Je couru jusqu'aux serres, être en retard pour le premier cours de Botanique de l'année n'était pas dans mes plans. Heureusement quand j'arrivai toute essoufflée, la moitié des élèves manquait encore à l'appel.

La douce chaleur qui régnait m'apaisa instantanément. La vapeur d'eau s'échappant des pots formait de fins nuages flottant à mi-hauteur et la condensation recouvrait les parois vitrées. Cette ambiance chaleureuse aurait séduit n'importe quel septique de la verdure.

En quelques minutes la serre se remplit, Lyo me rejoint sans dire mot et le professeur Chourave commença sa présentation.

-Bonjour à tous et bonne année. J'espère que vos vacances ce sont bien passées et que vous en avez profité pour vous reposer ! Et aussi réviser un peu les cours suivant, ajouta t-elle sur un clin d'œil. Aujourd'hui est un cours libre, choisissez une plante et décrivez la. Essayez de donner le plus d'informations possible d'après vos connaissances du premier semestre. Cela permettra de tester votre mémoire et votre attention en cours. Vous ne devez donc pas utiliser vos livres de Botanique, je ne veux donc en voir aucun de sortit !

Des soupirs et des exaspérations surgirent de part et d'autre puis les élèves se ruèrent autour des plantes de différentes formes et différents aspects, passant devant certaines, s'arrêtant devant d'autres.

Je me décidai face à une sorte de grosse limace noire recouverte de pustules, étonnée de trouvé un animal dans une serre de botanique. En réponse à ma question, une petite étiquette décolorée affichait « BUBOBULB » juste en dessous. Je tournai la tête vers les autres étudiants, aucun ne semblait intéressée par cette grosse racine puant l'essence.

¤Tant mieux ! Je serais tranquille pour ce cours et j'aurai un devoir différent ¤ pensai-je en m'installant en face avec mon parchemin et ma plume.

Lyo, un peu plus loin, grattait déjà son parchemin.

Je fermai les yeux pour me concentrer, bien entendu je ne me rappelais pas du cours concernant le Bubobulb. Que disait le livre ? Que son pus était très efficace contre les violentes crises d'acné. Je ris.

¤J'ai pris la plante la moins utile de la serre... ¤

Je le décrivis rapidement, pliai mon parchemin et le mit de côté pour me pencher un peu plus sur mon sujet de l'heure. La plante semblait respirer, en réalité elle se mouvait très lentement. Ses pustules, vues de près, étaient remplies à ras-bord du liquide dégoûtant, près à exploser. À cette pensée, j'eus un mouvement de recule. La prochaine fois, je choisirais une plante verte et gracieuse.

Une fille ria à côté de moi, la brune Ravenclaw de la Bibliothèque. Elle s'était moquée de ma réaction ce qui me fis grimacer. Muette je fis mine de me concentrer sur mes devoirs. Je me rendais compte de mon comportement, pourquoi était-je aussi... aigre ? Avant, j'adorais l'idée de faire rire, de n'importe quelle façon. Depuis mon insertion à Hogwarts, je lançais un regard noir à tous ceux qui m'approchaient. Je décidai de me reprendre. En début d'année j'avais été en colère envers tout le monde à cause de mon affiliation à Slytherin. Mais la moitié de l'année était passée, je ne pouvais pas continuer comme ça.

Je lui souris en retour et je vis une grande joie envahir ses yeux.

¤Elle devrait apprendre à cacher ses émotions celle-là, c'est flagrant.¤

Et je me rendis compte que je redevenais froide.

-Tu as finis ? Me demanda Lyo qui m'avait rejointe.

-J'ai décidé d'aborder le monde différemment, lui appris-je alors que nous rejoignions le château sous la neige.

Elle me regarda sans comprendre, attendant la blague.

-Dorénavant, je suivrais la religion du « je-m'en-foutisme » !

-Le quoi ? Demanda t-elle sans vraiment montrer d'intérêt.

-Je serais neutre pour tout sujet.

-Mais comment en es-tu arrivée là ? Se moqua t-elle.

Je lui racontai ma prise de conscience du cours de Botanique.

-Je ne vois pas le rapport.

-Mais si ! C'est ma façon à moi d'arrêter de faire la gueule, si je refuse de parler à tout ceux avec qui je ne suis pas d'accord, je vais rester dans mon coin toute ma vie ! De cette façon, en se désintéressant des affaires des autres, je peut enfin commencer à être sociale.

-Des fois tu pars dans des idées...

Filtre de confusion : potion qui incite à des conduites impétueuses et téméraires. Ingrédients : Cranson officinal, Livèche, Achillée sternutatoire.

Je décollai la plume de mon parchemin et la trempai dans l'encrier. Il me restait trois potions à décrire et la soirée ne faisait que commencer. Je sentis quelqu'un s'activer dans mon dos et finalement s'asseoir à mes côtés.

-Arya ! Me fit sursauter Hermione Granger. Tu tombes bien, je voulais te voir.

Elle parlait vite. Ses yeux se penchèrent sur mon devoir.

-Ho ! Tu fais ton devoir de potion ! Fais voir ce que tu as mis.

Je retirai mon parchemin avant qu'elle ne le prenne.

-Je ne l'ai pas finis.

-Comme tu veux. Je voulais te poser quelques questions.

-C'est pour un exposé ?

-Quoi ? Non ! Tu es française n'est-ce pas ?

-Quoi ?! Qui t'a dis ça ?

-Je ne sais plus, personne. Tu l'es ?

-Non ! Non, je n'ai même jamais été en France.

-Mais alors d'où vient cette rumeur ?

-Il y a une rumeur qui circule disant que je suis française ?

-Apparemment.

-Quel intérêt ?

-Je ne sais pas, j'ai juste entendu dire... je croyais que tu étais française, ça m'aurait aidé pour des recherches.

-Et maintenant, tu ne peux plus me poser tes questions puisque je ne suis plus française.

-Et bien...

-Quelles sont tes questions ? Demandai-je, vexée.

Elle hésita.

-As-tu déjà entendu parler de Nicolas Flamel ? Chuchota t-elle.

-Oui. Pourquoi chuchotes-tu ?

La question l'étonna mais elle continua.

-Que sais-tu ?

-Que c'est un alchimiste français du 18 ou 17ème siècle je ne sais plus qu'il avait une femme nommée Pernelle et que sa maison existe toujours à Paris dans une rue portant son nom. Je ne sais pas grand chose comme tu le vois, ajoutai-je après son silence réfléchis.

-Mmmh, tu ne sais pas pourquoi il est devenu connu ?

-Les mythes des alchimistes sont les découvertes de la transformation de l'or en plomb et de l'immortalité. Ces deux notions sont associées à la pierre philosophale. Je pense que son succès à un rapport avec ça mais ce ne sont que des légendes. L'immortalité, l'or en plomb, ce n'est pas possible. Ce serait plus du domaine de...

-La magie ? Finit-elle. Je suis aussi une née-moldu, beaucoup de légendes et de contes pour enfants peuvent être vraies. Si ces deux personnes ont existé alors il est possible que les légendes à leur propos soient exactes.

-Pourquoi tu t'intéresses à Nicolas Flamel ? Ce n'est pas au programme cette année, j'en suis sûre.

-Un projet personnel, répondit-elle sèchement. Pour faire gagner plus de points à ma maison, en tant que première de la classe, je me dois de donner l'exemple.

Elle me remercie et s'éloigna le menton levé. Cette excuse transpirait le mensonge et j'étais divisée entre la curiosité et l'indifférence totale.

Plusieurs jours après cette soirée, je me pris à apprécier Granger, petit à petit. Lentement, nous forgions une amitié inédite, sans parler de la relation Gryffy-Serpy. Son air hautin m'agaçait toujours, son flux de connaissance illimité, sa prétention, ses incisives... mais comme elle voulait, elle aussi, se rapprocher de moi, elle changeait sa méthode de rapprochement. Et j'en faisais autant.

Je ne quittais pas Lyo pour autant, au contraire, notre relation n'avait fait que de s'endurcir durant cette année ! Et la fin approchant, avec elle les examens, nous redoutions toute les deux de nous séparer pendant deux mois de soit-disant vacances. Comme ils l'avaient prévenu en début d'année, Hogwarts était devenu notre deuxième maison et pour Lyo et moi la deuxième était la vraie.

Lyo m'avait conseillé de pratiquer le vol sur balais plus souvent que les cours de madame Bibine ne le permettait, elle voulait entrer dans l'équipe de Quidditch de Slytherin l'année prochaine et voulait que je l'accompagne. Elle disait qu'à nous deux, les Gryffindors n'avaient qu'à bien se tenir, ce qui me faisait rire. Elle disait aussi qu'avec Snape comme directeur de maison, nous n'avions rien à craindre au niveau des sanctions pour l'utilisation de balais « pourris » en dehors des cours. « Si c'est pour le bien de l'équipe Slytherin, Snape trouvera n'importe qu'elle excuse pour justifier nos entraînement illégaux ». Je trouvais que « illégaux » était un peu exagéré mais elle avait raison, personne n'osait rien nous dire, Lyo, par un moyen que je ne m'explique pas (et qu'elle m'avait interdit de deviner) avait récupérer l'autorisation écrite du professeur et ce bout de parchemin faisait reculer même les plus braves.

Nous étions donc, une fois par semaine, dehors, à l'arrière du château, dans un coin calme et discret, recouvert partiellement d'herbe et de gros cailloux donneurs d'hématomes, à califourchon sur notre vieux Brossdur, à 2-3 mètres du sol, à faire des allées-retours, des montées et descentes, des loopings et pirouettes, se passant la balle de fortune que Lyo avait confectionné chez elle pendant les vacances d'hiver, se l'envoyant assez fort pour se déstabiliser ou basse pour se forger des réflexes et vaincre notre peur de tomber. Nous ne voulions pas spécialement faire poursuiveur mais notre manque de moyen ne nous permettait pas de nous entraîner pour les autres balles.

La balle, de la grosseur d'un Souafle, passa sous le balais de Lyo qui fit le tour de l'axe, récupéra la balle et se repositionna sur son balais avant même que j'eus le temps de la prévenir. J'en restai bouche bée. Elle était vraiment douée.

-Ça, c'était une mauvaise passe, me reprocha-t-elle, le souffle court. Je n'ai pas autant d'abdos que tu as l'air de penser.

-Désolée.

Une demi-heure plus tard, le vent s'était levé et des fines gouttes commençaient à tomber. Nous rangeâmes le matériel emprunté et prirent la direction de la grande porte. L'heure du dîner approchait avec l'orage. Dans le hall, Draco Malfoy attendait, calé contre un mur, avec son habituel air condescendant. Ses deux gugusses n'étaient pas là, pour changer. Lyo tourna vers moi une air désolé.

-On se rejoint au dîner.

Je répondis à peine, le son que produisit mes cordes vocales derrière mes lèvres fermées ressembla d'avantage à un grognement qu'à un mot. Elle savait que mon opinion de Malfoy (que je savais être son cousin) était extrêmement basse. Mais lui me prenait pour « une-sang-de-bourbe » (née de parents moldus) indigne de la maison Slytherin. Sûrement la même opinion de la majorité des élèves de la maison et de son directeur, Snape.

Ils s'éloignèrent, déjà en pleine conversation. Je restai un peu dans le hall à regarder les murs, les tableaux, les rares élèves qui passaient. Je fis le tour de mon emploi du temps et des devoirs qu'il me restait ou que je devais peaufiner. Un devoir de potion, une rédaction de métamorphose, la conclusion du texte en histoire de la magie...

-Hey !

Un troisième année de gryffindor avançait d'un pas vif. Je tournais la tête dans la direction opposée mais le couloir était vide. Je jurai intérieurement, il venait vers moi. Ce n'était pas la première fois qu'on gryffindor venait montrer son dégoût pour notre maison, à Lyo, moi ou tout autre première année incapable de se défendre ou d'inspirer le respect. Je baissai la tête et prit la direction de la porte. Il accéléra le pas et me rattrapa.

-Hey, où cours-tu comme ça ?

Il m'empoigna le bras gauche assez fort pour me faire grimacer.

-Ce n'est pas moi qui ai couru.

Je libérai mon bras d'un geste sec, ses doigts laisseraient sûrement des hématomes. Il se tint devant moi, trop prés, me dépassant d'une tête. Je reculai, je craignais généralement le contact avec toute autre personne, mais ceux qui se rapprochaient autant pour seulement dire des mots inutiles, je ne le supportais pas.

-Je crois qu'on a était clair, plusieurs fois même.

Aucune idée de ce dont il parlait.

-T'es une saleté de serpent, ne t'approche pas des lions.

*Sérieusement ?*

-C'est quoi le problème ?

-C'est toi, ria-t-il. T'as pas encore compris les règles de Hogwarts? Les Gryffindors et les Slytherins ne se côtoient pas, c'est dans l'ordre des choses.

-Tu as peut-être un différent avec ma maison mais je ne la représente pas.

Il me poussa contre le mur. Je jetai un regard derrière lui, comme par hasard le hall était vide.

-Je ne veux pas d'ennuis, ok ?

-Ho mais tu les as déjà les ennuis. (il parlait comme les gros caïds des rues dans les films, ce n'était pas crédible) tu ne vois pas ?

Il me poussa à nouveau, je commençais à avoir mal aux épaules et au dos.

-Arrête ça.

-Arrêter quoi ?

Il recommença.

-Tu (il appuya son poing contre mon épaule à chaque mot) ne … traînes … plus … avec … des … Gry...

Aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours était passive. Mon oncle n'a jamais été un exemple de l'éducation, par contre il en était un de la paresse. Je faisais tout dans la maison et de ce fait je n'avais pas beaucoup de vie sociale ni de loisir, je passais mon temps libre pour le ménage et les tâches ménagère. Je ne peux pas dire que mon oncle m'exploitait mais comme il n'aurait pas bouger le petit doigt (ou ses fesses du canapé), il fallait bien que quelqu'un fasse tourner la maison. Bien sûr il le quittait, le sofa, pour se coucher et partir travailler. À cause de ça, mon attitude était réservée, silencieuse, discrète, j'évitais tout contact avec les êtres humains et fuyait toute relation. J'étais la parfaite victime de l'école. Et une victime se doit d'avoir des bourreaux. J'ai donc, sans avoir de temps libres, de loisir, d'amis, eu la joie et la chance d'improviser une défense instinctive copiée dans le peu de film que j'avais pu apercevoir sur le poste de télévision de mon oncle. Au bout de la quatrième entrevue avec la directrice, j'avais décidé de jouer avec ma patience extraordinairement inexistante et d'utiliser les mots plutôt que les petits coups rapides bien placés. C'est là que ce petit aparté devient utile, je n'ai vraiment AUCUNE patience.

Quelque chose s'était libéré dans mon esprit, comme si les grilles condamnées s'étaient ouvertes en claquant, libérant un vent furieux qui dévastait tout sur son passage. Mon bras se leva subitement et je vis, sans pouvoir rien faire, ma main frapper la trachée du grand blond. Il recula sous le choc, la respiration bloquée. Il exprima quelques grognements ressemblant davantage à des crachats et des gargouillis. Honte à moi d'en avoir éprouvé une certaine satisfaction. Satisfaction qui persista jusqu'au milieu de l'entretien que j'eus avec le professeur McGonagall par la suite. Ça s'arrêta quand le professeur Snape entra à son tour dans le bureau. La sanction était presque donnée et le gryffindor avait un sourire satisfait sur le visage qui me titillait les nerfs. Heureusement, les renforts arrivaient.

-Il est évidant que le geste fût une défense face à une attaque délibérée de Monsieur Youth, plaida Snape en ma faveur. Je pense qu'il mériterait une sanction, lui aussi, à la hauteur de sa brutalité.

Le professeur McGonagall sembla un peu confuse, sûrement de ne pas y avoir pensé la première.

-Bien entendu. Monsieur Youth, je ne cautionne pas votre attitude. Vous serez donc tous les deux en retenue.

-Je propose, la coupa Snape, que chacun choisisse la punition de son élève.

-Ou de l'élève de l'autre maison.

Le fameux Youth et moi passions d'un professeur à l'autre comme pour un match de Tennis, suivant le combat de joutes avec attention. Nous ne pensions même plus à notre sanction, amusés par les événements. S'en suivit ensuite un duel de regard dans lequel aucun ne semblait lâcher.

-Très bien, grogna Snape comme il savait très bien le faire. Youth suivait moi, vous nettoierez les chaudrons usagés.

Le blond ouvrit les yeux grands, de toute évidence il n'avait jamais eu ce genre de punition. Peut-être qu'en donnant une tache légère, Snape s'attendait à ce que le professeur McGonagall en face de même avec moi. Ce qui ne lui ressemblait pas du tout, après réflexion.

-Miss Declan, quant à vous, vous rangerez le débarra de la salle de métamorphose.

Elle montra une porte qui ne fermez plus sous la quantité incroyable d'affaires qui la poussait.

je me mettais au défis. ¤Y en a pour une heure¤