CHAP 10 : Perte de conscience.

Une heure … je refis une long calcul de probabilité dans ma tête. À la vue du placard, plus profond que prévu et bourré à craquer de choses inutiles et d'expériences ratées, la retenue allait très probablement me prendre toute la soirée. Mais avec une certaine organisation et des petits tours de magie en poche, je pouvais finir avant le dîner. C'était sans compter les deux mains raides et pales des professeurs tendues vers nous.

-Pour ces exercices...

-Vous n'aurez pas besoin de votre baguette.

Nous avions déposé le petit bout de bois à contre-cœur sur la paume de notre directeur de maison respectif. Se séparer de sa baguette brisait toujours le cœur d'un sorcier.

Devant le placard débordant, j'entrepris mentalement d'organiser le rangement. D'abord faire des tas logiques en fonction de l'utilité de chaque objet tout en désencombrant la petite pièce (pour encombrer en parallèle le bureau du professeur) Ne pas oublier le tas « poubelle » qui sera conséquent à la vue du matériel émergent. Ensuite ranger les tas dans les étagères en faisant en sorte de tout faire rentrer...

Comme prévu, dégager le placard me prit le plus de temps et le tas « poubelle » avait dû être poussé vers le fond de la salle tant il était monstrueux. Mais remplir les étagères n'était pas aussi amusant que cela lorsqu'un livre vous collait aux mains, une plante en plastique qui n'était de toute évidence pas en plastique tentait de vous engloutir, qu'une clé s'affairait à vous arracher les cheveux et finissait simplement par s'emmêler dedans et qu'une boite passait désespérément à travers les planches de rangement.

Devant la dernière pile, mon estomac commença à gargouiller et j'accélérai le mouvement, peu importait l'état de cette dernière. De ce fait, à la fin, le placard était impeccablement ranger au devant et débordait sur la fin. Les plus grosses pièces de la collection s'empilaient dans les coins et contre le mur du fond. J'étais quelque peu essoufflée et j'en voulu à ce corps trop maigre et si peu athlétique et profitai de cette occasion pour rejeter une autre faute sur le dos de mon oncle.

-Et voilà ! clamai-je les mains sur les hanches à la façon de Peter Pan, admirant mon œuvre. Derrière moi, le tas « poubelle » attendait toujours, bien que je ne savais pas quoi en faire. J'hésitai à le laisser là, peut-être que les elfes de maison s'occupant de l'entretien du château le ramasseraient pendant la nuit. Si j'avais tord, ce serait le professeur qui le découvrirait au petit matin et je serais bonne pour une deuxième retenue. Je ne pouvais m'empêcher de penser que si j'avais eu ma baguette ce serait déjà de l'histoire ancienne, quoi que … qu'elle était la bonne formule pour cette opération ? Je ne pouvais vraiment pas quitter la pièce en le laissant au milieu. Mon ventre grogna pour la énième fois. Plus vite ce serait régler, plus vite je pourrais aller manger ¤Alors réfléchis!¤

-Quelle heure est-il pour commencer ?

En l'absence de montre à mon poignet, je dû me déplacer jusqu'au bureau du professeur sur lequel tictaquait une belle petite horloge, pas plus haute qu'un verre à boire. 22H32 !? L'heure du repas était largement dépassée ! Et celle du coucher aussi d'ailleurs. À cette heure-ci, les élèves n'avaient pas le droit de circuler dans les couloirs... j'allais donner à Rusard une excuse pour m'ajouter une retenue... et personne ne m'avait cherché dans la soirée ? Sympa l'amitié. Ou même le professeur responsable de ma présence ici, bravo la responsabilité ! Maintenant j'avais ma réponse sur ma question de début d'année, non les professeurs ne dormaient pas dans leur bureau.

Et pendant ce temps là, Lyo qui ne savait pas où j'étais, s'était dit que je finirais bien par aller me coucher.

-Bon ça suffit ! J'en ai mare.

Je laissai tomber l'histoire du tas « poubelle » et me dirigeai vers la porte, mais des bruits de pas m'arrêtèrent en plein élan. Ils approchaient et j'étais une élève de première année seule dans le bureau d'un directeur de maison (qui plus est la sous-directrice de l'école) en pleine nuit. Si Rusard me mettait la main dessus la nuit allait être très très longue.

Je me réfugiai à quatre pattes sous le bureau en bois vernis et écoutai la porte s'ouvrir.

¤Merde la lumière ! Et puis pourquoi je ne dis pas juste la vérité ? J'étais en colle et on m'a oublié et je me suis oubliée et j'ai finis de ranger le placard infernal alors tout va bien, en plus je n'ai pas ma baguette, c'est la preuve de ma bonne foi, c'est le professeur Snape qui l'a. Holala, lui je ne veux même pas penser aux retrouvailles...¤

Mais ce furent de petits pas feutrés qui traversèrent la pièce jusqu'à son fond pour aller fouiller dans des papiers. Ce n'était donc pas Rusard et j'imaginais mal McGonagall se balader la nuit en robe de chambre pour de la paperasse. Je pouvais donc sortir de ma cachette ? Hum... mauvaise idée, si on prend en compte que cet intrus n'avait lui non plus rien à faire ici, si je sortais en mode « Hahaaa ! Pris sur le fait ! » je le voyais déjà faire une tête blasée (après son expression de surprise) et de m'envoyer en pleine face que je n'avais, moi non plus, rien à faire là. Et puis qu'est-ce qu'il ou elle avait à fouiller partout et tout retourner ?! C'était désagréable d'entendre tous ces papiers se retourner sans pouvoir voir quoique ce soit ! Soudain les pieds apparurent devant moi, presque sur ma robe qui traînait un peu trop par terre sans toutefois dépasser du bureau. Heureusement je restais dans l'ombre et pouvais à présent contempler les petits pieds de l'intrus. Petits, les pieds, je dirais 36 de pointure, donc une fille, ou un garçon à petits pieds … et les chaussettes étaient blanches immaculées donc aucun autre indice disponible, peut-être les claquettes bleu marine digne d'un beauf des plages l'emportait sur le masculin ? Quoiqu'il en soit les mains s'arrêtèrent de tout retourner sur le bureau quand un objet lourd, que je devinai être l'horloge, bascula sur le bois. Et les pieds repartirent vers la porte, quittant mon champ de vision, mais tournèrent avant de l'atteindre. Ce salaud allait dans le placard. J'avais passé des heures à tout mettre en ordre ! Et en quelques secondes seulement, il fut saccagé. Il dû trouver ce qu'il était venu chercher car il quitta la scène de crime sans demander son reste. Mon corps réagit de lui-même et je m'élançai à sa poursuite.

Je restais à distance tout en ne la perdant pas de vue, après filature, l'intrus s'avéra être une fille, d'estimation quatrième année, à la longue crinière dorée qui portait des sandales horribles. A un coin de couloir, j'aperçus sa cravate Gryffindor et m'étonnai qu'une élève ose voler son propre directeur de maison. ¤En quatrième année, ils inventent des défis de plus en plus élevés.¤ pensai-je.

L'élève finit par rejoindre un homme et lui donner sa trouvaille. Je m'approchai et reconnu le turban du professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Une partie de moi était contente d'avoir eu raison de le trouver louche. Alors comme ça on volait ses collègues ? Cette partie ne représentait cependant que 15% de mon humeur actuelle, la peur de me faire prendre enveloppait chaque cellule de mon corps. Et il y avait cette curiosité aventureuse que je ne connaissais pas. D'où me venez t-elle ? Moi qui avais toujours été prudente et réfléchie et qui pensais que le courage s'apparentait à la bêtise. Mettons ça sur le compte de la curiosité. Quoiqu'il en soit, quand le professeur renvoya l'élève et partit dans la direction opposée, je ne pu m'empêcher de le suivre. ¤Mais pourquoi est-ce que je fais ça ?! Qu'est-ce qui ne va pas avec moi ?! Je devrais plutôt être en train de prévenir un professeur, Snape par exemple, ou le professeur McGonagall, victime du vol. Tout du moins, je ne devrais pas être en train de suivre un sorcier aux allures suspectes la nuit dans les couloirs d'une école de magie.¤

Le turban disparu dans un angle avec un pan de la robe de sorcier.

Peut-être pouvais-je le suivre un moment, découvrir ce qu'il tramait. Discrètement, … de très loin.

Il longea les couloirs, prenant soin de rester dans l'ombre des murs et je gardais précautionneusement mes distances. Mais quand il atteint le troisième étage et tout particulièrement le couloir interdit, je sentis les ennuis grimper vitesse grand V. Il s'introduit dans l'unique pièce et ferma la porte en bois massif derrière lui.

¤Et c'est maintenant que tu pars chercher quelqu'un. N'importe qui. Même Rusard. Non pas Rusard. Et si...¤

Je collai mon oreille contre le bois mais n'entendis absolument rien.

¤Et si...¤

Je reculai et me concentrai sur ce qu'il pouvait y avoir derrière. Les premières pensées que j'interceptai étaient désordonnées et floues. En plus des images, j'avais des souvenirs d'odeurs inconnues, des bruits sifflants puis mélodieux et une envie de viande … ? Je me concentrai sur autre chose et changeai littéralement d'esprit. Cette fois tout était clair, comme si le filtre qui m'avait bloqué en début d'année était tombé de lui-même. Les images défilèrent trop vite pour que je ne comprenne ce qu'elle signifiait mais le sentiment de danger grandit au fur et à mesure que j'avançais dans son esprit. Le défilé de souvenirs et d'idées avait opéré comme un puzzle dont seul l'ensemble des pièces pouvait signifier quelque-chose. Et quand je fus enfin face au puzzle complet je connaissais le plan de Quirell. Dérober ce que les professeurs de Hogwarts s'étaient donnés tant de mal à protéger et cacher, la pierre philosophale. Pour ainsi redonner vie au mage noir qui l'avait parasité depuis son dernier voyage en Europe de l'Est puisque le sang de licorne ne durerait pas éternellement.

Je réalisai que mes jambes avaient commencé à reculer d'elles-même, il n'était plus question de curiosité ou d'éviter les punitions, je devais impérativement prévenir quelqu'un de sa présence ici ! Sentant mon pouvoir grandir en moi, je profitai de cette occasion pour utiliser le moyen de communication le plus rapide à ma disposition, la légilimancie (ou télépathie pour les moldus). J'essayai de capter l'esprit de Lyo, quelque part dans une des tours du château. Endormi et donc plus facile d'accès. Mais elle étaient trop loin et j'avais du mal à me concentrer. C'était comme si je tirais sur un câble trop tendu et que j'insistais de toute mes forces, elle n'était que quelques mètres devant moi et je ne pouvais l'atteindre. J'aurai dû m'entraîner à renforcer mes capacités. Je n'avais jamais fait voyager mon esprit aussi loin. En parallèle, comme si j'avais oublié de fermer une porte dans un coin de mon esprit, je sentis insouciance de Quirell dû à sa précipitation dans son plan s'évanouir et ses pensées se fermer à nouveau. Je fus parcouru d'un frisson, ses pensées avaient effleuré les miennes, l'espace d'une seconde je devint vulnérable. Je revint à la réalité et m'enfuis vers la sortie du couloir. Une voix froide et tranchante s'éleva dans mon dos par dessus les battements sourds de mon cœur et dans la seconde qui suivit une corde épaisse et rugueuse m'enlaça et je m'affalai contre la pierre froide. La panique déclencha une sorte de mécanisme -et je réussi à joindre le sommeil de Lyo, lui envoyant une cacophonie suivie des images de cris de secours, du lieu et de mon agresseur, lui demandant de prévenir Snape. Les battements de mon cœurs créant des tambours de fond dans mon message, les images se déformant sous la pression. Elle se réveilla en sursaut.

Une force invisible me retourna et la silhouette du turban me surplomba, tel l'ange de la mort devant sa victime. Je me forçai à paraître forte et imperturbable et affichai un air de défis pour lui éviter la satisfaction de sentir ma peur.

-Miss Declan … (sa voix ne tremblait plus et était d'une froideur à couper le souffle, dénuée de tout sentiment) quelle surprise. Je pensais vous avoir éloigné de toute curiosité à mon égard dès le premier jour. Je peux vous demander ce que vous faites ici ?

Comme je ne répondais pas (ni par peur ni par défis mais parce que je ne trouvais pas de réponse) il continua.

-Je vous ai sentis … (il posa son index blanc sur sa tempe) vous vous êtes bien promené ? Vous en avez vu beaucoup. Beaucoup trop pour que je vous laisse en vie.

Mon cœur se resserra et les larmes me montèrent aux yeux quand il pointa sa baguette sur ma tête. Mais il sembla réfléchir et l'abaissa.

-Tout compte fait elle pourrait m'être utile pour cette épreuve.

J'étais si soulagée que je cru m'envoler.

D'un mouvement sec de la main, il me fit léviter derrière lui jusqu'à la fameuse pièce interdite dans laquelle dormait un gigantesque chien à trois tête sous le son mélodieux d'une harpe dorée. Une trappe était ouverte devant le cerbère et il m'y jeta sans ménagement. La chute fut juste assez longue pour que je sente l'apesanteur me compresser la poitrine. Ou peut-être était-ce la peur s'accentuant dans le vide ?Je n'eus même pas le temps de m'inquiéter de l'impact, j'avais déjà atterri mollement sur un sol chaud, visqueux et irrégulier, semblable à des racines. D'épaisses racines collantes et … mouvantes. Elles s'enroulèrent autour de mes jambes et mon torse, se mêlant à la corde du sort mais resserrant leur emprise encore et encore jusqu'à s'arrêter quand je ne pus plus bouger. Après réflexion, ces racines ressemblaient davantage à des lianes. L'odeur de plante pourrie amenait aussi à cette conclusion. Une masse tomba non loin et le lumos de Quirell éclaira la cavité. Une plante en liane ou tentacules recouvrait toute la surface et avait également enlacé le professeur. Celui-ci marmonna un sortilège et sa baguette lança des flammes bleues sur la plante qui desserra son étreinte.

Quand le filet du diable me laissa, je tentai désespérément de me débarrasser de mes liens magiques mais une main invisible m'attira à lui, mes pieds crissant par terre. Je voulais lui rendre la tache la plus difficile possible mais mes moyens étaient réduits. Je pouvais toutefois l'empêcher de se concentrer en parlant à tue tête, si j'arrivais à vaincre ma peur qui me bloquait la mâchoire.

-Pourquoi vous faites ça déjà ?

Il ne répondit pas et nous dirigea vers l'unique porte. De toute façon, aucune réponse n'était nécessaire.

-C'est marrant, je ne crois pas que vous aviez des fans chez les élèves quand vous bégayiez mais maintenant c'est certain !

Je finis par un petit rire nerveux qui s'arrêta face à la multitude d'insectes au dessus de nos têtes. Les ogres stupides et les plantes étrangleuses je pouvais gérer, mais les insectes... je détestais les insectes. Ça semblait être des libellules. Ils avaient de grandes ailes. Devant nous flottait un des balais rapiécés de l'école.

-A la chasse aux insectes ? Lançai-je presque automatiquement.

Il gardait étonnamment son sérieux et ne me prêtait aucune attention.

-Vous savez voler ? Je ne vous vois pas voler, c'est drôle. Je vous imagine plus trébucher ou vous prendre un mur. Je suis sûre que vous n'étiez pas doué à l'école, d'ailleurs vous avez vraiment été prof ? Ou c'est seulement depuis votre possession ? Ha pardon, on dit parasite ? Ou …

Le sort qui me maintenait en lévitation me plaqua violemment contre le mur et ma tête cogna la première.

-J'ai besoin de toi vivante mais pas entière, tiens ta langue si tu ne veux pas que je te l'arrache !

Sur ce il enfourcha le balais et tous les insectes le prirent pour cible. Un nuage bourdonnant le prenait en chasse alors qu'il voltigeait dans tous les sens dans la petite pièce à la recherche d'un indice invisible. Tout compte fait il se débrouillait plutôt bien sur un balais. Sa main tendue se referma fermement. Il sauta du balais et inséra une clé dans la serrure. La porte s'ouvrit et il me jeta dans la nouvelle salle d'un coup de baguette. Des centaines de petits missiles percutèrent la porte une fois fermée. Vint alors plusieurs épreuves que je devinais installées par des professeurs de l'école pour protéger quelque-chose de sûrement très précieux ou dangereux. Dans tous les cas, il ne devait pas tomber entre les mains de ce psychopathe. Je me mis donc à chanter à tue-tête une chanson répétitive et pas très recherchée que j'avais retenue de mon oncle dans ses états d'ivresse. Mais pendant la partie d'échec il me jeta un sort de mutisme et je fus secrètement soulagée de garder ma langue. Il passa facilement l'épreuve des échecs version sorciers qu'avait sûrement installé le professeur McGonagall (certitude que je tenais d'un instinct jusqu'alors inconnu) et le troll qu'il avait, d'après ses dires, lui même placé. Que de vanteries il s'était donné, ça en avait été insupportable, et ce sort qui empêchait mes railleries…

Arriva l'épreuve des potions. Ce bon vieux Snape n'avait pas visé les aptitudes en potions mais la logique. Si j'avais eu cette énigme en examen je n'aurais pas validé cette matière. Il était question de choisir la bonne potion qui permettait de passer à travers … le rideau de flammes qui obstruaient le passage ! Quirell hésitait réellement et c'en était jouissif de le voir enfin en difficulté. Personnellement j'optais pour la fiole bleue mais je n'étais pas certaine d'avoir compris l'énigme. Lui penchait pour la brune, je le regardais promener sa main osseuse au-dessus de la grande et fine fiole brune et des petite et grosse jaunes, un sourire aux lèvres non dissimulé. Au bout de la troisième relecture, il baissa sa main et sembla abandonner les deux dernière fioles. Je ne disais rien, d'une part à cause du sortilège mais surtout parce que je voulais contempler son échec. Bientôt les renforts arriveraient et le choix des fioles n'aurait plus aucune importance.

-Je ne compterais pas trop là-dessus si j'étais vous.

Il avait lu mes pensées ? ! C'était privé ! !

Que pouvais-je répondre à ça ? Il pouvait dire ce qu'il voulait ça ne me déstabiliserai pas.

La fiole bleue apparut alors très clairement. Trop clairement. En manque d'idées, il en cherchait une ailleurs.

Je fixai son blanc des yeux et le mis au défis de boire son contenu. Son rictus diabolique m'arrêta dans la seconde. Qu'avait-il encore en tête ? !

Il m'attrapa alors violemment, ses grands doigts maigres s'enfoncèrent dans mes joues me forçant à ouvrir la bouche. Le sortilège du saucisson m'empêchait de bouger et pourtant je ne cessais d'ordonner à mes muscles de se débattre. De sa main libre il prit la fiole et en fit sauter le bouchon de liège. Je fis une vaine tentative de le mordre mais ses doigts étaient comme des tiges métalliques incrustés dans ma chair. Impossible de fermer mes lèvres. Impossible de bouger, de me défendre, de m'enfuir, de l'en empêcher. Je sentis avec horreur le liquide se déverser sur ma langue et la plaçai au fond pour bloquer la descente. Mais il fit ce que n'importe quel gentleman se serait passé de faire. Il ferma ma mâchoire d'un coup sec qui fit claquer mes dents et appuya de son pouce sur ma trachée. Je ne pu retenir le reflex très longtemps et avalai avec dégoût. Il me lâcha en attendant un changement de ma part. Que je succombe à une mort atroce peut-être. J'étais persuadée m'être trompé, que j'allais mourir après seulement une année à apprendre la magie. La meilleure chose qui me soit arrivé dans ma petite vie et elle me l'était enlevée si rapidement. Mais les secondes passèrent et toujours pas de douleur atroce me déchirant le cœur ou tremblements incontrôlés. Ou de combustion instantanée, qui sait…

Quirell considéra la fiole qu'il tenait encore avec étonnement, comme s'il était impossible que j'eus raison.

Soudain la pièce se mit à tourner et le turban bascula à l'horizontale. Une violente pression écrasa mon crâne et un liquide chaud et visqueux coula sur ma lèvre supérieure. Ma vue changea d'angle et passa du turban aux pieds du professeur. La pierre froide vint frapper mon genou gauche, mon épaule et ma tempe. Je m'enfonçai dans l'obscurité bienveillante avec la désagréable impression que ce salaud allait passer le test.