crier une fille.

Harry sursauta et recula d'un pas, se cognant contre Ron, en essayant d'identifier la source du cri.

« Vous êtes revenus pour m'enfermer ? »

Harry la trouva enfin. C'était le fantôme d'une fille au visage allongé, des lunettes sur le visage et une robe de Poudlard sur le dos, occupée à flotter près du premier cabinet de toilettes.

« Non, dit-il. Nous- euh- »

« Je ne te parlais pas à toi. » dit-elle vivement.

Elle fusillait Ron du regard.

« Il y en a encore combien des comme ça ? »

« Euh- comme moi ? » demanda Ron en regardant Harry pour avoir de l'aide.

« Tu es Mimi Geignarde, dit Harry. N'est-ce pas ? »

Il n'avait pas réalisé jusque-là qu'il s'agissait de la même salle de bain dont Ginny avait parlé à Halloween. Cela attira son attention.

« Et si c'est le cas ? répondit-elle en croisant les bras. Je parie que vous avez entendu des tas d'horribles choses à mon sujet ! »

« Euh, non, répondit Harry en décidant de ne pas évoquer sa rencontre avec Ginny. Juste que tu vivais ici. »

Ron était silencieux, occupé à la fixer, stupéfait. Mimi Geignarde le regarda un moment, avant de se placer à leur niveau, plutôt que de flotter près du plafond. Elle était un peu plus petite que Ron, mais Harry se dit qu'elle devait être un peu plus âgée qu'eux.

« Qu'est-ce que vous voulez alors ? » demanda-t-elle en lançant un regard méfiant vers Ron.

« Je suis Harry. »

« Mimi. » dit-elle.

« Et voici mon ami Ron. »

Ron agita la main en regardant Mimi avec le même regard méfiant.

« Son frère a été attaqué ici la nuit dernière- »

« Non. » dit Mimi.

Harry regarda Ron, confus. S'étaient-ils trompés de toilettes ?

« Son frère m'a attaqué, moi ! J'étais tranquillement assise sur le lavabo, à m'occuper de mes affaires quand il a débarqué et qu'il m'a fait disparaître dans la tuyauterie- ! »

« Percy est Préfet, il ne t'attaquerait pas. » dit sèchement Ron.

« Oh si, répliqua Mimi. Puisqu'il l'a fait ! »

« Et bien, dit Harry en levant la main pour que Ron garde le silence. Il a été retrouvé ici ce matin, pétrifié. »

Mimi Geignarde cligna des yeux.

« Le grand garçon roux avec des lunettes ? » demanda-t-elle.

« Ouais, dit Ron. C'est lui- »

« C'est lui qui m'a attaqué. » répéta-t-elle.

Elle flotta un peu plus haut pour pouvoir les regarder de haut.

« C'est aussi lui qui a fini pétrifié. » dit Harry.

« Le malheureux, répondit Mimi en haussant les épaules. Vous n'avez toujours pas dit ce que vous vouliez. »

« Savoir si tu sais quelque chose. » dit Harry.

« Évidemment que non, puisqu'il m'a renvoyé ! » s'écria-t-elle.

« Oui, désolé, mais je veux dire- tu n'as rien vu d'autre de … bizarre ou vu quelqu'un- Tu connais Tom Jedusor ? »

« J'ai été à l'école avec lui, dit Mimi Geignarde. Olive Hornby était amoureuse de lui, mais je n'ai jamais rien eu à faire avec lui. Et la seule chose bizarre que je vois, c'est deux garçons dans les toilettes des filles. »

« Tu ne sais rien sur la Chambre des Secrets ? » demanda Ron.

« Elle a été ouverte quand j'étais à l'école, dit Mimi avant de soupirer. Le monstre de Serpentard m'a tué. Et tous les professeurs qui écoutaient mes problèmes quand j'étais en vie ont arrêté de venir me voir une fois morte. Ils m'ont juste laissé ici- »

« Tu as été tué par le monstre de Serpentard ? demanda Harry, bouche bée. C'est quoi ? Comment ? »

« Oui, il m'a tué. » dit-elle.

Il avait l'impression qu'elle s'amusait, mais c'était dur à dire avec les fantômes parce qu'il n'arrivait pas à sentir leur odeur. Harry réalisa qu'il se basait beaucoup trop sur ça ces derniers temps.

« C'était horrible et je ne suis pas sûre de ce que c'est, mais il a de grands yeux jaunes- »

« Aha ! »

Mimi Geignarde leva les yeux, surprise par le bruit, avant d'afficher une expression rêveuse sur le visage. Ignorant désormais Harry et Ron, elle glissa pour aller accueillir Lockhart, qui venait d'entrer.

« Je pensais bien vous trouver ici tous les deux. »

Harry en doutait beaucoup. Il était plutôt passé devant les toilettes et les avait entendu.

« Mimi. » dit Harry, mais elle ne se retourna pas.

« Bonjour Professeur. » dit Mimi, charmeuse.

« Bonjour. »

Lockhart lui lança un regard gêné et se tourna vers Harry et Ron.

« Oui, bien, allons-y maintenant. On ne peut pas vous laisser vagabonder tout seul, n'est-ce pas ? »

« Bien sûr que si, répondit Ron. Qu'est-ce que vous- »

« Venez les garçons. »

« Elle nous parlait du monstre de Serpentard. » protesta Harry, agacé.

« Et j'adorerais entendre ce que vous avez dire sur lui, dit Lockhart en adressant un sourire rayonnant à Mimi. Pourrais-je revenir vous parler une fois que j'aurais ramené ces deux-là en lieu sûr ? »

« Oh oui. » répondit Mimi en gloussant.

« Et voilà. Je m'en occupe. Allons-y. »

Et après cela, Lockhart poussa un Harry et un Ron très mécontents en dehors des toilettes. Même s'il était idiot, Lockhart était quand même un professeur et Harry était sûr qu'il reviendrait parler à Mimi – peut-être seulement parce qu'elle semblait être sous le charme – et avec un peu de chance, Lockhart transmettrait ses découvertes à McGonagall ou à un autre professeur.

« Vous n'avez vraiment pas besoin de nous ramener jusqu'à la Tour. » dit Ron.

Harry acquiesça.

« Les garçons, les garçons, dit Lockhart avec un sourire éloquent. Vous ne pouvez pas me piéger comme les autres. Je sais que si je vous laisse partir, vous allez repartir à la recherche de l'héritier. Vous voulez la célébrité et la gloire, je le sais bien. »

« Ouais, et le fait que Hermione ait été attaqué n'a rien à voir avec ça, bien sûr. » dit Harry avec ironie. Ou le fait que ce soit Voldemort.

« J'ai été désolé d'entendre à propos de Miss Granger, dit Lockhart avec sincérité. Mais n'aie crainte, Harry. Je suis bel et bien sur le coup maintenant- »

« Vous voulez dire que ce n'était pas le cas avant ? » demanda Ron en levant les yeux au ciel.

Voilà des semaines que Lockhart claironnait à chaque cours qu'il était prêt à résoudre l'affaire de la Chambre des Secrets.

« J'ai bien peur d'avoir sous-estimé l'héritier, dit Lockhart. Ça peut arriver même aux meilleurs, vous vous en doutez bien, mais maintenant, il a toute mon attention. Il ne durera pas plus de quelques nuits. Vous devez presque être désolé pour lui, sachant que je suis sur ses traces, pas vrai ? »

Lockhart sourit à pleine dents et Harry le dévisagea.

« Bien sûr. » dit-il après un moment.

« J'ai même fait venir la Gazette demain. Les gens ont peur, voyez-vous, et c'est important qu'ils sachent que je prends les choses en main. Ils dormiront mieux quand ils sauront que je suis sur le coup. »

« Donc qu'avez-vous appris jusque-là ? » demanda Harry.

Lockhart fit claquer sa langue.

« Harry, Harry, Harry. J'ai bien peur d'être devenu un modèle pour toi, cette année- »

Ron fit mine de vomir derrière Lockhart, tandis que Harry le fixait, décontenancé.

« -et je vois le même dévouement chez toi. Vraiment. Je vois que toi – et tes amis – vous êtes prêts à prendre des risques pour sauver d'autres élèves, mais Harry, c'est une vie difficile. Ce n'est pas une vie que je choisirais ou que je conseillerais à quiconque. »

Harry se contenta de le fixer.

« Je pense que te parler de l'héritier risque de te bouleverser et te distraire et je ne peux pas faire ça. C'est mon travail de veiller à ta sécurité.»

Clairement, Lockhart n'avait pas été informé de l'accord que Harry avait passé avec Dumbledore. Harry ne savait pas si cela l'agaçait ou le rassurait.

« D'accord.» dit-il en réussissant in extremis à ne pas lever les yeux au ciel.

Des bruits de pas lui firent lever les yeux à temps pour voir McGonagall s'approcher. Elle les détailla attentivement, à la recherche d'éventuelles blessures, avant de plisser les yeux. Harry comprit rapidement qu'elle n'était pas ravie.

« J'espère que vous avez une bonne explication, dit-elle en croisant les bras. Filer en douce sans prévenir personne est une très mauvaise façon de vous montrer digne de la confiance que nous plaçons en vous, M. Potter. Quand à vous, M. Weasley, après tout ce qui s'est passé, j'aurais pensé que vous auriez eu plus d'égards pour la sécurité de vos amis, et pour la vôtre. »

« Désolé Professeur. » marmonna Ron.

Harry ne répondit pas.

« Ils se trouvaient dans les toilettes du premier étage, Professeur. » dit Lockhart.

McGonagall haussa un sourcil en regardant Harry, qui soutint son regard.

« Occupés à enquêter sur l'héritier, sans nul doute. »

« Sans nul doute. » répéta McGonagall, qui dévisageait toujours Harry.

« Je les ai trouvé avant qu'ils ne s'attirent des ennuis … Il y en a eu bien assez dernièrement. Mais ils avaient de bonnes intentions, j'en suis sûr. »

« Je vais m'en occuper. » dit McGonagall.

Harry vit l'ombre d'un sourire sur le visage de Ron.

« Ça ne me dérange- »

« Les garçons. »

Harry et Ron se rapprochèrent de McGonagall.

« Merci pour votre aide, Gilderoy. »

« Ce n'est rien, vraiment. Ne soyez pas trop dure avec eux, Professeur. »

« Je m'en occuperais comme je l'entends. » répondit sèchement McGonagall.

Lockhart s'en alla, visiblement un peu vexé.

« On va avoir des problèmes ? » demanda Harry.

« Je suis loin d'être ravie, déclara McGonagall en commençant à marcher. Je ne doute pas que vous étiez en train d'enquêter, mais filer en douce comme ça n'est pas une bonne façon de faire. »

Harry fixait le sol.

« Vous aurez une retenue chacun. »

Ron la regarda, mais avant qu'il ne puisse parler, elle reprit la parole.

« Et considérez-vous chanceux que ce soit la seule punition. J'aurais pu- »

Elle inclina la tête dans la direction vers laquelle Lockhart était parti.

« -vous laisser avec lui. »