Hermione m'entraîna dans le magasin de livres, traversant la foule et rejoignant la famille Weasley au premier rang. Ron me sourit timidement et je lui répondis, nous n'étions pas vraiment amis et nous ne savions ni l'un ni l'autre comment se saluer. A ses côtés, Potter me lança un salut souriant et franc, ce qui m'étonna, mais je n'eu pas le temps de lui répondre que le centre de l'attention se présentait sur le balcon. Gilderoy Lockhart, un blond aux cheveux soyeux, apprêté, des vêtements qui paraissaient chers et un sourire bien trop arrogant. Tandis qu'il débitait des anecdotes ou je ne sais quels calembours pour vendre ses livres à l'audience, je laissai mon regard survoler la foule. Je reconnaissais quelques têtes déjà vues à Poudlard, dont deux de ma maison. Et soudain je croisai un regard familier, Lyo capta ma présence et me fit un signe timide de la main. Je lui rendis avec enthousiasme et m'arrêtai devant la présence glaciale de l'adulte derrière elle. Un homme vêtu de noir, cape et robe, de longs cheveux blonds presque blancs et une sorte de canne à la main. Il me rappelait quelqu'un mais je n'aurais su dire qui.

Lockhart annonça quelque chose et la foule s'exclama, Hermione me serra le bras d'excitation et je perdis le contact avec Lyo et son mystérieux accompagnant.

Quand je me retournai, je découvris Potter, agrippé par la célébrité devant des photographes, une pile de livres dans les bras. "Bah bien sûr" pensai-je, Potter le centre de l'attention, quelle surprise". Mais comme pour me contredire, l'écrivain écarta aussitôt Potter et proposa de dédicacer les livres. Ce qui engendra un mouvement de foule, la mère de Ron -une femme un peu forte à la tignasse rousse- prit les livres de Harry et se trouva une place dans les premiers de la longue file qui se formait.

J'en profitais pour m'éloigner et cherchai Lyo vers la sortie mais je ne la voyais plus, elle avait dû sortir.

Hermione était restée avec les fans et je me retrouvai seule au fond de la pièce. Mais pas pour longtemps, Potter me rejoint vite, avec Weasley et une rousse que je devinais être sa petite sœur.

-Ffiou! quel cauchemar, souffla-t-il à mon intention.

Je sentais qu'il se forçait à tenir une conversation et je ne voulais pas qu'il pense que le fait que je m'entende bien avec Hermione pouvait signifier qu'il devait devenir mon ami.

-Moui, marmonnai-je sans conviction en cherchant quelque chose à faire ailleurs. Mon regard se posa sur une chevelure blonde, presque blanche -et maintenant que j'y pense, l'homme de tout à l'heure était sûrement le père de Draco. Il lançait vers moi un air de dégoût et une indignation de me voir avec deux Gryffondors tandis qu'il feuilletait un livre.

Je reculai mal à l'aise et cherchai un échappatoire dehors.

-Tiens ! En voilà qui n'ont rien à faire ensemble, rétorqua-t-il.

Potter le repéra et je le sentis aussitôt sur la défensive. Draco faisait le même effet à tout le monde.

-Viens, on s'en va, dit-il à la petite rousse, mais trop tard, Malfoy les avait déjà pris en grippe.

Pendant qu'il assénait des railleries racistes et intentionnellement méchantes, je trouvais, à mon plus grand plaisir, ma porte de sortie. Remus arrivait.

-Je dois y aller, lançai-je sans attendre de réponse, et je pense que personne ne remarqua mon départ. Dans mon dos j'entendis des voix plus graves et quand je fermai la porte j'aperçu deux adultes avec eux. Le père Weasley et celui de Malfoy. Pour rien au monde je n'aurais voulu être avec eux.

Obnubilée par le spectacle derrière la vitre, je me pris Remus de plein fouet.

-Tu as récupéré tes livres ? demanda-t-il en m'empêchant de tomber. Il jeta un coup d'œil à l'intérieur et devança ma réponse, l'air soudain embêté.

-Oula... quel monde... allons voir les autres boutiques et finissons-en avec cette liste de fournitures. Tu as pris quelques centimètres, il te faudrait de nouveaux vêtements.

-Non c'est bon, j'ai vu les prix. J'ai l'habitude et puis je préfère économiser. J'en achèterai l'année prochaine.

-Mmh... tu vas encore grandir durant l'année, tu en as consciente ?

-C'est pas grave, vraiment, m'entêtai-je.

J'étais pressée de quitter la rue, le monde, les Malfoy, ce Lockhart, tout ça m'avait donné la migraine.

Remus m'emmena boire un chocolat chaud dans un pub un peu vieillot, nous discutâmes pendant de longues heures et je me surpris à aimer ces moments simples, je voulais lui demander de rester avec moi tout l'été, à la place de mon oncle. Mais je me doutais de sa réponse, il n'était pas très bavard en ce qui concernait sa vie personnelle, il n'était là que pour m'emmener au chemin de traverse et au Poudlard express.

Sur le quai, il m'aida à monter la valise dans le train et me fit un signe avec un léger sourire avant de repartir. J'imaginais qu'il ne voulait croiser aucune connaissance sur le quai 9 3/4.

Je longeais les compartiments jusqu'à apercevoir Lyo sur une banquette. Elle m'accueillit avec un grand sourire et m'aida à ranger ma valise. Je la pris dans mes bras et la sentis se crisper, jusqu'à ce que j'aperçoive Malfoy derrière moi, assis sur la banquette d'en face.

-Ho, salut, lâchai-je sans cacher ma déception.

Il ne me répondit pas et se contenta de hocher la tête.

-Laisse tomber, me murmura Lyo, puis elle me raconta son été et son enthousiasme fut si communicant que c'était comme si nous ne nous étions jamais quittés.

Au départ du train, le petit à-coup m'enfonça dans le siège et le silence revint dans la cabine. Malfoy parla d'une réunion de famille à sa cousine mais elle ne semblait pas vouloir rentrer dans ce sujet. Je jetais un coup d'œil au couloir, dans l'espoir de voir le chariot de bonbons et surtout de ne montrer aucun signe d'intérêt pour leur conversation, pour que Lyo puisse parler à tout aise sans crainte de m'embêter.

Je ne vis pas la vieille sorcière aux bonbons mais Hermione qui semblait chercher une place. "Elle n'est pas avec les deux autres ?" me demandai-je.

Les yeux dans le vide, son visage s'illumina quand elle me vit.

-Ha ! Arya, je ...

Mais elle se tut quand elle vit Lyo et Malfoy à mes côtés. Je grimaçai, je l'aurai volontiers invité à s'asseoir, si j'avais été seule.

Alors que les cousins la regardaient sans rien dire, elle bafouilla, m'envoya un sourire gêné et disparu.

-Bon débarras, cracha Draco. J'ai bien cru qu'elle allait s'installer. Cette sang-de-bourbe.

Je lui lançai un regard noir, même si j'ignorais la signification de ce mot, sortit de sa bouche, il ressemblait fort à une insulte. Mais il m'ignora et continua sa conversation avec Lyo. Pendant un instant, elle ne sembla pas l'écouter et me lança un regard désolé. Je haussais les épaules et me calais contre la vitre, laissant défiler le paysage devant mes yeux.

Poudlard n'avait pas changé, ses grandes tours s'élevaient toujours sous la lumière lunaire, ses multiples fenêtres s'illuminaient de centaines de bougies, et son lac reflétait le croissant lune blanc.

Sauf que cette année ce n'était pas en barque que nous rejoignions l'école, mais sur des calèches tirées par de gigantesques chevaux-squelettes aux ailes de chauve-souris.

Je m'approchai doucement de l'un d'eux, fascinée. Ils étaient deux par diligence et l'un d'eux reniflait le sol à la recherche de quelque chose à manger. Ils étaient plutôt calmes, entourés de dizaines d'élèves. J'avançai ma main devant le museau fumant sous le froid de ce soir d'Ecosse. Il expira, renifla, puis posa ses naseaux sur ma paume. Il ne dégageait aucune chaleur et sa peau était dure comme du cuir.

-Arya ! Qu'est-ce que tu fais ? viens !

Je rejoins Lyo en vitesse avant que la calèche ne parte sans moi.

-Ca a un côté flippant, remarquai-je.

-C'est clair ! C'est magique ! me répondit un garçon sans savoir qu'il ne parlait pas de la même chose que moi.