« Candice, tu es parfaite. Allez monte, je t'ai préparé une surprise ! »

Ces quelques mots avaient eu un effet euphorisant sur Candice. Dès qu'elle les avaient entendus, elle avait senti une chaleur intense parcourir son corps, une chaleur enveloppante, une chaleur agréable. Mais ce n'était rien comparé à la pression de la main d'Antoine dans la sienne. Sa main, posée sur la banquette arrière, tenait celle de Candice fermement. Parfois, il s'autorisait même à lui faire de petits vas et viens du bout des doigts, déclenchant à chaque fois de mini décharges électriques en elle. Candice, envoutée par cette sensation, guettait à présent chaque petit mouvement, chaque petite approche. Mais, ce qui l'émoustillait le plus, c'était qu'Antoine ne lui avait pas demandé son autorisation, il avait pris sa main dans la sienne d'autorité. Un geste naturel pour deux amoureux.

« Merde les enfants ! réalisa soudainement Candice en se prenant la tête. Il faut que je rentre, je ne peux pas les laisser seuls…

- Tu ne vas nulle part Candice. JB est avec eux, il restera chez toi toute la nuit, lui répondit calmement Antoine.

- JB ? Notre JB ? écarquilla des yeux Candice, essayant d'imaginer son ancien lieutenant préparer à diner pour ses enfants. Un léger sourire fondit sur ses lèvres, amusée par le comique de la situation.

- Lui-même ! Il m'a promis de m'appeler s'il se passait quoique ce soit. Sois tranquille ! la rassura Antoine, en reprenant ses caresses.

- Mais ? Comment as-tu réussi à le convaincre ? Et Audrey ? Depuis la naissance de Lili, ils n'ont plus une minute à eux. Alors, de là, à garder les enfants des autres…

- On va dire, que j'ai eu des arguments imparables… répondit mystérieusement Antoine.

- Je ne pensais pas que tu étais le genre de JB… Après tout, pourquoi pas ! rigola Candice.

- Mais rien à voir voyons ! Ne vas pas t'imaginer des trucs ! Et surtout, ne vas pas me faire imaginer des trucs avec lui !

- Alors, tu me dis ?

- Je lui ai laissé ma moto jusqu'à ma reprise du travail. De toute façon, c'est pas comme si je pouvais en faire …

- Antoine Dumas, vous avez laissé votre moto à quelqu'un d'autre ? Votre moto que vous considérez comme votre bébé ? Qu'avez-vous fait de lui ? le taquina Candice.

- Ah ah très drôle ! Il faut ce qu'il faut. On est arrivé.

- Mais, on est chez toi… réalisa Candice. Soudain, son ventre se tordit à la pensée de devoir passer leur première soirée chez Antoine. Il était clairement évident qu'une chose en entrainant une autre, la soirée se finirait à l'horizontal. Mais c'était encore trop tôt…

- Oui, on est chez moi. Maintenant chut et suis moi ! répondit-il en lui embrassant rapidement le bout du nez »

Antoine paya le taxi et en profita pour donner un pourboire au chauffeur. Après tout, il avait bien attendu Candice un moment devant le commissariat.

Candice se sentait soudainement comme une ado qui va à sa première boom. Elle avait les mains moites, le cœur qui battait à tout rompre et l'estomac noué. Elle allait se retrouver seule avec lui, chez lui, sans échappatoire. Pendant ce temps, Antoine, loin d'imaginer le trouble ressenti par Candice, montait avec hâte les escaliers jusqu'à chez lui. Il n'avait pas lâché sa main depuis le taxi. Une fois la porte d'entrée franchie, il la mena tout droit sur la terrasse.

La terrasse d'Antoine, située au sommet d'un immeuble, offrait une vue imprenable sur la ville, illuminée en contrebas. Elle était joliment aménagée avec un mélange de plantes en pots, de coussins confortables et d'un mobilier élégant. Des guirlandes lumineuses suspendues d'un coin à l'autre de la terrasse diffusaient une lumière douce et chaleureuse, créant une ambiance magique. Une couverture placée au centre de la terrasse, était décorée avec soin : des bougies parfumées, des fleurs fraîches dans un vase délicat et une bouteille de vin blanc. Un plateau de fromages, de fruits frais et de petites bouchées apéritives posé à portée de main, ajoutaient une touche gourmande à la soirée.

« Mais Antoine… que faisons-nous ici ? balbutia Candice.

- Je voulais que notre première soirée à deux soit parfaite. Alors j'ai longtemps chercher où t'emmener…

- Et tu m'as emmenée chez toi…

- Hey, tu ne veux même pas savoir pourquoi ? riposta Antoine.

- Hum…

- C'est ici, que je me suis rendu compte que j'avais des sentiments pour toi. Un beau matin, quand je t'ai vue débarquer sur cette terrasse nue sous ma couette, mon cœur a loupé un battement. Tu étais si belle avec la lumière du soleil se reflétant dans tes cheveux. Et si irréelle. Je n'aurais jamais pensé te voir comme ça, et encore moins chez moi.

- Hum… tu parles, je n'étais pas au meilleur de ma forme ce jour-là ! bouda Candice. J'étais morte de honte. Tu m'as longtemps charriée avec ça…

- Qui aime bien, châtie bien Candice ! Bref, depuis ce jour, j'ai compris que je ressentait plus que de l'amitié pour toi.

- Merci, répondit Candice en baissant les yeux. Elle était terriblement émue par cet aveu et ne savait pas trop quoi répondre.

- Assis toi, l'invita-t-il. JB m'a aidé à préparer deux trois trucs.

Tous deux joignirent le geste à la parole et prirent place sur la couverture. Une couverture douce, d'un ton bleu canard. Candice la reconnut aussitôt, elle était enroulée dedans lors de sa nuit chez lui.

- Je te sers un verre de vin ? demanda Antoine.

- Volontiers Antoine. Mais, tu ne bois rien toi ?!

- Jus de fruits pour moi. Avec les médicaments, pas d'alcool !

- Tu n'en profiterais pas un peu pour me faire boire ? Je peux t'accompagner au jus de fruits hein !

- Profite ! Et puis, je te rappelle que défoncée, je n'ai pas abusé de toi. Ce n'était pas l'envie qui me manquait… Pas d'abuser de toi hein ! Mais de passer un moment avec toi hein ! Pas d'abuser de toi… s'emmêlât-il les pinceaux.

- Relax Antoine, j'ai compris, sourit Candice pour le rassurer. En tout cas, je n'ai jamais passé une aussi bonne première soirée.

- Et moi, je ne me suis jamais senti aussi nerveux pour une première soirée.

- Ah ça me rappelle la colo ce jeu ! On y jouait autour d'un feu de camp. Je n'ai jamais fait ça ou ça… et celui qui l'avait déjà fait, devait boire un coup. On avait réussi à chaparder de l'alcool dans la tente des monos.

- Commandante, vous me choquez là ! Une vraie délinquante ! Une partie ça te dis ? On apprendrait à se connaître davantage…

- Allez, pourquoi pas ! Je commence ! Alors… Je n'ai jamais été en Amérique.

Antoine but une gorgée de son verre de jus d'orange.

- Je suis parti tout seul 6 mois à travers les États Unis en road trip. Juste avant mes études de droit. Je venais de terminer le lycée, l'ambiance était exécrable à la maison, rien ne me retenais ici. J'en ai donc profité pour partir loin, être une autre personne. Pas Antoine Dumas de l'Estang promis à une carrière de médecin. Et je suis revenu avec l'idée de devenir flic. Au grand dam de mes parents !

- Tu as dû en draguer des américaines !

- Pas moins que des sétoises, répondit Antoine avec malice. A moi ! Je n'ai jamais… eu une famille soudée et aimante.

Candice ne but pas en retour.

- C'était pas la joie non plus à la maison… Mes parents s'aimaient mais se disputaient beaucoup. Mon père n'avait d'yeux que pour moi et ma mère voulait faire de moi sa chose. Elle voulait que je devienne mannequin. La bonne blague ! Je n'ai pas de bons souvenirs de moments en famille… et c'est à peine si je parle à mon frère et à ma sœur.

- Bienvenue au club ! rigola Antoine en trinquant avec elle. Je vois mes parents deux fois par an et mes frères à Noel, basta ! C'est déjà bien assez !

- A moi ! Je n'ai jamais été intime d'un aristocrate…

- Aristocrate en papier oui ! Et malheureusement, je dois boire car moi, j'en ai côtoyé toute mon enfance… Ma mère, Isaure de l'Estanq, est issue d'une longue lignée de comtes et comtesses de Provence. Ils ont même un château ! Elle a épousé mon père, un « simple » Directeur de Clinique, contre l'avis de ses parents. Mais pour leur faire plaisir et perpétuer la lignée, elle a donné son nom à ses enfants.

- Ca change de la famille de prolos de Valenciennes ! s'exclama Candice.

La brise légère de la soirée caressaient leurs visages, apportant avec elle les senteurs des plantes environnantes. Les sons lointains de la ville semblaient s'estomper, laissant place à un cocon de tranquillité et d'intimité. La terrasse devint leur refuge, un endroit où ils pouvaient se découvrir l'un l'autre, échanger des confidences et savourer chaque instant de cette soirée romantique.

La conversation fluide et naturelle entre eux créa une atmosphère détendue, ponctuée de sourires et de rires francs. Le jeu "Je n'ai jamais" devint un prétexte pour se raconter des histoires personnelles, se taquiner gentiment et renforcer leur lien. La nuit avançait, mais la magie de la soirée semblait suspendre le temps, offrant à Candice et Antoine un moment hors du commun, empreint de charme et de romantisme. Leurs regards se croisaient souvent, trahissant une complicité profonde et une affection mutuelle grandissante.

- Je n'ai jamais dansé sous la pluie, sourit Antoine.

- Je bois aux pluies salvatrices de Singapour. Il faisait une moiteur accablante la journée et même la nuit. Une chaleur qui te prend aux tripes et qui te transforme en légume. Alors avec les enfants, on avait créé un petit rituel pour faire venir la pluie. Et quand elle pointait le bout de son nez, on allait tous les cinq danser dehors, sous la pluie. De jolis souvenirs !

- Moi, je n'ai jamais…

- Hey psstt, c'est à mon tour !

- Je voulais juste dire que je n'avais jamais eu une mère comme toi… Comme tu es avec tes enfants, le cocon que tu as réussi à créer. Ils sont sacrément chouettes tes gosses Candice.

- Ca n'a pas été facile, tu t'en doutes, de tout recommencer ici. Toute seule avec 4 enfants, sans leur père… Mais je pense que je m'en suis bien sortie. J'ai envie de les tuer 5 fois par jour mais qu'est-ce que je les aime ! A moi ! Je n'ai jamais couché avec un collègue.

- Candice, tu le sais déjà … dit Antoine en buvant un coup.

- Oui, pour Pascale. Mais je me demande s'il y en a eu d'autres !

- Sandrine des stups et Julia de l'accueil si tu veux tout savoir…

- Et Attia ?

- Quoi Attia ?

- Elle ne fait pas partie de ton palmarès ?

- Ca va pas non ! Cette femme te ferait retomber toute érection crois moi….

- Si tu le dis ! En tout cas, joli tableau de chasse.

- Tu fais des conneries quand tu te sens seul et que tu blindes ton cœur… Ce n'est jamais allé plus loin qu'une nuit. Avec Pascale, on en rigole encore ! A mon tour. Je n'ai jamais… eu de coup de foudre.

- J'ai été séduite par toi dès le premier jour… Mais ça, c'était avant que tu me rendes chèvre ! Avec ton air hautain et tes remontrances qui me faisaient passée pour une has been !

- Ah oui ?

- Oui, je me suis dit que le capitaine était plutôt pas mal… ce sont surtout tes yeux qui m'ont envoutée en fait.

- Et ils ont l'avantage d'être deux… la taquina Antoine. Moi, pas de coup de foudre de mon côté. Tu m'insupportais trop, je ne pouvais pas te voir !

- Haaaa ça je m'en étais rendue compte ! Je n'ai jamais… été amie avec mes amoureux.

- Je ne bois pas car moi non plus. C'est la première fois que je partage autant avec une femme, Candice. Que je suis son ami avant d'être son amant. C'est nouveau et je dois dire, plutôt agréable. Mais, avec Laurent ?

- On s'est mis ensemble jeunes avec Laurent… une amourette de lycéens mue par un fort désir de quitter Valenciennes. Bien sûr, on était proches hein. Mais pas amis je pense.

- Je ne suis jamais sortie avec une mère de famille, rigola Antoine.

- Une MILF comme on dit ! C'est Emma qui m'a appris ça ! Tu m'en voudras pas, je ne bois pas non plus.

Chaque déclaration coquine et taquine rapprochait un peu plus Candice et Antoine, dévoilant des désirs et des sentiments qu'ils n'avaient peut-être jamais osé partager. La soirée se transformait en une danse de séduction subtile, où chaque mot, chaque regard, chaque geste renforçait leur connexion. L'atmosphère devint électrisante, et le jeu "Je n'ai jamais" ouvrit la porte à une nouvelle dimension de leur relation, où l'intimité et la passion se mêlaient pour créer un moment inoubliable. La nuit avançait, mais ni Candice ni Antoine ne voulaient que cela se termine, savourant chaque instant de cette découverte mutuelle intense et excitante.

- Je n'ai jamais embrassé mon capitaine… tenta Candice en regardant Antoine dans les yeux. Elle sentit ses joues se teintées de rose, mais tant pis, le sous-entendu était lancé.

- Comme il ne faut pas rester sur un regret, je veux bien me dévouer… »

Antoine tentait de faire de l'humour pour désamorcer la situation. Mais, il n'en revenait pas que ce soit Candice qui avait fait le premier pas. Il connaissait ses peurs et ses appréhensions. Mais tout portait à croire, qu'il avait réussi à lui faire oublier.

Et c'est ainsi…