Arrivée au deuxième étage, Candice fut accueillie par JB qui lui faisait des grands signes.
« Mais enfin, Candice t'étais où ? On t'attend depuis un bail !
- J'ai fait une pause au distributeur, j'avais besoin de sucre, tu me connais. Mais je suis là maintenant, lui répondit Candice. Et j'ai été embrassée par Canovas, mais ça, elle se garda bien de lui dire.
- Antoine t'attend, il ne cesse de te réclamer depuis son réveil, sourit JB »
Soudain, toutes ses bonnes résolutions et son courage s'envolèrent. Elle se retrouva là, les jambes tremblantes à ne plus pouvoir bouger. C'était bien joli le théorique mais le pratique, c'était une autre histoire. Comprenant la situation, et oui ça faisait maintenant deux ans qu'il observait sa cheffe sous toutes les coutures, JB s'avança et la prit par l'épaule. Par ce geste et son regard doux, c'est comme s'il lui murmurait que tout irait bien. Qu'il allait lui manquer son JB…
Soutenue par JB, Candice arriva à l'entrée de la chambre d'Antoine, accueillie par toute son équipe. Malgré la recommandation des médecins au sujet du nombre de visiteurs autorisés, son équipe était au complet. « Je commence à avoir de l'influence sur eux niveau arrangement avec les règles » sourit Candice d'un air amusé.
Et c'est là, qu'elle croisa son regard vert émeraude. Bon, un regard moins vif et puissant que d'habitude certes, mais toujours aussi percutant. En une fraction de secondes, c'est comme si Antoine lui avait dit de ne plus avoir peur. Qu'elle n'y était pour rien dans cet accident et tant qu'ils seraient tous les deux, tout irait bien. C'est fou comme Candice et Antoine arrivaient à se comprendre en un regard, un geste ou une émotion. Cette connivence la faisait toujours danser sur un pied. D'un côté, elle était heureuse d'avoir trouvé son alter-ego, de l'autre, cette intimité lui faisait peur.
« Candice … murmura Antoine avec difficulté.
- Je suis là, toujours la dernière, comme d'habitude, mais présente ! Vous me connaissez à force ! répondit Candice en tentant de faire une brève note d'humour. Même si, il fallait bien se l'avouer, cela sonnait un peu faux …
- L'opération s'est bien passée même si elle a été longue et compliquée. Antoine est sorti d'affaire maintenant, mais le chemin va être long… Il va devoir avoir des soins à domicile, faire de la rééducation et surtout se remettre de ses émotions ! expliqua Aline, la médecin du groupe.
- Bon, ne retenons que le positif : Antoine, tu nous a fait une peur bleue mais tu es là, avec moi, euh avec nous ! répondit Candice soudainement embrassée »
Toute l'équipe retenait un petit sourire en coin, même Chrystelle. Ils avaient tous bien compris la connivence entre ces deux-là, même s'ils ne voulaient pas se l'avouer. Et le lapsus de Candice amplifiait encore davantage leur impression. Même Antoine tenta un bref sourire en coin, mais un sourire crispé par la douleur.
« On va vous laisser avec Chrystelle, Antoine doit avoir besoin de repos. On repassera demain prendre de tes nouvelles, annonça Aline.
- Oui, à demain Antoine ! »
C'est sur ces entrefaites, qu'arriva le médecin dans la chambre d'Antoine. Une femme d'une quarantaine d'années, grande, brune et jouissant d'une autorité naturelle. Candice se demanda soudainement si son métier « de mec » comme disait ses jumeaux, lui donnait la même assurance. « Non, rêve pas trop ma vieille ! Avec ta blondeur, tes fringues roses et tes talons, tu ressembles plutôt à Barbie chez les flics ! Ha si je pouvais avoir la même ligne que Barbie, ça m'arrangerait bien … Bon je m'égare là ! » intériorisa Candice.
« Monsieur Dumas, je vois que vous êtes bien entourés, commença le médecin avec un léger sourire. Comment vous sentez vous ? Avez-vous des douleurs quelque part ? Des difficultés à parler ou à bouger ?
- Non, non tout va bien à part ce satané mal de tête… C'est comme si un orchestre de mariachi jouait en permanence dans ma tête.
- Le concert sera encore à l'affiche quelques temps malheureusement, le temps que se dissipent les effets de l'anesthésie. Mais en moins fort et rythmé, sourit le médecin.
- Si vous le dites … grimaça Antoine.
- Et sinon, avez-vous pu échanger avec nos infirmières sur votre retour à domicile ? Vivez-vous seul ou bien en couple ? Désolée de me montrer aussi indiscrète, mais je préfère quand mes patients sont accompagnés à leur sortie, et après.
- Non, je suis célibataire en ce moment, répondit Antoine en regardant Candice dans les yeux.
- Donc, je préfère opter pour une rééducation en maison de repos Monsieur Dumas, ce sera plus prudent.
- Non, les interrompit Candice. Il viendra à la maison pour faire sa rééducation. Avec 4 enfants et un chien, il ne sera jamais seul, et moi je pourrai jeter un œil sur lui !
- Ok, ça me va, répondit le médecin. Et vous Monsieur Dumas ?
- T'es sûre Candice ?
- Oui certaine ! appuya Candice, sous le regard interrogateur de JB et d'Antoine » Bon, c'était sorti un peu vite de sa bouche mais en y réfléchissant bien, c'était la meilleure solution pour Antoine. Il était célibataire et ce n'étaient pas ses parents qui allaient s'occuper de lui … Mais était-ce la bonne solution pour elle ? Ca, elle ne le savait pas encore …
